En 2002 déjà, le torchon brûlait entre Verts et PS à cause du nucléaire. Jospin affirmait devant la presse qu’il « n’était pas pour que la France renonce au nucléaire », une « petite phrase » qui avait été vécue comme une provocation par les Verts. Noël Mamère, le candidat Vert de l’époque, y voyait une déclaration de guerre, un geste typiquement politicien adressé aux chevènementistes et aux communistes, farouches partisans de toujours du nucléaire…


La polémique fut un temps apaisée, Jospin ayant rappelé qu’il ne s’était jamais engagé à abandonner le nucléaire, les Verts ayant souligné que la sortie qu’ils voulaient n’était pas pour le lendemain. La porte-parole des Verts de l’époque, Maryse Arditi déclarait : « On pensait que Jospin, plutôt pro-nucléaire, se tairait sur la question pour ménager tout le monde. (…) Dans les négociations, on avait mis des mesures qui balisaient un chemin vers la sortie du nucléaire : gros efforts sur les économies d’énergie, report des crédits de recherche du nucléaire vers les énergies renouvelables, arrêt des centrales les plus vieilles, etc. Ces mesures sont autant d’étapes, irréversibles pour sortir, à terme du nucléaire » La direction des Verts prenait-elle Jospin pour un benêt ou cherchait-elle à faire avaler au mouvement un futur accord de gouvernement avec quelques circonscriptions offertes en prime ?
La question du nucléaire devait revenir rapidement au premier plan. Les nucléocrates du PS n’étaient pas restés l’arme au pied. Il ne faut pas oublier l’influence de l’inénarrable Allègre sur son ami Jospin. Christian Pierret, autre pro-nucléaire de choc affirmait « qu’une décision rapide dev(ait) intervenir en ce qui concerne la construction d’une installation pilote afin de relancer le « réacteur du futur » qui n’était autre que l’EPR, la pomme de discorde aujourd’hui. Tête de série d’une nouvelle lignée de réacteurs, on partait pour un siècle !
Maryse Arditi mettait en garde le candidat PS : « Le candidat socialiste se dessert lui-même avec cette polémique. Non pas tant vis-à-vis du parti lui-même, mais surtout vis-à-vis de l’électorat vert, très volatile : s’il campe sur ces positions pro-nucléaires, les gens qui auront voté Mamère ne le suivront pas » Avec un deuxième tour qui à l’époque s’annonçait des plus serrés, nul doute que Jospin aurait dû faire des grosses concessions aux écologistes. Pro-nucléaire avec un programme où il n’y avait de socialiste que le sigle, Jospin n’a su convaincre ni la gauche, ni les écologistes. Le deuxième tour s’est joué entre Le Pen et Chirac.
Aujourd’hui, si comme en 2002, la question du nucléaire peut faire achopper une nouvelle fois un accord entre les écologistes et le PS, la situation est un peu différente.

C’est la candidate écologiste qui a ouvert les hostilités alors qu’en 2002 c’était Jospin qui avait tiré le premier. Elle sentait et savait que l’appareil d’EE-LV risquait de préférer ses intérêts propres (un accord électoral avec la promesse d’un nombre conséquent de députés) aux grandes causes qui sont censées constituer la raison d’être d’un parti écologiste digne de ce nom. Lorsque Cécile Dufflot déclarait qu’il n’y aurait pas d’accord avec le PS « sans ouverture de l'horizon d'une sortie du nucléaire », le sens de cette sibylline formule avait de quoi inquiéter : l’horizon recule toujours quand on croit l’atteindre. En interne, circulaient des textes qui expliquaient que l’obtention d’un groupe à l’assemblée était le plus important et que les autres exigences devaient lui être subordonnées.
Les ultimatums d’Eva Joly sont peut-être des « ultimatums à deux balles » pour des négociateurs PS méprisants, il n’en reste pas moins que, grâce à Eva Joly, Hollande a dû sortir de l’ambiguïté commode où il s’était réfugié. La question du nucléaire civil s’est invitée à la table des négociations à grand bruit et sous l’œil des médias. Comme la Corrèze n’est pas l’endroit d’où l’on peut le mieux juger des effets d’une catastrophe nucléaire, Hollande est resté « droit dans ses bottes », ringard et têtu, à l’écoute des nucléocrates inconscients, comme son prédécesseur en 2002. Les négociations sont en panne. Mais pas plus qu’en 2002, les écologistes ne pourront manger leur chapeau. En 2002, ils ne le pouvaient pas à cause des décisions de l'assemblée générale. Celle-ci réunie à Nantes avait adoptée à une écrasante majorité une motion qui déclarait que les divergences programmatiques entre le PS et les Verts ne permettaient pas la conclusion d’un « accord législatif avec participation gouvernementale » En 2011, ce sera très difficile, même si ce n’est plus une AG qui statuera mais un Conseil fédéral. Eva Joly et son équipe veilleront et les média seront à l’affût. Une fois de plus, les négociations risquent d’échouer.

Qu’un accord programmatique avec participation gouvernementale ne puisse être conclu avant le premier tour, n’est pas nécessairement un mal.

Que vaudrait un groupe parlementaire, une participation dans un gouvernement si ne se créait pas un rapport de force et si députés et ministres écolos n’avaient leurs sièges et leurs maroquins qu’en étant passés sous les fourches caudines du PS ? Presque rien. L’expérience malheureuse de l’union de la gauche plurielle de 1997 à 2002 sous la houlette d’un premier ministre peut-être socialiste mais pas du tout écologiste le montre avec évidence. Le PS ne sera pas assez généreux ou assez fou pour permettre aux écologistes d’avoir une minorité de blocage à l’assemblée.
L’absence d’accord avant le premier tour parce que la rupture s’est produite sur des questions aussi essentielles que le nucléaire, les questions d’infrastructures de transport et d’aménagement du territoire ouvre un espace politique à la candidate écologiste. Elle donne aux électeurs des raisons de voter pour elle et non pour un Hollande qui campe sur des positions aussi peu écolos. Il ne faut pas oublier que les sondages n’ont pas de valeur prédictive. Qu’au mieux, ils reflètent un état de l’opinion à un moment donné. Il n’est donc pas dit que les conditions de négociation au second tour seront aussi défavorables que le chantent les journaux qui voudraient bien voir les écologistes abandonner leur position intransigeante sur le nucléaire.
Aujourd’hui, Hollande shooté aux sondages voit la vie en rose et peut croire qu’avec ses 60 % et plus, il pourra se passer des écolos. Le réveil risque d’être rude. Sarkozy a déjà repris 8 points. Les hésitations de Hollande face à la crise de l’euro peuvent lui couter encore quelques points et rogner sa crédibilité. Ainsi que le demande Eva Joly : « Comment peut-on prétendre être crédible économiquement quand on présente un budget avec une croissance de 2,5%, dans (un) contexte (...) où chacun sait que la croissance n'est pas au rendez-vous, ce qui veut dire en réalité qu'il présente un budget avec un déficit qui ne se dit pas important ? » Le budget qu’elle a présenté est bien plus réaliste. Le deuxième tour risque bien d’être plus serré que le PS le croit aujourd’hui. Et le rapport de force en faveur des écologistes bien meilleur. La mise en garde de Maryse Arditi de 2002 peut très bien être d’actualité en 2012, au soir du premier tour. La transfuge Aurèlie Filippetti pourrait très bien se tromper totalement lorsqu’elle affirme « les temps ont changé,[les Verts]ne sont plus en position d'exiger quoi que ce soit » Au soir du premier tour, ils seront peut-être en position d’exiger beaucoup, d’autant qu’autre différence de taille, aujourd’hui le FN n’est pas une menace.

Jeudi 10 Novembre 2011 Commentaires (1)
Voici le communiqué de presse et l'appel lancé par le réseau "Sortir du nucléaire" auquel devrait répondre tous ceux qui veulent que la France abandonne cette source d'énergie mortifère.

Accords Parti-Socialiste/Europe Écologie Les Verts : l'EPR de trop

Europe-Écologie Les Verts et le Parti Socialiste se sont donnés jusqu'au 19 novembre pour parvenir à un éventuel accord électoral. Prétextant de la pseudo faiblesse électorale d’Eva Joly, le Parti Socialiste s’apprête à enterrer l’idée d’une sortie du nucléaire. En annonçant lundi soir la poursuite du chantier EPR de Flamanville, le candidat socialiste, pourtant assez critique sur l’énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima, s’enferre dans un discours passéiste et ringard. Une position inacceptable pour le Réseau "Sortir du nucléaire".

Cela ne fait pas l’ombre d’un doute : les éléphants du PS tiennent plus du dinosaure que du pachyderme. Sous prétexte qu’Eva Joly ne pèserait que 5 % selon les sondages, François Hollande souhaite convaincre les écologistes des bienfaits d’un accord électoral. Alliance dans laquelle, évidemment, il serait fait bien peu de cas de la sortie du nucléaire, que le candidat socialiste se refuse même à prononcer. Une baisse de la part de l’énergie nucléaire, oui, une sortie du nucléaire, pas question ; et bien peu lui chaut que d’autres sondages récents donnent plus de 70 %* de Français en faveur de la sortie du nucléaire.

PS : un pas en avant, trois pas en arrière

Pourtant, dans les semaines qui ont suivi le drame de Fukushima, M. Hollande paraissait donner quelques signes d'évolution vers une potentielle sortie du nucléaire. Il déclarait ainsi : « la préparation à l'après-nucléaire est une nécessité absolue, compte-tenu de la réévaluation des risques post Fukushima ». Sur l'EPR (réacteur nucléaire de "troisième génération"), il ajoutait même qu' « il n'était pas opportun de lancer la construction d'une vague de centrales, et [...] que le projet de Penly serait abandonné ». On ne peut que relever la contradiction avec son engagement annoncé lundi soir de « préserver la construction d'un EPR », puisque ce réacteur, qui ne répond à aucun besoin réel du réseau électrique, a pour seul objectif d'être la "tête de série" annonçant le renouvellement de l''ensemble du parc nucléaire français. Et comment expliquer la gêne de Mme Filippetti - députée PS, proche collaboratrice de M. Hollande et ancienne élue Europe Écologie Les Verts - quand, ce midi lors de la conférence de presse que M. Hollande a donné à la Maison de l'Amérique Latine, elle a esquivé les questions de notre porte-parole sur ce rétropédalage, se contentant d'un lapidaire « ce n'est pas moi qui suis candidate ! » ?

Le candidat socialiste est donc clair : la sortie du nucléaire ne fait pas partie de son programme ; pire, il compte même relancer le parc français. Et pourtant, M. Hollande l’a répété ce matin : les tractations entre le Parti Socialiste et Europe Écologie Les Verts restent d'actualité.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" a donc décidé d'agir. En choisissant de publier une lettre ouverte adressée au Parti Socialiste et à Europe Écologie Les Verts que chaque citoyen pourra signer, le Réseau "Sortir du nucléaire" souhaite envoyer un message fort aux deux partis : parce que pour plus de 7 Français sur 10, sortir du nucléaire, c'est clair !

