A proximité du Col du Béal, sur les Hautes Chaumes dans les Monts du Forez, une stèle nous rappelle qu'en 1944 Dans la nuit du 12 au 13 août 1944, Suzanne Combelas et Denise Colin, "Merlinettes" opératrices radios du Corps Féminin des Transmissions d'Afrique du Nord furent parachutées à la Croix Saint-Anne par les Services Spéciaux d'Alger (B-24 Libérator américain).
Aujourd’hui, alors qu’actualité oblige, on nous parle des femmes soldats ukrainiennes ou russes, les Merlinettes semblent bien oubliées. Pourtant de ces expéditions en France occupées, 60 pour cent de ces opératrices radios ne revinrent pas ! Les Allemands refusèrent d’accorder le statut de combattantes à celles qui furent capturées, ce qui leur aurait permis de bénéficier d'une protection spéciale selon le droit international de la guerre. Au lieu de cela, bien des Merlinettes qui tombaient entre leurs mains furent torturées et exécutées.
Rappelons donc que « les Merlinettes » est le surnom donné aux jeunes femmes volontaires, presque toutes originaires d’Afrique du Nord et qui s’engagèrent dans les transmissions, après le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 au Maroc et en Algérie. Comme le commandant des transmissions était le général Lucien MERLIN, on les a appelées les « Merlinettes » !
Les deux Merlinettes, Suzanne Combelas et Denise Colin, qui tombèrent du ciel sur ces Hautes Chaumes, à la limite des départements du Puy-de-Dôme et de la Loire survécurent à leurs périlleuses missions, l’une d’elles par miracle!
Après diverses missions en Auvergne et dans la région Rhône Alpes, Suzanne Combelas rejoint l’armée de De Lattre de Tassigny à Macon et participera aux campagnes de France, d’Alsace et d’Allemagne. Elle y retrouve également son officier instructeur avec lequel elle se mariera une fois la guerre terminée. Elle a été décorée de la croix de guerre 1939 – 1945 avec étoile d’argent. 56 ans plus tard, le 14 juillet 2000 elle est venue rencontrer François Guihlot, résistant au sol qui s’occupait des parachutages qui l’avait accueillie et hébergée dans la ferme de ses parents.
J’ai trouvé moins de choses sur Denise Colin. Elle fut arrêtée et déportée camp de concentration de Ravensbrück après son arrestation. Elle a ensuite été transférée dans le camp de Neubrandenburg où elle été enregistrée à l’infirmerie. C’est la libération de ces camps par l’armée rouge qui lui a sans doute sauvée la vie elle a été libérée et rapatriée par les Russes. Le rôle des Russes dans cette guerre contre les nazis : autre point de l’histoire à ne pas oublier !
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Pour en savoir plus : Journal La Montagne ; https://www.cailloutendre.fr/2017/03/merlinettes-parachutees ; https://www.irk-cir.org/fr/articles/2
Photos: de haut en bas JFD ; JFD ; Musée des Transmissions
Au quotidien
Vient de paraître une étude qui aurait pu être intéressante concernant le « climato-scepticisme » sur Twitter. Malheureusement ce n’est qu’un texte fondé sur des confusions épistémologiques et des a priori partisans dont le but est de discréditer les comptes twitter reprenant, défendant ou diffusant une pensée climatoréaliste ou ayant des affinités avec elle quel que soit le sérieux de ces comptes. C’est un appel à peine voilé à une censure contre tous ceux qui remettent en cause les dogmes du GiEC, ses modèles et ses prédictions sous prétexte qu’ils sont un obstacle et un frein à des mesures impopulaires à mettre en place au nom d’une prétendue « urgence climatique » au mépris des libertés individuelles et de la démocratie.
L’étude intitulée « Les nouveaux fronts du dénialisme et du climato-scepticisme » est consultable à partir de ce lien : https://nextcloud.iscpif.fr/index.php/s/qiA5DJoGYMS2jHS#pdfviewer
Je précise pour éviter tout malentendu que dans cet article, je ne cherche bien entendu pas à savoir si la Terre se réchauffe ou non et quelles en seraient les causes éventuelles. Je n’ai pas cette outrecuidance ! Simplement je veux montrer que le dogmatisme en la matière n’a pas lieu d’être. Il y a place pour la critique et pour des théories concurrentes même si celles-ci peinent à exister. En un sens donc, oui, je suis un partisan du doute. Et c’est une sorte de doute que je veux promouvoir ! Car je pense qu’il est salutaire.
Dans la situation d’incertitude dans laquelle nous devrions reconnaître que nous sommes si seulement nous réfléchissions rationnellement, il s’agit de ne pas s’emballer mais d'adopter une stratégie du « sans regret » au lieu d’écouter « les prophètes du malheur »; c’est-à-dire ne pas prendre de décisions ou mesures autres que celles qui seraient encore considérées comme bonnes, une fois levé le voile d’ignorance concernant le futur, que la catastrophe prévue ait eu lieu ou non. En effet, c’est faire preuve d’une suffisance peu commune que de se croire capable de dire ce pourrait ou ne pourrait pas se passer dans cent ans que ce soit à propos du climat ou d’autres choses !
Ce texte liminaire fait une confusion entre un fait – le réchauffement climatique ou changement climatique – et son explication – les émissions anthropique de GES. Cela est manifeste dans l’opposition que les auteurs instituent entre « dénialistes » et « pro climat ». Cela l’est aussi dans la suite de l’étude où sont considérés comme « dénialistes » (1) ceux qui mettent en doute le réchauffement, (2) ceux qui rejettent l’explication de RC par les émissions humaines de CO2 additionnel et son évolution subséquente, (3) ceux qui relativisent ou nient le caractère catastrophique de ce réchauffement conduisant à une planète invivable pour l’espèce humaine. On remarquera que ceux qui se nomment climato-réalistes, catégorie qu’ignore cette étude, rejettent en général (1). Ils ne mettent pas en doute le RC. Certains peuvent mettre en doute les évaluations et évolutions retenues par le GIEC et aussi certaines de ses conséquences soutenues par ce panel intergouvernemental. Tous rejettent l’explication par les GES anthropiques (2) et ne sont pas catastrophistes (3). Bien entendu nier l’existence d’un RC ou d’une accélération du RC implique (2) et (3) car il n’y a pas à expliquer ou à se soucier de quelque chose qui n’existe pas.
Les faits, par exemple l’évolution du climat depuis 1830, sont établis par des mesures qui supposent des théories certes mais qui doivent être distinguées de la ou des théories desquelles leur explication découle dans la mesure où ces faits, s’ils sont bien établis ne seront pas remis en cause par la preuve de la fausseté de leur explication par le GIEC ou du rejet de celle-ci au profit d’une autre jugée supérieure (meilleure adéquation avec les données, valeur prédictive ou rétrodictive supérieure, simplicité, etc.). Soulignons ce point : rejeter l’explication en vigueur du RC et soutenir l’existence de celui-ci n’est pas contradictoire. C’est d’ailleurs ce que font sans incohérence beaucoup de climatosceptiques. Par contre, la façon de concevoir son devenir est dépendante de l'explication qui en est donnée et donc sujet à controverses.
Concernant le réchauffement climatique, il n’y a plus guère de gens pour en nier l’existence encore que l’on doit sûrement en trouver sur Tweeter ! Ceux-là et ceux-là seuls peuvent être appelés « dénialistes » car il s’agit véritablement d’un déni non pas de science mais de réalité. Par contre ce qui est discuté, c’est l’importance, la vitesse, le caractère inédit ou non de ce réchauffement et de sa corrélation avec les émissions de CO2 d’origine anthropique. Ce qui pourrait faire illusion quant au nombre de ceux qui nient tout réchauffement, c’est la confusion faite aussi bien par des pro-GIEC que des anti-GIEC entre climat et météo (sécheresses, inondations, canicules, aléas météorologiques divers, records de chaud ou de froid…) ; confusion que l’on ne trouve pas seulement sur Tweeter mais aussi dans les médias et parfois même chez des « scientifiques » emportés par la polémique ou voulant être à tout prix convaincants.
Comme sont confondues par les auteurs de cette étude les trois attitudes et qu’elles sont implicitement réduites à celle qui nie l’existence du RC par l’usage de cette expression « dénialiste climatique », on voit qu’en fait tous ceux qui contestent (2) et/ou (3) sans adhérer à (1) vont être réduits à une communauté qui d’emblée n’est pas crédible et n’est qu’un artefact.
L’expression « dénialiste du climat » utilisée à la place de « climato-sceptique » ne vaut guère mieux que cette dernière. Les auteurs auraient pu retenir celle par laquelle se désignent les scientifiques « climatosceptiques » à savoir « climatoréalistes » alors que l’expression « dénialiste du climat » est absurdité : dénier le climat n’a aucun sens, le climat n’étant pas quelque chose que l’on peut dénier ! Comme on peut supposer qu’il s’agit de franglais, rappelons que to denied en anglais signifie nier. Ce choix de pervertir le français a pour but de faire apparaître les partis-pris des auteurs car sans être aussi chargée historiquement que le vocable de « négationniste du climat » l’expression « dénialiste du climat » lui ressemble ce qui lui permet de conserver une forte connotation négative tout en évitant un parallélisme scandaleux.
Une terminologie neutre aurait été de prendre deux acronymes par exemple PRCOA et ARCOA (Partisans de la théorie du réchauffement climatique du GIEC et Adversaires de la théorie du réchauffement climatique du GIEC) comme c’est une pratique fréquente dans les articles scientifiques. Elle aurait eu le mérite d’être neutre. Mais les auteurs ne sont pas neutres bien qu’ils n’aient aucune autorité pour choisir, aucun d’entre eux n’ayant une quelconque qualification dans le domaine de la climatologie.
La catégorie qui a les faveurs des auteurs est, elle aussi très mal définie. « Personnes qui acceptent les résultats de la communauté scientifique et les synthèses qu’en fait le GIEC. » Accepter des résultats » est une chose, accepter « la synthèse » qu’en fait une organisation onusienne en est une autre. Ce distinguo est d’une évidence telle qu’il se passe de commentaires.
De plus, deux termes font problème : « résultats » et « communauté scientifique ».
De quels résultats s’agit-il ? S’agit-il des résultats concernant des phénomènes ? Beaucoup sont discutés par les praticiens du domaine y compris l’estimation de la fréquence des aléas météorologiques ou même les estimations des populations d’ours blancs que l’on aurait pu penser simples à réaliser. D’autres ont posé problème comme par exemple la non coïncidence des résultats des mesures de l’élévation du niveau de la mer obtenus par les marégraphes et celles obtenues par satellites.
S’agit-il de résultats concernant les prévisions d’évolution du climat ? Ils sont controversés par des scientifiques dont la qualification ne peut être remise en doute. Le problème concernant ces « résultats » est d’une toute autre ampleur, remettant en cause les modèles utilisés et les hypothèses qu’ils intègrent. Bref, les résultats en ce qui concerne directement ou indirectement les questions climatiques sont de nature diverse et de solidité variable. En fait les auteurs de cette « étude » ne vont pas chercher aussi loin. Pour eux : il s’agit des principes de base selon lesquels le réchauffement climatique est dû aux émissions additionnelles de gaz à effet de serre notamment CO2 et autres GES d’origine anthropique qui si elles se poursuivent causeront une élévation des températures qui aura des conséquences catastrophiques.
