En réalité, Le Signal n’était rien d’autre que d’une barre de béton, un bâtiment construit imprudemment sur une dune trop près de la mer, une verrue défigurant le paysage, un non-sens écologique dont l’océan a eu raison ! Cette démolition est un avertissement à ceux qui veulent une résidence « pied dans l’eau » et défigurer un littoral qui sait se défendre.
Par contre le délire climato-catastrophiste qui a saisi les médias à l’occasion de sa démolition est d’autant plus stupéfiant que le réchauffement climatique est loin d’être un facteur déterminant dans l’érosion de la côte atlantique, à supposer même qu’il y soit pour quelque chose, ce qui est loin d’être assuré.


Le signal dans les années 70
Le signal dans les années 70
Le Signal était un ensemble de deux bâtiments d'habitat collectif, situé à Soulac-sur-Mer station balnéaire sur la côte atlantique. Le premier bâtiment a été construit en 1967 et le second en 1970, l’ensemble formait une barre de quatre étages isolée sur le haut du cordon dunaire à environ 200 mètres de l'Océan et séparé de celui-ci par une dune. A cet endroit le trait de côte a reculé de 5m par an en moyenne. En 2014, l’immeuble se trouve à ras des flots et devant le risque d’effondrement, un arrêté préfectoral impose d’évacuation des 78 appartements de cette barre. Après que les propriétaires aient réussi à se faire indemniser à la suite d’un long combat judiciaire, la démolition a commencé le 3 février en présence entre autres de deux ministres qui avaient fait le déplacement.
 
L’événement a eu ainsi un retentissement national et les officiels, députés, élus locaux, médias, ont entonné avec une belle unanimité la rengaine de la catastrophe climatique.
 
« Cette construction monumentale de Gironde, située en bord d'océan et symbole malgré elle de l'érosion du littoral et du changement climatique, sera enfin démolie en 2023. » (Jean Cittone, le 22/12/2022). Ce titre du Figaro est sobre relativement à ceux de ses confrères écrits à la veille de la démolition de l’immeuble.
 
Pour FR3 Bordeaux « La démolition du Signal à Soulac-sur-Mer, symbole des changements climatiques, débute officiellement » (Sandrine Papin Publié le 03/02/2023) ; elle oublie l’essentiel, le recul du trait de côte dû à une érosion marine continue dont on s’est alarmé dès le XVIIIe. Elle cite le ministre de l’écologie, Christophe Béchu, sans commenter ses propos lorsqu’il met sans distinction toutes les côtes dans le même sac, rend le réchauffement climatique responsable de tout alors que dans certains cas, le problème ne vient pas de la mer mais des terres (j’y reviendrai) et  qu’il donne des estimations d’élévations du niveau de la mer sans signification puisqu’il ne précise pas les échéances de leurs réalisations : « Le Signal incarne l’érosion du littoral et ses effets sur les côtes françaises. « Les experts nous disent qu'en fonction du nombre de degrés dont la planète va augmenter, on aura de 30 à 60 à 120 centimètres de montée des eaux dans notre pays. Ce sont 975 communes en France qui à un titre ou à un autre vont être concernées et aussi 50 000 logements, 750 entreprises », rappelle le ministre.» On se demande bien pourquoi la journaliste rapporte ces propos sans les mettre en perspective ! Catastrophisme, quand tu nous tiens !
 
Avec Ouest France, le symbolique est dépassé. « « On était les premiers réfugiés climatiques de France » : un ancien de l’immeuble Le Signal raconte » Dans ce titre le journal donne la parole à un ancien résident. Et le journaliste ne trouve rien à dire lorsque dans le corps de l’article le même homme déclare : «« Ce n’était pas idiot de le construire là, analyse rétrospectivement Jean-José Guichet. Mais je pense qu’à l’époque on n’a pas assez regardé ce qu’il s’était passé au XIXe siècle », quand l’érosion avait, selon lui, déjà posé son empreinte sur la côte soulacaise » (souligné par moi). Au XIXème ! Donc pendant le « Petit âge glaciaire » qui sévit encore dans la première moitié de ce siècle ! Mais ni cet ancien résident, ni surtout le journaliste ne sont à ça près ! Des réfugiés climatiques en France, c’est tellement plus fun que l’idiotie d’avoir construit à cet endroit. Plus qu’une idiotie d’ailleurs, cette construction apparaît rétrospectivement comme une aberration écologique et paysagère. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de Soulacais  l’appelait « La Verrue ».
 