Envoyez un message fort au Parti Socialiste et à Europe Écologie Les Verts en signant la lettre ouverte. CLIQUEZ ici

Mercredi 9 Novembre 2011 Commentaires (0)

On pourrait le croire à la lecture de l’article signé de C-M Vadrot dans le dernier bulletin de liaison de l’association (n° 138, oct. 2011, p. 4). En tout cas, il est scandaleux que la revue d’une fédération d’associations d’environnement fasse l’apologie de la chasse, d’autant que cette apologie est signée du rédacteur en chef de la revue, qui fut président de l’association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie. Non, entre les chasseurs et les protecteurs et amis de la nature, la coexistence ne peut être pacifique !


La chasse, c’est comme la bêtise : dangereux.

Le sous-titre de l’article annonce déjà la couleur : « Coexistence difficile entre promeneurs et chasseurs, mais beaucoup plus de peur que de mal ». C-M Vadrot veut nous faire croire que le sentiment d’insécurité du promeneur lorsqu’il est dans « un espace chassé » (sic) où « retentissent de nombreux coups de feu » n’est qu’un «ressenti» ! On aurait tort de redouter l’accident parce que les statistiques montreraient qu’il y en a un peu moins qu’avant. 131 tout de même selon les chiffres donnés par les fédérations de chasse, que C-M Vadrot reprend sans trop les discuter … Il semble oublier que lorsque l’on va se balader en forêt ou dans la campagne, ce n’est pas pour être tiré comme un lapin ou risquer de recevoir un plomb dans l’œil. Celui ou celle à qui pareille mésaventure arrive ne sera guère consolé en apprenant les accidents de chasse sont en diminution.
D’ailleurs, parlons-en de cette baisse. Si l’on reprend les chiffres cités par C-M Vadrot et qui sont si rassurant à ses yeux, elle n’est jamais que d’à peine 3% par an. Mais comme le nombre de chasseurs a diminué de près de la moitié pendant ce temps, le ratio accident/ chasseurs a augmenté et a presque été multiplié par deux. Concrètement cela veut dire que vous rencontrerez peut-être moins de chasseurs lors de vos randonnées, de vos sorties botaniques, ornithologiques ou autre mais que lorsque ce sera le cas, le danger sera plus grand. Donc lorsque vous avez la malchance de traverser un « espace chassé » vous avez bien raison d’avoir peur, contrairement à ce qu’affirme le rédacteur en chef du bulletin officiel d’Ile-de-France Environnement. De toute façon votre sortie sera gâchée, comme celle des autres promeneurs que vous aurez rencontrés. Au nom de quoi une infime poignée d’individus peuvent-ils accaparer forêts et campagne, en en excluant, de facto, tous les autres usagers? Parce qu’ils ont des fusils ?

Les statistiques que présente C-M Vadrot ont tout de même quelque chose de cocasse. Les ¾ des accidents auraient pour victimes des chasseurs tirés par d’autres chasseurs ou mieux encore des maladroits qui se blessent eux-mêmes ! Cette contribution des Rambos des bois à la baisse de leurs effectifs réjouirait fort dans les terriers. Quand les chasseurs se chassent eux-mêmes, Jeannot Lapin se tord de rire.

Non, Monsieur Vadrot, les vessies ne sont pas des lanternes !

Pour clore son article en beauté C-M Vadrot tente de démontrer que la chasse est une activité nécessaire pour la protection de la nature. Comme il faut le lire pour le croire je cite sa conclusion in extenso : « la chasse est nécessaire puisque beaucoup d’animaux n’ont plus de prédateurs naturels et que les forêts, à commencer par celles d’Ile-de-France, souffrent de plus en plus de la trop grande densité des chevreuils et des cerfs, animaux qui entravent la régénération forestière naturelle en broutant les jeunes pousses d’arbres » C’est l’argument massue : il faut réguler les populations d’animaux sauvages pour le bien de la nature, ici de la forêt, là des alpages, etc. Cette tâche sera dévolue aux chasseurs et les voilà promus « protecteurs de la nature ». Sans blague ! Ils pourront même aller expliquer leur rôle de grands amis des bêtes à nos chères têtes brunes et blondes dans les écoles… Cet argumentaire que nous sert C-M Vadrot, tout porte à croire que les chasseurs lui l’on soufflé à l’oreille. En tout cas, c’est le même que celui qu’ils utilisent pour tenter de s’introduire dans les zones centrales des Parc nationaux et y pratiquer leur sport mortifère. En vain, jusqu’à présent.
Il y a nombre de mécanismes naturels de régulation des populations animales qui peuvent jouer sans que l’homme s’en mêle. Ils peuvent être de nature comportementaux  comme le départ spontané des jeunes ou leur l’expulsion du territoire des parents ou bien encore une sorte de contrôle de naissances avec baisse de fécondité pour l’ajuster en fonction des ressources disponibles comme cela se produit chez les renards ou les rats par exemple. Ce peut être aussi les épidémies qui vont se charger de faire baisser les populations ou tout simplement le manque de nourriture. Les exemples abondent mais les hommes sont ainsi faits qu’ils se croient indispensables. Bien entendu, ces moyens naturels ne satisferont pas les sylviculteurs, ni même parfois les gestionnaires d’espaces protégés. Mais même si l’on admet qu’une régulation humaine doit intervenir, faut-il s’en remettre à la chasse et aux chasseurs ?
Et tout d’abord, quelle chasse ? Il y en a de plusieurs sortes. Faut-il s’en remettre à cette forme barbare qu’est la chasse à courre qui vient d’être interdite en Angleterre et que l’on peut assimiler à de la maltraitance envers les animaux ? Aux battues qui occasionnent des dérangements sans équivalent parmi toutes les espèces, quel que soit leur statut, sans parler des autres dégâts aux milieux naturels ou de l’agonie des heures, voire des jours durant des bêtes blessées que les chiens ne retrouvent pas ? Lorsque le chasseur choisit sa victime, ce choix porte sur le plus beau trophée, le plus bel animal alors que le prédateur naturel, loup, renard, ours, lynx, etc.  choisira la proie la plus facile à capturer, l’animal malade, mal formé… Ces prédateurs et eux seuls peuvent être une sorte de garantie de la bonne santé des populations qu’ils régulent, pas les chasseurs.
S’il faut réguler les populations d’ongulés dans les forêts, ce qui reste à prouver, la tâche doit être confiée à des gardes forestiers assermentés qui remplaceront avantageusement les chasseurs. Les tirs se feront de nuit, de façon sélective, avec un dérangement minimum de la faune et un impact minime sur le milieu comme le prouve l’exemple du canton de Genève.

L’exemple du Canton de Genève

Dans ce canton la chasse a été supprimée il y a trente-cinq ans à la suite d’une votation populaire. Et 35 ans plus tard, « la situation, au niveau biologique, reste tout à fait satisfaisante. Chaque promeneur peut découvrir la richesse de la faune – notamment dans la portion du Rhône en territoire genevois, considérée comme d’importance internationale – malgré le fait que ce canton soit très densifié et qu’il n’existe plus de grandes étendues forestières. »
Amené à se prononcer le 18 décembre 2009 à l'occasion du vote du Budget 2010 sur l’amendement du député libéral Pierre Weiss visant à obliger le canton à faire appel à des chasseurs pour réguler la faune, la majorité du Grand Conseil rejeté cette tentative de réintroduction subreptice de la chasse :
« Un garde-faune tire au maximum deux cartouches pour abattre les sangliers, contre 10 à 15 pour un chasseur ! En plus, les bêtes sont souvent blessées par les chasseurs » rappelait un député MCG.
« Vous voulez faire revenir dans le canton les viandards. Confier une tâche publique à des personnes qui ont des problèmes psychologiques et qui font du tir sur des animaux leur loisir est scandaleux » ajoutait un député socialiste, peut-être en référence au courrier délirant envoyé quelques jours plus tôt par le Président de la «Saint Hubert», la moribonde fédération de chasse genevoise. L’amendement a été repoussé par une forte majorité (71 contre, 5 pour, et 6 abstentions)(d’aprèsJagdkritik [www. jagdkritik.ch]) Les vésanies et contes à dormir debout sur le rôle bénéfique des chasseurs de C-M Vadrot seraient impensables dans un journal d’associations de défense de l’environnement genevoises. Hélas ! Ce n’est manifestement pas le cas en Ile-de-France…
Robert Hainard écrivait à propos de cette interdiction de la chasse dans le canton de Genève à l’occasion de la quatrième édition de son livre Mammifères sauvages d’Europe : « S’ils savent qu’ils ne risquent rien, les animaux s’habituent assez bien à la présence humaine. Cela me semble une évolution très naturelle, de la part de l’homme bien nourri, de s’intéresser à la bête sauvage autrement que pour la manger » À la différence de la majorité de la population, les chasseurs n’ont guère évolué. A côté des viandards, il y a les amateurs de trophées qui ne se rendent même pas compte combien les bois de cerfs qui trônent dans leur salon ou au-dessus de leur cheminée sont tout à la fois ringards, macabres et ridicules alors qu’ils étaient si beaux lorsqu’ils ornaient la tête de leur propriétaire qui les portait avec une noblesse et une élégance sans pareille.

Pas de prédateurs naturels ? À qui la faute ?

Enfin il est particulièrement tendancieux de se retrancher derrière l’absence de « prédateurs naturels » pour justifier la chasse. Je suppose que C-M Vadrot entend par là les carnassiers, grands ou petits. Leur disparition est le fait des chasseurs eux-mêmes qui font tout pour classer les renards, fouines, martres, belettes et autres « puants » (sic !) comme nuisibles, autorisant ainsi leur chasse, piégeage par tous les moyens et en tout temps. C’est malgré eux que le lynx, le chat sauvage sont devenus des espèces protégées. Ce sont eux qui s’opposent à la réintroduction de l’ours et du lynx. Ils sont parmi ceux qui hurlent le plus fort contre le retour des loups, volontaires comme toujours pour des tirs de « régulation » contre ce redoutable concurrent. Toutes les conditions naturelles sont réunies pour que ces derniers, venant d’Italie, puissent à nouveau se développer dans les Alpes, coloniser de façon durable de nouveaux massifs (Pyrénées, Jura et Massif Central) et même les régions de plaines. Il suffirait de favoriser leur expansion. Dans nos forêts franciliennes les grands carnivores trouveraient nourriture abondante. Et combien plus fascinantes seraient ces forêts si, les soirs de pleine lune, s’élevait de la sylve cet étrange et prenant cri modulé d’un loup saluant son lever.

Mardi 8 Novembre 2011 Commentaires (0)

La plante à l'honneur

Dans le buisson les petites prunelles ont pris leur couleur au soleil de septembre. D’un beau bleu pruineux, elles semblent bien appétissantes mais il faudra attendre. Les impatients qui les ont trop vite goûtées font la grimace : « Bon sang, qu’elles sont âpres ! » Ce n’est que lorsque les premières gelées les auront ridées que vous pourrez vous régaler ou les cueillir pour préparer une fine liqueur. Par contre si voulez en faire des conserves lacto-fermentées, c’est maintenant qu’il faut les ramasser. Mais n’oubliez surtout pas d’en laisser aux animaux sauvages la plus grosse part. C’est d’abord pour les oiseaux et les petits carnivores que l’épine noire a mis la table. Avec ou sans prunelles, vous aurez largement de quoi manger cet hiver. Mais eux ? L’hiver passé, ses fleurs blanches seront parmi les premières à embaumer et égayer les chemins de campagne.


