Comme Pascal Buchet l’a signalé dans l’un de ses « twitts » et comme le rapporte « Les Nouvelles de Fontenay », il y a eu deux numéros de ce magazine pour le mois d’avril, l’un préparé sous l’ancien maire, peut-être imprimé, en tout cas non diffusé ; l’autre est un remaniement du premier revu par le nouveau maire. C’est celui qui a été diffusé. Un tel remaniement avec mise au pilon éventuelle du numéro préparé sous l’ancienne municipalité est-il justifié ou bien est-il la preuve d’un certain sectarisme de la nouvelle majorité, voire d’une attitude revancharde : vae victis, malheur aux vaincus ?


Couverture du magazine "revu" d'avril 2014
Couverture du magazine "revu" d'avril 2014
Pour essayer de répondre de façon objective à ces questions, plutôt que de comparer d’emblée les deux versions, je préfère d’abord comparer le numéro de 2014 revu avec celui de 2008 qui présentait le nouveau conseil municipal issu des élections d’alors. Malheureusement, en 2008, les numéros du magazine n’étaient pas encore numérisés et il n’est pas possible de donner à voir la première de couverture de ce numéro.
Mise à part la couleur du bandeau bleu en 2014, bistre en 2008, les couvertures des magazines d’avril 2008 et d’avril 2014 remanié se ressemblent beaucoup à quelques petites différences prés, peut-être significatives. Évidemment, ce ne sont pas les mêmes élus qui sont photographiés mais ils le sont à-peu-près au même endroit sur le square Pompidou et approximativement dans la même posture.

Pour la petite histoire, il faut remarquer que la photo de 2008 a été retouchée : ni Dominique Lafon, ni Patricia Guyon n’étaient présents lors de la prise de vue...

On notera aussi une autre différence. Sur la photo de 2008, seul le maire porte son écharpe. Sur celle d’avril 2014, le maire et l’ensemble de ses adjoints arborent leurs écharpes. Un symbole ? Et si c’est le cas, que signifie-t-il ?

Il est assez cocasse de voir sur ce square paré de ses fleurs printanières poser pour la photo Murielle Galante-Guileminot côte à côte ou presque avec Michel Faye, en tout cas dans la même équipe que ce dernier.
Murielle Galante-Guileminot était adjointe dans l’équipe d’Alain Moizan et le soutenait dans son projet de « bétonner » ce square, alors que Michel Faye était avec Monique Lecante, Denis Ledoux, Michèle Calippe, Jean-Jacques Fredouille et moi-même, l’un des leaders de l’opposition populaire à ce projet. Madame Guilleminot disait à l’époque pis que pendre de Monsieur Faye qui la stigmatisait comme « arbricide » ! Il est vrai qu’il y a bien des années de cela et que toutes ces années que l’un et l’autre ont passées dans l’opposition ont fini par les rapprocher…Elles ont aussi émoussé le symbole que représente l’existence de ce square : la résistance victorieuse de la population à la frénésie de bétonnage qui saisit parfois leurs élus.

Le journal s’ouvre ensuite sur le discours du nouveau maire, comme cela avait été le cas de celui de 2008. Comme en 2008 et dans une mise en page sensiblement identique, il inclut le trombinoscope des nouveaux élus avec mention de leurs délégations lorsqu’ils appartiennent à la majorité.

Le magazine de 2014 première version n’avait pas de tribune libre. Seul l’ancien maire se donnait la parole dans son édito. Dans la version diffusée, cette rubrique manque de diversité puisqu’elle ne comporte que cet édito du maire battu. «Je resterai ce Maire de tous les Fontenaisiens que j’ai toujours été et je ne vous quitterai pas. (…)Je vous aime ! » écrit Pascal Buchet dans cet édito. Ok ! Mais maire, il ne l’est plus et on aurait bien aimé avoir les analyses des autres sensibilités qui composaient l’ancienne majorité. Que pensent de ces résultats et de cette alternance les communistes et les écologistes ? Dans le magazine de 2008, les différents groupes de la majorité et de l’opposition avaient pu s’exprimer bien que tous n’aient pas saisi cette opportunité. Les nouveaux groupes n’étaient sans doute pas encore constitués au moment de la parution du numéro de 2014. Il faut dire qu’en 2014, le deuxième tour a eu lieu le 30 mars à la différence de 2008, où l’élection avait été faite dès le premier tour dès le 9 mars avec un conseil municipal d’installation le 15 mars… Il faut donc attendre la suite pour juger cette rubrique !

Enfin, le nombre de pages du magazine étant fixe, l’introduction du discours du nouveau maire et la présentation du nouveau conseil municipal entrainaient mécaniquement la suppression ou le raccourcissement d’articles de la version initiale.

La version initiale ne pouvait être publiée en l’état. En effet, le magazine s’ouvrait sur un édito d’un maire qui ne l’était plus, qui l’avait écrit après les résultats du second tour alors qu’il savait qu’il ne l’était plus ! Il était normal que l’édito soit signé du nouveau maire et qu’une large place soit consacrée au nouveau Conseil municipal. Les Fontenaisiens et les Fontenaisiennes n’allaient pas attendre un mois avant de connaître les visages de leurs nouveaux élus, leurs attributions…Il était inutile de se réfugier derrière la loi pour justifier la publication d’un numéro remanié !

La seule chose qui pose question est l’impression éventuelle de cette première version si impression il y a eu ! Qui a pu en donner l’ordre ? Qui est responsable de ce gaspillage de papier, d’énergie et d’argent (environ 15 000 €)?

Lundi 28 Avril 2014 Commentaires (0)

Fontenay-aux-Roses a donc un nouveau maire, Laurent Vastel (UMP) qui a su réunir autour de lui une coalition d’opposants à l’ancien maire. Une période s’achève. Elle aura duré près de vingt ans. En tant que maire-adjoint à l’environnement jusque l’an dernier, j’y ai pris ma part. Me retirant un peu avant l’heure, j’avais pris soin de préparer la relève. Grâce à de jeunes écologistes convaincu(e)s, elle était prometteuse. Hélas, le suffrage universel en a décidé autrement ! En prendre acte n’interdit pas de s’inquiéter ou à tout le moins de s’interroger pour l’avenir de Fontenay qui s’est dotée d’une équipe hétéroclite dont les leaders s’étripaient naguère joyeusement, qui s’est unie dans la précipitation de l’entre-deux tours moins autour d’un programme encore bien vague que pour renverser le maire sortant, un objectif que les résultats du premier tour permettaient d’espérer atteindre. Mais maintenant qui l’a été, vont-ils encore s’entendre ? Que vont-ils faire ? Je crains fort que l’une des mesures que prendra la nouvelle municipalité sera la remise en cause de la politique environnementale que j’ai menée toutes ces années et notamment les efforts entrepris pour gérer les espaces verts et la voirie dans le souci du bien-être et de la santé des gens comme de celui de préserver la nature en ville et de conforter la biodiversité ordinaire qui s’y manifeste.


Pourtant pérenniser une telle politique serait d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui, la biodiversité est partout menacée qu’elle soit patrimoniale ou ordinaire et que les villes, paradoxalement, sont des refuges pour des espèces que l’agriculture industrielle et chimique a pratiquement fait disparaître des campagnes. L'extension des territoires urbanisés et le déséquilibre des écosystèmes devraient conduire la municipalité de Fontenay – et celle des autres communes de France – à considérer que la nature en ville a d’autres fonctions qu’esthétiques et cela d'autant que, répétons-le, la ville se révèle bien plus hospitalière pour la faune et la flore que l’on a tendance à croire, à condition bien sûr, que la politique de gestion de l’espace public vise aussi à préserver cette faune et cette flore. Comme le remarque Alain Rollet, ingénieur territorial principal en aménagements paysagers, préserver aujourd’hui cette Nature ordinaire qui a trouvé refuge en ville, c’est, peut-être, préserver la Nature patrimoniale de demain !

Emmanuel Chambon nommé Conseiller délégué aux espaces verts : une volonté de rompre avec la gestion écologique des espaces publics qui avait cours jusqu’à maintenant ?

Mes craintes sont d’autant plus fondées que l’élu qui a la délégation des espaces verts est Emmanuel Chambon, l’ennemi déclaré des «herbes folles », l’homme qui confond une gestion qui préserve la biodiversité avec un laisser-aller et un manque d’entretien des espaces verts, des pieds des arbres et des caniveaux. Il est celui qui veut cantonner la nature en ville dans des espaces clos alors que même les plantes ont besoin de se déplacer grâce à la circulation de leurs graines et de leur pollen, qu’elles ont besoin pour cela des pieds des arbres d’alignement, des murs, d’interstices urbains.

Ils sont autant de relais indispensables pour assurer la continuité entre les populations de plantes sauvages des espaces naturels plus vastes (les squares, la Coulée verte, les parcs comme l’espace Boris Vildé, le Talus du Panorama, et au-delà de Fontenay, le Parc Henri Sellier, le bois de Clamart et la Forêt de Meudon…). C’est précisément de tous ces endroits que Monsieur Chambon veut les éliminer pour faire place nette, car comme de juste, pour lui la Nature est sale. Ce n’est pas un procès d’intention que j’instruis là. Je ne fais que reprendre des extraits de son blog.

Des espaces publics « bien entretenus » au sens où l’entend Monsieur Chambon, ce sont des espaces où il n’y a plus aucune herbe sauvage. Il n’y a pas de miracle. Une telle entreprise d’éradication ne peut se faire sans un recours au glyphosate. Bienvenue au chevalier Roundup® ! Le voilà de retour à Fontenay, il va éliminer toutes ces sauvageonnes. Adieu à la politique du « zéro phyto », c’est-à-dire une gestion et un entretien des espaces verts et des espaces publics sans utilisation d’herbicide et de pesticide de synthèse. Du moins pour un temps, puisque la ville devra se conformer à l’interdiction de l’utilisation de ces herbicides et pesticides qui prendra effet en 2020. Et, inéluctablement, on verra de nouveau les caniveaux s’orner de l’or des pissenlits, la véronique égayer de ses discrètes petites fleurs bleu vif les parterres où s’inviteront des renoncules, sauf à constituer de véritables brigades de « cantonniers » dont la tâche sera l’arrachage manuel ou à la binette de toutes ces fleurs des champs, tâche ingrate et sans cesse à recommencer… Bien sûr, il ne s’agit pas de se laisser envahir ; il s’agit de maîtriser les herbes sauvages, non de les éradiquer mais de les accepter au pied des arbres d’alignement par exemple où elles jouent aussi un rôle de répulsif canin pour le plus grand bien de l’arbre.

Faut-il craindre également la disparition des prairies fleuries comme celle qui agrémentait l’entrée du Château Sainte Barbe ? Quel sera le devenir de l’espace Boris Vildé ? Du verger conservatoire et de la mare du 22, avenue Lombart qui fut l’objet de tant de sarcasmes de la part de la droite lorsqu’elle était dans l’opposition ? Je n’oublie pas que Madame Galante-Guilleminot, aujourd’hui 2ième Maire-adjointe, voulait édifier un grand « stade nautique » sur cette parcelle et peut-être aussi sur le Square des anciens combattants qui la jouxte mais je me rassure en pensant que la période de « vaches maigres » qui attend les collectivités territoriales mettra un coup d’arrêt à ce projet aussi pharaonique que peu écologique.