Mais la palme revient à Libération où ce fait divers est classé dans la rubrique «Climat » ! Ce journal n’y va pas de main morte : titre de l’article « Démolition de l’immeuble «le Signal» en Gironde, théâtre de la première expropriation climatique française » et chapô : « L’immeuble des années 60 de Soulac-sur-Mer était fragilisé par le recul de la dune creusée par la montée des eaux. Une conséquence du changement climatique, qui menace des milliers de logements sur la côte. » (3 février 2023). ET non la montée des eaux entre 1965 et 2014 est bien trop faible pour avoir un effet ! In fine l’article met dans le même sac littoral sableux de la côte aquitaine et falaises du pays basque et rajoute des dizaines de mètres dues au RC «Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, d’ici à 2050, le littoral sableux du golfe de Gascogne pourrait reculer de 50 mètres et les côtes rocheuses du Pays basque de 27 mètres. Le dérèglement climatique, qui devrait engendrer ces trente prochaines années une montée des eaux similaire à celle mesurée sur tout le siècle dernier, menace également d’accentuer le phénomène de plusieurs dizaines de mètres supplémentaires par endroits. » La montée des eaux sur l’ensemble du XXe siècle, c’est 170 millimètres ou 17 centimètres ! Plusieurs dizaine de mètre de recul pour 17 cm, pour juste de quoi prendre un bain de pied, bizarre !

Ces exemples me semblent suffire pour montrer l’emballement médiatique mais j’aurais pu en prendre beaucoup d’autres.  Qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux, ils ont chanté à leurs lecteurs la même chanson reprise pour l’essentiel à l’AFP et répétée avec quelques variantes dans le meilleur des cas ! Significativement Wikipédia donne pour seule cause le réchauffement climatique dans un article par ailleurs assez bien documenté.
 
Pourtant ce n’est que très récemment que médias et politiques se réfèrent au réchauffement climatique lorsqu’il est question du retrait de côte. D’ailleurs, après le 3 février, on peut remarquer que dans les titres et les articles consacrés au « Signal » les références à ce réchauffement se font plus rares, plus discrètes voire absentes. L’emballement journalistique s’apaise mais l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir : le réchauffement climatique va produire sinon des milliers de réfugiés sur les côtes françaises  du moins des milliers de propriétaires sinistrés, des propriétaires de résidences secondaires pour la plupart d’entre eux !
 
Evidemment, le réchauffement n’est pour rien ou presque dans ce phénomène de retrait de côte.
 
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Pour s’en tenir à une période pas trop éloignée, dès le XVIIIe, en plein petit âge glaciaire donc, des auteurs se sont inquiétés du phénomène. Citant Howa (1985) les auteurs du tome VI du « Guide du naturaliste au bord de la mer » écrivent : « Dans la littérature les auteurs (…) rendent compte d’un recul important du trait de côte :
 – de 1750 à 1820, la pointe de Grave recule vers l’est de 1600m soit 23 mètres par an ;
 – au niveau de Soulac, le recul moyen est de 3m par an selon la même période » (1988, p. 30)

En ce qui concerne la plage de Soulac « de 1842 à nos jours [1988 date de l’ouvrage], le trait de côte a reculé de 145 mètres. Jusqu’en 1966 le recul est inférieur à 1 m par an. Ensuite on observe une accélération brutale de l’érosion à 5 m par an jusqu’en 1972, retombant depuis à 2 m par an. Juste au sud une zone particulièrement sensible se caractérise par une érosion de 10 m par an depuis 1978 »(Bournérias et al. 1988, p.30) Zone où a été construit l’immeuble Le Solitaire (Boudeau 2019). Ajoutons qu’au cours de l’hiver 2013 – 2014, il a reculé de 20 m d’un coup (Bulteau et al. 2014 ; ONCNA 2014) !
 