Mais alors quelle est cette communauté scientifique à laquelle se réfèrent les auteurs ? Celle des climatologues, météorologues et chercheurs des disciplines connexes ? Si c’était le cas, il faudrait considérer qu’appartiennent à celle-ci des chercheurs qui à des degrés divers n’acceptent pas la théorie du réchauffement dû à l’émission additionnelle de GES anthropiques. S’ils ne sont pas majoritaires dans le domaine, ils existent néanmoins et réussissent même à publier dans des revues aux articles revus par des pairs. La communauté scientifique à laquelle réfèrent les auteurs de cette « étude » n’est donc pas celle-là. C’est celle des chercheurs qui travaillent dans le cadre de la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique selon le mandat du GIEC, qui cherchent à en affermir les bases, à résoudre les problèmes posés par des données récalcitrantes, tentent d’en affiner les prévisions. Sont exclus de cette communauté tous ceux qui s’aviseraient à toucher aux piliers de la théorie qui les fédèrent. Et il est évident qu’il ne saurait être question pour les chercheurs de cette communauté là d’une remise en question même très partielle de ces principes fondamentaux que ce soit par conviction ou par intérêt puisqu’il doit être très difficile à quelqu’un qui a bâti sa carrière et sa notoriété avec les récompenses associées dans ce cadre de le remettre en cause ! Pour un jeune chercheur du domaine, c’est aussi le risque d’être ostracisé.
Pour clôturer le tout, cette « étude » s’achevant encore plus mal qu’elle avait commencé, tombe in fine dans un complotisme de bas étage : la main de Moscou ou de Pékin, en tout cas de l’étranger serait derrière le regain d’intérêt pour le « dénialisme du climat » sur les réseaux sociaux ! C’est ridicule sauf s’il s’agit de faire taire sur cette question les voix discordantes en les faisant passer pour des traitres à la Patrie alors que, Dieu merci, le pays n’est pas – encore – en guerre !
Une telle « étude » partiale ayant pour base de telles confusions factuelles, conceptuelles, logiques et épistémologiques et développant des raisonnements complotistes ne peut servir à rien d’autre qu’à aider les climato catastrophistes à prendre le contrôle d’un réseau social qui leur échappe encore en incitant les gouvernements à censurer et les propriétaires des réseaux à « modérer » voire à suspendre tout compte twitter qui ne va pas dans leur sens ou du moins les comptes de ceux considérés comme leaders. Bref avec cette étude la police de la pensée se déguise avec des oripeaux en science. Qu’elle ait pu être publiée avec le label du CNRS est pour le moins inquiétant !
Après la conquête des principaux postes de pouvoir dans l’université et la recherche académique pour en exclure tout climatoréaliste, après la tentative de museler les média journaux et télévisons en faisant pression sur les journalistes pour qu’ils adoptent une charte « pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » (c’est-à- dire « urgence climatique) qui exclurait de fait tout «climatoréaliste» de prise de parole ou d’interview, toute information mettant en doute les «expertises» du GIEC, après les tentatives récurrentes d’exclure les livres d’auteurs jugés «climatosceptiques » des présentoirs et vitrines des librairies comme des bibliothèques des lycées et collèges ou des moteurs de recherche, les réseaux sociaux sont la nouvelle cible ou « front » des zélateurs du GIEC pour reprendre la terminologie guerrière de cette « étude ». Un consensus n’est pas une preuve, un consensus obtenu de cette façon n’en n’est même pas un. C’est une atteinte à des libertés individuelles les plus fondamentales, la liberté de pensée et la liberté d’expression.
Je m’en tiendrai là mais avant je voudrais partager avec mes lecteurs naturalistes une perle de cette « étude ». Est dénialiste du climat celui qui retweete que « le CO2 est bon pour les plantes » ! Il faudrait que les auteurs révisent leurs cours du collège sur la photosynthèse par exemple ! Car ils aiment les faits, je cite, « qui sont rigoureusement établis par les scientifiques sur la base de l’état actuel des connaissances » celui-là l’est et depuis longtemps ! Pourtant il semblerait bien qu’ils ne soient pas les seuls à l’avoir oublié. L’ont oublié aussi tous ceux qui ne voient dans le CO2 qu’un polluant. Sans lui, plus de plante et sans plante, fin de la vie sur Terre telle que nous la connaissons !
Pour ceux qu’une analyse critique du corps de cette « étude » intéresse, je recommande vivement celle que Benoît Rittaut a pris la peine de faire sur son blog : ici. Il doit en être remercié. Vous êtes de ceux qui sont attachés à la rigueur et à l’impartialité sans laquelle aucune science véritable ne peut exister ? Alors faites toute la publicité possible au texte de Benoît Rittaut. Au-delà de la question climatique, c’est l’existence d’une telle science qui est menacée et qu’il faut défendre.
En réalité, Le Signal n’était rien d’autre que d’une barre de béton, un bâtiment construit imprudemment sur une dune trop près de la mer, une verrue défigurant le paysage, un non-sens écologique dont l’océan a eu raison ! Cette démolition est un avertissement à ceux qui veulent une résidence « pied dans l’eau » et défigurer un littoral qui sait se défendre.
Par contre le délire climato-catastrophiste qui a saisi les médias à l’occasion de sa démolition est d’autant plus stupéfiant que le réchauffement climatique est loin d’être un facteur déterminant dans l’érosion de la côte atlantique, à supposer même qu’il y soit pour quelque chose, ce qui est loin d’être assuré.
L’événement a eu ainsi un retentissement national et les officiels, députés, élus locaux, médias, ont entonné avec une belle unanimité la rengaine de la catastrophe climatique.
« Cette construction monumentale de Gironde, située en bord d'océan et symbole malgré elle de l'érosion du littoral et du changement climatique, sera enfin démolie en 2023. » (Jean Cittone, le 22/12/2022). Ce titre du Figaro est sobre relativement à ceux de ses confrères écrits à la veille de la démolition de l’immeuble.
Pour FR3 Bordeaux « La démolition du Signal à Soulac-sur-Mer, symbole des changements climatiques, débute officiellement » (Sandrine Papin Publié le 03/02/2023) ; elle oublie l’essentiel, le recul du trait de côte dû à une érosion marine continue dont on s’est alarmé dès le XVIIIe. Elle cite le ministre de l’écologie, Christophe Béchu, sans commenter ses propos lorsqu’il met sans distinction toutes les côtes dans le même sac, rend le réchauffement climatique responsable de tout alors que dans certains cas, le problème ne vient pas de la mer mais des terres (j’y reviendrai) et qu’il donne des estimations d’élévations du niveau de la mer sans signification puisqu’il ne précise pas les échéances de leurs réalisations : « Le Signal incarne l’érosion du littoral et ses effets sur les côtes françaises. « Les experts nous disent qu'en fonction du nombre de degrés dont la planète va augmenter, on aura de 30 à 60 à 120 centimètres de montée des eaux dans notre pays. Ce sont 975 communes en France qui à un titre ou à un autre vont être concernées et aussi 50 000 logements, 750 entreprises », rappelle le ministre.» On se demande bien pourquoi la journaliste rapporte ces propos sans les mettre en perspective ! Catastrophisme, quand tu nous tiens !
Avec Ouest France, le symbolique est dépassé. « « On était les premiers réfugiés climatiques de France » : un ancien de l’immeuble Le Signal raconte » Dans ce titre le journal donne la parole à un ancien résident. Et le journaliste ne trouve rien à dire lorsque dans le corps de l’article le même homme déclare : «« Ce n’était pas idiot de le construire là, analyse rétrospectivement Jean-José Guichet. Mais je pense qu’à l’époque on n’a pas assez regardé ce qu’il s’était passé au XIXe siècle », quand l’érosion avait, selon lui, déjà posé son empreinte sur la côte soulacaise » (souligné par moi). Au XIXème ! Donc pendant le « Petit âge glaciaire » qui sévit encore dans la première moitié de ce siècle ! Mais ni cet ancien résident, ni surtout le journaliste ne sont à ça près ! Des réfugiés climatiques en France, c’est tellement plus fun que l’idiotie d’avoir construit à cet endroit. Plus qu’une idiotie d’ailleurs, cette construction apparaît rétrospectivement comme une aberration écologique et paysagère. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de Soulacais l’appelait « La Verrue ».
Mais la palme revient à Libération où ce fait divers est classé dans la rubrique «Climat » ! Ce journal n’y va pas de main morte : titre de l’article « Démolition de l’immeuble «le Signal» en Gironde, théâtre de la première expropriation climatique française » et chapô : « L’immeuble des années 60 de Soulac-sur-Mer était fragilisé par le recul de la dune creusée par la montée des eaux. Une conséquence du changement climatique, qui menace des milliers de logements sur la côte. » (3 février 2023). ET non la montée des eaux entre 1965 et 2014 est bien trop faible pour avoir un effet ! In fine l’article met dans le même sac littoral sableux de la côte aquitaine et falaises du pays basque et rajoute des dizaines de mètres dues au RC «Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, d’ici à 2050, le littoral sableux du golfe de Gascogne pourrait reculer de 50 mètres et les côtes rocheuses du Pays basque de 27 mètres. Le dérèglement climatique, qui devrait engendrer ces trente prochaines années une montée des eaux similaire à celle mesurée sur tout le siècle dernier, menace également d’accentuer le phénomène de plusieurs dizaines de mètres supplémentaires par endroits. » La montée des eaux sur l’ensemble du XXe siècle, c’est 170 millimètres ou 17 centimètres ! Plusieurs dizaine de mètre de recul pour 17 cm, pour juste de quoi prendre un bain de pied, bizarre !
Ces exemples me semblent suffire pour montrer l’emballement médiatique mais j’aurais pu en prendre beaucoup d’autres. Qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux, ils ont chanté à leurs lecteurs la même chanson reprise pour l’essentiel à l’AFP et répétée avec quelques variantes dans le meilleur des cas ! Significativement Wikipédia donne pour seule cause le réchauffement climatique dans un article par ailleurs assez bien documenté.
Pourtant ce n’est que très récemment que médias et politiques se réfèrent au réchauffement climatique lorsqu’il est question du retrait de côte. D’ailleurs, après le 3 février, on peut remarquer que dans les titres et les articles consacrés au « Signal » les références à ce réchauffement se font plus rares, plus discrètes voire absentes. L’emballement journalistique s’apaise mais l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir : le réchauffement climatique va produire sinon des milliers de réfugiés sur les côtes françaises du moins des milliers de propriétaires sinistrés, des propriétaires de résidences secondaires pour la plupart d’entre eux !
Evidemment, le réchauffement n’est pour rien ou presque dans ce phénomène de retrait de côte.
– de 1750 à 1820, la pointe de Grave recule vers l’est de 1600m soit 23 mètres par an ;
– au niveau de Soulac, le recul moyen est de 3m par an selon la même période » (1988, p. 30)
En ce qui concerne la plage de Soulac « de 1842 à nos jours [1988 date de l’ouvrage], le trait de côte a reculé de 145 mètres. Jusqu’en 1966 le recul est inférieur à 1 m par an. Ensuite on observe une accélération brutale de l’érosion à 5 m par an jusqu’en 1972, retombant depuis à 2 m par an. Juste au sud une zone particulièrement sensible se caractérise par une érosion de 10 m par an depuis 1978 »(Bournérias et al. 1988, p.30) Zone où a été construit l’immeuble Le Solitaire (Boudeau 2019). Ajoutons qu’au cours de l’hiver 2013 – 2014, il a reculé de 20 m d’un coup (Bulteau et al. 2014 ; ONCNA 2014) !
On voit bien qu’il n’y a guère de corrélation entre la montée continue du niveau de la mer à cause du réchauffement climatique global en cours depuis l’holocène et les accélérations et ralentissements du phénomène d’érosion des côtes sableuses de l’Aquitaine qui a d’autres causes.
En outre si le réchauffement climatique d’origine anthropique aggrave la situation en étant responsable de l’élévation du niveau de la mer, ce ne peut être que dans de très faibles proportions, aujourd’hui inconnues puisque selon le GIEC « Le signal anthropique du changement régional du niveau de la mer émergera dans la plupart des régions d’ici 2100 (confiance moyenne) » ((AR6 Chapitre 9, page 8). Donc impossible de se référer à la partie anthropique du réchauffement climatique pour expliquer l’élévation du niveau de la mer qui se produit depuis que la Terre se réchauffe au début de l’holocène.
