La civilisation occidentale a acquis le pouvoir terrifiant de s'autodétruire et de détruire toute vie sur la planète par l'utilisation d'armes atomiques. Elle altère les conditions de sa survie par ses modes de produire et de consommer, par son choix de développer sans limite les potentialités qu'elle se donne par les techniques qu'elle invente sans cesse. Ainsi l'avenir est-il gros de catastrophes irréversibles d'origine anthropiques. Mais de cet avenir, nous ne savons rien. L'objet de cet article est de montrer que dans une telle situation la posture catastrophique et la stratégie du « sans regret » telles que définies par Jean-Pierre Dupuy dans son ouvrage Pour un catastrophisme éclairé non seulement peuvent mais doivent être combinées et s'insérer dans le contexte d'une nouvelle sagesse qui prenne en compte nos limites comme celles de la planète.


Pour éviter le pire...
Posture catastrophique et stratégie du « sans regret ».

Dans son ouvrage Pour un catastrophisme éclairé, Jean-Pierre Dupuy remarque que notre conduite devant ces menaces ne pourra être que jugée rétrospectivement sur la base de ce que l'on saura lorsque « le voile d'ignorance »constitué par l'imprévisibilité de l'avenir sera levé. C'est sur cette rétroactivité du jugement qu'il fonde et justifie la posture catastrophique qu'il adopte. On ne peut anticiper ce que sera le jugement des générations futures sur nos choix actuels mais on peut être assuré qu'elles porteront ce jugement sur la base de la situation dans laquelle elles seront et de la connaissance de cet avenir que nous ignorons parce qu'il sera leur présent ou leur passé. Pour Jean-Pierre Dupuy « il est donc encore temps de faire que jamais il ne puisse être dit par nos descendants : « trop tard ! » » [Le seuil, Paris, 2002, p. 127] (souligné par l'auteur). Il poursuit en des termes très jonasiens « un trop tard qui signifierait qu'ils se trouvent dans une situation où aucune vie humaine digne de ce nom n'est possible ». C'est d'ailleurs à l'aide d' une citation de Jonas qu'il achève sa justification de la « posture catastrophique » : « Nous voici assaillis par la crainte désintéressée pour ce qu'il adviendra longtemps après nous – mieux, par le remords anticipateur à son égard »(ibid.).
En note, l'auteur présente une démarche qu'il juge d'inspiration opposée à la posture catastrophique : la stratégie « sans regret » qui estime qu'il faut « ne surtout rien faire que l'on regretterait d'avoir fait s'il s'avérait, une fois levé ce voile d'ignorance que constitue l'imprévisibilité de l'avenir, que les prophètes de malheur avaient eu tort » p. 128, note 100.
je noterai dans la suite de cet article PC la posture catastrophique et SR la stratégie « sans regret ».
Malgré leurs « inspirations opposées », il me semble possible et même nécessaire dans la plupart des cas de prendre des mesures qui satisfassent à PC comme à SR*. En effet, si PC s'impose parce que l'avenir est gros de catastrophes d'origine anthropique, SR a pour elle la modération et peut s'appuyer sur le sens commun. Il ne suffit pas d'espérer que les mesures prises seront jugées bonnes d'un point de vue éthique, il faut aussi qu'elles puissent être acceptées dans une démocratie. Je partirai d'un cas concret le changement climatique. Ce cas est paradigmatique parce qu'à la différence de l'épuisement des énergies fossiles, le changement climatique ne nous contraint pas à agir aujourd'hui, ni même dans un futur proche puisque les catastrophes induites ne sont censées se produire dans toute leur ampleur que dans un avenir encore lointain. S'il y a nécessité de « lutter contre le changement climatique, cette nécessité est d'ordre éthique. Il s'agit d'un souci du long terme que partagent, entre autres, le philosophe Hans Jonas et les écologistes.

Le cas du changement climatique.

Quelle est l'origine du changement climatique? Le réchauffement constaté à la fin du siècle passé va-t-il se poursuivre? Est-il d'origine anthropique? Quel sera le climat dans les années à venir? Sur ces questions, il règne une totale confusion génératrice d'une grande incertitude. La majorité des climatologues pensent que le réchauffement est dû à un effet de serre d'origine anthropique et qu'il va se poursuivre et devenir catastrophique si nous ne faisons rien. Mais il y a parmi les climato-sceptiques des chercheurs renommés qui présentent de bons arguments et la vérité en science n'est pas affaire de majorité. Dans ces conditions il est judicieux de considérer qu'en définitive, nous ne savons pas quel sera demain le climat de la planète. Une telle assertion n'a rien de scandaleux, elle n'est que la reconnaissance de notre ignorance en ce qui concerne l'avenir. Face à ce réchauffement climatique les jugements que porteront les générations futures sur ce que nous aurons ou n'aurons pas fait seront rétroactifs, formulés sur la base de ce qu'elles sauront alors, les incertitudes sur l'évolution du climat étant levées puisque l'évolution future du climat pour nous sera pour elles une évolution passée donc connue et dont on peut supposer connues aussi les causes.
La posture catastrophiste nous oblige a prendre des mesures pour réduire l'impact supposé de nos activités sur le climat qui pourrait conduire à une élévation de la température génératrice de catastrophes irréversibles. La stratégie du « sans regret » nous oblige à une extrême circonspection quant au choix de ces mesures et à un examen pointilleux de leurs inconvénients. Existe-t-il donc des mesures pour lutter contre le supposé changement climatique d'origine anthropique satisfaisant à la fois PC et SR ?

  • Nécessité d'exclure le nucléaire.

Le nucléaire peut être exclu d'emblée. Couvrir la planète de chaudrons nucléaires serait lui faire courir un risque insensé et même en supposant un bilan carbone excellent pour cette filière énergétique, on voit bien que les catastrophes dont elle est grosse sont au moins aussi graves que celle d'un changement climatique et tout aussi irréversibles, pouvant aller jusqu'à rendre impossible toute vie sur Terre. Ainsi est fondé le ni..., ni... des écologistes. Ni nucléaire, ni effet de serre. Slogan auquel peuvent acquiescer les tenants de PC comme ceux de SR.

  • Renouvelables peut-être, douces pas toujours : le cas de l'éolien terrestre.

Le développement de l'éolien industriel terrestre n'est pas gros de catastrophes majeures comme le nucléaire. Il peut donc satisfaire ceux qui adoptent PC mais pas ceux qui veulent SR si le changement climatique ne se produisait pas de la façon redoutée où s'il se réduisait à des oscillations sur lesquelles l'activité humaine n'intervient que de façon tout à fait marginale. Couvrir le territoire d'éoliennes serait en effet porter gravement atteinte à la qualité de vie et à la valeur des biens de milliers de riverains. Cela pourrait être fatal à des espèces comme les chauve-souris. Les éoliennes sont aussi de redoutables hachoirs à volatiles. Enfin elles massacrent les paysages qui sont notre patrimoine commun. Tout cela de façon difficilement réversible. En effet, si en théorie on peut démonter sans problème une éolienne, d'un point de vue pratique et économique, l'abandon de l'éolien ne pourrait se faire que très progressivement s'il était majoritaire dans le bouquet énergétique en vigueur. De plus, il resterait beaucoup de traces que l'on aurait du mal à effacer, à supposer même qu'on le tente : lignes à haute tension qui renforçaient le réseau, pistes tracées en pleine nature pour desservir les « fermes » d'éoliennes, soubassements de béton, etc. Ce que l'on vient de dire pourrait s'appliquer à bien des filières énergétiques envisagées pour remplacer celles qui sont productrices de gaz à effet de serre comme l'hydraulique et ses barrages dévastateurs ** ou bien encore certains « biocarburants » dont la production a tellement d'effets pervers que certains écologistes n'hésitent pas à les appeler « nécrocarburants ». Les écologistes cohérents ne peuvent les accepter. S'ils nous étaient imposés par une attitude du type PC et que de nouvelles données montrent que les oscillations climatiques actuelles ne sont pas dues pour l'essentiel aux activités humaines, il y aurait là matière à regrets.

