Comme elles sont élégantes, dans la haie, les baies d’un joli rouge vif et luisant de la douce-amère! Belles mais vénéneuses… La douce-amère marie les contraires : amertume et douceur ; régal pour beaucoup d’oiseaux, toxique, voire mortelle pour tous les mammifères, hommes y compris. Elle peut aussi guérir mais profanes s’abstenir. Et la tradition lui attribue des propriétés surprenantes. D’une certaine façon, avec elle, l’amour côtoie la mort. Donc, prudence…


Dessin extrait de la Flore de l'abbé H. Costes, t. 2 p.613
Dessin extrait de la Flore de l'abbé H. Costes, t. 2 p.613
Nom
Solanum dulcamara L. 1753
Famille des solanaceae [solanacées]

Le nom du genre vient du latin sol : soleil, un genre dont les plantes membres recherchent les stations ensoleillées. Selon une autre étymologie il viendrait du verbe solari : consoler à cause des propriétés narcotiques de nombreuses espèces de ce genre.
Pour l’espèce, dulcis est un mot latin qui signifie «doux» et amarus «amer» En français comme en latin mais aussi en anglais, en allemand, en néerlandais et dans bien des langues, elle tire son nom de la saveur de son écorce lorsqu’on la mâchonne – chose à éviter de faire, la plante étant vénéneuse dans toutes ses parties. Assez curieusement, à rebours de l’ordre des termes dans le nom, le doux suit l’amer : « Lorsqu’on les mâche [les tiges] on perçoit une saveur amère qui est bientôt suivie d’un goût douceâtre » (Barbier 1837, p. 471)
Elle a aussi beaucoup d’autres noms vernaculaires. Citons : morelle grimpante (par opposition à la morelle noire qui ne grimpe pas), crève chien (allusion possible à sa toxicité dont les animaux de compagnie peuvent faire les frais), réglisse sauvage (référence à l’un de ses usages à ne pas suivre), herbe à la fièvre, herbe à la quarte ou «quarte» signifie «fièvre quarte», une fièvre intermittente (renvoie sans doute à des propriétés fébrifuges non attestées par ailleurs) Elle a aussi d’autres appellations dont la raison, s’il en est une, n’est pas évidente : loque, bronde, bois de ru.

Période de floraison
Fleurs de juin à août, baies de septembre à décembre, d’abord vertes, puis rouges et enfin jaunes.

Description
Sous-arbrisseau de 60cm à 3m, sarmenteux.
●Grosse racine, ramifiée et charnue.
Tiges lianiformes, rampantes ou grimpantes, plus ou moins volubiles mais sans dispositif d’accroche, parfois retombantes, pubescentes.
Feuilles alternes, pétiolées avec pétiole plus court que le limbe, cordiformes à la base de la plante, trilobées au sommet, avec un grand lobe central en forme de cœur et deux latéraux plus petits ovales à subaigus.
Fleurs monoïques (1 ─ 1,5cm) en cymes par 10 ─ 25 sur un long pédoncule opposé à une feuille supérieure, 5 sépales dentées soudées entre elles, plus courtes que le tube, 5 pétales, égaux, soudés à la base à lobes étroits, aigus, recourbés vers l’arrière donnant à la fleur un aspect étoilé, cinq étamines jaunes réunies en un tube saillant d’où dépasse un stigmate unique à long style.
Fruits, baies ovoïdes (1 – 1,5cm), vertes puis rouge vif luisant avec de nombreuses petites graines blanc ivoire, lenticulaires d’environ 3mm de diamètre, aplaties sur les bords, au hile bien marqué. Il est difficile de confondre ces baies avec d’autres, peut-être avec des groseilles mais cette confusion serait assez grossière.

Habitat
Haies, bois clairs, pierrailles, bords des ruisseaux, la douce-amère aime les lieux humides mais ensoleillés. Elle fréquente aussi des stations plus sèches comme rudérale. En d’autres termes, c’est une espèce héliophile et de demi-ombre, hygrophile à mésohygrophile, nitrophile. Son amplitude altitudinale va de 0 à 1700m.
Plante très commune dans toute la France, mentionnée en Europe dès le XIIIème siècle.

Remarque importante

La douce-amère est une plante fortement TOXIQUE pour tous les mammifères, hommes et animaux domestiques inclus. Elle le serait aussi pour les tortues terrestres.

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
  • Si un cheval ingère 130gr de la plante, une paralysie mortelle peut survenir. Heureusement, il semble qu’elle ne soit pas recherchée par les équidés.
  • Ce sont les baies encore vertes qui sont les plus toxiques : dix baies non mûres provoquent une très grave intoxication chez l’enfant qui peut être fatale.
Ce sont les alcaloïdes que la plante contient qui sont responsables de ces troubles : la solacéine et la solanéine. De plus, les tiges sont riches en saponines ; les graines contiennent des alcaloïdes de type atropinique et des substances à effets bradycardisants et antimitotiques (empêchant la division cellulaire).
Pour inciter à la prudence, voire à l’abstention, dans l’utilisation en automédication de cette plante, inscrite à la Pharmacopée française, rien ne vaut une description de l’intoxication qu’elle provoque. Celle qui suit s’appuie sur Delmas et Delaveau (1978) et sur Girre (2001).
Les premières manifestations de l’intoxication sont d’ordre digestif avec des nausées, des vomissements, des coliques et des diarrhées. Si les doses ingérées sont fortes, les diarrhées deviennent sanglantes et il y a atteinte rénale avec protéinurie et hémoglobinurie, c’est-à-dire présence de sang et de ses constituants dans les urines. Apparaissent ensuite des symptômes neurovégétatifs, dilatation des pupilles (mydriase), accélération du rythme cardiaque (tachycardie), sécheresse de la bouche et des muqueuses, maux de tête, bourdonnement d’oreilles. Apparaissent parfois des délires, des hallucinations et des convulsions évoluant vers une paralysie : coma avec hyporéflexie (affaiblissement des réflexes), troubles respiratoires et cardiovasculaires dont l’issue peut être fatale. Bref, une mort bien douloureuse. Les principales victimes de la douce-amère sont des enfants et des personnes qui veulent l’utiliser en automédication interne sans connaissances suffisantes.
Les usages répertoriés dans les paragraphes suivants sont donc là dans le but de présenter un panorama des connaissances concernant cette plante et non comme des recettes à mettre en pratique. L’auteur de cet article décline toute responsabilité si d’aventure, un de ses lecteurs passe outre ces conseils de prudence et d’abstention et que cela tourne mal pour lui. La douce-amère a beaucoup d’usage phytothérapiques mais bien qu’il soit tentant de l’utiliser, elle fait partie de ces plantes auxquelles il vaut mieux ne recourir que sous la surveillance d’un spécialiste.

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Commentaires 

La douce-amère appartient à la même famille que la tomate, l’aubergine ou la pomme de terre.
Les tubercules de pomme de terre (Solanum tuberosum L.) sont comestibles comme chacun sait mais ils deviennent toxiques s’ils verdissent, verdissement qui se produit lorsqu’ils sont exposés à la lumière. Tout le reste de la plante est toxique, à un degré moindre certes que la douce-amère. Les tomates (Solanum lycopersicum L.) avant qu’elles ne soient mûres présentent également une certaine toxicité alors que mûre, elles sont parfaitement comestibles. Dans tous les cas, ce sont les mêmes solanines qui sont en causes.