À l’appui de cette thèse on peut invoquer l’analyse détaillée effectuée dans le cadre de l’Atlas morphodynamique de la côte sableuse aquitaine. Elle montre que la hausse du niveau de la mer ne s’accompagne pas toujours d’un recul de la côte. Elle met en évidence de fortes disparité locales avec une tendance récente assez fréquente du recul du trait de côte probablement due à une augmentation de son anthropisation d’autant que les parties de la côte landaise peu anthropisées sont stables voire en légère expansion avec un bilan sédimentaire positif. Par exemple au nord, entre Soulac qui n’est qu’à environ 6km de la pointe de Grave à vol d’oiseau, le trait de côte a subi de place en place des variations différentes selon la topographie des lieux, la nature du terrain, les interventions humaines, notamment l’urbanisation sur le cordon dunaire, la réalisation d’ouvrages de rétention du sable, etc. . (Cf. OCA, 2018).
Ce sont d’ailleurs les tempêtes qui ont achevé d’emporter la dune et la plage devant « Le Signal ». Il y a d’abord eu le passage de la tempête Klaus en 2009 avec des rafales de vent sur le littoral de la Gironde de 150 km/h à 172 km/h et des vagues atteignant près de 12m de hauteur. La surcote à la pleine mer s’étendait de 5 à 1 m environ, mais dans une configuration de coefficients de marée assez bas (58/63). » A Bordeaux, la Garonne déborde (source Météo-France).
Ensuite en 2010 Xynthia n’effleure que Soulac : cette tempête n’a pas été classée en « dépression explosive » de type Klauss de Janvier 2009, son caractère exceptionnel est dû à la cooccurrence de plusieurs phénomènes naturels dont la probabilité qu’ils surviennent en même temps est extrêmement faible : niveau de la mer au plus haut avec un coefficient de marée 102 (coefficient compris entre 20 et 120) et une forte houle (surcote entre 6 à 7m)(même source)
Enfin lors de l’hiver 2013 /2014 c’est la succession sur 4 mois de tempêtes ordinaires qui a eu un impact considérable sur le littoral aquitain. Prises individuellement elles présentent des conditions de houle et des niveaux d’eau relativement modestes mais c’est le cumul d’énergie généré par les vagues sur cette courte période ( plus du double de la puissance de la plupart des hivers précédents) qui en fait l’un des hivers les plus marquants des dernières décennies par le taux d’érosion élevé et le caractère généralisé à l’ensemble du littoral sableux. Cette érosion côtière peut même être considérée comme exceptionnelle. Soulac sur mer et le Haut Médoc furent parmi les plus touchés avec un recul du trait de côte évalué à plus de 20 mètres (source : OCNA ; Bulteau et al. 2014) signant l’arrêt de mort du Signal imprudemment édifié trop près d’un trait de côte mouvant.
Il n’est pas question de nier que le réchauffement global de la planète entraine une hausse du niveau de la mer mais les grandeurs ne sont pas du même ordre. A partir des données du GIEC concernant l’augmentation moyenne du niveau de la mer il est facile de calculer cette élévation. Elle est au plus d’environ 11 mm (millimètres) pour les 47 ans d’existence de l’immeuble (47x2.3mm/an [Taux d’élévation GIEC 2021 AR6, Ch.9]. Dans le cas des vagues on parle en mètres, dans le cas du niveau de la mer en millimètres !
Pour rendre le réchauffement climatique responsable de la fin du Signal, c’est donc du côté des tempêtes qu’il faudrait se tourner. Les tempêtes étant des phénomènes aléatoires, la question qu’il faut se poser est celle de savoir si le réchauffement a entrainé une augmentation statistiquement significative du nombre de tempêtes. La réponse est négative selon les données du GIEC lui-même et de Météo France : « En France, des mesures fiables de vent fort sont disponibles depuis le début des années 1980. Elles sont utilisées par les climatologues pour recenser les tempêtes (…) Le nombre d’événements varie fortement d’une année à l’autre mais aussi sur un pas de temps multi-annuel(…). Sur l’ensemble de la période, on n’observe pas de tendance significative du nombre de tempêtes affectant le territoire métropolitain. » (Météo France)
Je ne sais pas ce que l’avenir réserve mais dans le cas du Signal, ce n’est pas l’élévation du niveau de la mer qui est la cause de sa mise en péril donc ce n’est pas le réchauffement climatique. Les tempêtes qui emportent plage et dunes sans qu’elles puissent se reconstituer en sont les causes principales et le réchauffement climatique n’a pas eu pour la période considérée d’influence sur elles.
Dans le cas de l’érosion côtière de la côte aquitaine – comme celle de la basque mais pour d’autres raisons – c’est l’urbanisation en bord de mer et l’anthropisation excessive du littoral qui explique cette érosion catastrophique en empêchant « le système côtier de respirer » selon l’expression de Mme Yvonne Battiau-Queney spécialiste de l’évolution et de la gestion durable du littoral, professeure émérite de l'Université de Lille (labo CNRS LOG -Océanologie et Géosciences UMR 8187).
Dans le cas du littoral sableux comme nous venons de le voir, à supposer que le réchauffement climatique ait une influence, ce ne serait pas là où on devrait l’attendre si l’on suivait la plupart des médias : non pas au niveau marin mais éolien !. Jusqu’à présent, il n’a que peu voire pas d’influence sur l’érosion côtière. En tout cas pas d’influence évaluable.
Dans l’article cité du journal Libération, le réchauffement climatique serait responsable du recul du trait de côte aussi bien dans le cas du littoral sableux que dans celui des côtes rocheuses du Pays basque. Dans le cas de l’érosion des falaises marneuses des côtes du Pays Basque, il n’y a pas de réserves à émettre, c’est clair et net, l’élévation du niveau de la mer n’y est pour rien du tout : la cause de leur fragilisation et des effondrements est d’abord terrestre et non maritime : « les eaux des nappes souterraines, aujourd’hui mal drainées, viennent engorger le versant de la falaise et provoquent des glissements imparables qui entraînent les superstructures : conduites, jardins, habitations. La construction de murs ou l’amoncellement d’enrochement est un leurre car la mer ne fait que déblayer secondairement les éboulements dus à l’érosion continentale » (Bournérias et al. 1988, p. 33) Le remède serait de renoncer aux constructions en bord de falaise qui déstabilisent le sous-sol et « deviennent irrésistiblement des résidences « pied dans l’eau » au sens propre du terme » un drainage et un couvert végétal sur des talus en pente modérée (Bournérias et al.). Mais trop souvent les élus comme leurs administrés ne veulent pas l’admettre et le « dérèglement climatique » est un argument ou une excuse bien commode.
En conclusion, je m’interroge. Sur cette question que je connais bien pour avoir fréquenté ce littoral depuis longtemps, question que j’ai pu approfondir grâce notamment aux articles de Mme Battiau-Queney, je n’ai pas cru une seule seconde à ce que racontaient les médias sur les causes du phénomène, mais qu’en aurait-il été si je n’avais rien su sur ce sujet ? Pourquoi cet emballement dès qu’il s’agit du climat et de son « dérèglement » si tant est qu’il existe un climat « réglé » ? Pourquoi faire peur aux gens ? Pour les inciter à agir « pour le climat » ? Mais qu’est-ce qu’agir pour le climat si ce n’est se plier à d’innombrables contraintes dictées par des climatologues et autres technocrates persuadés de connaître la cause de ce « dérèglement » et de savoir ce que sera le climat à la fin du siècle ; si ce n’est de renoncer à la démocratie au nom de l’urgence climatique comme le souhaite le climatologue François Marie Bréon, une des chevilles ouvrières du GIEC : « On peut dire que la lutte contre le changement climatique est contraire aux libertés individuelles et donc sans doute avec la démocratie. » (Libération, 29 juillet 2018) C’est certain que pour nous faire accepter et supporter une dictature de ces « savants », il faudra réussir à nous flanquer une sacrée trouille. Pour cela toute occasion est bonne à prendre et la démolition du Signal une aubaine à saisir d’autant plus que les gens préfèrent la chaleur et le beau temps au mauvais et au froid.
Il peut y avoir aussi une autre raison moins générale à tout ce battage ministériel et médiatique autour de la démolition de cet immeuble. Ce n’est qu’à l’issue d’un long combat judiciaire que les propriétaires des appartements ont pu être indemnisés, l’Etat ne voulant pas mobiliser les fonds réservés aux catastrophes naturelles dits « Fonds Barnier » par crainte de créer un précédent. S’il y a une chose de juste dans la déclaration du ministre Béchu rapportée par FR3 Bordeaux c’est que l’érosion côtière concerne bien 975 communes en France, 50 000 logements et 750 entreprises. S’il fallait que l’État mette la main à la poche dans tous les cas…, d’où cette crainte du « précédent » et aussi la volonté de décourager tout futur d’acquéreur de résidences « pied dans l’eau », résidence qui risque de l’être au sens propre.
Il est d’ailleurs étonnant que ce genre de bien immobilier soit encore très prisé et se vende très cher, d’autant plus cher qu’il est près de l’eau malgré tout le battage fait autour de la submersion entière de régions côtières par une élévation de la mer à cause du réchauffement climatique ; mais il est vrai que cela se produira (ou non !) à des horizons de temps si lointains que tous ceux qui sont aujourd’hui en âge d’acheter de tels biens n’ont guère de raison de s’en inquiéter.
Certes, la nature met parfois du temps à réagir aux erreurs urbanistiques du passé mais il est patent qu’elle réagit : les risques littoraux s’aggravent dans beaucoup de régions : collectivités et particuliers ont de plus en plus de mal à faire face et cela coûte de plus en plus cher. Le cas du Signal montre pourtant que les médias se focalisent sur les effets de l’érosion marine actuelle pourvu qu’ils soient spectaculaires mais cela non plus ne semble pas freiner le marché de ces biens. Combien de dégâts et de contentieux à venir ?
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Surcote : Une « surcote » désigne la différence entre le niveau marin observé et celui qui existerait en présence de la seule marée astronomique. «Les plus fortes surcotes sont dues à la conjonction d’une chute rapide de la pression atmosphérique, créant une «onde de tempête», de vents forts soufflant vers la côte et d’une marée de vive-eau. »
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Battiau-Queney Y., 2014. « Les plages de la côte d’Opale. Maîtriser la nature ou agir avec elle ? » Dynamiques environnementales, vol. 30,89‑104 https://www.researchgate.net/publication/323549680_Les_plages_de_la_Cote_d%27Opale_maitriser_la_nature_ou_agir_avec_elle
Battiau-Queney Y., 2018 « La mobilité du trait de côte - Comment prendre en compte et préserver la nature dans une gestion durable des côtes sableuses ? » Pierre d’Angle, ANABF, https://anabf.org/pierredangle/dossiers/littoral/la-mobilite-du-trait-de-cote?
Battiau-Queney Y. 2019a « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (1/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/15/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-1-3
Battiau-Queney Y. 2019b « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (2/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/19/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-2-3
Battiau-Queney Y. 2019c « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (3/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/30/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-3-3
Boudeau F., 2019 L’immeuble Le Signal, Rencontres littorales 2019, Soulac-sur-Mer, 20 Juillet 2019
https://www.mairie-soulac.fr/wp-content/uploads/2019/07/05_M.-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Boudeau-Signal.pdf
Bournerias M., Pomerol C., Turquier Y., 1988 Le Golfe de Gascogne de l’Ile d’Oléron au Pays Basque, Guides naturalistes des côtes de France, VI, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel – Paris, 272 p.
Bulteau T., Mugica J., Mallet C., Garnier C., Rosebery D., Maugard F., Nicolae Lerma A., Nahon A.avec la collaboration de Millescamps B., 2014 Évaluation de l’impact des tempêtes de l’hiver 2013-2014 sur la morphologie de la Côte Aquitaine. Rapport final. BRGM/RP-63797-FR, 68 p., 138 fig., 8 tab., 2 ann. http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Les-tempetes-de-l-hiver-2013-2014
Howa H., 1985 « L’érosion du littoral du Nord-Médoc (Gironde) », Bull. Inst.Géol. Bassin d’Aquitaine, n° 38, pp 57 – 68.
