La plupart des médias ont dit, ou écrit, que la Commission Européenne avait interdit ces pesticides pour deux ans. Mais ce n’est qu’un leurre selon l’association Pollinis. Bernée par le lobby des géants de l’agroalimentaire ou consentante, la Commission a accepté un compromis qui fait de cette interdiction non seulement temporaire mais aussi partielle, une manœuvre pour innocenter et faire accepter définitivement les poisons de ces firmes sur la base de données prétendument objectives mais en fait biaisées.


L’interdiction temporaire des pesticides tueurs d’abeilles par la Commission européenne : un leurre dangereux selon l’association Pollinis!
Le texte de présentation de la pétition que Pollinis a mise en ligne, en démonte de façon convaincante et documentée le mécanisme ; un mécanisme astucieusement diabolique. Pas étonnant si beaucoup se sont laissé prendre. C’est effarant et effrayant. À la lecture de ce texte dont je présente l’essentiel ci-dessous, on se dit que décidément tout est bon pour les multinationales de l’agrochimie pour préserver leurs gigantesques profits et tant pis pour la biodiversité, tant pis pour les abeilles, tant pis pour les humains qui, une fois les abeilles exterminées par les pesticides de ces firmes, les néonicotinoides, devront polliniser leurs cultures à la main comme cela se passe déjà en Chine dans le Sichuan !

Une soi-disant interdiction sans effet sur la santé des abeilles !

« Une gigantesque escroquerie est en train de se mettre en place à Bruxelles, aux dépens des abeilles, de la biodiversité... et de tous les citoyens qui se battent depuis des années pour faire interdire les pesticides « tueurs d'abeilles » en Europe et dans le monde ! Il faut la stopper net, avant qu'elle n'ait des conséquences dramatiques sur nos cultures et notre alimentation à l'avenir.
« Après des années de lutte acharnée des citoyens et des apiculteurs, la Commission européenne s'est officiellement décidé à interdire 3 pesticides néonicotinoïdes extrêmement dangereux pour les abeilles (Note en fin d’articles 1). Les associations ont crié victoire et baissé la garde. Pourtant...

« Le compromis que devrait adopter Bruxelles est en réalité un plan désastreux imposé par les multinationales agrochimiques comme Bayer, Syngenta et compagnie, qui mènent depuis des mois un lobbying effréné et extrêmement agressif pour arriver à ce résultat (Note 2 et 3).
« (…)Officiellement, les 3 pesticides les plus dangereux seront interdits pour une durée-test de deux ans à l'issue de laquelle les autorités sanitaires contrôleront si l'interdiction a mis un terme au massacre des abeilles, et s'il faut ou non interdire définitivement les néonicotinoides.
« Or, cette soi-disant interdiction n'aura aucun effet sur la santé des abeilles !

« En fait, les 3 pesticides tueurs-d’abeilles seront interdits seulement quelques mois par an... et largement utilisés tout le reste de l'année – sur près de 85% des céréales, et sur une grande partie des cultures de fruits, légumes et herbes aromatiques – empoisonnant largement les sols et l'eau absorbés ensuite par les cultures soi-disant « non-traitées ».
« De nombreuses études ont montré que ces substances ultra-toxiques peuvent rester présentes dans le sol jusqu'à trois ans après le traitement (Note 4), et que les cultures non-traitées replantées sur le même terrain révèlent des traces de néonicotinoïdes jusque dans leur pollen... que viennent ensuite butiner les abeilles ! (Note 5)
« A la fin de la période-test de deux ans, les multinationales pourront prouver que les abeilles continuent d'être décimées malgré la soi-disant interdiction de leurs produits, et qu'ils n'y sont pour rien. Ils auront réussi à blanchir leurs pesticides et à maintenir leurs profits - et pour longtemps !

« C'est un plan diabolique, qui nous promet un désastre environnemental sans précédent.

« Si nous ne faisons rien, voici ce qui va se passer dans les 2 prochaines années :
● les pesticides néonicotinoïdes continueront à être utilisés pour les cultures d'hiver, imprégnant ainsi durablement les sols et l'eau...
● les cultures de printemps et d'été 'non traitées' seront infectées par les résidus de ces pesticides, et empoisonneront les abeilles...
● la mortalité massive des abeilles ne déclinera pas, malgré la soi-disant 'interdiction' des néonicotinoïdes,
● Syngenta, Monsanto, Bayer et tous les laboratoires agrochimiques pourront à loisir clamer que leurs produits n'ont rien à voir avec la mortalité des abeilles, et obtenir leur réhabilitation totale sur le marché.

« Et là, il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer !

« Il faut tuer dans l'œuf ce plan démoniaque, et exiger de la Commission européenne qu'elle interdise purement et simplement ces pesticides tueurs d'abeilles, comme elle prétend le faire d'ailleurs ! »

Exiger de la commission une interdiction réelle des pesticides tueurs d’abeilles

« Pas de compromissions, pas de petits arrangements... Si l'on doit faire un test de 2 ans pour évaluer réellement l'impact de ces pesticides sur les pollinisateurs, alors allons-y franchement !
« Les agriculteurs eux-mêmes n'auraient pas à y perdre : d'après l'INRA, on pourrait réduire rapidement la consommation de pesticides en France de 30 à 40% – sans aucune perte de revenus pour les agriculteurs – en revenant simplement à un système de rotation des cultures qui permettrait de combattre efficacement les parasites en réduisant durablement l'usage des traitements chimiques (Note 6). Cela représente tout de même, pour la France uniquement, plus de 20 000 tonnes de substances ultra-toxiques déversées chaque année en pure perte dans nos campagnes !
« En fait, les seuls qui seraient ébranlés, ce seraient les chiffres d'affaires des géants de l'agrochimie... Mais la Nature n'a que faire de leurs profits ! »
Pollinis lance un appel à chaque citoyen-ne européen-ne pour « créer une véritable onde de choc à travers le pays et l'Europe toute entière, pour que notre pression sur la Commission européenne soit plus forte que celle des lobbys agrochimistes qui sacrifieraient sans vergogne votre santé, votre alimentation et l'avenir même de la Nature pour satisfaire à leurs profits immédiats.

« Nous pouvons encore empêcher ça. MAIS IL FAUT AGIR VITE : d'ici quelques jours, la Commission européenne se prononcera sur sa version définitive du règlement européen concernant ces 3 pesticides tueurs d'abeilles.

« Nous devons agir avant, pour exiger l'interdiction RÉELLE de ces pesticides ! Signez dès maintenant la pétition européenne pour contrer les lobbys en cliquant ici »
_______________________________________
Notes
Ces notes et références sont celles du texte de Pollinis.

1- Le texte de la Commission européenne interdisant 3 néonicotinoïdes :
ici

2- L'excellent rapport de Corporate Union Observatory sur le sujet (en anglais) ici
Ou ici en français, le bon petit résumé publié en ligne dans le Journal de l'environnement.

3- Début 2013, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié un rapport confirmant que les néonicotinoides présentent un risque important pour les abeilles et les pollinisateurs ici
4 -Les néonicotinoides persistent dans l'environnement, la demi-vie de la clothianidine dans le sol a été mesurée à 148 à 6900 jours par l'Agence de protection de la santé américaine ici
Voir aussi l'étude de J. DeCant et M. Barrett publiée en 2010 dans la revue Environmental Protection (pp. 1-99) : Environmental Fate and Ecological Risk Assessment for the Registration of CLOTHIANIDIN for Use as a Seed Treatment on Mustard Seed (Oilseed and Condiment) and Cotton.

5- La persistance des néonicotinoïdes contamine l'environnement au sens large, notamment le pollen.
L'imidaclopride par exemple peut être absorbée par des cultures non-traitées, jusqu'à deux ans après la première utilisation, et peut se retrouver dans le pollen et le nectar des fleurs non traitées à des niveaux toxiques pour les abeilles :
Bonmatin, J. M., et al . (2003) A sensitive LC/APCI/MS/MS method for analysis of imidacloprid in soils, in plants and in pollens. Anal. Chem. 75 (9), 2027-2033.
En 2002 et 2003, 69,1% du pollen récolté par les abeilles de 25 ruchers dans cinq départements français, sur des plantes traitées et non traitées étaient contaminés par de l’imidacloprid, bien que cette neurotoxine ait été interdite à l'utilisation sur le tournesol en janvier 1999 :
Chauzat M.P. et al (2006). A survey pesticides residues in pollen loads collected by honey bees in France. Journal of Economic Entomology, 99:253-262

6- Rapport Ecophyto R&D de l'INRA : « Réduire l'usage des pesticides » ici

● Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vue, on peut ajouter un lien vers la vidéo sur la pollinisation à la main des poiriers par les paysans du Sichuan ici

●Le texte complet de «Contrez le plan anti-abeilles des firmes agrochimiques ! » sur le site de Pollinis ici




Dimanche 24 Août 2014 Commentaires (0)

Résumé : Après avoir établi que sous le terme « climato-sceptique » étaient regroupées des positions diverses vis-à-vis du changement climatique, de son évolution et de ses conséquences, on montre que le terme utilisé pour désigner ces diverses attitudes est impropre dans la mesure où les dits « climato-sceptiques » ne sont pas sceptiques en fait. Quelques-unes des diverses formes de scepticisme en matière de changement climatique sont alors esquissées.
Dans la dernière partie de l’article, étant admis que le véritable scepticisme en matière du changement climatique en cours est d’un point de vue théorique l’attitude (ou la « famille » d’attitudes) la plus rationnelle, on montre que celle-ci n’est pas, contrairement aux apparences, un obstacle à toute forme d’agir et l’on tente de justifier l’une d’entre elles.