  • On notera donc qu’un même végétal peut être toxique dans un état et ne plus l’être dans l’autre.

  • On remarquera également que dans une même plante, certaines parties peuvent être toxiques et même fortement toxiques alors que d’autres seront de très bon comestibles.

  • On peut se demander aussi pourquoi un fruit qui n’est pas arrivé à maturité est toxique ou plus toxique que le même arrivé à maturité. L’ingestion des fruits par les animaux qui rejettent ensuite les graines dans leurs excréments est un moyen de dispersion des plantes. On parle dans ce cas de zoochorie. Pour que cela fonctionne, il faut que les graines puissent se développer et arriver à maturité. Donc que le fruit ne soit pas mangé trop tôt. Gorgé de substances toxiques, astringentes et repoussantes, celui-ci n’est guère appétissant. L’ingurgiter donnera lieu à une mauvaise expérience. Les fruits trop verts sont comme les raisins de la fable, immangeables. Peut-être ce savoir est-il acquis, peut-être est-il inné chez l’animal. La couleur verte qui est celle de la plupart des fruits charnus non mûrs permettrait non seulement au fruit de se confondre avec le feuillage et de passer plus ou moins inaperçu, mais de plus elle jouerait le rôle de signal : passez votre chemin, je ne suis pas, ou pas encore comestible. Les belles couleurs, rouge, jaune, noir, voire même blanche (le gui) serait là pour attirer l’attention de l’animal et lui dire : «Je suis bon à manger », les toxines sont moins virulentes, voire ont disparu – cas de la tomate – comme les autres substances astringentes et détestables. Au contraire, le fruit mûr est gorgé de sucre ou de graisse. Ainsi, pour la douce-amère et autres fruits rouges, le code couleur serait à l’inverse de celui de la route. Vert, stop, on attend. Rouge, c’est bon, allez-y ! Certains parleront d’adaptation réciproque mais indépendante, d’autres de coévolution.

  • La dissémination ornithochore de la douce-amère.
Il reste cependant à expliquer pourquoi la douce-amère et bien d’autres fruits sauvages sont toxiques pour les mammifères, ce qui constitue une bonne défense contre ces prédateurs éventuels alors qu’ils ne le sont pas pour les oiseaux sur lesquels les principaux poisons d’origine végétale tels que les alcaloïdes et les glucosides sont sans effet. Tout se passe comme si les plantes avaient renoncé à défendre leurs fruits contre les oiseaux frugivores. Pour le dire autrement, c’est comme si elles avaient choisi de privilégier les oiseaux comme agents de leur dissémination. Coévolution ? Hasard ? En tout cas, ce fut un bon choix. En effet, à quelques exceptions près, une graine court beaucoup moins de dangers dans son voyage à travers le corps d’un oiseau surtout s’il est frugivore que lorsqu’il est ingéré par un animal pourvu de dents comme le sont les mammifères. Les oiseaux n’ont pas de dent et avalent donc le fruit sans porter atteinte aux graines qu’il contient et leur appareil digestif n’est pas de type broyeur de telle sorte que les graines ingérées avec la pulpe ont toutes les chances de ressortir intactes dans les déjections, le passage dans l’estomac et l’intestin de l’oiseau ayant simplement attendri les téguments extérieurs, ce qui favorisera la germination des graines. Bon choix aussi parce que les oiseaux ont un transit intestinal beaucoup plus rapide que les mammifères, bon choix enfin parce qu’ils se déplacent plus vite et plus loin. Certes toutes les plantes n’ont pas « choisi » de refuser leurs fruits aux mammifères qui peuvent se montrer aussi de bons agents disséminateurs. Il suffit de rencontrer sur un sentier une crotte de renard à la saison des cerises pour le comprendre. Avec l’homme civilisé par contre, les graines des fruits comestibles n’ont pas eu de chance. Rien ne germe dans la porcelaine. Sans ses lieux d’aisances modernes, l’homme serait pourtant un bon disséminateur pour quelques solanées qu’il a domestiquées. La preuve : derrière les dunes de certaines plages, poussent de succulentes tomates sauvages.
La morelle douce-amère est à l’abri des aléas que lui ferait courir l’ingestion de ses fruits par des Sapiens sapiens civilisés. Elle se rattrape avec les oiseaux. Il y aurait une vingtaine d’espèces d’amateurs se chargeant de la propager selon Crocq (2007). En voici une première liste établie, d’après un recensement des observations rapportées par Crocq (2007): Faisan de Colchide, Rouge Gorge familier, Merle noir, Fauvette à tête noire, Mésange bleue et autres mésanges, Etourneau sansonnet, Casse noix moucheté, Pie bavarde, Pinson des arbres, Bouvreuil pivoine, Gobe mouche gris, Pigeon ramier, Râle d’eau, Bécassine des marais.

  • Une plante envahissante
La douce-amère peut ainsi devenir une plante que les humains trouvent envahissante, surtout s’ils ont eu la mauvaise idée de l’introduire dans leur jardin au titre de plante ornementale : les oiseaux en sont friands et les graines se retrouvent un peu partout. D’autant que la douce-amère a plus d’un tour dans son sac pour assurer sa survie. Non contente de se faire aimer des oiseaux, elle est capable de se bouturer : « les racines de la douce-amère sont d’une vitalité extrême. Il suffit qu’il en reste un fragment dans le sol pour que la plante repousse après son arrachage. » Becker, 1984, p. 186

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Usages

(Voir la mise en garde ci-dessus)

Confiserie
Les tiges ont été mâchées comme des bâtons de réglisse sans dommages évidents si ce n’est, dit-on, des vertiges légers. Mâchonner des tiges de douce-amère est cependant fortement déconseillé.

Phytothérapie

Ces usages sont très anciens.

On utilise principalement la tige.
Cette tige, qu’il faut choisir pleine de moelle est, selon P. Lieutaghi, récoltée à l’automne et, selon cet auteur, il faut sélectionner les tiges de l’année. Le docteur Valnet, [Valnet (1983)] estime également qu’il faut les récolter en automne, « quand les feuilles ne sont plus en activité ». Il ne précise pas s’il faut choisir des tiges de l’année. Pour d’autres, il faut récolter celles qui ont au moins un an durant l’hiver avant l’apparition des feuilles. Ce qui d’une certaine façon revient au même : en hiver les feuilles ne sont plus en activité, et pour cause, il n’y en a plus. Mais du coup, se pose un problème pratique de repérage et d’identification de la plante, un problème tel que je me demande si ceux qui donnent cette indication ont essayé de récolter une plante quelconque. Par contre, sur le site hippocratus.com auquel renvoie l’article de Wikipédia consacré à la douce-amère, on indique qu’il faut les récolter en été ! J’ai plutôt tendance à faire confiance à Lieutaghi et Valnet. La question de l’âge d’une tige bonne à utiliser est liée à celle de la posologie : plus la tige est lignifiée, donc âgée, moins elle renferme de principes actifs, moins elle est toxique, mais son efficacité diminue d’autant. Ce sont ces tiges lignifiées que mâchonnaient les enfants de la campagne.

Lieutaghi explique comment conditionner la drogue.
Les tiges émondées sont tronçonnées en fragments de 5cm et fendues par le milieu. Séchées, elles ne doivent pas être conservées plus d’un an.