C’est le maire qui décidera…

Emmanuel Chambon, conseiller délégué aux espaces verts et à l’environnement devra compter avec Michel Faye, 7ième Maire-adjoint qui a aussi dans sa délégation l’environnement et le cadre de vie. Feront-ils « bon ménage » ? Ce n’est pas sûr. Deux élus pour un même domaine est une source de conflits potentiels… Michel Faye aura-t-il la possibilité, la volonté de tempérer les ardeurs du Conseiller délégué ? Difficile à dire. Ses prises de position passées témoignent d’un souci de l’environnement, mais trop souvent il s’agissait de surenchères à visées électoralistes.

Sur ce dossier un troisième élu aura, lui aussi, voix au chapitre ! Il s’agit de Dominique Lafon, 3ième Maire-adjoint qui a le développement durable dans ses délégations. A ce titre, il lui incombe de mettre en œuvre le Projet Territorial de Développement Durable (PTDD) élaboré à l’agglo en concertation avec les communes. Il connait bien ce PTDD puisque nous co-présidions ensemble le comité de pilotage lors de la mandature précédente. Dans ce PTDD, la protection de la biodiversité figure en bonne place dans la partie environnementale. Il précise en effet : « Pour maintenir et enrichir la biodiversité sur son territoire, la CA s'engage à: préserver et développer des éléments de «nature ordinaire » en les mariant aux éléments urbains et aux espaces vert; adopter une gestion écologique des espaces verts : promotion de la biodiversité (essences locales), suppression des pesticides et herbicides de synthèse; maintenir et si possible accroître la surface en espaces verts et naturels ». Pour réaliser ces objectifs, les services des espaces verts des quatre villes ont élaboré en concertation un guide des « bonnes pratiques ».

Dominique Lafon sera-t-il en mesure de faire appliquer cette orientation du PTDD qu’il avait validé naguère lors de la précédente mandature, en tant que co-président du comité de pilotage de ce PTDD ? Ces orientations du PTDD entrent en dissonance avec les propos tenus par Emmanuel Chambon dans son blog et sa vision d’une ville « propre » et on voit mal Fontenay faire cavalier seul pour en revenir à une vision de la gestion de l’espace public périmée depuis plus de dix ans.

Trois élus aux vues différentes sur un même domaine, c’est donc le Maire qui décidera. Il est bien difficile de savoir en quel sens !
Dans un billet d’humeur paru dans « les Nouvelles de Fontenay », Francis Rondelez lui demande à juste titre de préciser son programme de façon concrète : «Les habitants de Fontenay attendent maintenant que vous élaboriez rapidement un programme électoral commun pour la mandature à venir, et que vous le fassiez connaitre à tous afin que chacun puisse connaitre vos buts et vos intentions. Cette mise au clair est d’autant plus indispensable que la majorité est constituée de 4 pôles qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble et ont parfois exprimé des visions différentes de l’avenir de Fontenay-aux-Roses dans leurs déclarations du premier tour. » (ici

Si le nouveau maire voulait revenir à une gestion des espaces publics et à une vision de leur devenir dépassée comme tente de le faire son homologue UMP de Toulouse où le nouvel édile tente de réduire à néant une gestion écologique de l’espace public semblable à celle que j’avais mise en œuvre à Fontenay avec l’accord de l’ancien maire, j’espère que, comme à Toulouse où une pétition postée sur Internet a déjà reçu plus de 3000 signatures, il trouvera sur sa route des citoyens concernés, écologistes ou non, naturalistes engagés, simples particuliers soucieux de la santé publique et de celle des jardiniers que préservait le « zéro phyto ».

Ils demanderont au nouveau Maire, Monsieur Laurent Vastel qu’à Fontenay :
- ne soient pas utiliser de produits phytosanitaires de synthèse,
- soient maintenues des pratiques favorables à la biodiversité mises en place par les agents municipaux dans les espaces verts de la ville,
- que soit valorisée et développée la place de la nature en ville,
- que soient maintenus les prairies urbaines, le verger conservatoire et la petite zone humide associée.

Une telle politique n’est ni de gauche, ni de droite. Elle est mise en œuvre dans des villes qui ont des maires et des équipes dirigeantes de colorations diverses. Elle est bonne pour la santé et le bien-être des habitants, elle est bonne pour la Planète.

Autres articles sur des sujets reliés à consulter sur ce blog:
  • Emmanuel Chambon et les herbes folles : le grand désamour ?
ici
  • L’opposition municipale à Fontenay-aux-Roses : fait-elle l’idiote ou l’est-elle vraiment?
ici

Mercredi 23 Avril 2014

En pleine démagogie, Ségolène Royal, à peine installée au ministère de l’écologie prône la « remise à plat de l’écotaxe » sous prétexte que l’écologie ne doit pas être punitive. Alors que dans l’affaire, si l’écotaxe est supprimée, ce sont les contribuables qui seront punis ! Ce sont eux, c’est-à-dire nous tous, qui financeront l’entretien des routes au lieu qu’il le soit par les entreprises qui les utilisent et les dégradent avec leurs poids lourds ! Il ne faut pas oublier non plus que l’écotaxe est une ressource sans laquelle il ne sera pas possible de financer les grandes autoroutes maritimes, fluviales et ferroviaires. Sans même parler de la diminution de la pollution engendrée par le transport routier, ces infrastructures seront d’autant plus nécessaires que le prix des carburants et notamment du gazole ne peuvent qu’augmenter !


C’est cela qu’il faut expliquer à la population et notamment aux Bretons. Certes depuis 1532, date du traité d’union de la Bretagne à la France, les routes en Bretagne ont été gratuites pour tous. Cependant si cet état de fait historique n’est pas remis en cause par l’instauration sous une forme ou une autre d’une pollutaxe, ce sera la Bretagne qui sera l’une des régions les plus pénalisée par cet abandon et c’est bien là le paradoxe ! Un paradoxe qui devrait donner bon espoir aux hommes et femmes politiques qui ne capitulent pas devant les démagogues ! Il doit être possible de convaincre les Bretons, de montrer, y compris aux paysans, que leur intérêt n’est pas le même que celui des grands groupes volaillers.

Voici un texte courageux, solidement argumenté d’une Conseillère régionale verte de Bretagne, Gaëlle Rougier qui garde toute son actualité bien que publié en octobre 2013, lorsque sévissaient les « bonnets rouges », un texte où les enjeux de l’écotaxe pour la Bretagne et au-delà sont clairement exposés. Dommage que Ségolène Royale ne l’ait pas lu – ou si, elle l’a lu, qu’elle n’en ait tenu aucun compte !

« Nombre d’affirmations fantaisistes – pour ne pas dire démagogiques – circulent sur l’écotaxe. Nous voulons rétablir quelques vérités.

L’éco-taxe, une nouvelle gabelle ? Rappelons cette vérité simple que ses détracteurs se gardent bien de clamer : si les routes bretonnes sont gratuites pour les usagers, leur coût est financé par l’impôt et donc par l’ensemble des contribuables bretons. Ainsi, pour les bretons, l’éco-taxe poids lourds est une bonne nouvelle : en taxant les entreprises, elle allège le coût des infrastructures de transports pour tous les contribuables. Elle est, en cela, une mesure sociale.

Les détracteurs de l’éco-taxe se présentent comme les défenseurs de Bretagne et de ses intérêts. Mais alors que les régions disposent de toujours moins de moyens, l’éco-taxe est une manne indispensable pour financer les grandes autoroutes maritimes, fluviales et ferroviaires dont nous avons besoin pour se connecter aux réseaux économiques européens. S’ils sont contre l’éco-taxe, que proposent-ils donc pour financer l’ambition ferroviaire bretonne ? Rien. On assiste à une manipulation de l’histoire bretonne au profit du conservatisme patronal. Quand le prix du gazole aura doublé, comment la Bretagne exportera ses productions si elles ne disposent pas d’infrastructures de fret ferroviaire ou maritime ? L’éco-taxe permet d’engager la transition de l’économie bretonne et donc d’assurer l’avenir de nos emplois. Ne pas fournir cet effort fiscal aujourd’hui, c’est organiser notre propre défaite demain.

L’éco-taxe tue des emplois ? On atteint le summum de l’hypocrisie quand ceux qui sont aux commandes depuis des années font porter à l’éco-taxe le chapeau de la désindustrialisation alors même qu’elle n’est pas mise en place. La réalité est qu’ils cherchent à se défausser de leurs responsabilités dans la crise dramatique de l’agro-alimentaire breton. Rappelons que si GAD est en difficulté, c’est notamment parce que 700 000 porcs bretons sont envoyés à l’abattage en Allemagne. Cela n’est rendu possible que parce qu’il est moins cher d’exporter par la route vers l’est de l’Europe que d’abattre les porcs en Bretagne. L’éco-taxe touche essentiellement les grandes entreprises exportatrices, beaucoup moins les PME bretonnes tournées vers le marché régional. En augmentant le coût du transport, l’écotaxe peut inciter les groupes agro-alimentaires à relocaliser une partie de leurs activités et des emplois.

Enfin, le report de la route vers des modes de transport moins polluants et moins énergivores est une urgence vitale. La lutte contre le réchauffement climatique et pour une meilleure qualité de l’air est de notre responsabilité commune ici et maintenant !

Dans ce contexte, la demande d’un moratoire par la droite et la gauche bretonne n’a de sens que si celui-ci est mis à profit pour engager la mutation du modèle économique breton vers des productions à haute valeur ajoutée, respectueuses des droits sociaux, de l’environnement, et favorisant la relocalisation des activités. Si ce n’était pas le cas, le moratoire serait simplement un énième renoncement face aux lobbies des grands patrons. Nous verrions alors s’éloigner notre volonté de voir émerger une Bretagne connectée au monde, une Bretagne solidaire où les entreprises, autant que les usagers, participent à façonner l’économie de demain et l’avenir de nos enfants. »
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Mercredi 16 Avril 2014 Commentaires (0)
Valls : un nouveau premier ministre pour une même politique!
Une majorité de députés EELV a dû se plier la mort dans l'âme à la nouvelle ligne politique de "soutien critique" sans participation au nouveau gouvernement dirigé par Valls. Ces députés, dix sur les dix-sept que comprend le groupe, ont pris bien soin de se réclamer non seulement de la « majorité présidentielle » mais de s’accrocher à la « majorité gouvernementale ». Pour eux, il s'agit avant tout de ne pas se fâcher avec le grand frère PS sans lequel il leur sera difficile de retrouver un siège de député(e). Ils ont donc choisi de voter la confiance à ce gouvernement et tant pis pour la cohérence !
En s’abstenant ou en votant contre la confiance, une petite minorité, à la fois plus courageuse et plus conséquente a choisi d’être en phase avec la ligne de «non-participation gouvernementale» courageusement impulsée par Cécile Duflot et Pascal Canfin, les deux ministres sortants qui en ont eu assez de devoir manger leur chapeau et d’être roulés dans la farine…. Pour leur crédibilité, il est presque trop tard mais pour l’écologie, ce choix – dont on mesure combien il a dû être difficile pour ces deux ambitieux – a été le bon pour l’écologie. Ils ne sont, hélas, que sept députés sur dix-sept à leur avoir résolument emboîté le pas.

Voici la liste des députés EELV qui font allégeance à Valls :
Éric Alauzet
Brigitte Allain
Danielle Auroi
Denis Baupin
François-Michel Lambert
Véronique Massonneau
Paul Molac
Barbara Pompili
Jean-Louis Roumégas
François de Rugy

La liste de ceux qui se sont abstenus:
Laurence Abeille
Michèle Bonneton
Christophe Cavard
Sergio Coronado
Noël Mamère
Eva Sas

Seule Isabelle Attard a voté contre mais elle n’est plus qu’apparentée EELV. Elle a quitté le parti pour rejoindre « La nouvelle donne ».