  • Il n'y a pas de repas gratuits

La géothermie, le solaire thermique ou photovoltaïque, les économies d'énergies pourraient satisfaire à la fois PS et SR. Certaines exploitations de la biomasse, des OM humides, les micro-algues, l'éolien de haute mer, les diverses formes de l'énergie des mers pourraient être des éléments d'un bouquet énergétique au bilan carbone favorable, donc permettant d'éviter l'emballement climatique tout en n'ayant pas de conséquences telles que nous regretterions amèrement de les avoir mise en place si les prophéties du GIEC étaient infirmées.
On notera que la manière dont la source d'énergie est exploitée, le « process » compte au moins autant que celle-ci pour l'acceptabilité par la population et quant aux conséquences concernant l'environnement et les milieux naturels. On remarquera également que choisir un bouquet énergétique et les process l'accompagnant qui satisfassent PC et SR n'est pas incompatible avec l'innovation technologique mais qu'au contraire, elle la suppose.
Il ne faudrait cependant pas en conclure que c'est par des mesures purement techniques, par un surcroît de technologie que nous pourrons freiner l'hypothétique emballement à la hausse du climat, à supposer bien entendu que cela dépende de nous ; nous, c'est à dire la civilisation occidentale prise globalement comme sujet. Ne nous faisons aucune illusion. Selon la formule imagée de Barry Commoner dans The closing circle, une des grandes règles de l'écologie énonce qu'il n'y a pas de « repas gratuit ». Elle s'applique notamment à la production d'énergie, quels que soient le process, la ou les sources retenues. Comme c'est et ce fut le cas du pétrole, leur exploitation à outrance sera nécessaire pour combler la boulimie d'énergie de la civilisation occidentale. Cela ne pourra se faire sans dommages sociaux et environnementaux graves dont les économies d'énergie, pour souhaitables et louables qu'elles puissent être, ne pourront qu'en retarder l'échéance.

  • Une nouvelle sagesse

On peut aussi remarquer que le caractère approprié des mesures techniques d'évitement prises aujourd'hui n'échappe pas au « voile d'ignorance » que constitue l'imprévisibilité du futur de telle sorte que le « trop tard » de nos descendants pourrait s'accompagner du regret que nous ayons fait le choix de mesures qui s'avèreraient rétrospectivement inappropriées***.
Il est donc évident que quels que puissent être les avantages du bouquet énergétique compatible avec PC et SR que nous choisirons, il faudra qu'il s'accompagne d'un changement de comportement né de la prise de conscience de nos limites comme de celles de la planète, d'une nouvelle sagesse qui nous permettra de passer sans regret de la société de consommation à celle d'une sobriété heureuse. S'engager dans la voie de la sobriété heureuse n'a pas les inconvénients d'une solution purement technique qui subit le « voile d'ignorance » tout simplement parce la sobriété heureuse ne prétend pas être une solution a un problème de développement durable : satisfaire les besoins sans cesse croissant en énergie sans augmenter le risque d'un emballement du réchauffement climatique. Elle ne cherche pas à le résoudre pour la bonne raison que si nous empruntons cette voie, il ne se posera plus.
Ce qui vient d'être dit à propos du changement climatique peut être généralisé. Ce n'est pas d'abord avec un surcroît de technique que nous pourrons faire face aux catastrophes qui s'annoncent à cause de notre choix de pousser le développement illimité de cette technique, c'est à une nouvelle sagesse****, un nouvel art de vivre que nous devons d'abord recourir, retrouver avec bonheur dans le suffisant le sens de la mesure face à la démesure du toujours plus de la société de consommation et à son éternelle insatisfaction. Sans cet engagement dans la voie de cette nouvelle sagesse que ce soit par la prise de conscience de nos limites ou d'une tout autre façon, le prophète de malheur risque, au mieux de prêcher dans le désert, au pire d'être lapidé. La mise en œuvre de la stratégie du « sans regret » conduirait quant à elle à ne rien faire et c'est le pire qui adviendrait.

Notes
* Le développement durable est l'exemple d'une telle conciliation : satisfaire aux besoins des générations présentes sans obérer la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Une croissance en somme qui n'épuise ni les ressources, ni ne porte des atteintes non auto-réparables aux écosystèmes. Malheureusement, le développement durable est conceptuellement un oxymore et il apparaît de plus en plus clairement que l'on ne peut découpler la croissance économique ni des atteintes irréversibles à l'environnement, ni de l'épuisement des ressources.
** Souvenons-nous des combats menés contre Serre de la Fare et les autres barrages prévus sur la Loire au nom de la préservation de l'environnement et du respect du dernier fleuve libre de l'hexagone.
*** Le moteur thermique pour équiper les véhicules particuliers est un assez bon exemple d'un choix malheureux de nos aïeux que nous pouvons déplorer aujourd'hui. Les historiens des techniques nous montrent que la voiture électrique avait au départ autant de potentialités techniques que la voiture à essence. Ce sont celles de cette dernière qu'ils ont choisies de développer et c'est dommage pour le climat peut-être, pour le bruit, la pollution atmosphérique sûrement.
****Elle renoue avec une autre, fort ancienne, qui dans la Grèce antique opposait la juste mesure des actions du sage à la démesure des actes de l'insensé.
Photo Combustion in the RainForest: Ecology, Energy and Economy for a Sustainable Environment

Mercredi 27 Octobre 2010 Commentaires (0)

Lors de la séance du Conseil municipal 7 octobre 2010, nous devions voter « sur le maintien du quatrième adjoint au maire dans ses fonctions » Le groupe « Les Verts et apparentés » avait décidé que chacun de ses membres voterait en son âme et conscience selon l'expression consacrée, ce qui est d'ailleurs conforme à l'esprit du vote à bulletins secrets. Je ne veux pas revenir sur le fond de cette affaire mais, avec un peu de recul, je souhaite dans cet article faire part des réflexions auxquelles elle m'a conduit sur l'exercice du pouvoir exécutif par le maire d'une commune tel qu'il est prévu par la loi et le code des collectivité territoriales.



Paradoxe involontaire

Cette délibération était placée dans le chapitre«  Démocratie locale » alors que paradoxe sans aucun doute involontaire, le rapport de présentation se borne pour justifier le retrait de fonction au rappel des pouvoirs régaliens que la loi donne au maire en matière des délégations attribuées à ses adjoints :« Il est rappelé que si le maire peut déléguer une partie de ses fonctions à ses Adjoints et, éventuellement, aux conseillers municipaux ; il peut également, à tout moment, sans avoir à motiver sa décision, ou à solliciter l'avis du conseil municipal, mettre fin aux délégations consenties.  » (souligné par moi) Cela est tout à fait conforme aux dispositions des textes en vigueur et en particulier ceux cités dans la délibération : articles 2122-18 et 20122-20 du code des collectivités territoriales et loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.

Le choix du terme « consentir »

Il est parfaitement dans l'esprit de la loi et est déjà à lui seul tout un programme : la délégation est accordée un peu à la manière dont le roi accordait une charge au temps jadis, comme une espèce de faveur. D'ailleurs, ce que le Roi ( le maire) a fait, le Roi (le maire) peut le défaire sans avoir à motiver sa décision ou solliciter l'avis de son conseil. Si cela n'est pas le pouvoir absolu, cela y ressemble diablement. Pourtant c'est en France qu'une révolution, il y a bien longtemps, a voulu mettre fin au pouvoir absolu. Il semblerait que cette révolution n'ait pas concerné la gouvernance de cette collectivité territoriale qu'est la commune.