Le Treut H., 2013 Les impacts du changement climatique en Aquitaine : un état des lieux scientifique, Presses universitaires de Bordeaux, LGPA édition, 375 p.
Météo France Tempêtes en France métropolitaine http://tempetes.meteofrance.fr/
Météo France, 2020 Tempêtes et changement climatique https://meteofrance.com/changement-climatique/observer/tempetes-et-changement-climatique?
OCA, 2018. Atlas morphodynamique de la côte sableuse aquitaine, BRGM ONF www.observatoire-cote-aquitaine.fr.observatoire-cote-aquitaine.fr
OCNA, 2014 Les tempêtes de l’hiver 2013-2014 http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Les-tempetes-de-l-hiver-2013-2014
Paskoff R. 1998, « Conséquences possibles sur les milieux littoraux de l'élévation du niveau de la mer prévue pour les prochaines décennies » Annales de géographie, 1998, t. 107, n°600 pp. 233-248.
Au quotidien
Devant les risques de pénurie d’électricité cet hiver dus au déboires des réacteurs d’EDF et aux sanctions de l’UE contre la Russie, Stéphane Lhomme directeur de « l'Observatoire du nucléaire » et animateur du site « Refus Linky Gazpar » a publié sur son blog un article mettant en évidence la menace grâce aux compteurs Linky d’une gestion étatique autoritaire et totalitaire de la consommation d’électricité des gens.
J’ai repris ici les passages les plus significatifs de ce texte.
Il s'agit là de la version souriante et naïve d'une affaire beaucoup plus inquiétante pour la consommation des citoyens mais aussi pour leurs libertés. En effet, comme nous l'avons dénoncé lors de centaines de conférences depuis le lancement du programme Linky en décembre 2015, les compteurs communicants peuvent être utilisés de façon autoritaire et, loin de les rémunérer, en sanctionnant financièrement les habitants.
(…)
Malgré les belles promesses de respect des droits, toutes les potentialités des compteurs Linky pourront être utilisées, et plus vite qu'on ne le pense : la faillite du parc nucléaire français et la guerre en Ukraine annoncent pour cette hiver de probables pénuries d'électricité.
Rappelons d'ailleurs que, chaque hiver depuis plus de 20 ans, et même lorsque les réacteurs nucléaires fonctionnent correctement, la France est massivement importatrice d'électricité auprès de ses voisins et en particulier l'Allemagne. Confrontée à la crise du gaz russe, cette dernière ne pourra pas nous alimenter cet hiver, et ce alors que la production nucléaire d'EDF sera très basse.
(…)
Malgré les belles promesses de respect des droits, toutes les potentialités des compteurs Linky pourront être utilisées, et plus vite qu'on ne le pense : la faillite du parc nucléaire français et la guerre en Ukraine annoncent pour cette hiver de probables pénuries d'électricité.
Rappelons d'ailleurs que, chaque hiver depuis plus de 20 ans, et même lorsque les réacteurs nucléaires fonctionnent correctement, la France est massivement importatrice d'électricité auprès de ses voisins et en particulier l'Allemagne. Confrontée à la crise du gaz russe, cette dernière ne pourra pas nous alimenter cet hiver, et ce alors que la production nucléaire d'EDF sera très basse.
C'est alors que les compteurs Linky vont pouvoir entrer en jeu en réduisant ou en coupant automatiquement la consommation des ménages… sauf à l'encontre des quatre millions de foyers qui résistent encore vaillamment à la pose de ces compteurs malfaisants (nous ne revenons pas ici sur leurs différentes tares : surfacturations, dysfonctionnement divers, incendies, ondes, destruction de milliers d'emplois, etc).
Peut-être que, pour amadouer la population, les premiers "effacements" seront rémunérés, encore que : l'Etat et EDF sont proches de la faillite et le "quoi qu'il en coûte" a vécu. Mais, très vite, ces coupures seront "bénévoles"… et opérées à distance de façon obligatoire et arbitraire. Et il y aura encore pire avec la "tarification dynamique " : il s'agit de faire varier le prix de l'électricité en fonction de l'intérêt de diverses entreprises (à commencer par EDF) au détriment des usagers.
Il ne s'agit pas de science-fiction car cette tarification est d'ores et déjà proposée par divers fournisseurs aux usagers naïfs : même la Commission de régulation de l'énergie (CRE), pourtant bras armé de la dérégulation du marché de l'électricité en France, alerte sur les risques de voir sa facture littéralement exploser par le biais de cette tarification.
Or cette dernière peut à tout instant être imposée à tous par l'exécutif (…)
Notons aussi que le système Linky peut permettre, sans l'avouer bien sûr, de ne restreindre et sanctionner que certaines catégories de la population, par exemple les banlieues ou les zones rurales, tout en exemptant les quartiers huppés.
Les compteurs Linky donnent en effet à l'exécutif des possibilités totalitaires terrifiantes, et bien naïf qui veut prétendre qu'elles ne seront jamais utilisées(…)
Soyons lucides : toutes les horreurs permises par les nouvelles technologies - compteurs communicants, caméras à reconnaissance faciale, QR codes, etc - seront tôt ou tard utilisées et détournées de leurs prétextes initiaux pour en faire des outils de répression laissant bien loin derrière le Big brother de Georges Orwell.
Garder encore et toujours son compteur électrique ordinaire ne suffira probablement pas à préserver les libertés, mais cela reste un geste de résistance… et de protection de ses droits à se chauffer et s'éclairer sans attendre l'autorisation de l'exécutif. »
Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
Animateur du site Refus Linky Gazpar
Pour lire l’intégralité de l’article c’est ici : http://refus.linky.gazpar.free.fr/usage-totalitaire-linky.htm
Illustration : Refus Linky Gazpar
Au quotidien
En décembre 2022, le Conseil et le parlement européen se sont mis d’accord sur le texte d’une loi interdisant l’importation de produits issus de zones déforestées. Sont visés : huile de palme, bœuf, bois, café, cacao, caoutchouc et soja ainsi que un certain nombre de produits dérivés tels que le chocolat, les meubles, le papier imprimé et certains dérivés à base d'huile de palme.1
Cette loi a été aussitôt célébrée par les écologistes occidentaux et les ONG environnementalistes comme une avancée majeure dans la lutte contre la déforestation importée. Sous l’apparence louable de la lutte contre cette déforestation il s’agit en fait d’un bel exemple d’une forme d’écologie colonialiste, européenne dans le cas présent, matinée de protectionnisme pour des produits comme le bœuf !
Rien d’étonnant à ce que des ONG Greenpeace et WWF dont les ingérences dans les affaires de pays émergeants ou en voie de développement sont notoires aient salué « une première avancée » vers une protection mondiale des forêts. Première avancée, parce que jamais contentes et sans cesse dans la surenchère, elles voudraient encore plus. 3
Plus étonnant, cette loi a été également encensée par des députés européens du Parti populaire européen (droite – PPE) dont l’écologie n’est pourtant pas une préoccupation majeure lorsqu’il s’agit de leur propre territoire. Même d’Emmanuel Macron n’a pu s’empêcher de lancer un cocorico : « la France a montré la voie » s’est-il auto-félicité sur les réseaux ! Une telle unanimité n’est-elle pas quelque peu suspecte lorsque ce sont des pays du Sud qui sont principalement visés ? 4
Même constat pour Fern qui s’inquiète du devenir des petits producteurs vietnamiens de café6 «Nous sommes particulièrement préoccupés par les conséquences potentielles du Règlement sur les petits producteurs [vietnamiens] et les communautés qui dépendent des forêts. » Ils ne pourront pas satisfaire aux exigences de cette loi que d’ailleurs la plupart ignorent, tout comme l’ignorent également les gardes forestiers : « Il faut savoir que les gardes-forestiers ne sont pas non plus au courant des exigences de l’EUDR [Règlement de l’UE sur les produits « zéro déforestation »] ». Ils sont conscients des problématiques liées à l’eau et à la déforestation, mais compte tenu de la grande pauvreté des petits producteurs issus de minorité ethnique, la priorité est donc donnée aux opportunités permettant à ces derniers d’augmenter leurs revenus et leurs moyens d’existence » et parmi celles-ci l’octroi de parcelles de forêt «Dans ces régions, les producteurs empiètent progressivement sur les forêts parce qu’ils reçoivent des parcelles forestières qu’ils convertissent en plantations de café » Les débouchés de leur production sur le marché européen risquent donc d’être fermés, ce qui sera catastrophique pour eux alors que cette déforestation est légale selon les lois de leur pays.
Même chose pour les petits producteurs d’huile de palme indonésiens : « nous craignons la marginalisation potentielle des petits producteurs d’huile de palme qui risquent d’être négativement affectés par le Règlement. En Indonésie, la plupart des petits producteurs sont issus des Peuples autochtones et l’agroforesterie, qui mêle cultures arboricoles et agricoles, fait partie des moyens qu’ils ont pour gagner de l’argent. Ainsi, la définition stricte de la déforestation telle que décrite dans l’EUDR est problématique pour eux. » 7
Pour les producteurs et les associations qui portent leur voix comme pour les gouvernements des pays concernés, il y a unanimité pour réclamer une concertation et regretter que celle-ci n’est pas eu lieu, l’UE les mettant devant le fait accompli. Ainsi pour l’Indonésie : « le Règlement a été élaboré de façon unilatérale sans aucun dialogue entre l’UE et les pays producteurs. D’après nos échanges avec le gouvernement indonésien, nous savons que cette situation ne lui plaît pas non plus. Nous pensons que cela dénote un manque de respect vis-à-vis du travail acharné accompli par les Indonésiens de tous horizons (société civile, secteurs du bois et de la foresterie, autorités, etc.) pour mettre en œuvre le plan d’action relatif aux réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (FLEGT). »8
Ce mépris total de l’UE vis-à-vis des populations et des pays impactés par ses décisions se manifeste de façon criante dans sa façon d’agir vis-à-vis du Vietnam. Selon Fern : « la VICOFA (Vietnam Coffee-Cocoa Association) n’est pas au courant de l’existence du EUDR. Ses membres disent qu’ils ont reçu un courriel de l’Europe mais qu’ils n’ont pas pu comprendre son contenu étant donné qu’ils ne parlent pas anglais. »9
De toute façon, il n’est pas dans les intentions de l’UE de négocier quoi que ce soit. Il suffit pour s’en convaincre de citer ce qu’a écrit l’eurodéputé Renew président de la commission Environnement du parlement européen, Pascal Canfin pour qui ce règlement « va fermer les portes de notre continent – le plus grand marché du monde rappelons-le – aux produits du quotidien ayant le plus d'impact sur la déforestation dans le monde si leur importateur ne sont pas capables de démontrer, documents satellitaires et géolocalisation à l'appui, qu'ils ne sont pas issus de zones déforestées » (les fautes d’accord sont de Canfin mais c’est moi qui souligne). Il considère que « c’est radical » et compte « utiliser la force de notre marché pour peser sur la mondialisation » (en gras dans le texte)10.
Pas question donc de tenir compte ni des lois environnementales des pays concernés et de leurs décisions concernant l’usage des sols sur leur territoire, ni de l’avis des producteurs visés, ni non plus de négocier des délais ou des assouplissements prenant en compte les situations locales. C’est la politique du fait accompli reposant sur un rapport de force dans lequel l’Europe exige des autres ce qu’elle-même n’a même pas réussi à faire et dont les forêts anciennes se résument aujourd’hui à des confettis mal protégés et mis en danger avec le développement du bois énergie.11
En recourant à des données satellitaires et des géolocalisations fournies par des satellites espions comme preuve que les produits visés ne proviennent pas de parcelles déforestées après la date buttoir du 31 décembre 2020, l’UE se permet une ingérence supplémentaire. Comme l’écrit François-Michel Le Tourneau : « l’UE considère qu’elle peut définir à la place des États ce qu’ils devraient faire ou non de leur espace naturel, y compris en l’observant à distance pour mener ses contrôles. »12 Tout cela au nom d’une «défense du climat» et d’une préservation de la biodiversité chez les autres. Avant d’appartenir au « patrimoine mondial de l’humanité », la biodiversité de la ceinture tropicale appartient aux populations autochtones qui y vivent. La considérer comme un « bien commun », c’est spolier ces populations. C’est à elle de gérer ce « bien », leur bien, comme elles l’entendent, à elles de faire les arbitrages qui leurs conviennent entre le développement économique, la justice sociale et la préservation de leur espaces naturels. Faute de l’avoir compris, la réglementation de l’UE à toutes les chances d’être peu efficacee pour atteindre le but avoué : la réduction de la déforestation dans la ceinture tropicale de la planète.
