La Cour Européenne de Justice a donné raison au Collectif d’associations anti-éoliennes « Vent de Colère ». Elle considère que le système de «tarif de rachat» de l’électricité d’origine éolienne tel qu’il est organisé en France est « un avantage accordé au moyen de ressources d’État » au bénéfice des industriels de l’électricité éolienne contraire au règlement du marché européen. Cet avis va sans doute donner un coup d’arrêt, au moins temporaire, à la montée en puissance de cette filière et donc à la multiplication de « parcs » ou « fermes » d’éoliennes géantes qui n’ont de « parc » et de « ferme » que le nom. Voilà une bonne nouvelle pour la Nature, les oiseaux, l’écologie et la santé des riverains de ces parcs.


Rien n’est encore gagné. Ce sera au Conseil d’État de qualifier ce système d’aide d’Etat et d’annuler le mécanisme français de soutien à a production d’électricité éolienne ; à savoir l’arrêté tarifaire du 17 novembre 2008. Si cette annulation n’est assortie d’aucune modulation temporelle, elle s’appliquerait aussi de façon rétroactive. Et c’est là qu’il y aurait un véritable coup d’arrêt porté à une filière déjà mal en point. Outre les problèmes financiers que cela posera aux « acteurs » de l’éolien, la situation d’incertitude concernant la question tarifaire et de ce fait la viabilité même de la filière qui ne peut subsister sans soutien fera fuir les investisseurs.

Pour le collectif d’associations « Vent de colère » qui fédère plus de 900 associations locales, « La Commission européenne doit quant à elle enquêter dès aujourd'hui afin que soient déterminés et remboursés les bénéfices excessifs captés par les investisseurs éoliens en France depuis 2001. Ce qui a été présenté depuis 2001 comme une incitation au développement des énergies renouvelables, est en réalité une aubaine financière fonctionnant à guichet ouvert aux frais des consommateurs. »

Pour les investisseurs dans l’éolien, il s’agit bien en effet d’une « aubaine financière fonctionnant aux frais des consommateurs ». Le système est le suivant : EDF et les Distributeurs Non Nationalisés (DNN) ont l’obligation d’acheter la production d’électricité des fournisseurs éoliens à un tarif réglementé largement supérieur au prix du marché, ce qui leur occasionne un surcoût. Ce surcoût leur est remboursé sur les sommes collectées au titre de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) payée par les consommateurs sur leur facture d’électricité. Les sommes ainsi prélevées sont centralisées sur la Caisse des Dépôts et Consignation qui procède à la redistribution aux opérateurs concernés. C’est ainsi que fonctionne le racket qui rend l’éolien rentable pour les investisseurs privés qui non seulement font des profits avec l’argent des Français, mais pourrissent la vie d’un grand nombre d’entre eux et lardent le territoire de leurs hachoirs à volatiles, de préférence dans des lieux peu anthropisés où la présence et la marque de l’homme s’étaient faites discrètes depuis longtemps, sinon toujours. Il faut rappeler que cette CSPE n’était pas prévue à l’origine pour « soutenir l’éolien » mais pour que tout habitant sur le territoire français ait accès à l’électricité au même tarif, quel que soit le lieu où il réside, ville ou petit hameau reculé et quels que soient les difficultés de raccordement au réseau.

Comment un écologiste peut-il se réjouir de la mise en difficulté de l’éolien alors que les députés « Verts » à l’assemblée nationale, à une heure avancée de la nuit, font le forcing pour soutenir la filière à coup de cavaliers législatifs ajoutés à la loi Brottes sur la tarification progressive de l'énergie au mépris du débat démocratique; amendements qui visent tous à déréglementer et faciliter au maximum l’installation d’éoliennes partout sur le territoire sans que les personnes impactées et les associations de défense ou les Conseils municipaux aient leur mot à dire ?
La réponse est simple.

Tout d’abord, pour la sortie du nucléaire comme pour la lutte contre le problématique « effet de serre », la contribution de l’éolien ne peut être que négligeable. Ce n’est pas l’auteur de ces lignes qui l’a démontré de façon irréfutable mais le rédacteur en chef et éditorialiste de « L’écologiste », Thierry Jaccaud. Dans son article sobrement intitulé « L’éolien industriel est une erreur », il écrit : «Combien coûte à la collectivité une tonne de CO2 évitée lorsqu’elle subventionne l’isolation thermique des bâtiments ? Deux euro. Combien coûte à la collectivité une tonne de CO2 évitée lorsqu’elle subventionne l’éolien industriel terrestre ? Entre 230 et 280 euro. » Chiffres à l’appui, il montre ensuite que «: l’électricité produite par les 14 000 MW d’éoliennes à venir permettrait […] de remplacer seulement 0,7 réacteur. Même pas un réacteur. » Tout compte fait « concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, subventionner l’éolien industriel terrestre est un gaspillage d’argent public. Concernant une sortie du nucléaire, sa contribution est infime. La conclusion s’impose : le choix du développement massif de l’éolien industriel terrestre est une erreur. »

En ce qui me concerne, dans l’article qui suit celui-ci, j’ai montré les ravages que causent les « parcs » d’éoliennes sur la biodiversité, les oiseaux, les chiroptères, certaines espèces menacées de papillons… Et il y a les atteintes à la santé des riverains, à leurs biens et aux paysages.

Beaucoup plus d’écologistes qu’on ne le croit sont opposés au développement de l’éolien industriel. Le considérer comme un élément essentiel de la transition énergétique serait une lourde erreur : on ne supprime pas un mal environnemental en lui en substituant un autre. Voilà pourquoi, en tant qu’écologiste, on ne peut que se réjouir si cet avis de la Cour européenne de justice permettait de donner un coup d’arrêt à un éolien industriel devenu « contre-productif » au sens d’Illich.



Samedi 21 Décembre 2013 Commentaires (0)

Résumé : Dans le numéro daté du 4 décembre 2013, Le Canard Enchaîné sous la signature du Professeur Canardeau instruit un procès à charge contre la LPO Hérault, l’accusant de se vendre à EDF EN (EDF Energie Nouvelle) en acceptant de travailler pour cette entreprise, de réaliser des études d’impacts et des « suivis de mortalité » pour elle et de refuser d’en rendre publics les résultats. Cette association cautionnerait ainsi le parc d’éoliennes de son client EDF EN sur le causse d’Aumelas dans l’Hérault alors que ce parc se révèle être, en fait, un redoutable hachoir à oiseaux et à chauves-souris. La LPO a répondu à ces accusations par un long communiqué dans lequel elle dément certaines affirmations du Canard et justifie sa volonté de travailler avec les industriels de l’éolien. Après avoir expliqué pourquoi les éoliennes industrielles de plus de 100 mètres de haut sont implantées dans des zones naturelles ou semi-naturelles, cet article commente l’article du Canard et la réponse de la LPO. Il ne s’agira pas de décider si la LPO est vendue ou non à EDF mais de montrer que ce qui est en cause, c’est une divergence profonde d’appréciation sur l’éolien industriel terrestre, son impact actuel et potentiel sur les populations d’oiseaux ou de chauves-souris appartenant à des espèces fragiles et/ou menacées d’extinction et plus largement sur la biodiversité. La LPO accepte cet éolien et considère que l’enjeu est de le rendre compatible avec la sauvegarde de la biodiversité, tandis qu’à l’inverse, le Professeur Canardeau estime, implicitement, que ces parcs éoliens ne peuvent être que de gigantesques machines à tuer volatiles sauvages et chauves-souris que la LPO devrait avoir pour souci premier de sauvegarder. Pour un écologiste et plus largement pour un protecteur de la nature, c’est cette controverse qui est la plus importante et c’est à elle que sera consacrée la dernière partie de cet article. Une association de protection des oiseaux et plus largement de la nature peut-elle être favorable à l’éolien industriel, terrestre ou maritime et remplir efficacement sa mission première? Le cas du Causse d’Aumale incline fortement à penser que non. Cette réponse négative sera confortée à partir d’une étude de cas sur deux genres emblématiques dont la survie même est menacée par les parcs éoliens.


Le chantier sur le causse d'Aumelas en novembre 2008
Le chantier sur le causse d'Aumelas en novembre 2008
Pourquoi les parcs d’éoliennes industrielles sont édifiés en pleine nature

Les parcs ou fermes d’éoliennes industrielles perturbent gravement la vie et la santé de riverains des sites où elles sont implantées même si tous ne sont pas affectés de la même façon, ni avec la même intensité. Certains écologistes – mais pas tous heureusement ! – refusent de le reconnaître, qu’ils soient prisonniers de leurs mythes ou les représentants du lobby des énergies du vent. En France, les nuisances des aérogénérateurs font l’objet d’une semi reconnaissance par les pouvoirs publics. Elles valent aux aérogénérateurs d’être classés comme des ICPE au grand regret des députés EE/LV comme Denis Baupin qui ont tenté, en vain, leur faire ôter ce statut. Du fait du règlement lié à ce statut d’ICPE, les fermes d’éoliennes industrielles ne peuvent être édifiées à moins de 500 mètres des zones habitées. Ce qui est un minimum. Une distance bien supérieure (2km) serait nécessaire si l’on prend en compte les effets des ultrasons émis. Ces effets sont controversés mais ils ne le sont ni plus ni moins que les nuisances des antennes relais et des ondes électromagnétiques contre lesquels EE/LV lève l’étendard de la santé publique, offrant sur ces questions, un relais politique justifié aux lanceurs d’alerte et à leurs associations. Malheureusement, rien de tel pour les lanceurs d’alerte sur les nuisances des aérogénérateurs et leurs associations. EE/LV fait la sourde oreille et l’autruche. Deux poids, deux mesures !
Comme, heureusement, on ne peut édifier ces gigantesques brasseurs de vent près des zones habitées mais que l’on ne les implante pas non plus dans des zones industrielles où pourtant leur présence serait un moindre mal, il ne reste que les zones naturelles ou semi-naturelles, les lignes de crêtes des collines, autant de sites que fréquentent toute une faune et notamment, dans le sud du Massif central, des rapaces appartenant à des espèces protégées à l’avenir incertain. Non seulement les éoliennes sont des hachoirs à oiseaux et à chauves-souris, mais installées dans leur espace vital, elles perturbent aussi gravement leurs comportements, mettant en danger la survie de ces espèces fragiles. Ces fermes d’éoliennes sont des installations industrielles. En plus des gigantesques brasseurs de vent qui dénaturent les paysages, il faut ajouter le percement de pistes d’accès, les raccordements au réseau, etc…Tout cela sur les territoires de vie d’une faune sauvage. Les espèces les plus sensibles au dérangement qui sont souvent aussi les plus menacées quittent les lieux. Peut-on compter sur la LPO pour les défendre et combattre ces fermes éoliennes réalisées ou en projet dans des zones restées à l’état naturel ou semi-naturel qu’elles artificialisent ?

Faucon crécerellette
Faucon crécerellette
Le réquisitoire du Canard enchaîné contre la LPO de l’Hérault

Il semblerait bien que l’on ne peut pas compter sur la LPO de l’Hérault… Sous le titre « Les oiseaux sont au courant. Quand les défenseurs de la nature se vendent à EDF… », Le Canard Enchaîné du 4 décembre lance un sacré pavé dans la mare de cette association. Selon Le Canard, dans le Sud du Massif central, en 2001 « pour constituer le dossier d’enquête publique portant sur l’installation de 11 éoliennes sur le causse d’Aumelas (Hérault), la filiale spécialisée EDF Energies nouvelles demande à la Ligue de protection des oiseaux de l’Hérault une étude d’impact sur la faune. » A la suite de cette étude d’impact, l’enquête publique fut positive comme il se doit. Elle l’aurait été de toute façon et les 11 éoliennes ont été construites, rejointes par 13 autres en 2009 «adoubées elles aussi par une étude d’impact de la LPO » Ces éoliennes se sont révélées être des hachoirs à oiseaux : « depuis 2010, 7 busards cendrés, 28 chauves-souris, 13 faucons crécerellettes ont été retrouvés morts à leur pied », chiffres d’autant plus inquiétants qu’au sol, les animaux morts sont consommés rapidement et que l’on retrouve très peu de cadavres. La LPO refuserait de communiquer sur ces chiffres car elle assure le suivi de ces éoliennes pour l’électricien et elle lui serait liée par une clause de confidentialité. Selon les sources du Canard, la LPO toucherait 500 euros par jour à raison de deux jours par semaine pour ce suivi. Dans ces conditions, chacun comprendra qu’il n’est pas étonnant que la LPO « fasse la muette » alors qu’EDF s’apprête à ajouter sept nouvelles éoliennes à son parc tout en tenant pour lettre morte les recommandations qu’elle aurait faites pour éviter de renforcer l’hécatombe. Il se trouve aussi que l’ancien directeur de la LPO Hérault est devenu « responsable environnement » chez EDF qui a aussi embauché l’ornithologue qui était chargé du suivi de mortalité sur les éoliennes de ce parc. Dans ce département, au moins les défenseurs de la nature ou du moins les salariés de la LPO se vendent bel et bien à EDF.

La réponse de la LPO

La LPO a répondu à ces accusations par un long communiqué, mais sans demander de droit de réponse dans Le Canard, du moins pour l’instant.
Dans ce communiqué la LPO dément, au moins en partie, certaines informations du Canard. Elle nie que la LPO Hérault ait été chargée de l’étude d’impact sur la faune par EDF EN en 2001 : « La LPO Hérault n'existait pas en 2001 (création du groupe LPO en 2003, puis de l'association locale en 2006). Elle n'a donc pas pu réaliser les expertises naturalistes à l'époque. Les premières éoliennes ont été construites en 2006. » Qui a donc réalisé ces expertises ? Une autre association locale de la LPO, la LPO nationale ou bien encore un bureau d’étude n’ayant rien de commun avec l’association et ses groupes locaux ?

L’association affirme aussi que «la LPO Hérault est opposée à la construction de nouvelles éoliennes à Aumelas… contrairement à ce que l'article laisse penser » sans préciser quelle forme a pris cette opposition et si elle se traduit par une action juridique. En tout cas, cette opposition n’a pas empêché la LPO Hérault de faire visiter le site à l’occasion de la Semaine du Développement Durable de 2013, comme on peut le lire avec photo à l’appui sur sa page Facebook : « la LPO Hérault a accompagné pour le CPIE du Bassin de Thau, l'association des amis de la nature de Clapiers sur le parc éolien du Causse d'Aumelas » Cette visite guidée (bénévole ?) ne peut se concevoir sans l’accord de l’exploitant. L’aurait-il donné s’il avait été en mauvais termes avec la LPO Hérault ? Si, par exemple elle avait diligenté une action juridique en cours contre lui ?