En bon jacobinisme, la tutelle que subit le maire d'une commune vient d'en haut, de l'État par l'intermédiaire du préfet. Il y a un progrès cependant : tous les six ans les administrés élisent leur maire ; il n'est plus nommé par le pouvoir central comme se fut longtemps le cas. Mais comme les Français et les Françaises ne se sont jamais remis d'avoir coupé la tête d'un roi et celle d'une reine, il est bien rare qu'ils renvoient dans ses foyers un maire sortant, sauf accident de parcours évidemment ou modification profonde de la sociologie électorale de la commune.

Une jurisprudence constante

Ce pouvoir régalien du maire est confirmé par une jurisprudence constante : le maire peut mettre fin à tout moment à la délégation d’un adjoint sans avoir à motiver sa décision de retrait ; toutefois, il ne peut fonder celle-ci sur des motifs étrangers à la bonne marche de l’administration communale (CE 16-6-1939 Poli), ni sur des motifs politiques n’ayant aucun rapport avec le fonctionnement de la municipalité (TA Nancy 23-4-1994 Tomblaine). Il peut en revanche invoquer de simples motifs d’opportunité (CE 24-3-1976 Bouc-Bel-Air), ou un simple différend l’opposant à l’adjoint délégué (TA Marseille CE 24-3-1976 Gay). Antérieurement à 2004, l'adjoint élu ne pouvait cependant pas être démis de sa fonction qu'il faut distinguer de ses délégations. Les délégations qui définissent son domaine de compétence sont l'objet d'un décret signé du maire. La fonction fait l'objet d'un vote du Conseil municipal et tant qu'un adjoint n'est pas démis de ses fonctions il conserve son mandat avec les qualités d'officier de police judiciaire et d'officier d'état civil qui y sont attachées par les articles L. 2122-31 et L. 2122-32 (CAA Nantes, 30 décembre 1998, n° 97NT02209 ; CE, 11 juin 1993, n° 105066 ; CE, 29 avril 1988, n° 81371).

La loi du 13 août 2004 : un progrès dans la démocratie locale?

Avant la mise en application de cette loi, un maire-adjoint ne pouvait être démis de sa fonction mais le maire pouvait donner les délégations qu'il lui avait retiré à un conseiller municipal. Ce n'est plus le cas. «  « Dorénavant, dès lors que le maire prendra un arrêté retirant les délégations données à un adjoint, le conseil municipal devra se prononcer sur le maintien de celui-ci dans ses fonctions. Corrélativement, les dispositions permettant au maire de donner les délégations retirées à un adjoint à un conseiller, si l'adjoint en cause ne démissionnait pas, ont été abrogées. »  »
On pourrait penser qu'il s'agit d'un progrès dans le sens de la démocratie puisque d'une certaine façon la décision du maire est indirectement soumise à l'approbation du Conseil municipal. Mais dans le même temps, n'est pas remise en cause la disposition selon laquelle la décision du retrait de délégation n'a pas à être motivée. Sur quels éléments les conseillers municipaux se fonderont-ils pour voter? Si le Conseil décidait de ne pas retirer la fonction de l'Adjoint auquel le maire a retiré la délégation, il y aurait désaveu du maire, blocage si celui-ci persiste dans sa décision et crise grave au sein de la majorité municipale. Sans le vote de conseillers de cette majorité, une telle situation ne pouvant se produire.
En fait comme il est écrit dans le rapport de présentation de la délibération il s'agit de « favoriser un meilleur fonctionnement de l'exécutif communal (…) en évitant le maintien en fonction d'un adjoint privé de délégations. » Ni ce rapport, ni les commentaires du ministère de l'intérieur n'envisagent un blocage possible. En résumé, on peut donc dire que, en ce qui concerne l'exécutif communal, s'il y a un pas vers une restriction des pouvoirs régaliens du maire, il est bien petit et bien hésitant.

Le cumul des mandats : un obstacle à la démocratisation des règles de gouvernance locale.

Les adjoints au maire n'ont d'autre marge de manœuvre que celle que leur donne le rapport de force politique constaté ou supposé entre la sensibilité dont ils sont issus et celle du maire. Lorsqu'il s'agit d'un adjoint de la même sensibilité que celle de ce dernier, sa marge de manœuvre est bien faible, il ne peut la trouver que dans l'adhésion des autres membres de son groupe politique à sa cause mais c'est justement dans ce groupe que l'influence du maire est la plus forte.
S'il n'y avait pas autant de députés maires, il y aurait une chance que les pouvoirs régaliens des maires dans les exécutifs locaux soient revus. Ils sont des survivances d'un autre âge. Mais quel est le maire cumulard qui souhaiterait réduire ses pouvoirs? En attendant qu'une loi vienne une bonne fois pour toute régler cette question du cumul, tout ce que l'on peut espérer c'est que les maires fassent bon usage des pouvoirs que leur confèrent la loi et le code des collectivités territoriales, un usage d'autant plus modéré que ces pouvoirs sont grands.
Source des références et interprétations juridiques. Sénat : Question écrite Nº 13485 du 05/08/2004 page 1766 avec réponse posée par MASSON (Jean-Louis) du groupe NI et Ministère de réponse: Intérieur - Publiée dans le JO Sénat du 14/10/2004 page 2340.

Mercredi 20 Octobre 2010 Commentaires (0)
La Commission Européenne vient d'autoriser l'entrée et la culture d'OGM en
Europe, contre le souhait de bien des citoyens, et contre l'avis de plusieurs États Membres.
La gouvernance européenne nous permet de déposer une demande officielle auprès de la Commission, pour peu qu'elle soit soutenue par un minimum de *1 million* de citoyens européens. Aujourd'hui, et après 1 mois d'action, Avaaz a réussi à rassembler près de 700.000 signatures.
Il manque 300 000 signatures sur 1 million pour pouvoir déposer une demande auprès de la commission européenne.

Voici le lien vers la pétition : ça vous prendra 30 secondes, nous laissera peut-être une chance d'obtenir un moratoire au niveau européen, et d'éviter l'entrée massive en Europe de cultures invasives (elles menacent la biodiversité), potentiellement nocives pour notre santé (de nombreux avis médicaux mettent en garde contre les conséquences de la consommation d'OGM), potentiellement dangereuses pour l'indépendance économique des agriculteurs (les semences sont chères car brevetées, doivent être rachetées chaque année, et demandent l'utilisation de produits spéciaux disponibles uniquement chez les semenciers), et polluantes (ces cultures nécessitent l'utilisation d'énormément de produits chimiques).
Faites suivre au maximum de personnes de vos carnets d'adresses.
Merci
Pétition

Lundi 18 Octobre 2010 Commentaires (0)

Au quotidien

Le 14 octobre 2010, le tribunal correctionnel de CARPENTRAS a condamné AREVA-SOCATRI à une peine de 40 000 euros d’amende, pour avoir caché à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) le grave incident qui s’est déroulé en 2008 dans ses installations du TRICASTIN.
Le Réseau « Sortir du Nucléaire », qui s’était constitué partie civile, obtient 8000 euros de dommages-intérêts et la publication de la décision dans « La Tribune » et « Vaucluse Matin ».