Un « climato-scepticisme » aux multiples visages

On appelle communément « climato-sceptiques » ceux qui rejettent la doxa dominante issue des travaux du GIEC sur le « changement climatique », en fait un réchauffement climatique dû pour l’essentiel aux activités humaines et dont les conséquences seraient catastrophiques. Sont ainsi regroupés sous la même dénomination
(a1) ceux qui nient qu’un réchauffement global de la planète d’une ampleur inédite a eu lieu au vingtième siècle jusqu’à nos jours,
(a1 bis) ceux qui estiment que la notion de réchauffement global de la planète n’a pas de sens physique,
(a2) ceux qui nie que ce réchauffement global, en admettant qu’il ait eu lieu au vingtième siècle, va se poursuivre et prendre de l’ampleur,
(b) ceux qui nient que le réchauffement en cours est, et sera s’il perdure, d’origine anthropique,
(c) ceux qui nient que ce réchauffement en cours, à supposer qu’il se poursuive, aura les conséquences catastrophiques prédites ; ou qui nient telle ou telle conséquence catastrophique particulière annoncée ; ou bien encore qui nient qu’il sera d’une ampleur suffisante pour être la cause principale de telle ou telle catastrophe annoncée qui lui est imputée, ou de toutes.
Souscrire à (a1 bis), c’est rendre (b) et (c) sans objet. Accepter (a1), c’est rejeter (b) et (c) comme sans objet ou faux. On peut souscrire à (a2) sans souscrire à (b). Accepter (a1) ou (a2) implique d’adopter la dernière partie de la disjonction (c).
Accepter (b), c’est nier (a1) mais pas nécessairement (a2) et admettre ou non (c). Et inversement accepter (c), c’est laisser ouverte la question de savoir si (b) est vrai ou non – on peut l’admettre ou non – mais c’est aussi nier que (a1) soit vrai alors qu’il est possible d’admettre ou non (a2). Des choix différents entraînent évidemment des formes différentes de «climato-scepticisme».

Les climato-sceptiques ne sont pas sceptiques !

Il peut donc y avoir plusieurs formes très différentes les unes des autres de climato-scepticisme. Tel que formulé (c) à lui seul en recouvre un grand nombre. On voit déjà avec cette tentative d’élucidation que le terme de «climato-sceptique » est pour le moins ambigu.

De plus, il est impropre : aucun de ceux que l’on peut regrouper sous (a), (b) ou (c) ne sont des sceptiques au sens propre du terme. Est «sceptique» celui ou celle qui doute et estime qu’il est impossible de choisir rationnellement entre une thèse et sa négation. En conséquence il suspend son jugement. Or, si ceux que l’on peut regrouper sous (a), (b), ou (c) ont bien un point commun, c’est qu’ils ne doutent pas. Ils ne suspendent nullement leur jugement en la circonstance. Ils nient une ou plusieurs des assertions avancées par les réchauffistes catastrophistes du GIEC ou d’ailleurs.

Si on les a baptisés ainsi, c’est sans doute en référence à leur position vis-à-vis des assertions du GIEC. Ils les rejettent, toutes ou seulement quelque unes : ils n’y croient pas. Or ne pas croire une assertion, c’est faire preuve de scepticisme à son égard. Cependant le climato-sceptique ne se borne pas à ne pas croire aux assertions du GIEC, il pense qu’elles sont fausses et qu’il est en mesure de le prouver. Les climato-sceptiques ne se meuvent pas dans le simple domaine de la croyance, de l’opinion mais dans celui de la connaissance, c’est-à-dire celui des croyances prouvées. En fin de compte, ils ne sont pas sceptiques du tout.
Pour bien comprendre la différence, on peut remarquer qu’il y a là une confusion analogue à celle que l’on rencontre parfois à propos de la question de « l’existence de Dieu ». Face à cette question, il n’y a pas deux grandes familles de positions possibles mais trois. Il y a celui qui affirme cette existence (le croyant), celui qui la nie (l’athée) mais il y a aussi celui qui avoue ne pas savoir (l’agnostique). Il est remarquable que le terme « agnostique » ne soit pas un terme du langage courant. L’athée et l’agnostique sont souvent confondus comme des « incroyants ». Certes, ils le sont l’un et l’autre mais seul l’agnostique est sceptique. En matière de réchauffement climatique, on met souvent « dans un même sac » l’athée, c’est-à-dire celui qui croit que les prophéties du GIEC sont fausses et l’agnostique, c’est-à-dire le sceptique, celui qui considère que ni le GIEC, ni ses contradicteurs n’ont de preuves concluantes, qu’il faut donc se garder d’affirmer l’une ou l’autre thèse, que la raison commande de suspendre son jugement.

Si pour simplifier l’on fait abstraction de la question du passé climatique de la Terre et de ses variations, les véritables sceptiques sur la question de l’évolution climatique en cours sont ceux qui
(a’) doutent si un réchauffement global de la planète est ou n’est pas en cours, ou doutent s’il va ou ne va pas se poursuivre, ou doutent s’il va prendre ou non de l’ampleur,
(b’) doutent qu’il soit d’origine anthropique mais doutent tout autant qu’il n’ait pas une telle origine,
(c’) ne peuvent se prononcer sur la question de savoir si ce réchauffement, à supposer qu’il se poursuive, aura ou non telle ou telle conséquence, catastrophique ou non.
Comme c’est le cas pour les réchauffistes et leurs contradicteurs, on peut être un sceptique vrai de différentes manières. Par exemple, on peut être sceptique sur l’ampleur du réchauffement climatique et son devenir mais pas sur son origine. On peut à l’inverse ne pas douter de son ampleur, ni de son devenir mais être sceptique quant à son origine, etc...

Un vrai sceptique en matière de réchauffement climatique renvoie dos-à-dos le réchauffiste catastrophiste et son contradicteur. Eux savent, affirment. Lui suspend son jugement, ni n’affirme, ni ne nie.

Quelques climatologues, une fois à la retraite, ont le courage d’afficher cette position sceptique au vrai sens du terme.! Ainsi Garth Paltridge, climatologue australien renommé, aujourd’hui retraité (Professeur émérite à l’Université de Tasmanie) qui déclare : « La probabilité que l'on prouve que le changement climatique durant le siècle prochain sera suffisamment important pour conduire au désastre est virtuellement nulle. Pour la même raison, la probabilité qu'un climato-sceptique ou qui que ce soit d'autre dans cette affaire, prouve que la théorie du désastre est totalement exagérée est aussi virtuellement nulle. De ce fait, le terrain d'affrontement pour les deux partenaires du débat est sur un plan d'égalité. »
Selon ce climatologue, parmi les membres de sa profession, la position sceptique serait beaucoup plus commune que l’on pourrait le supposer mais « le problème est que la recherche climatique exige d'énormes ressources et qu'il s'agit d'un jeu entre les institutions et les organisations. Le scepticisme est une affaire d'individus. Les choses étant ce qu'elles sont dans le domaine du changement climatique, le scepticisme exercé par un individu peut s'avérer être un facteur sévèrement limitant pour la poursuite d'une carrière. » Il est donc préférable de taire ses doutes dans l’intérêt de celle-ci. Constat alarmant sur l’état de la recherche en climatologie, constat qui explique que ceux qui « dressent leur tête au-dessus du parapet » sont pour beaucoup des « professeurs émérites » c’est-à-dire des scientifiques à la retraite.
Il est curieux de voir comment les partisans des thèses du GIEC qu’ils soient journalistes, chercheurs, historiens ou philosophes des sciences, condamnent le doute et mettent en avant le « consensus d’une communauté scientifique ». Passe encore pour les journalistes dont les idées simplistes sur les sciences et l’activité scientifique rejoignent celles de « l’homme de la rue » pour qui « scientifique » signifie « prouvé », mais pour les épistémologues, les historiens des sciences, une telle régression dans un dogmatisme scientiste d’un autre âge laisse pantois. Peut-on être une ou un historien des sciences et ignorer que les consensus d’aujourd’hui sont presque toujours les erreurs de demain, que les « minoritaires » du jour seront souvent les fondateurs ou les précurseurs de demain ? Affligeant ! D’autant plus que la controverse entre les réchauffistes et leurs contradicteurs dégénère souvent avec l’utilisation de part et d’autre d’arguments ad hominem du plus bas niveau.

La position sceptique sur le réchauffement climatique, un obstacle à l’agir ?