En ce qui concerne le suivi de mortalité sur les éoliennes du Parc, la LPO explique que c’est à sa demande qu’il y a eu « la mise en place d'un suivi environnemental dédié aux recherches de collisions en 2010. » Elle reconnait avoir été retenue pour la réalisation de ce suivi par EDF EN : « Ainsi, suite à la découverte des 2 cas de mortalité [de faucons crécerellettes] en 2011, une étude a été mise en œuvre entre la LPO Hérault et la société EDF-EN » Elle précise que « ce suivi se poursuit depuis lors, la LPO Hérault comptabilisant les 13 cas connus fin 2013 » confirmant ainsi les informations et les chiffres du Canard.

Par ailleurs, le communiqué précise que « la LPO Hérault, appuyée par la LPO France, a demandé au Préfet de l'Hérault, responsable au titre des installations classées du bon fonctionnement des éoliennes, de mettre en demeure l'exploitant d'agir efficacement pour faire cesser ces mortalités. Sans réponse de sa part, la LPO Hérault et la LPO France ont déposé un recours gracieux sur le même thème, recevant cette fois-ci une réponse encourageante mais non suffisante. » Le communiqué indique aussi que l’association ne compte pas en rester là : « La LPO Hérault et la LPO France poursuivent leurs actions pour qu'à terme ces parcs éoliens ne soient plus impactants pour les rapaces et les chauves-souris du Causse d'Aumelas. Elles étudient toutes les possibilités, y compris juridiques pour contraindre l'exploitant à stopper ces mortalités». On ne demande qu’à le croire, mais on ne peut s’empêcher de penser que la LPO se met ainsi dans une position pour le moins délicate et l’on s’étonne que son client, EDF EN continue de recourir à ses services !

Quant au recrutement de ses permanents par EDF, la LPO se contente de dire qu’il s’agit d’un choix personnel de chacun d’eux et « si leur choix personnel reste libre, la LPO se réjouit de constater que des écologues de qualité soient intégrés au sein de ces structures afin de mieux prendre en compte le respect de la nature». Ce qui est quelque peu naïf : un écologue très compétent n’est pas nécessairement respectueux de la nature. Il fera ce pourquoi on le paye… Mais pour la communication du groupe industriel, un écologue qui a fait ses classes à la LPO est manifestement un plus ! Il semble que ces cas ne soient pas les seuls et qu’avoir été un ornithologue à la LPO est un argument massue sur un CV pour être recruté par un opérateur éolien ! Cette sorte de « porosité » entre la LPO et les opérateurs éoliens donne tout de même à penser…

Pour assumer ses tâches de protection des oiseaux, gérer ses réserves, ses centres de soins, mener ses actions juridiques, ses actions de sensibilisation, on conçoit qu’il faut à la LPO un personnel compétent, des moyens matériels et donc des financements ; que les bénévoles et les cotisations d’adhérents ne suffisent pas. En se faisant prestataire de service pour des entreprises qui construisent des installations qui massacrent ceux qu’elle est censée protéger, l’association risque non seulement de perdre de son efficacité, mais aussi un peu de son âme. C’est dommage car dans bien des domaines, la LPO fait beaucoup pour la protection des oiseaux et plus généralement de la biodiversité.

Une différence d’appréciation sur l’éolien à la racine de la polémique entre la LPO et ses accusateurs

Pourtant ce n’est pas du tout ainsi que la LPO voit les choses. Elle est consciente des impacts écologiques des grandes infrastructures telles les routes, autoroutes, lignes électriques. Pour autant, elle ne se donne pas pour objectif de les remettre en question, sauf ponctuellement lorsque des espèces patrimoniales ou menacées risquent d’être gravement impactées par l’infrastructure en cause ; ou bien encore lorsque que ces infrastructures existantes ou en projet dégradent une réserve naturelle, ou un écosystème particulièrement riche en espèces. Mais dans la plus part des cas, elle proposera des aménagements pour rendre ces infrastructures les moins nocives possibles pour les oiseaux et au-delà pour la biodiversité.

Dans le cas des éoliennes, l’objectif de la LPO est d’autant moins de remettre en cause les fermes d’éoliennes industrielles que, comme elle l’affirme et en quelque sorte le revendique dès le début de sa réponse, elle et ses associations membres « travaillent avec les industriels de l'éolien » parce qu’elle est « par principe, […] favorable au développement de l'énergie éolienne en tant qu'énergie renouvelable. En revanche, elle ne soutient pas les projets qui impactent l'avifaune remarquable et les chiroptères ». On notera qu’il n’est pas question de protéger des éoliennes l’avifaune « ordinaire » (pauvres corbeaux et autres pies...) alors qu’il s’agit de protéger les «chauves-souris » sans restriction d’espèces. La raison de cette différence de traitement est que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France. Il y en a trente-quatre dont une bonne moitié sont en danger d’extinction et sur les listes rouges nationales et / ou de l’UICN.
Pour la LPO, il n’est donc pas du tout question de combattre l’éolien industriel. Simplement, « elle s'engage plus particulièrement à accompagner le développement des éoliennes en France afin que celles-ci ne soient pas un facteur supplémentaire de perte de biodiversité ». Pour la LPO « La transition énergétique ne [peut] se faire au détriment des oiseaux ou des chauves-souris. » Certes, mais c’est tenir pour acquis que l’éolien industriel est une composante essentielle de la transition énergétique et qu’il est compatible avec la biodiversité pour peu que l’on choisisse avec discernement les lieux d’implantation et que l’on prenne quelques dispositions et précautions. Deux postulats discutables. Au-delà de quelques désaccords factuels accessoires, c’est en fait le second postulat qui est en cause dans la charge du Canard enchaîné. Les fermes d’éoliennes d’EDF NE sont de redoutables hachoirs à oiseaux et travailler pour cet industriel ou pour toute entreprise construisant des parcs d’éoliennes du même type, c’est pactiser avec « l’ennemi », c’est trahir la cause : « « C’est hallucinant : d’un côté, la LPO reçoit de l’argent public pour sauvegarder le faucon crécerellette, et, de l’autre, elle travaille pour un opérateur qui les massacre ! » s’indigne notre ami des oiseaux » Les constructeurs et gestionnaires de parcs d’éoliennes industrielles ne peuvent qu’être des « massacreurs d’oiseaux » et de chauves-souris pour l’informateur du Canard et pour l’auteur de l’article qui adopte le point de vue de ce dernier. Ils n’ont peut-être pas tort. Une association de protection des oiseaux et de la nature peut-elle être « par principe » favorable au développement de l’éolien industriel terrestre ?
 

Pipistrelle mangeant un ver de farine
Pipistrelle mangeant un ver de farine
Le cas des faucons crécerellettes du causse d'Aumelas

Il y a une sorte de double, voire triple jeu de la LPO et/ou de ses groupes locaux qui fait qu’il est difficile dans le cas de l’éolien de distinguer entre ce qui est l’action de la LPO en tant qu’association de défense des oiseaux, des chauves-souris et de la biodiversité, son action en tant que prestataire de service des opérateurs d’énergie éolienne ou en tant que prestataire de service du Ministère de l’environnement pour Plan national action Faucon Crécerellette (PNAFC) dont elle est l’opérateur. Après la découverte des cadavres des faucons au pied d’une éolienne de l’opérateur sur le causse d’Aumelas, la LPO en tant que prestataire de service d’EDF EN pour le suivi mortalité, se félicite «[qu’] un travail qui se veut constructif a été mis en œuvre entre la LPO 34 et la société EDF-EN France afin : 1) de préciser la compréhension de l’impact évolutif de ces éoliennes sur cette espèce ; 2) de préciser les connaissances sur l’exploitation évolutive du causse par les crécerellettes : mise en œuvre d’une étude ciblée sur l’exploitation des habitats de chasse du causse situés sur, ou à proximité immédiate, des parcs éoliens du causse d’Aumelas, en complément des suivis sur les autres espèces nicheuses réalisés par la LPO 34 pour l’ensemble des Sociétés Projet du causse d’Aumelas représentées par EDF EN France ; 3) d’engager des mesures pour réduire voire supprimer les incidences de ce parc sur l’espèce, grâce notamment aux résultats de l’étude ciblée citée ci-dessus. » (« Mission Rapace » de la LPO) La LPO s’en félicite d’autant plus que « outre l’ensemble de ces mesures, EDF EN France et la LPO 34 ont décidé de doubler la fréquence des suivis mortalité (deux passages hebdomadaires à partir de 2012 contre un seul de 2008 à 2011) afin d’affiner les résultats de ces suivis et de vérifier que les découvertes de 2011 ne sous-estimaient pas les cas de mortalité. » Au tarif indiqué par le Canard de 500€ par jour ? Ce parc éolien sur le causse d’Aumelas, classé Zone d’intérêt floristique et faunistique, est certes un mauvais coup porté aux populations de faucons crécerellettes mais c’est aussi une très bonne affaire pour la LPO en tant que prestataire de service de l’électricien. On remarquera qu’il n’est pas question ici, pour la LPO, de condamner l’opérateur.

Busard cendré
Busard cendré
Le ton change lorsque de prestataire de service pour EDF EN, la LPO coiffe la casquette de prestataire de service du Ministère de l’environnement en tant qu’ «opérateur» du Plan national action Faucon Crécerellette. Le journal de liaison de ce plan, Le Faucon crécerellette (n°16/17-Avril 2013, p. 13) publie le « Relevé de décisions du Comité de pilotage du PNAFC du 4 décembre 2012 concernant les éoliennes du Causse d’Aumelas » comité dont la LPO est la cheville ouvrière étant donné son rôle d’opérateur de ce plan. Or ce «comité de pilotage du Plan National d’Actions Faucon Crécerellette (PNAFC) constate que la société EDF-EN est en situation d’illégalité du fait de la destruction de cinq Faucons crécerellette en 2011 et 2012 par collision avec les éoliennes du parc d’Aumelas dont elle est gestionnaire. » Elle aurait dû déposer une demande de dérogation auprès du CNPN pour avoir été par son activité cause de la destruction d’individus d’une espèce vulnérable strictement protégée et présenter dans son dossier « les actions qui seront mises en œuvre pour réduire cet impact. » Ce qu’elle n’a pas fait. De plus le comité de pilotage s’oppose à l’extension de ce parc éolien : «Du fait de ces cas de mortalités sur une espèce menacée bénéficiant d’un plan d’actions national, le comité de pilotage du PNAFC s’inquiète du projet d’extension de ce parc éolien pour lequel un permis de construire a été délivré. » Le comité de pilotage exige que l’exploitant du parc éolien prenne des mesures : « il est impératif qu’EDF-EN prenne des mesures concrètes pour limiter les mortalités avant la prochaine saison de reproduction qui débute en mars 2013 avec par exemple l’installation de système d’effarouchement (de type DT-Bird ou autre), l’arrêt du fonctionnement des éoliennes aux périodes sensibles... » Le comité de pilotage menace : « Il est dans la responsabilité d’EDF-EN de résoudre ce problème de mortalité. A défaut, une plainte au pénal pourrait être déposée pour tout nouveau cas de mortalité constaté en lien avec le fonctionnement du parc éolien du causse d’Aumelas. » Les mesures recommandées par le Comité et son opérateur sont restées lettre morte ou presque. Seules deux éoliennes ont été équipées du dispositif d’effarouchement indiqué et aucune ne s’est arrêtée de moudre du vent chaque fois qu’il y en avait ! Combien d’oiseaux tués depuis ? Combien de procès intentés à EDF EN, et par qui ? La LPO en tant qu’association en prendra-t-elle l’initiative, s’y joindra-t-elle ?

Proserpine (Zerynthia rumina)
Proserpine (Zerynthia rumina)
Il ne faudrait pas oublier que ce parc d’éoliennes est implanté au sein d’un site classé d’importance communautaire (SIC/Natura 2000). Dans son intervention lors du premier séminaire sur l’énergie éolienne et la protection de la biodiversité en septembre 2010, Henri-Pierre Roche brosse un panorama quasi idyllique de l’état de la biodiversité sur le causse d’Aumelas aux alentours du parc éolien et dresse un impressionnant catalogue des mesures prises et notamment des mesures compensatoires pour la perte de terrain de chasse des grands rapaces. Henri-Pierre Roche intervenait, non pas en tant qu’ancien directeur de la LPO Hérault mais en tant que le « chargé d’étude ornithologiques chez EDF EN » qu’il était devenu et c’était avant la découverte du carnage sur la population de faucons crécerellettes.
Il a fallu que ce soit le représentant d’une DREAL, c’est-à-dire d’une administration, qui vienne mettre un bémol à l’enthousiasme d’Henri-Pierre Roche en rappelant d’abord que « Lorsque l’on arrive au stade des mesures compensatoires, c’est que le parc portera atteinte à l’environnement de façon certaine. » Cette certitude de l’atteinte portée à la nature par l’installation contraste avec l’incertitude de la pertinence et de l’efficacité des mesures compensatoires mises en œuvre : «En revanche, poursuit le représentant de la DREAL Nord-Pas de Calais, la mise en œuvre de ces mesures ne signifie pas qu’elles auront forcément un impact positif sur la préservation de la biodiversité. C’est pourquoi les mesures de réduction et d’évitement doivent être mises en place en priorité. » (p. 40) Il soulève enfin un point d’une importance capitale : « Concernant les sites Natura 2000, les mesures compensatoires revêtent d’autres aspects que celles contenues dans les études d’impact. Sur ces sites, si les impacts touchent les espèces ou habitats prioritaires, le projet doit justifier de son intérêt public majeur et c’est à la Commission européenne qu’il revient d’instruire le dossier. » Ce qui n’a, à ma connaissance, pas été fait dans le cas de l’érection du premier groupe d’éoliennes du parc de l’Aumelas.