L’épine noire ou prunellier.
Nom

Prunus spinosa L. 1753
Famille des Rosaceae, sous famille des Amygdalaceae.
Le nom du genre provient du latin prunus qui désignait les pruniers et prunellier, spinosa pour l’espèce signifiant quant lui épineux.
Nom français : Prunellier, épine noire. Allemand : Schwazdorn, Schlehe. Anglais : Sloe Tree, Blackthorn, Neerlandais : Sleedorn
Le prunellier est appelé épine noire à cause de son écorce d’un gris noir luisant par opposition avec l’aubépine, et sans doute plus particulièrement l’aubépine à deux styles, qui est appelée épine blanche ; buisson noir à cause de son allure en hiver et aussi mère du bois. Cette dernière appellation témoigne de la grande capacité d’observation et de la connaissance poussée de la nature des paysans d’autrefois qui avaient observé que les buissons touffus d’épines noires servaient d’abri pour les semences et les jeunes plants des arbres qui poussaient sous leur couvert avant de les supplanter, l’épine noire étant une essence de lumière. Tout se passe donc comme si du sein de ces buissons naissait et se développait une forêt. P. spinosa a aussi des noms divers selon les localités.

Période de floraison


Les fleurs parfumées apparaissent en mars, avant les feuilles, ce qui permet de le distinguer facilement des aubépines, les baies bleuissent en septembre.


L’épine noire ou prunellier.
Description

Arbrisseau à feuilles caduques (caducifolié) pouvant atteindre 4 mètres, pouvant vivre plus de 50 ans, formant des buissons d’aspect touffu et dense à cause de ses nombreux drageons (buisson noir).
Tronc avec écorce brun lisse se fissurant avec l’âge en crevasses horizontales et devenant plus foncée.
Rameaux très épineux, d’abord pubescents, divariqués, brun-noir luisant, portant des bourgeons courts et globuleux.
Feuilles alternes, brièvement pétiolées, petites (10/30 mm), limbe ovale, oblong, finement denticulé, d’abord pubescent puis glabre sur l’avers, restant pubescent sur les nervures au revers.
Stipules présentes surtout sur les rejets, pubescentes.
Fleurs blanches, solitaires ou par deux à court pédoncule, le long des rameaux, petites (10mm), cinq sépales, cinq pétales séparés, dyalique (fleur régulière), monoïques, nombreuses étamines, un style, ovaires libres.
Fruits drupes globuleuses (10 – 15 mm de diamètre), bleu-noir, pruineuses, indéhiscentes, noyau à bord sillonné, semblable à celui d’une petite cerise mais rugueux. Il contient une amande amère.

Habitat

Principalement les haies, lisères, friches et bois clairs. Le prunellier aime le soleil et supporte la demi-ombre mais pas l’ombre. Mésoxérophile, il s’accommode d’une sécheresse modérée. Il ne redoute pas les terrains secs et caillouteux, argileux ou limoneux et sait profiter des sols riches en déprise. Il prospère de la plaine à l’étage collinéen jusqu’à 700 mètres d’altitude.

L’épine noire ou prunellier.
Commentaires.

Il existe un prunus très proche du P. spinosa L. dont le statut botanique est controversé. Ses drupes vont par deux et sont légèrement plus grosses et plus allongées tandis que l’arbuste est moins épineux. Les deux formes sont difficiles à distinguer. H. Costes le considère comme une espèce (P. fruticans Weihe), d’autres et notamment Lieutaghi comme un hybride entre P. spinosa et P. insistitia L. C’est également le cas de la Nouvelle Flore de Belgique qui le nomme Prunus xfruticans Weihe.
La pruine bleu-pâle qui recouvre la peau des prunelles est constituée de levures qui se nourrissent de leur sucre. Tous les fruits en sont recouverts mais on ne les voit que sur les prunes, prunelles et tous les fruits à la peau sombre. Si l’on frotte une prunelle pour ôter cette pruine, elle devient noire. La pruine a la propriété de réfléchir les rayons ultraviolets, ce qui renforce le contraste avec le feuillage vert et rend les drupes plus visibles pour les amateurs éventuels, en particulier les oiseaux, ce qui accroit les chances de dispersion.
Grâce à sa capacité de drageonner vigoureusement, le prunellier peut envahir rapidement des terres agricoles laissées à l’abandon, notamment des vignes ou des prairies artificielles où relégué dans la haie, il attendait son heure. Avec la ronce à feuilles discolores (Rubus discolor, Weihe et Nees) il forme alors des friches «en manteau», impénétrables pour l’homme mais résidence des fauvettes et des grives et terrain d’action des pies grièches. En limite de ces friches, le botaniste peut faire de belles rencontres comme l’Iris foetidissima, L. et là où était cultivée la vigne sur les coteaux marno-calcaires auvergnats par exemple, des orchidées comme l’Orchis purpura L. Stade transitoire, ces friches en manteau peuvent évoluer plus ou moins rapidement vers une forêt.
Endozoochore, les semences du prunellier sont dispersées par les animaux qui se nourrissent de la pulpe du fruit : petits carnivores, renards, blaireaux, martres et fouines ; oiseaux avec 35 espèces de consommateurs. Comme la drupe est assez grosse, il n’y a parmi elles que deux espèces de petits frugivores, le Rouge-gorge familier et la Fauvette à tête noire qui réside sur les lieux. Sont mentionnés dans Crocq, 2007, la Gélinotte des bois, le Faisan de Colchide, le Pic épeiche, le Jaseur boréal, le Rouge queue noir, le Merle à plastron et le Merle noir, plusieurs espèces de grives, le Gros bec casse-noyaux et le Bouvreuil pivoine.
Ce sont les insectes qui assurent la pollinisation des fleurs des prunelliers mais en retour, à ses feuilles défendant, l’arbuste sert aussi de plat de résistance à de nombreuses espèces de chenilles dont celles de l’une de nos plus belles espèces indigènes de papillons, le Flambé (Iphiclides podalirius). Il est souvent choisi aussi comme plante nourricière par les théclas du bouleau (Thecla betulae) et de l’acacia (Satyrium acaciae) moins spectaculaires, plus petits mais bien jolis tout de même. On trouve souvent dans les haies de prunelliers des «nids» collectifs de chenilles, sorte de tentes de soie grise semi-transparentes qui englobent les pousses et feuilles voisines de celles sur lesquelles les œufs ont été pondus. Ils ont été tissés par des chenilles de «culs bruns» (Euproctis chrysorrhoea Hw.) qui hibernent dans ces nids qui leur servent ensuite de refuge lorsqu’elles redeviennent actives au printemps. Ces chenilles possèdent des poils urticants pouvant occasionner de violentes démangeaisons. Elles peuvent provoquer d’importants dégâts avant leur chrysalidation car elles s’attaquent aussi aux arbres fruitiers cultivés. Claude Herbulot (1958, p.94) indique que c’est contre ces nids qu’a été prise en 1796 la première loi sur l’échenillage obligatoire. L’imago du Cul brun est un petit papillon de nuit (hétérocère) blanchâtre aux antennes bipectinées, à l’arrière de l’abdomen noirâtre (d’où son nom français).

Usages

CULINAIRES

Les prunelles sont comestibles. Il n’y a guère de confusion possible si l’on vérifie bien que l’arbuste sur lequel on les cueille est épineux, plus précisement, s’il a des rameaux transformés en épines (voir illustration). Si on veut les consommer telles quelles comme fruits, il faut attendre qu’elles soient blettes. Ce qui arrive après les premières gelées. Avant elles sont trop astringentes.
  • Condiment
Si l’on veut les utiliser comme succédané original des olives vertes, il faut les choisir assez grosses, les cueillir avant les gelées et les immerger dans une saumure dont les proportions seront de trois volumes d’eau pour un volume de sel. Pour faciliter la dissolution du sel, on peut utiliser de l’eau chaude. Il faudra ensuite laisser refroidir la saumure obtenue avant d’en remplir les boucaux et y immerger les prunelles. Il faut placer sous les bocaux des journaux ou des vieux chiffons pour éponger les débordements pouvant se produire lors de la fermentation. Il n’y a plus qu’à attendre un mois en veillant bien à ce que les prunelles baignent totalement dans la saumure. En les servant en accompagnement de l’apéritif à la place d’olives vertes, le succès est garanti même si certains convives sont hésitants avant d’avoir goûté la préparation : les prunelles ont alors une belle chaire rose. On trouvera cette recette et des informations sur la lacto-fermentation dans Couplan (1984).
  • Dessert
Compote de pelosses [d’après Lieutaghi (2004), p. 1072]
« Pelosse » est l’un des nombreux noms régionaux des prunelles.
Pour réaliser cette compote, il faut cueillir 1 kg de prunelles blettes, récoltées après les gelées. Les faire cuire avec ½ litre de vin blanc coupé de moitié d’eau, 250 g de sucre, un demi-zeste de citron râpé, de la cannelle et une pincée de sel. Lorsque le jus de cuisson s’est totalement évaporé, on élimine les noyaux en tamisant les fruits. Nappée de meringue et passée au four, cette compote devient l’ingrédient principal d’un gâteau.
  • Digestif
C’est cet usage des prunelles qui est le plus connu.
Liqueur de prunelles.
Il y a de nombreuses recettes et variantes de recettes. Celle qui suit est extraite (et légèrement modifiée) du Petit guide panoramique des fruits sauvages, de Robert Quinche, un petit livre avec des textes où la poésie et sensibilité font bon ménage avec la rigueur descriptive. Chaque notice est agréablement illustrée d’une planche en couleurs due à Martha Seitz.
Il faut 250 g de prunelles cueillies après les premières gelées, un litre d’eau de vie à 60°, ou bien un litre de cognac ou encore un litre de kirsch et 750 g de sucre cristallisé.
On étale les prunelles sur une grande feuille de papier et on les laisse sécher un jour. On les dénoyaute, on les met dans un bocal en verre, on verse dessus l’alcool et on laisse macérer pendant 5 semaines au moins. On remue chaque jour la mixture et à la fin on passe et on filtre. Il faut ensuite faire cuire le sucre dans très peu d’eau et ajouter le sirop obtenu en le versant lentement dans l’eau-de-vie filtrée dans laquelle les prunelles ont macéré. On verse le mélange dans des bouteilles, que l’on ferme et que l’on doit laisser vieillir au moins quelques semaines. On obtient une liqueur délicieuse d’un beau bleu améthyste.
Liqueurs de noyaux de prunelles.
Parmi les multiples recettes passées en revue par P. Lieutaghi (2004, p. 1073) on sélectionnera celle-ci dite « liqueur de Kayowsky » qui peut être obtenue dans des délais raisonnables. Il faut un verre de noyaux bien secs par litre d’eau-de-vie blanche à laisser macérer 5 à 6 semaines en remuant fréquemment. Au bout de ces 6 semaines, la préparation est filtrée. On y ajoute alors un sucre caramélisé à raison de 750 grammes par litre en versant doucement et en agitant fortement. Il faut ensuite laisser la liqueur reposer dans un lieu frais le « plus longtemps possible ».