Au vu des controverses, des données, de leur fiabilité, des écarts entre les prévisions des modèles et les événements, la position sceptique est sans doute la plus rationnelle sur le plan théorique. Mais ne laisse-t-elle pas à désirer au niveau de l’agir ?
Le scepticisme est une philosophie de la perplexité et de l’embarras et il pourrait sembler que pour ceux qui veulent agir, pour les «décideurs», les vraies positions sceptiques sur la question du changement climatique soient effectivement embarrassantes. S’ils les adoptent, seront-ils comme l’âne de Buridan plongés dans l’indécision et incapables d’agir ? La vraie position sceptique dans le cas du changement climatique serait-elle incompatible avec toute action ?

Il est évident que l’on peut s’appuyer sur les positions sceptiques pour ne rien faire, plaider pour un statut quo : attendre et voir venir ! Ce n’est cependant pas la seule possibilité. Il faut d’abord remarquer que les situations relatives à l’agir dans laquelle nous mettent les positions sceptiques dans le cas du réchauffement climatique n’ont rien d’extraordinaire. En règle générale, l’avenir est imprévisible et ce n’est que tout à fait exceptionnellement que l’on peut le prédire à coup sûr. Pour reprendre les termes employés par Jean-Pierre Dupuy dans son ouvrage Pour un catastrophisme éclairé, un voile d’ignorance le recouvre.

Néanmoins on peut estimer que le futur est gros de catastrophes à venir mais dont on ne sait si elles se réaliseront ou non. Bref, il s’agit de menaces. Lorsque l’on est en montagne et que l’orage menace, rester sur la ligne de crêtes serait stupide mais si par la suite le ciel vient à s’éclaircir, on regrettera d’avoir battu en retraite ! L’idéal, c’est de trouver une position de repli qui permette à la fois de satisfaire l’optimiste insouciant et le pessimiste inquiet.
Adopter « la posture catastrophique » (Jean-Pierre Dupuy), c’est estimer que si l’on ne fait rien pour l’empêcher, la catastrophe annoncée se produira et donc qu’il faut prendre, avant qu’il ne soit trop tard, des mesures radicales pour éviter ce désastre annoncé, ici un emballement du réchauffement et l’enfer associé. Mais une autre possibilité existe face à un désastre redouté dont on ne sait s’il se produira ou non en fin de compte. Jean-Pierre Dupuy la nomme « la stratégie du sans regret ». Selon cette stratégie, il est impératif de ne rien faire que l'on regretterait d'avoir fait s'il advenait « une fois levé ce voile d'ignorance que constitue l'imprévisibilité de l'avenir, que les prophètes de malheur avaient eu tort » (p. 128, note 100). Les deux attitudes face à une menace potentielle peuvent être antagonistes si dans un cas donné «ne rien faire que l'on regretterait d'avoir fait » revient à ne rien faire du tout. C’est bien souvent ce que recommandent les « climato-sceptiques » face à ce que les prophètes de malheur, le GIEC, la fondation Hulot, le Réseau Action Climat proposent comme mesures d’évitement. Pourtant dans bien des cas, et notamment dans celui du « changement climatique » il est possible de proposer des mesures capables de satisfaire à la fois les prophètes de malheurs et les partisans de la stratégie du sans regret (voir mon article « Pour éviter le pire… » ici-même).
Cette recherche de mesures d’évitement qui satisfassent aux deux postures est, elle aussi, en harmonie avec la position sceptique sur ces questions du changement climatique puisqu’elle ne préjuge de la vérité ou de la fausseté ni des thèses des réchauffistes catastrophistes, ni de celles des dits « climato-sceptiques ». Invitation à faire preuve de modestie, elle évite la politique de l’autruche et l’immobilisme en prenant en compte la prophétie de malheur tout en en modérant les ardeurs.

Donc, si l’on adopte la vraie position sceptique sur le réchauffement climatique, deux attitudes sont possibles en ce qui concerne l’agir : ne rien faire ou adopter des mesures d’évitement satisfaisant à la fois la posture catastrophique et la stratégie du « sans regret ». Laquelle choisir ?
« Ne rien faire et voir venir » est certes rationnel en la circonstance mais n’est guère raisonnable. Dans la mesure où la nécessité de satisfaire à la stratégie du « sans regret » oblige à faire preuve d’une grande prudence dans le choix des mesures d’évitement et d’un examen minutieux et soupçonneux de leurs possibles inconvénients, la seconde attitude est tout autant rationnelle et nettement plus raisonnable que la première. C’est sur elle que doit porter un choix raisonné d’autant que les mesures proposées dans ce contexte auront toutes les chances d’être « socialement admissibles ». Cette attitude est, en outre, conforme au principe de précaution tel qu’inscrit dans l’article 5 de la Charte de l’environnement intégrée à la Constitution française qui stipule : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attribution, à la mise en œuvre des procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »

Lundi 18 Août 2014 Commentaires (1)

Pour EELV le texte du projet de loi sur la transition énergétique rebaptisé « projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte » est un « bon point de départ » (Emmanuelle Cosse), un « compromis intéressant » (François de Rugy). Ces avis ne sont partagés ni par les associations antinucléaires, ni par les associations de protection de la Nature, ni non plus par des analystes dont l’engagement pour l’écologie est indiscutable.


Dans l’entretien qu’il a accordé au Nouvel Observateur François de Rugy, co-président du groupe des députés EELV affirme que « on va passer d'une politique énergétique qui avait été totalement sous-traitée par EDF depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à une politique qui sera co-élaborée par l'Etat et les différents opérateurs. Avant, le véritable ministre de l'Energie, c'était le PDG d'EDF. Cela va changer. » Il est bien le seul à soutenir cela. Il faut bien trouver des arguments pour justifier un futur vote positif…

Le réseau Sortir du nucléaire : l’État laisse EDF orchestrer la politique énergétique !

Le réseau « Sortir du nucléaire » considère quant à lui que « Sous couvert du "refus de normes contraignantes", le gouvernement se dévoile : l’exécutif n’a pas de vision ambitieuse, refuse de décider et continuera de laisser la politique énergétique aux mains d’EDF et consorts». Il précise « Après deux ans de discussions, le projet de loi se contente de rappeler l’objectif de campagne de François Hollande d’une réduction à 50% de la part du nucléaire d’ici à 2025. (…) Au lieu de définir les capacités nucléaires à retirer, le gouvernement ne décide pas et se contente de proposer un plafonnement de la production nucléaire actuelle. Pas de programmation des réacteurs à fermer, pas de trajectoire précise et d’objectifs clairs de réduction des consommations d’électricité, rien ne permet de déduire comment se concrétisera cette réduction. » Comme le montre la question de la fermeture des centrales nucléaires, « l’État laisse EDF orchestrer la politique énergétique » du pays.

France Nature Environnement : Energie : Le projet de loi « Proglio » est arrivé !

En totale contradiction avec les propos de de Rugy, France Nature Environnement titre son communiqué de presse ainsi : « Energie : Le projet de loi « Proglio » est arrivé ! » Pour FNE, qui se dit très déçu, on croirait que c’est EDF qui a rédigé ce projet de loi, au détriment de l’intérêt général. «L’obligation de rénovation des bâtiments est donc réduite à peau de chagrin dans le projet de loi car c’est intéressant pour tout le monde…sauf pour EDF ». Pour ce qui est du nucléaire, FNE est du même avis que le Réseau « Sortir du nucléaire » : « l’Etat laisse la main à EDF » « il se contente de fixer un plafond de production d’énergie nucléaire, et laisse à EDF le soin de décider quelle centrale fermer. » Selon la responsable du réseau énergie de l’association, Maryse Arditi « L’Etat renonce ainsi à décider de la politique énergétique de la France et à s’assurer que les centrales fermées le soient selon les critères de l’intérêt général plutôt que le seul intérêt économique. Le responsable politique semble avoir délégué son pouvoir au technicien».