Ce n’est pas pour des raisons technologiques qu’elle manquera son but :
1°) Les satellites espions d’Airbus que l’UE compte utiliser pour réaliser ses contrôles sont capables de déterminer la nature du couvert forestier, le type de culture des parcelles avec « le niveau de finesse nécessaire pour comprendre très précisément ce qui arrive au niveau forestier à l'échelle mondiale » comme s’en vante la responsable des relations européennes de la firme. Si le contrôle à distance voulu par l’UE échoue, cela est dû à l’impossibilité de contrôler à distance la traçabilité du produit exporté13.
Pour le cacao par exemple, François Ruf, économiste au Cirad, spécialiste du cacao doute de l'applicabilité de la législation européenne. Voici ce qu’il a déclaré à RFI : « cela voudrait dire qu’il y a une traçabilité parfaite et que l’Europe serait capable de déterminer si une fève de cacao ou un sac de cacao, vient d’une plantation qui a été créée il y a plusieurs années, et non pas sur une parcelle qui a été défrichée après la date qu’ils ont choisie en 2020. C’est impossible à déterminer dans le contexte actuel des pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana». Les anciennes forêts classées de ces pays « produisent du cacao en masse ; le cacao sort par des pistes piétonnières et une fois qu’il est sorti du périmètre de la forêt classée, il est mélangé avec le reste ; et il n’a rien qui ressemble plus à une fève produite en forêt classée qu’une fève produite dans le domaine dit rural ! »14
Pour le bœuf et le soja brésilien, il en va de même. Pour François-Michel Le Tourneau « On ne doute absolument pas de la grande précision des données géographiques qui seront produites. Mais l’association de telle ou telle carcasse de viande ou telle ou telle cargaison de soja à des parcelles interdites risque d’être plus délicate. » Ceux produits sur des parcelles déjà défrichées illégalement au regard des lois du Brésil sont mis sur le marché en dissimulant leur origine par diverses techniques. Les autorités brésiliennes qui sont pourtant sur place a bien du mal à détecter les fraudes et l’on peut douter fortement que l’EU y réussira mieux, elle qui ne peut faire de contrôle qu’à distance. « On peut se demander s’il n’y a pas un peu d’illusion technologique dans cet aspect de la législation » conclut F. M. Le Tourneau.15
2°) L’importance du marché européen n’est pas la même selon les produits concernés. Par exemple, si pour le cacao et le café la part du marché européen est prépondérante16 /17, ce n’est pas le cas pour bois tropical où la part de l’Europe est très faible dans la consommation mondiale (entre 4 et 5 % de la consommation mondiale de grumes, sciages et contreplaqués, en équivalent bois rond)18. Il faut donc relativiser les affirmations des tenants du règlement UE sur la déforestation importée estimant que l’UE était « le plus grand marché du monde ».
François-Michel Le Tourneau montre que dans le cas du Brésil, cette affirmation est fausse en grande partie. Les deux vecteurs principaux de déforestation sont dans ce pays, le soja et le bœuf. Pour ce dernier et pour le soja en grain, les parts du marché UE ne sont que de 14 % du soja brésilien et 8,8 % de la viande bovine brésilienne alors que celles de l’Asie sont de de 80,6 et 62 %! Il n’y aurait que pour les tourteaux de soja que l’UE ferait presque que jeu égal avec la Chine 44,7 % contre 43 %, « mais les tourteaux et assimilés ne représentent que 14,4 % de la valeur combinée des exportations des trois produits »19 De plus croire que le règlement de l’UE pourrait faire des émules est peu vraisemblable selon cet auteur.
3°) Enfin au niveau mondial, « il y a seulement environ 20% de la déforestation qui est liée au commerce international. Donc, avant tout, les moteurs de la déforestation, c’est la consommation des pays producteurs eux-mêmes : c’est le Brésil qui consomme du bœuf, etc. » rappelle Alain Karsenty chercheur et consultant au CIRAD dans une interwiev à Rfi20
Ce n’est donc pas en « pesant sur le marché mondial », en jouant sur la mondialisation des échanges par le biais de mesures contraignantes sur les pays producteurs que sera stoppée de façon efficace et socialement acceptable la déforestation dans les pays de la ceinture tropicale. Ce règlement ne fera que permettre au consommateur européen de déguster du chocolat ou du café qu’il payera plus cher avec l’illusion de « ne pas contribuer à la disparition de forêts à l’autre bout du monde » !
2 Précisons que l’on entend par « déforestation importée », la déforestation due à la demande de marchés distants, par exemple la déforestation de parcelles pour la culture du soja ou du cacao achetés en Amérique latine ou en Afrique et importés en Europe.
3 « Déforestation importée : l’Union européenne adopte une réglementation ambitieuse mais imparfaite » Greenpeace, Communiqué de presse, 6 décembre 2022 https://www.greenpeace.fr/espace-presse/deforestation-importee-lunion-europeenne-adopte-une-reglementation-ambitieuse-mais-imparfaite/ ; « La déforestation n’a plus sa place dans les chaînes d’approvisionnement de l’UE » Euractiv, 6 décembre 2022 https://www.euractiv.fr/section/energie/news/la-deforestation-na-plus-sa-place-dans-les-chaines-dapprovisionnement-de-lue/?utm_source=pocket_reader
4 « La déforestation n’a plus sa place dans les chaînes d’approvisionnement de l’UE » Euractiv, 6 décembre 2022 https://www.euractiv.fr/section/energie/news/la-deforestation-na-plus-sa-place-dans-les-chaines-dapprovisionnement-de-lue/?utm_source=pocket_reader
5 Jon Walker « La proposition de l'Union Européenne sur la déforestation doit faire plus pour les petits producteurs et productrices » Max Havelaar France, 10.03.2022 https://maxhavelaarfrance.org/actualites/a-la-une/la-proposition-de-lunion-europeenne-sur-la-deforestation-doit-faire-plus-pour-les-petits-producteurs-et-productrices?utm_source=pocket_reader
6 Vu Thi Bich Hop « Le règlement européen sur la déforestation ne doit pas mettre en péril les moyens de subsistance des producteurs de café vietnamiens » Fern, 15 décembre 2022 https://www.fern.org/fr/publications-insight/eu-deforestation-regulation-must-not-imperil-vietnams-coffee-farmers-livelihoods/?utm_source=pocket_reader
7 Abil Achmad Akbar, Sri Palupi « Le nouveau Règlement de l’UE contre la déforestation fait face à d’importants défis en Indonésie » Fern, 15 décembre 2022, https://www.fern.org/fr/publications-insight/the-eus-new-deforestation-regulation-faces-significant-challenges-in-indonesia/?utm_source=pocket_reader
8 Abil Achmad Akbar, Sri Palupi « Le nouveau Règlement de l’UE contre la déforestation fait face à d’importants défis en Indonésie » Fern, 15 décembre 2022, https://www.fern.org/fr/publications-insight/the-eus-new-deforestation-regulation-faces-significant-challenges-in-indonesia/?utm_source=pocket_reader
9 Vu Thi Bich Hop « Le règlement européen sur la déforestation ne doit pas mettre en péril les moyens de subsistance des producteurs de café vietnamiens » Fern, 15 décembre 2022 https://www.fern.org/fr/publications-insight/eu-deforestation-regulation-must-not-imperil-vietnams-coffee-farmers-livelihoods/?utm_source=pocket_reader
10 Pascal Canfin « Accord historique sur la première loi au monde contre la déforestation importée » 6 décembre 2022 https://www.linkedin.com/pulse/accord-historique-sur-la-premi%25C3%25A8re-loi-au-monde-contre-pascal-canfin/
11 Loïc Chauveau «L’Europe dénombre ses dernières forêts primaires », Science et Avenir, 06.06.2018, https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plantes-et-vegetaux/la-premiere-cartographie-des-forets-primaires-europeennes-vient-d-etre-publiee_124674?utm_source=pocket_reader
12 François-Michel Le Tourneau « Déforestation au Brésil : la législation européenne peut-elle changer la donne ? », The Conversation France, 2 janvier 2023,
13 Louise Sallé « Déforestation importée : l’UE compte sur l’imagerie satellite pour effectuer des contrôles » Europe 1, 7 décembre 2022 https://theconversation.com/deforestation-au-bresil-la-legislation-europeenne-peut-elle-changer-la-donne-197072?utm_source=pocket_reader
14 « Déforestation: le cacao ivoirien est-il conforme aux nouvelles règles imposées par l'UE ? » Rfi 07/12/2022 https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221207-d%C3%A9forestation-le-cacao-ivoirien-est-il-conforme-aux-nouvelles-r%C3%A8gles-impos%C3%A9es-par-l-ue?utm_source=pocket_reader
15 François-Michel Le Tourneau « Déforestation au Brésil : la législation européenne peut-elle changer la donne ? », The Conversation France, 2 janvier 2023, https://theconversation.com/deforestation-au-bresil-la-legislation-europeenne-peut-elle-changer-la-donne-197072?utm_source=pocket_reader
16 « L'Europe représentait 33% de la consommation mondiale de café en 2020/2021, soit un volume estimé à 3,244 millions de tonnes de café. Cela fait de l'Europe le plus grand marché du café au monde. L'Asie et l'Océanie se classent en deuxième position avec une part de marché de 22%, suivies de l'Amérique latine avec 20 % et de l'Amérique du Nord avec une part de marché de 19%. » https://www.cbi.eu/sites/default/files/market_information/researches/2021%20Coffee%20Statistics%20and%20Outlook%20FR.pdf
17 « Le cacao en chiffres » https://www.europarl.europa.eu/pdf/cocoa/cocoa_exp_in_fr.pdf
18 Denderwood « Les bois tropicaux : Importations & Tendances » https://www.oewb.be/sites/default/files/media-documents/04%20-%20Hicham%20Chine%20-%20Les%20bois%20tropicaux.pdf
19 François-Michel Le Tourneau « Déforestation au Brésil : la législation européenne peut-elle changer la donne ? », The Conversation France, 2 janvier 2023, https://theconversation.com/deforestation-au-bresil-la-legislation-europeenne-peut-elle-changer-la-donne-197072?utm_source=pocket_reader
20 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invit%C3%A9-international/20221206-accord-de-l-ue-pour-lutter-contre-la-d%C3%A9forestation-toute-la-charge-va-reposer-sur-les-importateurs
L’Union européenne ne se tromperait-elle pas de combat, ou d’époque ?
"Si cette nouvelle récession cacaoyère du Ghana se confirme, et si elle est relayée par de nouveaux booms, à commencer par celui du Liberia, elle sera une preuve supplémentaire de l’échec cuisant du « cacao durable » (https://revue-se same-inrae.fr/le-mythe-du-cacao-durable-1-2/) et donc de ses promoteurs : politiques publiques du Nord et du Sud, multinationales, agences de certification, bailleurs de fonds. La nouvelle régulation de l’Union Européenne interdisant la « déforestation importée » pourrait également s’avérer contre-productive. Si « l’or brun » du cacao issu des forêts ne peut plus partir vers l’Europe, ce sont des tonnes d’or jaune extrait de ces mêmes forêts qui s’envoleront pour Dubaï et la Suisse (Le Temps, 2020). L’Union européenne ne se tromperait-elle pas de combat, ou d’époque ? "
François Ruf, Revue Sésame 3 janvier 2024
Cette « obligation d’achat » avait pour objectif de soutenir la filière industrielle des ENRi (énergie,nouvelles renouvelables intermittentes) et inciter les petits producteurs et particuliers à produire un surplus de consommation pour le revendre à EDF et ainsi, en tirer des revenus.