C’est un dépuratif renommé.

La douce-amère aurait aussi une action contraceptive chez la femme, associée à une action emménagogue en empêchant l’ovulation. Cette propriété, peu mentionnée, est confirmée aujourd’hui par l’analyse chimique des principes actifs de la plante : « Ces molécules [les glucoalcaloïdes] sont accompagnées d’une agglutinine et de saponosides stéroïdiques qui sont des hétérosides de tigogénol, diosgénol et yamogénol (structures chimiques anticonceptionnelles). » Girre, 2001, p.33

Les principales indications de la douce-amère chez les phytothérapeutes, ce sont les dermatoses.
  • En usage externe
le Docteur Valnet propose la décoction d’une poignée de tiges ou de baies dans un litre d’eau que l’on fera bouillir dix minutes.
Cette préparation sera utilisée en lotion sur dartres, herpès et en compresse sur les hémorroïdes non ulcérées, les dartres et l’eczéma (Valnet, 1983, p.246). Avec quelques variantes, on trouve cette préparation pour le même usage avec les mêmes indications chez de nombreux auteurs.
  • En usage interne
en décoction de tiges séchées, le Dr Valnet donne comme indication principales les dermatoses, les rhumatismes, la goutte. P. Lieutaghi (1978, tome 2, p.41) retient les usages de cette décoction pour traiter les dermatoses.
Les résultats sur les dermatoses telles que l’acné, l’eczéma, les dartres, l’herpès et le psoriasis semblent bien attestés. P. Lieutaghi cite Cazin (1850) et Leclerc (1976). Pourtant l’efficacité de ces traitements a été parfois mise en doute (cf. par exemple, Barbier (1837, p. 471). Aujourd’hui, la toxicité de la plante et les effets secondaires du traitement font que l’usage de la douce-amère en phytothérapie est restreint. Par contre elle est encore utilisée en homéopathie en association dans des pommades contre les dermatoses.

Quant à la préparation de la décoction, on notera de légères différences selon les auteurs.
Selon Lieutaghi(1978) les doses sont de 8 à 30 g de tiges sèches pour 1 litre d’eau, en commençant par 8 g et en augmentant progressivement jusqu’à 30 g et sans jamais dépasser 50 g. Pour Valnet (1983) on part de 10 gr pendant une semaine et l’on augmente ensuite progressivement jusqu’à 30 g. La différence entre ces deux auteurs est plus importante pour ce qui concerne la préparation de la décoction. Pour le premier, il faut laisser infuser les tiges dans un litre d’eau pendant quelques heures et réduire ensuite d’un tiers par ébullition. Il faut boire 3 tasses par jour de cette liqueur. Pour le second, la préparation est plus rapide. On fait bouillir pendant 2 minutes et on laisse infuser pendant 10 minutes et boire deux tasses par jour entre les repas. En fait, la posologie doit être adaptée dans chaque cas. C’est ce qu’avait déjà indiqué, un médecin du XVIIIème siècle, Joseph Barthélémy François Carrère.
Un peu d’histoire
La façon de conserver et conditionner la douce-amère, les indications thérapeutiques de l’usage interne de sa décoction, le mode de préparation et d’administration de cette décoction ont pour origine commune un ouvrage de Joseph Barthélemy François Carrère intitulé Traité des propriétés, usages et effets de la douce-amère ou solanum scandens dans le traitement de plusieurs maladies surtout des maladies dartreuses, à Paris : chez Cailleau, 1781. Dans ce traité, le docteur Carrère expose qu’il a expérimenté avec des douces-amères de diverses origines, que c’était celles qui provenaient de stations sèches des montagnes des provinces du sud du royaume qui étaient les plus efficaces. Il trouve que celles cultivées dans les jardins sont peu ou pas efficaces, comme si la culture leur faisait perdre tout pouvoir. L’auteur précise qu’il n’emploie que la tige de la douce-amère, coupée en morceaux d’un ou deux pouces, écrasée au marteau ou fendue en deux, voire en quatre si elle est très grosse. Il faut que la tige ne soit pas creuse mais garnie de moelle. En outre, la douce-amère choisie ne doit pas être fraiche mais ne doit pas être trop sèche non plus, « il faut la choisir, qui ait perdu sa trop grande humidité, &qui commence à être à peine sèche » Autant de précisions que l’on retrouve deux siècles plus tard dans l’ouvrage de Lieutaghi.
Selon le docteur Carrère, il faut la faire bouillir à l’eau très lentement et à petit feu « jusqu’à réduction de la liqueur de moitié » Il explique que sinon, « il résulterait deux inconvénients d’une ébullition précipitée ; la liqueur vanterait, & la partie la plus volatile de la Plante se dissiperoit avec l’écume ; la liqueur n’aurait point encore le tems de se charger des principes de la Plante » (p.105)
Connaissant la toxicité de la plante, le docteur Carrère s’est montré d’abord très prudent et n’a utilisé que des doses très faibles de tiges de douce-amère : 1/2 gros, soit environ 2 g. Puis il raconte que devant les résultats, il s’est enhardi peu à peu et a augmenté les doses dès le début du traitement. C’est lui, semble-t-il, qui a eu le premier l’idée d’augmenter progressivement la concentration de la décoction. Du moins il est le premier à avoir couché par écrit dans un traité savant ce protocole d’administration de la drogue.
Malgré cela, la potion devait rester dure à avaler. Aussi, pour les estomacs qui ne pouvaient supporter cette boisson, le docteur avait une solution de rechange : « je leur donne des pilules faites avec l’extrait de la même plante ; chacune de ces pilules est de quatre grains, & équivaut à un gros de tige » (p.105)
Dans cet ouvrage sont décrits avec beaucoup de précisions les effets secondaires indésirables qui se manifestent souvent en début de traitement pour disparaitre ensuite ; principalement des migraines, vertiges, étourdissements, diarrhées que rapportent également les ouvrages contemporains.
Il en est un cependant que ceux-ci passent pudiquement sous silence « ce remède, écrit J. B. F. Carrère parait chez les femmes porter directement vers les parties naturelles ; il y excite beaucoup de chaleur, quelquefois des démangeaisons : il provoque même l’appétit vénérien ; je l’ai vu produire quelquefois ce dernier effet avec violence. Cet accident n’arrive pas toujours, quoiqu’il soit assez fréquent. » (p. 118)
Certes, il semble bien que Joseph Barthélémy François Carrère fut le premier à présenter de façon détaillée le traitement des dermatoses, rhumatismes et de la goutte avec une décoction de tiges de douce-amère dans un traité de phytothérapie. Il revendique d’ailleurs cette priorité mais il est évident qu’il ne partait pas de rien. Il connaissait la toxicité de la plante, savait qu’il fallait l’utiliser avec prudence. Ce savoir, il le tenait sans doute de la tradition populaire, celle des guérisseuses mais aussi celle des sorcières. Une plante qui était à la fois aphrodisiaque et contraceptive ne pouvait qu’être une création du diable. En tout cas, la tradition veut qu’en sorcellerie on en ait fait grand usage.

