Fontenay-aux-Roses

Sa requête pour l'examen de la « question prioritaire de constitutionnalité » ayant été acceptée par le Conseil d'Etat, Jean-Paul Huchon a gagné un répit de trois mois, le temps que le Conseil constitutionnel se penche sur la question. Peut-être qu'il gardera-son mandat de président du Conseil régional d'Ile de France si les « sages » du Conseil constitutionnel estiment que la sanction d'inéligibilité suite à la non-intégration dans ses comptes de campagne des affiches payée par la Région sur les Transport en Commun d'Ile de France est anticonstitutionnelle car disproportionnée par rapport aux faits reprochés et « automatique ».


À la question posée par l'un des articles de ce blog, « Qu'est-ce qui fait courir Jean-Paul Huchon? »voir ici Le Parisien du 29/01/2010 rapporte des propos tenus par des élus (conseillers régionaux?) qui proposent une réponse

Bureau du président (Photo Seudo)
Bureau du président (Photo Seudo)
Pour bien la comprendre il faut rappeler comme le souligne l'article de Wikipédia « le problème de l'impartialité des juges [du Conseil constitutionnel] se pose avec une acuité évidente, puisqu'ils sont nommés par les plus hautes autorités de l'État (Président de la République, Président de l'Assemblée nationale, Président du Sénat), et ce, de façon discrétionnaire, c'est-à-dire sans contreseing, ni contestation possible. Ces personnalités nommées le sont souvent à la suite d'une carrière politique notoire. On peut ainsi citer l'exemple de Simone Veil (ministre de la Santé, Présidente du Parlement européen, ministre d'État, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville) ou de Pierre Joxe (ministre de l'Industrie, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, ministre de l'Intérieur, ministre de la Défense) » L'article poursuit en remarquant que : « Certains hommes politiques français mettent ainsi régulièrement en cause cette institution, notamment en l'accusant de rendre des décisions d'abord politiques. Le problème qui est alors évoqué n'est pas tant un problème d'impartialité, mais surtout de la répartition des sièges au Conseil, avec 10 représentants de la droite et 1 de la gauche. » Il faut cependant remarquer comme le note l'article que cette juridiction a su faire preuve selon le mot de R. Badinter du « devoir d'ingratitude » envers ceux qui en ont nommé les membres.
Cela dit, s'il y a absence de parti-pris dans les décisions du Conseil, cela ne veut pas dire qu'elles ne sont pas politiques. C'est dans ce contexte qu'il faut replacer la requête de Jean-Paul Huchon devant le Conseil constitutionnel.
On peut alors comprendre tout le sens de ce que rapporte le journal Le Parisien concernant des élus qui « estiment que cette affaire (la requête pour une QPC)) explique la volonté du Président de Région de parvenir rapidement à un accord avec l'état pour apparaître comme l'interlocuteur indispensable sur ce dossier alors qu'une partie de sa majorité le conteste ». On comprend aussi pourquoi « l'horizon judiciaire s'éclaircit pour Jean-Paul Huchon » pour reprendre le titre de l'article.

Plateau de Saclay (Photo JFD)
Plateau de Saclay (Photo JFD)
Qui va payer le prix de cette opération?

Voici ce qu'en pense Cécile Duflot dans son intervention sévère mais juste lors de la séance du Conseil régional du 10/02/2011 :
« Le réseau francilien doit être maillé et densifié. C’est à dire permettre au plus grand nombre de franciliens d’être desservi au plus près de chez lui.  Cette promesse d’une desserte exigeante et de qualité a pourtant fondu comme neige au soleil : l’accord que vous avez signé ne comptera qu’une quarantaine gares, alors que ce sont au moins 60 gares qui seront nécessaires.  Ainsi demain, plus de la moitié des franciliens seront des oubliés du Grand Paris et seront condamnés à regarder passer les trains sans avoir la possibilité d’y monter. Mais comme toutes les promesses d’un jour, elle ne va pas s’accompagner de doux rêves, aussi vite promis qu’oubliés. Un nouvel objet a été inventé: les gares optionnelles. Chevilly, Clamart, Bois Colombes, Saint-Maur, et bien d’autres, tels sont les territoires qui n’existent que sous forme de gares fantômes. Elles ne sont ni envisagées, ni financées. Vous vous êtes contenté de les dessiner sur une carte en croyant que cela ferait illusion. Certains verront pourtant le Grand Paris Express de plus près. Malheureusement, c ‘est ceux qui n’en veulent pas. Eux ont aussi ont étés bernés par votre accord. Ce sont les habitants, ce sont les paysans du Plateau de Saclay, ceux qui vivent à proximité des meilleures terres agricoles d’Ile-de-France. Peu importe que les élus locaux se soient unanimement mobilisés contre le projet ! Peu importe que le débat public ait été sans appel ! Peu importe que le chantier sur ce territoire, ne soit rien de plus qu’un caprice présidentiel habilement relayé par Mme Pécresse, et qui organise le déménagement du service public de l’éducation en Ile-de-France !Vous avez certes acté votre désaccord avec Maurice Leroy. Mais cela n’a engagé que vous, car dès les jours suivants, lui n’a pas hésité à dire qu’un métro lourd sur le Plateau de Saclay demeurait sa priorité. »
Si encore cet accord avait été un bon accord reprenant certaines portions du Grand Huit au nord de la Région et préservant le plateau de Saclay. Mais non..