Aristoloche pistoloche
Aristoloche pistoloche
Ce qui ne semble pas être fait non plus pour ce qui concerne les demandes d’extension. D’ailleurs concernant l’étude d’impact pour l’extension de 2011 ; la Dreal reproche à ses auteurs de « mêler » « les habitats et espèces d’intérêt communautaire et les espèces patrimoniales ou protégées hors Natura 2000. L’étude des incidences doit présenter une analyse site par site et se concentrer sur chaque habitat et sur chaque espèce d’intérêt communautaire », ce qui n’a pas été réalisé.
La Dreal avait vu juste en reprochant, en 2011, à l’étude d’impact de ne pas avoir étudié, comme elle aurait dû le faire, « plus complétement les enjeux vis-à-vis des rapaces, notamment l’aigle royal (stationnement régulier sur le site), l’aigle de Bonelli (sédentaire et nicheur), le faucon crécerellette (chasseur régulier), les oiseaux (pie-grièche méridionale), mais également trois espèces de chauves-souris (Grand Rhinolophe, Minioptère de Schreibers, Petit Murin) ». En effet, c’est cette même année qu’a été constatée l’hécatombe de faucons crécerellettes et de chauves-souris.
En lisant cet avis de la Dreal, on constate que ces parcs éoliens sur le causse de l’Aumelas ne menacent pas seulement les chauves-souris ou les oiseaux. Il y a la présence de pelouses sèches d’intérêt communautaire prioritaire qui abritent une plante, l’Aristoloche Pistoloche, espèce très menacée, en régression dramatique, unique plante-hôte de ce merveilleux papillon qu’est la Proserpine qui du coup est lui-même très menacé. On se rend compte aussi du caractère bâclé de l’étude d’impact « adoubée par la LPO » selon le Canard non démenti par cette association qui conteste seulement avoir été chargée des études naturalistes du projet initial. On se rend compte enfin combien les documents présentés à l’enquête publique sont (volontairement ?) mal faits, touffus, peu précis voire même erronés. Il y avait là et il y a peut-être encore largement matière à contentieux susceptibles de faire annuler les extensions et même l’ensemble de ce parc éolien. Mais il est évident que la LPO n’est guère en mesure d’ester en justice en s’appuyant sur des insuffisances dont elle est en partie responsable, du moins si c’est bien elle qui a réalisé les enquêtes naturalistes pour les extensions de ce parc.

Dans son « discours d’ouverture » du deuxième « séminaire national sur l’énergie éolienne et la protection de la biodiversité » Allain Bougrain-Dubourg regrette que « des espèces sensibles [soient] menacées par des projets ou des parcs existants ». Il dénonce en particulier les parcs éoliens du Languedonc-Roussillon : « je pense notamment à la situation en Languedoc-Roussillon, haut lieu de la biodiversité Française et particulièrement sous la pression d’un développement peu rationnel. » Mais pour enrayer ce développement de l’éolien dans un haut lieu de la biodiversité Française, la LPO a-t-elle fait tout ce qu’elle aurait pu et dû faire si n’avait pas existé ce partenariat, quasi-compagnonnage ente la LPO et EDF EN ? C’est pourtant de ce partenariat que se félicite Bougrain-Dubourg dans ce même discours, partenariat qu’il veut renforcer.

À vouloir « accompagner le développement des éoliennes en France afin que celles-ci ne soient pas un facteur supplémentaire de perte de biodiversité » en tant qu’association protectrice des oiseaux tout en travaillant avec les industriels de l’éolien ou avec les ministères comme prestataire de service pour se financer mais en affirmant avoir là aussi le même objectif, la LPO mélange les genres au risque d’être suspectée de conflit d’intérêt puisqu’un conflit d’intérêt « peut être défini comme le fait, pour une personne physique ou morale exerçant une activité professionnelle ou disposant d'un mandat électif, de s'être placée dans une situation pouvant susciter un doute sur les mobiles de ses décisions. » Avec, dans le cas de la LPO, une ambiguïté irrémédiable : est-ce la protection des oiseaux qui influent sur ses évaluations et préconisations ou sont-ce ses intérêt d’expert rémunéré au service des groupes d’industriels éoliens ?

Pourquoi les anti-nucléaires ont confiance dans les expertises de la CRIIRAD dans le domaine du nucléaire ? Tout simplement parce que cette association ne s’est pas affirmée favorable par principe au développement de l’énergie nucléaire. Lorsque l’on sait, grâce en grande partie aux données et aux études publiées ou diffusées par la LPO d’ailleurs, que l’éolien industriel fait peser des menaces graves pour les oiseaux et de façon plus générale pour la biodiversité, il est difficile de faire confiance à cette association dont la raison d’être serait de les protéger mais qui affirme son attachement de principe au développement de cet éolien dont, de plus, elle tire profit en tant que prestataire de services naturalistes.

Cadavre de chauve-souris tuée par une éolienne (Ministère de l'environnement)
Cadavre de chauve-souris tuée par une éolienne (Ministère de l'environnement)
Le cas des chauves-souris

On remarquera que dans sa réponse la LPO reconnait la découverte des cadavres de 13 faucons crécerellettes mais ne mentionne ni ceux des busards cendrés, ni ceux des 28 chauves-souris. Pourtant les chauves-souris sont les plus nombreuses parmi les victimes recensées des éoliennes, sur ce causse comme ailleurs. Il semblerait que ces pauvres bêtes éprouvent une attirance fatale pour les aérogénérateurs sans que l’on sache pourquoi. C’est ainsi que l’on peut lire dans un document mis en ligne sur le site du programme national « Eolien-Biodiversité » : « Le pouvoir attractif des éoliennes sur les chauves-souris est pressenti. » (sic. Souligné par moi) En effet de nombreuses études confortent si fortement ce pressentiment que celui-ci est bien prêt de se transformer en un fait bien établi. Par contre, la lecture de compilations de la littérature pertinente oblige à conclure que l’on ne connait pas le pourquoi de cette attraction. Comme le résume le site cité « Les hypothèses sont variées à ce propos. On peut évoquer la curiosité supposée des pipistrelles, la confusion possible des éoliennes avec les arbres, l’utilisation des éoliennes lors de comportements de reproduction, l’attraction indirecte par les insectes eux même attirés par la chaleur dégagée par la nacelle ou l'éclairage du site…. » Il apparaît dès lors bien difficile de trouver des mesures pour réduire les impacts d’un parc d’éoliennes sur les populations de chauve-souris vivant sur le site ou à proximité. Il semblerait que pour certaines espèces comme les noctules et les pipistrelles, la mortalité augmente avec la hauteur des mâts mais personne ne propose de réduire leur hauteur. Bien au contraire, on édifie des éoliennes de plus en plus hautes qui atteignent aujourd’hui les 150 mètres. Inversement les machines à hélices avec des mats courts sont un danger pour des espèces volant à basse altitude comme les Rhinolophes et les petits Myotis. Or, ces petites machines commencent à être diffusées aux particuliers ou aux collectivités !

Enfin, le lieu d’implantation des éoliennes influe beaucoup sur leur dangerosité pour les chauves-souris. Les éoliennes les plus tueuses sont situées sur une crête pas très éloignée de la lisière d’un bois ou d’une forêt. Proximité d’un bois ou non, les crêtes sont choisies préférentiellement pour l’implantation de ces machines…

Consolons-nous cependant, dans le Protocole d’étude chiroptérologique sur les projets de parcs éoliens coédité par le Syndicat des énergies renouvelables (SER), France Energie Eolienne (FEE), la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) et la LPO, il est proposé comme mesure d’accompagnement, lorsque sera réalisé un projet de parc éolien présumé dangereux pour les chauves-souris, que « en cas de risque fort pressenti et afin d’enrichir la connaissance scientifique sur la thématique «éolien et chauves-souris », un suivi de la fréquentation de l’aire d’étude rapprochée par les chiroptères ou un suivi de mortalité sous les éoliennes » Aller rechercher avec ou sans chien les cadavres de malheureuses chauves-souris au pied de ces mats qui n’ont rien de cocagne, voilà une mesure propre à faire baisser la pression qu’exerce les aérogénérateurs sur ces espèces fragiles ! Est-ce la LPO qui se chargera de ce travail deux jours par semaine, à 500 euros la journée, selon les tarifs révélés par le Canard enchaîné ?

Oreillard roux
Oreillard roux
Il est tout de même curieux qu’en cas de « risque fort pressenti » il ne soit pas proposé de renoncer purement et simplement au projet, ou bien dans le cas d’un parc existant au démontage des éoliennes tueuses. La justice a bien prescrit une telle mesure contre dix éoliennes géantes dans le Nord-Pas-de-Calais au motif de « dégradation de l’environnement résultant d’une dénaturation d’un paysage bucolique et champêtre » (Cf. l’édito de Thierry Jaccaud dans L’écologiste, n°41 – Vol. 14 n°3, Automne 2013) A fortiori, cela devrait être le cas lorsque les faits sont bien établis. Rappelons que toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées par l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire. De cet arrêté et de l'arrêté ministériel du 23 avril 2007, il résulte qu’il est interdit « de détruire, mutiler, capturer, enlever, perturber intentionnellement ou de naturaliser toutes les espèces de Chauves-souris ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu ». Détruire, mutiler, perturber intentionnellement des chauves-souris ; détruire, altérer ou dégrader leur milieu, c’est précisément ce que font les opérateurs qui construisent leurs parc d’éoliennes sur les territoires de vie de ces chiroptères. Bien entendu, comme toujours, des dérogations sont prévues notamment pour « des raisons impératives d'intérêt public majeur, y compris de nature sociale ou économique » Mais il resterait à prouver non pas que l’éolien en général mais que tel ou tel parc d’éoliennes tueuses de chauves-souris a un intérêt public « majeur », ce qui est pour la plupart d’entre eux loin d’être évident. On s’étonnera donc du peu d’actions en justice intentées par la LPO ou auxquelles elle s’est associée demandant le démontage pur et simple des éoliennes tueuses.

Une défense efficace des populations de chauves-souris demande une remise en cause, au moins au cas par cas d’un prétendu « intérêt public majeur » de tel ou tel parc d’éoliennes qui les décime. Mais que propose donc comme mesures la LPO ? Il semble que sa mesure « phare » serait l’installation de dispositifs d’effarouchement… On mesurera le caractère dérisoire de cette mesure au regard des destructions, altérations des milieux de vie de ces espèces et des perturbations que les dispositifs proposés peuvent causer à leurs comportements, accroissant les pressions qu’elles subissent et mettant leur perpétuation en danger! Par contre, elle a un énorme avantage pour l’opérateur propriétaire du site : il y aura moins, voire plus du tout de cadavres de chauves-souris au pied des mats de ses aérogénérateurs !
Ainsi que le constate sur son site le Muséum d’Histoire naturelle de Bourge « l’éolien industriel terrestre est sans conteste un sujet sensible où se heurtent des enjeux environnementaux comme la réduction du CO2 et la protection de la biodiversité, le tout dans un contexte économique tendu. » Dans un tel contexte, une défense efficace des chauves-souris n’est guère compatible avec une position de principe en faveur du développement de l’éolien industriel terrestre.

Le cas des aigles royaux du sud du Massif central

Dans leur ouvrage sur l’aigle royal, Bernard Ricau et Vincent Decorde le disent sans ambages : « l’apparition depuis quelques années, dans les zones d’arrière-pays, sur les crêtes des collines, d’alignements d’éoliennes de grande dimension, avec les indispensables voies d’accès et réseaux de transport de l’énergie électrique produite, pose un nouveau problème aux aigles présent dans ces contrées » Ils détaillent les risques que font courir ces installations à cette espèce dont une population se reconstituait dans le Massif central, sur la frange méridionale de ce massif constituée par les grands causses et les Cévennes au sens large. Il y a d’abord les risques de mortalité directe. Et en premier lieu ceux d’un heurt par l’extrémité des pales tournant à grande vitesse qui sectionnent tout volatile venu au contact. Les accidents de ce type sont bien documentés dans le sud de l’Espagne. C’est là que « se concentrent avant la traversée de la méditerranée par le détroit de Gibraltar, les flux d’oiseaux en migration provenant de toute l’Europe de l’Ouest. Les nombreuses installations éoliennes de cette région sont la cause d’une mortalité directe et croissante au fur et à mesure que ces infrastructures se développent » (p. 277) Les auteurs citent également une étude américaine menée dans une zone de très forte densité d’aigles royaux nicheurs mais aussi où la densité de turbines aériennes est également élevée. Les résultats montrent la nocivité de ce type d’installation pour ces rapaces : « Sur 179 aigles « marqués » en Janvier 1994 dans cette région par les biologistes (…) on estimes que 4 ans après, entre 33 et 45 individus (sur les 99 retrouvés morts) ont été tués par collision ou électrocution avec les fermes éoliennes. » Ceci montre que les risques de « mortalité directe » sont suffisamment élevés pour mettre en danger les espèces sensibles et à faible effectif comme l’aigle royal. Il semblerait cependant que les aigles prennent conscience de la dangerosité de ces machines et cherchent à les éviter, bien que « des comportements contraires ont toutefois été occasionnellement rapportés » (p. 278) A ces risques de collisions s’ajoutent des risques d’électrocution par contact avec les câbles des réseaux si ces câbles ne sont pas enterrés.

Mais les auteurs montrent que le danger le plus grave pour les aigles royaux consiste en « la diffusion spatiale des parcs éoliens » de leurs dessertes et des installations annexes qui « stérilisent massivement et définitivement les espaces de crête que fréquentent intensément ces oiseaux, et réduit dramatiquement leurs territoires » avec les conséquences qui en découlent. Les auteurs citent le cas d’un couple fixé sur son site de nidification depuis plus de quatre ans qui a cessé de fréquenter le plateau où les éoliennes étaient en construction, perdant ainsi une grande partie de son terrain de chasse bien située près de ses aires. « Dès l’installation des premières éoliennes, la nidification de ce couple, régulière avec succès depuis trois ans au moins, s’est poursuivie, mais le succès de reproduction est devenu nul ; les oiseaux paradant de plus en plus tard avant la ponte et les œufs n’éclosant pas. » Il faut dire qu’une fois les éoliennes en service, ils devaient les survoler par le haut ou les contourner, difficilement les jours de grand vent, pour rejoindre leur nid depuis les territoires plus éloignés où ils s’étaient rabattus pour chasser. Leur vie était devenue tellement infernale dans ces lieux rendus inhospitaliers qu’ils les ont quittés et sont allés s’installer sur un autre territoire « occupé jusqu’à peu auparavant par des Aigles de Bonelli ». La conclusion des auteurs est pessimiste. « Voilà pourquoi le développement de cette production d’énergie renouvelable crée une redoutable difficulté pour l’avenir des grands rapaces si leurs besoins vitaux ne sont pas pris en compte dans les décisions de ces implantations ». Dans les régions où les grands rapaces sont présents, il faudrait singulièrement limiter l’essor de ces fermes d’éoliennes industrielles puisque pour ne pas leur nuire, il faudrait se restreindre à n’implanter que quelques parcs éoliens « sur les limites de territoire bien marquées entre couples » Et même cette hypothèse devrait être vérifiée « par des expérimentations préalables à toute décision ». On n’en est loin ! Il faut donc conclure que « la multiplication actuelle des projets d’installations éoliennes de grandes dimensions, dans des régions de collines et de plateaux où les Aigles royaux reconstituent lentement leurs effectifs, suscite donc une inquiétude sur la pérennité de populations viables de ce grand oiseau » (p.279) Entre les parcs éoliens et l’Aigle royal, il faut choisir !
Jeune aigle coupé en deux par une pale
Jeune aigle coupé en deux par une pale

Conclusion

Comme ces deux dernières études de cas sur des espèces emblématiques le montrent à l’évidence, un protecteur des oiseaux, des chauves-souris et plus généralement de la biodiversité ne peut se contenter « d’accompagner le développement des éoliennes en France afin que celles-ci ne soient pas un facteur supplémentaire de perte de biodiversité », ce qui constitue « l’engagement » de la LPO. Il faut limiter le développement de cet éolien de façon drastique car les sites les plus convoités sont aussi les plus sensibles. On ne peut pas œuvrer efficacement à cette limitation si on est par principe favorable au développement de cette forme d’énergie comme l’est la LPO. Il ne suffit pas de ne pas soutenir « les projets qui impactent l'avifaune remarquable et les chiroptères », il faut les combattre résolument.