Sorcellerie

En sorcellerie la douce-amère était dénommée « herbe d'amour », ce qui permet de supposer que les cueilleuses de plantes en connaissaient parfaitement les propriétés. Elles s’en servaient aussi pour soigner les maladies de peau. Les sorcières étaient bien souvent aussi des guérisseuses à des époques où cette médecine populaire était au moins aussi efficace et beaucoup moins dangereuse que la médecine officielle qui, notons-le, était pratiquée presque uniquement par des hommes. Michelet n’a-t-il pas dit de la sorcière qu’elle était « la prêtresse de la nature » et « l’unique médecin du peuple » ? Médications par les bonnes herbes et envoutements allaient de pair sans que, semble-t-il, il y ait une démarcation bien nette entre les deux.

  • Les feuilles de la plante placées dans l’oreiller étaient censées guérir un chagrin d’amour et aider à retrouver le sommeil.

  • Un rameau suspendu en collier préviendrait des insolations…. !!!

  • Pour envouter et lier à soi la personne aimée, il fallait penser très fort à la personne en cause tout en mettant une feuille de douce-amère dans la bouche. Il fallait ensuite appuyer cette feuille sur un bras. Si une tâche apparaissait, le sort avait fonctionné mais si c’était un pli, il avait fait long feu et il fallait recommencer.

  • La douce-amère aurait fait partie avec d’autres plantes de « l’onguent de vol » avec lequel on racontait que les sorcières s’enduisaient le corps les nuits de sabbat. Cette information qui a pour source essentielle les aveux extorqués à de pauvres femmes sous la torture est pour le moins sujette à caution comme l’est l’existence même de tels sabbats.





La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Références :

Barbier (J.-B. G.) 1837, Traité élémentaire de matière médicale, 5° éd. revue et augmentée, Bruxelles

Becker (G.) 1984, Plantes toxiques, Gründ, Paris

Cazin (F. J.) 1868, Traité pratique el raisonné des Plantes médicinales indigènes, 3°éd. revue et augmentée, Paris

Carrère (J. B. F.) 1781, Traité des propriétés, usages et effets de la douce-amère ou solanum scandens dans le traitement de plusieurs maladies surtout des maladies dartreuses, chez Cailleau, Paris.

Coste (H.) 1937, Flore de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, tome 1, tome 2, Librairie des sciences et des arts, Paris

Crocq (C.) 2007, Les oiseaux et les baies sauvages, Belin, Paris

Delmas (A. M.) et Delaveau (P.) 1978, Guide des plantes dangereuses, Maloine, Paris

Girre (L.) 2001, Guide des baies toxiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne

Leclerc (H.) 1976, Précis de phytothérapie, 5° éd, Masson, Paris

Lieutaghi (P.) 1978, Le livre des bonnes herbes, tome 2, Les nouvelles éditions marabout, Verviers

Valnet (J.) 1983, Phytothérapie, Masson, «le livre de poche», Paris

Iconographie : J.F. Dumas, Wikipédia, Flore de l'abbé H. Coste

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara

Dimanche 25 Septembre 2011 Commentaires (3)

Sur le nucléaire notamment… Ça ne vaut pas le coup de tenter de les départager et ce serait cautionner la marche vers un bipartisme. Pour les écologistes, c’est le premier tour qui compte. Laissons la primaire PS au PS.


Sortir du nucléaire?

Aubry serait pour. Hollande contre. Hollande veut simplement réduire la part du nucléaire pour la ramener à 50%. Lors du débat télévisé obligeamment organisé par France 2, il s’est évertué à démontrer que sa proposition n’était pas différente de celle de Martine Aubry si l’on raisonnait en fonction de la durée des mandats présidentiels. Ce qui est faux, bien entendu. Si l’on décide de sortir du nucléaire à échéance de vingt-cinq ou même quarante ans (position de Ségolène Royal), il y a des mesures à prendre dès maintenant pour réorienter la production d’électricité et elles ne consisteront pas seulement à fermer les centrales les plus vétustes. Mais peu importait à François Hollande. Ce qu’il voulait montrer, c’est que les anti-nucléaires n’avait pas de raison de choisir Aubry plutôt que lui. Il y a sans doute réussi en soulevant la question de l’EPR en construction à Flamanville. Une sortie du nucléaire si progressive soit-elle suppose que l’on arrête dès maintenant la construction de tout nouveau réacteur, fût-il en chantier, donc que l’on arrête de construire celui de Flamanville. La décision est d’autant plus facile à prendre que le chantier cumule les retards, les malfaçons et s’avère un gouffre financier pour un réacteur dont on sait déjà que du point de vue de la sûreté, il laisse à désirer autant, sinon plus que ses ainés. Martine Aubry n’a pas proposé d’arrêter le chantier ! Elle veut attendre les résultats des expertises. Comme Hollande…. Ce n’est pas en s’y prenant ainsi qu’elle verra « naître la première génération de l’après nucléaire » Si elle le veut vraiment, il faudra qu’elle aille bien au-delà du consensus de façade sur le nucléaire que les candidats à la primaire PS affichaient lors de cette émission, à la grande satisfaction d’un François Hollande tout sourire.
Lors de ce débat, seule Ségolène Royal semblait avoir véritablement étudié la question, avoir pris conscience de l’ampleur de la tâche et avoir sérieusement envisagé une sortie du nucléaire bien que les délais qu’elle propose soient trop longs. Elle exprimait l’opinion qu’elle s’est forgée sur la question et cherchait surtout à rassurer toute la filière en montrant le rôle capital qu’auront à jouer ses acteurs pour mener à bien cette sortie.
La formule de Martine Aubry « Je veux voir naître la première génération de l’après-nucléaire » est une jolie formule, mais on peut craindre qu’elle ne soit que cela.

Non au bipartisme à la mode US !

Mise au pied du mur par son concurrent, force est de voir qu’elle est plus prompte à servir de belles paroles qu’à s’engager à prendre des mesures efficaces qui monteraient sa détermination à agir pour mettre en œuvre une véritable sortie du nucléaire. Combien symbolique et en même temps concret eût été cet engagement : « Si je suis élue, le chantier de l’EPR de Flamanville sera définitivement arrêté. On ne construira plus aucun réacteur nucléaire sur le territoire français.» Martine Aubry ne l’a pas pris.
Finalement, quelles que soient les intentions de ceux qui l’on initiée, cette primaire du PS n’est qu’un formidable moyen de faire de la pub à ce parti, de le placer d’office comme le leader de la gauche, voire même de l’opposition à Sarkozy et de faire l’impasse sur le premier tour de l’élection présidentielle. C’est le premier étage d’une fusée dont le second sera le « vote utile » contre la droite, peut-être même sera-t-il invoqué pour barrer la route au FN. C’est un pas de plus vers un bipartisme à l’américaine qui est souhaité par beaucoup de leaders des deux partis dominants, et aussi par les médias qui aiment les messages simples, voire simplistes, les duels plus faciles à mettre en scène et les situations bien tranchées plus faciles à commenter.
Ce n’est pas l’intérêt des antinucléaires et des écologistes que de se prêter à cette manœuvre. Laissons ces primaires au PS et à tous ceux qui croient encore que ce parti est capable d’autre chose qu’une alternance avec la droite. Laissons-le donc choisir seul son Zapatero ou Papandréou potentiel. Il faut qu’au premier tour le candidat du PS soit le candidat du seul PS et non de tous ceux qui par nécessité devront sans doute voter pour lui au second tour.
Voter utile pour les écologistes et les anti-nucléaires, c’est construire un rapport de force électoral au premier tour pour que la sortie du nucléaire soit effective si le candidat du PS l’emportait au second tour. Pour aller au-delà d’une simple alternance, il faut pour les législatives, une alliance des gauches et des écologistes dans laquelle le PS à lui seul ne soit pas majoritaire.