Une décision justifiée par la gravité des faits

Regrettons cependant que le Tribunal ait relaxé AREVA SOCATRI du délit de pollution de l’eau, et que la condamnation reste en deçà des réquisitions du Procureur de la République. Ce dernier avait requis 100 000 euros d’amende, ainsi que la fermeture de l’unité de production en cause.
Les grands médias français qui ont rapporté l'événement ont titré sur cette relaxe, mettant au second plan la condamnation alors qu'il s'agit dans tous les cas d’une décision sans précédent, justifiée par la gravité des faits : le 8 juillet 2008, suite à une fuite survenue dans l’usine SOCATRI, filiale d’AREVA, sur le site du Tricastin (Drôme), 75 kg d’uranium ont été rejetés dans les cours d’eau avoisinants. 30 m3 d’effluents chargés d’uranium ont contaminé les eaux superficielles, privant la population d’eau potable et polluant des lieux de baignade fréquentés. Des niveaux élevés de contamination radioactive ont également été repérés dans les nappes phréatiques et à l’eau du robinet.

Des négligences scandaleuses de la SOCATRI-AREVA sont à l’origine de cet « incident » grave. Le Réseau « Sortir du nucléaire » attend de recevoir la copie du jugement pour envisager de faire appel de la relaxe partielle de cette société.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » demande dans tous les cas qu’une inspection indépendante des différents sites du Tricastin soit entreprise afin d’évaluer les risques de pollution de toutes les installations nucléaires, civiles et militaires et que l’environnement et les riverains bénéficient, dans les meilleurs délais, d’une surveillance sanitaire indépendante. Une inspection inopinée de l’ASN le 10 juin 2010 a encore relevé des négligences concernant l’étanchéité des bassins de rétention.

Areva a profité d'une faille dans la réglementation sur l'eau

Selon Maître Busson, avocat du Réseau "Sortir du nucléaire" : «  Le tribunal relaxe parce qu’il n’y a pas de norme de potabilité de l’eau en ce qui concerne l’uranium ou les matières radioactives en France, il n’y a que des normes-guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui recommandent de ne pas aller au-delà de 15 micron-grammes/litre d’uranium dans l’eau »
Maître Busson ajoute « On a au dossier l’eau du robinet qui était à 70 micron-grammes plusieurs jours après la pollution, mais pour constituer le délit (..) il faut montrer que ça a eu pour conséquence de la rendre impropre à la consommation et une eau impropre à la consommation, c’est une eau qui n’est pas aux normes. Or il n’y a pas de normes. »
L'avocat demande au gouvernement de se«  saisir de ce vide juridique ».
Photo : photo-evasion.com

Dimanche 17 Octobre 2010 Commentaires (0)

Nature - environnement

Le Balanin éléphant est un minuscule coléoptère pourvu d'un rostre d'une longueur démesurée par rapport à sa taille. Cet appendice lui sert de foret pour trouer les parois des glands de chêne pour y déposer ses œufs, un par gland, d'où naitront des larves qui dévoreront le gland de l'intérieur. Nuisible le Balanin? Ce n'est pas du tout l'avis de Jean-Henri Fabre qui nous décrit le travail minutieux du charançon occupé à assurer sa descendance. Le Balanin a sa place dans les équilibres naturels. Il nous en donne une démonstration magistrale non dénuée d'humour tout en nous remettant à notre place.


Le point de vue du merle

C'est celui qu'adopte tout d'abord Fabre. Pour le merle, le balanin mérite des égards car c'est un met succulent « petite bouchée, mais de haut goût ; cela fait diversion aux âpretés de l'olive, non encore domptées par le froid ».
« Et que serait, sans le merle et ses émules, le réveil des bois au printemps ! Disparaisse l'homme, aboli par ses sottises, et les fêtes du renouveau ne seront pas moins solennelles, célébrées par la fanfare du merle ».

Le Balanin, un régulateur

« Au rôle très méritoire de régaler l'oiseau, joie des forêts, le Balanin en adjoint un autre : celui de modérer l'encombrement végétal. Comme tout les forts vraiment dignes de leur puissance, le chêne est généreux : il donne des glands par boisseaux. Que ferait la terre de ces prodigalités? Faute de place, la forêt s'étoufferait elle-même ; l'excès y ruinerait le nécessaire. »
Le Balanin n'est pas seul dans ce rôle de régulateur, il y a d'autres consommateurs « empressés d'équilibrer la fougueuse production » parmi eux, un indigène, le mulot et un étranger le geai. Mais, nous dit Jean Henri Fabre, « le Balanin les a devancés tous » et c'est lui qui a fait le plus gros du travail.

Le droit du plus fort

« Bientôt l'homme arrive, dans l'intérêt de son porc (…) Après les joies du mulot du geai , du charançon et de tant d'autres, voici celle de l'homme, calculant combien de lard lui vaudra sa récolte. Un regret se mêle à la fête : c'est de voir tant de glands répandus à terre, percés, gâtés, bon à rien. L'homme peste contre l'auteur du dégât. À l'entendre, la forêt est à lui seul ; pour son porc seul les chênes fructifient.
Mon amis, lui dirais-je, le garde forestier ne peut verbaliser contre le délinquant, et c'est fort heureux, car notre égoïsme, enclin à ne voir dans la glandée qu'une guirlande de saucisses, aurait des suites fâcheuses. Le chêne convie tout le monde à l'exploitation de ses fruits. Nous en prélevons la part la plus grosse parce que nous sommes les plus forts. C'est là notre unique droit. »
Nous voilà donc remis à notre place. Nos prétentions ne sont pas plus fondées que cela parce que précise le naturaliste, « domine l'équitable répartition entre les divers consommateurs, tous ayant leur rôle, petit ou grand, en ce monde. »

À table!

C'est une véritable fable que nous conte là Jean-Henri Fabre tout à la fois leçon d'écologie d'écologue, et bien plus encore écologie profonde avec sa vision du monde et de la place de l'homme dans ce monde. L'humour, un humour gourmand en prime : « s'il est excellent que le merle siffle et réjouisse les frondaisons printanières, ne trouvons pas mauvais que les glands soient vermoulus. Là se prépare le dessert de l'oiseau, fine bouchée qui met de la graisse au croupion et de de belles sonorités au gosier »
En résumé : lard et guirlandes de saucisses pour l'homme ne vaut pas plus que Balanin dessert pour le merle. À chacun ses gourmandises !
( On trouvera les textes cités p. 301-302 , Souvenirs entomologiques , Étude sur l'instinct et les mœurs des insectes, tome 2, collection Bouquins, Robert Laffont éd. Paris, 1989)


Mercredi 6 Octobre 2010 Commentaires (0)

Pas assez de vent, les éoliennes ne tournent pas, donc ne produisent rien. Trop de vent, elles doivent s'arrêter, sinon, elles explosent. Démonstration vient d'en être faite, une fois de plus, par l'accident qui s'est produit dimanche dernier au matin dans une ferme d'éoliennes dans le sud de la Drôme sur la commune de Rochefort-en-Valdaine.


Laides, inutiles et dangereuses

Deux éoliennes ont pris feu après s'être emballées « suite à un fort coup de vent ». L'une d'entre elles a explosée, la tête et les pales ont été pulvérisées provoquant un début d'incendie. Il s'agit de deux aérogénérateurs de 45 mètres de haut, distants de 3 kilomètres. Il semblerait que le frein automatique dont ils sont équipés n'ait pas fonctionné.
Les éoliennes produisent peu d' électricité, de façon intermittente, quasi imprévisible, à la merci de la moindre saute de vent, des vents capricieux et versatiles. En France il n'y a pas d'alizés. Les éoliennes n'ont pas permis l'arrêt d'une seule centrale nucléaire mais elles défigurent les paysages et empoisonnent la vie des riverains. On les savait laides, on avait oublié qu'elles étaient dangereuses, ce que cet accident vient rappeler opportunément.