Tout à la fois protéger les oiseaux et la nature et soutenir le développement de la filière énergétique éolienne est difficilement compatible. Le développement de cette dernière entre trop souvent en conflit avec les exigences de la protection de la nature et ces conflits ne peuvent que s’exacerber au fur et à mesure de la montée en puissance de la filière, synonyme de multiplication de fermes d’éoliennes avec des mâts de plus en plus hauts et donc de bouleversements d’écosystèmes naturels ou semi naturels sensibles, d’intrusions dans les territoires des espèces sauvages qui s’efforcent d’y survivre. Dès qu’il est question d’éolien, ne comptons pas sur la LPO. Son engagement en faveur de cet éolien, ses relations avec les industriels du secteur ne lui permettent pas d’engager une défense résolue et efficace pour défendre les oiseaux, les chauves-souris et la nature.

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Références

Professeur Canardeau (4/12/2013) « Les oiseaux sont au courant – Quand les défenseurs de la nature se vendent à EDF… », Le Canard Enchaîné, mercredi 4 décembre 2013, p.5

LPO (06/12/13), Site éolien d'Aumelas (Hérault)–La LPO répond à l'article du Canard Enchainé du 4 décembre 2013 ici

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Afsset (mars 2008), Impacts sanitaires du bruit généré par les éoliennes, Etat des lieux de la filière éoliennes –
Propositions pour la mise en œuvre de la procédure d’implantation
. ici

Avis de la Dreal Languedoc-Roussillon sur l’extension du parc éolien du causse de l’Aumelas ici

Bougrain Dubourg Allain (29 octobre 2013), Discours d’ouverture du deuxième séminaire national sur l’énergie éolienne et la protection de la biodiversitéici

Groupe rapace de la LPO ici

Lachat Nicole (Juin 2011), Eoliennes et santé humaine – Revue de la littérature et recommandations.ici (Nicole Lachat est une biologiste suisse députée suppléante des Verts au Parlement jurassien)

May, R. & Bevanger, K.(eds.)(2011), Proceedings Conference on Wind energy and Wildlife impacts, 2-5 May 2011, Trondheim, Norway – NINA Report 693. 140 pp ici

Muséum d’histoire naturelle de Bourges, « Menaces : Les éoliennes », Planète Chauvesouris,ici

PLAN NATIONAL D’ACTIONS DU FAUCON CRECERELLETTE EN France - Falco naumanni (Fleischer, 1818) 2010-2014 [ici]url: http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/PNA_Faucon_crecerellette_2010-2014.pdf

Protocole d’étude chiroptérologique sur les projets de parcs éoliens. Première étape : document de cadrage (Aout 2010) ici

Ricau Bernard, Decorde Vincent (Groupe Rapaces)(2009), L’aigle royal, biologie, histoire et conservation, situation dans le Massif central, Biotope, Mèze.

Rydell Jens, Engström Henri, Hedenström Anders, Larsen Jesper Kyed, Pettersson Jan and Green Martin (2012), The effect of wind power on birds and bats – A synthesis, SWEDISH ENVIRONMENTAL PROTECTION AGENCY, ici

SÉMINAIRE SUR L’ÉNERGIE ÉOLIENNE ET LAPROTECTION DE LA BIODIVERSITÉ ; Synthèse des échanges 15, 16 et 17 septembre 2010 ici

Villey-Migraine Marjolaine (2004) Effets de l’éolien industriel sur la santé des hommes, Université Paris II-Panthéon-Assas ici

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Photos : (de haut en bas) Midi Libre, édition de Sète, 15/11/2008 ; Dreal Dreal Languedoc-Roussillon ; Gilles San Martin ; Donald Macauley ; Adrian198cm ; Jean Tosti ; inconnu (MEDD) ; Inconnu ; Knud Pedersen.

Mercredi 18 Décembre 2013 Commentaires (2)

En suspendant sine die l’écotaxe, le gouvernement a reculé devant les lobbies routiers et la FNSEA mais n’a par contre aucun état d’âme à continuer à faire payer aux contribuables l’entretien des routes abimées par les poids lourds quitte à augmenter encore leurs impôts ou à les taxer d’avantage. « Le Collectif Pays Basque pour une pollutaxe » s’est constitué pour dénoncer cette reculade et militer pour une pollutaxe au nom du principe « pollueur = payeur » et de la justice fiscale. Le collectif a organisé sa première manifestation le vendredi 13 décembre à Biarritz. Espérons que d’autres collectifs se créeront dans les autres régions de France.


L’Écotaxe suspendue… Vive la pollutaxe !
Ce Collectif "Pays Basque pour la Pollutaxe" a été créé le lundi 2 décembre à la Bourse du Travail de Bayonne. Trente représentants de diverses associations, organisations et syndicats locaux ont décidé d’organiser dans le plus bref délai des actions et mobilisations pour demander l’application de la Pollutaxe, corrigée des principaux défauts qui la caractérisent actuellement notamment l’exonération du transport sur autoroutes payantes, l’abattement de 30 % pour l’Aquitaine ou le partenariat public privé avec Ecomouv et le contrat léonin qui lie l’État à cette société. A cette occasion un appel a été lancé aux autres territoires et régions pour en faire de même.
Le 13 décembre, des militants du collectif ont suspendu une grande banderole « + de trains ! – de camions ! Pollutaxe maintenant ! » sur un pont surplombant l’autoroute A63, juste après le péage de Biarritz tandis que d’autres distribuaient un tract aux automobilistes passant au péage. Les manifestants étaient équipés de drapeaux basques et de masques blancs anti-pollution, symbole de leur mouvement.
Le collectif dénonçait dans ce tract le renoncement du gouvernement aux « recettes de l’écotaxe payées par les entreprises routières au moment même où il va augmenter la TVA des transports publics à 10 % (contre 5,5 % en 2011). » Pour Txetx Etcheverry, porte-parole des manifestants, il s’agit là « d’une double peine pour les secteurs les plus pauvres de la population, qui se déplacent en transports collectifs, et qui devront en outre continuer à payer avec leurs impôts l’entretien des routes abimées par les poids lourds ».

Jérôme Teillary, autre représentant des masques blancs et cheminot à Hendaye, rappelait quant à lui que le fret SNCF de la côte basque a perdu 2/3 de ses emplois ces dix dernières années. « La pollutaxe doit faire payer aux camions l’usage de la route comme le train paie aujourd’hui un péage pour le rail, sinon la concurrence est faussée entre ces deux modes de transports de marchandises. Elle servira en outre à financer les alternatives de type rail, fret maritime ou fluvial, créant ainsi des emplois de proximité, non délocalisables. Il faut reconvertir les chauffeurs routiers en cheminots, et non l’inverse comme aujourd’hui ! » Certes, mais il faudra bien d’autres manifestations pour réussir un tel changement de cap.

Le « Collectif Pays Basque pour la Pollutaxe » vient de donner l’exemple. Il faut que d’autres régions suivent et pourquoi pas la Bretagne car tous les Bretons n’étaient pas à Quimper le 2 novembre à la manifestation des « Bonnets rouges ». Ce témoignage publié par Reporterre, dont voici un extrait le prouve : « Je suis Breton et fier de l’être, et me voilà invité par ceux qui ont apporté à la Bretagne la pollution de l’eau, les troubles musculo-squelettiques et maintenant la fermeture d’usines agroalimentaires, malgré des aides publiques massives. Me voilà invité à Quimper par tous ceux qui ont perdu la Bretagne depuis quarante ans et qui n’ont comme avenir à lui proposer que de continuer à la gérer comme avant pour la perdre demain encore et toujours ! Me voilà invité à Quimper par des décideurs publics et privés incompétents et cyniques qui cachent mal sous leur bonnet rouge les oreilles de leur bonnet d’âne ! Quant aux salariés de l’agroalimentaire, on est triste pour eux, tant leur désarroi les égare. Les voilà mariés, bras dessous bras dessous, avec ceux qui ont cassé leur corps pour trois francs six sous et qui leur promettent pour avenir de continuer à le faire pour encore moins cher ! Inutile de se voiler la face. Samedi à Quimper, ce n’était pas un bal de mariage, seulement et tristement le bal des cocus... »

Partout en France, sortons nos masques blancs non seulement pour se protéger de la pollution automobile dont nous venons de subir un épisode sévère mais aussi pour manifester pour une pollutaxe à application immédiate, une pollutaxe qui ne soit pas renvoyée aux calendes grecques de la réforme de la fiscalité.


Samedi 14 Décembre 2013 Commentaires (0)

Le «cluster» Paris-Saclay est un argument de poids pour des opérations immobilières juteuses au détriment d’une agriculture pourtant dynamique. C’est le paradis de la spéculation immobilière avec la bénédiction de Dieu Pépère, de son premier ministre, de sa ministre pseudo-écolo Duflot et du Conseil Général à majorité PS de l’Essonne.


Dans les pages « immobilier » des journaux, on présente sans pudeur le Grand Paris comme des « opportunités » pour réaliser de bonnes opérations immobilières. L’Express du 31/10/2013 titre ainsi : « Grand Paris : ces zones à fort potentiel pour les investisseurs en immobilier », c’est-à-dire pour les spéculateurs. Parmi ces zones, il y a le Plateau Saclay où ils pourront se faire du fric.

Pour l’instant, ce n’est que la campagne, pas tellement bien desservie en transports en commun, mais il ne faut pas s’y fier. Il y a du «potentiel» : « Une vraie ville se profile sur le plateau de Saclay. » Et l’article de détailler : « En attendant la mise en service prévue pour 2023 des 3 stations du Grand Paris Express (Palaiseau, Orsay-Gif et CEA Saint-Aubin), une desserte par bus à haut niveau de service (BHNS), avec forte fréquence, y compris en soirée et le week-end, une voie réservée... accompagnera les premières années de développement du plateau. Dès 2014, va être créé le campus Paris Saclay, qui regroupera d'ici 10 ans 60 000 étudiants et 10 500 enseignants et chercheurs. Centrale, l'ENS Cachan, l'Institut Mines-Télécom… vont rejoindre ce futur centre scientifique de rayonnement mondial, là où Supélec, Polytechnique et l'Université Paris Sud sont restés isolés durant des décennies. »

Le journaliste qui a écrit cet article n’est sans doute jamais venu tâter le vent sur le Plateau, sinon, il n’aurait pas écrit : « Danone, Thalès, Kraft Foods, Horiba ont également implanté leur pôle R&D dans cet écrin boisé. » Et non, ils ne se sont pas installés dans les bois mais au milieu des champs, sur des champs qui étaient cultivés, de la bonne terre francilienne enfouie sous le béton et le goudron… D’ailleurs, si ces bâtiments s’étaient implantés dans un « écrin boisé », l’écrin aurait été massacré ! Le Plateau, ce sont des rigoles, des haies, des bosquets, du maraîchage, des champs, un élevage de poules bio et même des vaches … La campagne, en somme, aux portes de l’agglomération parisienne… Pour son malheur ! La campagne certes, mais pas la forêt contrairement à ce qu’écrit le journaliste de service.
De toute façon, ce journaliste, de la campagne, il doit se foutre éperdument ! Sa référence absolue, l’assurance de placements immobiliers juteux sur le Plateau de Saclay, c’est la Silicon Valley ; ce délire mégalo porté par Sarko et sa clique, repris par Hollande et la sienne : Ayrault et hélas aussi Duflot, la ministre « écolo » à la muselière qui est ici la ministre de l’inégalité des territoires …

« Pas étonnant, s’ébaudit le journaliste, que le magazine américain MIT Technology Review a classé le 1er août dernier Paris-Saclay dans le top 8 mondial des World Innovation Cluster aux côtés de la Silicon Valley. » Face à cela, l’agriculture ne fait pas le poids. C’est bien trop terre-à-terre. Comprendre l’intérêt et le caractère précieux de l’agriculture de proximité, surtout à la marge d’une grosse agglomération comme la « Petite Couronne » parisienne est le cadet des soucis des promoteurs et spéculateurs immobiliers. Cela semble au-delà de l’entendement des « décideurs » politiques, y compris de la ministre à la muselière qui se dit écologiste, Cécile Duflot. Une muselière qui n’a d’ailleurs que sa pleine efficacité que lorsqu’il s’agit d’environnement, d’énergie, de nature…Bref, lorsqu’il s’agit des fondamentaux de l’écologie.
Si le journaliste de la rubrique « immobilier » de l’Express est si dithyrambique pour cette ville en gestation, ce n’est pas totalement gratuit. C’est qu’il veut, tel un agent immobilier, convaincre son lecteur spéculateur qu’il y a quelque chose à vendre, quelque chose dont il pourra tirer profit. « Deux ZAC vont être aménagées autour des quartiers structurants de l'Ecole Polytechnique et du Moulon : 5200 logements étudiants et 4500 logements familiaux vont être bâtis d'ici 2018. Avec également 86 000 m² de commerces et équipements publics. » Messieurs, vous allez pouvoir vous en faire du fric ! Mais soyez vigilant et ne tardez pas « A Palaiseau, Nexity commercialise le programme labellisé BBC Villapollonia qui sortira de terre mi 2015 dans le nouvel éco quartier Camille Claudel. Comptez 3843 € le m² pour un 3-pièces de 64 m² et 4252 € le m² pour un 3-pièces de 71 m². 11 lots sont encore disponibles »
Aujourd’hui tout bétonneur qui se respecte ne construit plus que des éco quartiers des immeubles BBC ! Les éco quartiers, les immeubles BBC, c’est bien pratique. Ça permet à certains écolos dont la ministre à la muselière de s’aligner sans trop perdre la face sur les positions des partis comme le PS (ou l’UMP) : favoriser la construction de logements ou de bureaux en reléguant la lutte contre l’artificialisation des terres au rang d’objectif secondaire. On remarquera aussi l’énormité de la spéculation foncière : le département de l’Essonne 91) à majorité socialiste (avec un élu EE/LV dans l’exécutif) exproprie les agriculteurs au prix de 0,71€ le m2 alors que les logements Nexity se vendent entre 3843 et 4252€ le m2 et les terrains à bâtir pour bureaux à 100€ le m2.