Hervé Kempf : le dogme de la croissance verte

Pour Hervé Kempf, «Derrière le dogme (de la croissance verte) se joue une partie subtile qui consiste à ne rien changer de réel dans la structure énergétique et de pouvoir de la France. Comme l’a répété Ségolène Royal en conférence de presse à la sortie du conseil des ministres, « le nucléaire est le socle de la politique énergétique de notre pays ».Tout le jeu consiste dès lors à maintenir la part absolue du nucléaire : certes, l’énergie nucléaire doit passer de 75 % à 50 % de la production électrique globale, mais si la production électrique augmente, il y aura toujours autant de nucléaire. Il sera «plafonné », annonce-t-on. Dans la négociation qui s’est déroulé depuis un mois, le plafond est même passé de 62 gigawatts en juin à 63,2 gigawatts en juillet. Admirez la précision du 63,2, qui signifie qu’EDF a imposé un calibrage précis du parc nucléaire qu’il entend maintenir dans les prochaines décennies. » Hervé Kempf ajoute « Mme Royal a donné l’explication, pour ceux qui ne comprendraient pas : « La part du nucléaire dans la production d’électricité va passer de 75 % à 50 % grâce à la montée en puissance des énergies renouvelables ». Ainsi, amis écologistes, qui admirez les éoliennes de cent mètres de haut qui poussent dans les paysages que vous aimez, qui vous extasiez à la vue des centrales solaires qui gagnent les terrains abandonnés, comprenez bien que tout ceci ne fera pas reculer d’un pouce l’énergie nucléaire. Vous aurez et le nucléaire, et le massacre des paysages. C’est ça, la croissance verte. »
Dans cet article paru sur Reporterre intitulé « Loi sur l’énergie : un cadeau de 40 milliards d’euros au lobby de l’auto électrique », l’auteur, citations à l’appui, démonte et dénonce un projet de loi dans lequel « c’est la croissance qui est le but fixé » et où la transition énergétique devient un simple moyen de cette croissance : « le but réel de l’action devrait être de transformer notre système énergétique pour éviter l’aggravation du changement climatique, et le fétiche « croissance » pourrait en être un moyen. Mais non : la croissance est première, et décide de tout. » Une croissance que l’on dit verte mais qui, en fait, se réduit à n’être que « la croissance du PIB, l’essentiel étant que celui-ci augmente ». Un tel projet de loi fondé sur une telle inversion des priorités ne saurait être un « bon début » comme l’affirme la Secrétaire nationale d’EELV, d’autant que la « croissance verte » à l’œuvre dans ce projet de loi, une fois démythifiée avec brio par Hervé Kempf n’a rien d’écologique.
Jamais définie, la croissance verte dans ce projet de loi, c’est le nucléaire auquel s’ajoute le massacre des paysages par le développement de l’éolien et du photovoltaïque industriels avec EDF, GDF et Areva comme opérateurs. Hervé Kempf cite le propos, combien éclairant de S. Royal : « Energies renouvelables sur lesquelles nos grands opérateurs énergétiques français, EDF, GDF, Areva, etc., investissent. Et il est donc très important aussi que ces grands opérateurs énergéticiens qui sont parmi les plus performants à l’échelle planétaire investissent dans les énergies renouvelables, puissent conquérir des brevets, des innovations, et soient à l’offensive dans la transition énergétique mondiale ». Il le commente en ces termes : « Vous rêvez de relocalisation, de solutions adaptées, de techniques douces, de coopératives de citoyens ? Passez votre chemin. La transition, ce n’est pas vous, c’est EDF, GDF et Areva. »
Pour maintenir la consommation électrique à un niveau élevé et croissant, on peut compter sur toutes les applications électroniques, ordinateurs, téléphones, écrans, etc. mais le projet de loi table surtout sur la voiture électrique : « En avant pour la voiture électrique, qui est la voie d’avenir pour sauver les deux mamelles historiques de l’industrie française, la voiture et le nucléaire ». En matière de transports, le soutien à la voiture électrique est le seul point réellement abordé : «Et vas-y pour diverses subventions, bonus, défiscalisations, qui pousseront les bons citoyens français à acheter l’auto magique, et en avant pour installer sept millions de bornes de recharge desdites autos. » Ces sept millions de bornes coûtant selon les calculs de Reporterre 42 milliards d’euros avec une estimation optimiste de 6000 € la borne ; 42 milliards payés par les fonds publics, c’est-à-dire les contribuables… Vive la croissance verte !

En résumé…

Contrairement à ce qu’affirme EELV qui se « félicite » d’avoir pu travailler avec Ségolène Royal, ce texte n’est ni un «bon début», ni un «compromis acceptable», c’est un projet qui « entérine sous l’emphase dont la ministre est coutumière la soumission des choix publics aux intérêts des grands opérateurs énergétiques » selon la formule d’Hervé Kempf, un projet sous-tendu par une soumission à une « croissance verte » qui fait peser des menaces redoutables sur la Nature et l’environnement.

Le projet de loi ici

Le communiqué de presse du Réseau Sortir du nucléaire ici

Pour consulter celui de FNE ici

La lecture de l’article d’Hervé Kempf « Loi sur l’énergie : un cadeau de 40 milliards d’euros au lobby de l’auto électrique » est vivement conseillée : ici

Dimanche 3 Août 2014 Commentaires (0)

Nature - environnement

Je relais ici l’appel de l’ASPAS


Après la chasse aux loups en plein Parc des Ecrins écrivez votre colère aux responsables

M. Bertrand Galtier, directeur du Parc national des Ecrins, a osé ordonner que la zone coeur du Parc soit « nettoyée du loup ».
Refuser la présence d’une espèce protégée dans un espace protégé est inadmissible et illégal !
L’ASPAS et la LPO PACA ont obligé le Préfet à retirer son arrêté autorisant la battue, mais cette dernière avait déjà eu lieu le matin même. Aucun loup n’avait heureusement été débusqué et abattu, mais il aurait pu en être autrement… et impunément !

Si la cohabitation entre les moutons et les loups n’est pas possible, ce sont les moutons qu’il faut retirer de nos espaces naturels, et non les animaux sauvages !

Il nous parait primordial de réagir de façon unitaire et importante à cette nouvelle étape des attaques contre la nature.
Aussi, nous invitons toutes les associations, leurs adhérents et sympathisants à téléphoner ou envoyer des messages de protestation au président et au directeur du Parc national :

Président : Christian Pichoud Tél. 04 76 00 37 12 ou pichpn@gmail.com

Directeur : Bertrand Galtier 04 92 40 20 10 ou bertrand.galtier@ecrins-parcnational.fr

Pour que cette action soit efficace il faut agir en masse et immédiatement. Faites circuler !
Montrez que les citoyens respectueux de la biodiversité dans les parcs nationaux sont majoritaires. On ne touche pas à nos Parcs. On ne touche pas à la faune et à la flore sauvage !
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Samedi 19 Juillet 2014 Commentaires (2)

Le 10 Juin la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale a commencé d’examiner le projet de loi sur la biodiversité. Il est bien entendu indispensable de tout faire pour tenter de surmonter ou à tout le moins de limiter « la crise de la biodiversité » actuelle avec son cortège d’extinction massive d’espèces. Cependant, tout en considérant que cet objectif est éminemment louable, certains naturalistes, doutent de la réussite de l’entreprise. C’est notamment le cas du Professeur Alain Dubois, directeur du Laboratoire reptiles-amphibiens du Muséum national d'histoire naturelle. Il la tient pour « mission impossible ». Ce pessimisme est-il justifié ?


Alain Dubois lors d'un stage de taxinomie au Muséum
Alain Dubois lors d'un stage de taxinomie au Muséum
Une catastrophe annoncée qui ne pourra être enrayée

«Un naturaliste face à l’extinction massive des espèces» est l’un des textes dans lesquels Alain Dubois développe ses positions. C’est ce texte écrit en postface à l’ouvrage de Julien Delord L’extinction d’espèce histoire d’un concept et enjeux éthiques qui est étudié dans cet article.

Pour Alain Dubois – et aujourd’hui pour la plupart des naturalistes, ce qui caractérise la crise actuelle de la biodiversité, c’est sa rapidité : « Ce qui est particulier à notre époque est l’accélération exponentielle du rythme des extinctions : la biosphère est actuellement confrontée à l’une des plus graves agressions de son histoire , et en tout cas à la plus violente de toutes, en raison de son exceptionnelle rapidité » (2010, p. 626) Tout mettre en œuvre pour sauver les espèces menacées est la réaction normale de tout individu humain qui se soucie de la Nature ou tout simplement de l’avenir de sa propre espèce. Pour Alain Dubois « c’est de cette réaction qu’est née l’essor de la Biologie de la conservation (…). Cette nouvelle discipline est rapidement devenue une nouvelle source de crédits, sous la forme d’appels d’offre internationaux et nationaux, où l’on peut s’étonner de voir émarger beaucoup de ceux qui, il y a quelques décennies encore, niaient tout simplement l’existence du phénomène, ou en minimisaient la portée, en répétant que les extinctions font partie de l’histoire de la biosphère et n’ont donc rien d’ « inquiétant » ou d’ « inhabituel » (p. 628).
Alain Dubois reconnait que la Biologie de la conservation a pu apporter des solutions parcellaires concernant certaines espèces dans certains milieux mais pour lui, elle n’est pas en mesure d’empêcher la grande majorité des extinctions en cours et prévisibles : « il est fort probable que la BC pourra limiter l’ampleur de cette catastrophe, en ciblant surtout les interventions sur des espèces ou des milieux « exemplaires », mais pas arrêter les extinctions massives notamment celles qui résultent directement des déforestations gigantesques qui se multiplient en permanence depuis des décennies dans tous les grands massifs tropicaux » A l’échelle de la Planète, prétendre que l’on peut stopper la l’érosion de la biodiversité est « soit un mensonge soit un signe confondant d’optimisme naïf »(ibid.).