Jeudi 22 Septembre 2011 Commentaires (0)

Au quotidien

FFC et UCI roulent sur la tête… Incapables hier d’interdire le Tour de France (homme) à de véritables pharmacies ambulantes, elles cherchent aujourd’hui des noises à une championne dont la longévité, le mode de vie sont là pour prouver qu’il est impensable qu’elle se dope. Jeannie Longo, est une championne que tous les écologistes devraient aimer…


Vas y Jeannie !
Jeannie Longo ne s’est jamais bien entendu avec la FFC. Elle préfère les pédales qu’elle a testées à celles que voulait lui imposer la FFC (pour quelle raison ?) Elle préfère aller loger à la campagne près de la nature que dans les hôtels réservés par ladite fédération. Elle s’entraine à sa façon et son entraineur est son mari, cela aussi est mal vu.
Pour être en bonne santé, elle conseille de «réduire les séances d’ordinateur, débrancher la carte Wi-Fi, se demander si c’est vraiment utile de s’exposer ainsi à ces ondes.» ici «Je fais partie des 4 % de Français qui ne possèdent pas de téléphone portable» ajoute-elle. C’est une femme indépendante, une femme libre. Comme l’a affirmé Laurent Jalabert sur RTL «C'est quelqu'un qui suit un programme en fonction de ses sensations, de ses envies, qui peut changer de lieu de résidence comme je l'ai déjà vu faire plusieurs fois sans ressentir forcément le besoin d'avertir la planète entière ». Le sélectionneur de l’équipe de France a ajouté : « Il y a probablement un décalage avec le milieu des contrôleurs et le style de vie de Jeannie Longo qui aujourd'hui l'amène dans une situation un peu improbable » C’est également ce que suggère un responsable de la Fédération : « Ce n'est peut-être pas trop son truc d'aller se localiser sur internet quand elle change d'hôtel »

À cinquante-deux ans, « championne la plus titrée » au palmarès époustouflant, elle n’a plus rien à prouver même si, sans doute, elle a toujours quelque chose à se prouver à elle-même. Mais, à part quelques bureaucrates obtus et bornés, qui pourrait croire qu’elle pourrait le faire en se dopant ? Elle qui carbure au bio, au complément alimentaire naturel et à la volonté…
Certes Jeannie Longo a pris de la créatine, produit interdit à la vente en France jusqu’à une époque récente. Elle ne s’en est jamais cachée et il est reconnu sans contestation, y compris par les autorités sportives, que cette substance n’est pas un produit dopant. Elle est aujourd’hui autorisée et on en trouve chez Décathlon, par exemple. Jeannie Longo a fait la promotion de ce produit alors même qu’il était encore interdit dans l’Hexagone. « La créatine n’est pas un produit dopant à l’origine mais peut être utile à des gens qui choisissent une alimentation peu carnée pour maintenir la masse musculaire. J’utilise donc la créatine ponctuellement et en faible quantité. » Elle estime que cela lui permet de garder de la force dans les situations où elle est en dette de protéines et de manger moins de viande.
Jeannie Longo est fidèle en amitié, même si, s’agissant d’Alain Carignon, d’aucuns estimeront que cette amitié est mal placée. De Jacques Chirac, elle affirme : « Du jour où je l'ai connu hors du champ des caméras, j'ai découvert que c'est un homme de cœur. C'est peut-être un détail, mais, en dépit de ses occupations publiques, il a toujours réussi à privilégier sa vie de famille. Lui, en tout cas, il a très bien compris pourquoi Patrick [son mari et entraineur] et moi, nous formons un tandem indissociable. » ici Carignon et Chirac…Ces deux personnages ne sont guère en odeur de sainteté chez beaucoup d’écologistes. Qu’importe ! Pour ceux d’entre eux qui ne sont pas sectaires, Jeannie Longo est une championne exemplaire et ses démêlés actuels avec la Fédération, sa bureaucratie et les contrôleurs de l'Agence contre le dopage n’y changeront rien.
Espérons que le bon sens triomphera et que Jeannie Longo pourra tenter d’être championne du monde à cinquante-deux ans. Quel bonheur si elle l’était pour elle et pour tous ses admirateurs et quelle publicité pour la nourriture bio, les régimes végétariens et la vie à la montagne près de la nature !
Vas y Jeannie !

Samedi 10 Septembre 2011 Commentaires (0)

« Mauvaise nouvelle », ce sont les termes même employés par Marie-Georges Buffet dans un communiqué courageux. Tous les féministes, femmes ou hommes devraient lui dire merci.


Marie-Georges Buffet
Marie-Georges Buffet
Avec plus ou moins de bonne foi, les leaders du PS se réjouissent et se disent soulagés par la décision du procureur américain de renoncer à poursuivre Dominique Strauss-Khan pour le viol de la femme de chambre venue faire le ménage dans sa luxueuse suite d’un hôtel newyorkais. À gauche, dans l’ensemble, la plupart des politiques interviewés tiennent le même discours. À une exception près : Marie-Georges Bufffet. Dans un communiqué, elle déclare : « Le refus de faire juger l'affaire dans laquelle l'ancien directeur du FMI est accusé de viol est une mauvaise nouvelle pour la justice et une mauvaise nouvelle pour les femmes. Car à ce jour la vérité n'est pas dite, ni pour le présumé innocent ni pour la présumée victime» Elle ajoute que la décision prise par le procureur américain « fait courir de grands risques au droit des femmes en revenant au temps où les victimes de viols étaient à priori coupables, au temps où le viol n'était pas considéré comme un crime » Elle termine son communiqué par une mise en garde : « La vigilance s'impose pour que le refus de faire passer la justice aux USA ne donne pas des ailes en France aux pourfendeurs d'une justice implacable envers les violences- sexuelles ou non - à l'encontre des femmes »

Couverture du magazine Newsweek
Couverture du magazine Newsweek
Communiqué courageux et très juste. Il y a eu en effet refus de « faire passer la justice », c’est-à-dire que DSK n’a pas été blanchi ou disculpé comme veulent le faire croire non seulement ses amis mais pratiquement tous les leaders du PS et comme l’écrivent aussi de trop nombreux journalistes. Ils devraient être plus précis dans leurs comptes rendus ou dans leurs analyses. Il n’y a pas eu de procès et il n’y en aura pas, du moins au pénal. Innocent ou coupable : ni l’un, ni l’autre, l’un ou l’autre puisque la justice ne tranchera pas. Une situation de doute et de perplexité par excellence. Et c’est bien le doute qui restera. C’est d’ailleurs étonnant que DSK se contente d’un tel épilogue. S’il est réellement innocent, c’est son innocence qu’il devrait s’acharner à faire reconnaître. Par contre, s’il est coupable, on comprend très bien sa réaction.

Qui va plaindre Madame Diallo ?