Cecile Duflot
Cecile Duflot
Nous sommes en droit de nous poser des questions !

Donc on est endroit de se poser des questions même si le président de la Région tempête et menace. Lorsqu'on lui reproche d'avoir « accéléré » la signature de l'accord pour peser sur la décision concernant son risque d'inéligibilité, actuellement entre les mains du Conseil constitutionnel, M. Huchon riposte : « C'est misérable! Cela fait quatre ans que je me bats. Ceux qui disent cela sont mal intentionnés. J'ai de la mémoire, je m'en souviendrai ».
Quelles que soient les raisons de votre capitulation, ceux qui défendent le Plateau de Saclay, ses paysages, ses terres agricoles de proximité, pièce essentielle d'une autosuffisance alimentaire à laquelle doit tendre la Région pour se prémunir devant la crise de l'énergie  donc des transports  qui se profile auront aussi de la mémoire, Monsieur Huchon !
En tout cas ce brutal revirement ne peut qu'interpeler. Ce qu'a bien mis en évidence l'intervention de
Cécile Duflot, intervention dont tout le début mérite aussi d'être popularisé : «Comme vous le savez, en politique, comme dans la vie, il y a les discours et il y a les actes. Ces derniers parlent souvent d’eux-mêmes. Voyons donc les faits : le 26 Janvier dernier, vous vous êtes rendu à une conférence de presse avec le Ministre de la Ville, Maurice Leroy pour présenter aux franciliennes, un nouveau grand projet baptisé Grand Paris Express. Ce projet annoncé à grand renfort de communication comme une grande nouveauté a pourtant des allures connues pour nombre de franciliens. Son idée a germé dans l'esprit d'un grand commis de l'Etat, qui restera désormais plus connu dans l'histoire de la République pour ses cigares que pour ses idées, le dénommé Christian Blanc. Son projet « le Grand Paris » était devenu le grand projet présidentiel. Fidèle aux traditions de ces prédécesseurs, Nicolas Sarkozy souhaitait à son tour laisser « sa trace ».Pendant des mois et jusque dans cet hémicycle, des milliers de citoyens et d'élus locaux se sont mobilisés contre ce projet.
Ils avaient d'ailleurs trouvé un porte-parole déterminé. En Septembre 2009, ce porte-parole disait du Grand Paris : « c'est un projet très  réducteur et extrêmement recentralisateur ».
Alors que se créait la Société du Grand Paris, il dénonça ainsi cette nouvelle gouvernance : « il y aura ainsi des technocrates de l'Elysée qui dessineront des projets sans aucun rapport avec la réalité » Mais il ne s'arrêtait pas à quelques considérants idéologiques. En fin connaisseur de l'Ile-de-France, il annonçait « ce projet ne verra pas le jour avant 2035. Cet argent dépensé dans cet espèce de Grand 8 n'a aucun rapport avec les besoins en transport des habitants »Au lendemain des élections qui nous ont tous amenés sur ces bancs, il affirma d'un ton grave « Le gouvernement veut imposer de force un projet inique. Les électeurs ont voté massivement contre, le maintenir serait un déni de démocratie »Les semaines qui suivirent, il ne fut pourtant pas plus tendre : « Aberration économique et sociale » en Avril, « Fait du prince » en Mai, et « reprise en main autoritaire par des instances non-élues de l'Ile-de-France » en Juin.
Ce porte-parole résolu, déterminé, engagé et combatif, y compris contre certains de ses amis qui l'invitaient à plus de mesure, a un nom, il s'appelle Jean-Paul Huchon. Oui, c'est vous, M. Le Président, qui avez mené durant deux ans une telle campagne d'opposition, pour nous inviter aujourd'hui à ratifier ce projet. Deux ans d’opposition ferme et résolue pour quel résultat ? Nous inviter aujourd’hui à « faire avec ». Étrange» !

Samedi 12 Février 2011 Commentaires (0)
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