Une résolution éventuelle de la crise de la biodiversité relève du politique

Alain Dubois insiste longuement sur le fait que, d’après lui, les actions proposées ne touchent qu’une proportion « infime » de la biodiversité, soit « les vertébrés de grande taille ou spectaculaires ». S’il en est ainsi « c’est tout simplement que la crise de la biodiversité n’a rien d’un phénomène « naturel » du moins si ce terme est pris dans le sens restreint de « n’impliquant pas l’intervention de l’homme » qui bien entendu fait lui-même intégralement partie de la nature. Cette crise n’est pas due à des éruptions volcaniques, des séismes et tsunamis, l’impact d’un astéroïde ou une éruption solaire. Elle est due à l’activité humaine. » (p. 640) Il ne suffit pas de le reconnaître, il faut en tirer les conséquences lorsque l’on veut la combattre. « Il est clair que cela ne peut se faire sans envisager des modifications drastiques de la relation entre notre civilisation et la planète qui l’abrite, des changements fondamentaux de paradigmes quant à « la croissance », « l’économie » et le fonctionnement même de nos sociétés à tous les niveaux. » Il en découle que ce n’est pas la science qui pourra résoudre cette crise. « Ces questions ne sont pas seulement « académiques », et ne peuvent, et ne doivent, pas être traitées comme s’il s’agissait de questions abstraites, se posant seulement dans un monde éthéré. En d’autres termes, leur dénouement se jouera dans le domaine politico-social, pas au sein de la science » (p. 640).
Bien que cela ne soit pas son propos ni son but, on peut affirmer que cette analyse d’Alain Dubois donne un fondement à l’écologie politique et la légitime ; l’écologie politique s’étant constituée en partie sur le constat que la crise environnementale décrite et documentée par différentes branches de la biologie, dénoncée par les scientifiques demandait pour être résolue une action sur le plan politique.

Que la résolution de la crise de la biodiversité doive se faire sur le terrain socio-politique est l’une des raisons, sinon la raison principale du pessimisme du naturaliste. Ce n’est pas le manque de propositions faites pour la surmonter qui fait problème mais le fait qu’ « il n’existe pas de force sociale suffisamment importante et déterminée à se battre pour les mettre en œuvre ». Et tant qu’il en sera ainsi, elles seront condamnées à n’être que des utopies (p. 640). « Les « protecteurs de la nature », pour employer volontairement un terme général et vague, peuvent être hostiles à la continuation du fonctionnement actuel de notre civilisation, cela a peu d’effets concrets » nous dit-il (p.639). Alain Dubois considère d’ailleurs qu’affirmer que la course au développement industriel et économique est à la racine de la crise environnementale actuelle n’est pas satisfaisant si l’on ne précise pas que « la course dont il est question est avant tout une «course au profit», dans le cadre de cette société dont le moteur économique et politique quotidien et fondamental est le profit économique ». Il en résulte, selon lui, que ce changement fondamental de fonctionnement de nos sociétés « ne serait possible qu’au prix de conflits sociaux, politiques ou militaires majeurs – et rien n’indique que nous sommes à la veille de ces conflits » (p. 639). En somme, c’est l’instauration révolutionnaire d’une sorte d’écosocialisme à l’échelon mondial qui permettrait de surmonter la crise de la biodiversité par un changement fondamental du fonctionnement de nos sociétés. Celle-ci n’est pas du tout à l’ordre du jour tandis que la biodiversité s’érode de plus en plus rapidement. Voilà pourquoi, il est impossible de stopper cette érosion d’ampleur catastrophique. Jean Dorst avait écrit naguère un livre qui sonnait l’alarme : « Avant que Nature ne meurt ». Il n’a pas été entendu. Peut-être ne pouvait-il l’être si l’on accepte les thèses d’Alain Dubois. Maintenant il est trop tard. Nature se meurt… Nature est morte

Peut-on enrayer le déclin de la biodiversité ? Examen critique du pessimisme du Professeur Alain Dubois.
Un mausolée pour une Nature morte

Faut-il rester les bras croisés pour autant ? Pour Alain Dubois, si nous n’avons et si nous n’aurons pas les moyens d’enrayer significativement les extinctions d’espèces à l’exception de quelques-unes, emblématiques préservées dans des réserves ou des zoos, « il serait encore possible, en mettant sur pied un programme ambitieux, de récolter et de fixer des millions de spécimens, des tissus, de l’ADN, des photos, des films, des enregistrements de chants, des observations, du nombre le plus élevé possible d’espèces vouées à une destruction irrémédiable et rapide, comme témoin pour l’avenir et pour études ultérieures ». Il précise ainsi cette tâche : « il s’agirait alors de constituer une banque de « pré-fossiles » pour les générations qui nous suivront. Cette perspective d’un « mausolée de la biodiversité » est certes moins glorieuse, excitante, optimiste et « porteuse » que celle de «sauver les espèces», mais elle est honnête et lucide et, contrairement à cette dernière, elle correspond à un objectif réalisable. » (p. 655) A défaut de pouvoir léguer aux générations futures un monde plein de vie, coloré et divers, nous leur léguerions «une bibliothèque de spécimens, de données et d’informations sur (les espèces actuellement vivantes du globe) juste avant leur extinction» (p. 665), les bases de la connaissance et les matériaux pour l’étude d’un monde que nous n’avons pas pu préserver ! Il s’agit peut-être là d’un objectif propre à satisfaire la « communauté scientifique »mais cette vision muséale d’une nouvelle arche de Noé tient du cimetière comme le terme de « mausolée » ne l’indique que trop ! Cette perspective a de quoi faire frémir tout un chacun…

On peut d’ailleurs objecter que toutes ces collections, ces connaissances ne seront léguées à personne car si nous ne réussissons pas à endiguer cette érosion de la biodiversité, l’espèce humaine, elle aussi, s’éteindra. Pour Alain Dubois, on ne peut affirmer que ce sera le cas, que l’espèce humaine sera incapable de survivre à cet effondrement de la biodiversité. Il écrit « même si nos connaissances actuelles sur le fonctionnement des écosystèmes et de la biosphère indiquent le contraire et si le principe de précaution nous suggère la plus grande prudence à cet égard, il n’est pas possible d’affirmer scientifiquement que la survie de l’espèce humaine serait réellement menacée si 90% des espèces vivantes du globe, ou même plus, disparaissaient, et s’il ne subsistait comme dans le roman Ravage de René Barjavel, que la vache, la poule, le chien et quelques autres espèces. » (p. 656).

Le discret pique-prune
Le discret pique-prune
Un tel pessimisme concernant la capacité des sociétés humaines actuelles à enrayer l’érosion de la biodiversité est-il justifié ?

Selon Alain Dubois, les efforts de préservation porteraient surtout sur des espèces « exemplaires », c’est-à-dire des « vertébrés de grande taille » tandis que les autres espèces seraient négligées. Ce sont ces espèces « vertébrés de grande taille » qui seraient sauvées de l’extinction, ce serait pour elles et pratiquement pour elles seules que la Biologie de la conservation réussirait à limiter l’ampleur de la catastrophe tandis que les reptiles, les amphibiens (dont il est un des spécialistes), les arachnides et les insectes seraient négligés. Cette assertion est fausse !
C’est ce que montre le cas du Pique-prune, un scarabée protégé dont il est pourtant fait mention dans l’ouvrage pour lequel Alain Dubois a écrit en postface le texte analysé ici. La découverte en 1999 sur de vieux châtaigniers d’une population de ces insectes sur le tracé de ce qui allait devenir l’autoroute A28, entre Le Mans et Tours a bloqué les travaux pendant six ans, jusqu’à ce que l’on trouve une solution satisfaisante pour la sauvegarde de cette population. De nouveau en 2010, la même histoire se répète : le pique-prune se met cette fois sur la route du conseil général de l'Yonne qui voulait faire abattre pour des raisons de sécurité les cinq cents tilleuls centenaires de l'allée monumentale d'un kilomètre de long qui conduit au château de Tanlay. Le pique-prune, ce modeste et très discret insecte a le même statut que l'ours ou le loup, espèces exemplaires au sens de Dubois.
Comme les grands prédateurs, le pique-prune est une espèce « parapluie », c’est-à-dire une espèce dont la présence témoigne de la richesse biologique d’un milieu. En préservant l’habitat de cette espèce, on préserve de nombreuses autres espèces de tous ordres et qui ne sont peut-être pas toutes répertoriées. Laurence Caramel dans un article du Monde qu’elle a consacré au pique-prune rapporte les propos d’un entomologiste, Bruno Meriguet de l’OPIE qui a recensé 53 autres espèces d’insectes sur le site de Tanlay : « La présence du pique-prune est le signe d'un milieu écologique extrêmement exigeant qui abrite quantité d'autres espèces dont l'enjeu de conservation est également fort pour le fonctionnement des écosystèmes » Et il n’y a pas que ces insectes. Dans ce même milieu, Chauves-souris, rapaces et écureuils cohabitent. Comme l’écrit Laurence Caramel « les batailles menées au nom du coléoptère vont donc bien au-delà de l'existence de celui-ci ». Si les espèces « parapluie » sont souvent des espèces de vertébrés de grande taille, ce n’est pas toujours le cas. En identifiant et en préservant de telles espèces et leurs habitats, on en préserve du même coup beaucoup d’autres.