Des risques injustifiés

Certes, et les pro-éoliens antinucléaires ne manquent pas de le rappeler, un accident ou incident d'éolienne n'a pas et ne peut pas avoir l'ampleur d'un accident, voire de certains incidents dans une centrale nucléaire. On leur accordera volontiers qu'il faut refuser le nucléaire civil à cause, entre autres défauts rédhibitoires, de sa dangerosité et du risque de catastrophe majeure qu'il fait planer sur nos têtes, tel une épée de Damoclès. La dangerosité du nucléaire justifie son abandon, elle ne justifie pas l'acceptation des nuisances et des risques dont est porteur le développement de l'éolien terrestre.
Haie d'horreur le long de l'A10
Haie d'horreur le long de l'A10

Même s'il peut être qualifié de mineur face au désastres que le nucléaire ou le chimique peuvent produire, un accident d'éolienne peut blesser grièvement ou même tuer des gens et causer de graves atteintes à l'environnement, comme être à l'origine d'un incendie de forêt par fort mistral, comme cela a bien failli être le cas ce dimanche 19 septembre dans la Drôme.
Cela aurait pu être aussi le cas en 2004, au Portel, à Boulogne-sur-Mer où le mât de 80 tonnes d'une éolienne s'est écrasé au sol, l'une des pales est tombé sur la plage, ou bien encore, toujours en 2004, à Dunkerque où une éolienne s'étant couchée sur le sol, le mât et une partie de sa fondation ont été arrachés ; nacelle, rotor et pales ont éclaté, etc. Par miracle, il n'y a jamais eu de blessés ou de morts lors d'accidents ou d'incidents sur des éoliennes en France. Il risque fort d'y en avoir, hélas, si l'on continue de développer l'éolien terrestre sans tirer les leçons de ces accidents ou incidents.
Au yeux de ceux qui sont correctement informés, ces accidents et incidents sont d'autant plus inacceptables que ces éoliennes sont inefficaces et improductives. De même qu'elles causent des nuisances pour rien ou presque, elles font courir des risques pour rien ou presque. On renverra ici à la conclusion déjà citée ici d'un article impartial et bien documenté d'une revue qui ne peut être suspectée d'être pro-nucléaire, L'écologiste : « L'éolien industriel terrestre ne permet pas de contribuer significativement à la sortie du nucléaire et il est une des solutions les plus coûteuses pour éviter les émissions de CO2. Là où il est contesté par la population locale ou les riverains, dans la mesure où il ne présente donc aucun avantage majeur pour la collectivité, il apparaît alors impossible de justifier les inconvénients imposés à certains habitants et à l'environnement en général » A fortiori, de justifier les risques d'accidents qu'il fait courir.
On classe l'éolien dans les énergies « douces ». Pourtant si quelqu'un reçoit sur la tête l'une de ces pales démesurée sur la tête, cela n'aura rien de doux pour lui. Cela pourrait bien arriver car, dans l'éolien, il n'y a aucune « culture de la sureté», cette façon de produire de l'énergie électrique étant considérée, à tort, sans danger. Il n'y a pas ou peu de normes ou de certifications spécifiques. Un examen des turbines et parcs un peu pointilleux sur la sureté est laissé au bon vouloir de l'industriel. Il doit être « volontaire » ! Au risque d'être considéré comme pro-nucléaire, alors que je suis pour l'abandon de cette énergie, j'affirme que ce laisser-faire et ce laisser-aller en matière d'éolien contraste singulièrement avec les contrôles en matière de nucléaire. Et dire qu'il y a des élus Verts, députés et conseillers régionaux qui voudraient encore affaiblir ces contrôles et assouplir les contraintes concernant l'installation d'aérogénérateurs !
Sans la pression de l'opinion publique, sans la vigilance des écologistes et celle des associations de défense des riverains ou de l'environnement, la fameuse « culture de la sureté » dont se targuent les exploitants français du nucléaire serait bien moins développée, de même que les contraintes et contrôles sur cette industrie serait bien plus légères. Malheureusement le combat contre l'éolien industriel ne bénéficie pas d'une conjoncture aussi favorable. Bien des écologistes qui se sont battus – et pour certains, se battent encore – contre le nucléaire ont cédé au mirage de l'éolien, énergie renouvelable, inépuisable, prétendue « douce », véritable cadeau du ciel et de la nature. On finirait presque par croire, bien à tort, qu'il est gratuit et sans nuisances … Parés de si beaux atours, l'éolien a aussi une bonne image auprès des gens, surtout ceux qui vivent loin de ces machines à moudre du vent. Ceux qui ont la malchance de vivre à proximité changent d'avis lorsqu'ils découvrent le vrai visage de cette industrie venue s'installer sous leurs fenêtres, à côté de leurs champs ou de leurs prés. Ils se révoltent. Jusqu'à présent ces jacqueries n'ont impressionné ni les pouvoirs publics, ni la plupart des écologistes des villes,Les Verts y compris. Il est bien plus facile de traiter les opposants à l'éolien de « vendus au nucléaire » que de remettre en cause sa foi de charbonnier dans cette énergie. Quant à l'opinion publique, bercée par les fariboles des marchants de vent de tout poil, elle s'est endormie. Sans la pression de cette opinion, sans des campagnes de contestation efficaces, la sureté du parc éolien français ne doit guère être meilleure que ne l'était la sureté du parc de centrales nucléaires des pays de l'Est sous la dictature soviétique. Ce qui peut devenir une situation pour le moins préoccupante avec le développement annoncé des « fermes » d'éoliennes industrielles composées d'appareils de plus en plus hauts, donc potentiellement de plus en plus dangereux....

Le dispositif de freinage automatique, tendon d'Achille des éoliennes d'ancienne comme de nouvelle génération.

Meunier, tu dors....
Ton moulin,
Ton moulin va trop vite,
Meunier, tu dors
Ton moulin,
Ton moulin va trop fort.


Avec ces machines à moudre du vent, dix fois plus hautes que le moulin de la chanson, il n'y pas de meuniers. Personne pour débrayer le système lorsque les pales tournent trop vite. Ce sont des dispositifs de freinage automatiques qui s'en chargent. Lorsque l'on recense les incidents ou accidents survenus sur des éoliennes, on s'aperçoit que, très souvent, ce sont ces dispositifs qui sont en cause. Cela a été le cas, semble-t-il, dimanche dernier. Et c'était déjà le cas en 2004, sur le même site, un même type d'accident ou incident s'était produit ! Quelles conséquences en avait-t-on tirées? Aucune, sans doute. On avait dû se borner à constater pour se rassurer à bon compte, comme le font aujourd'hui les responsables de la maintenance que « les systèmes de sécurité on fonctionné sur toutes les autres [éoliennes du parc] » Jusqu'à la prochaine fois?
Faute d'examens approfondis, de rapports d'experts « indépendants » ou reliés à une autorité de sureté quelconque, comment savoir s'il n'y a pas de défauts de structure sur ces systèmes qui expliquerait ces défaillances à répétition? Comment y remédier? Comment définir les précautions à prendre, s'il n'y a pas d'expertises transparentes et communicables?