Les superprofits des promoteurs de l’éolien et du solaire ont donc été pris ni dans la poche d’EDF qui est remboursée (en principe !) par l’état du manque à gagner, ni dans celle de l’état qui rembourse EDF mais dans celle des consommateurs, c’est-à-dire nous tous, via la CSPE. Nous avons donc été contraints de soutenir financièrement le développement de ces énergies quoi que nous puissions penser de leur utilité.
Cerise sur le gâteau, les particuliers aisés, heureux propriétaires d’une villa bien isolée au toit couvert de panneaux voltaïques tiraient ainsi un revenu de la consommation d’un locataire d’une HLM, passoire thermique !
Ce mécanisme a été modifié mais fonctionne en gros encore de la même manière.
Depuis l’explosion brutale et inattendue du prix de l’électricité sur le marché, le prix garanti par les Obligations d’Achats (devenues par la suite en Complément de rémunération) se trouve bien inférieur au prix du marché. C’est alors le producteur d’ENR qui rembourse le surplus à l’état. Ainsi, quand les prix de l’énergie électrique flambent, l’Etat gagne des milliards d’euros grâce aux énergies renouvelables. L’état l’engrange sans le redistribuer par une CSPE qui devrait être négative !
Et donc pas question de voir une TICFE (CSPE) négative sur nos factures, sauf à descendre dans la rue pour la réclamer ! Mais quand on sait comment ont été traités les Gilets Jaunes lorsqu’ils se sont insurgés contre les augmentations insensées de la taxe « carbone » pesant sur les carburants.
Nous avons payé les hachoirs à oiseaux et les miroirs aux alouettes mais pas question de récupérer la manne qu’ils rapportent au budget de l’Etat contre toute attente! Elle s’élève tout de même à 31 milliards d’euros pour 2022 – 2023! L’Etat peut donc bien réduire cette taxe au plus bas, c’est lui qui gardera le pognon que verseront les opérateurs des ERNi si les prix de l’électricité continuent à s’envoler sur le marché de l’électricité concocté par l’UE.
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Le diagramme ci-contre récapitule ce qui est financé par la CSPE (source : Capitaine Energie)
Au quotidien
En fait, la spécificité des écologistes français c’est de n’avoir jamais été capables d’empêcher la nucléarisation à marche forcée de la production d’électricité et de n’avoir pu par la suite qu’influer à la marge sur son développement quoi que puissent dire les technocrates du nucléaire et leurs groupies.
La vérité est donc que pendant longtemps, les gouvernements et les industriels ont eu toute latitude pour développer la filière, quasiment sans aucun contrôle et avec personne pour leur mettre des bâtons dans les roues. Par la suite, les développements des CLI (Commission locale d'information), la constitution d’autorités indépendantes de contrôle – ASN (Autorité de sûreté nucléaire), IRSN (Institut de radioprotection et de sureté nucléaire) – n’ont pas bridé l’électronucléaire, mais ont permis une meilleure transparence et un accroissement non négligeable de la sureté, le contrôleur n’étant plus le contrôlé.
Ce qui a freiné l’expansion du nucléaire civil mais ne l’a pas remis en cause, du moins en France, ce sont les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Tandis que ce fut le cas, en Allemagne, en Autriche et en Italie.
Ce qui lui a permis de redorer son blason, c’est le réchauffement climatique ou plus précisément, la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique causé par les émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie fossiles. C’est ainsi qu’on a vu naître des associations de nucléocrates qui se sont posées en défenseur du climat comme « Sauver le climat » (sic !) où les nucléocrates retraités ou non d’EDF sont en nombre. Cette théorie prétendue consensuelle est pain béni pour les nucléocrates d’autant que les média et certains scientifiques pas toujours climatologues ou physiciens en rajoutent sur « l’Urgence climatique »
Le CEA(Centre d'énergie atomique) quant à lui a réussi une quasi OPA sur la climatologie française. Presque tous les Français qui ont collaboré aux rapports du GIEC sont issus du laboratoire du CEA « Institut Pierre-Simon-Laplace » et des six laboratoires satellites qui ont été fédérés autour de lui (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales LATMOS, Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement- LSCE, Laboratoire de Physique Moléculaire pour l'Atmosphère et l'Astrophysique, LPMAA, Laboratoire d'Océanographie et du Climat : Expérimentation et Approches Numériques, LOCEAN, Laboratoire de Météorologie Dynamique-LMD, Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques-LISA selon le recensement établi sur le site « Les deux ailes.com »). Ceux qui, en France n’admettent pas la théorie du réchauffement climatique induit par les émissions de CO2 anthropique et ses conséquences catastrophiques sont marginalisés, accusés de conflit d’intérêt, leurs crédits de recherche coupés, leurs possibilités de publier réduites : c’est le fameux consensus que défendent aussi les écologistes ! En France il sert à faire taire les voix discordantes.
Même des bureaux d’étude comme celui de Jean-Marc Jancovici, qui a l’oreille de certains écologistes, considèrent que le développement du nucléaire et du tout électrique est incontournable pour atténuer le réchauffement climatique et arriver à l’objectif de 0 émission nette de CO2.
En résumé de ce bref retour en arrière, si l’électronucléaire est aujourd’hui en difficulté, les écologistes n’en sont nullement la cause. Ils n’ont jamais eu le pouvoir de remettre en question le primat du nucléaire en France. Aujourd’hui moins que jamais ! La crise énergétique que nous subissons, pour ce qui est de l’électricité provient incontestablement de l’insuffisante diversification de notre mix énergétique et de l’incurie des gouvernements et des énergéticiens français.
Tous nos œufs sont dans le même panier, ou presque puisqu’il n’y a à côté du nucléaire comme source d’énergie pilotable que l’hydraulique mais celui-ci ne peut guère être développé plus avant. Il est la principale source d’énergie renouvelable en France et produit environ 20 % de l’électricité, les ENRi (énergie nouvelles renouvelable intermittentes) en produisant un peu moins de 10%. En voulant poursuivre le tout nucléaire avec une transition énergétique au (presque) tout électrique comme la rêvent et voudraient l’imposer les afficionados de cette source d’énergie, on risque de gros déboires si l’anse du panier venait à casser ou à se fragiliser dangereusement ! Les mêmes causes produisant les mêmes effets : Errare humanum est, perseverare diabolicum ! Diversifier, certes mais comment ? Avec les énergies renouvelables intermittentes solaire et éolien ?
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Avec 24% de la puissance totale, les ENRi ne produisent au mieux que 10% (éolien Installé : 14% ; production : ͌ 6.90%, Photovoltaïque : installé 10%, production : ͌2.70% !). Avec les réacteurs à l’arrêt pour cause de soudures défectueuses, on peut estimer entre 80 et 100 TWh le manque à combler (379 TWh produit en 2021 contre 275 – 285 TWh estimé en 2022). Les ENRi sont bien incapables d’y pourvoir ! Elles le seront pendant encore longtemps, peut-être toujours !
Malgré une puissance installée en constante hausse des ENRi, la part de l’électricité produite par les ENR avait baissé en 2021 à cause de l’absence de vent et de la sécheresse. Le facteur de charge de l’éolien était de 26% en 2020, il n’était plus que de 22% en 2021, ce qui explique que la production d’électricité éolienne a baissé de 7% malgré une mise en service de nouveaux engins pour une puissance installée de + 7% (1,2 GW) par rapport à 2020 !
Avec un parc en extension augmentant sa puissance installée de 26% par rapport à 2020, la production d’électricité voltaïque quant à elle n’a augmenté que 13% passant à 14,3 TWh, son facteur de charge étant de 13,7 % en 2021 contre 14,7% en 2020.
Ajoutons que lorsque l’on a le plus besoin d’électricité, en hiver le facteur de charge du solaire est au plus bas (5.7 en Janvier 2021, 9 en Février, 6.9 en Novembre, 5.5 en Décembre). Il ne faut donc pas compter sur lui pour éviter les coupures en hiver. Les performances de l’éolien étant étroitement dépendantes de la météo, il faut comme Brassens prier Dieu qu’il y ait du vent mais pas trop fort sinon ces gigantesques hachoirs à oiseaux se mettent en drapeau !
Mais même avec des conditions météo idéales jamais vraiment réalisées, ce ne serait pas suffisant vu les ordres de grandeur ! Il faudrait couvrir la France d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques pour pallier une déficience sévère du parc nucléaire ou pour le remplacer.
En conclusion, la diversification du mix énergétique avec des ENRi ne sert à rien d’autre qu’à mobiliser des capitaux qui seraient plus utiles ailleurs et à remplir les poches des opérateurs des ENRi. À coup de lois d’exception, l’Etat, aiguillonné par la Commission Européenne livre en pâture à ces opérateurs le territoire national avec ses paysages et ce qu’il possède encore de naturalité, et ces opérateurs sont des investisseurs en quête de profits juteux, de retours sur investissement rapides bref, des fonds de pension spéculatifs, étrangers pour la plupart auxquels les lois françaises et règlements ont fait un pont d’or, lois et règlements établis avec le soutien et la participation des ministres et députés Verts, parti qui a changé de nom mais pas de doctrine.
Ce parti reste un partisan acharné de ces ENRi au point de remettre en cause deux acquis essentiels de l’écologie, les lois Montagne et Littorale votées en 1985 et 86 alors qu’il n’y avait aucun député Vert à l’Assemblée nationale. A cette époque ; ce parti n’arrivait pas à dépasser le cap des 1000 adhérents tandis que ses résultats électoraux étaient en chute (1,2% sur l’ensemble du territoire lors des législatives de 1986, alors qu’il s’agissait d’une élection à la proportionnelle, la seule de la 5ème république !).
Le Réseau Action Climat qui, comme les Verts, ne veut ni nucléaire ni effet de serre, fédère des ONG parmi lesquelles on trouve les grandes associations supposées défendre la Nature. Lui non plus ne trouve rien à redire – ou si peu – aux révisions des lois montagne et littorale pour permettre le développement des ENRi.
La conséquence qui s’impose est qu’une diversification efficace du mix énergétique pour faire face à des éventuelles défaillances de l’électronucléaire qui restera pour longtemps dominant, est le recours aux énergies fossiles, bon gré, mal gré et pour longtemps aussi! D’ailleurs c’est bien ce qui se passe aujourd’hui avec la remise en fonction de centrales au charbon que l’on voulait envoyer à la casse ! Plutôt que de persévérer dans cette politique stupide de destruction d’outils de production, il vaudrait bien mieux regarder les choses en face et faire bénéficier de ces centrales des derniers perfectionnements qui les rendent plus performantes et moins polluantes, ce qui est aussi un savoir-faire développé par EDF et vendu ailleurs. Le nuc a besoin de roues de secours pour passer les pics et en cas de problème. Ce ne sont pas les ENRi qui peuvent en tenir lieu.
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Elles ne sont pas prêtes de s’arranger d’autant que EELV et les anti nuc du Réseau Action Climat (RAC )sont d’accord avec ce quasi-tout électrique alors que dans le même temps leur tort est de surestimer les capacités des ENRi à produire de l'électricité et de négliger la question de l'intermittence. Avec eux, on serait encore plus mal parti. La prétendue « sobriété énergétique » dont ils font l’apologie n’étant qu’une fallacieuse façon de présenter la pénurie qui en découlerait.