Comme le montrent ces lectures, la Silicon Valley du Plateau de Saclay n’est pas un projet inutile pour tout le monde…. "Y a du fric à se faire"… Et pour les infrastructures, les contribuables paieront la note…

Souhaitons qu’il y ait beaucoup de monde à la manifestation happening du 7 décembre contre cette stérilisation des terres pour la spéculation foncière et pour défendre l’agriculture du plateau.
Des légumes, du blé ! Pas de béton, ni de bitume !
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Sur Paris-Saclay et sur le Plateau voir aussi sur ce blog :

Contre le « Grand Paris » et l’urbanisation du Plateau de Saclay:
Tous sur le plateau le 7 décembre !

Après Notre Dame des Landes, voici Paris-Saclay
Ligne rouge du Grand Paris Express : la Société du Grand Paris prié de revoir sa copie
Stop au Grand Paris
Cécile Duflot et le Grand Paris : un spectaculaire retournement de veste

Jeudi 5 Décembre 2013 Commentaires (0)

Les terres fertiles du Plateau de Saclay enterrées sous une ville nouvelle autour d' un cluster scientifique : c’est non !
Spéculation : achat 0,72 € le m2, revente par les promoteurs 100 € le m² … C’est non !
Des légumes pas du bitume !


Sur le Plateau : l'abbaye de Limon
Sur le Plateau : l'abbaye de Limon
Le Grand Paris
Saclay, Gonesse, mais aussi La Défense, le port d’Achères, les villages Nature en Seine et Marne, la plaine Montjean, autant d’exemples de la concentration des richesses sur quelques pôles, pour réaliser des opérations immobilières, des projets de prestige, démesurés, en consommant de façon irréversible de l’espace naturel et agricole.
Alors que, selon une étude de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme, publiée en juin 2011, les disparités territoriales se creusent en Ile de France, les inégalités de revenus entre communes se renforcent, les plus riches se sont enrichies et les plus modestes ont le plus pâti de la crise entre 2000 et 2008, la stratégie du Grand Paris est fondée sur le développement de pôles d’hyper compétitivité pour concentrer davantage de fonctions supérieures de conception, d’actifs qualifiés, de flux de marchandises et de capitaux pour accentuer encore l’attractivité de l’agglomération au détriment des autres régions.
Alors que l’Ile de France est déjà la région la plus riche d’Europe, première destination touristique de la planète et avec 700 000 entreprises le deuxième pôle mondial d’implantation de grandes sociétés.
Alors que l’Ile de France concentre sur 2% du territoire français :
21% des actifs
23% des emplois,
29% du PIB
36% des cadres
37% de la recherche publique
40 % des dépenses de recherche et développement (Hauts de Seine et Yvelines, hauts lieux de la recherche privée, secteur public très présent à Paris).
Et absorbe 42 % de la croissance démographique,
Saturation, fuite en avant, toujours plus, jusqu’où ira la démesure du Grand Paris ?
( Texte tiré du site du COSTIF)

Plateau de Saclay
Des terres agricoles les plus fertiles d’Ile de France sacrifiées : actuellement 2700 hectares cultivés, 1000 hectares disparus depuis 1982, 2300 devraient être préservés alors que l’Etablissement Public Paris Saclay prévoit des transferts massifs de chercheurs et d’étudiants et que plus de 240 000 logements seraient construits sur les communes autour menaçant encore plus l’agriculture périurbaine! Pourquoi mettre en péril la viabilité économique d’une agriculture très dynamique, et réduire les possibilités de développer l’agriculture dont l’Ile de France aura besoin demain ? Combien de temps les 2300 hectares seront-ils préservés?
Une mise au pas de la recherche par la réorganisation du potentiel de recherche public autour des priorités des grands groupes industriels, l’hyperconcentration au détriment des autres régions, la mise en concurrence des chercheurs par la logique des pôles d’excellence, et au final pas de moyens supplémentaires pour la recherche, les financements étant engloutis dans les déménagements, et des constructions en PPP (partenariats public privé – voir expérience de l’hôpital d’Evry).
Un déplacement d’emplois imposé et générateur de nuisances pour les salariés, malgré l’opposition des personnels :opposition des chercheurs de la faculté d’Orsay, opposition des salariés d’AgroParisTech de Plaisir-Grignon (le comble de l’absurdité : les chercheurs INRA devraient quitter des locaux neuf livrés en 2002 et 2009 pour s’installer à Saclay, alors qu’en même temps des terres agricoles de l’INRA du Moulon à Gif seront urbanisées par le projet de campus, obligeant les chercheurs à retrouver des champs d’expérimentation à plusieurs kilomètres de leurs laboratoires actuels); opposition des personnels d’EDF au transfert depuis Clamart, etc).
Un manque total de démocratie : pas de débat public organisé sur le projet de cluster, sa pertinence, son opportunité…
A terme des déplacements inutiles d’emplois, des salariés loin de leur domicile, une agriculture fragilisée, au détriment de l’alimentation future des Franciliens, uniquement pour le bénéfice des promoteurs immobiliers et des grands groupes de construction.
(Texte tiré du site du Costif)

Dans le cadre des 3 jours contre « Le grand Paris »

Pour tous ceux qui le peuvent, le samedi 7 décembre

  • Venez rendre hommage aux terres agricoles en musique et profiter d'un vin chaud :

Rendez-vous :
*14 h gare RER-B Lozère sortie Place de la gare pour suivre le cortège jusqu'au plateau
*Arrivée vers 15 h devant le chantier EDF avenue de la Vauve à Palaiseau

Autres manifestations dans le cadre de ces « 3 jours contre le Grand Paris »
vendredi 6 : rassemblement-happening en tenue de ski devant le siège francilien d’Auchan, contre le projet Europa City de Gonesse.
→12h30, métro et RER La Défense Grande Arche, sortie du « CNIT » ou sortie D.
dimanche 8 : déambulation instructive, projections et concert contre le futur quartier Ivry-Confluences.
→15h métro Mairie d’Ivry.

  • Pour plus de détails :
«Coordination pour la Solidarité des Territoires d’Ile de France et contre le Grand Paris » (COSTIF) ici

Photo : JF Dumas



Mercredi 4 Décembre 2013 Commentaires (0)

« Cela est triste à dire mais le meilleur allié pour aboutir à des résultats et à un accord contraignant lors la conférence sur le climat (qui aura lieu à Paris) en 2015, ce sont les événements climatiques qui vont se succéder d'ici là », a confié mardi Nicolas Hulot, l'Envoyé spécial du Président de la République française pour la protection de la Planète, à l'occasion de son passage à Bruxelles (source Agence Belga). En embrigadant les aléas météorologiques extrêmes dans sa croisade « contre le réchauffement climatique » et en jouant les prophètes du malheur, Monsieur Hulot se trompe-t-il ou nous trompe-t-il ?


Comme tous les réchauffistes catastrophiques de bonne ou de mauvaise foi, Nicolas Hulot établit un lien de quasi-causalité entre les événements météorologiques extrêmes et le réchauffement de la planète. Et pourtant…

Cela est triste (ou peut-être heureux !) à dire mais la plupart de ces événements ne sont pas ou peu liés à ce réchauffement, que son origine soit anthropique ou naturelle ! D’ailleurs, ce ne sont pas ces évènements en eux-mêmes qui peuvent convaincre les gens mais l’hystérie politico-médiatique qui accompagne leur récupération par des professionnels du catastrophisme climatique comme Réseau Action Climat, par des hélicolos médiatiques comme Yann Arthus Bertrand et Nicolas Hulot lui-même, des nucléocrates propagandistes d’une énergie « décarbonée » ou bien encore – hélas ! – des partis écologistes tels qu’EE/LV ou CAP 21.

C’est un climatologue réputé, l’un des créateurs du GIEC, le suédois Lennart Bengtsson qui regrette que « depuis trop longtemps on a permis que les événements météorologiques extrêmes aléatoires structurent le débat sur le climat » Peut-être ! Mais il faut persuader les décideurs politiques et leurs opinions publiques. Il faut faire accepter aux gens des taxes comme la taxe carbone ou son dernier avatar la « contribution climat-énergie », les convaincre de courir les risques d’un développement du nucléaire qui met en danger toute vie sur de larges régions de la planète, voire sur la planète entière ; un danger bien pire qu’un emballement catastrophique du climat aussi hypothétique que lointain. Et tant pis si c’est en donnant de mauvaises raisons !

Dans le dernier rapport du GIEC de 2013, au chapitre 2 où il est traité des événements extrêmes on peut lire : « Il y a peu de preuves de l’existence de changements dans les événements climatiques extrêmes qui soient associés avec d’autres variables climatiques depuis la moitié du 20ème siècle (There is limited evidence of changes in extremes associated with other climate variables since the mid-20th century)», donc avec les variations de température. Le rapport passe en revue ces événements extrêmes. Mais qui parmi tous nos réchaufffistes médiatiques, nos gourous écologico-cathodiques prendra le temps et la peine de lire au moins le rapport du GIEC ou des compilations de ce rapport dignes de foi? ? Apparemment pas « L'Envoyé spécial du Président de la République française pour la protection de la Planète », Monsieur Hulot. Ou bien ce dernier se moque de nous !

  • En ce qui concerne les cyclones tropicaux, événement extrêmes auxquels pense sans aucun doute Monsieur Hulot lorsqu’il a fait cette déclaration, il est écrit : « Selon les bases de données actuelles, on ne peut observer aucune tendance significative au cours du siècle passé en ce qui concerne la fréquence globale des cyclones tropicaux. On n’a mis en évidence aucune tendance robuste dans le décompte sur les cent dernières années du nombre annuel des tempêtes tropicales, des ouragans et des ouragans majeurs pour le bassin Nord Atlantique ( Current datasets indicate no significant observed trends in global tropical cyclone frequency over the past century … No robust trends in annual numbers of tropical storms, hurricanes and major hurricanes counts have been identified over the past 100 years in the North Atlantic basin) »

  • C’est la même chose pour les cyclones non tropicaux les plus forts : « En résumé, le degré de confiance dans des changements à grande échelle de l’intensité des cyclones extratropicaux extrêmes depuis 1900 est faible (In summary, confidence in large scale changes in the intensity of extreme extratropical cyclones since 1900 is low). »

  • Il est impossible de trancher entre une tendance à l’augmentation ou à la diminution des inondations : « En résumé, il continue à y avoir un manque de preuves et donc un faible degré de confiance en ce qui concerne le signe de la tendance de l’ampleur et/ou de la fréquence des inondations à l’échelon global.( In summary, there continues to be a lack of evidence and thus low confidence regarding the sign of trend in the magnitude and/or frequency of floods on a global scale) »

  • Pour la grêle et les orages, même conclusion : «En résumé, il y a un faible degré de confiance dans les tendances observées concernant les phénomènes météorologiques violents à petite échelle comme la grêle, les orages à cause de l’absence d’homogénéité des données historiques et d’inadéquations dans les systèmes de surveillance.( In summary, there is low confidence in observed trends in small-scale severe weather phenomena such as hail and thunderstorms because of historical data inhomogeneities and inadequacies in monitoring systems). »

  • En ce qui concerne les sécheresses, on peut lire : «En résumé, on s’accorde aujourd’hui pour estimer qu’il n’y a pas actuellement assez de preuves pour suggérer plus qu’un faible degré de confiance dans une tendance observée à l’échelle globale pour ce qui est des sécheresses depuis le milieu du 20ème siècle. Cela est dû au manque d’observations directes, à des incohérences géographiques dans les tendances et parce que les tendances inférées dépendent du choix de l’index. Au regard de la mise à jour des études, les conclusions de AR4 concernant les tendances à une augmentation globale des sécheresses depuis 1970 ont été probablement surestimées. Cependant, il est vraisemblable que la fréquence et l’intensité de la sécheresse a augmenté en Méditerranée et en Afrique de l’Ouest et qu’elle a diminué dans le centre de l’Amérique du Nord et le nord-ouest de l’Australie depuis 1950. ( In summary, the current assessment concludes that there is not enough evidence at present to suggest more than low confidence in a global-scale observed trend in drought or dryness (lack of rainfall) since the middle of the 20th century due to lack of direct observations, geographical inconsistencies in the trends, and dependencies of inferred trends on the index choice. Based on updated studies, AR4 conclusions regarding global increasing trends in drought since the 1970s were probably overstated. However, it is likely that the frequency and intensity of drought has increased in the Mediterranean and West Africa and decreased in central North America and north-west Australia since 1950)

Bref, contrairement à la prophétie de malheur contenue dans les propos de monsieur Hulot, rien n’indique que la Maison brûle même si elle s’est réchauffée au cours de la seconde moitié du siècle dernier. Et pourtant, au prochain record de froid (ou de chaud) battu, à la prochaine tempête hivernale ou d’équinoxe, l'Envoyé spécial du Président de la République française pour la protection de la Planète s’épanchera sur les plateaux de télévisions et devant les micros pour expliquer qu’e voilà bien une nouvelle preuve de l’impérieuse nécessité d’agir sans délais pour cesser d’abreuver la nature de ce CO2 que nous lui offrons avec insouciance et magnificence.

Il est vrai qu’avec une température globale qui a cessé de croitre depuis près de vingt ans maintenant alors que les émissions de GES n’ont pas cessé d’augmenter, et avec bien d’autres difficultés dans leurs prévisions, les propagandistes d’un réchauffement climatique d’origine anthropique catastrophique sur le long terme sont dans l’embarras. Si par honnêteté intellectuelle, ils s’interdisent d’utiliser les cyclones, inondations et autres phénomènes aussi dévastateurs que télégéniques, qui voudra les croire et accepter les mesures impopulaires qu’implique la lutte contre un « changement climatique » décidément plein de surprises.