Des mesures conservatoires

En 2007, à Cletourps dans la Manche, un morceau de pale de quatre mètres a été éjecté à plus de 200 mètres. On considère que des débris d'éoliennes peuvent être projetés jusqu'à 800 mètres lors d'emballement, de crash, etc. La réglementation récemment mis en place prévoit une distance de sécurité de 500 mètres des habitations, mais rien ne semble avoir été prévu en ce qui concerne les voies de circulation. Et là, pour quelques instants du moins, nous sommes très nombreux à être riverain d'un parc d'éoliennes. Pourtant, si l'on voulait tirer vraiment la leçon des incidents ou accidents survenus, il faudrait démanteler toutes les éoliennes qui poussent comme champignons après la pluie le long des autoroutes. Par exemple, pour rester dans la Drôme, le long de l'A7 (autoroute du soleil mais aussi du mistral). Plus près de l'Ile de France, sur plus en plus de kilomètres, des éoliennes bordent l'autoroute A 10 à moins de deux cent mètres des voies de circulation. Il faudrait les démanteler préventivement.
Si l'on définissait des distances de sécurité correctes, si l'on s'interdisait de porter atteinte aux paysages comme à la tranquillité des riverains, il n'y aurait guère de place pour ces engins. Serait-ce si regrettable? Après tout, dans nos régions, le futur de l'éolien industriel est peut-être pleine mer.....


Ni nucléaire, ni éolien industriel terrestre ! Vive la sobriété énergétique !

Bien des écologistes, Verts ou non, apportent à l'éolien un soutien sans nuance, bien peu raisonné et en tout cas aveugle quant aux limites de cette énergie. Ils précipitent les anti-éoliens dans les bras des pro-nucléaires, habiles à récupérer leur combat, alors que beaucoup d'entre eux ne veulent ni du choléra éolien ni de la peste nucléaire.



Jeudi 23 Septembre 2010 Commentaires (0)

Cette année, à l'initiative de Patrick Duchemin et de moi-même, Fontenay-aux-Roses fera partie des villes qui participeront au « Jour de la nuit », une manifestation nationale qui a pour objectifs d'attirer l'attention du grand public sur les conséquences de la pollution lumineuse, de renouer le lien des citadins avec la nuit, de redécouvrir les merveilles du ciel étoilé et de découvrir la nature autrement.
A Fontenay, l'éclairage public sera éteint en centre ville une partie de la nuit. Tous ceux qui le souhaitent pourront venir sur la terrasse de l'Hôtel de ville observer avec nous le ciel nocturne. Des astronomes seront là pour nous aider à (re)découvrir et reconnaître constellations, étoiles, planètes et galaxies et répondre à vos questions.


Samedi 30 octobre, une date à retenir ! Ce sera le jour de la nuit.
La pollution lumineuse

C'est une nuisance provoquée par la multiplication des points lumineux, éclairage des villes, néons, panneaux publicitaires. Au cours des dix dernières années leur nombre a augmenté de 30% en France. Il s’élève à plus de 8,7 millions : la nuit est confrontée à la montée d’une pollution lumineuse issue d’une généralisation de l’éclairage nocturne. En France non seulement les villes et les villages sont sur-éclairées, ils sont aussi mal éclairés. Le plus souvent, les systèmes d’éclairage sont mal conçus et renvoient la lumière vers le ciel au lieu d'éclairer le sol. Les effets de cette pollution sont multiples et divers, pas toujours bien connus.
Le plus évident est la surconsommation d'énergie qu'elle entraîne. Comme toute production d'énergie est une source de nuisance pour l'environnement, il vaut mieux en rationaliser, maîtriser et réduire la consommation.

Mais où sont passées les étoiles?

Au dessus de nos agglomérations, les étoiles ont disparu. Nous n'avons plus le plaisir de contempler le ciel étoilé. Quiconque a dormi à la belle étoile assez loin de toute agglomération sait de quel spectacle grandiose cette pollution nous prive. Quel choc lorsqu'au sein d'une nuit noire de nouvelle lune, on a la chance de retrouver le lien visuel avec l'univers dont cette pollution nous a coupés. Et pensons aux astronomes obligés de parcourir des kilomètres pour s’éloigner des villes.

Des effets insidieux sur les écosystèmes.

Il suffit de voir les malheureux insectes attirés, piégés, grillés autour des lampadaires pour les percevoir. Les oiseaux migrateurs qui volent la nuit sont désorientés par les grandes taches lumineuses des agglomérations. D'autres effets, parfois inattendus, sont moins évidents à constater. Les périodes de reproduction de nombreuses espèces d'oiseaux sont réglées sur la durée du jour. C'est lorsqu'ils sont longs qu'ont lieu les couvées. Il est facile de comprendre pourquoi. Plus les jours sont longs et plus la période de recherche de nourriture pour la nichée est longue. En milieu urbain, on constate une augmentation du nombre annuel de couvées pour des espèces comme le pigeon des villes et les étourneaux dont on cherche par ailleurs à limiter le nombre.... Même pour des espèces moins envahissantes et plus discrètes telle que le rouge gorge ou le rouge queue noir, cet accroissement du nombre des couvées n'est positif qu'en apparence. Elle induit une surexploitation de la ressource qui devient plus rare, d'autant que cette surexploitation s'ajoute à d'autres facteurs qui ensemble entrainent une raréfaction des invertébrés dont ces oiseaux se nourrissent. L'augmentation artificielle de la durée d'éclairement vient rompre un équilibre naturel. Difficiles à repérer, de tels équilibres ne se révèlent souvent que par les désordres induits une fois qu'ils ont été rompus.

Retrouver un savoir perdu

Dans les temps très anciens, la connaissance des étoiles était un savoir commun : « Les mouvements [apparents] des étoiles sont beaucoup plus simples et plus réguliers que le mouvement du Soleil. Pourtant, on ne reconnaît pas si facilement cette régularité parce qu'il faut, pour un examen systématique du ciel nocturne, pouvoir repérer quelques étoiles afin de les étudier de manière suivie, en quelque point du ciel qu'elles apparaissent. Dans le monde moderne, c'est rarement possible. Peu de gens, de nos jours, passent leur temps le soir à regarder les étoiles [hélas, ils préfèrent regarder la télé...] et, s'ils le font, leur regard est gêné, trop souvent, par les bâtiments élevés ou l'éclairage des rues. (…) Dans l'Antiquité, les étoiles faisaient partie de l'environnement immédiat et quotidien de l'homme, et les corps célestes servaient à repérer le temps et garder le calendrier. Il était alors assez commun de savoir identifier les étoiles au premier regard. Longtemps avant le début des temps historiques, des hommes, que leur travail obligeait à observer longuement et régulièrement le ciel nocturne, avaient mentalement groupé les étoiles en constellations, en associant entre elles des étoiles voisines que l'on pouvait reconnaître à leurs positions relatives invariables. Pour retrouver une étoile donnée dans la confusion du ciel, un observateur repérait d'abord le dessin familier dans lequel apparaissait l'étoile, puis il retrouvait l'étoile elle-même » Thomas S. Kuhn, The copernican revolution (La révolution copernicienne), 1959, trad. fr. A. Hayli, Fayard, Paris, 1973, p. 15 – 16. [Les passages entre crochets carrés sont des précisions et commentaires de l'auteur de ce blog.]
Le 30 octobre au soir , vous pourrez retrouver un peu de ce savoir en venant observer le ciel en compagnie d'astronomes sur la terrasse de la salle des mariages de l'hôtel de ville.
Souhaitons que beaucoup de villes, collectivités, associations, citoyen(ne)s participent au « Jour de la nuit », cette grande manifestation festive et participative pour la préservation de la nuit, de la biodiversité et de l’environnement.
Pour en savoir plus sur cette manifestation : jourdelanuit
Pour celles et ceux qui aimeraient partir à la découverte de la nature la nuit, et pénétrer ainsi, près ou loin de chez eux, dans un monde insoupçonné, le guide à consulter avant de se lancer : La nature, la nuit, guide d'observation et d'identification de Vincent Albouy et Jean Chevalier, 224 pages, Delachaux et Niestlé, 2006

Samedi 18 Septembre 2010 Commentaires (0)

De mes séjours à la montagne cet été, j'ai pu tirer des illustrations concrètes de principes généraux, abstraits dans leur énoncé et pourtant fondamentaux pour nourrir la réflexion écologique. En voici quatre.