Ce ne sont plus seulement quelques naturalistes isolés, lanceurs d’alertes qui se perdent dans le désert qui se soucient de la biodiversité. Sans même parler des conventions internationales, des diverses réglementations et directives, il est remarquable qu’aujourd’hui la défense de la biodiversité concerne de plus en plus de gens. A Nantes, ce sont plus de 50 000 personnes qui ont manifesté pour défendre la biodiversité du bocage de Notre-Dame-des-Landes, le campagnol amphibie, les tritons, les grenouilles et beaucoup d’autres espèces recensées sur le site par « Les Naturalistes en Lutte » Ces naturalistes en lutte, professionnels et amateurs, savent comme l’a proclamé leur porte-parole lors de cette manifestation que « dans ce contexte (la défense du bocage), paysans, zadistes et naturalistes se sont liés, se sont écoutés et aujourd'hui, nous marchons ensemble parce que nous comprenons que la seule manière d'avancer n'est pas la compétition ou le conflit, mais la coopération et l'écoute. Notre-Dame-des-Landes, c'est la preuve qu'un autre monde est possible. Un monde où progresse le respect d'autrui, un monde où la non-violence est recherchée. Notre-Dame-des-Landes devient un nouveau symbole d'espoir. » En Amazonie, ce sont les peuples premiers qui défendent leur forêt tandis que l’opinion mondiale se mobilise en leur faveur. Et il en va de même partout sur la Planète.

Alain Dubois a raison de considérer que la crise de la biodiversité étant due à l’activité des humains ne peut se résoudre que sur le terrain social et politique. Mais comme le montre toutes ces luttes, des forces sociales existent tandis que sous diverses formes la prise de conscience des problèmes écologiques progresse. Ce qui constitue autant de raisons d’espérer et de se battre pour enrayer l’érosion de la biodiversité.

Si la course au profit, l’exploitation éhontée des richesses des pays du Sud par les occidentaux, la rapacité des multinationales sont bien l’une des causes de la crise de la biodiversité, ce n’est pas la seule. Le développement même de la société industrielle ne doit pas être dédouané. Lorsque l’on étudie les mises à jour de la Liste rouge des espèces menacées que publie l’UICN, on constate que l’instabilité politique de certains pays du Sud, la corruption de leurs dirigeants et la misère des populations sont aussi des causes de cette crise. On constate aussi que si beaucoup d’espèces sont menacées, c’est à cause de la destruction de leur habitat.
Par exemple, la dernière mise à jour de cette liste rouge vient confirmer les rapports selon lesquels 94 % des lémuriens sont menacés d’extinction. Les lémuriens comptent ainsi parmi les groupes de vertébrés les plus menacés de la planète. Ils sont principalement menacés d’extinction en raison de la destruction de leur habitat naturel, la forêt tropicale de Madagascar, où l’instabilité politique et la pauvreté croissante ont accéléré l’exploitation illégale du bois. Récemment, la chasse de ces animaux pour se nourrir est également devenue une menace majeure.
De même le tatou à trois bandes du Brésil (Tolypeutes tricinctus) ; mascotte de la coupe du monde de foot 2014 est classée Vulnérable dans la dernière actualisation de la Liste rouge de l’UICN, le nombre de spécimens de cette espèce ayant décliné de plus d’un tiers au cours des 10 à 15 dernières années, en raison d’une perte de 50 % de son habitat, la fruticée sèche de la Caatinga.
C’est aussi à cause de la perte de leurs habitats que, en France même, plusieurs espèces de papillons de jour sont menacées. « Les populations des papillons de jour ont fortement chuté en France dans les années 70 et 80, en raison de l’intensification des pratiques agricoles et d’une urbanisation croissante. Ce déclin se poursuit aujourd’hui encore pour de nombreuses espèces. Ainsi, l’Hermite, un papillon autrefois bien réparti en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30% sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie “Vulnérable”, et l’Azuré du mélilot est lui classé “Quasi menacé”. La destruction importante des milieux naturels et leurs transformations sont les principales causes de ce déclin »(UICN, 2012). Avec l’intensification des pratiques agricoles, les prairies humides ont été remplacées par des cultures ou modifiées par l’apport d’engrais ou bien encore enrésinées. Le développement des routes et des zones urbaines est également l’une des causes majeures de la disparition et de la fragmentation des milieux naturels propices aux papillons. Ainsi, l’Hespérie du barbon, victime de l’urbanisation du littoral méditerranéen, n’a pas été revue depuis plus de 10 ans et a été classée « En danger critique » en France.

La mascotte de la coupe du monde de foot 2014
La mascotte de la coupe du monde de foot 2014
On pourrait multiplier les exemples à l’infini. A la racine de ces destructions d’habitats, on trouvera, sous une forme ou une autre, la pression démographique, y compris en France ou plus largement dans les Pays du Nord où le mode de vie est beaucoup plus dispendieux et parce que comme l’avait déjà souligné René Dumont c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers Monde, par le gaspillage de matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesses. Seule une agriculture productiviste peut nourrir une population humaine en continuelle expansion qui tend à occuper et exploiter tous les milieux et les dégrade. Sauvegarder la biodiversité, certes ! Mais où, si l’espèce humaine occupe toute la place ? Assez curieusement, Alain Dubois n’insiste guère sur cette cause de la « crise de la biodiversité ». Pourtant, il y aurait de quoi renforcer son pessimisme : même si l’on prenait aujourd’hui des mesures dénatalistes drastiques, leurs effets ne seraient perceptibles qu’à long terme et elles ne sont pas l’ordre du jour ni ici, ni ailleurs. Même la Chine assouplit sa politique de l’enfant unique.

Un avenir incertain pour la biodiversité

Il n’est dès lors pas étonnant que l’UICN présente la dernière mise à jour de sa liste rouge des espèces menacées en ces termes : « La Liste rouge des espèces menacées de l’UICN dresse un état des lieux toujours plus alarmant » ; le communiqué se concluant par le constat en demi-teinte de la directrice du Programme mondial de l’UICN pour les espèces, Jane Smart. « Même si la Liste rouge de l’UICN est à chaque fois l’occasion de célébrer quelques réussites en matière de conservation, au vu de la situation actuelle, un long chemin reste encore à parcourir pour atteindre les objectifs de la Convention sur la diversité biologique à l’horizon 2020, date limite que se sont fixée près de 200 gouvernements pour enrayer le déclin de la biodiversité et éviter l’extinction des espèces »
Un long chemin reste à parcourir, mais ajoute-t-elle « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de ne pas tenir ce délai » !

Alors continuons le combat même et surtout si son issue apparaît aujourd’hui comme des plus incertaines …. Ce qui n’empêcherait pas de mobiliser les moyens nécessaires pour mener à bien une connaissance quasi-exhaustive des formes de vie sur cette Planète, comme le demande à juste titre le Professeur Alain Dubois. La biologie de la conservation et la taxinomie ne doivent être opposées, elles sont complémentaires.

Références :

Alain Dubois, 2010, « Un naturaliste face à l’extinction massive des espèces », Postface à Julien Delord L’extinction d’espèce, histoire d’un concept et enjeu éthique, Publications scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle, Paris, 2010. Toutes les textes cités d’Alain Dubois sont extraits de cet article.

Laurence Caramel, 2010, « Le pique-prune, scarabée amateur de vieux arbres, sème la discorde chez les hommes » LE MONDE 14.08.2010 ici

UICN, 2012 Papillons de jour de France métropolitaine, Dossier de presse – 15 mars 2012 ici
UICN, 2014 "La Liste rouge des espèces menacées de l’UICN dresse un état des lieux toujours plus alarmant", ici

Illustrations : Dest, ?, Cg 72,Défense animale.

Mardi 17 Juin 2014 Commentaires (0)

La Liste rouge des espèces menacées de l’UICN dresse un état des lieux toujours plus alarmant. Selon la dernière mise à jour de cette liste, près de 80 % des orchidées de la sous-famille des Cypripedioideae le des zones tempérées à laquelle appartient le Sabot de Vénus sont menacées d’extinction. Comme l’affirme l’Union internationale pour la conservation de la Nature (UINC) ,avec ses fleurs caractéristiques en forme de pantoufle destinées à piéger les insectes pour assurer leur pollinisation, ces orchidées comptent parmi les plantes à fleurs les plus connues et emblématiques.


Sabot de Vénus
Sabot de Vénus
« Le plus surprenant dans cette évaluation, c’est le degré de menace qui pèse sur ces orchidées », souligne Hassan Rankou, de l’Autorité pour la Liste rouge de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN (SSC) représentative du groupe de spécialistes des orchidées. « Les orchidées de la sous-famille des Cypripedioideae sont des espèces prisées dans le commerce horticole mondial, un secteur qui pèse plusieurs millions de dollars. Même si cette industrie est alimentée par des plantes issues de stocks cultivés, la conservation des espèces sauvages est vitale pour l’avenir de cette famille. »

L’UICN cite le cas de Cypripedium lentiginosum, une espèce classée En danger qui ne compte plus que 100 spécimens dans le sud-est du Yunnan, en Chine, et dans la province de l’Ha Giang, au Vietnam. C’est une cueillette excessive et la déforestation qui ont conduit au déclin de cette espèce. Également classé En danger, le Cypripède de Dickinson (C. dickinsonianum) se rencontre uniquement dans certaines populations isolées au Mexique, au Guatemala et au Honduras. Son habitat naturel, les forêts claires, est détruit pour les besoins de l’agriculture et à cela s’ajoute l’élagage des arbres qui change les conditions environnementales permettant aux orchidées et aux autres plantes des sous-bois de bien se développer.
La disparition de ces orchidées est en grande partie due à la destruction de leur habitat et à la cueillette excessive des espèces sauvages pour le commerce local et international, et ce, malgré le fait que le commerce international de toutes les espèces d’orchidées de cette sous-famille soit réglementé.