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Sources

l'article de presse : http://www.7sur7.be/7s7/fr/2665/Rechauffement-Climatique/article/detail/1747606/2013/11/26/Le-meilleur-allie-pour-un-accord-contraignant-D-autres-evenements-climatiques.dhtml

Le chapitre 2 du dernier rapport du GIEC (en anglais) : http://www.climatechange2013.org/images/uploads/WGIAR5_WGI-12Doc2b_FinalDraft_Chapter02.pdf

Une analyse et des citations de ce chapitre (en anglais) avec des commentaires : http://rogerpielkejr.blogspot.fr/2013/10/coverage-of-extreme-events-in-ipcc-ar5.html

J'ai accédé au site ci-dessus grâce à un lien trouvé sur "la pensée unique" le site critique du réchauffisme catastrophique, climato-sceptique, si l'on veut, mais très utile pour se faire une opinion droite : http://www.pensee-unique.fr/news.html#ar5"
"L'antiécologisme" de l'auteur de ce site ne doit pas rebuter, même si l'on peut trouver dommage ce parti-pris.

Jeudi 28 Novembre 2013 Commentaires (2)

C’est sous ce titre qu’Europe Écologie Les Verts Pays de la Loire rapporte une information ahurissante : un apiculteur est assigné en justice parce que ses abeilles butinaient sur les terrains du futur aéroport de Notre Dame des Landes.


Cet apiculteur qui est installé depuis 4 ans sur le site de Notre Dame des Landes a été convoqué au tribunal de Saint-Nazaire le Mardi 26 novembre à 10h. A l’origine, il louait un terrain de 200 m2 au Conseil général pour y implanter une vingtaine de ruches.
En avril 2012 le Conseil général l’a informé que ces parcelles appartenaient désormais à l’Aéroport Grand Ouest (AGO-Vinci). L’apiculteur s’est donc acquitté du fermage début 2013 à AGO. La somme a été encaissée par l’entreprise.
Pour autant, AGO a demandé à mettre fin au contrat de fermage. Face au refus de l’apiculteur, celui-ci est convoquée au tribunal pour, entre autre, violation de propriété et occupation illégale de la parcelle. La peine demandée correspond à une astreinte de 100€ par jour de retard et 1500 € de préjudice.
Un vaste mouvement de soutien s’est déclenché par le biais notamment du collectif d’organisations agricoles (Copain 44) et par la fédération nationale des apiculteurs professionnels.
Europe Écologie Les Verts Pays de la Loire soutient également cet apiculteur et estime à juste titre que cet improbable procès illustre de façon quasi-caricaturale la pression croissante et les conflits d’usages qui se développent autour de l’artificialisation de terres agricoles.
Ce projet d’aéroport est un projet dévoreur de terres agricoles nourricières qui sont d’une importance capitale pour une agriculture de proximité. Continuons le combat pour que, comme tant d’autres projets inutiles, il ne voit jamais le jour.
Le juge des référés rendra son verdict le 10 décembre.

Mercredi 27 Novembre 2013 Commentaires (0)

Mardi 26 novembre 2013, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi déposé par Areva-Socatri après sa condamnation pour pollution des eaux à la suite de l’importante fuite d’uranium survenue en juillet 2008 à l’usine Socatri du Tricastin. Une décision qui va impacter considérablement la jurisprudence environnementale…


Le site nucléaire du Tricastin
Le site nucléaire du Tricastin
Rappelons que le site nucléaire du Tricastin est un des sites nucléaires parmi les plus importants de France. Il regroupe des installations du cycle du combustible nucléaire et une centrale nucléaire. Il est situé dans la basse vallée du Rhône sur la rive droite du canal de Donzère-Mondragon entre Valence et Avignon. D’une superficie de 600 hectares, il s’étend sur quatre communes Saint-Paul-Trois-Châteaux et Pierrelatte dans la Drôme, Bollène et Lapalud dans le Vaucluse.
Sur le site du Tricastin, la Socatri (SOCiété Auxiliaire du TRIcastin), filiale d’AREVA est une installation nucléaire de base (INB 138) et une installation d'Assainissement et de Récupération d'Uranium (ARU). Elle est chargée de la maintenance et du démantèlement de matériaux radioactifs, ainsi que du traitement des effluents radioactifs et industriels des sociétés Areva du Tricastin. Socatri intervient également pour le compte de l’Andra dans la gestion et le traitement de déchets nucléaires faiblement radioactifs en vue de leur élimination dans les filières agréées.

Rappel des faits

Le 8 juillet 2008 au matin, les employés de l’usine Socatri ont constaté une fuite au niveau du système de rétention d’une cuve. Une partie du liquide radioactif s’était répandu sur le sol et dans le canal adjacent à l’usine. Plus de 74 kg d’uranium, matériau hautement radioactif et qui nécessite plusieurs centaines de millions d’années pour perdre la moitié de sa radioactivité, ont ainsi été rejetés dans les cours d’eau avoisinants. 30 m3 d’effluents chargés d’uranium ont contaminé les eaux superficielles, privant la population d’eau potable, et polluant des lieux de baignade fréquentés. Selon une évaluation effectuée à l’époque par la CRIIRAD, la pollution correspondait à 27 fois la limite annuelle des rejets autorisés.

Cinq ans de procédure

Des citoyens et de nombreuses associations dont le Réseau “Sortir du nucléaire“, Greenpeace, Les Amis de la Terre, France Nature Environnement (FNE) ont porté plainte et se sont constitué partie civile. Le 14 octobre 2010, le tribunal correctionnel de Carpentras avait condamné Areva-Socatri pour retard dans la déclaration d’incident, mais l’avait relaxée du délit de pollution des eaux.
Mais, le 30 septembre 2011, la Cour d’appel de Nîmes avait reconnu Areva-Socatri coupable de «déversement de substances toxiques dans les eaux souterraines ayant entraîné une modification significative du régime normal d’alimentation des eaux». Condamnée à payer une somme d’un total de plus d’un demi-million d’euros (300 000 euros d’amende et 230 000 euros de dommages et intérêts), Areva-Socatri a alors déposé un pourvoi en cassation.
Le 26 novembre, la Cour de cassation a rejeté ce pourvoi. La condamnation d’Areva-Socatri devient ainsi définitive. Areva-Socatri n’en a pas pour autant terminé avec la justice. La commune de Bollène l’a assignée au civil, devant le tribunal de grande instance de Carpentras pour obtenir réparation du préjudice écologique.

Comme le souligne le Réseau « Sortir du Nucléaire » ce jugement de la Cour de cassation ouvre la voie à une répression plus stricte des pollutions de l’industrie nucléaire. Il aura un impact considérable sur la jurisprudence environnementale : le délit de pollution des eaux est constitué dès lors que le déversement conduit les autorités publiques à prendre des mesures de restriction d’usage de l’eau et/ou d’interdiction de baignade.
Pour en savoir plus sur la fuite du 8 juillet 2008, consulter le site du réseau « Sortir du Nucléaire » ici.

Photo : Wikipedia/Michiel1972

Mercredi 27 Novembre 2013 Commentaires (0)

Le commentaire de cet éditorial du journal Le Monde daté du 14 octobre 2013 vise à en dévoiler les présupposés, les non-dits, la rhétorique spécieuse, les approximations tendancieuses, les confusions et les erreurs. Cet éditorial est un cas exemplaire, quasi caricatural du catastrophisme réchauffiste journalistique ordinaire qui fait le lit du nucléaire et conduit à proposer des mesures qui rendront l’écologie encore plus impopulaire qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les extraits de l’article du Monde sont en italique et entre guillemets. Leur analyse et commentaires en caractères romains.


« Combien faudra-t-il encore de catastrophes climatiques pour que la lutte contre le réchauffement devienne une véritable priorité ? »
Ce début en fanfare n’est que rhétorique spécieuse qui présuppose comme allant de soi qu’il y a un lien entre le réchauffement climatique et les aléas météorologiques, tout en évitant de l’affirmer. Ce qui est bien commode pour protéger par là même ce lien de toute réfutation. Combien saugrenue, en effet, paraîtra cette question si le lien présupposé n’existe pas ou si le lecteur n’y croit pas !

« (…) Les négociateurs (de la 19ème conférence des Nations unies sur le climat) ont tous fait part de leur émotion après le passage du typhon Haiyan, qui vient de dévaster le centre des Philippines (…) Dans les capitales, la machine humanitaire s'est mise en branle pour venir au secours des rescapés, et donner ainsi le spectacle d'une solidarité réconfortante. Mais cette générosité de court terme ne peut plus suffire. Tout comme les larmes de crocodile versées par des responsables politiques qui sont aussi les premiers à ne pas assumer des politiques courageuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre. »
L’éditorialiste présuppose une relation quasi causale entre ces typhons et le « réchauffement climatique d’origine anthropique ». C’est avec ce présupposé que prennent sens et sa remarque sur l’insuffisance d’une générosité « à court terme » et sa diatribe contre les responsables politiques incapables de mettre en œuvre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, il ne devrait pas être sans ignorer qu’aucun climatologue ne voudrait confirmer l’existence d’un tel lien non seulement avec un cyclone particulier comme il est dit dans la suite de l’édito, mais avec tout cyclone.

D’abord rejeté, ensuite restauré, tout lien direct entre intensité d’un cyclone et température de l’eau de surface de la mer est aujourd’hui largement remis en question : «Using a homogeneous record, we were not able to corroborate the presence of upward trends in hurricane intensity over the past two decades in any basin other than the Atlantic. Since the Atlantic basin accounts forless than 15% of global hurricane activity, this result poses a challenge to hypotheses that directly relate globally increasing tropical SST to increases in long-term mean global hurricane intensity.» (En utilisant des données homogènes, nous n'avons pas été capables de corroborer l'existence d'une tendance à la hausse de l'intensité des cyclones au cours des deux dernières décennies dans tous les bassins, l’Atlantique excepté. Dans la mesure où le bassin Atlantique représente moins de 15 % de l’activité cyclonique globale, ce résultat constitue un défi pour l'hypothèse qui relie directement l’élévation globale des températures de surface (SST) de l'océan tropical à l’augmentation en moyenne sur le long terme de l’intensité globale des ouragans.) «A globally consistent reanalysis of hurricane variability and trends » J. P. Kossin, K. R. Knapp, D. J. Vimont, R. J. Murnane and B. A. Harper, Geophys. Res. Lett., 2007, 34, L04815, doi:10.1029/2006GL028836.
Le GIEC lui-même estime qu’il n’y a pas de preuves de l’accroissement de l’activité des cyclones tropicaux en ce début du XXIème siècle contrairement à ce que laisse entendre cet édito en citant le cyclone Bopha et l'ouragan Sandy. Un choix malheureux d’ailleurs puisque ces deux cyclones n’appartiennent pas au même bassin, le second appartenant au bassin Atlantique dans lequel ces événements ne semblent pas suivre la même tendance que ceux des autres bassins.

« Les scientifiques s'attendent à des événements extrêmes de plus en plus en intenses. »
Combien de fois faudra-t-il le répéter ? C’est faux ! Tout d’abord, ce sont des scientifiques qui s’attendent à cela, et non les scientifiques (spécialistes de ces questions). Et ils ne s’y attendent pas pour tous les aléas météorologiques. Notamment, on vient de le voir, ils ne s’y attendent pas en ce qui concerne les typhons (ouragan ou cyclones).

«Même s'ils (les scientifiques) ne peuvent pas aujourd'hui faire le lien direct entre changement climatique et un cyclone en particulier, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud, expliquait le 13 novembre que « l'élévation du niveau de la mer rendait déjà les populations côtières plus vulnérables aux tempêtes, ce qui a eu des conséquences tragiques dans le cas des Philippines »
Certes, il semblerait bien que l’une des causes qui contribue à l’élévation du niveau de la mer soit le réchauffement climatique quoique cette élévation soit inégale selon les régions. De toute façon, l’élévation du niveau de la mer n’a pas de conséquences sur l’intensité ou la fréquence des typhons. Il s’agit de deux types d’événements différents non reliés entre eux par quelque relation que ce soit. Que l’un (l’élévation du niveau de la mer) soit lié au réchauffement climatique n’est ni un indice, ni une preuve que l’autre (l’intensité ou la fréquence des typhons) le soit ou non !

« Il n'y a pas que les Philippines. Il y a tout juste un an, Manhattan, à New York, était sous 4 mètres d'eau, après l'ouragan Sandy, et les Etats-Unis sortaient alors tout juste de leur pire sécheresse en plus de soixante ans… Dans les mégalopoles chinoises, l'air est devenu irrespirable. L'Europe nous semble pour l'heure relativement préservée. Mais cela n'aura qu'un temps : à l'été 2012, l'Europe centrale endurait déjà ses pires inondations depuis probablement cinq siècles. »
Des excès de pluie et des inondations causées par les cyclones, on passe à la sécheresse, puis à la pollution de l’air dans les villes chinoises.
1°) Le réchauffement climatique a bon dos ! L’histoire des climats de la Terre est riche d’aléas météorologiques de toute sorte aux conséquences dramatiques pour les populations humaines bien avant l’ère industrielle ; depuis toujours, en fait ! Que l’on songe aux étés pourris ou aux sécheresses prolongées aux causes diverses mais aux conséquences identiques : famines, migration de populations, destruction d’écosystèmes, etc.… De tels aléas peuvent se produire que le « climat global» se réchauffe ou se refroidisse. Il est très difficile d’établir un lien entre ces événements hors normes et des tendances. De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, une canicule n’annonce pas un climat global plus chaud ou plus froid d’ailleurs, pas plus que des records de froid sont énonciateurs d’un âge de glace. Chacun de ces événements est une singularité. Son rattachement à une tendance du climat global ne peut se faire qu’à l’aide d’un faisceau d’hypothèses sur des phénomènes divers, sujets de controverses infinies.
2°) Quant à la lutte contre la pollution de l’air dans les villes, quel lien peut-elle bien entretenir avec les typhons et autres aléas météorologiques ? L’effet de serre ? L’enchaînement implicite serait alors le suivant : rejetés dans l’atmosphère, les polluants qui l’empoisonnent participeraient aussi au renforcement de « l’effet de serre » responsable du réchauffement climatique, lui-même responsable de l’augmentation de l’intensité des typhons et autres « catastrophes climatiques ».
Drôle d’enchaînement ! On a vu précédemment ce qu’il en était de la liaison entre aléas météorologiques extrêmes et tendances du climat global. Les liens soit n’existent probablement pas (cas des super typons), soit reposent sur un faisceau d’hypothèses sujettes à controverses non-concluantes à ce jour, faute bien souvent de données fiables et/ou suffisantes.
Le premier chaînon ne vaut pas mieux. Il repose sur une confusion entre pollutions de l’air et gaz à effet de serre. Le CO2 émis par diverses sources dont les pots d’échappement des voitures est un gaz à effet de serre bien connu mais ses effets sur la santé ne sont pas nocifs. De plus il est essentiel à la photosynthèse sans laquelle, il n’y aurait pas de végétaux. Ce n’est pas un polluant atmosphérique. Le sont par contre les particules fines, les métaux lourds et tous les gaz toxiques comme les oxydes d’azote, relâchés par ces mêmes pots d’échappement. Chacun de ces éléments est un polluant atmosphérique parce que nocif pour la santé mais tous n’ont pas un forçage radiatif positif. Si une telle confusion existe dans l’esprit du rédacteur de cet éditorial, cela vient de l’air du temps, d’un matraquage dont les média sont à la fois victimes et complices sur les méfaits du réchauffement climatique dont nous serions responsables par nos émissions inconsidérées de ce méchant C02.
Si au nom d’un principe de charité, nous rejetons une interprétation du texte qui fait intervenir un enchaînement aussi douteux, il nous faut conclure que la référence à la pollution atmosphérique des villes chinoises vient comme un cheveu sur la soupe. Ce qui n’est pas très charitable non plus.