L’épine noire ou prunellier.
PHYTOTHÉRAPIE

Rappel : les indications et usages mentionnés dans cette rubrique ne le sont que dans le but de donner un tableau des connaissances concernant i[P. spinosa et non des recettes à mettre en application. ]i

Les prunelles sont toniques et astringentes, donc antidiarrhéiques et utiles pour combattre les maux de gorge. Les fleurs sont dépuratives, diurétiques, légèrement laxatives et sudorifiques. L’écorce quant à elle est également antidiarrhéique. Elle est aussi fébrifuge. Comme les feuilles, elle serait, selon le Docteur Valnet, antidiabétique et antiasthmatique. Selon la Flore forestière française les feuilles seraient elles aussi dépuratives.
On utilise les fleurs séchées en bouton, les feuilles et l’écorce séchée, les baies mûres. Parmi les multiples préparations, en voici quelques-unes parmi les plus utilisées en médecine populaire et familiale.
  • Contre l’acné :
Faire infuser 10 mn 50 g de fleurs séchées en bouton dans 1 litre d’eau bouillante. Prendre cette infusion à raison de deux tasses par jour, une le matin et une le soir pendant vingt jours. Ces cures de vingt jours devront être espacées de 15 jours (Belaiche, 1982)
  • Contre les maux de gorges :
Faire bouillir 30 g de fruits mûrs dans 1 litre d’eau jusqu’à réduction de ⅓. Passer, filtrer et utiliser en gargarisme. Ma grand-mère utilisait une préparation voisine. Elle m’envoyait ramasser des prunelles, à la sortie du village, le long d’un petit chemin creux qui grimpait sur une colline plantée de vignes. Elle les préparait comme indiqué et faisait ensuite infuser dans le liquide bouillant des sommités fleuries de lavande séchées et des brins de thym cueillis au jardin.
  • Contre les diarrhées :
Tisane-décoction obtenue en faisant bouillir 15 mn, 40 g d’écorces séchées dans 1 litre d’eau ; filtrer et boire deux tasses par jour (Belaiche, 1982).
  • Comme dépuratif :
Tisane-infusion de 20 g de fleurs sèches en bouton à laisser infuser 5 minutes dans 1 litre d’eau bouillante. La posologie est de deux tasses par jour pendant trois semaines (Belaiche, 1982). Le docteur Valnet propose les mêmes indications mais se borne à indiquer : « infusion de fleurs ».

HOMÉOPATHIE

En France, les laboratoires homéopathiques utilisent les jeunes rameaux. En Allemagne, ce sont surtout les fleurs du prunellier qui sont employées. Il est utilisé pour traiter les infections. L’indication principale est le zona ophtalmique.

TEINTURE NATURELLE

Les parties à utiliser sont les prunelles qui devront être récoltées au mois d’octobre. Selon Dominique Cardon (1990), les principes tinctoriaux sont contenus dans la peau des drupes. Il s’agit d’hétérosides du cyanidol et du delphinidol. La teinture obtenue est un « joli rose un peu fragile au lavage ». Elle donne de bons résultats sur la soie (Cardon (1990, p. 107). On trouvera en page 25 de cet ouvrage la façon de procéder pour préparer les baies et les fibres pour obtenir cette teinture.

DIVERS

Comme le bois du prunellier est un bois dur et dense dont le duramen est rosé, brun ou brun noir avec des nuances, veiné dans les vieux troncs, il a été utilisé en marqueterie.
Il a aussi servi à fabriquer des cannes, des manches. Aujourd’hui ces usages ont été abandonnés.






L’épine noire ou prunellier.
Références

Belaiche, P. 1982 – Guide familial de la médecine par les plantes, Hachette, Paris.

Cardon, D. et du Chatenet, G. 1990 – Guide des teintures naturelles, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel Paris.

Costes, H. 1937 – Flore descriptive et illustrée de la France… Tome 2, Paris.

Couplan, F. 1984 – La cuisine sauvage, Debard, Paris.

Crocq, C. 2007 – Les oiseaux et les baies sauvages, Belin, Paris.

Guillot, G. et Roché, J. E. 2010 – Guide des fruits sauvages, fruits charnus, Belin, Paris.

Herrera, M. C. & Pellmyr, O. 2002 – Plant animal interactions. An evolutionary approach, B. Blackwell

Herbulot, C. 1958 – Atlas des lépidoptères de France, tome 2 Hétérocères, Boubée, Paris.

Lambinon, J. et col. 2004, 2008 – Nouvelle flore de la Belgique, Jardin botanique national de Belgique, Meise.

Lieutaghi, P. 2004 – Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, Acte Sud, Paris.

Quinche, R. 1983 – Petit guide panoramique des fruits sauvages, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel Paris.

Rameau, J.C. et col. 1989 – Flore forestière française, Tome 1, Plaines et collines, IDF, Paris.

Valnet, J. 1983 – Phytothérapie, Maloine, Paris.

Iconographie

Planche extraite de l’Atlas des plantes de France d’A. Masclef 1891
Photographies : J.F. Dumas

Mercredi 19 Octobre 2011 Commentaires (4)

Avec trente rames du RER B qui seraient contaminées et les mensonges de la direction, il se pourrait bien que l’on s’y achemine.


Gare RER de Fontenay-aux-Roses (photo: x)
Gare RER de Fontenay-aux-Roses (photo: x)
Du mensonge par omission….

Alors que tout devait «rentrer dans la normale» aux alentours du 20 septembre, cette semaine encore comme les semaines passées, le trafic du RER B a été réduit à cause du manque de matériel roulant disponible, retiré des voies pour « maintenance » selon les informations indiquées sur les panneaux des quais. Ce que la RATP ne dit pas dans ses informations aux voyageurs qui empruntent quotidiennement la ligne, c’est que cette maintenance est liée à la découverte de poudre d’amiante sur des voitures «rénovées» qui ont été mises en service en février dernier. Il y a là à tout le moins un mensonge par omission. Ceux qui n’ont pas lu les journaux ou écouté les médias locaux ne savent pas.

…au mensonge pur et simple.

Selon certaines sources, ce serait une trentaine de rames qui serait contaminée, toutes celles qui ont été rénovées. La Régie a d’abord affirmé que le matériau cancérigène était dans des caissons, confiné et donc non dangereux, avant que soient divulguées les analyses du laboratoire Bio-Goujard.

Ce laboratoire a constaté que de l’amiante a été retrouvée dans les freins, à l’air libre, donc potentiellement dangereuse pour les agents et salariés tout d’abord qui sont les plus exposés mais aussi pour les nombreux usagers quotidiens de la ligne qui peuvent avoir des craintes légitimes pour leur santé. La direction de la RATP a donc menti. Les syndicats ont demandé que soient effectuées des recherches sur la présence éventuelle de fibres d’amiante dans les tunnels du RER B que les rames contaminées ont empruntées. Pourquoi la Régie refuse-t-elle de le faire ? Elle est pourtant tenue d’assurer la sécurité de ses agents et salariés comme celle des usagers.

Le silence assourdissant des élus régionaux.

Si la RATP n’est guère prolixe et aurait même tendance à mentir sur cette contamination, le silence des responsables du STIF et des élus régionaux est assourdissant. Pourtant maintenant le Président de la Région, Jean-Paul Huchon qui est aussi président du STIF est rassuré sur son avenir. On ne l’a guère entendu. Le vice-président chargé des transports est tout aussi muet et inerte. Il s’agit pourtant d’un élu d’Europe-Écologie – Les Verts, Jean-Vincent Placé. Il devrait donc être sensible à ce genre de problème. Mais il faut dire que Jean-Vincent Placé visait un fauteuil de sénateur qu’il vient d’ailleurs d’obtenir. Il avait donc d’autres soucis en tête…

Le RER B parent pauvre des RER !

Le RER B reste le parent pauvre des RER et la branche Robinson la branche la plus miséreuse, celle qui continue de servir de variable d’ajustement par suppression de trains lorsque les retards s’enchaînent sur la ligne. Alors que le RER A aura des voitures flambant neuf, le B devra se contenter de ces voitures reconditionnées qui, notons-le au passage, comporteront moins de places assises et n’auront plus de porte bagage. Cerise sur le gâteau, voilà maintenant que ce matériel est contaminé par de la poussière d’amiante. Il pourrait s’agir, selon une source syndicale, de fibres de chrysolite. Il n’y aurait rien d’étonnant à cela car si ce type d’amiante a été classé cancérigène en France dès 1977, il n’a été interdit dans notre pays que depuis 1997. Avant cette interdiction, cette fibre était un composant principal des matériaux de friction, des joints et garnitures à haute température. Il est donc tout à fait vraisemblable que cette fibre entrait dans la composition d’éléments des freins des rames qui ont été reconditionnées. Si la ligne B avait été équipée avec des rames neuves au lieu de ce matériel d’occasion, il n’y aurait pas eu d’amiante de découverte.

Un enthousiasme déplacé…

Aujourd’hui on ne peut relire sans sourire dans le magazine municipal de Fontenay de mars 2011 l’article consacré à la présentation en grandes pompes par Pierre Mongin, PDG de la RATP et Jean-Paul Huchon en qualité de président du STIF de ces rames rénovées : « Le nouveau matériel sera plus confortable et plus sûr. Il permettra également de réduire les problèmes techniques des anciennes rames qui engendraient de fortes perturbations sur la ligne » Les usagers tassés comme des sardines dans des rames bondées à cause du service réduit dû à la maintenance de ce matériel d’occasion ne seront assurément pas aussi enthousiastes que le rédacteur de l’article ! Le maire de Fontenay s’est bien avancé lorsqu’il a déclaré à cette occasion « la Région a entendu nos demandes ». Non, hélas, « la priorité » n’est pas donnée « à l’amélioration de la ligne du RER B » et depuis que la Région préside le STIF, rien n’a changé, ou si peu. Signalons par parenthèse que Mongin a même trouvé le moyen de diminuer la fréquence des trains pour les usagers qui le prennent quotidiennement. Il a émis l’idée de faire circuler sur les voies du RER B dans la partie nord des rames spécialement réservées à la desserte de l’aéroport de Roissy, des directs Roissy – Gare du Nord pour les touristes ou hommes d’affaires, direct que les usagers franciliens lambda verront passer à toute vitesse devant le quai où ils poirotent. Deux flux de voyageurs qu’il ne faut pas mélanger selon les propos assez ahurissants du PDG. Ces propositions et ces propos, aucun élu de Gauche ou d’EE-LV siégeant au Stif ne les ont relevés. Son président de gauche, JP Huchon, pas d’avantage. Il est à craindre que cette proposition soit votée par cette instance qui, aujourd’hui comme hier, siège à huit clos dans la plus grande opacité. Avec la diminution du trafic pour maintenance des rames rénovées, on voit ce que pourrait signifier toute réduction des fréquences pour l’usager francilien. Si «la priorité» avait été donnée à l’amélioration de la ligne B, il n’y aurait aujourd’hui ni de problèmes de contamination à l’amiante, ni de trafic réduit pour cause de maintenance, trafic réduit qui risque de durer : ce sont des voitures neuves qui auraient été mises en services, pas du matériel d’occasion.