Photo : Algirdas, Wikimedia Commons
Les mises à jours de la liste rouge de l’UICN sont consultables sur son site : ici


Vendredi 13 Juin 2014 Commentaires (0)

La Forêt de Verrière a déjà fait les frais du percement de l’A86. Va-t-elle encore voir sa surface amputée ?
Deux endroits sont à l’étude pour installer le Site de Maintenance et de Remisage (SMR) du futur tramway Antony-Clamart (T10 ou TAC) : une parcelle de près de 4 hectares de la forêt domaniale de Verrière ou un terrain sur la zone d'activité NOVEOS au Plessis-Robinson.


La forêt de Verrière ne doit pas être amputée une nouvelle fois.
Le Conseil général des Hauts-de-Seine ainsi que les maires du Plessis-Robinson et de Châtenay-Malabry font du lobbying auprès du syndicat des Transports d’Île-de-France (STIF) pour qu’il choisisse la parcelle en forêt de Verrière. Ce qui est inacceptable : la superficie de cette forêt péri-urbaine est déjà réduite. Elle devrait être sanctuarisée comme tous les espaces forestiers de la Région parisienne qui ne doit pas devenir un désert de goudron et de béton avec quelques parcs policés où seraient encagés des lambeaux de nature.
En proposant ce choix, le Conseil général des Hauts-de-Seine achève de pervertir ce qui devrait être un moyen de transport écologique. En effet combien d’arbres ont déjà été abattus pour construire les lignes de tram ?
Les espaces forestiers de la région parisienne doivent être préservés et cette parcelle de la forêt de Verrière protégée. L'installation du Site de Maintenance et de Remisage du futur tramway T10 doit se faire sur un terrain dans la zone d'activités NOVEOS au Plessis-Robinson.
Vincent Gazeille, conseiller général écologiste de Clamart, a lancé une pétition pour demander au STIF de faire ce choix. Il faut la signer en cliquant ici

Photo Jf Dumas: « Au bord d’une mare du Bois de Verrière en hiver »

Jeudi 12 Juin 2014 Commentaires (0)

L’article qu’Emmanuel Chambon a publié sur son blog en réponse à celui que j’avais écrit sur ce blog montre qu'en accédant aux affaires, il a mis de l’eau dans son vin et que lui et la nouvelle équipe municipale sont devenus plus raisonnables.


Une mission impossible…

Mais d’abord, je voudrais lever un malentendu. Je n’ai jamais dit qu’il fallait laisser les herbes sauvages tout envahir. J’ai toujours dit qu’il s’agissait de les maîtriser, non de les éradiquer. Avec le service « Espace vert », j’avais d’ailleurs mis en place un « plan de désherbage » Comme Monsieur Chambon je pense qu’il ne faut pas laisser pousser des petits arbres dans les caniveaux et que chardons et liserons doivent être arrachés des parterres destinés à des plantes horticoles.

Mais de là à ne plus tolérer aucune herbe folle, nulle part, je prétends que ce n’est pas réalisable sans recourir à des désherbants de type glyphosate. Monsieur Chambon ne veut plus voir aucune de ces herbes, ni dans les caniveaux, ni le long des trottoirs, ni aux pieds des arbres et à la fois ne plus utiliser de pesticides chimiques. C’est mission impossible.

C’est d’ailleurs pourquoi, si l’on veut vraiment ne plus utiliser de produits phytosanitaires de ce type, il faut convaincre les gens qu’un certain degré de tolérance vis-à-vis des herbes qui poussent au pied d’un mur est nécessaire. Il faut réussir à les faire changer de regard vis-à-vis de ces plantes. C’est une nécessité puisque ces produits seront interdits d’usage dans les collectivités en 2020. C’est le but d’opérations telles que « Laissons pousser » impulsée par le Conseil régional à laquelle à mon initiative, Fontenay participait.

Il est à noter d’ailleurs que même les revues de jardinage à destination des particuliers s’efforcent, elles aussi, de faire changer d’attitude vis-à-vis de ces « mauvaises herbes » les jardiniers amateurs souvent gros consommateurs de ces pesticides de synthèse. Essayez en effet d’éradiquer les pissenlits d’un gazon sans utiliser de désherbants sélectifs qui n’ont pas d’équivalent en produits acceptables en agriculture et horticulture biologique ! Il faut s’armer d’un couteau pour éliminer les rosettes et il en restera de toute façon… D’où ce conseil plein de bon sens lu dans plusieurs revues de jardinage : si votre gazon n’est pas saturé de pesticides chimiques, récupérez donc ces rosettes pour faire de délicieuses salades et laissez quelques violettes et autres pâquerettes le décorer, il n’en sera que plus gai.

Cela dit, je pense que l’acceptation çà et là de quelques herbes folles par le public sera d’autant plus aisée que là où poussent ces herbes, il n’y a pas un tas de papiers gras où autres immondices. A ce propos, je prends acte du fait que Monsieur Chambon ne confond pas la propreté des trottoirs et des rues avec la présence d’herbes folles sur ces trottoirs et dans ces rues. Cela ne me semblait pas des plus clairs dans ses écrits précédents.

Un point de désaccord qui n’est pas un simple point de détail

Où nous sommes vraiment en désaccord, Monsieur Chambon et moi-même, c’est sur le traitement des pieds des arbres. Monsieur Chambon veut les « entretenir », c’est-à-dire, je suppose, les désherber. Privilégiant l’horticulture à la nature, Monsieur Bresse (qui a mis en ligne sur le site des « Nouvelles de Fontenay » des extraits de l’article de Monsieur Chambon) propose quant à lui de les « fleurir » alors que je pense qu’il est capital, non pas de les laisser à l’abandon, mais de laisser la nature s’y exprimer librement quitte à faucher, à une période bien choisie, les plantes qui ont pris trop de volume et empiètent sur les trottoirs. Et n’en déplaise à Monsieur Bresse, si elles repoussent, tant mieux ! Du moins si ce ne sont pas des « invasives ». On peut considérer qu’il s’agit là d’une divergence de détail. Ce n’est pas le cas. Ces petits espaces laissés à la nature sont autant de relais indispensables afin d’assurer la continuité entre des espaces naturels plus vastes pour les populations de plantes sauvages et d’insectes qui sinon seraient isolées et par là même en danger de disparition. Il ne s’agit pas là d’idéologie mais de science d’observation. Et les naturalistes du Muséum qui préconisent un tel traitement des pieds des arbres d’alignement ne sont pas des idéologues mais des scientifiques !

Des précisions indispensables et rassurantes

Pour le reste, je pense que mon article aura eu le mérite d’inciter la nouvelle municipalité à préciser et à rendre publics certains points restés obscurs concernant sa politique des espaces verts. Ces précisions sont plutôt rassurantes.

Il n’est donc plus question de remettre en cause l’existence du verger conservatoire et de la petite zone humide associée avenue Lombart. Ce n’était pas acquis. Cela a dû faire l’objet d’arbitrages mais c’est une excellente nouvelle. Pas plus qu’il ne sera question d’un aménagement de l’espace Boris Vildé de nature à nuire à la biodiversité qu’il recèle. Et enfin, je note avec plaisir que Monsieur Chambon (et donc la nouvelle municipalité, je présume) sont favorables au maintien et au développement de prairies fleuries.

Bien entendu la vigilance s’impose mais, je le reconnais volontiers, voilà de bonnes nouvelles, des précisions rassurantes sur la politique que compte mener la nouvelle municipalité concernant les espaces verts et naturels.

Bon courage, Monsieur Chambon ! Tous mes vœux de réussite…

Mon article initial : ici
La réponse de Monsieur Chambon à cet article : ici
Les extraits de cet article et le commentaire de Monsieur Bresse dans « Les nouvelles de Fontenay » : ici

Samedi 7 Juin 2014 Commentaires (0)

C’est ce qui ressort du rapport 2013 que vient de rendre le médiateur national de l’énergie, Jean Gaubert.