Parmi les cadres du PS, Arnaud de Montebourg a été bien le seul à se dire « gêné » parce que des milliers de dollars allaient être dépensés «pour tenter de décrédibiliser une femme pauvre, noire, qui travaille dur» Ils ont été dépensés très efficacement en tout cas. Le procureur américain abandonne les poursuites et DSK échappe au procès. Quant à Madame Diallo, elle serait au chômage et menacée de poursuites. La « présumée » victime est bel et bien devenue une victime. Une victime bien réelle du système judiciaire US certes, mais aussi de cette vision de la femme qui fait que la victime d’un viol est à priori coupable de l’avoir cherché et de l’avoir voulu. Ce qui transforme le viol en relation sexuelle « consentie »… Mais quel motif pouvait avoir Madame Diallo pour « consentir » une relation que l’on dit brève et brutale avec le président du FMI? « Le fric ! Voyons, vous êtes bien naïf !» ne manquera-t-on pas de répondre. Et, en effet, si la « relation » était « consentie », quelle autre raison de consentir aurait pu avoir la femme de chambre ? Voici donc la « femme, pauvre, noire, qui travaille dur » transformée en prostituée grâce au travail des deux avocats, ténors du barreau recrutés à prix d’or par la richissime Anne Sinclair pour tirer son époux des sales draps où il s’était fourré. Devant le sort réservé à Nafissatou Diallo quelle autre femme osera porter plainte, demander justice face à ses agresseurs surtout s’ils sont riches et/ou puissants? Au lieu d’être un encouragement à porter plainte pour toutes ces femmes qui subissent viols ou agressions sexuelles, cette affaire aura l’effet contraire. Madame Buffet a bien raison de s’inquiéter. D’ailleurs, si l’on en juge à partir des réactions sur les forums de discussion, son communiqué a été bien perçu par beaucoup de gens. Des gens à qui on ne donne guère la parole.

Sur le Forum de France 2 qui a relayé ce communiqué, «bilboo46» a posté le 23-08-2011 à 15:00:01 le commentaire suivant :
«Madame,
En assistant aux réactions émanant des pontes du PS, je ressens un profond écœurement. Nombre de militants socialistes ici et là réagissent dans le même sens, abasourdis qu'ils sont par tant de bassesse et de mépris. Strauss-Kahn, si intelligent, si séducteur, si incontournable, n'a à mon sens qu'une chose à faire s'il lui reste un tant soit peu le sens de l'honneur : c'est de se faire oublier. Quant à sa compagne, elle a suffisamment fait montre de mépris pour les femmes pour le rejoindre dans le silence. En espérant que toute intrusion de Strauss Kahn dans la campagne présidentielle aux côtés des socialistes ou plutôt pseudo-socialistes leur coutera la victoire fusse au prix de revoir Sarkozy.
»
Quant à Annalianne, elle a écrit «Merci Mme Buffet pour votre courage et votre sincérité (et pourtant je ne suis pas vraiment de votre côté politique). Enfin, une personne d'un parti politique qui ose braver ce "Cher Dominique". S'il n'y avait que l'affaire de Mme Diallo, on aurait pu avoir des doutes mais ce n'est pas le seul écho ! Depuis le début de l'affaire, on pense que de toute façon, Nafissita Diallo ne fera pas le poids! »
Non, tout le monde ne le pensait pas. Eva Joly était d’une opinion contraire. Elle semblait croire que la justice américaine volait au secours des femmes faibles et pauvres qui auraient été abusées par des hommes riches, puissants et célèbres. Selon Le Point, elle avait déclaré : « C'est un homme ; il est puissant, riche et connu, face à une femme, faible, pauvre et inconnue. Il a perdu. » Selon ce journal, « pour l'ancienne juge d'instruction au pôle financier, qui se flatte de connaître le système américain, l'ex-futur candidat pourrait écoper de vingt-cinq ans de prison, "quatre ou cinq s'il négocie", mais elle estime ses chances d'être blanchi à... 0,5 % ! » Total démenti… DSK aurait-il-eu de la chance ? Le Procureur a certes été maladroit mais il ne faut pas se faire d’illusion. Eva Joly se trompe. La maxime de la fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste, est vraie aussi de l’autre côté de l’Atlantique :
« Selon que vous serez puissants ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.»
Surtout si vous êtes émigrée, pauvre, femme et… noire !

Nota bene à l’intention de tous ceux qui ont la naïveté de croire qu’il s’agirait d’une «passe» que DSK aurait refusé de payer au tarif convenu, rappelez-vous les paroles de cette chanson de Jacques Brel : « Les putains, les vraies, sont celles qui font payer non pas avant, mais après… »
Pour ceux qui n’auraient pas compris, pour enfoncer le clou d’une façon plus directe et plus complète mais aussi plus triviale, voici les propos d’un « spécialiste » qui, sous le pseudo de Hemel, écrit sur un forum Yahoo consacré à cette affaire DSK :
« Les gens qui ne connaissent pas le milieu de la prostitution, pitié épargnez-nous vos commentaires.
1 / Aucun témoignage d'anciens clients, mêmes anonymes, n'est venu accréditer la thèse d'une N.Diallo réalisant des passes au Sofitel.
2/ Aucune prostituée n'accepte de rapports sans préservatifs. Impossible à moins qu'elle soit droguée ou complètement folle.
3/ Aucune prostituée ne se fait payer après. Elles se font payer AVANT le rapport en cash, pas après. Pas de coup fourré de DSK possible donc sur la question de la rémunération.
»

Un viol est un viol
Un viol est un viol

Vendredi 26 Août 2011 Commentaires (0)

Bientôt l’ouverture de la chasse. Sale temps pour le petit peuple de plume et de poil : le plomb va parler dans les campagnes. Devant les caméras les chasseurs fanfaronnent. Ils disent aimer la nature. C’est la poudre qu’ils aiment. Qui sait que 48% des espèces d’oiseaux chassables sont classées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature parmi les espèces vulnérables? A défaut de pouvoir interdire totalement la chasse, que l’on commence donc par protéger ces espèces en les rendant non chassables et mettons les chasseurs au pied du mur. Eux qui se prétendent « les premiers gestionnaires de la biodiversité », qu’ils le montrent en défendant une telle mesure…



Mercredi 24 Août 2011 Commentaires (0)

Pour la postérité, il vaut mieux avoir été littéraire que scientifique. On se souvient assez bien de Paul Léautaud à Fontenay-aux-Roses où il a vécu comme dans le reste du monde. Son œuvre est rééditée, commentée. Par contre son voisin de la rue Guérard, Georges Bohn, biologiste n’est plus guère connu aujourd’hui que de quelques spécialistes et historiens de la biologie et de la psychologie animale malgré ses nombreuses publications et une importante renommée de son vivant. On ne trouve ses ouvrages qu’en bibliothèque ou chez les bouquinistes. Certes, ces disciplines ont évolué depuis le premier quart du siècle dernier mais ce n’est pas pour autant que ses ouvrages sont sans intérêt. On peut constater qu’à son époque, le darwinisme n’était pas encore un dogme aussi bien installé qu’aujourd’hui et que la notion d’évolution était bien mieux questionnée qu’elle ne l’est de nos jours.