Exiger la vérité, des mesures de protection efficaces avec un retour rapide à la normale.

La bataille n’est pas terminée, même avec un président de la Région PS. Les usagers, les élus de terrain doivent continuer de se battre pour que l’on puisse voyager dans de bonnes conditions sur ce RER et notamment sur la branche Robinson. En ce qui concerne plus précisément cette question de la contamination par l’amiante, il faut exiger la vérité, une protection efficace et des mesures pour un retour rapide à la normale du trafic. J’ai déposé au nom du groupe écologiste de Fontenay-aux-Roses un vœu en ce sens pour la séance du Conseil municipal du 13 octobre. Il s’agit de faire pression sur la RATP et les élus du STIF pour que ces exigences minimales soient satisfaites.


Mardi 11 Octobre 2011 Commentaires (1)

Un ancien directeur de l’AIEA a déclaré au journal « Le monde » du 29 septembre 2011 « la transparence est la clé pour faire accepter le nucléaire à l’opinion ». Si c’était vrai, alors ladite opinion n’est pas prête à l’accepter car une totale transparence montrerait son extrême dangerosité. De même que le nucléaire est incompatible avec la démocratie, il l’est avec la transparence.


Quand le CEA de Fontenay-aux-Roses fait la sourde oreille

On peut l’expérimenter avec le CEA et son attitude envers la CLI de FAR et l’impossibilité d’avoir des réponses précises à des questions pourtant simples telles que celle sur le coût total des opérations réalisées depuis le début du démantèlement jusqu’à aujourd’hui, ou bien celle de savoir ce qu’il a répondu à la demande faite par l’ASN dans sa lettre du 13 octobre 2009, ( p.2) concernant les effluents de la cuve n°5 du bâtiment 18 de l’INB n°165 et quel a été le traitement retenu pour ces effluents*, etc. Et pourtant, il n’y a pour l’heure ni accident, ni situation de crise.

Un accident industriel ou un accident nucléaire ?

Lorsque cela est le cas, comme dans l’accident survenu au Centraco de Marcoule, même les faits ont bien du mal à être établis. On a parlé de l’explosion d’un four où étaient brulés des déchets dont on ignore toujours la provenance et dont on a ignoré longtemps le degré de radioactivité, explosion qui a fait un mort et quatre blessés dont un grave. Mais est-ce qu’il y a eu explosion ? Ce n’est même pas certain.

Les autorités diverses, exploitant, ministres se sont hâtés de rassurer. Un porte-parole d’EDF dont une filiale, la Socodei, exploite les installations de Centraco s’est empressé de claironner qu’il s’agissait d’un accident industriel, pas d’un accident nucléaire, ce qu’ont répété aussitôt sans beaucoup de discernement les média français. La présidente d’Areva avait déjà entonné le même couplet à propos de Fukushima. Le mort étant de nationalité espagnole, les journalistes de ce pays se sont montrés plus curieux que les journalistes français. Rue 89 rapporte que « selon le quotidien espagnol Publico, les autorités françaises cherchent à cacher l'origine radioactive de l'accident qui a eu lieu lundi 12 septembre sur le site de Marcoule, faisant un mort et quatre blessés. Selon leurs informations, la victime a été contaminée : le cercueil, mis en terre samedi, est protégé par un blindage spécial et la famille n'a pas pu voir le cadavre. Le quotidien croit également savoir qu'aucune autopsie n'a été effectuée. Et seuls les gendarmes, équipés de combinaisons de protection, ont eu accès au hangar où a eu lieu l'explosion. » On sait aujourd’hui que la radioactivité des déchets métalliques présents dans le four au moment de l'explosion était 476 fois supérieure au chiffre publié par l'IRSN sur la base des déclarations de l’exploitant. La CRIIRAD avait dénoncé dès le 23 septembre, dans un courrier officiel aux autorités, l'incohérence des résultats officiels et demandé au Procureur de la République la réalisation de mesures de débits de dose et d'analyses en laboratoire afin d'établir l'activité réelle des déchets. Aujourd’hui elle porte plainte.
Dans cd courrier du 23 septembre, elle dénonçait le maintien du secret sur les éléments clefs du dossier et la publication, par l’IRSN, d’un chiffre étonnamment faible (63 000 Bq) pour l’activité des 4 tonnes de déchets métalliques présents dans le four au moment de l’explosion. La CRIIRAD jugeait cette évaluation« absolument incompatible » avec le débit de dose de 8,5 μSv/h qui aurait été relevé sur le corps de la victime de l’explosion. Une fois qu’elle a eu confirmation de ce débit de dose, la CRIIRAD a adressé le 29 Septembre au Procureur de la République, un courrier officiel soulignant qu’il est «impossible de mesurer un débit de dose aussi élevé si la contamination provient de déchets métalliques aussi faiblement contaminés que l’affirment l’exploitant et l’IRSN.» Dans ce courrier, elle demandait également que l’instruction intègre la réalisation d’une cartographie dosimétrique et des analyses pour établir l’activité réelle des 4 tonnes de déchets radioactifs. La CRIIRAD avait raison puisque l’ASN indiquait le 29 septembre sur son site que « le four de fusion contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes de déchets pour une activité de 30 MBq et non de 63 KBq comme l’a initialement indiqué l’exploitant », soit une sous-estimation de la radioactivité d’environ 500 fois, une erreur pour le moins grossière, qu’il faudra bien expliquer.
Pour la CRIIRAD cette rectification pose de « très lourdes questions » à savoir : « 1. Cette réévaluation aurait-elle été publiée si la CRIIRAD n’avait pas interpellé officiellement, par lettre recommandée avec accusé de réception, les différentes autorités le 23 septembre dernier ?
2. Comment se fait-il que l’expert de l’Etat, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, qui était présent sur le site et qui dispose de moyens sans commune mesure avec ceux de la CRIIRAD, ait repris sans réserve l’évaluation suspecte de l’exploitant ? Le chiffre de 63 KBq a été publié dès le 12 septembre par l’IRSN et sans aucun correctif ultérieur.
3. Quel crédit apporter à l’auto-surveillance de l’exploitant, dispositif essentiel du contrôle de l’installation CENTRACO? (…) Il est tout à fait improbable qu’il s’agisse d’un malheureux concours de circonstances, que l’explosion concerne le seul lot de déchets mal évalué par l’exploitant(…) On est d’ailleurs en droit de se demander si la CENTRACO ne fonctionne pas en complète violation des prescriptions qui régissent son fonctionnement : violation des dispositions du décret d’autorisation qui limitent l’activité totale qu’elle est autorisée à détenir ; violation des limites de rejets de polluants radioactifs et chimiques dans l’atmosphère et dans le Rhône. Si les rejets réels sont 10 fois ou 100 fois supérieurs aux rejets déclarés, le dépassement des limites de rejets de tritium ou d’émetteurs alpha serait par exemple avéré. »

Des nucléocrates fidèles à eux-mêmes

On peut conclure avec la CRIIRAD que « dans le domaine du nucléaire, les dossiers changent mais les constats restent les mêmes : sous-évaluation des risques du côté de l’exploitant et manque d’esprit critique, voire complaisance, du côté des experts officiels » et aussi de certains médias. Mensonges par omission, voire mensonges tout court, dissimulation, opacité… Le nucléaire qu’il soit civil ou militaire craint la lumière.

_______________________________________

*Voici le texte de la lettre de l’ASN : « Les inspecteurs se sont intéressés aux modalités de rejets des effluents contenus dans la cuve n°5 du bâtiment n°18 (INB n°165 – Procédé). En effet, cette cuve comporte environ 20 m3 d’effluents chargés en nitrates, sulfates et surtout en métaux (chrome, fer, nickel, aluminium, argent, zinc, traces de cadmium…). Certaines de ces substances sont considérées comme dangereuses et prioritaires au sens des directives européennes en vigueur du fait de leur impact sur le milieu. Ces effluents ne sont a priori pas marqués du point de vue radiologique. Vous envisagez de les rejeter lors de la vidange du bassin de stockage des eaux d’extinction d’incendie afin de respecter les valeurs limites réglementaires qui vous sont imposées en sortie du centre. J’estime que cette dilution programmée d’effluents non marqués radiologiquement n’est pas une solution satisfaisante. » (p.2 de la lettre de suivi du 13/10/2009 ) L’ASN a donc demandé au CEA de Fontenay-aux-Roses « d’investiguer d’autres possibilités de traitement des effluents contenus dans la cuve n°5 du bâtiment n°18. Vous me ferez part des résultats de vos recherches et de la solution retenue avec les justifications associées préalablement à sa mise en œuvre. »

Liste des acronymes :

ASN : Autorité de sûreté nucléaire.

AIEA : Agence internationale pour l’énergie nucléaire.

CEA : Centre d’Étude Atomique.

CLI : Commission locale d’information.

CENTRACO : Centre de traitement et de conditionnement des déchets radioactifs.

CRIIRAD : Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité.

FAR : Fontenay-aux-Roses.

IRSN : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

SOCODEI : Société pour le conditionnement des déchets et des effluents industriels.


Mardi 4 Octobre 2011 Commentaires (0)

C’est probable !


En effet, Centraco (acronyme de Centre de traitement et de conditionnement des déchets radioactifs) est une des destinations des déchets radioactifs produits par le démantèlement des installations nucléaires du CEA de Fontenay-aux-Roses. Lundi 12 septembre s’est produit un grave accident dans le four de fusion de ce centre exploité par une filiale d’EDF, la SOCODEI. Il a causé la mort d’un salarié et en a blessé quatre autres, dont un gravement.
Selon l’ASN, le local dans lequel se trouve le four a été partiellement endommagé et il a été mis sous scellés par le procureur de la République pour l’enquête. Dans son communiqué l’ASN indique que « sans préjudice des mesures qui pourront être prises dans le cadre de la procédure judiciaire, l’ASN a décidé de soumettre à autorisation préalable le redémarrage des fours de fusion et d’incinération, qui avaient été arrêtés peu après l’accident. Cela a fait l’objet d’une décision du collège de l’ASN en date du 27 septembre 2011. » Etant données les exigences que pose à juste titre l’ASN pour la reprise d’activité des installations de ce centre, celle-ci ne sera pas pour demain. La fin du démantèlement des installations nucléaires du CEA de Fontenay-aux-Roses a été sans cesse repoussée, d’abord en 2018, elle est prévue maintenant pour 2025, « hors aléas ». En voici justement un. On peut donc d’ores et déjà parier qu’à peine annoncés, les nouveaux délais ne seront pas tenus.

Mardi 4 Octobre 2011 Commentaires (0)

Un vœu sur la «sortie du nucléaire» présenté par le groupe EE-LV au Conseil régional d’Ile de France a été adopté lors de la séance du 30 septembre 2011, chose impensable il y a quelques mois dans une assemblée où les écologistes sont minoritaires ! Fukushima est passé par là. Il faut dire aussi que le groupe EELV avait mis beaucoup d’eau dans son vin pour obtenir ce résultat. Trop peut-être… Et malgré cela, le PS s’est contenté de refuser de voter. Une attitude à la Ponce Pilate qui laisse mal augurer de l’avenir…


La fin du nucléaire en France : quelle date?