L’expression animaux non humains est utilisée par certains philosophes, chroniqueurs, pamphlétaires, blogueurs, etc., animalistes antispécistes et par la mouvance végane. Les autres, les gens ordinaires, vous et moi se contentent de parler d’animaux, étant entendu que les gens ordinaires, vous et moi ne se considèrent pas comme des animaux bien qu’ils ne feraient aucune difficulté pour reconnaître que leur espèce fait partie du règne animal. L’expression sonne comme une redondance puisque dans le langage ordinaire dire d’un être vivant qu’il est animal implique qu’il n’est pas un humain et réciproquement dire qu’il est un humain implique qu’il n’est pas un animal !
C’est précisément cela que refusent les antispécistes. Pour eux les hommes sont des animaux parmi d’autres et il n’y a pas lieu de privilégier leur espèce, notre espèce lorsqu’il s’agit d’appliquer le principe d’égale considération des intérêts et notamment l’intérêt à vivre et à ne pas souffrir. Pour contrer notre spécisme spontané, il faut ramener l’humain à sa condition animale et faire de lui un animal parmi d’autres, à défaut d’en être un comme les autres. D’où l’expression « animal non humain » qui suppose pour faire sens l’expression opposée « animal humain ». Or dans le langage ordinaire cette expression « animal humain » n’a pas de sens. C’est une contradiction dans les termes : « animal humain » est un non sens comme « carré rond », puisque humain = non animal et animal = non humain !
L’expression « animal non humain » ne peut recevoir de sens que dans l’opposition « animal humain /animal non humain » et dans cette opposition « animal humain » est le terme marqué c’est-à-dire que l’expression « animaux non humains » réfère à un ensemble d’animaux non spécifiés et simplement caractérisés par opposition aux «animaux humains». Comme cette dernière notion est un non sens, la notion « animal non humain » qui prend son sens par rapport à elle est, elle aussi, un non sens. Pire donc que redondante, l’expression est absurde. En toute rigueur il n’y a dans le monde pas plus d’animal humain que d’animal non humain, que de carré rond !
Pourquoi cette conclusion peut-elle paraître contre-intuitive ? Simplement parce que on peut donner au terme « animal » dans les expressions en cause un autre sens que le sens ordinaire qu’il a l’air d’avoir, sens ordinaire qui exclut l’homme. Il ne renverrait pas à un fatras d’espèces à l’exception de l’humaine. Il ne serait pas synonyme de « bête », c’est-à-dire de « tout être vivant couramment perçu comme un animal, à l’exception de l’homme » selon la définition de la dernière édition du dictionnaire de l’Académie française. Il renverrait pour partie à un règne biologique, le règne animal traditionnellement opposé à celui des végétaux dans la classification linnéenne qui de deux règnes a évolué depuis en six voire sept règnes. Pour partie car les éponges, par exemple qui pour la taxinomie scientifique appartiennent au règne animal ne seraient pas considérées comme des animaux pour la plupart des antispécistes.
Admettons cette interprétation plus charitable ! Néanmoins, il reste difficile de savoir avec précision ce qui est retenu du règne animal des biologistes par les antispécistes. Les animaux au sens des antispécistes ne se définissent pas par conditions nécessaires et suffisantes mais par type (ou prototype), par exemple « chien et tout ce qui y ressemble » avec quantité de cas limites et incertains ! Le prédicat «être sujet d’une vie » de Tom Regan bien que défini en termes de CNS fonctionne en fait comme s’il était défini par type et détermine assez bien ce que les antispécistes et autres végans considèrent comme animal.
Ce n’est donc pas à un règne de la taxinomie scientifique que l’on a affaire ici mais au mieux à un genre d’une taxinomie populaire. D’ailleurs le dictionnaire de l’Académie dans sa 8e édition (1935) illustrait cette notion de genre par l’exemple suivant : « Sous le genre animal, il y a deux espèces comprises, celle de l’homme, celle de la bête » (p. 594) La « bête » désigne donc tous les animaux qui ne sont pas humains, donc les « animaux non humains » des antispécistes !
Dans cette interprétation charitable, non seulement les « animaux non humains » des antispécistes ne sont rien d’autre que ce qu’on appelle des bêtes en bon français mais il y a pire pour les antispécistes. Comme mentionné plus haut, l’expression « animal non humain » reçoit son sens dans son opposition avec «animal humain » et non l’inverse. Pour bien le comprendre considérons l’opposition «animaux lagomorphes»/« animaux non lagomorphes». L’humain appartiendra à cette dernière catégorie seulement parce qu’il n’est pas lagomorphe. On fait donc des lagomorphes une classe à part et on la distingue de toutes les autres rejetées dans l’indistinction de tous ceux qui ne sont pas lagomorphes.
Le « spécisme » de l’opposition «hommes»/« animaux » que les anti-spécistes répudient de leur langage se retrouve dans celui qu’ils adoptent puisque c’est encore par rapport à l’humain que se caractérise tous les autres animaux en ce qu’ils ne sont pas des humains, seulement en cela et non en ce qu’ils sont des lapins, de chiens, des chats, des éponges, des collemboles etc.... Les antispécistes croyaient avoir chassé ce spécisme par la porte et le voilà qui entre de nouveau et en force par la fenêtre ! Ils réduisent les humains à des animaux tout en les distinguant de tous les autres et en les érigeant en point de référence. Le point de vue reste donc spéciste parce qu’anthropocentré ! L’espèce humaine étant distinguée et les autres espèces laissées sans distinction pêle-mêle dans leur non-humanité.
En résumé, soit l’expression antispéciste « animal non humain » est un non sens, soit ce n’est qu’un synonyme jargonnant de « bête » ! Foin donc de l’antispécisme, vive le non-spécisme !
L’article qui suit est une longue mise au point sur le passif de la gauche dite de gouvernement notamment au cours du dernier quinquennat de François Hollande. Un passif qui n’a guère été reconnu par cette gauche et notamment par le PS. Je l’effectue à partir d’une critique d’un court article que Gilles Mergy a publié sur le blog « Osez-Fontenay », symptomatique de cette absence et qui a été pour moi un déclencheur. C’est pourquoi je souhaite souligner en avant-propos que j’ai participé avec Gilles pendant de nombreuses années à la même équipe municipale. Je n’ai pas eu et n’ai pas de désaccord avec lui pour ce qui est des affaires municipales, et si j’étais encore impliqué dans les affaires municipales de Fontenay, je soutiendrais son action et celle de l’opposition municipale Fontenaisienne actuelle qui réunit Gauches et Ecologistes d’EELV.
6 mai 2012, le socialiste François Hollande s’installe à l’Élysée. « Le changement, c’est maintenant »
21 juin 2012 Limogeage de Nicole Bricq ministre de l’écologie depuis un mois. Motif : sanctionnée pour avoir suspendu les permis de Shell pour la recherche d’hydrocarbure au large de la Guyane à cause de l’absence de garantie quant à la protection de l’environnement et de la faune marine dans ces permis, protection à laquelle elle était « très attachée » et aussi pour sa volonté de réformer le code minier pour une plus grande protection de l’environnement ! [2019 Ironie de l’histoire : les prospecteurs ont fait chou blanc. Il n’y a pas de gisement de pétrole exploitable dans les eaux de la Guyane] Comparez avec le 12 Décembre 2015 : discours de clôture de la COOP 21 : Hollande a-t-il eu la révélation écologique ? Simple pantomime électoraliste d’un chef d’Etat impopulaire aux abois ?
24 Juin 2012, le vent du changement : Le Chefresne (Manche), petite commune de 300 habitants dont le maire Monsieur Jean-Claude Bossard est agriculteur et adhérent d’Europe Écologie: tirs de gaz lacrymogène et, probablement, de grenades offensives contre les manifestants qui s’opposent avec le maire à l’édification de la ligne à très haute tension Cotentin – Maine. Cette THT devrait raccorder le futur réacteur EPR de Flamanville au reste du monde. On déplore deux personnes sérieusement blessées parmi les manifestants de cette marche pacifique. C’est en réprimant les manifestions écologistes avec une rare violence lors du quinquennat de Hollande que les CRS et autres gendarmes mobiles se sont fait la main.
27 Juillet 2012 Le vent du changement : Mise en consultation de projets d’arrêtés ministériels assouplissant les arrêtés ministériels relatifs aux espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire national et de ceux concernant les protections régionales. Levée de bouclier des associations de protection de la Nature : ces assouplissements sont tels qu’ils laissent ces plantes sans protection réelles. Projet suspendu, serpent de mer déjà en préparation avec Nathalie Kosciusko Morisset , remis à plus tard.
2 juillet 2013 Suite de la valse des ministres de l’écologie : Delphine Batho remplacée par Philippe Martin, l’ami des chasseurs.
Nuit du Samedi 25 au Dimanche 26 Octobre 2014. Doit-on oublier Sivens et la mort de Rémi Fraisse avec Cazeneuve et Valls à la manœuvre sans omettre le Conseil général du Tarn à majorité PS et son président PS ? Ce sont eux, la « gauche de gouvernement aux manettes », qui ont ajouté le nom de ce botaniste à la liste des militants tués parce qu’ils défendaient la Nature. Rappelons qu’en 2014, depuis la mort de Vital Michalon sur le site de Creys-Malville en 1977, il n'y avait plus eu en France de mort dans des manifs écolos et que depuis 1986 et la mort de Malik Oussekine, il n'y avait plus eu de mort dans une manifestation !
6 août 2015 Vote d’un amendement introduit dans la loi Macron (voir ci-dessous) entérinant le centre de stockage des déchets radioactifs à Bure, dans la Meuse. Reconnu comme « cavalier législatif » et censuré par le Conseil constitutionnel.
Si une gauche à la Hollande était restée au pouvoir, nous aurions eu sans doute l’aéroport de Notre Dame des Landes cher à Jean-Marc Ayrault.
Social : Hollande en a rêvé, Macon l’a fait ou le fera !
Pour le social, il faut reconnaître que par le passé, il y a eu de grandes avancées avec des gouvernements de gauche. Mais pas avec Hollande ! Certes, le bilan n’est pas entièrement négatif, surtout lors du gouvernement Eyrault, avec les suivants par contre …
6 Août 2015 Loi Macron « pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » : libéralisation des autocars, assouplissement des règles concernant le travail le dimanche et la nuit. De plus l'article 135 de cette loi allège la fiscalité des actions gratuites.
Hollande prenait les gens pour des c… en s’écriant « Mon ennemi, c’est la finance » alors qu’il avait pour conseiller un homme de ce milieu dont il a fait par la suite son ministre… des finances ! Une gauche à la Hollande c’est aussi la réforme des retraites, la loi El Khomri… Le quinquennat de Hollande a été le début d’une série d’attaques contre les droits des salariés et Macron n’a fait que continuer l’œuvre entreprise. Débarrassé des frondeurs avec une majorité aux ordres, ce dernier a pu poursuivre ce travail de sape sans entraves.
Sociétal : rendre à César !
Quant au sociétal, j’aimerais rappeler à Gille Mergy que certes, ‘la gauche de gouvernement’ a fait des bonnes réformes mais la droite aussi. Par exemple : âge du droit de vote (ou plus exactement l'âge de la majorité) abaissé de 21 à 18 ans par Valéry Giscard d'Estaing en 1974, la loi Veil légalisant l’avortement promulguée le 17 janvier 1975 encore sous Giscard d’Estaing sans oublier la loi du 11 juillet 1975 qui a instauré le divorce « par consentement mutuel » ou « pour rupture de la vie commune». Rappelons qu’avant seul le divorce «pour faute» était possible.
Si l’on remonte plus loin encore dans le temps, le droit de vote pour les femmes c’est De Gaulle en 1944, avant même le « Débarquement » [Elles l’avaient déjà aux États-Unis (1919), en Inde (1926) avant de l’avoir en Grande-Bretagne (1928) ; même la Turquie où les femmes ont ce droit depuis 1934 avait précédé la France]. Quant à la légalisation de la « pilule », on la doit à Lucien Neuwirth en 1967 sous le septennat de De Gaulle.