Michèle Bonneton a publié sur son blog l’explication de son vote. La voici :

Tout d’abord sur la méthode : la nomination du Premier Ministre, des ministres, de la politique générale…tout cela n’a pris que 8 jours ! Dans ces conditions il est quasiment impossible de discuter sur le fond, de faire bouger les uns et les autres, de trouver des solutions largement partagées. Nos institutions poussent à cette précipitation et à cette personnalisation, mais un peu de raison pourrait modérer cette phase décisive de la vie politique de notre pays.
La déclaration du Premier Ministre du 8 avril est apparue très énergique et volontaire. Cependant un peu floue quant au financement du Pacte de responsabilité et de solidarité (économiser 39 milliards : ça va très très dur pour les Français ; et il en manque encore 11 pour faire 50 milliards). L’engagement sur la transition écologique a été acté ; rien n’a été dit sur la pollutaxe, les OGM, les gaz de schiste, la biodiversité, le Lyon-Turin. Rien non plus sur l’accord transatlantique qui est en train d’être négocié (et dont débattent les allemands) ; bien que cet accord pourrait modifier en profondeur nos vies au quotidien. Rien sur les orientations de l’Union Européenne ultralibérale dont on ne veut plus. Rien non plus sur la chasse aux niches fiscales néfastes (Censi-Bouvard, Dom-Tom, etc.) sur les dizaines de milliards que l’on pouvait récupérer sur les fraudes fiscales (à la TVA entre autres), rien sur la lutte contre l’évasion fiscale.

Le cap n’a pas changé : c’est celui fixé par François Hollande.
La majorité des députés de notre groupe souhaite malgré tout voter « pour » la confiance, de façon à pouvoir peser sur les choix à venir, disent-ils. Ce serait un « oui, mais » ; seulement, voilà, le « mais » n’apparaît pas dans un vote « pour »…illisible après notre sortie du gouvernement !
Personnellement je pencherai pour un vote « contre », mais compte tenu de la position du groupe, je m’abstiendrai. Il devrait y avoir 10 « pour » et 6 « abstentions » : je propose que ce soit une position assumée par le groupe, pour affirmer son adhésion critique ; ce point de vue accepté à l’unanimité (sauf un) lors de notre réunion de groupe n’a pas été repris lors des prises de parole publiques.



Illustration:
Délirius

Mercredi 9 Avril 2014 Commentaires (0)

Le NARG (Non à l’Abattoir Rituel de Guéret) a gagné. Il a su mobilisé l’opinion publique, à Guéret et bien au-delà, contre cet abattoir et plus généralement contre cette pratique. C’est par un communiqué que la Sovialim, et son PDG Mustapha Masri ont annoncé qu’ils renonçaient à ce projet.


Pour autant le NARG ne renonce pas à la manifestation nationale qu’il organise à Guéret le samedi 29 mars. Le NARG indique dans son appel à manifester qu’il s’agit « d’une part, pour dissuader le futur maire de Guéret de revenir en arrière et voir réapparaitre ce projet après les élections. D’autre part, cette victoire doit être retentissante et connue de la France entière, pour maximiser son impact. Enfin, cet évènement sera l’occasion de lancer officiellement notre campagne auprès de Bruxelles et du gouvernement. Nous faisons le choix, plutôt que de perdre notre énergie en luttant au cas par cas, les abattoirs mixtes se multipliant à vitesse grand V, de régler le problème à la source donc faire pression sur le gouvernement pour qu’il légifère en faveur de l’obligation d’étourdissement préalable et auprès de Bruxelles pour l’obligation d’étiquetage des viandes selon le mode d’abattage. Nous pouvons y parvenir, tous ensemble ! »

● Sur cet abattoir et l’attitude des pouvoir publics voir ici même « Abattage rituel par égorgement sans étourdissement : Hollande se défile, Le Foll approuve !!! »
Il n’y aura pas d’abattoir industriel Hallal à Guéret (Creuse) !

Vendredi 21 Mars 2014 Commentaires (0)
Beau temps sur la France

Jeudi 13 Mars 2014 Commentaires (0)

Des milliers de manifestants ont défilé dans Nantes le samedi 22 février 2014 pour faire échec au projet d’aéroport et protéger la biodiversité du bocage de Notre-Dame-des-Landes. Pour la première fois en France, ce souci de la biodiversité était au cœur d’une manifestation de grande ampleur. Cela montre que se développe une prise de conscience collective de la nécessité de protéger la nature contre les ravages que commettent contre elle aménageurs et autres promoteurs à Notre Dame des Landes comme partout ailleurs. Ce ne sont ni les fumées des grenades lacrymogènes, ni le bruit des grenades assourdissantes, ni les violences policières de l’état PS – Europe Ecologie les Verts qui l’étoufferont.


Les tritons manifestent
Les tritons manifestent
Voici le texte des « Naturalistes en lutte » qui a été lu lors de la prise de parole le 22 février. Cette prise de parole détaille les résultats des inventaires naturalistes menés par ce groupe de bénévoles. Ils mettent en évidence la richesse biologique du bocage de Notre Dame des Landes à la fois « château d’eau » et réservoir de biodiversité. Ce texte rend aussi hommage aux paysans qui ont préservé les richesses naturelles de ce territoire par leurs pratiques agricoles non productivistes. Il dénonce l’insuffisance et l’inefficacité des mesures compensatoires proposées et démontre qu’en fait, il n’y a pas de compensation possible à la destruction de cette zone bocagère.
La fin du texte quitte le terrain proprement naturaliste pour souligner une autre richesse, celle des liens tissés entre des gens aussi différents que zadistes, paysans et naturalistes. Ensembles, ils montrent qu’un autre monde est possible.

J'ai l 'honneur de prendre la parole au nom des Naturalistes en lutte, un groupe de bénévoles, créé en décembre 2012, autour d'un objectif commun : réaliser l'inventaire des habitats naturels, de la faune et de la flore sur le site de Notre-Dame-des-Landes, la ZAD 44. En 2013, plus de 200 participants ont témoigné de l'existant, passant des weeks-ends, des soirées, des nuits à arpenter ce bocage humide. Ces témoins sont des volontaires, accompagnés par des spécialistes, mus par le désir de donner de leur temps pour une cause commune. Chaque observation a été minutieusement consignée puis cartographiée.

Le bilan ? Des centaines d'espèces ont été notées, dépassant le millier rien que pour les insectes ; des habitats remarquables ont été cartographiés, bien plus que dans le rapport officiel ; et surtout nous avons dressé le constat étonnant que nous sommes en présence d'un assemblage unique pour le département voire de la région. Unique par sa composition et sa densité, unique par sa fonctionnalité. Du rarement vu.

C'est une relique précieuse d'une époque précédant la folie destructive du productivisme. En effet, aujourd'hui, le bocage, ce milieu de faible pression humaine, est considéré comme le plus menacé en Europe. Rien que sur cette surface de 1 600 ha, nous avons noté plus de 170 km de haies, plus 200 mares, dont pas moins de 186 habités par des grenouilles, des tritons ; nous avons noté une présence exceptionnelle en nombre du Campagnol amphibie, un petit rongeur devenu peau de chagrin en Loire-Atlantique ; nous avons noté des espèces nouvelles pour le département et d'autres pour la région ; nous avons des cortèges d'espèces devenant de plus en plus rare.

Le site de Notre-Dame-des-Landes est une connexion entre le bassin de la Vilaine et celui de Loire ; il n'est pas seulement un château d'eau, c'est aussi une source de biodiversité.
Le dossier évoque les mesures compensatoires. « Éviter, réduire, compenser », telle est la séquence de l'étude d'impact. Or, dans ce projet, il n'y aura ni évitement ni réduction ; l'ensemble de la ZAD est à compenser. Pour réaliser ce tour de force, la compensation a été calculée en unité compensatoire s'apparentant à des valeurs surfaciques. Autrement dit, si des êtres chers sont ensevelis par des bulldozers ils pourront être compensés par un club de rencontres, soit les futures mares en attendant que les prochaines zones commerciales les comblent. Dans ce cas de figure, et au regard des enjeux majeurs d'importance départementale, régionale voire nationale, il est bien entendu qu'il n'y a pas de compensation possible.

Le dossier parle de déplacements à titre compensatoire. Attention ! Cela est évoqué pour une plante et une espèce d'insecte sur les plus de 1000 que nous avons recensées. Pour les Amphibiens, les déplacements sont évoqués à titre expérimental et non à titre compensatoire. Cela concerne que deux espèces, sur les 10 présentes, et que 19 mares sur les plus de 200 ponctuant le site. De plus, sur le plan scientifique, nous savons déjà qu'en aucun cas ce prélèvement sera significatif de la population présente.

Nos résultats vont permettre d'alimenter les recours juridiques. Pour la partie habitats naturels, faune et flore, ces recours ont été déposés par France Nature Environnement, Bretagne vivante, la Ligue pour la protection des Oiseaux, Eau et Rivières de Bretagne et SOS Loire Vivante.

Pourquoi une telle richesse ? Par son contexte hydrographique, certes. Mais aussi et surtout, parce que des paysans ont opté pour une autre manière de produire. Des paysans qui n'arrachent pas les haies ; des paysans qui ne drainent pas ; et pour autant des paysans qui vivent bien, entourés de milliers d'autres êtres vivants.

Autre richesse : les liens. Dans ce contexte, paysans, zadistes et naturalistes se sont liés, se sont écoutés et aujourd'hui, nous marchons ensemble parce que nous comprenons que la seule manière d'avancer n'est pas la compétition ou le conflit, mais la coopération et l'écoute. Notre-Dame-des-Landes, c'est la preuve qu'un autre monde est possible. Un monde où progresse le respect d'autrui, un monde où la non-violence est recherchée. Notre-Dame-des-Landes devient un nouveau symbole d'espoir.
Plutôt que les 3 V de « Veni, vidi, vi(n)ci » nous proposons les 3 V de « Victoire, de la vérité et du vivant. »

Que tous ceux qui en ont marre du mensonge,
Pour tous ceux qui en ont marre de cette logique de mort
Pour tous ceux qui veulent un autre monde
Pour tous ceux qui veulent cohabiter avec l'ensemble des terriens humains et non-humains,
Pour afficher notre volonté de vivre autrement.
Pour un symbole fort de notre détermination,

Ouvrons la main gauche, côté cœur, bien haut, comme une antenne nous reliant tous les uns aux autres, comme les doigts d'une même communauté.

Nous ne lâcherons rien.

Source Les naturalistes en lutte
Photo : Les naturalistes en lutte

Jeudi 6 Mars 2014 Commentaires (0)

C’est la leçon politique majeure que doivent tirer les écologistes d’une analyse « à froid » des événements du 22 février à Nantes.


Un succès sans précédent

La manifestation à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes du Samedi 22 février a été un succès : entre trente et cinquante mille manifestants et plus de cinq cents tracteurs, manifestation d’une ampleur sans précédent dans cette ville. Les quelques affrontements avec les forces de l’Etat PS- EELV n’ont produit que des dégâts limités sur des objectifs, somme toute ciblés comme est obligé de le reconnaitre Hervé Kempf dans son édito : « un bureau de la société Vinci, et deux agences de voyage, l’une de la SNCF (contre le projet Lyon-Turin), et l’autre de Nouvelles frontières (qui promeut des voyages en avion). Il n’y a pas eu de destruction généralisée, de volonté de saccage, de pillage. Les destructions avaient un sens politique, comme l’ont été le tagage d’un commissariat ou de l’hôtel de ville ou la destruction de deux engins de chantier » qui appartenait à l’omniprésent Vinci. Cela n’a rien à voir avec une «guérilla urbaine » D’ailleurs pour s’en rendre convaincre, il suffisait de comparer les images qui parvenait de Nantes, même savamment mises en scène et celles qui parvenaient de Kiev !