Le vœu demande une sortie «progressive » du nucléaire sur « une génération ». C’est bien flou comme délais. Les Allemands et les Suisses ont fixé des dates précises, respectivement 2022 et 2034, soit 10 et 22 ans comme le rappelle d’ailleurs l’exposé du motif du vœu. Cette question du délai est capitale. Selon le dernier scénario de l’association Négawatt, la France pourrait achever sa sortie du nucléaire en 2033.

Les écologistes et les anti-nucléaires estiment que EE-LV doit être clair sur cette question car c’est là-dessus que se joueront les négociations futures avec les partis de la Gauche. Elles ne se joueront pas sur la question de savoir si la France sort ou non du nucléaire. Pour EE-LV cela n’est pas négociable, du moins si les propos tenus par Eva Joly ne sont pas du vent. Pour le PS, Hollande mis à part, c’est acquis. La négociation ne pourra donc porter que sur les délais et la date à laquelle le dernier réacteur sera mis à l’arrêt. Cette mise à l’arrêt ne signifiera hélas, ni la fin des ennuis avec le nucléaire, ni celle des risques d’accident car même à l’arrêt, les réacteurs des centrales nucléaires restent dangereux comme l’a bien montré Fukushima et il faudra résoudre des problèmes de démantèlement, de gestion des déchets qui s’étaleront sur des années sans terme assignable. D’où la nécessité d’arrêter au plus vite cette aventure. En parlant de sortie « progressive » sur « une génération », on noie le poisson. Il faut des dates précises et la définition d’un calendrier. Dans les négociations futures pour les législatives et sur un contrat éventuel de gouvernement, Europe Écologie Les Verts se contentera-t-il d’un tel flou ? S’il veut participer à tout prix à un gouvernement de gauche à dominante PS, on peut le craindre tant il est vrai que sur les questions énergétiques et notamment le nucléaire, il y a toujours eu des divergences profondes entre la gauche et les écologistes. Ce serait tenir à peu de frais l’engagement pris par Eva Joly mais ce serait une fois de plus (une fois de trop ?) prendre les anti-nucléaires pour des imbéciles.

Remise en cause de l'EPR ou abandon, il faudrait préciser...

Les conseillers régionaux EE-LV posent aussi quelques exigences précises dans ce vœu : la fermeture immédiate des « plus vieilles centrales en activité » comme celle de Fessenheim, la mise en œuvre d’un « plan massif d’économies d’énergie et promouvoir la sobriété et l’efficacité énergétiques », le développement de « manière décisive » ( ?) des énergies renouvelables, autant de points sur lesquels tous ceux qui veulent diversifier le mix énergétique français ne peuvent qu’être d’accord, exceptés les nucléocrates inconditionnels. Ils proposent également la « remise en cause » du projet EPR « en commençant par les chantiers de Flamanville et de Penly », ce qui pourrait être considéré comme un « point dur ». Mais, cette impression se dissipe lorsque l’on constate qu’il s’agit seulement d’une remise en cause, pas un abandon. Comme dans un texte de ce genre, tous les mots sont pesés, chacun conviendra qu’il s’agit beaucoup plus que d’une nuance. On remarquera également que c’est à peu près la position sur laquelle semblaient s’accorder les prétendants à l’investiture PS lors du débat sur France 2.


Cécile Duflot
Cécile Duflot
La sortie du nucléaire aux calandes grecques?

Bref, ce vœu s’aligne sur les positions officielles du PS. Comme Martine Aubry qui veut voir « la première génération de l’après nucléaire », Cécile Duflot qui a signé ce vœu et l’a présenté en séance parle en terme de génération. La question qui se pose alors est évidement celle de savoir ce que signifie cet alignement pur et simple sur les positions officielles du PS. Question d’importance qui dépasse le Conseil régional puisque que c’est Cécile Duflot, la secrétaire nationale du Parti qui l’a signé et présenté en séance. Voulait-elle mettre le PS au pied du mur et l’obliger à assumer ses propres positions sous peine de se discréditer ? Dans ce cas, c’est une réussite et la dérobade piteuse du groupe PS montre le peu de cas qu’il faut faire des beaux discours de ses dirigeants et même de son programme, du moins lorsque c’est l’énergie qui est en cause. Il y a une autre hypothèse : les « grandes manœuvres » pour les scrutins à venir ont commencées. Dans cette hypothèse, Duflot présentait le compromis qu’elle était prête à accepter pour parvenir à des accords de gouvernement, si l’on peut parler en l’occurrence de compromis, un tel alignement ressemblant plutôt à une sorte de capitulation avant même la bataille. Les deux hypothèses ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre. L’une et l’autre sont de bien mauvaise augure. Comme toujours, au niveau national, les programmes du PS ne semblent n’engager que ceux qui les lisent. Europe Ecologie Les Verts, ou du moins ceux de ses dirigeants qui lorgnent des postes ministériels ou sur des sièges de député sont peut-être prêts à se dire que « Paris vaut bien une messe », à lâcher du lest sur les sujets qui fâchent pour obtenir un portefeuille, ou un siège. À toujours être hésitant, flou sur les échéances, on peut craindre que la sortie du nucléaire soit, une fois de plus reportée aux calendes grecques ou, pour le dire en des termes plus familiers, à la Saint Glinglin. La Saint Glinglin, sur cette date, PS et EE-LV s'accorderont facilement. A force de tenter le diable, un accident risquera bien de tout remettre en cause. Alors, nous sortirons du nucléaire en catastrophe, mais il sera trop tard.

Vigilance

Souvenons-nous. Jospin avait sacrifié le surgénérateur Superphenix sur l'autel de la gauche plurielle. Sacrifice hautement symbolique mais qui ne nuisait guère aux intérêts des nucléocrates. On mettait ainsi fin à une impasse dispendieuse en leur évitant de perdre la face en la reconnaisant. Puis, plus rien. La suite fut une succession de couleuvres que Les Verts durent avaler. Il apparaît de plus en plus que la construction de l'EPR de Flamanville tourne au cauchemard technique et financier. Même si EELV ne semble pas en faire un préalable, il sera peut-être sacrifié sur l'autel d'un accord de gouvernement PS/EELV. Mais sans sortie programmée du nucléaire avec une date butoir, l'histoire risque fort de se répéter. A tous les anti-nucléaires d'être vigilants, vis-à-vis du PS certes, mais aussi vis-à-vis d'EELV.

Dimanche 2 Octobre 2011 Commentaires (0)

Le nucléaire civil n’est pas plus compatible avec une «transparence» tant de fois alléguée qu’il ne l’est avec le respect des droits démocratiques les plus élémentaires. Après la catastrophe de Tchernobyl, il y a eu la scandaleuse affaire Bandajevsky, ce médecin chercheur de l’institut médical de Gomel traité comme un criminel par l’état Belarus, incarcéré pendant 8 ans sous de fallacieuses accusations, torturé pour avoir publié les résultats de ses recherches sur les conséquences sur l’organisme de la contamination radioactive des sols par le Césium 137 consécutif à l’explosion du réacteur de la centrale nucléaire. Après la catastrophe de Fukushima, des violations semblables se reproduisent dans un pays supposé démocratique, avec l’arrestation et le passage à tabac du militant anti-nucléaire Sono RYOTA. Demain, qu’en sera-t-il en France, si se produisait une catastrophe nucléaire ? L’état d’urgence et toute transparence et démocratie seraient bafouées dans la «gestion» de la crise qui suivrait. Les conséquences d'une catastrophe nucléaire affectent la planète entière. Anti-nucléaires de tous les pays, unissons-nous, Il faut défendre Sono RYOTA !


Un nouvel exemple d’incompatibilité entre industrie nucléaire et démocratie
Sono RYOTA est l’un des organisateurs de plusieurs manifestations à Tokyo. Militant anti-nucléaire, syndicaliste, membre de No Vox Japon. Il a été arrêté le 23 septembre lors d’une manifestation pacifiste dans un quartier populaire de Tokyo. Les policiers ont tabassé les manifestants qui essayaient de le protéger. Son avocat qui a pu le rencontrer a déclaré qu’il était blessé au visage et avait le corps couvert de bleus. En contradiction avec les garanties dont bénéficie tout japonais lors d'une arrestation, les criminels exceptés, il a été menotté, photographié et ses empreintes digitales ont été relevées. Comme il protestait contre cette violation de ses droits humains fondamentaux, un policier lui a affirmé « Tu n’as pas de droits humains ».

Si vous voulez faire pression pour que ce militant des mouvements anti-nucléaires et des «Sans voix» du réseau «No vox Japon» soit libéré vous pouvez participer à la cyberaction organisée par cyberacteurs.org. en envoyant un message à l’ambassade du japon pour exiger sa remise en liberté.
Une cyberaction vous permet d'interpeller directement les décideurs (politiques ou économiques) en leur envoyant un courrier électronique. Dans le cas présent, il s’agit de la Cyber @ction 435 :appel contre arrestation à Tokyo d'un militant anti-nucléaire. Cliquez sur ce lien.

Vendredi 30 Septembre 2011 Commentaires (0)

Comme elles sont élégantes, dans la haie, les baies d’un joli rouge vif et luisant de la douce-amère! Belles mais vénéneuses… La douce-amère marie les contraires : amertume et douceur ; régal pour beaucoup d’oiseaux, toxique, voire mortelle pour tous les mammifères, hommes y compris. Elle peut aussi guérir mais profanes s’abstenir. Et la tradition lui attribue des propriétés surprenantes. D’une certaine façon, avec elle, l’amour côtoie la mort. Donc, prudence…


Dessin extrait de la Flore de l'abbé H. Costes, t. 2 p.613
Dessin extrait de la Flore de l'abbé H. Costes, t. 2 p.613
Nom
Solanum dulcamara L. 1753
Famille des solanaceae [solanacées]

Le nom du genre vient du latin sol : soleil, un genre dont les plantes membres recherchent les stations ensoleillées. Selon une autre étymologie il viendrait du verbe solari : consoler à cause des propriétés narcotiques de nombreuses espèces de ce genre.
Pour l’espèce, dulcis est un mot latin qui signifie «doux» et amarus «amer» En français comme en latin mais aussi en anglais, en allemand, en néerlandais et dans bien des langues, elle tire son nom de la saveur de son écorce lorsqu’on la mâchonne – chose à éviter de faire, la plante étant vénéneuse dans toutes ses parties. Assez curieusement, à rebours de l’ordre des termes dans le nom, le doux suit l’amer : « Lorsqu’on les mâche [les tiges] on perçoit une saveur amère qui est bientôt suivie d’un goût douceâtre » (Barbier 1837, p. 471)
Elle a aussi beaucoup d’autres noms vernaculaires. Citons : morelle grimpante (par opposition à la morelle noire qui ne grimpe pas), crève chien (allusion possible à sa toxicité dont les animaux de compagnie peuvent faire les frais), réglisse sauvage (référence à l’un de ses usages à ne pas suivre), herbe à la fièvre, herbe à la quarte ou «quarte» signifie «fièvre quarte», une fièvre intermittente (renvoie sans doute à des propriétés fébrifuges non attestées par ailleurs) Elle a aussi d’autres appellations dont la raison, s’il en est une, n’est pas évidente : loque, bronde, bois de ru.