Voici quelques citations extraites de ses Leçons de zoologie et de biologie générale parues en 1935 chez Hermann. Elles concernent l’homme, homo sapiens sapiens et la notion d’évolution. Dans le tome VII, Georges Bohn remarque que « l’homme est un Mammifère redressé encore assez mal adapté à cette nouvelle attitude. Les viscères abdominaux, en particulier le foie, tendent à descendre. Les chutes d’organes s’appellent les ptoses ; elles sont fréquentes chez l’Homme et peuvent entrainer des désordres organiques. Chez les singes, les muscles de la paroi intérieure de l’abdomen sont plus forts et forment sangle » (p. 83) Voilà pour la station debout dont nous sommes si fiers.
Georges Bohn remarque que les « désharmonies du développement de l’œuf des Mammifères pourraient être considérés comme le résultat d’un conflit entre les « adaptations nouvelles » et les « souvenirs ancestraux » si l’on admet que les œufs des Mammifères dérivent des œufs à vitellus abondant des Vertébrés ovipares. La viviparité aurait entraîné la perte des réserves nutritives de l’œuf ; la lécithocèle serait un souvenir du sac vitellin de l’œuf des ancêtres des Mammifères. » (p.30)
Voilà donc pour le « progrès » de l’évolution et sa marche en avant qui peut être comme le souligne l’auteur une marche en arrière, une « dégénérescence » selon son expression. « Nouveau » ne signifie donc pas nécessairement « meilleur ». C’est nouveau, donc à certains égards, cela peut aussi être pire. Une leçon diamétralement opposée à celle que la publicité nous matraque, opposée aussi à l’idéologie du progrès dans laquelle nous baignons.


L’évolution est un changement, pas nécessairement un progrès ...

L’évolution est un changement, pas nécessairement un progrès : un organisme qui a évolué peut avoir à certains égards dégénéré. « L’évolution des Mammifères, qu’on a considérée longtemps comme l’aboutissement d’une « course vers le progrès », conduit trop fréquemment à des formes de déséquilibres : les Cétacés, les Proboscidiens, les Édentés en sont l’exemple » (p. 65). L’Homme ne fait pas exception à cette règle. Georges Bohn cite le cas du système pileux avec atrophie des poils et persistances des follicules pileux. Les poils de seconde formation sont « incapables de protéger la peau contre le refroidissement, ces rudiments du revêtement ancestral ne font que favoriser la pénétration des microbes, agents d’affections diverses cutanées » p.91. D’ailleurs, de façon plus générale « au point de vue de la régulation thermique, l’Homme civilisé serait, d’après Magne, un dégénéré » (p.103) Le biologiste mentionne aussi l’appendice cæcal, « cet organe ne parait exercer aucune fonction utile (…) Sa présence est la cause des appendicites dont on connait les dangers » (p. 91).

Commentaire en guise de conclusion

Si l’Homme est le terme de l’évolution, alors le résultat n’est pas des plus brillants comme on peut le constater lorsque l’on se remémore ces imperfections multiples que souligne Georges Bohn. Quant à ceux qui considèrent que Dieu aurait créé l’Homme à son image, soit l’image est peu fidèle, soit le modèle n’a pas la perfection supposée …. Mais si le modèle est parfait, l’image devrait être fidèle… Mais lorsque l’on croit, on n’en est pas à un paradoxe près.


Mardi 23 Août 2011 Commentaires (1)

Les Etats occidentaux sont trop endettés. Voici venir des temps de rigueur budgétaire. Comment augmenter les recettes mais surtout quelles sont les dépenses que l’on peut supprimer ? Il est tout de même étrange que ni les économistes qu’interrogent les médias, ni la plupart des politiques n’envisagent d’arrêter les guerres auxquelles se livrent les pays occidentaux dans le monde…. sans succès.


En Irak, à la dictature sanguinaire de Saddam Hussein ont succédé corruption et chaos, en Afghanistan les talibans sont en passe de reprendre le pouvoir, etc. Comme le déclare dans une tribune du Monde du 10 août l’ancien ministre britannique des affaires européennes Denis Macshane, « Le monde non-démocratique se délecte de voir les armées occidentales s’embourber dans des conflits ingagnables, qui pompent le sang et la richesse du renouveau économique et social dont la communauté euro-atlantique a besoin ». Sait-on qu’une bombe larguée en Syrie coûte 300 000 euros ? Que cette aventure dans laquelle Nicolas Sarkozy a entraîné le pays coûte 1 000 000 d’euros par jour ! Et pour quel résultat ? Je salue le courage de Denis Macshane de le dire sans ambages : « Quelqu’un a-t-il rappelé à MM. Cameron et Sarkozy à quel point la Lybie est grande ? Tripoli et Benghazi se détestent. Croire qu’un groupe de Benghazi serait le bienvenu à Tripoli est une aberration. Si les tribus et les islamistes l’emportent, ce n’est pas une démocratie « à la Suisse » mais plutôt une charia de type taliban qui s’imposera à Tripoli » Cela, je le pense depuis le début du conflit.

S’il s’agit bien de démocratie et de droits de l’homme (mais s’agit-il bien de cela ?), on devrait savoir en France, depuis les guerres qui ont suivi la révolution de 1789 qu’ils ne s’exportent, ni ne se font respecter par les armes. Sans même parler des vies humaines sacrifiées en pure perte, combien ont coûté les interventions de la France en Afrique, combien coûte celle qui se poursuit encore en Afghanistan ? Combien coûte le maintien en état opérationnel d’une armée capable d’intervenir partout dans le monde comme la France le fait aujourd’hui ? Plutôt que de racler les fonds de tiroir, décidons de renoncer à faire toutes ces guerres et comme le préconise Denis Macshane, agissons autrement que les armes à la main. Cela ne permettra pas d’éponger le déficit budgétaire de la France, mais cela y contribuera efficacement.
Renonçons aussi à l’arme nucléaire, en commençant par dissoudre la DAM (Département des applications militaires du CEA) et mettons un point final à l’aventure du nucléaire militaire (et aussi du nucléaire civil, autre source d’économie). Il y a là un gisement considérable d’économies budgétaires même si l’Etat doit faire face à l’obligation morale de dédommager et indemniser correctement et sans lésiner toutes les victimes de cette aventure, appelés du contingent, militaires exposés à un danger dont ils ignoraient tout…, populations civiles auxquelles l’Armée et le CEA ont menti. D’ailleurs le CEA qui partage avec l’Armée la responsabilité des imprudences et des silences devrait être également mis à contribution sur ses recettes à proportion de son implication et de ses bénéfices.
Il est temps de briser les consensus de la social-démocratie et de la droite sur la politique étrangère et le nucléaire. Gérard Béaur, historien économiste écrit dans une tribune du Monde du 14/8 « En jetant un regard rétrospectif sur cette longue histoire (de la dette publique) on peut tirer quelques leçons simples. La dette publique sort tout droit des dépenses extravagantes induites par les grands conflits, et cette règle se vérifie aussi bien avec la première qu’avec la seconde guerre mondiale, mais elle se trouve confortée chaque fois qu’une crise économique ampute les ressources de l’État. » L’auteur expose que ce fut le cas lors de la fin du règne de Louis XIV, mais c’est aussi le cas aujourd’hui : dissuasion nucléaire, guerre chaude en Lybie, Afghanistan, et ailleurs, sont autant de dépenses extravagantes. Il y a une différence cependant. S’il est évident que la cessation du financement des guerres que mentionne Gérard Béaur aurait entrainé une défaite qu’il était préférable d’éviter, dans les cas des guerres actuelles, il s’agit de mettre fin à des conflits sans issue et de donner l’exemple pour qu’enfin le monde parvienne à un véritable désarmement nucléaire.
Dans les discussions que les écologistes auront avec les socialistes et les autres forces de gauche pour parvenir à un accord de gouvernement, ces questions devraient être mises sur la table. Si cela était le cas, cet accord serait-il possible ? Il faut l’espérer.