« Pour insurmontable qu'il semble, le problème du changement climatique n'est pas insoluble a priori. (…) l'économiste américain William Nordhaus – qui fut le mentor du Prix Nobel d'économie Paul Krugman – propose la mise en place immédiate d'une taxe sur le carbone qui serait vouée à croître continûment, jusqu'à doubler en 2030. L'objectif est avant tout de faire du charbon – la source d'énergie la plus polluante et toujours l'une des plus utilisées dans le monde – une ressource trop coûteuse pour être exploitée. Une part du chemin serait ainsi faite. »
On peut toujours rêver ! Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Les payeurs, ce sont les hommes politiques qui auraient la mauvaise idée de suivre les conseils de cet économiste et les gens, vous et moi, auxquels les politiques auraient tenté d’administrer ce remède de cheval ! Si cet économiste-là a été « le mentor » d’un prix Nobel d’économie, on peut avoir de sérieux doutes sur la valeur de ce prix et la pertinence de son attribution. Bref, il vaut mieux parler en effet d’une solution a priori puisque, a posteriori, dans les faits elle est inapplicable. D’ailleurs, au regard de la conclusion de l’édito sur les difficultés de mettre en place l’écotaxe, bien plus indolore, le rédacteur du texte en conviendrait sans doute volontiers. Dans le mix énergétique de nombreux pays, notamment ceux en développement ou émergeants, le charbon a et aura une place essentielle parce qu’il est une ressource relativement bon marché, abondante pour encore longtemps. Il aura une place essentielle, non par choix mais par nécessité. Ces pays ne peuvent se permettre un renchérissement de leur énergie qui tuerait leur essor économique.
S’interdire d’exploiter le charbon, ce serait faire « une part du chemin » selon l’éditorialiste du Monde. Certes, mais il faut aller jusqu’au bout du voyage. En d’autres termes, c’est peut être bien de s’interdire d’exploiter cette ressource, encore faudrait-il savoir par quoi la remplacer. Par des énergies de flux, dites renouvelables ? Eolienne, photovoltaïque, hydro ou marémotrice ? Aujourd’hui les deux premières fournissent une énergie intermittente, hors de prix, sans méthodes de stockage convaincantes. Toutes sont des facteurs de nuisances et de dégradations environnementales conséquentes que certains écologistes inconséquents ou prisonniers de leurs mythes se refusent à admettre.
Reste le nucléaire… Et si l’on ne veut pas du nucléaire, le charbon occupera la première place dans le mix énergétique pour le remplacer. Ce qui se passe à l’heure actuelle en Allemagne le prouve à l’évidence et donne raison à Bella et Roger Belbéoch (ici). La fermeture des centrales nucléaires, c’est l’ouverture des mines de charbon malgré un équipement important en éolien et solaire ainsi qu’un effort considérable en économie d’énergie et en recherche d’efficacité énergétique. Effet de serre ou nucléaire! De Charybde en Scylla, tel est le dilemme que les nucléocrates, réchauffistes catastrophistes intéressés, seraient ravis de nous imposer mais il faut relativiser…
En fait, au niveau mondial, le nucléaire ne contribue que pour 6% à la production mondiale d’énergie. Il arrive en dernier juste avant les énergies renouvelables, qui fournissent 7 % du total (chiffres de 2008). Certes, on ne peut brûler du charbon sans produire du gaz carbonique et augmenter le forçage radiatif d’origine anthropique. La question est de savoir dans quelles proportions. En admettant que la consommation d’énergie contribue pour moitié au forçage radiatif d’origine anthropique – l’agriculture, l’élevage et les activités industrielles étant responsables de l’autre moitié – l’arrêt du nucléaire et son remplacement par les énergies fossiles disponibles n’augmenterait au pire que de 6/2, soit de 3% le forçage radiatif d’origine anthropique. Au pire, car contrairement à ce que disent quelques-uns de ses zélateurs, l’énergie nucléaire n’est pas une énergie décarbonée si l’on considère l’ensemble de la filière, de l’extraction du minerai à son utilisation dans des centrales qu’il a fallu construire et qu’il faudra démanteler.
Le réchauffiste catastrophiste, que ce soit celui du GIEC ou l’éditorialiste du Monde, objectera que 3%, ce n’est peut-être pas beaucoup, mais que c’est encore trop car l’impérieuse nécessité, c’est la réduction des émissions des GES. Au péril d’une catastrophe nucléaire majeure dont les conséquences sont mondiales et persistantes sur des échelles de temps géologiques ? Sans même parler des risques de dissémination de l’arme nucléaire, l’augmentation de la part du nucléaire dans la production mondiale de l’énergie n’est ni souhaitable compte tenu des risques encourus, ni réalisable à court terme ou moyen terme à cause du prix des centrales et des savoir-faire pour leur exploitation. En fin de compte, pas plus que les énergies dites renouvelables, l’énergie d’origine nucléaire ne saurait à court ou moyen terme remplacer les énergies fossiles. Avec son énergie électrique nucléaire à près de 80%, la France reste une exception. Avec ses centrales vieillissantes, elle représente un risque majeur pour toute la planète.
Bien sûr, l’utilisation du charbon, du gaz ou du pétrole comme sources d’énergie n’est pas la panacée ni au niveau de la pollution, ni de celui des émissions des GES et il faudra bien apprendre à s’en passer mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui nous ne savons pas. Plutôt que dénoncer l’usage du charbon, de vouloir interdire le recours aux énergies fossiles, ce qui n’est pas réalisable, il serait plus réaliste et plus efficace de chercher à atténuer le forçage radiatif induit par leur consommation avec des techniques de combustion permettant de minimiser les rejets et d’augmenter l’efficacité énergétique. C’est possible dès maintenant car certaines de ces techniques existent déjà (centrales à lit fluidifié circulant, lavage intégral des fumées, piégeage du carbone).

Hélas, les écologistes réchauffistes catastrophistes et les médias comme Le Monde qui leur emboîtent le pas ont tellement diabolisé le charbon que ces propos de bon sens leur seront sans aucun doute inaudibles. Et en avant pour la « contribution climat/énergie » dernier avatar de la taxe carbone qui rendra l’écologie encore un peu plus impopulaire. Dommage !

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Annexe

L'influence du réchauffement climatique sur la formation des cyclones et leur intensité n'est pas aussi simple que l'on pourrait le penser. Fred Pearce nous explique pourquoi dans un article de New Scientist:
« A première vue, le réchauffement climatique ne peut qu’aggraver les choses. La colonne d’air humide [d’un cyclone] ne se forme en général que quand la température à la surface de la mer est supérieure à 26 °C. Si les océans se réchauffent, les zones dépassant ce seuil seront plus étendues. Et tout dépassement de ce seuil semble accroître la force des ouragans. Quand l’ouragan Katrina a atteint la catégorie 5, au mois d’août 2005, la température tournait autour de 30 °C à la surface du golfe du Mexique. Voilà pourquoi certains considèrent que, avec le réchauffement, on aura davantage de cyclones, qu’ils seront plus forts et qu’ils toucheront également des lieux qui n’en connaissent pas actuellement.
Mais le monde n’est pas aussi simple. Comme William Gray, l’un des fondateurs de la science des ouragans, l’a fait remarquer, un cyclone ne peut se former que si un ensemble de conditions atmosphériques sont réunies. La différence entre la température de la mer et celle de l’air qui est au-dessus constitue l’une d’entre elles. C’est elle qui provoque les courants de convection indispensables à la formation des premiers nuages de tempête. Si, comme le suggèrent les modèles informatiques, le réchauffement climatique élève la température moyenne aussi bien dans la haute atmosphère qu’à la surface des océans, il faudra que celle-ci soit encore plus chaude pour qu’il y ait des ouragans et le potentiel générateur des tropiques restera sensiblement le même.
Il y a d’autres complications. Même quand toutes les conditions sont réunies, un ouragan ne se déclenche pas sans une perturbation atmosphérique. Et, même s’il y en a une, la plupart des tempêtes tropicales se calment d’elles-mêmes sans atteindre le stade du cyclone. S’il est important de savoir si le réchauffement climatique provoquera les conditions nécessaires à la formation des ouragans, il est donc tout aussi essentiel de savoir s’il augmentera les probabilités qu’ils se déclenchent et, une fois formés, celles qu’ils s’apaisent.
Il y a deux façons d’apaiser un cyclone. La première, c’est de lui supprimer son carburant – l’air chaud et humide provenant des eaux chaudes de l’océan. C’est évidemment ce qui arrive quand il passe au-dessus de la terre ferme. Mais c’est également possible en mer. Au fur et à mesure que la tempête croît en force, les vagues font remonter l’eau fraîche des profondeurs à la surface, qui refroidit. Cela suffit parfois à mettre fin à l’ouragan, en particulier s’il se déplace lentement. Un cyclone ne peut donc atteindre une forte intensité que si la mer est chaude jusqu’à des dizaines de mètres sous la surface. Katrina a gagné en force en se dirigeant vers La Nouvelle-Orléans parce que l’eau était chaude jusqu’à plus de 100 mètres de profondeur. Les effets du réchauffement climatique semblent ici évidents. Si la chaleur s’étend encore plus en profondeur dans les océans du monde, on aura les conditions idéales pour la multiplication des ouragans.
Mais il y a une autre façon d’apaiser les cyclones, qui pourrait bien avoir l’effet opposé. Les vents peuvent disperser la colonne d’air humide en y introduisant de l’air sec, ce qui empêche la formation de la masse orageuse, ou en étêtant les nuages. Il suffit de peu de vent pour réduire à néant un ouragan potentiel. Les modèles climatiques informatiques ne permettent pas de reproduire fidèlement des phénomènes à petite échelle comme les cyclones, mais la plupart suggèrent que le réchauffement accroîtra la vitesse du vent dans les couches supérieures de l’atmosphère, de telle sorte qu’elle dispersera les ouragans. » Fred Pearce, New Scientist,12 janvier 2006, trad. in Courrier international

Mercredi 20 Novembre 2013 Commentaires (2)

Avec la publication du résumé pour décideurs du dernier rapport du GIEC, la réunion de la 19ème conférence des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique qui se tient à Varsovie et le typhon Haiyan (Yolanda) qui vient de ravager les îles Philippines, le « réchauffement » climatique est de nouveau à la une de l’actualité avec le catastrophisme qui lui est associé rarement à bon escient.


Haiyan, vu du satellite Aqua le 7/11/013 à 4h25 UTC (Nasa)
Haiyan, vu du satellite Aqua le 7/11/013 à 4h25 UTC (Nasa)
Les typhons, summum des forces destructrices d’une Nature qui parfois se déchaine, n’échappent pas à la règle qui veut que dès qu’un aléa météorologique, une catastrophe naturelle se produit, le réchauffement climatique est invoqué. Pourtant, leurs relations avec ce réchauffement ne sont pas établies, bien au contraire.

Prudence et incertitude des chercheurs

S'il y a un bien un point qui ne fait pas controverse et qu’il faut souligner d’emblée, c'est que les typhons, cyclones ou ouragans ne sont pas devenus plus fréquents durant les dernières décennies. Par contre la question de savoir si le renforcement de leur intensité a un lien avec le réchauffement des océans fait débat. Plus radicalement même, celle de savoir s’il y a ou non renforcement de leur intensité n’est pas tranchée ! Si sur cette dernière question les débats entre spécialistes s’éternisent et sont peu concluants, cela est dû en grande partie au manque de fiabilité des mesures antérieures surtout pour les vitesses maximales de vents enregistrées et de la correction à leur apporter pour homogénéiser les données. En particulier on s’est aperçu que la correction appliquée avant la possibilité de mesures satellitaires directes était trop forte et minimisait la vitesse des vents des cyclones antérieurs à 1986.

  • Pour Christian Herold du service allemand de météorologie « on ne sait pas quel degré de réchauffement de la mer peut conduire à quelle intensité du cyclone, ou encore si la formation du cyclone dépend de l'existence d'autres paramètres. » Parmi ces autres paramètres, il y aurait l’ENSO (El Niño Southern Oscillation) et la QBO (l’Oscillation quasi biennale) qui influeraient sur la fréquence des cyclones. Pour qu’un typhon ou un cyclone se forme, outre une température de l’eau supérieure à 26°C, il faut nécessairement au moins des vents de moins de 10m/s entre la surface et la basse troposphère (les vents forts cisailleraient les typhons en formation), une troposphère humide favorisant la convection, une atmosphère dont la température décroît assez rapidement avec l’altitude, une perturbation en surface… Comme le souligne Christian Herold « C'est un système d'analyse très complexe. »

  • Le GIEC reste lui aussi très prudent. Dans son dernier rapport il estime que l’hypothèse selon laquelle on assisterait au début du XXIème siècle à un accroissement de l’activité des cyclones tropicaux intenses n’a qu’un « degré de confiance faible ».