Période de floraison
Fleurs de juin à août, baies de septembre à décembre, d’abord vertes, puis rouges et enfin jaunes.

Description
Sous-arbrisseau de 60cm à 3m, sarmenteux.
●Grosse racine, ramifiée et charnue.
Tiges lianiformes, rampantes ou grimpantes, plus ou moins volubiles mais sans dispositif d’accroche, parfois retombantes, pubescentes.
Feuilles alternes, pétiolées avec pétiole plus court que le limbe, cordiformes à la base de la plante, trilobées au sommet, avec un grand lobe central en forme de cœur et deux latéraux plus petits ovales à subaigus.
Fleurs monoïques (1 ─ 1,5cm) en cymes par 10 ─ 25 sur un long pédoncule opposé à une feuille supérieure, 5 sépales dentées soudées entre elles, plus courtes que le tube, 5 pétales, égaux, soudés à la base à lobes étroits, aigus, recourbés vers l’arrière donnant à la fleur un aspect étoilé, cinq étamines jaunes réunies en un tube saillant d’où dépasse un stigmate unique à long style.
Fruits, baies ovoïdes (1 – 1,5cm), vertes puis rouge vif luisant avec de nombreuses petites graines blanc ivoire, lenticulaires d’environ 3mm de diamètre, aplaties sur les bords, au hile bien marqué. Il est difficile de confondre ces baies avec d’autres, peut-être avec des groseilles mais cette confusion serait assez grossière.

Habitat
Haies, bois clairs, pierrailles, bords des ruisseaux, la douce-amère aime les lieux humides mais ensoleillés. Elle fréquente aussi des stations plus sèches comme rudérale. En d’autres termes, c’est une espèce héliophile et de demi-ombre, hygrophile à mésohygrophile, nitrophile. Son amplitude altitudinale va de 0 à 1700m.
Plante très commune dans toute la France, mentionnée en Europe dès le XIIIème siècle.

Remarque importante

La douce-amère est une plante fortement TOXIQUE pour tous les mammifères, hommes et animaux domestiques inclus. Elle le serait aussi pour les tortues terrestres.

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
  • Si un cheval ingère 130gr de la plante, une paralysie mortelle peut survenir. Heureusement, il semble qu’elle ne soit pas recherchée par les équidés.
  • Ce sont les baies encore vertes qui sont les plus toxiques : dix baies non mûres provoquent une très grave intoxication chez l’enfant qui peut être fatale.
Ce sont les alcaloïdes que la plante contient qui sont responsables de ces troubles : la solacéine et la solanéine. De plus, les tiges sont riches en saponines ; les graines contiennent des alcaloïdes de type atropinique et des substances à effets bradycardisants et antimitotiques (empêchant la division cellulaire).
Pour inciter à la prudence, voire à l’abstention, dans l’utilisation en automédication de cette plante, inscrite à la Pharmacopée française, rien ne vaut une description de l’intoxication qu’elle provoque. Celle qui suit s’appuie sur Delmas et Delaveau (1978) et sur Girre (2001).
Les premières manifestations de l’intoxication sont d’ordre digestif avec des nausées, des vomissements, des coliques et des diarrhées. Si les doses ingérées sont fortes, les diarrhées deviennent sanglantes et il y a atteinte rénale avec protéinurie et hémoglobinurie, c’est-à-dire présence de sang et de ses constituants dans les urines. Apparaissent ensuite des symptômes neurovégétatifs, dilatation des pupilles (mydriase), accélération du rythme cardiaque (tachycardie), sécheresse de la bouche et des muqueuses, maux de tête, bourdonnement d’oreilles. Apparaissent parfois des délires, des hallucinations et des convulsions évoluant vers une paralysie : coma avec hyporéflexie (affaiblissement des réflexes), troubles respiratoires et cardiovasculaires dont l’issue peut être fatale. Bref, une mort bien douloureuse. Les principales victimes de la douce-amère sont des enfants et des personnes qui veulent l’utiliser en automédication interne sans connaissances suffisantes.
Les usages répertoriés dans les paragraphes suivants sont donc là dans le but de présenter un panorama des connaissances concernant cette plante et non comme des recettes à mettre en pratique. L’auteur de cet article décline toute responsabilité si d’aventure, un de ses lecteurs passe outre ces conseils de prudence et d’abstention et que cela tourne mal pour lui. La douce-amère a beaucoup d’usage phytothérapiques mais bien qu’il soit tentant de l’utiliser, elle fait partie de ces plantes auxquelles il vaut mieux ne recourir que sous la surveillance d’un spécialiste.

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Commentaires 

La douce-amère appartient à la même famille que la tomate, l’aubergine ou la pomme de terre.
Les tubercules de pomme de terre (Solanum tuberosum L.) sont comestibles comme chacun sait mais ils deviennent toxiques s’ils verdissent, verdissement qui se produit lorsqu’ils sont exposés à la lumière. Tout le reste de la plante est toxique, à un degré moindre certes que la douce-amère. Les tomates (Solanum lycopersicum L.) avant qu’elles ne soient mûres présentent également une certaine toxicité alors que mûre, elles sont parfaitement comestibles. Dans tous les cas, ce sont les mêmes solanines qui sont en causes.

  • On notera donc qu’un même végétal peut être toxique dans un état et ne plus l’être dans l’autre.

  • On remarquera également que dans une même plante, certaines parties peuvent être toxiques et même fortement toxiques alors que d’autres seront de très bon comestibles.

  • On peut se demander aussi pourquoi un fruit qui n’est pas arrivé à maturité est toxique ou plus toxique que le même arrivé à maturité. L’ingestion des fruits par les animaux qui rejettent ensuite les graines dans leurs excréments est un moyen de dispersion des plantes. On parle dans ce cas de zoochorie. Pour que cela fonctionne, il faut que les graines puissent se développer et arriver à maturité. Donc que le fruit ne soit pas mangé trop tôt. Gorgé de substances toxiques, astringentes et repoussantes, celui-ci n’est guère appétissant. L’ingurgiter donnera lieu à une mauvaise expérience. Les fruits trop verts sont comme les raisins de la fable, immangeables. Peut-être ce savoir est-il acquis, peut-être est-il inné chez l’animal. La couleur verte qui est celle de la plupart des fruits charnus non mûrs permettrait non seulement au fruit de se confondre avec le feuillage et de passer plus ou moins inaperçu, mais de plus elle jouerait le rôle de signal : passez votre chemin, je ne suis pas, ou pas encore comestible. Les belles couleurs, rouge, jaune, noir, voire même blanche (le gui) serait là pour attirer l’attention de l’animal et lui dire : «Je suis bon à manger », les toxines sont moins virulentes, voire ont disparu – cas de la tomate – comme les autres substances astringentes et détestables. Au contraire, le fruit mûr est gorgé de sucre ou de graisse. Ainsi, pour la douce-amère et autres fruits rouges, le code couleur serait à l’inverse de celui de la route. Vert, stop, on attend. Rouge, c’est bon, allez-y ! Certains parleront d’adaptation réciproque mais indépendante, d’autres de coévolution.

  • La dissémination ornithochore de la douce-amère.
Il reste cependant à expliquer pourquoi la douce-amère et bien d’autres fruits sauvages sont toxiques pour les mammifères, ce qui constitue une bonne défense contre ces prédateurs éventuels alors qu’ils ne le sont pas pour les oiseaux sur lesquels les principaux poisons d’origine végétale tels que les alcaloïdes et les glucosides sont sans effet. Tout se passe comme si les plantes avaient renoncé à défendre leurs fruits contre les oiseaux frugivores. Pour le dire autrement, c’est comme si elles avaient choisi de privilégier les oiseaux comme agents de leur dissémination. Coévolution ? Hasard ? En tout cas, ce fut un bon choix. En effet, à quelques exceptions près, une graine court beaucoup moins de dangers dans son voyage à travers le corps d’un oiseau surtout s’il est frugivore que lorsqu’il est ingéré par un animal pourvu de dents comme le sont les mammifères. Les oiseaux n’ont pas de dent et avalent donc le fruit sans porter atteinte aux graines qu’il contient et leur appareil digestif n’est pas de type broyeur de telle sorte que les graines ingérées avec la pulpe ont toutes les chances de ressortir intactes dans les déjections, le passage dans l’estomac et l’intestin de l’oiseau ayant simplement attendri les téguments extérieurs, ce qui favorisera la germination des graines. Bon choix aussi parce que les oiseaux ont un transit intestinal beaucoup plus rapide que les mammifères, bon choix enfin parce qu’ils se déplacent plus vite et plus loin. Certes toutes les plantes n’ont pas « choisi » de refuser leurs fruits aux mammifères qui peuvent se montrer aussi de bons agents disséminateurs. Il suffit de rencontrer sur un sentier une crotte de renard à la saison des cerises pour le comprendre. Avec l’homme civilisé par contre, les graines des fruits comestibles n’ont pas eu de chance. Rien ne germe dans la porcelaine. Sans ses lieux d’aisances modernes, l’homme serait pourtant un bon disséminateur pour quelques solanées qu’il a domestiquées. La preuve : derrière les dunes de certaines plages, poussent de succulentes tomates sauvages.
La morelle douce-amère est à l’abri des aléas que lui ferait courir l’ingestion de ses fruits par des Sapiens sapiens civilisés. Elle se rattrape avec les oiseaux. Il y aurait une vingtaine d’espèces d’amateurs se chargeant de la propager selon Crocq (2007). En voici une première liste établie, d’après un recensement des observations rapportées par Crocq (2007): Faisan de Colchide, Rouge Gorge familier, Merle noir, Fauvette à tête noire, Mésange bleue et autres mésanges, Etourneau sansonnet, Casse noix moucheté, Pie bavarde, Pinson des arbres, Bouvreuil pivoine, Gobe mouche gris, Pigeon ramier, Râle d’eau, Bécassine des marais.

  • Une plante envahissante
La douce-amère peut ainsi devenir une plante que les humains trouvent envahissante, surtout s’ils ont eu la mauvaise idée de l’introduire dans leur jardin au titre de plante ornementale : les oiseaux en sont friands et les graines se retrouvent un peu partout. D’autant que la douce-amère a plus d’un tour dans son sac pour assurer sa survie. Non contente de se faire aimer des oiseaux, elle est capable de se bouturer : « les racines de la douce-amère sont d’une vitalité extrême. Il suffit qu’il en reste un fragment dans le sol pour que la plante repousse après son arrachage. » Becker, 1984, p. 186

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Usages

(Voir la mise en garde ci-dessus)

Confiserie
Les tiges ont été mâchées comme des bâtons de réglisse sans dommages évidents si ce n’est, dit-on, des vertiges légers. Mâchonner des tiges de douce-amère est cependant fortement déconseillé.

Phytothérapie

Ces usages sont très anciens.