On voit bien qu’il n’y a guère de corrélation entre la montée continue du niveau de la mer à cause du réchauffement climatique global en cours depuis l’holocène et les accélérations et ralentissements du phénomène d’érosion des côtes sableuses de l’Aquitaine qui a d’autres causes.  
 
En outre si le réchauffement climatique d’origine anthropique aggrave la situation en étant responsable de l’élévation du niveau de la mer, ce ne peut être que dans de très faibles proportions, aujourd’hui inconnues puisque selon le GIEC « Le signal anthropique du changement régional du niveau de la mer émergera dans la plupart des régions d’ici 2100 (confiance moyenne) » ((AR6 Chapitre 9, page 8). Donc impossible de se référer à la partie anthropique du réchauffement climatique pour expliquer l’élévation du niveau de la mer qui se produit depuis que la Terre se réchauffe au début de l’holocène.
 

Le Signal en 2014 après les tempêtes hivernales 2013 - 2014 (source inconnue)
Le Signal en 2014 après les tempêtes hivernales 2013 - 2014 (source inconnue)
Mais il y a pire : la montée du niveau de la mer ne serait pas l’un des facteurs essentiels de l’érosion côtière : La raison en serait d’abord un déficit en sédiments dans le domaine côtier « Cette pénurie s’explique d’abord par une cause naturelle qui est épuisement en matériel clastique de l’avant-côte depuis la fin de la transgression postglaciaire. Elle a été aggravée au cours de ce siècle [XXe] un peu partout dans le monde par les travaux équipement dont les fleuves ont fait objet en particulier les barrages qui empêchent les sédiments grossiers d’arriver la mer » (Paskoff 1998).
 
À l’appui de cette thèse on peut invoquer l’analyse détaillée effectuée dans le cadre de l’Atlas morphodynamique de la côte sableuse aquitaine. Elle montre que la hausse du niveau de la mer ne s’accompagne pas toujours d’un recul de la côte. Elle met en évidence de fortes disparité locales avec une tendance récente assez fréquente du recul du trait de côte probablement due à une augmentation de son anthropisation d’autant que les parties de la côte landaise peu anthropisées sont stables voire en légère expansion avec un bilan sédimentaire positif. Par exemple au nord, entre Soulac qui n’est qu’à environ 6km de la pointe de Grave à vol d’oiseau, le trait de côte a subi de place en place des variations différentes selon la topographie des lieux, la nature du terrain, les interventions humaines, notamment l’urbanisation sur le cordon dunaire, la réalisation d’ouvrages de rétention du sable, etc. . (Cf. OCA, 2018).
 

Les tempêtes sont l’autre facteur prépondérant qui est susceptible de modifier le visage du littoral, en particulier celles qui sont dites « morphogéniques » : « elles modifient la morphologie du littoral et déplacent le trait de côte dans un sens ou dans l’autre » (Battiau-Queney, 2014). Elles conjuguent des vents violents supérieurs à 120 km/h (engendrant une puissante dynamique éolienne sur les plages sableuses et dans les dunes), de basses pressions atmosphériques (engendrant une surcote marine aggravée en cas de coïncidence avec une pleine mer de vive-eau), une mer forte avec une hauteur de houle très supérieure à la moyenne et des phénomènes de run-up (hauteur maximale atteinte sur la côte par l’eau des vagues incidentes après leur déferlement). » (Battiau-Queney  2019) Le long de la côte aquitaine les vagues centennales peuvent atteindre jusqu’à 11 à 12 m de hauteur. Les tempêtes sont des événements aléatoires ce qui rend délicate la prédiction en matière d’érosion côtière.
 
Ce sont d’ailleurs les tempêtes qui ont achevé d’emporter la dune et la plage devant « Le Signal ». Il y a d’abord eu le passage de la tempête Klaus en 2009 avec des rafales de vent sur le littoral de la Gironde de 150 km/h à 172 km/h et des vagues atteignant près de 12m de hauteur. La surcote à la pleine mer s’étendait de 5 à 1 m environ, mais dans une configuration de coefficients de marée assez bas (58/63). » A Bordeaux, la Garonne déborde (source Météo-France).
 