L’éolien rapporte gros aux opérateurs mais revient de plus en plus cher aux consommateurs !
Les parcs d’éoliennes industrielles abiment nos paysages, banalisent les espaces naturels qu’ils transforment en hideuses zones industrielles, mettent en danger aigles royaux et autres rapaces, hachent moult oiseaux, chauve-souris, saccagent des stations de fleurs protégées en danger d’extinction. Ils pourrissent la vie des villages de campagne dont les maires ou les agriculteurs ont été séduits par les gains qu’ils sont supposés générer. Et maintenant, c’est la mer côtière qui va être, elle aussi, transformée en zone industrielle. Tout cela aux frais des consommateurs qui payent une addition de plus en plus salée pour tous ces parcs à l’utilité – et pour l’éolien offshore à la fiabilité – plus que douteuse que ce soit pour lutter contre le « changement climatique », ou prévenir la pénurie d’énergies fossiles qui se profile. Tout cela à nos frais, que nous soyons ou non d’accord…

Une augmentation des tarifs boostée par le soutien aux énergies éoliennes !

Le médiateur rappelle qu’entre l’été 2012 et la fin 2013, les tarifs réglementés de l’électricité ont crû de plus de 10 %. La CSPE est passée de 9€ par Mégawattheure à 10,5€ le 23 juillet 2012, puis à 13,5€/MWh le 1er janvier 2013. Cette taxe, qui finance principalement le soutien aux énergies renouvelables est payée par tous les consommateurs. Elle permet notamment de financer les tarifs de rachat par EDF aux producteurs d’électricité éolienne à un prix supérieur à celui du marché.
Selon le médiateur « L’avenir sera marqué par une poursuite de la hausse, avec notamment le développement de parcs éoliens en pleine mer dit « off-shore» réclamant plusieurs milliards d’investissement. Alors que la CSPE représente en 2013 plus de 10 % de la facture d’électricité, elle pourrait contribuer pour un tiers à l’augmentation totale des prix dans les prochaines années, selon les prévisions du Rapport de surveillance de la Commission de régulation de l’Énergie (CRE) publié en 2013.» (p. 115 – 116 du rapport).

Pour le rapporteur «Chacun doit bien comprendre que si l’enjeu de l’augmentation du prix de l’électricité est un espoir pour les opérateurs, il est source de crainte pour le consommateur, qui de surcroît est souvent prisonnier d’un logement ou d’une activité dont il peut difficilement maîtriser le coût. » Jean Gaubert est en désaccord avec cette augmentation de la CSPE : « Une augmentation des tarifs qui n’aboutit qu’à solvabiliser les (opérateurs) alternatifs ne peut pas être une bonne chose. » c’est-à-dire, en termes moins diplomatiques, les profits des opérateurs (la rentabilité de leurs installations) ne doivent pas être pris dans la poche des consommateurs qui, de plus, sont des clients captifs.

Des opérateurs bien peu écolos…

Qui sont d’ailleurs ces opérateurs dont les consommateurs financent les juteux profits ? GDF Suez allié à Areva qui vient de remporter deux appels d’offre pour l’exploitation de deux sites offshore dans la région côtière proche de Noirmoutier ; EDF, associé à Alstom, qui avait remporté trois des cinq lots du contrat géant pour l'installation d'éoliennes offshore au large à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Fécamp (Seine-Maritime) ; l'espagnol Iberdrola, allié à Areva qui en a gagné un… Bref, «La fine fleur du nucléaire, des turbines industrielles qui lui sont souvent liées, et des combustibles fossiles comme le gaz ou le pétrole. Peut-on trouver plus merdique ? Non» comme le remarque Fabrice Nicolino sur son site Planète sans visa.

Les énergies renouvelables : un business trouble

En matière d’énergies renouvelables, si les gros requins s’affrontent pour remporter les gros projets, il y a aussi des tas de petits crocodiles dans les marigots du marché des énergies renouvelables pour les particuliers. Le médiateur s’inquiète du fait que le développement de petits projets (solaires, éoliens, pompes à chaleur, etc.) se fait « de façon désordonnée » et porte parfois préjudice aux consommateurs, qu’il appelle à se méfier de « vendeurs sans scrupules ».

Une concurrence qui fait augmenter les prix !

Enfin, ce rapport jette une pierre dans le jardin des économistes libéraux qui ne jurent que par la concurrence et ont obligé la France à l’introduire de façon tout à fait artificielle dans le domaine de l’énergie par Europe interposée. Cette concurrence n’a pas fait baisser les prix, au contraire « Je ne peux que constater que la concurrence attendue ne fait pas baisser la facture globale », suite notamment à l’apparition de coûts commerciaux « qui étaient inexistants du temps du système intégré ».

Pour télécharger le rapport ici
Illustration : Stop éolien offshore ici

Vendredi 6 Juin 2014 Commentaires (0)

Dans une lettre adressée au Président de la République, un collectif d’associations languedociennes lance un cri d’alarme contre les méfaits du développement de l’éolien industriel dans leur région. Ce cri d’alarme ne vaut pas seulement pour le Haut Languedoc, région particulièrement impactée. Il vaut pour tout le Massif central, pour toute région où s’implantent des parcs d’aérogénérateurs géants au mépris de l’avis des habitants, des paysages, de la faune et de la flore. C’est pourquoi cet appel au chef de l’état que je reproduis mérite la plus grande diffusion possible.


Stop aux méfaits de l’éolien industriel : un collectif languedocien en appelle à François Hollande
Lettre remise au Conseiller «Environnement» de François Hollande à son intention:

Monsieur le Président, la protection de nos territoires ruraux est une urgence!

Depuis quelques années nos territoires ruraux les plus vulnérables sont pris d'assaut par les protagonistes de l'éolien industriel au nom d'une prétendue nécessité énergétique, mais surtout en raison des incroyables avantages fiscaux , financiers et réglementaires qui leur ont été octroyés.

Jamais un groupe de pression n'a pu bénéficier d'autant de faveurs. Il a su mener avec habileté une action continue auprès des élus locaux et des parlementaires, sensibles à des promesses plus ou moins transparentes et souvent mensongères. Les imprécateurs du sauvetage de la planète, fascinés par une technologie parée à leurs yeux de toutes les vertus, leur apportent tout leur soutien.
Il en résulte pour nos territoires ruraux un massacre environnemental et une meurtrissure sociale.

● Un massacre environnemental

− l'absence de planification du développement éolien se traduit par des implantations au coup par coup dans des secteurs isolés. Il en résulte - outre une multiplication de nouvelles installations de raccordement au réseau électrique (transformateurs, lignes à haute tension) avec leurs surcoûts considérables - un véritable mitage des espaces naturels ;
− toutes les considérations sur la protection de l'avifaune et des chiroptères, des couloirs de migration et des espaces naturels fragiles sont systématiquement minimisées voire ignorées, tant dans les études d'impact que dans les avis de la DIREN, plus soucieuse d'objectifs quantitatifs que de défendre la précieuse et fragile biodiversité de nos territoires.

● Une meurtrissure sociale

− les atteintes à la démocratie locale se multiplient à l'occasion de chaque projet éolien dans nos collectivités locales : dissimulation et rétention d'information, mépris des inquiétudes exprimées par les citoyens, distribution d'avantages financiers, conflits d'intérêts, enquêtes publiques souvent partiales et toujours favorables aux projets ;
− le choix presque systématique de sites d'implantation éloignés des bourgs principaux ou en bordure de la commune voisine, les avantages financiers accordés aux uns et les nuisances que doivent supporter les autres, exacerbent les tensions sociales ;
− la brutale transformation de leur environnement, la dégradation de leur paysage familier, hérité de générations plus respectueuses de l'harmonie rurale, les nuisances réelles des aérogénérateurs, constamment ignorées par ceux qui devraient les en protéger, sont autant de blessures profondes pour les habitants de nos territoires.

Le Haut-Languedoc a la chance d’être un territoire reconnu au niveau national pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère qui lui a valu d'être classé Parc régional naturel. Une centaine d'éoliennes industrielles sont installées à ce jour sur ce territoire et plus de cinq cents éoliennes seraient en prévision.
Le Haut-Languedoc est sur le point de perdre un patrimoine précieux. La poursuite de cette industrialisation d'espaces naturels préservés jusqu'ici, est une menace grave pour la biodiversité, pour le cadre de vie et pour le potentiel touristique de notre région.

Nous sommes convaincus qu'il existe des réponses techniques, avant tout pour la réduction de nos consommations énergétiques, mais également pour la production d’énergie, plus adaptées à notre contexte et à notre époque, faisant appel à l'innovation, à la responsabilité des acteurs locaux et s’inscrivant dans le développement local.

Monsieur le Président, nous savons que vous ne céderez pas aux voix de ceux qui se satisfont de mépriser nos inquiétudes, nos réflexions et nos propositions, en nous qualifiant d'anti-éoliens. Nous vous demandons solennellement d'intervenir pour que soit trouvée une réponse favorable aux problèmes que nous vous avons exposés.

Les associations Arvie, Calelh, Noelin, Reveihl, Sauvegarde des maisons et paysages, Vent d'Alerte (Tarn) Eho!lien local, L’Engoulevent (Hérault), militant pour préserver une montagne authentique et accueillante, pour défendre les droits de ses habitants et pour promouvoir des alternatives énergétiques à l’échelle locale dans le Haut- Languedoc, ont rédigé cet appel.
Préfecture d'Albi le mercredi 23 avril 14h

Source : Vent de Colère ici

Jeudi 1 Mai 2014 Commentaires (3)
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