A Nantes, le 22 février, la violence, la vraie, était policière…

Il faut dégonfler le matraquage médiatique sur la manif qui dégénère et redonner aux événements leurs justes proportions. Nantes n’a pas été mise à feu et à sang ! La prétendue « violence » s’est exercée contre des bâtiments, des engins, du mobilier mais pas contre des personnes. Des destructions de ce genre ne sont pas incompatibles avec la « non-violence » même si elles sont limites comme le sont les « démontages » de Macdo et le « fauchage » des champs OGM. Il y a bien eu quelques gendarmes et CRS contusionnés mais les blessés sont surtout du côté des antis aéroports. Deux jeunes manifestants ont sérieusement touchés au visage et ils vont perdre un œil. Les témoignages sont concordants, les forces dites de l’ordre ont fait usage de grenades assourdissantes, de tirs de flashballs pour blesser et pas seulement pour disperser les manifestants. A Nantes, le 22 février, la violence, la vraie, était policière…
Aucune condamnation de cette violence-là de la part d’EELV, aucun mot de soutien pour les manifestants blessés. Mais une condamnation ferme, appuyée, répétée des « casseurs » ! Alors qu’EELV n’a jamais (et c'est heureux!) condamné les démontages de Macdo et les destructions de cultures OGM.
Les événements de Nantes contrarient les stratégies et plans de carrière des politiciens locaux et nationaux de ce parti et il est évident que si Duflot avait pu se douter de l’ampleur de la manifestation et de sa radicalité, elle se serait abstenue de toute déclaration de soutien. Certes, EELV continue d’affirmer son opposition à la réalisation de l’aéroport, affichant sa divergence avec le PS mais renoue avec Ayrault, Valls, et les caciques locaux du PS en condamnant les « violences » dues aux « casseurs » et en faisant de la question de l’aéroport une question secondaire.

Quentin, gravement blessé à l'œil le 22 février à Nantes
Quentin, gravement blessé à l'œil le 22 février à Nantes
Ainsi François de Rugy aurait déclaré selon l’Express (22/02/2014) : « Notre-Dame-des-Landes n'est pas fondamental pour l'avenir de Nantes » en accord avec un autre élu Vert Jaune par la grâce du PS, le sénateur EELV Ronan Dantec qui affirme, propos rapportés dans le même article de l’Express : «L'enjeu, c'est que le territoire reste à gauche. En 2001 déjà, lors de notre premier accord Verts-PS, notre divergence sur Notre-Dame-des-Landes avait été inscrite dans le programme. Après, sur chaque point, chacun vit sa vie. »

Canfin s'affirme sur la même longueur d'onde qu'Ayrault!

Les événements récents et notamment la manifestation du 22 février faisant qu’il devient difficile que « chacun vive sa vie » EELV et PS se retrouvent pour taper de concert sur les « casseurs » et même les « zadistes ». Ainsi le communiqué du Bureau National des verdâtres d’EELV « déplore la présence d’éléments perturbateurs et condamne fermement les dégradations et les actes de violences en marge de la manifestation. » tandis que pour Pascal Canfin, « il n’y a aucun problème » « Nous avons condamné fermement les violences. Nous n'avons rien à voir avec des gens qui viennent casser un centre-ville » a-t-il déclaré sur France inter le dimanche 23 Février précisant même : « Nous sommes parfaitement sur la même longueur d'onde que Jean-Marc Ayrault » ! Les manifestants blessés par les CRS seront sans doute très heureux de l’entendre dire.

De Rugy crie haro sur les "casseurs" et ne veut plus de manifestation à Nantes

Mais celui qui a tapé le plus fort et avec le plus de constance, c’est François de Rugy, député local qui sait qu’il doit sa petite carrière politique et son siège de député au PS. Il n’est pas non plus dépourvu d’ambitions ministérielles. Et voilà que des trouble-fête qui osent tagger un commissariat et saccager des bureaux de la société Vinci risquent de réduire à néant ses belles espérances. Aussi dès le soir de la manifestation et avec un zèle jamais démenti depuis il s’est employé à condamner les « Black Blocs», les zadistes, la « violence », la prétendue « guérilla urbaine», en rajoutant même sur les propos du sinistre Ministre de l’Intérieur Manuel Valls pour vouer à la vindicte publique les « casseurs » qui auraient gâché la manifestation. Pour lui, il n’est plus question d’organiser des manifestations à Nantes contre le projet d’aéroport : « Nous, écologistes, nous prenons nos responsabilités et nous disons : « Plus jamais ça ! » Plus jamais nous ne laisserons ces violents avoir l’occasion de mener leur guérilla urbaine, à Nantes ou ailleurs. Donc pour être concrets, sur cette question de l’aéroport, nous ne manifesterons plus à Nantes. » En commentaire ironique, le Canard enchaîné propose qu’à l’avenir EELV aille manifester contre l’aéroport de Notre Dame des Landes à Bègles. Ce verdâtre qui tourne au jaune a le culot de s’approprier le mouvement écologiste « Nous, écologistes » a-t-il le toupet de dire comme si tous les écologistes soutenaient ses propos diviseurs et capitulards !

Après avoir refusé de mener le combat contre l’aéroport dans les hémicycles de la République, les assemblées des collectivités territoriales, donc après avoir refusé de donner un débouché politique à ce combat, voilà EELV qui renonce aussi à combattre sur le terrain pour ne pas fâcher le grand frère PS avec lequel il concocte une tambouille électorale de second tour. Vu le ton de la diatribe de de Rugy, il ne fait aucun doute qu’il n’hésiterait pas une seconde à faire appel aux CRS de Valls pour ne pas « laisser ces violents avoir l’occasion de mener leur guérilla urbaine, à Nantes » ! D’ailleurs, il n’a que mépris pour les « zadistes » qui occupent le terrain depuis des mois et sont aux avant-postes de la lutte. Ce cravaté se proclame lui-même un « français moyen » qui ne vit pas dans des cabanes et ne se pend pas aux arbres (sic) mais fait de la politique ! Contre toute évidence, il assène qu’ils nuisent à la cause anti-aéroport.

La réponse des « zadistes »

À François de Rugy comme à tous les faux culs carriéristes d’EELV qui poussent des cris d’orfraies devant les bureaux et les engins de chantier de Vinci mis à mal par les manifestants on peut répondre avec les Zadistes « Tritons crété e s contre béton armé » : « On nous demande aujourd’hui de rejeter toute idée de violence et de nous désolidariser de ceux qui ont brûlé leur machines, cassé leur vitrines, assailli leurs dispositifs. Mais personne ici n’oublie que si nous nous étions contentés de nous asseoir en travers de la route et de discuter quand ils ont débarqué le 16 octobre 2012, il n’y aurait aujourd’hui plus personne pour parler de la zad. Elle n’existerait sans doute déjà plus. »
Ayrault demandait à EELV de sortir de l’ « ambiguïté ». C’est chose faite : si Paris valait bien une messe pour Henri IV, les accords électoraux qu’ils peuvent conclure avec le PS valent bien Notre Dame des Landes pour EELV !
Mais devant l’ampleur prise par le mouvement de contestation, qu’EELV y participe ou non, l’aéroport ne se fera pas.

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Deux comptes rendus de la manifestation à lire :

Récit et analyse collective de la manifestation anti-aéroport ici

La véridique et surprenante histoire de la manifestation de Nantes par Hervé Kempf (Reporterre) ici

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Témoignage de Quentin

Quentin n'est ni un « militant pur et dur, ni activiste ». Il n'est pas plus un professionnel des manifestations. Celle-ci était sa deuxième contre l’aéroport. Il est « juste un charpentier» venu manifester avec son amie et des copains.
« J'étais pas armé, j'avais pas de masque à gaz, j'avais pas de lunettes de protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c'est vrai que je suis resté même s'il y avait les lacrymos, parce que je trouvais ça injuste et qu'il fallait rester. Y'avait des gens, y'avait des pères de famille, y'avait des anciens, y'avait un petit peu de tout et voilà, moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu'on était là »

Mardi 4 Mars 2014 Commentaires (0)

Les perce-neige sont sortis. Ils décorent les fossés et fleurissent d’une multitude de petites clochettes blanches, de gouttes de neige les sous-bois le long de la rivière. Qui pourrait soupçonner que cette petite fleur à laquelle s’attachent tant de légendes et qui sauva Ulysse des manigances d’une sorcière, synthétise des substances qui sont employées en pharmacologie pour atténuer les symptômes de la maladie d’Alzheimer et soigner le sida mais qui sont aussi très utilisées par les apprentis sorciers qui bricolent des OGM ?


Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Perce neige, goutte de neige messagère du printemps… Pour l’honorer, voici un extrait d’un des madrigaux de « La guirlande de Julie » (1641):
« Sous un voile d’argent, la Terre ensevelie
Me produit malgré sa fraîcheur
La neige conserve ma vie,
Me donnant son nom, me donne sa blancheur »

Le perce-neige annonce le printemps, la saison des amours. C’est bien ce que dit, à sa manière, avec sa grivoiserie désuète et pleine d’un charme suranné, cette chanson de 1860 :
« Veillez sur vos roses fillettes,
Le Perce-neige va briller !
(…)
Vous dont la blanche mousseline
Trahissait les jolis contours,
Dans l'hiver, sous la levantine
Vous fermez la porte aux amours.
Du bonheur, douces messagères
Laissez la pudeur sommeiller,
Reprenez vos robes légères,
Le Perce-neige va briller !

Nom
Galanthus nivalis L. 1753
[Famille des Amaryllidaceae]

Le nom du genre vient du grec γάλα, lait et de ἄνθος, fleur. Il signifie donc littéralement « fleur de lait ». Le nom de l’espèce est issu du mot latin signifiant « neige ».

En Français, le nom le plus courant est «Perce-neige», nom composé invariable, de genre masculin ou féminin sans qu’il y ait un usage bien établi. En italien il se dit bucaneve, c’est-à-dire comme en français la plante qui perce (buca) la neige (neve). En Anglais : Snowdrop, en Allemand : Schneeglöckchen (neutre), en Néerlandais, Sneeuwklokje (neutre). Dans toutes ces langues c’est la précocité du fleurissement de la plante qui est mis en avant pour la nommer mais en anglais et en allemand l’accent est mis sur la forme bombée de la fleur.

Parmi ses autres noms vernaculaires français, on peut citer : grelot blanc, goutte de lait en référence évidente à son aspect ; clochette d’hiver qui marie aspect et période de floraison ; violette de la chandeleur qui insiste plutôt sur la date que sur la couleur ; goutte de neige qui est la traduction littérale du nom anglais mais ne manque pas de charme et n’a guère été utilisé que par J.J. Rousseau ; galant d’hiver et galanthe des neiges qui sont des adaptations du nom savant.

Selon Pascal Vigneron, le vocable «perce-neige» apparaitrait pour la première fois en littérature en 1641 dans deux des madrigaux écrits pour célébrer la beauté de Julie d'Angennes dans un recueil intitulé « La guirlande de Julie » composé à l’instigation de son soupirant et futur mari le duc de Montausier.

Sous la dénomination « Perce-neige » ont longtemps été confondues deux espèces de plantes appartenant à deux genres différents : le Perce-neige et la Nivéole printanière jusqu’à ce que Linné les place dans deux genres distincts Galanthus nivalis et Leucojum vernum L. 1753. Certains botanistes contestent aujourd’hui cette organisation de la famille des Amaryllidaceae.
En fait le terme « perce-neige » comme les autres appellations vernaculaires sont ambigües botaniquement dans la mesure où elles désignent indistinctement plusieurs espèces du genre Galantheus. Cet article sera centré sur l’espèce G. nivalis, que l’on peut considérer, sinon comme indigène, du moins naturalisée depuis longtemps. Il abordera aussi d’autres espèces que l’on trouve surtout cultivées, parfois subspontanées.
 

Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Période de floraison
De Janvier à Mars.

Description
Plante herbacée de 15 – 25 cm, monoïque,
●Vivace, géophyte à bulbe ± sphérique à ovoïde, d’environs 2 – 2,4 cm x 1 – 2 cm,
Tige cylindrique, dressée, gris vert,
Deux feuilles à la base plus courtes que la tige, un peu plus large au milieu que dans le tiers supérieur et apex obtus ou acuminé, marge entière, vert un peu gris à l’avers comme au revers, parfois carénée avec une bande médiane plus ou moins large gris-vert,
●Fleur solitaire, blanche, pendante, à odeur discrète de miel, au pédoncule sortant d’une spathe arquée au pourtour membraneux, diamètre 2 cm, ovaire infère à trois loges, périgone en cloche à avec deux couronnes à trois tépales pétaloïdes libres, les trois extérieurs obovales-oblongues obtus, les trois intérieurs plus courts, d’environ la moitié, en cloche, obovales en coin, échancrés. L’extérieur des tépales internes présentent à l’apex une tache verte en V tandis que l’intérieur est marqué de vert sur presque toute sa surface. Les tépales externes peuvent présenter ou non selon les variétés à l’apex de leur face externe des marques vert jaunâtre. La fleur possède 6 étamines à filet très court et à anthères dressées, disposées en deux verticilles. Le stigmate est simple,
●Fruit capsule de 10 – 16 mm charnue, subglobuleuse contenant des semences brun clair.

Les fleurs de G. nivalis sont mellifères. La pollinisation est entomogame et dans son aire naturelle la dispersion des graines est principalement due aux fourmis. L’extension actuelle de sa répartition est surtout le fait des cultures ornementales.

On peut distinguer deux variétés la première indigène, naturalisée ou subspontanée, la seconde sans doute seulement subspontanée. Ces deux variétés peuvent s’hybrider entre elles.
G. nivalis var. nivalis, dont la spathe est formée de deux bractées soudées sur toute leur longueur, et dont les tépales externes sont dépourvus de tache verte ou jaunâtre au sommet, tache que possèdent les tépales intérieurs.
G.nivalis var. scharlockii, Caspary 1868 dont la spathe est plus longue et parfois constituée de deux bractées seulement soudées dans leur partie inférieure mais surtout dont les tépales extérieurs ont une tache vert ou vert jaunâtre au sommet comme les intérieurs. Cette variété est plus rare et son existence à l’état sauvage incertaine.
Nota bene : La nivéole printanière (Leucojum vernum, L. 1759) se distingue du perce-neige par ses 6 tépales égaux portant tous à l’apex une marque verte, par le nombre de ses feuilles de 4 à 6 au lieu de 2 dans le cas des perce-neige. Comme le tussilage ou les pétasites, ses fleurs apparaissent avant ses feuilles. La nivéole d’été (Leucojum æstivalis, L. 1759) fleurit plus tardivement avec des fleurs groupées en ombelles.

Habitat
Plante hémi-sciaphile [de demi-ombre], nitrophile, G. nivalis aime les sols profond, riches en humus, mais on le trouve aussi sur des sols à dominante sablo-argileuse. On le trouve sur différents substrats : calcaire, granitique, schisteux, volcanique, mais le pH ne doit pas être trop acide (pH ≥ 6). Son amplitude altitudinale varie de 100 à 1600 m, avec un optimum vers 600 m.
Il pousse dans les forêts caducifoliées, haies, prairies humides, parcs, abords des jardins.
Plante d’origine européo-caucasienne, finalement assez rare en France à l’état spontané, plus souvent naturalisée, uniquement naturalisée ou subspontanée au nord de la Seine.

Remarque importante
L’espèce sauvage est considérée comme quasi menacée sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Avec ses variétés, elle est protégée dans certains départements notamment le Calvados, le Cher, l’Indre et Loire, l’Isère, la Loire-Atlantique, le Loire et Cher, le Loiret, le Lot, la Lozère, la Manche, la Mayenne, les Pyrénées Atlantiques.
En Europe, le genre Galanthus est inscrit à l’annexe V de la directive Habitats-Faune-Flore. Cette annexe recense les espèces animales et végétales dont les Etats membres doivent s'assurer que les prélèvements effectués ne nuisent pas à un niveau satisfaisant de conservation en mettant en place des mesures qui dans le cas de Galanthus sont principalement la réglementation de la cueillette et de la vente de spécimens.
Au niveau international, il est inscrit à l’annexe II de la CITES (cf. ci-dessous au paragraphe concernant Galanthus elwesii)

Autres espèces du genre

Si en France il n’y a qu’une seule espèce indigène ou du moins naturalisée de longue date, le genre comprend dix-neuf espèces dont la majorité est originaire du Caucase, la limite orientale du genre étant le sud-est de la mer Caspienne. Plus au sud, d’autres espèces poussent en Turquie, dans les Balkans et la Crimée. Il existe une espèce endémique de la Mer Egée que l’on cultive ici en pots : G. ikariae Baker, 1893 (dédiée à Icare par son descripteur). Au sujet de cette dernière espèce, il faut noter une possible confusion terminologique. Dans des catalogues de bulbes et certaines encyclopédies des plantes à bulbes on trouve parfois le nom G. ikariae subsp. latifolius qui est en fait un synonyme (à éviter) de G. woronowii.

On regrettera qu’une certaine confusion terminologique règne à l’intérieur de ce genre.

Parmi les dix-neuf espèces du genre, on peut en rencontrer quelques-unes et leurs nombreux cultivars dans les jardins ou échappés et /ou naturalisés, beaucoup plus en Angleterre ou en Hollande qu’en France où seuls un petit nombre d’espèces et cultivars peuvent être facilement achetés. Compte tenu de la protection dont bénéficient toutes les espèces du genre et leurs cultivars, l’achat à l’étranger, notamment en Angleterre ou en Hollande implique un transport qui exige un permis.
En Angleterre, le genre a des collectionneurs passionnés et certains bulbes d’espèces ou cultivars rares où difficiles à se procurer coûtent jusqu’ à 45 £ le bulbe.
Dans cet article, on se limitera aux trois espèces les plus fréquemment cultivées.
 

Galanthus elwesii, Hook. f. 1875 Perce-neige géant
Galanthus elwesii, Hook. f. 1875 Perce-neige géant
Galanthus elwesii, Hook. f. 1875 Perce-neige géant
Cette espèce est la plus grande, environ le double des autres espèces. Elle a des feuilles plus larges, gris bleuté, qui retombent autour de la tige. Elle fleurit dès décembre. G. elwesii n’a pas de taches vertes sur les tépales externes, seulement sur les tépales internes.
◊ Dans la variété elwesii ils sont pourvus de deux taches vertes, l’une à l’apex l’autre à la base. La tache apicale a la forme d’un V ou d’un U suivant les contours de l’apex du tépale. La tache de la base est circulaire ou forme une bande transversale. Pour certains spécimens, les deux taches sont si rapprochées qu’elles ne forment qu’une seule et même tache en forme de X qui occupe toute la longueur et pratiquement toute la surface du tépale.
◊ La variété monostictus P. D. Sell 1996 possède quant à elle des tépales internes dotés d’une seule tache mais celle-ci s’étend sur plus de la moitié du tépale. On a obtenu des cultivars de cette variété qui fleurissent d’octobre à mai d’un grand intérêt horticole mais pour lesquels l’appellation « perce-neige » est quelque peu usurpée. Cette variété est souvent vendue sous le nom synonyme de Galanthus caucasicus Hort. 1956


Galanthus elwesii est originaire du nord de la Grèce, de la Bulgarie et de l’ouest de la Turquie. C’est une espèce de l’étage montagnard. Elle pousse au-dessus de 800 m jusqu’à environ 1600 m. Elle a été introduite en Europe occidentale en 1874. Dans la nature, à l’état sauvage, G. elwesii est une espèce d’une grande variabilité pour ce qui concerne notamment la hauteur de la plante, la forme et la couleur des feuilles, la forme des taches des tépales internes et de la forme des fleurs.

Initiée en 1874, l’importation en Europe via la Hollande de bulbes sauvages de G. elwesii récoltés en Turquie a pris une ampleur telle que l’on exportait plusieurs millions de bulbes au début des années 80 de telle sorte que l’espèce s’en trouvait menacée dans son aire d’origine. Ce fut l’une des raisons qui ont conduit à inscrire le genre Galanthus dans l’appendice II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) en 1990. Cette annexe énumère les espèces qui pourraient être menacées si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé. Cette régulation prévient cette menace sans interdire le commerce des spécimens dont l’exportation doit être soumise à un permis que les autorités ne doivent délivrer que si cette exportation ne met pas l’espèce en danger.
D’ailleurs, lorsque l’on veut planter des bulbes de G. elwesii, il est préférable de choisir plutôt que des bulbes sauvages provenant de Turquie, des bulbes selectionnés à partir de plantes qui ont survécu à leur mise en culture montrant ainsi leur aptitude à pousser et à se multiplier dans les jardins européens, voire à se naturaliser. Cette naturalisation est difficile au nord de la Seine. Au-delà de cette limite, on trouvera cette espèce surtout dans les jardins.
L’intérêt horticole de l’espèce tient au fait que ses fleurs sont grandes et spectaculaires, qu’elle est facile à cultiver, d’aspect varié permettant l’obtention de nombreux cultivars et que la floraison en culture s’étend dans le temps.

Intermède linguistique en forme de paradoxe : le perce-neige d’Elwes n’est pas le perce neige d’Elwes….

La plante fut dédiée à son découvreur et récolteur Henry John Elwes par Sir Joseph Dalton Hooker, directeur du Jardin Botanique Royal de Kew de 1865 à 1885, qui a cru en formuler la première description. D’où l’épithète du binôme de l’espèce : « elwesii ». On pourrait donc traduire le binôme Galanthus elwesii par Perce-neige de Elwes. En fait, les plantes qu’Elwes avait récoltées appartenaient à une autre espèce de Galanthus (un variant de Galanthus gracilis à feuilles larges) et ce sont elles que Hooker a utilisées comme spécimen type. L’usage s’est pourtant répandu avant que l’on ne découvre récemment cette méprise. Parce que le binôme G. elwesii avait été largement et depuis longtemps appliqué pour désigner cette espèce et non Galanthus gracilis, le nom a été maintenu et associé à un spécimen type différent. Donc le perce-neige d’Elwes au sens de Galanthus elwesii n’est pas le Perce-neige que celui-ci a découvert et rapporté en Angleterre. Plutôt que de changer le nom, on a préféré changer le référent mais du coup, le nom (le signe) devient un vrai nom propre ordinaire dont la signification ne nous apprend rien sur la chose qu’il désigne et pourrait même induire en erreur. Les « noms maintenus » sont l’une des voies par laquelle l’arbitraire du signe s’installe dans la nomenclature.

Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Galanthus plicatus M.Bieb., 1819 est plus tardive et fleurit de février à mars, elle peut atteindre 20 cm de hauteur. Elle possède de larges feuilles vertes dressées plus larges que celles de G. nivalis. Elles ont le limbe replié sur le revers quand la plante est jeune. Ceci, et les marques de ce pliage qui persistent sur la feuille adulte, donnent à la plante son nom d’espèce, « plicatus » qui signifie plissé en latin. Chaque tépale du périanthe interne est sinué.
Ce sont des soldats anglais qui ont rapporté des bulbes de Crimée lors de la guerre éponyme en 1850. Ils avaient été surpris de voir les champs de bataille couverts de ces fleurs qui s’épanouissaient après un rude hiver. En fait ils auraient été cultivés dans les jardins d’Europe de l’ouest depuis le XVIème siècle. On distingue deux sous-espèces :
G. plicatus subsp. plicatus dont l’aire originelle s’étend du nord de la Turquie à la Roumanie et la Crimée. Elle se distingue par une tache verte unique à l’apex des tépales du périanthe interne. Elle peut s’étendre sur les deux tiers de la surface du tépale, parfois plus.
G. plicatus subsp. byzantinus dans les environs d’Istanbul et se distingue par la présence de deux taches vertes sur les tépales du périanthe interne, une au sommet, l’autre à la base. La tache de l’apex ne s’étend pas au-delà de la moitié de la surface du tépale.
Ce dernier taxon que l’on n’a guère de chance de rencontrer en dehors d’un conservatoire botanique est classé Vulnérable (IUNC 1997) du fait de sa rareté et de son aire réduite.
En culture dans les jardins, les deux sous-espèces s’hybrident naturellement de telle sorte que la distinction entre elles s’estompe.
 

Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Galanthus woronowii Losinsk. (1935)
Synonymes : G. ikariae Baker subsp. latifolius Stern, en partie.
G. ikariae des jardins, auct. non G. ikariae Baker.
G. latifolius des jardins, auct. non G. latifolius Rupr.
Cette espèce a été souvent confondue avec d’autres du genre et il a longtemps régné une grande confusion dans les binômes qui lui ont été associés. Dans les catalogues de bulbes, il est parfois dénommé G. ikariae, ou latifolius alors que les espèces correspondantes à ces binômes diffèrent de woronowii par leur écologie, leur répartition et quelques caractères auxquels ne seront attentifs que les spécialistes, les autres observateurs pouvant être facilement abusés par les ressemblances manifestes entre ces espèces.
Par rapport aux trois autres espèces décrites ici, les différences principales que l’on peut observer concernent les feuilles et la forme des taches des tépales internes. Ces dernières sont courtes en forme de U, parfois divisées dans le sens de la longueur formant comme un œil sur chaque côté du sinus. Ces taches ne sont pas toujours identiques d’un individu à un autre. En outre on observe une variabilité du nombre des tépales du périanthe externe à l’état naturel. C’est la couleur des feuilles qui est le caractère distinctif le plus remarquable. Elles sont vertes, vert-clair à vert moyen et non gris-vert, le dessus légèrement brillant. Elles se terminent par une courte pointe en forme de capuchon, (parfois seulement plane) et possèdent sur le dessus deux à quatre sillons peu profonds qui correspondent à autant de plis sur la face inférieure, ce qui leur donne un aspect plissé caractéristique. Il fleurit entre janvier et avril dans la nature ; janvier et mars en horticulture.
C’est une espèce de plaine ou de moyenne montagne. Son amplitude altitudinale va de 20 à 1500 mètres avec un optimum entre 100 et 500 mètres en Turquie, jusqu’à 700 mètres en Géorgie et au sud de la Russie. Il pousse aussi bien dans les forêts caducifoliées qu’à dominante de résineux. Dans les régions bien arrosées, on le trouve dans les pierriers, sur le sommet de gros rochers, le rebord de falaises et même selon Davis (1999) comme épiphyte sur des arbres couverts de mousse. Il s’accommode de sols de diverses compositions.
Cette espèce est originaire des montagnes du nord-est de la Turquie, de l’ouest du Caucase. Il est particulièrement abondant en Géorgie où des millions de bulbes ont été récoltés pour l’exportation. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) permet de réguler ce commerce et de protéger l’espèce dans son aire d’origine. D’ailleurs comme pour G. Elwesii, des clones sélectionnés ou des cultivars sont plus adaptés à l’horticulture. Aujourd’hui, cette espèce est beaucoup plus fréquente dans les plates-bandes des parcs et jardins que dans la première moitié du siècle dernier, époque où elle a commencé à être couramment vendue et fait l’objet d’importations massives par des entreprises hollandaises spécialisées dans la vente de bulbes.
Cette espèce a été décrite par le botaniste russe A.S. Losina-Losinskaya en 1935 qui la dédiée à Georg Jurii Nikolaewitch Woronow (1874–1931) un autre botaniste et collectionneur de plantes, d’où le nom de l’espèce Galanthus woronowii que l’on pourrait traduire par le perce-neige de Woronow.
Davis (1999) rapporte que A.S. Losina-Losinskaya a décrit la plante d’après des spécimens récoltés dans le sud de la Russie, dans les environs de Sotchi, sur la rive orientale de la mer Noire et que des stations abondantes de la plante se trouve encore dans les zones de forêt primitive des collines et montagnes qui dominent cette ville. C’est là où peut-être pour son malheur se déroulent les jeux olympiques d’hiver de 2014 qui ont été l’occasion de travaux titanesques particulièrement destructeurs des milieux naturels.

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Usages

1 – L’herbe magique d’Ulysse, le Moly (μῶλυ) était-il un perce-neige ?

Au chant X de l’Odyssée, Homère raconte les aventures d’Ulysse et de ses compagnons lorsqu’ils abordent l’île Αἰαία (Ééa) où vit la sorcière Circé. Un groupe de marins partis explorer l’ile découvre le palais de la sorcière qui leur offre un repas, drogue leurs boissons et les transforme en pourceaux, sauf l’un d’entre eux qui prudent et flairant un piège était resté à l’écart des agapes. Voyant ce qu’il advenait à ses compagnons, ce dernier retourne en hâte au navire et en informe Ulysse qui décide d’aller à leurs secours. Il traversait un vallon et allait atteindre le palais de la sorcière lorsque « Hermès à la baguette d’or » vient au-devant de lui, le met en garde contre Circé. « Je te dirai les sortilèges de Circé : t’ayant fait un mélange, elle y jettera une drogue mais sans pouvoir t’ensorceler ; car la bonne herbe que je te donnerai l’empêchera » Hermès lui explique alors comment il devra s’y prendre ensuite pour circonvenir la sorcière. Puis, nous dit Ulysse : « Ayant ainsi parlé, l’Éblouissant me donna l’herbe qu’il avait déterrée, et me décrivit sa nature. Sa racine était noire et sa fleur couleur du lait pur ; les dieux l’ont appelée Moly (μῶλυ), et les mortels ont peine à l’arracher ; mais les dieux peuvent tout » (Odyssée, Chant X, 302 – 306, trad. Philippe Jaccottet) [ὣς ἄρα φωνήσας πόρε φάρμακον ἀργεϊφόντης/ἐκ γαίης ἐρύσας, καί μοι φύσιν αὐτοῦ ἔδειξε./ῥίζηι μὲν μέλαν ἔσκε, γάλακτι δὲ εἴκελον ἄνθος·/μῶλυ δέ μιν καλέουσι θεοί· χαλεπὸν δέ τ᾽ ὀρύσσειν/ἀνδράσι γε θνητοῖσι, θεοὶ δέ τε πάντα δύνανται.](On traduit aussi ἀργεϊφόντης par « le Tueur d’Argos », une tradition qui remonterait à Hésiode).

Dès l’antiquité, on a tenté d’identifier la plante que décrit Homère. Diverses hypothèses ont été émises au cours des siècles. Aujourd’hui on interprète la transformation en pourceau comme une image pour une intoxication anticholinergique, dont les symptômes incluent des pertes de mémoire et des hallucinations. Pour Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin la description du moly correspond à celle du perce-neige, fleur qui produit des métabolites secondaires qui contrecarrent les anticholinergiques. Ils proposent donc d'identifier le moly au perce-neige, Galanthus nivalis, dont le principe actif, la galanthamine, contrecarre aussi l'action de l'atropine, principe actif de la stramoine, poison qu’aurait utilisé Circé. (Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin, 1983)

CERRINI, Gian Domenico (1609-1681) - La Magicienne Circé (XVIIe s.)Brive-la-Gaillarde, Musée Labenche
CERRINI, Gian Domenico (1609-1681) - La Magicienne Circé (XVIIe s.)Brive-la-Gaillarde, Musée Labenche
De son côté, Suzanne Amigues (1995) parvient à une conclusion différente en s’appuyant sur les descriptions de la plante désignée sous le nom de μῶλυ notamment par Théophraste et Dioscoride en comparaison avec la description succincte d’Homère. Selon ces textes il s’agit d’une plante rare poussant dans des zones humides plus précisément selon Théophraste en Arcadie « aux environs de Phénéos et dans le Cyllène ». Elle « a une fleur blanc de lait (Hom. ~ Thphr. ; Dsc.), assez voisine du perce-neige mais plus petite (Dsc), d'où le nom de « perce-neige sauvage » (Ps.-Dsc.) ; une racine bulbeuse (Thphr. ; Dsc.) ; petite (Dsc), noire ou du moins foncée (Hom. ~ Thphr.) comme un bulbe de narcisse (Carm.) ; en outre, des feuilles semblables à celles de la scille (Thphr.) ou du chiendent (Dsc), c'est-à-dire des feuilles de Monocotylédone, à nervures parallèles, charnues et luisantes comme celles de la scille, mais allongées comme celles du chiendent, quoique « plus larges et retombantes » (Dsc.) ; une tige assez haute et grêle (Dsc), portant à son sommet « comme qui dirait quelque chose qui rappelle l'ail » (Dsc) — expression aussi juste qu'embarassée pour désigner la spathe membraneuse d'où se dégage l'inflorescence de l'ail, cultivé ou sauvage, de même que la fleur de certains iris et des Amaryllidacées. Nos sources donnent au bulbe du moly un seul usage médical : broyé et mis en pessaire, c'est un remède efficace au relâchement de l'utérus (Dsc ; repris dans Galien, XII, 80 Kühn et Ps. -Apulée, 48). Mais avant tout le moly arcadien est, comme la plante d'Homère, une herbe magique, un antidote aux sortilèges, probablement aussi aux poisons (Carm.) » Cette plante ne peut pas être un ail comme on l’a longtemps supposé parce que, selon Suzanne Amigues : «il n'existe pas d'ail correspondant exactement aux descriptions du moly et propre aux Amaryllidacée des prairies humides et des marécages de l'Europe tempérées. « Rarissime » en Grèce selon E. de Halácsy, qui la signale seulement dans les prairies humides de la région du Cyllène, le moly arcadien n'est pas un ail. » Pour S. Amigues, il n’y aurait qu’une seule plante qui satisferait à tous les critères dégagés des textes, la nivéole d'été, Leucojum aestivum L.

Il est remarquable que dans les copieuses références bibliographiques fournies en notes dans son article, S. Amigues ne cite pas l’article d’ Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin, antérieur au sien et qui retient une espèce de la même famille, le perce-neige, avec lequel la nivéole d’été a longtemps été confondue et qui possède les mêmes propriétés pharmaco-chimiques. Les deux espèces se ressemblent beaucoup, elles sont présentes en Grèce, peuvent pousser dans des prairies humides et au bord de l’eau, la nivéole d’été étant beaucoup plus rare. Les deux espèces renferment l’une et l’autre de la galanthamine. Difficile de choisir ! Trois points cependant : Homère dit que « sa fleur était blanche », n’aurait-il pas dit « ses fleurs étaient blanches » si Hermès avait donné à Ulysse une nivéole d’été dont la tige s’orne d’une ombelle composée de trois à sept fleurs ? Ensuite, contrairement à ce qu’affirme S. Amiges, la nivéole d’été est plus grande que le perce-neige. Enfin n’oublions pas que jusqu’à Linné, les nivéoles et les perce-neige n’étaient pas distingués. C’est pourquoi on peut conclure avec Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin que « Thus the description of "moly" as an antidote in Homer's Odyssey may represent the oldest recorded use of an anticholinesterase to reverse central anticholinergic intoxication (Ainsi la description de « moly » comme antidote dans l’Odyssée d’Homère peut représenter le plus vieil usage enregistré d’un anti cholinestérase pour contrer une intoxication anticholinergique centrale ) » sans pour autant décider si cette plante était un perce-neige ou une nivéole !