Vu de la montagne : leçons locales pour une réflexion globale.
La nature se guérit seule.
Aristote le savait déjà mais halte-là, les hommes sont là...

Dans les annales des Alpes de Haute Provence et plus particulièrement dans le Haut Verdon, l'hiver 2009-2010 restera un hiver avec un enneigement exceptionnel. Une neige lourde jointe à des vents tempétueux a mis bas des pans entiers de forêt qui avaient été laborieusement replantés dans le cadre de la RTM (restauration des terrains de montagne) à la fin du dix-neuvième siècle et au début du siècle dernier. Lors de l'été 2009, dans la haute vallée du Verdon, en allant par les sentiers de Ratery au col des Champs, on pouvait voir ces chablis avec leurs arbres déracinés, cassés dont les débris, troncs, branches, racines s'amoncelaient dans les ravins à chaque rupture de pente. Mais déjà dans les zones mises à nu, les sols se couvraient d'une végétation nouvelle qui profitait de la lumière et du soleil pour se développer.

Cet été, dans les pentes déboisées, c'était une floraison exubérante de lys martagon, de bleuets des alpes, de renouées, de phalangères parmi de hautes graminées. Les arbres miraculés croissent sans concurrence et sèment graines et pollen à tout vent. Pour l'instant, sans doute par manque de moyens, les interventions humaines ont été limitées à des mises en sécurité : dégagement des sentiers et des torrents avec parfois récupération des billes de bois exploitables. Et c'est bien ainsi. Les arbres épargnés joueront leur rôle de semenciers et peu à peu le couvert forestier se reconstituera pourvu que vaches ou moutons ne viennent perturber le cours des choses. C'est du moins le processus naturel. On peut donc supposer qu'il se réalisera mais il n'est pas certain que l'on puisse le vérifier.
Pour les forestiers toutes les essences d'arbre ne se valent pas, le processus de régénération naturelle est lent. Déjà des parcelles sont mises en exploitation, d'autres délimitées en vue de l'être dans cette forêt de Ratery qui n'a de « récréative » que le nom. Il serait sans doute vain de plaider pour une simple mise en défens qui laisserait faire la nature? Et pourtant ce serait la véritable gestion écologique : une absence de gestion qui fasse confiance à la nature, laisse son temps au temps et d'où surgirait une forêt vraiment naturelle, comme il n'en n'existe pratiquement plus sur notre territoire national.

La réussite de la RTM.
Où l'on peut voir que la croissance démographique peut être aussi délétère pour un écosystème que le libéral-productivisme.

Malgré les apparences et à quelques exceptions remarquables près, les forêts qui couvrent les pentes des hautes vallées du Verdon n'ont rien de naturel. Exploitée, surexploitée, défrichée pour agrandir les surfaces des pâturages, des prés de fauche ou des cultures vivrières, la forêt naturelle originaire avait disparu depuis longtemps. Avec des montagnes aux versants pentus et pelés, une érosion hydrique intense et des crues torrentielles rendaient peu à peu pentes et fonds de vallées impropres à toute végétation, donc culture ou pâture. Ce n'est qu'à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle que le mal fut endigué, puis le couvert forestier restauré avec la RTM par la plantation massive de conifères, mélèzes et différentes espèces de pins et de sapins. Cela est bien connu. On en tire en général la conclusion réconfortante que, dans certains cas au moins, les hommes peuvent réparer les dégradations qu'ils ont fait subir à la nature. Mais ce que l'on souligne beaucoup moins, c'est que la RTM a été un succès parce qu'elle s'est accompagnée d'une émigration massive des habitants des hautes vallées, émigration qui avait d'autres raisons que la mise en œuvre de la RTM. Ainsi la population du Haut Verdon diminue de 60% au dix-neuvième siècle.
Il ne faut pas imaginer que les habitants des hautes vallées gaspillaient les ressources que leur offrait la nature ; « offrir » étant d'ailleurs une façon de parler car il fallait travailler dur pour y avoir droit. Au contraire, les paysans de ces montagnes savaient les ménager et en user avec astuce et parcimonie. S'ils prélevaient sur le capital plus que l'intérêt, c'est qu'ils y étaient contraints. On ne peut accuser la recherche d'un profit capitaliste ou marchand qui serait à l'origine de cette surexploitation des ressources naturelles. L'économie de ces hautes vallées était essentiellement une économie de subsistance. La surexploitation des ressources naturelles, la pression délétère sur la forêt provenait d'une surpopulation de ces hautes vallées. Celle-ci disparaissant, remplacée par une désertification humaine, la RTM pouvait réussir. En outre même si ni au dix-neuvième, ni au début du vingtième siècle, la simplicité des paysans des hautes vallées n'avait rien de « volontaire », on peut tirer de cette histoire une autre leçon que certains des « décroissants » purs et durs ont du mal à admettre. Même si tous les Terriens, frappés par je ne sais quelle grâce, devenaient des adeptes de la « simplicité volontaire », cela ne permettrait pas d'éviter le désastre si dans le même temps ils continuaient de se multiplier et de croître. Il y aurait tout simplement trop de « olontaires », plus que la Terre pourrait en supporter . Comme les anciennes forêts des Alpes du sud, elle serait ravagée.

Biodiversité, nature et cultures.
Entre forêt naturelle et biodiversité d'origine anthropique, il serait difficile de faire un choix..., si un choix était à faire.

Aujourd'hui, avec la déprise agricole, une nouvelle forêt se développe naturellement au fur et à mesure que les prairies de fauche ne sont plus fauchées. Et avec elles disparaissent toute une flore et une faune qui leur étaient inféodées. Ironie de l'histoire, alors que l'on reboisait hier sous la protection de la troupe pour contenir l'ire des paysans qui voyaient leurs pâtures et leurs prairies se réduire, aujourd'hui il faut subventionner les quelques agriculteurs qui restent pour qu'ils fauchent et récoltent le foin de prairies qui pour des raisons diverses ne sont plus rentables. De cette forêt qui part à la conquête des terres en déprise, les gestionnaires du Parc national du Mercantour ne veulent pas. À la nature (la forêt avec ses stades intermédiaires de broussailles), ils préfèrent les cultures (la prairie de fauche). C'est ainsi que j'ai rencontré début juillet deux employés du Parc qui faisaient des recensement floristiques et faunistiques pour évaluer la richesse écologique de prairies qui risquaient de ne plus être fauchées ou pâturées. Le Parc proposera sans doute un contrat à l'agriculteur pour qu'il exploite ces terres selon de « bonnes pratiques », c'est-à-dire des pratiques qui permettent d'en maintenir, voire d'en renforcer la biodiversité. Mais pourquoi s'intéresser aux seules terres susceptibles d'être délaissées? C'est de toutes les autres qu'il faut s'occuper. C'est pour elles qu'il faut proposer des compensations sur les manques à gagner qu'entraîneraient éventuellement ces « bonnes pratiques ». Dès que l'on offre un territoire favorable à une flore ou une faune, elle s'y implante. Il n'y aurait plus à choisir entre prairie de fauche et évolution spontanée vers une forêt. Mais l'idée que la nature puisse être en elle-même porteuse d'un ordre, qu'elle peut se débrouiller seule, sans le gestionnaire des espaces, sans l'agriculteur dont on veut faire un jardinier de la nature, voilà qui choque le « vieil orgueil néolithique »dont parle Robert Hainard et que l'on trouve particulièrement développé chez les aménageurs et la plupart des décideurs.