Ensuite en 2010 Xynthia n’effleure que Soulac : cette tempête n’a pas été classée en « dépression explosive » de type Klauss de Janvier 2009, son caractère exceptionnel est dû à la cooccurrence de plusieurs phénomènes naturels dont la probabilité qu’ils surviennent en même temps est extrêmement faible : niveau de la mer au plus haut avec un coefficient de marée 102 (coefficient compris entre 20 et 120) et une forte houle (surcote entre 6 à 7m)(même source)
 
Enfin lors de l’hiver 2013 /2014 c’est la succession sur 4 mois de tempêtes ordinaires qui a eu un impact considérable sur le littoral aquitain. Prises individuellement elles présentent des conditions de houle et des niveaux d’eau relativement modestes mais c’est le cumul d’énergie généré par les vagues sur cette courte période ( plus du double de la puissance de la plupart des hivers précédents) qui en fait l’un des hivers les plus marquants des dernières décennies par le taux d’érosion élevé et le caractère généralisé à l’ensemble du littoral sableux. Cette érosion côtière peut même être considérée comme exceptionnelle. Soulac sur mer et le Haut Médoc furent parmi les plus touchés avec un recul du trait de côte évalué à plus de 20 mètres (source : OCNA ; Bulteau et al. 2014) signant l’arrêt de mort du Signal imprudemment édifié trop près d’un trait de côte mouvant.  
 
Il n’est pas question de nier que le réchauffement global de la planète entraine une hausse du niveau de la mer mais les grandeurs ne sont pas du même ordre. A partir des données  du GIEC  concernant l’augmentation moyenne du niveau de la mer il est facile de calculer cette élévation. Elle est au plus   d’environ 11 mm (millimètres) pour les 47 ans d’existence de l’immeuble (47x2.3mm/an [Taux d’élévation GIEC 2021 AR6, Ch.9]. Dans le cas des vagues on parle en mètres, dans le cas du niveau de la mer en millimètres !
 
Pour rendre le réchauffement climatique responsable de la fin du Signal, c’est donc du côté des tempêtes qu’il faudrait se tourner. Les tempêtes étant des phénomènes aléatoires, la question qu’il faut se poser est celle de savoir si le réchauffement a entrainé une augmentation statistiquement significative du nombre de tempêtes. La réponse est négative selon les données du GIEC lui-même et de Météo France : « En France, des mesures fiables de vent fort sont disponibles depuis le début des années 1980. Elles sont utilisées par les climatologues pour recenser les tempêtes (…) Le nombre d’événements varie fortement d’une année à l’autre mais aussi sur un pas de temps multi-annuel(…). Sur l’ensemble de la période, on n’observe pas de tendance significative du nombre de tempêtes affectant le territoire métropolitain. »  (Météo France)

Je ne sais pas ce que l’avenir réserve mais dans le cas du Signal, ce n’est pas l’élévation du niveau de la mer qui est la cause de sa mise en péril donc ce n’est pas le réchauffement climatique. Les tempêtes qui emportent plage et dunes sans qu’elles puissent se reconstituer en sont les causes principales et le réchauffement climatique n’a pas eu pour la période considérée d’influence sur elles.

Dans le cas de l’érosion côtière de la côte aquitaine – comme celle de la basque mais pour d’autres raisons – c’est l’urbanisation en bord de mer et l’anthropisation excessive du littoral qui explique cette érosion catastrophique en empêchant  « le système côtier de respirer » selon l’expression de Mme Yvonne Battiau-Queney spécialiste de l’évolution et de la gestion durable du littoral, professeure émérite de l'Université de Lille (labo CNRS LOG -Océanologie et Géosciences UMR 8187).

Dans le cas du littoral sableux comme nous venons de le voir, à supposer que le réchauffement climatique ait une influence, ce ne serait pas là où on devrait l’attendre si l’on suivait la plupart des médias : non pas au niveau marin mais éolien !. Jusqu’à présent, il n’a que peu voire pas d’influence sur l’érosion côtière. En tout cas pas d’influence évaluable.