2 – le perce-neige, la galanthamine et maladie d’Alzheimer

Jusque dans les années 50, les perce-neige des différentes espèces n’avaient, pour leur plus grand bien, peu d’usages reconnus : «L’usage traditionnel du perce-neige, autant externe qu’interne, a été présenté comme répandu dans différents pays d’Europe de l’Est, Bulgarie, Ukraine, Roumanie, Balkans, mais cette utilisation n’est relatée dans aucun ouvrage avant les années 50, et même de façon extrêmement rare ensuite. Les Amaryllidacées dans leur ensemble sont de façon générale peu mentionnées dans les pharmacopées traditionnelles européennes. » Mais ensuite tout change : «Un pharmacologiste bulgare remarqua en effet que des villageois s’appliquaient les feuilles de perce-neige sur le front pour soulager les douleurs nerveuses » (Alexandre Maciuk, 2005). Et tout va très vite : l’alcaloïde majeur est isolé de Galanthus woronowii en 1951 puis de Galanthus nivalis en 1954 et enfin de Leucojum aestivum en 1961. La première application thérapeutique a été celle de myorelaxant en anesthésiologie (la galanthamine neutralise le blocage musculaire induit par les curarisants). « Rapidement, son usage s’est élargi aux domaines de la physiologie (traitement de la paralysie post-poliomyélitique et de la myasthénie), de la neurologie, del’ophtalmologie (réduction de la pression intra-oculaire), de la cardiologie, des soins intensifs, et de la gastro-entérologie. La Nivaline®, (galanthamine HBr) est disponible commercialement en URSS dès 1958 sous forme injectable, et en comprimés en 1984, majoritairement pour le traitement de la poliomyélite» (Alexandre Maciuk o. c., p. 247). C’est dans les années 80 que sont entreprises des études cliniques comme traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer et « en 2004, la galanthamine bénéficie d’une AMM dans le traitement des symptômes faibles à modérés de la maladie d’Alzheimer dans la plupart des pays européens, aux Etats-Unis et dans quelques pays d’Asie. » (Alexandre MACIUK, ibid.).

Ces nouveaux usages constituent une menace pour les différentes espèces de perce-neige, les nivéoles et toutes les Amaryllidacées qui contiennent cet alcaloïde. Anna El Tahchy (2010) rappelle dans sa thèse qu’en fonction du poids du malade Alzheimer, il faut une dose quotidienne de bromhydrate de galanthamine dosée de 16 à 24 mg et qu’il faut 50 kg par jour pour traiter environ un million de patients, soit 18 000 kg par an au prix de 50 000 $ le kg en 2006. Pour obtenir ces 18 000 kg, il faut environ 18 000 tonnes de bulbes. Il n’est donc pas difficile de comprendre que face à la demande croissante du marché de l’industrie pharmaceutique, la source naturelle de galanthamine est insuffisante et il existe un risque d’extinction de certaines Amaryllidaceae de leurs habitats naturels notamment en Europe de l’Est. Par conséquent, l'offre de cet alcaloïde est un problème majeur que l’on tente de contourner par différentes techniques : synthèse chimique, cultures in vitro de certains genres pour la synthèse et l’accumulation se galanthamine, etc., ...
Cependant des évaluations récentes remettent en question l’utilité de la galanthamine comme médicament symptomatique dans la maladie d’ Alzheimer. « La maladie d'Alzheimer est un fardeau majeur de santé publique compte tenu de son incidence et de sa prévalence élevées, de son impact sur la perte d'autonomie et sur la mortalité, de son retentissement physique, psychologique et financier sur les proches des patients. Les médicaments dits « spécifiques » ne soulagent en aucun cas ce fardeau, mais au contraire peuvent l'alourdir du fait d'effets indésirables parfois très handicapants. Même en l'absence d'alternative médicamenteuse, on ne voit pas bien quel pourrait être le Service Médical Rendu (SMR) par ces médicaments, au mieux insuffisant. » Telle est la conclusion d’un article faisant le bilan des utilisations de ces médicaments (Philippe Nicot 2011). Conclusions qui semblent largement confirmées par des observations ultérieures et qui contribueront à alléger les pressions sur les espèces d’amaryllidacées contenant de la galanthamine.

En dehors de son utilisation controversée comme médicament symptomatique de la maladie d’Alzheimer, la galanthamine est utilisée pour traiter les lésions traumatiques du système nerveux. Emménagogue puissant, on a recours à cet alcaloïde comme substance abortive.

Árpád Pusztai
Árpád Pusztai
3 – Le perce-neige, le sida et les OGM

●Indiquons d’abord brièvement ce que sont les lectines végétales. Ce sont des substances synthétisées par une plante, propres à celle-ci, qui peuvent s’attacher de façon spécifique à la surface des membranes cellulaires ou de façon ciblée à des molécules. Une fois fixées sur les cellules elles peuvent pénétrer à l’intérieur et provoquer des désordres métaboliques allant jusqu’à la mort de la cellule. Ce mode d’action les rend très efficaces et leur permet d’agir à une très faible concentration. Elles sont utilisées par la plante comme insecticide ou comme défense contre les herbivores en se rendant indigestes. On a découvert que la lectine du perce-neige (GNA) se fixait préférentiellement sur les cellules porteuses du VIH et les détruisait alors que cette lectine est inoffensive pour l’organisme humain sain. Pour plus de détails sur ce sujet très spécialisé on se reportera à Gilljam G. (1993) ; Balzarini J., Hatse S., Vermeire K., Princen K., Aquaro S., Perno C.F., De Clercq E., Egberink H., Vanden Mooter G., Peumans W., Van Damme E., Schols D., (2004).

C’est la fonction insecticide de la lectine du perce-neige qui a retenue l’attention des apprentis sorciers fabricants d’OGM.

● En 1998 elle fut, si l’on ose dire, l’une des protagonistes de « l’affaire Árpád Pusztai », un biochimiste de renommée internationale qui fut chargé d’une étude sur des pommes de terre transgéniques afin d’évaluer l’impact des OGM sur la santé humaine. Les pommes de terre génétiquement modifiées que lui et son équipe utilisèrent produisaient la lectine du perce-neige, ce qui leur permettait de résister aux attaques de pucerons ; cette lectine étant par ailleurs, inoffensive chez le rat comme chez l’homme. Le résultat inattendu de l’expérience fut de montrer que les rats nourris avec ces pommes de terre présentaient des cerveaux, des foies et des testicules moins développés que ceux du groupe contrôle, ainsi que des tissus atrophiés, notamment dans le pancréas et l’intestin. Ils présentaient aussi une prolifération des cellules dans l’estomac pouvant faciliter le développement de cancers causés par des produits chimiques. Le système immunitaire de leurs estomacs était en surchauffe, les organismes des rats traitant ces pommes de terre comme des corps étrangers. Comme cela ne pouvait être causé par la lectine elle-même, il fallait incriminer la manipulation génétique comme telle.
Árpád Pusztai rendit public les résultats de son équipe au cours d’une émission de TV. Le lendemain, il était licencié de son institut de recherche, son équipe était dissoute. On tenta de l’empêcher de publier ses résultats et une cabale scientifico-médiatique d’une rare violence fut organisée contre lui et son équipe orchestrée par la Royal Society qui a soutenu dès le début le développement des OGM, et dont de nombreux membres travaillaient comme consultants pour les firmes de biotechnologies. La décision de couper court à ces recherches fut prise au plus haut niveau Monsanto ayant téléphoné à Bill Clinton, Clinton à Blair, et Blair à James, le directeur de l’Institut où travaillait depuis trente ans Árpád Pusztai (Robin Marie-Monique, 2008).
Finalement malgré les pressions de la Royal Society, Árpád Pusztai et son collègue Stanley W. B. Ewen purent publier les résultats de leurs travaux dans la revue médicale The Lancet (Stanley W. B. Ewen et Árpád Pusztai, 1999a et 1999b). Richard Horton, le rédacteur en chef, a précisé que la décision de publication avait été prise malgré un avis mitigé de la part des experts chargés d’examiner l’expérience afin d’attirer l’attention scientifique sur ce domaine (les OGM) et d’ouvrir le débat.
On ne peut manquer de faire un parallèle entre cette affaire et la controverse et cabale lancées contre le Professeur Gilles-Éric Séralini et ses expérimentations sur la toxicité du maïs transgénique NK 603 de Monsanto.

● Aujourd’hui, le pamplemousse 'Rio Red' est un OGM incluant le gène de lectine du perce-neige, destiné à le protéger contre les pucerons vecteurs de virus.

La Station Expérimentale Agricole du Texas a créé une canne à sucre transgénique censée résister à la larve du papillon Eoreuma loftini en exprimant de la lectine de perce-neige. Or non seulement cette canne à sucre ne résiste pas mieux à cet insecte, mais elle a en outre des effets non prévus sur le parasite (Cotesia flavipes) d’un autre insecte ravageur (Sétamou M., Bernal J. S., Legaspi J. C., and Mirkov T. E., 2002)

On peut aussi l’utiliser pour lutter contre les ravageurs du riz, des tomates, du tabac, etc.
C’est certain, le perce-neige a fourni une substance précieuse aux apprentis sorciers des biotechnologies.

 

Légendes

Si l’on consulte le site de Pascal Vigneron consacré aux amaryllidaceae, on trouvera, une grande quantité de légendes liées au perce-neige. Cela est sans doute dû à l’époque où il fleurit : la fin de l’hiver. L'hiver est une saison dont la rudesse éprouve tout un chacun, hier bien plus qu’aujourd’hui où l’on peut plus facilement se défendre du froid, de l’obscurité, de la neige et autres intempéries. On connait l’expression « ne pas passer l’hiver ». L’hiver, c’est le risque de la mort. Le printemps, c’est le renouveau de la vie et le perce-neige en est comme la promesse.
C’est ainsi qu’autrefois la belle fée Printemps dût lutter avec la vilaine sorcière Hiver qui ne voulait pas quitter les lieux. Dans cette lutte la belle fée Printemps se coupa au doigt et quelques gouttes de son sang tombèrent sur la neige qui fondit. Il poussa aussitôt à la place un perce-neige. Et c’est ainsi que le Printemps vainquit l’Hiver.
Ces légendes nous apprennent aussi, à leur manière, bien des choses sur cette petite fleur. Par exemple pourquoi le perce-neige est-il la première fleur à illuminer nos sous-bois et jardins quand arrive le printemps et pourquoi la neige a-t-elle la couleur du perce-neige?
Eh bien, c’est parce que le perce-neige est généreux : «Quand Dieu fit tout ce qui est maintenant sur la terre il l'embelli avec toutes sortes de belles fleurs. Lorsqu'il créa la neige il lui dit de se procurer une couleur. Alors la neige alla vers l'herbe lui demander de lui donner un peu de sa couleur mais l'herbe refusa. Alors la neige alla vers la rose et lui demanda de lui donner un peu de sa belle couleur, puis elle demanda à la violette de lui prêter un peu de sa couleur, puis elle demanda au tournesol de lui donner un peu de son or mais toutes ces fleurs écoutaient sa prière et finalement s'en retournaient. D'une triste humeur la neige arriva au perce-neige et lui dit : "Personne ne veut me donner sa couleur, toutes les fleurs me renvoient ". Le perce-neige fut touché par le sort de la neige et répondit : "Si tu aimes ma couleur je la partagerai volontiers avec toi. " La neige reçu le cadeau du perce-neige avec plaisir. Depuis lors la neige est de couleur blanche comme le perce-neige. En remerciement la neige permet à cette fleur, le perce-neige, d'être la première à passer la tête hors de la neige quand vient le printemps. » (légende roumaine dont on trouve des variantes en Allemagne, notamment).
Mais au fait, le perce-neige, comment est-il apparu sur Terre ? Un de ses multiples noms populaires nous met sur la voie. En Angleterre le perce-neige est aussi appelé «white tear» ou « Eve's tears » c’est-à-dire « larme blanche » ou « larmes d’Ève ». On sait qu’Adam et Eve furent bannis du jardin d’Eden. Ils se retrouvèrent plongés en plein hiver, errant sans fin dans la tempête de neige, frigorifiés, terrorisés, désespérés. Eve se mit à pleurer. Alors Dieu eut pitié. Il envoya un ange pour les réconforter et leur annoncer l’approche du printemps. L’ange pointa du doigt le sol, là où étaient tombées les larmes d’Eve et il en jaillit alors des petites fleurs en forme de larme. L’ange en cueillit une et la donna à Eve et lui assura que c’était un gage de retour du bonheur pour elle et sa descendance (dont nous sommes).