  • L’Organisation météorologique mondiale (OMM) déclare dans son communiqué de presse daté du 7 février 2013 présentant le rapport de son Comité Typhon : « Le Comité des typhons se penche sur les incidences du changement climatique. Selon une nouvelle analyse de la région du monde la plus active en cyclones tropicaux, l’influence du changement climatique sur l’activité cyclonique dans le nord-ouest du Pacifique demeure incertaine et il faudra poursuivre les recherches pour comprendre les contributions relatives des variations naturelles et du changement climatique d’origine anthropique. » Elle précise en outre que : «compte tenu des importantes variations interannuelles et interdécennales de l’activité cyclonique dans le bassin du Pacifique Nord-Ouest, il est impossible de déterminer avec certitude qu’il y a eu une influence humaine détectable sur la fréquence des cyclones tropicaux, sur leur intensité, sur les précipitations, les trajectoires ou sur tout autre paramètre agrégé connexe de l’activité cyclonique dans le bassin. »

  • Même Jean Jouzel, le glaciologue du CEA, pape français du « réchauffisme catastrophique » est bien obligé de l’admettre du bout des lèvres et à contre cœur, tout en laissant planer le doute, il n’y a pas de lien connu entre le super-typhon Haiyan et le réchauffement climatique d’origine anthropique qui serait en cours. Cela arrangerait tellement ses affaires s’il pouvait proclamer un tel un lien « Nous sommes très prudents quant à établir un lien entre ce phénomène et les activités humaines. Nous ne disons pas qu'il n'y en pas, mais nous ne pouvons pas le prouver » a-t-il déclaré dans un entretien accordé à L’express le 13 Nov 2013.

Mais qu’importe tout cela pour bien des médias, pour de nombreux hommes politiques et pour les ONG réunies dans le groupe de pression Réseau Action Climat !

Cyclones, Typhons, aléas météorologiques et réchauffement climatique. Information ou manipulation ?
Le typhon Haiyan a soufflé sur le sommet climat de Varsovie

Sans une once de critique, ou très peu dans le corps des articles, on trouve dans la presse française des titres du style : «Le typhon Haiyan souffle sur le sommet climat de Varsovie » (les Échos), « Le typhon Haiyan secoue la conférence de Varsovie sur le changement climatique » (La Vie). L’article qui suit donne dans l’émotionnel. Lisons plutôt: «Il est au bord des larmes. « Je m'abstiendrai de m'alimenter (durant la conférence) jusqu'à ce qu'une évolution significative se manifeste. Nous pouvons prendre des mesures très fortes dès maintenant pour garantir que les super typhons ne deviennent pas monnaie courante » a déclaré Naderev Sano, commissaire au climat des Philippines. Suscitant une longue ovation des centaines de délégués présents. »
La responsable des négociations climatiques à l'ONU en a profité pour enfoncer le clou, en rajoutant dans le catastrophisme « Nous nous rassemblons aujourd'hui avec, sur nos épaules, le poids de nombreuses réalités qui donnent à réfléchir, comme l'impact du typhon Haiyan » « Les prochaines générations vont devoir mener une bataille immense. Ce qui se joue ici, dans ce stade, n'est pas un jeu ; il n'y a pas deux équipes, mais l'intégralité de l'humanité. Il n'y a ni gagnant, ni perdant. Nous allons tous gagner, ou tous perdre »… Il ne s’agit pas bien entendu de nier la force de ce super typhon, de son caractère meurtrier mais de s’inquiéter, voire de s’indigner de sa récupération et de son instrumentalisation en traitant pour quantité négligeable les avis d’experts sans cesse invoqués par ailleurs pour justifier une lutte contre un réchauffement climatique dont l’évolution et les conséquences sont, malgré tout et au regard des données actuelles, bien incertaines.

Mise en garde ou manipulation de l'opinion? (Reuters/Kacper Pempel)
Mise en garde ou manipulation de l'opinion? (Reuters/Kacper Pempel)
Les approximations manipulatrices du Réseau Action Climat

La prudence des spécialistes y compris de ceux du GIEC, leurs controverses, l’intrication des facteurs déterminant la puissance d’un cyclone, de tout cela, le Réseau Action Climat n’en n’a cure lorsqu’il écrit : « On a déjà̀ pu constater que la température de la mer (en surface) avant la tempête était exceptionnellement élevée. De simples variations de cette température peuvent donc avoir de terribles conséquences.» (Souligné par moi, JFD). Réseau Action Climat établit un lien entre la vitesse des vents et la température à la surface de la mer faisant fi de l’ignorance dans laquelle sont les spécialistes quant à cette relation et de la façon dont elle fonctionnerait. Les spécialistes, réchauffistes ou non, ne savent pas mais Réseau Action Climat, lui, sait et sonne l’alarme : « Alors que ces températures continuent d’augmenter à cause de la hausse de nos émissions de gaz à effet de serre, on a du mal à imaginer ce qui se passera si on n’agit pas pour le climat aujourd’hui. » Poursuivant sur sa lancée, le Réseau Action Climat ajoute « La première partie du rapport du GIEC, approuvée par les gouvernements qui se retrouvent aujourd’hui à Varsovie, a conclu que dans un monde plus chaud, les phénomènes extrêmes dans les latitudes moyennes et les régions tropicales deviendront probablement plus intenses et plus fréquentes.» Ce qui est tout simplement faux. Comme il a été rapporté ci-dessus, les spécialistes en matière de typhons, ouragans ou cyclones considèrent qu’un réchauffement climatique rendrait ces phénomènes moins fréquents. Où il y a divergence, c’est sur l’intensité des phénomènes. Selon le Réseau « Nous créons donc un climat où les tempêtes comme Haiyan pourraient devenir normales dans le futur. (...) Si des vents à 300 km/h ne sont pas suffisants pour lancer un cri d’alarme, alors notre monde est sourd.» Ignorance ou malhonnêteté intellectuelle et manipulation ?
Si l’on suit le GIEC, il faudrait dire que les typhons auront tendances à être plus violents mais moins nombreux que ceux qui se produisent actuellement. Ce qui n’est pas du tout la même chose que ce que claironne le Réseau.
Pour meurtriers qu’ils soient, les phénomènes météorologiques extrêmes n’ont pas de signification immédiate pour le climat à cause de leur singularité même. A fortiori, ils ne prouvent, ni de réfutent une quelconque influence anthropique dans les événements en cause. Laisser entendre que ce typhon ne se serait pas produit si il n'y avait pas eu de réchauffement climatique et qu’en tentant d’enrayer ce réchauffement, on préserverait cette région du globe de typhons meurtriers de ce type relève de la désinformation et de la manipulation. Exploiter ainsi le malheur de victimes d’une catastrophe naturelle pour faire pression en vue obtenir un accord international sur la limitation des émissions de « gaz à effet de serre » est scandaleux. Les associations membres de ce réseau sont complices et se déshonorent. En se déshonorant, elles déshonorent l’écologie. Mais qui s’en rendra compte ?

Andreas Schmittner
Andreas Schmittner
Le catastrophisme climatique du journal "Le Monde" ne souffre pas les incertitudes

Pas les lecteurs du Monde s’ils prennent pour argent comptant ce qui est écrit dans leur journal qui titrait «Le réchauffement climatique renforce la puissance des typhons » reprenant les propos de d’un chercheur sans aucune allusion aux positions adverses dans le débat en cours entre les spécialistes de ces phénomènes météorologiques.
Dans un autre article de ce même journal qui a la prétention d’être un journal de référence, on pouvait lire «Entre 1990 et 2012, "le forçage radiatif de l'atmosphère par les gaz à effet de serre, qui induit un réchauffement climatique, a augmenté de 32%", à cause du CO2 et d'autres gaz qui retiennent la chaleur, écrit l'OMM dans son bulletin sur les gaz à effet de serre. » Ce qui est vrai. Le rédacteur de l’article nous livre alors ce commentaire : « le forçage radiatif est la capacité ou non à absorber l'énergie du soleil. Un forçage radiatif positif, comme c'est le cas actuellement, indique donc un réchauffement de l'atmosphère. Lors de la précédente étude, concernant 2011, ce différentiel n'était que de 30 %. » (souligné par moi, JFD) Comment se fait-il alors que la température de surface n’augmente plus depuis bientôt vingt ans ?
Le journaliste ne se pose même pas la question. S’il se l’était posée, il aurait peut-être compris que la variation de température dépend de la sensibilité du climat à ce type de forçage. Autant, il est facile et non controversé d’évaluer le forçage radiatif du CO2, autant il est difficile et controversé de déterminer la sensibilité du climat à ce forçage. Selon une étude récente dirigée par Andreas Schmittner (Oregon state university) parue dans Science (9 December 2011: Vol. 334 no. 6061 pp. 1385-1388) il faudrait revoir cette sensibilité à la baisse. Selon Andreas Schmittner et col. la sensibilité du climat à un doublement de la teneur en gaz carbonique par rapport au niveau préindustriel (environ 550 parties par millions de CO2 contre 270/280 ppm en 1750 et 389 ppm en 2009) serait de 2,3°C (66% de probabilité entre 1,7°C et 2,6°C)alors que le Giec se fonde sur des valeurs plus élevées (2°C à 4,5°C et une valeur moyenne de 3°C).
Evidemment, selon les estimations de cette sensibilité les conséquences du forçage radiatif d’origine anthropique ne sont plus les mêmes. Andreas Schmittner et col. dans le résumé de leur article soulignent que leurs résultats « imply a lower probability of imminent extreme climatic change than previously thought » tandis que pour le secrétaire général de l'OMM « la température moyenne du globe à la fin du siècle pourrait dépasser de 4,6 degrés ce qu'elle était avant l'ère industrielle [1750], et même plus dans certains régions, les conséquences seraient catastrophiques » Mais comme tout propagandiste du catastrophisme réchauffiste, le journaliste du Monde n’entre pas dans les détails de ces études et controverses!!!

Cyclones, Typhons, aléas météorologiques et réchauffement climatique. Information ou manipulation ?
Manipulation volontaire ou inconsciente ?

L'infographie ci-contre est due, semble-t-il, à l’AFP. Elle a été conçue à partir de données publiées par l’Organisation météorologique mondiale. Je l'ai reprise sur le site deTV5Monde mais elle n’y figure plus à ma connaissance. Elle est très instructive de la façon dont certains médias abordent les questions météorologiques et climatiques.
  • Au centre de l’image, sur la mappemonde trône une courbe censée représenter l’augmentation de la température moyenne du globe terrestre depuis 1900. Mais cette augmentation est représentée de telle sorte que n’apparaisse pas le plateau qui manifeste la stagnation de cette température depuis 1998 sur les courbes publiées par les organismes officiels. Ainsi est mise de côté cette fameuse « pause » que l’on ne sait guère expliquer et qui semble réfuter les prévisions du GIEC. Ainsi figurée l’évolution de la température moyenne semble suivre une pente ascendante de plus en plus accusée, ce qui est contraire aux faits.
  • En haut de l’image on peut lire que 2013 est au 7° rang des années les plus chaudes. 7° et non 1° comme cela devrait être si la T moyenne augmentait de façon continue… On pourrait tout aussi bien présenter les choses ainsi : « 2013 plus froide que … » C’est une même donnée qui serait exprimée mais à l’évidence, l’effet recherché chez le lecteur ne serait pas le même.
  • L’assertion en haut à droite est tout simplement fausse. Selon le GIEC lui-même, il s’agit d’une hypothèse n’ayant qu’un « degré de confiance faible ».
  • Le typhon Haiyan bénéficie d’un surlignage rouge sur son nom.
  • Les records de chaleur dans telle ou telle partie du monde sont mentionnés mais pas les records de froids comme celui enregistré à Oymyakon, en Sibérie, le 19 février 2013, -71,2°C qui pulvérise l’ancien qui datait de 1933 et qui n’était – si l’on ose dire – que de -68°C! Ne figure pas non plus le fait, pourtant remarquable que la banquise arctique a légèrement récupéré après la fonte spectaculaire et sans précédent de 2012 tandis que pour la deuxième année de suite, l'étendue de la banquise antarctique a, elle, atteint un nouveau maximum avec 19,47 millions de km2, soit environ 30.000 km2 de plus que le record précédent, établi en 2012, et 2,6 % de plus que la moyenne calculée pour la période 1981-2010.
  • En France, si est mentionnée une tornade dont le lien avec le changement climatique est des plus hypothétiques, rien sur les records de froid du mois de mars pourtant eux aussi remarquables. Selon François Jobard « La dernière décade de mars, du 21 au 31, est la plus froide jamais observée depuis le début des mesures à Lille, Beauvais, Strasbourg, Nancy, Caen, Cherbourg et Brest » Pour ce prévisionniste de Météo France, nous avons subi le mois de mars le plus froid enregistré en France depuis 1987, avec des températures inférieures en moyenne de 1,5 degrés Celsius aux normales saisonnières.
Bref, rien n’est explicitement affirmé mais tout est fait pour que le lecteur de cette infographie mette en relation les aléas météorologiques figurés sur la mappemonde avec un réchauffement continu et de plus en plus rapide de la planète et y voit un rapport de cause à effet. Alors que tout climatologue qui se respecte ne pourrait que répéter que tous ces événements extrêmes n’ont pas, en eux-mêmes de signification pour ce qui est de l’évolution du climat du fait de leur singularité même tandis que leur lien éventuel avec ce réchauffement, sans être exclu, est pour le moins problématique.
Avec cette infographie, la manipulation prend le pas sur l’information ou bien encore l’information se transforme en tentative de manipulation de l’opinion, ce que l’on appelle en langage politiquement correct « communication », c’est-à-dire l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes.En un mot, ce n'est que de la propagande.

Une question fondamentalement politique

La question du changement climatique a cessé d’être une question purement scientifique. Elle est devenue éminemment politique depuis qu’elle a été portée sur la place publique, que les états et les institutions internationales s’en sont saisie et que le GIEC, cet organisme hybride moitié scientifique, moitié politique a été créé. Dans un autre contexte Edwy Plenel rappelle que dans Vérité et politique la philosophe Hannah Arendt considère à juste titre que les vérités de fait sont les vérités politiquement les plus importantes. Sinon, sans vérités de fait, comment les gens pourraient-ils se forger une opinion droite ? C’est pourquoi dans le cas des controverses sur le changement climatique, des théories et données qui les nourrissent, il est important politiquement de mettre en lumière et de dénoncer les manipulations, simplifications outrancières, approximations regrettables et orientées, fussent-elles commises « pour la bonne cause». Sans compter qu’elles témoignent d’une trop grande élasticité de l’honnêteté intellectuelle de celles et ceux qui s’y livrent, une fois dévoilées elles ne manqueront pas de nuire à cette cause. D’ailleurs une cause qui nécessite d’avoir recours à de telles pratiques ne peut être bonne. Il ne faudrait pas confondre catastrophisme éclairé et catastrophisme mensonger. Par exemple, et pour ce qui importe à un écologiste, ce n’est pas en faisant croire aux gens que le ciel va leur tomber sur la tête que l’écologie réussira à leur faire changer de vision du monde, préalable nécessaire à un changement de mode de vie tout aussi nécessaire.

Samedi 16 Novembre 2013 Commentaires (0)
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