Dans l’article cité du journal Libération, le réchauffement climatique serait responsable du recul du trait de côte aussi bien dans le cas du littoral sableux que dans celui des côtes rocheuses du Pays basque. Dans le cas de l’érosion des falaises marneuses des côtes du Pays Basque, il n’y a pas de réserves à émettre, c’est clair et net, l’élévation du niveau de la mer n’y est pour rien du tout : la cause de leur fragilisation et des effondrements est d’abord terrestre et non maritime : « les eaux des nappes souterraines, aujourd’hui mal drainées, viennent engorger le versant de la falaise et provoquent des glissements imparables qui entraînent les superstructures : conduites, jardins, habitations. La construction de murs ou l’amoncellement d’enrochement est un leurre car la mer ne fait que déblayer secondairement les éboulements dus à l’érosion continentale » (Bournérias et al. 1988, p. 33) Le remède serait de renoncer aux constructions en bord de falaise qui déstabilisent le sous-sol et « deviennent irrésistiblement des résidences «  pied dans l’eau » au sens propre du terme » un drainage et un couvert végétal sur des talus en pente modérée (Bournérias et al.). Mais trop souvent les élus comme leurs administrés ne veulent pas l’admettre et le « dérèglement climatique » est un argument ou une excuse bien commode.
 

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En conclusion, je m’interroge. Sur cette question que je connais bien pour avoir fréquenté ce littoral depuis longtemps, question que j’ai pu approfondir grâce notamment  aux articles de Mme Battiau-Queney, je n’ai pas cru une seule seconde à ce que racontaient les médias sur les causes du phénomène, mais qu’en aurait-il été si je n’avais rien su sur ce sujet ? Pourquoi cet emballement dès qu’il s’agit du climat et de son « dérèglement » si tant est qu’il existe un climat « réglé » ? Pourquoi faire peur aux gens ? Pour les inciter à agir « pour le climat » ? Mais qu’est-ce qu’agir pour le climat si ce n’est se plier à d’innombrables contraintes dictées par des climatologues et autres technocrates persuadés de connaître la cause de ce « dérèglement » et de savoir ce que sera le climat à la fin du siècle ; si ce n’est de renoncer à la démocratie au nom de l’urgence climatique comme le souhaite le climatologue François Marie Bréon, une des chevilles ouvrières du GIEC : « On peut dire que la lutte contre le changement climatique est contraire aux libertés individuelles et donc sans doute avec la démocratie. » (Libération, 29 juillet 2018) C’est certain que pour nous faire accepter et supporter une dictature de ces « savants », il faudra réussir à nous flanquer une sacrée trouille. Pour cela toute occasion est bonne à prendre et la démolition du Signal une aubaine à saisir d’autant plus que les gens préfèrent la chaleur et le beau temps au mauvais et au froid.

Il peut y avoir aussi une autre raison moins générale à tout ce battage ministériel et médiatique autour de la démolition de cet immeuble. Ce n’est qu’à l’issue d’un long combat judiciaire que les propriétaires des appartements ont pu être indemnisés, l’Etat ne voulant pas mobiliser les fonds réservés aux catastrophes naturelles dits « Fonds Barnier » par crainte de créer un précédent. S’il y a une chose de juste dans la déclaration du ministre Béchu rapportée par FR3 Bordeaux c’est que l’érosion côtière concerne bien 975 communes en France, 50 000 logements et 750 entreprises. S’il fallait que l’État mette la main à la poche dans tous les cas…, d’où cette crainte du « précédent » et aussi la volonté de décourager tout futur d’acquéreur de résidences « pied dans l’eau », résidence qui risque de l’être au sens propre.

Il est d’ailleurs étonnant que ce genre de bien immobilier soit encore très prisé et se vende très cher, d’autant plus cher qu’il est près de l’eau malgré tout le battage fait autour de la submersion entière de régions côtières par une élévation de la mer à cause du réchauffement climatique ; mais il est vrai que cela se produira (ou non !) à des horizons de temps si lointains que tous ceux qui sont aujourd’hui en âge d’acheter de tels biens n’ont guère de raison de s’en inquiéter.