Et pendant ce temps là ….
Où l'on peut constater qu'un oxymore peut être efficace

Tandis que je discutais avec les deux botanistes du Parc national du Mercantour, résonnaient les coups de marteaux des couvreurs qui achevaient le énième chalet d'un énième lotissement de résidences secondaires, un peu plus bas dans la pente. Là, il n'y a plus ni prairie, ni forêt mais du béton que l'on masque par des planches et du goudron qui a du mal à tenir. Mieux vaut avoir un 4x4 pour accéder à ces résidences si secondaires qu'elles sont vides presque toute l'année. Une nature bien abimée à côté d'une nature en conserve...
Mais peut-être que ce chalet sera l'un des derniers à être construit ici. Le saccage du territoire lié à la spéculation foncière sur les terres en déprise est peut-être terminée dans ce secteur. Il n'y aura plus de nouvelles zones ouvertes à la construction, développement durable de la vallée oblige. Et sans ce développement durable, pas de subventions européennes. Les élus ont donc choisi le développement durable ! Quoi qu'en disent les « décroissants » purs et durs, même si cette notion est un oxymore, les agendas 21 qui lui sont associés peuvent avoir du bon.

Mercredi 15 Septembre 2010 Commentaires (0)

Il faudrait peut-être mieux parler de "décroissance soutenable" dès lors que les ressources s'épuisent, les écosystèmes se délabrent, la population mondiale continue de croître et que l'on assiste sans doute à la fin de la croissance économique, comprise comme croissance du PIB. Mais qui, aujourd'hui accepterait de construire, s'impliquer dans un projet territorial de décroissance soutenable? Cette notion divise, celle de développement durable fédère. Elle le peut parce qu'elle est très floue et qu'il y a plusieurs façons de la comprendre. Ce qui conduit à un unanimisme apparent.


La fin d'une illusion

Pour la plupart des politiques, certains écologistes exceptés, pour la majorité des centrales syndicales, le développement durable est une tentative pour obtenir une croissance qui ne porterait pas atteinte aux équilibres naturels, n'accroitrait ni la pression anthropique sur les systèmes naturels ni l'utilisation des ressources naturelles et serait économe en énergie. Il faut admettre aujourd'hui que cela est impossible à réaliser. Il s'avère que la croissance du PIB est inséparable des atteintes à l'environnement et de l'accélération de la consommation des ressources naturelles de la planète. Parmi ceux qui furent les promoteurs de cette interprétation du concept de développement durable, certains commencent à le reconnaître.
En France, c'est notamment le cas de Dominique Bourg. On se rapportera à l'entretien qu'il a accordé ce mois au journal La décroissance et à l'article qu'il signe dans les Études du mois de juillet dont La décroissance cite des extraits et qui se termine ainsi : « Finissons en avec la rhétorique des trois piliers et d'un équilibre aussi trompeur que mensonger entre les dimensions économiques, sociales et écologiques.  » C'est à une conclusion semblable qu'est arrivé Nicolas Sarkozy qui n'hésiterait pas une seconde à sacrifier l'environnement sur l'autel d'une croissance définitivement aux abonnés absents ; d'où sa fameuse et scandaleuse formule « l'environnement, ça commence à bien faire ». Scandaleuse car elle fait bon marché tant l'état catastrophique de nombreux écosystèmes que de l'épuisement général de la planète.



Une régression théorique

D'un point de vue théorique, cette interprétation du développement durable, aujourd'hui dominante, est toujours apparue à beaucoup d'écologistes comme la meilleure façon de faire de cette notion une contradiction dans les termes. Ainsi interprété le concept de développement durable ne vaut pas mieux que celui de « carré rond ». De plus par rapport à la remise en cause de la notion de croissance qui était au cœur des textes fondateurs de la pensée écologiste, la notion de développement durable apparaît comme une régression et un leurre auquel se sont laissés prendre - ou ont voulu se laisser prendre - tous ceux qui considèrent que sans la croissance du PIB, il n'y pas de salut mais qui ne pouvaient plus ignorer ni les diagnostics du Club de Rome ni les conclusions des diverses études sur l'état des ressources naturelles, de la biodiversité, sur les pollutions et l'explosion démographique.

Vers une société de la décroissance

Gardons nous cependant de jeter le bébé avec l'eau du bain. Le développement durable a aussi des avantages d'un point de vue pratique. Sous sa bannière fédératrice, des avancées indéniables ont été réalisées notamment par la mise en œuvre de politiques publiques au travers d'agendas 21, politiques publiques qui auraient été impensables dans les années 80. Après tout, Christophe Colomb est parti pour découvrir une nouvelle route pour se rendre aux Indes et il a découvert l'Amérique. C'est ainsi que la recherche d'un développement durable peut conduire à trouver une nouvelle prospérité sans croissance, dans la décroissance du PIB qui aujourd'hui semble inéluctable.
D'un pur point de vue théorique et idéologique, il est certain qu'il faut mettre en avant les notions de décroissance, de transition, etc. Mais il faut aussi comprendre que ces notions ne sont pas pour l'instant fédératrices, qu'elles ne convainquent et ne sont porteuses d'espoir que pour un (très) petit nombre de gens exactement comme la notion de développement durable à ses débuts. Pourtant il y a urgence. S'efforcer de réaliser le programme d'un Agenda 21 bien conçu reste au niveau institutionnel un bon moyen - mais pas le seul - de préparer la transition vers une société de la décroissance. C'est pourquoi il me semble important de s'y employer.

Jeudi 2 Septembre 2010 Commentaires (0)

Nature - environnement

À (presque) tous les journaux télévisés, on s'apitoie sur les oiseaux mazoutés à mort, on déplore le désastre écologique que provoque la marée noire de Louisiane. On voue aux gémonies BP. Mais si l'on extrait du pétrole en eau profonde dans des conditions de plus en plus difficiles, donc risquées, c'est pour tenter de satisfaire l'inextinguible soif de voitures de plus en plus nombreuses : une, puis deux, puis trois par famille ; bientôt une par personne...Et c'est sans compter les milliards de clients potentiels en Chine et en Inde auxquels les constructeurs automobiles s'efforcent de donner envie de posséder une voiture particulière. Ne parlons même pas des voitures de formule 1 (40 litres /100km), des avions pour le fret (des roses, des fraises et des haricots verts en hiver) et pour les touristes qui veulent aller toujours plus loin, plus vite et plus souvent.


En Louisiane, pour satisfaire les besoins des plateformes de forage, il était prévu d'élargir un port d'une surface équivalente à 19 terrains de foot prise sur le bayou, ce bayou sur lequel on verse aujourd'hui tant de larmes de crocodile. Hormis les écologistes et les naturalistes, qui défendait alors ce « précieux écosystème »? Personne!
Il ne s'agit pas d'absoudre la compagnie pétrolière ou ses sous-traitants qui portent sans aucun doute une lourde responsabilité. Il s'agit de constater qu'il est plus facile de crier haro sur la BP que de remettre en cause nos modes de produire, consommer et se déplacer. Pourtant cela sera bientôt indispensable, bon gré mal gré, lorsque même en haute mer et en eau profonde les gisements pétroliers seront devenus trop rares, que le pétrole sera donc trop cher.

Nb: Ce texte est à paraître comme tribune libre du Groupe « Les Verts et apparentés  » dans le magazine municipal de juillet 2010 de Fontenay-aux-Roses.

Samedi 26 Juin 2010 Commentaires (0)
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