C’est sur cette note optimiste que se terminera cet article.

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Références et sources

Amigues Suzanne, 1995 « Des plantes nommées moly », Journal des savants, 1995, pp. 3-29, p. 16

Balzarini J., Hatse S., Vermeire K., Princen K., Aquaro S., Perno C.F., De Clercq E., Egberink H., Vanden Mooter G., Peumans W., Van Damme E., Schols D. 2004. « Mannose-specific plant lectins from the Amaryllidaceae family qualify as efficient microbicides for prevention of human immunodeficiency virus infection», Antimicrob Agents Chemother, 48(10): 3858-3870.

Bishop M., Davis A.P. & Grimshaw J. (2006). Snowdrops: A Monograph of Cultivated Galanthus. Griffin Press, Cheltenham.

Davis A.P. (1999). The Genus Galanthus. Royal Botanic Gardens, Kew in association with Timber Press, Oregon.

Davis AP, McGough HN, Mathew B, Grey-Wilson C (2010) CITES bulb, checklist, Timber Press
City, Portland, Oregon.

Anna El Tahchy 2010, Étude de la voie de biosynthèse de la galanthamine chez Leucojum aestivum L. – Criblage phytochimique de quelques Amaryllidaceae, Université Henri Poincaré, Nancy.

Gilljam G. 1993. « Envelope glycoproteins of HIV-1, HIV-2 and SIV purified with Galanthus nivalis Agglutinin induce strong immune responses. » AIDS Res Human Retroviruses, 9: 431-7.

Heinrich M. & Teoh H. L. (2004). «Galanthamine from snowdrop – the development of a modern drug against Alzheimer’s disease from local Caucasian knowledge.» J. Ethnopharmacol. 92: 147-162.

Homère, Odyssée, chant X

Lambinon J., Delvosalle L., Duvigneaud Jacques (2004 – 2008) Nouvelle flore de la Belgique, du G.D. du Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines, Jardin botanique national de Belgique, Meise.

Larsen MM, Adsersen A, Davis AP, Lledó DM, Jäger AK, Rønsted N. 2010. «Using a phylogenetic approach to selection of target plants in drug discovery of acetylcholinesterase inhibiting alkaloids in Amaryllidaceae tribe Galantheae», Biochemical Systematics and Ecology,38(5):1026-1034.

Maciuk Alexandre (2005), Nouvelles méthodologies en chromatographie de partage liquide-liquide sans support solide : application à l’isolement de substances naturelles, Thèse de doctorat en pharmacie, Université de Champagne – Ardennes, Reims.

Nicot Philippe (2011), « Médicaments indiqués en traitement symptomatique de la maladie d'Alzheimer Deuxième partie : effets indésirables » Médecine. Volume 7, Numéro 10, 453-8, Décembre 2011, Thérapeutiques, DOI : 10.1684/med.2011.0772

Plaitakis Andréas et Duvoisin Roger, « Homer's Moly identified as Galanthus nivalis L., Physiologic Antidote to Stramonium Poisoning », dans Clinical Neuropharmacology, 1983, vol. 6, no 1, p. 1-5

Stanley W. B. Ewen et Árpád Pusztai,1999a « Health risks of genetically modified foods », The Lancet, vol. 354-9179, 21 août 1999, page 684

Stanley W. B. Ewen et Árpád Pusztai,1999b « Effect of diets containing genetically modified potatoes expressing Galanthus nivalis lectin on rat small intestine », The Lancet, vol. 354-9187, 16 octobre 1999, pages 1353-1354.

Robin Marie-Monique, Le monde selon Monsanto coédition La découverte/Arte ed., 2008

Sétamou M., Bernal J. S., Legaspi J. C., and Mirkov T. E., 2002 « Effects of Snowdrop Lectin (Galanthus nivalis Agglutinin) Expressed in Transgenic Sugarcane on Fitness of Cotesia flavipes (Hymenoptera : Braconidae), a Parasitoid of the Nontarget Pest Diatraea saccharalis (Lepidoptera : Crambidae) », Annals of the Entomological Society of America, 95(1), 2002, pp. 75 – 83


Roman

Jacques Bullot, Le Gène du Perce-neige, préface de José Bové, Edition du bout de la rue, Vanves, 2008

Liens

http://citesbulbs.myspecies.info/
http://www.kew.org/plants-fungi/Galanthus-nivalis.htm
https://web.archive.org/web/20190206004021/http://www.amaryllidaceae.org/ethno/snowdrop.htm
http://www.tela-botanica.org/page:eflore
http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article43
http://www.freenetpages.co.uk/hp/a.pusztai/
http://ogmdangers.org/action/cr_conference/colloque_2003/Pusztai.htm
http://www.infogm.org/spip.php?article885

Illustrations (de haut en bas)

Avenarius, Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Germany, Bulb'argence, Simon Garbutt,Meneerke bloem, X.

On trouvera une abondante iconographie consacrée à Ulysse et Circé sur le site MEDITERRANEES
 
Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches

Dimanche 16 Février 2014 Commentaires (1)

L’ONU a suivi la requête de la Fondation Franz Weber qui lui demandait dans le cadre de sa campagne « Enfance sans violence » de se prononcer contre la participation et la présence d’enfants dans les manifestations tauromachique.


Cette recommandation onusienne effectuée par le Comité des droits de l’Enfant, un des organes du Traité des droits de l’homme a été formulée à l’égard du Portugal mais elle vaut évidemment pour tous les États ayant ratifié cette convention qui ont des écoles taurines et autorisent des manifestations tauromachiques auxquelles participent des enfants. Donc, la France !

Il s’agit évidemment d’une aide conséquente à tous ceux qui luttent en France pour l’abolition de cette barbarie qu’est la corrida et plus particulièrement pour obtenir l’interdiction de la corrida aux enfants et la fin de ces écoles taurines où sont formés les tortionnaires de demain! Qu’en dit Philippe Martin, un afficionado que Hollande/Ayrault ont eu le culot de nommer ministre de l’écologie ? Est-il prêt à appliquer cette recommandation ? On ne peut qu’en douter fortement. Il faudra lui forcer fortement la main !

Voici les extraits les plus significatifs du communiqué de presse de la Fondation Franz Weber :

Montreux (pts018/05.02.2014/15:10) - Elle le fait par l'entremise du Comité des droits de l'Enfant, l'organe international suprême dans ce domaine, suite à un rapport présenté par la Fondation Franz Weber dans le cadre de sa campagne Enfance sans violence. (…)

Selon Vera Weber, vice-présidente de la Fondation, «ce principe s'applique dès aujourd'hui à tous les Etats parties, et, parce que la Convention a pour objectif d'offrir les mêmes droits à tous, il concerne tous les enfants ».

À travers le Comité des droits de l'Enfant, l'un des 9 organes de traité sur les droits de l'homme l'Organisation des Nations Unies (ONU) s'est expressément prononcée contre la participation et la présence d'enfants à des manifestations de tauromachie.

La Fondation Franz Weber, présentant en mars 2013 un plaidoyer devant les membres du Comité, attirait leur attention sur l'existence au Portugal d'événements et d'écoles de tauromachie impliquant des enfants. Ce constat constitue une violation des obligations découlant de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, traité contraignant qui demeure à ce jour la Convention des droits de l'homme la plus ratifiée dans le monde.

La Convention garantit le droit pour tous les enfants âgés de moins de 18 ans (garçons et filles) à un niveau de vie favorable à leur développement physique, psychologique, moral et social ainsi que l'obligation pour les Etats parties d'adopter les mesures assurant cette protection de l'enfant. En ce qui concerne la corrida, cette exigence n'est pas respectée, ainsi que l'ont relevé plusieurs membres du Comité, dont sa vice-présidente, Sara Oviedo.

Lors de la session des 22 et 23 janvier à Genève, elle a déclaré que « la participation d'enfants et d'adolescents (garçons et filles) à des activités liées à la tauromachie constituait une violation grave des articles de la Convention relative aux droits de l'enfant. » Hiranthi Wijemanne, membre du comité originaire du Sri Lanka, a fait part à son tour de ses préoccupations devant ce problème, faisant valoir que «depuis leur plus jeune âge, les enfants sont exposés à une forme d'activité violente » qui en outre «présente des risques pour leur intégrité physique ».
Le 5 février, le Comité a rendu publique sa position sur la participation et la présence d'enfants à des spectacles de tauromachie "Le Comité, en vue de l'interdiction finale de la participation des enfants à la tauromachie, recommande à l'État partie de prendre des mesures législatives et administratives afin de protéger tous les enfants impliqués dans la formation et les spectacles de tauromachie, ainsi qu'en leur qualité de spectateurs." Et, entre autres recommandations "Le Comité exhorte l'État partie à mettre en place des mesures de sensibilisation en rapport à la violence physique et mentale liée à la tauromachie et son impact sur les enfants.

Sergio Caetano, représentant de la Fondation Franz Weber au Portugal, s'exprime en ces termes : " Lors de leçons ou d'événement de tauromachie auxquels ils participent, les enfants doivent blesser violemment les taureaux à l'aide d'objets piquants et tranchants ; ils doivent aussi s'accrocher sans aucune protection à l'animal pour le maîtriser et sont régulièrement victimes d'accidents. D'autre part, les enfants qui assistent à de telles manifestations sont témoins d'images d'une grande violence. Nous estimons que le Portugal doit désormais empêcher l'enseignement de la corrida à des mineurs et leur présence aux spectacles de corrida ".

Pour Me Anna Mulà, avocate espagnole de la Fondation Franz Weber, " le principe de l'intérêt supérieur de l'enfant, au coeur de la Convention, doit prévaloir sur l'idée de diversité culturelle ou sur tout autre intérêt légitime avec lequel il pourrait entrer en conflit ".

Leonardo Anselmi, directeur de la Fondation pour l'Espagne et l'Amérique latine, considère que « l'ONU nous livre un argument supplémentaire contre la corrida et ces spectacles violents qui nuisent non seulement aux animaux mais aussi à la société tout entière, dont font partie les enfants et les adolescents ».

Mardi 11 Février 2014 Commentaires (0)
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