On utilise principalement la tige.
Cette tige, qu’il faut choisir pleine de moelle est, selon P. Lieutaghi, récoltée à l’automne et, selon cet auteur, il faut sélectionner les tiges de l’année. Le docteur Valnet, [Valnet (1983)] estime également qu’il faut les récolter en automne, « quand les feuilles ne sont plus en activité ». Il ne précise pas s’il faut choisir des tiges de l’année. Pour d’autres, il faut récolter celles qui ont au moins un an durant l’hiver avant l’apparition des feuilles. Ce qui d’une certaine façon revient au même : en hiver les feuilles ne sont plus en activité, et pour cause, il n’y en a plus. Mais du coup, se pose un problème pratique de repérage et d’identification de la plante, un problème tel que je me demande si ceux qui donnent cette indication ont essayé de récolter une plante quelconque. Par contre, sur le site hippocratus.com auquel renvoie l’article de Wikipédia consacré à la douce-amère, on indique qu’il faut les récolter en été ! J’ai plutôt tendance à faire confiance à Lieutaghi et Valnet. La question de l’âge d’une tige bonne à utiliser est liée à celle de la posologie : plus la tige est lignifiée, donc âgée, moins elle renferme de principes actifs, moins elle est toxique, mais son efficacité diminue d’autant. Ce sont ces tiges lignifiées que mâchonnaient les enfants de la campagne.

Lieutaghi explique comment conditionner la drogue.
Les tiges émondées sont tronçonnées en fragments de 5cm et fendues par le milieu. Séchées, elles ne doivent pas être conservées plus d’un an.

C’est un dépuratif renommé.

La douce-amère aurait aussi une action contraceptive chez la femme, associée à une action emménagogue en empêchant l’ovulation. Cette propriété, peu mentionnée, est confirmée aujourd’hui par l’analyse chimique des principes actifs de la plante : « Ces molécules [les glucoalcaloïdes] sont accompagnées d’une agglutinine et de saponosides stéroïdiques qui sont des hétérosides de tigogénol, diosgénol et yamogénol (structures chimiques anticonceptionnelles). » Girre, 2001, p.33

Les principales indications de la douce-amère chez les phytothérapeutes, ce sont les dermatoses.
  • En usage externe
le Docteur Valnet propose la décoction d’une poignée de tiges ou de baies dans un litre d’eau que l’on fera bouillir dix minutes.
Cette préparation sera utilisée en lotion sur dartres, herpès et en compresse sur les hémorroïdes non ulcérées, les dartres et l’eczéma (Valnet, 1983, p.246). Avec quelques variantes, on trouve cette préparation pour le même usage avec les mêmes indications chez de nombreux auteurs.
  • En usage interne
en décoction de tiges séchées, le Dr Valnet donne comme indication principales les dermatoses, les rhumatismes, la goutte. P. Lieutaghi (1978, tome 2, p.41) retient les usages de cette décoction pour traiter les dermatoses.
Les résultats sur les dermatoses telles que l’acné, l’eczéma, les dartres, l’herpès et le psoriasis semblent bien attestés. P. Lieutaghi cite Cazin (1850) et Leclerc (1976). Pourtant l’efficacité de ces traitements a été parfois mise en doute (cf. par exemple, Barbier (1837, p. 471). Aujourd’hui, la toxicité de la plante et les effets secondaires du traitement font que l’usage de la douce-amère en phytothérapie est restreint. Par contre elle est encore utilisée en homéopathie en association dans des pommades contre les dermatoses.

Quant à la préparation de la décoction, on notera de légères différences selon les auteurs.
Selon Lieutaghi(1978) les doses sont de 8 à 30 g de tiges sèches pour 1 litre d’eau, en commençant par 8 g et en augmentant progressivement jusqu’à 30 g et sans jamais dépasser 50 g. Pour Valnet (1983) on part de 10 gr pendant une semaine et l’on augmente ensuite progressivement jusqu’à 30 g. La différence entre ces deux auteurs est plus importante pour ce qui concerne la préparation de la décoction. Pour le premier, il faut laisser infuser les tiges dans un litre d’eau pendant quelques heures et réduire ensuite d’un tiers par ébullition. Il faut boire 3 tasses par jour de cette liqueur. Pour le second, la préparation est plus rapide. On fait bouillir pendant 2 minutes et on laisse infuser pendant 10 minutes et boire deux tasses par jour entre les repas. En fait, la posologie doit être adaptée dans chaque cas. C’est ce qu’avait déjà indiqué, un médecin du XVIIIème siècle, Joseph Barthélémy François Carrère.
Un peu d’histoire
La façon de conserver et conditionner la douce-amère, les indications thérapeutiques de l’usage interne de sa décoction, le mode de préparation et d’administration de cette décoction ont pour origine commune un ouvrage de Joseph Barthélemy François Carrère intitulé Traité des propriétés, usages et effets de la douce-amère ou solanum scandens dans le traitement de plusieurs maladies surtout des maladies dartreuses, à Paris : chez Cailleau, 1781. Dans ce traité, le docteur Carrère expose qu’il a expérimenté avec des douces-amères de diverses origines, que c’était celles qui provenaient de stations sèches des montagnes des provinces du sud du royaume qui étaient les plus efficaces. Il trouve que celles cultivées dans les jardins sont peu ou pas efficaces, comme si la culture leur faisait perdre tout pouvoir. L’auteur précise qu’il n’emploie que la tige de la douce-amère, coupée en morceaux d’un ou deux pouces, écrasée au marteau ou fendue en deux, voire en quatre si elle est très grosse. Il faut que la tige ne soit pas creuse mais garnie de moelle. En outre, la douce-amère choisie ne doit pas être fraiche mais ne doit pas être trop sèche non plus, « il faut la choisir, qui ait perdu sa trop grande humidité, &qui commence à être à peine sèche » Autant de précisions que l’on retrouve deux siècles plus tard dans l’ouvrage de Lieutaghi.
Selon le docteur Carrère, il faut la faire bouillir à l’eau très lentement et à petit feu « jusqu’à réduction de la liqueur de moitié » Il explique que sinon, « il résulterait deux inconvénients d’une ébullition précipitée ; la liqueur vanterait, & la partie la plus volatile de la Plante se dissiperoit avec l’écume ; la liqueur n’aurait point encore le tems de se charger des principes de la Plante » (p.105)
Connaissant la toxicité de la plante, le docteur Carrère s’est montré d’abord très prudent et n’a utilisé que des doses très faibles de tiges de douce-amère : 1/2 gros, soit environ 2 g. Puis il raconte que devant les résultats, il s’est enhardi peu à peu et a augmenté les doses dès le début du traitement. C’est lui, semble-t-il, qui a eu le premier l’idée d’augmenter progressivement la concentration de la décoction. Du moins il est le premier à avoir couché par écrit dans un traité savant ce protocole d’administration de la drogue.
Malgré cela, la potion devait rester dure à avaler. Aussi, pour les estomacs qui ne pouvaient supporter cette boisson, le docteur avait une solution de rechange : « je leur donne des pilules faites avec l’extrait de la même plante ; chacune de ces pilules est de quatre grains, & équivaut à un gros de tige » (p.105)
Dans cet ouvrage sont décrits avec beaucoup de précisions les effets secondaires indésirables qui se manifestent souvent en début de traitement pour disparaitre ensuite ; principalement des migraines, vertiges, étourdissements, diarrhées que rapportent également les ouvrages contemporains.
Il en est un cependant que ceux-ci passent pudiquement sous silence « ce remède, écrit J. B. F. Carrère parait chez les femmes porter directement vers les parties naturelles ; il y excite beaucoup de chaleur, quelquefois des démangeaisons : il provoque même l’appétit vénérien ; je l’ai vu produire quelquefois ce dernier effet avec violence. Cet accident n’arrive pas toujours, quoiqu’il soit assez fréquent. » (p. 118)
Certes, il semble bien que Joseph Barthélémy François Carrère fut le premier à présenter de façon détaillée le traitement des dermatoses, rhumatismes et de la goutte avec une décoction de tiges de douce-amère dans un traité de phytothérapie. Il revendique d’ailleurs cette priorité mais il est évident qu’il ne partait pas de rien. Il connaissait la toxicité de la plante, savait qu’il fallait l’utiliser avec prudence. Ce savoir, il le tenait sans doute de la tradition populaire, celle des guérisseuses mais aussi celle des sorcières. Une plante qui était à la fois aphrodisiaque et contraceptive ne pouvait qu’être une création du diable. En tout cas, la tradition veut qu’en sorcellerie on en ait fait grand usage.

Sorcellerie

En sorcellerie la douce-amère était dénommée « herbe d'amour », ce qui permet de supposer que les cueilleuses de plantes en connaissaient parfaitement les propriétés. Elles s’en servaient aussi pour soigner les maladies de peau. Les sorcières étaient bien souvent aussi des guérisseuses à des époques où cette médecine populaire était au moins aussi efficace et beaucoup moins dangereuse que la médecine officielle qui, notons-le, était pratiquée presque uniquement par des hommes. Michelet n’a-t-il pas dit de la sorcière qu’elle était « la prêtresse de la nature » et « l’unique médecin du peuple » ? Médications par les bonnes herbes et envoutements allaient de pair sans que, semble-t-il, il y ait une démarcation bien nette entre les deux.

  • Les feuilles de la plante placées dans l’oreiller étaient censées guérir un chagrin d’amour et aider à retrouver le sommeil.

  • Un rameau suspendu en collier préviendrait des insolations…. !!!

  • Pour envouter et lier à soi la personne aimée, il fallait penser très fort à la personne en cause tout en mettant une feuille de douce-amère dans la bouche. Il fallait ensuite appuyer cette feuille sur un bras. Si une tâche apparaissait, le sort avait fonctionné mais si c’était un pli, il avait fait long feu et il fallait recommencer.

  • La douce-amère aurait fait partie avec d’autres plantes de « l’onguent de vol » avec lequel on racontait que les sorcières s’enduisaient le corps les nuits de sabbat. Cette information qui a pour source essentielle les aveux extorqués à de pauvres femmes sous la torture est pour le moins sujette à caution comme l’est l’existence même de tels sabbats.





La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Références :

Barbier (J.-B. G.) 1837, Traité élémentaire de matière médicale, 5° éd. revue et augmentée, Bruxelles

Becker (G.) 1984, Plantes toxiques, Gründ, Paris

Cazin (F. J.) 1868, Traité pratique el raisonné des Plantes médicinales indigènes, 3°éd. revue et augmentée, Paris

Carrère (J. B. F.) 1781, Traité des propriétés, usages et effets de la douce-amère ou solanum scandens dans le traitement de plusieurs maladies surtout des maladies dartreuses, chez Cailleau, Paris.

Coste (H.) 1937, Flore de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, tome 1, tome 2, Librairie des sciences et des arts, Paris

Crocq (C.) 2007, Les oiseaux et les baies sauvages, Belin, Paris

Delmas (A. M.) et Delaveau (P.) 1978, Guide des plantes dangereuses, Maloine, Paris

Girre (L.) 2001, Guide des baies toxiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne

Leclerc (H.) 1976, Précis de phytothérapie, 5° éd, Masson, Paris

Lieutaghi (P.) 1978, Le livre des bonnes herbes, tome 2, Les nouvelles éditions marabout, Verviers

Valnet (J.) 1983, Phytothérapie, Masson, «le livre de poche», Paris

Iconographie : J.F. Dumas, Wikipédia, Flore de l'abbé H. Coste

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara

Dimanche 25 Septembre 2011 Commentaires (3)
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