Ce n’est ni être gaulliste ou giscardien de le faire remarquer ! Et d’ailleurs, on peut dire que le mérite de ces chefs d’état de droite ou de gauche n’a été que de mettre les lois en harmonie avec les mœurs souvent avec beaucoup de retard, parfois avec un peu d’avance, parfois malgré une opinion publique réticente (avortement, peine de mort par exemple)
Avec la nomination de Valls le 31 mars 2014 à la tête du gouvernement et le débauchage qui s’en est suivi, Hollande savait très bien qu’il ferait éclater le groupe des élus EELV. Si la dérive de Vincent Placé l’a mis hors-jeu, tirons notre chapeau à celle d’Emma Cosse, mais surtout à celles de F. de Rugy et B. Pompili, roi et reine des écolos opportunistes au solide appétit et heureux et heureuse gagnante des entreprises de débauchage de Hollande puis de Macron .
Moralité de ce bilan : les idéaux et les valeurs dont parle G. Mergy ne donnent pas les moyens de faire respecter accords et programmes, ni même de les construire. Tant que le PS actuel n’aura pas exercé vraiment un droit d’inventaire sur le quinquennat de Hollande comme le voulait Jospin sur celui de Mitterrand, tant qu’il n’en n’aura pas tiré les conséquences, il est à mon sens très difficile de s’entendre avec lui à l’échelon national.
D’ailleurs de quels idéaux et valeurs s’agit-il concrètement, alors que l’on a vu réapparaître Le Foll un « hollandais » fidèle et pire encore, Cazeneuve avec des velléités d’investiture pour l’élection présidentielle de 2022. Faut-il rappeler que le 21 septembre 2019 lors de son changement de nom – le PRG devenant ‘PRG Centre gauche’ ! – son président Guillaume Lacroix souhaitait «épauler Bernard Cazeneuve» et lui dire que «la gauche comme la France ont besoin de lui» (LaDepeche.fr du 22/09/2019)! Besoin de Cazeneuve pour quoi faire ? Défendre les intérêts d’Orano ex-Areva ? Réprimer les défenseurs de la Nature avec à la clé de nouveaux morts ? Ces gens-là ont-ils oublié Sivens et Rémi Fraisse ? En vérité, ils doivent s’en f…royalement comme des zones humides et de la Nature ! Finalement le PRG a dû se rabattre sur Christiane Taubira, Cazeneuve ayant un passif un peu trop lourd et « manquant de soutiens » selon sa propre expression !
En fin de compte qu’est-ce que ‘la gauche de gouvernement’ dont Gille Mergy a la nostalgie et dont il fait l’éloge ? Un PS hégémonique (il suffit de voir la répartition des portefeuilles dans les gouvernements sous les septennats de Mitterrand, le gouvernement de Jospin et le quinquennat de Hollande) quelques microsatellites dont le PRG et quelques associés traditionnels ou épisodiques, le PC, les Verts puis EE/LV, pièces rapportées assises au bas bout de la table.
En outre, le comportement du PS à l’égard des Verts a toujours été très différent de celui qu’il avait avec son concurrent et allié traditionnel, le PC. Cela parce que les Verts, et plus généralement l’écologie politique, étaient et sont encore un peu des nouveaux venus dans le champ politique. N’ayant pas réussi à les exclure de ce champ, ni à les neutraliser, le PS a essayé de les phagocyter en quelque sorte en les enfermant dans la mouvance de « gauche », en fait sa propre mouvance notamment par des alliances dans le cadre d’une ‘gauche de gouvernement’, les députés écolos n’étant élus, dans la plupart des cas, que grâce au bon vouloir du PS dans les circonscriptions « gagnables » que ce dernier leur octroyait. C’est ainsi que l’on est passé de ‘la gauche plurielle’ à cette ‘gauche de gouvernement’ qui n’aura qu’une existence brève et ne survivra pas à la chute de Hollande et au délitement du PS. Depuis une sorte de révolution orbitale est en marche : le satellite tend à devenir planète et la planète satellite au fur et à mesure qu’elle se délite.
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La « gauche » a sûrement beaucoup de qualité mais non, ce n’est pas elle qui «a su la première prendre conscience des défis écologiques et climatiques. » En ce qui concerne les « défis écologiques » ce sont les mouvements de protection de la Nature et les premiers partis et regroupement écologistes qui se sont constitués malgré la gauche et ses crédos productivistes d’alors. Et tout particulièrement malgré un PS qui a tenté par tous les moyens d’empêcher l’inscription de l’écologisme dans le champ politique. Gilles Mergy devrait se renseigner un peu mieux sur l’histoire des mouvements de protection de la nature et de l’écologie !
Insistons un peu plus longuement sur les « défis climatiques » puisqu’aujourd’hui, pour beaucoup l’écologie tend à s’identifier à la «lutte contre le changement climatique» à force de prioriser ce dernier par rapport aux autres thèmes et problèmes tout aussi importants et urgents et de n’envisager ces derniers qu’au travers de ce « changement climatique ».
Là encore, ce n’est pas la gauche, ce ne sont même pas les écolos qui sont à l’origine de cette prise de conscience généralisée, voire banalisée ; du moins la gauche et les écolos français. Si dès 1980 certains météorologues et paléoclimatologues pensent qu’il y a un réchauffement climatique en lien avec les émissions de CO2 anthropiques, le GIEC a été créé en 1988 dans le cadre du G7 sous la pression de deux personnalités ultralibérales, bien à droite, Ronald Reagan et Margaret Thatcher !
Il semble que la motivation de Reagan était de ne pas laisser la question climatique aux seuls scientifiques spécialistes du climat d’où le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) cet organisme hybride mêlant experts nommés par les gouvernements et décideurs qui les représentent et ont le dernier mot puisque ce sont eux qui valident le rapport final.
Quant à Margaret Thatcher, elle avait conduit une répression sévère des grèves des mineurs britanniques en 1984-1985 avec pour bilan, 3 morts, 20 000 blessés, 11 300 arrestations et elle voulait la peau du National Union of Mineworkers, le syndicat des mineurs. A partir de 1987 elle avait entrepris de démanteler l’industrie houillère britannique, de nucléariser et de privatiser l’électricité. La théorie du réchauffement climatique dû émissions de CO2 d’origine anthropique lui permettait en plus de considérations économiques de justifier la fermeture des puits de charbon sans que les filons soient épuisés. Cette théorie était une merveilleuse alliée. En fonctionnement une centrale nucléaire n’émet pas de CO2. Dès son origine, la question climatique a donc été instrumentalisée pour développer le nucléaire et détourner l’attention du danger de cette énergie, danger que venait pourtant de démontrer la catastrophe de Tchernobyl en 1986, un an seulement avant ! En France aujourd’hui, les Jouzel, Jancovici, et autres zélateurs du « nucléaire-remède-à-l’effet-de-serre » ne procèdent pas autrement.
Margaret Thatcher a déployé beaucoup d’énergie pour mettre la question climatique au premier plan des préoccupations écologiques. Elle a fondé le Hadley Centre for Climate Prediction and Research (en français Centre Hadley pour la recherche et la prévision climatique). Réuni avec le Climatic Research Unit, il est à l’origine des mouvements « pour le climat » et une de ses principales cautions scientifiques.
Cela dit, il est difficile de savoir si Margaret Thatcher a agi par conviction ou par opportunisme. Ou plutôt pour ne pas donner dans un binaire réducteur : quelle était la part de conviction et celle de l’opportunisme dans ses déclarations sur la question ? Dans un livre qu’elle a publié en 2002, intitulé Statecraft (L’art de gouverner) elle opère un retournement complet (p. 449 et suivantes). Elle écrit : « Le sujet favoris des prêcheurs de la fin du monde aujourd’hui est le changement climatique. Tout d’abord, la science en est extrêmement obscure et il n’est pas facile de prouver qu’elle est fausse (…) Comme évidemment aucun plan ne peut être envisagé autrement qu’à l’échelle du globe, cela fournit un prétexte merveilleux pour un socialisme supranational à l’échelle mondiale. » Après avoir été la première chef de gouvernement ardente propagandiste des dangers du réchauffement climatique d’origine anthropique, elle a été sans doute, l’une des premières personnalités politiques à développer un virulent discours « climatosceptique » !
Bien sûr il est gênant pour quelqu’un qui se réclame de la gauche et de l’écologie politique d’avoir à reconnaître que sur la question climatique, il bénéficie de l’héritage légué par Margaret Thatcher, c’est pourtant le cas. Si l’on fait abstraction de son revirement ultérieur peu connu, il faut bien admettre qu’elle en a fait beaucoup pour propager la panique climatique.
Bref, la prise de conscience des défis climatiques n’est propre ni à la Gauche, ni aux écologistes et ce n’est pas la question. La question, c’est celle de savoir comment doit-on relever ces défis ? Et là, il n’y a pas de réponse qui fasse l’unanimité, ni à gauche, ni chez les écologistes !
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Il est évident donc que je ne partage pas l’analyse de Gilles Mergy sur les causes de la « division de la gauche et des écologistes ». Il n’est pas du tout suffisant d’avoir des valeurs et idéaux partagées pour réaliser une union. Ce n’est peut-être même pas nécessaire. Gaullistes et communistes ont gouvernés ensemble bien que les valeurs et idéaux qu’ils partageaient se résumaient à peu mais ils étaient d’accord sur un programme. Une confusion, source de malentendu perdure, y compris chez certains écologistes : la confusion entre l’idéologie – au sens noble du terme – et la stratégie. Sous aucune de ses diverses déclinaisons même antagonistes, l’idéologie écologiste est une idéologie de gauche. Elle n’est pas non plus une idéologie de droite. Simplement il se trouve que pour de nombreuses raisons la possibilité de s’accorder sur un programme est plus faciles avec des partis de gauche qu’avec des partis de droite, du moins en France.
De plus, au vu de ce qu’il faut bien appeler, même si le mot est fort, des « trahisons » passées, je m’inquiète des non-dits et des implications de ce passage de l’article de Gilles Mergy « la perte d’une réelle culture de gouvernement et une certaine incapacité à réfléchir à un programme novateur, désirable et réalisable ». Surtout lorsque que cela est assorti à une condamnation d’une gauche qui choisirait de « défendre la pureté de ses idéaux en oubliant de « comprendre le réel» » … et qu’il n’y a rien de novateur dans l’exemple choisi : la « réponse de gauche » au problème de l’insécurité qui est celle des écolos depuis des lustres et aussi de la plupart des gauches.
Le sujet le plus clivant pour les gauches et les écologistes n’est pas celui-là ; ce sont par exemple – et ce ne sont que des exemples, la réforme des retraites et du temps de travail, la répartition des richesses (produire plus ou répartir mieux), les lois sécuritaires votées tant sous Hollande, Sarkozy que sous Macron, la transition écologique et le mix énergétique associé … Comme pour le climat ou la sécurité que Gilles Mergy prend comme exemple, ce n’est pas tant les thématiques qui comptent que les réponses (de gauche, de droite, écologiste, etc…) qu’on leur donne.
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Gilles Mergy affirme en conclusion de son article que la Gauche doit «travailler sur le fond et faire l’effort de se repenser, tant au niveau des idées que des stratégies de rassemblement et d’ouverture ». C’est certain. Encore faudra-t-il pour réussir ce renouvellement qu’elle exerce au préalable son droit d’inventaire sur les années Hollande.
Je crains aussi que lorsqu’il parle de la gauche, Gilles Mergy y inclut l’écologie. Ce serait une erreur. A la différence de la gauche, les écologistes n’ont pas à revoir leurs fondamentaux et l’écologisme n’est pas soluble dans la social-démocratie. Cela n’empêche pas les écologistes de passer sans se renier des accords avec cette dernière mais aussi avec les communistes, les insoumis ou autres partis de gauche. Fontenay et les villes limitrophes sont de bons exemples de ces alliances gauches/écologistes mais il faut reconnaître qu’à l’échelon local, départemental ou régional, c’est beaucoup plus facile et les résultats bénéfiques pour les gens sont immédiats.
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