Certes, la nature met parfois du temps à réagir aux erreurs urbanistiques du passé mais il est patent qu’elle réagit : les risques littoraux s’aggravent dans beaucoup de régions : collectivités et particuliers ont de plus en plus de mal à faire face et cela coûte de plus en plus cher. Le cas du Signal montre pourtant que les médias se focalisent sur les effets de l’érosion marine actuelle pourvu qu’ils soient spectaculaires mais cela non plus ne semble pas freiner le marché de ces biens. Combien de dégâts et de contentieux à venir ?
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Surcote : Une « surcote » désigne la différence entre le niveau marin observé et celui qui existerait en présence de la seule marée astronomique. «Les plus fortes surcotes sont dues à la conjonction d’une chute rapide de la pression atmosphérique, créant une «onde de tempête», de vents forts soufflant vers la côte et d’une marée de vive-eau. »
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Références

Battiau-Queney Y., 2014. « Les plages de la côte d’Opale. Maîtriser la nature ou agir avec elle ? » Dynamiques environnementales, vol. 30,89‑104 https://www.researchgate.net/publication/323549680_Les_plages_de_la_Cote_d%27Opale_maitriser_la_nature_ou_agir_avec_elle
 
Battiau-Queney Y., 2018 « La mobilité du trait de côte - Comment prendre en compte et préserver la nature dans une gestion durable des côtes sableuses ? » Pierre d’Angle, ANABF, https://anabf.org/pierredangle/dossiers/littoral/la-mobilite-du-trait-de-cote?
 
Battiau-Queney Y. 2019a « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (1/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/15/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-1-3
 
Battiau-Queney Y. 2019b « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (2/3) » Science, Climat et énergie  https://www.science-climat-energie.be/2019/08/19/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-2-3
 
Battiau-Queney Y. 2019c « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (3/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/30/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-3-3

Boudeau F., 2019 L’immeuble Le Signal, Rencontres littorales 2019, Soulac-sur-Mer, 20 Juillet 2019
https://www.mairie-soulac.fr/wp-content/uploads/2019/07/05_M.-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Boudeau-Signal.pdf

Bournerias M., Pomerol C., Turquier Y.,  1988 Le Golfe de Gascogne de l’Ile d’Oléron au Pays Basque, Guides naturalistes des côtes de France, VI, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel – Paris, 272 p.
 
Bulteau T., Mugica J., Mallet C., Garnier C., Rosebery D., Maugard F., Nicolae Lerma A., Nahon A.avec la collaboration de Millescamps B., 2014 Évaluation de l’impact des tempêtes de l’hiver 2013-2014 sur la morphologie de la Côte Aquitaine. Rapport final. BRGM/RP-63797-FR, 68 p., 138 fig., 8 tab., 2 ann. http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Les-tempetes-de-l-hiver-2013-2014
 
Howa H., 1985 « L’érosion du littoral du Nord-Médoc (Gironde) », Bull. Inst.Géol. Bassin d’Aquitaine, n° 38, pp 57 – 68.
 
Le Treut H., 2013 Les impacts du changement climatique en Aquitaine : un état des lieux scientifique, Presses universitaires de Bordeaux, LGPA édition, 375 p.
 
Météo France Tempêtes en France métropolitaine http://tempetes.meteofrance.fr/

Météo France, 2020  Tempêtes et changement climatique https://meteofrance.com/changement-climatique/observer/tempetes-et-changement-climatique?
 
OCA, 2018. Atlas morphodynamique de la côte sableuse aquitaine,  BRGM ONF www.observatoire-cote-aquitaine.fr.observatoire-cote-aquitaine.fr
 
OCNA, 2014 Les tempêtes de l’hiver 2013-2014 http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Les-tempetes-de-l-hiver-2013-2014

Paskoff R. 1998, « Conséquences possibles sur les milieux littoraux de l'élévation du niveau de la mer prévue pour les prochaines décennies » Annales de géographie, 1998, t. 107, n°600  pp. 233-248.
 
 

Samedi 11 Février 2023 Commentaires (0)
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