Lundi 22 Août 2011 Commentaires (0)

Dans son livre Flore et végétation des Alpes, Claude Favarger nous offre un traité de biologie botanique alpestre rigoureux tout en nous faisant partager sa passion pour ces fleurs de montagne qu’il décrit si bien. Ainsi en est-il de la potentille des frimas. Le portrait qu’il en trace lui donne l’occasion d’exprimer quelques craintes qui ne se sont révélées, hélas, que trop justifiées. Ce texte a été écrit en 1956.


« La potentille des frimas Potentilla frigida, nous dit-il, est une plante des altitudes élevées qui ne croît guère en dessous de 2500 m d’altitude. Elle a des feuilles divisées en trois folioles comme les fraisiers et comme la potentille à grandes fleurs mais les corolles sont de taille modeste et attirent peu le regard. Le feuillage pourtant est très plaisant avec ses poils soyeux qui paraissent le protéger du froid et surtout du vent. Et puis, elle a pour le botaniste l’attrait de ces végétaux peu fréquents qu’il n’est pas donné à tout le monde d’apercevoir et dont la conquête exige quelque effort. Je sais bien qu’à notre époque, des engins perfectionnés vous transportent en peu d’instants et sans la moindre peine à des hauteurs où vit la potentille des frimas. En supprimant l’effort, la machine ôte la joie de la conquête. L’homme ne prête qu’une attention distraite aux objets qui lui sont trop facilement accessibles. Chose curieuse en croyant maîtriser la création, il s’en aliène les richesses. Je frémis à la pensée de la cohorte grandissante des gens blasés qui ayant « fait » la montagne en téléphérique, ne sauront plus qu’inventer pour charmer leurs vacances. »

Hélas, parmi ces blasés partisans du moindre effort mais avides de sensations fortes en montagne pour tenter de tromper leur ennui, certains n’ont trouvé rien de mieux que, une fois hissés près d’un sommet par un télésiège, de faire du VTT en dévalant les pentes comme lorsqu’ils glissent sur des planches en hiver. . Passe encore lorsqu’ils se livrent à cette activité sur les pistes de ski, ils ne saccagent pas d’avantage la nature : le mal est déjà fait et bien fait par les aménageurs. Mais c’est aussi sur des pelouses et de petits sentiers de crête qu’ils pratiquent leurs acrobaties, encouragés et incités en cela par les dépliants publicitaires des offices de tourisme sur lesquels des « vététistes » sont photographiés en pleine nature… une nature réduite à un décor et à un vaste terrain de jeu. Une nature et des sentiers immémoriaux que ces barbares modernes saccagent comme cela, en passant, négligemment, sans même en avoir conscience. Les roues écrasent ou leurs embardées arrachent ces potentilles, des géraniums argentés, des pulsatiles, des graminées et bien d’autres plantes, rares ou communes, qui ont le malheur de se trouver sur leur trajectoire ; toute une végétation qui protège les sols de l’érosion et sert de gîte ou de plat de résistance à tout un peuple d’animaux, des petits insectes jusqu’aux élégants chamois sans oublier les gourmandes marmottes.
Selon la légende, Attila, roi de Huns, aurait dit : « Partout où mon cheval est passé, l’herbe ne repoussera plus ». Il se vantait. Les Huns n’avaient que des chevaux, pas de VTT.

Vendredi 19 Août 2011 Commentaires (0)

En période pré-électorale, que pèse un mangeur de brebis occasionnel? La ministre de l’écologie, Nathalie Kosciuscko-Morizet a cédé à la pression des éleveurs de moutons des Alpes de Haute-Provence. Elle a autorisé l’abattage de six loups cette année, loups qui sont pourtant une espèce menacée protégée par la Convention de Berne dont la France est signataire.


Ces abattages sont inutiles comme le souligne l’association « Ferus » parce qu’ils sont réalisés hors contexte, loin des troupeaux et des alpages où les prédations sont réalisées et que le loup qui sera tué le sera au hasard. Il n’aura pas été tiré par l’éleveur ou le berger lors d’une attaque. L’expérience prouve d’ailleurs que les derniers tirs de cette sorte n’ont eu aucun effet dissuasif. C’est ainsi qu’il y a deux ans, les attaques se sont poursuivies et ont même augmentées après qu’une louve alpha ait été exécutée. Mais la ministre n’en a cure… Il s’agit de « faire un geste » pour apaiser la grogne des éleveurs et conserver ou gagner leurs suffrages, un geste qui coûtera la vie à une bête sauvage qui a tout autant le droit de vivre en montagne que quiconque. Une montagne qui ne doit pas être un immense parc à bestiaux pour de grands troupeaux laissés quasiment à eux-mêmes comme le voudraient les éleveurs.

Les chaînes de TV, FR3 local en tête naturellement, ont mis complaisamment en scène des cadavres de brebis supposées tuées par un loup qu’exhibait un éleveur de Barcelonnette et se sont fait l’écho de ses jérémiades amplifiées par quelques élus locaux soucieux de leur réélection. La Provence, le journal local, a clairement choisi son camp, celui des éleveurs, de « la filière ovine » même si pour établir un semblant d’objectivité, elle cite les communiqués de l’association Ferus et celui de la « coordination départementale Europe Écologie les Verts » considérées comme «pro-loups » qui condamnent la décision de la ministre. L’article que ce journal a consacré à la rencontre de la ministre avec les éleveurs Bas Alpins dans l’édition du 28 juillet vaut son pesant de cacahuètes. Tout y passe, tous les vieux clichés et notamment l’opposition entre les gens de terrain éleveurs, bergers et élus locaux d’un côté, technocrates et ministres parisiens de l’autre ; ces dernier n’ayant qu’une connaissance livresque du problème, voire une méconnaissance profonde de la réalité car « il y a en effet plus de soixante ans que les loups ne sont pas entrés dans Paris »….
Devant une telle bêtise et de tels lieux communs éculés, devant tant d’ignorance, on reste pantois. Quel type de lecteurs cherche donc à flatter le journaliste? Les éleveurs mais aussi les chasseurs (ce sont parfois les mêmes) car ce sont eux qui sont les plus acharnés contre loups, lynx, renards dans lesquels ils voient, à juste titre des concurrents.
Ce n’est même pas à l’opinion publique qu’a cédé la ministre, c’est à une pression médiatique qui voudrait en tenir lieu, une pression médiatique entièrement au service de lobbies d’éleveurs et de chasseurs.

Mardi 16 Août 2011 Commentaires (0)

C’est au cœur d’un été parmi les plus pourris de ces dernières années, en un mois d’août où même sur la Côte d’Azur les températures sont plutôt fraîches, que Le Monde du 10/08 nous inflige un panégyrique de « la pasonaria du (réchauffement) du climat » Valérie Masson-Delmotte. Au moment où nous devons allumer le chauffage en plein été, il fallait bien rappeler que la Terre se réchauffe…. que les climatosceptiques étaient d’affreux jojos qui pratiquaient le dénigrement systématique, étaient coupables de manquement à l’éthique des chercheurs, refusaient les vrais débats, préféraient la polémique au lieu de la confrontation des faits…
Les faits, parlons-en justement.



Aucune allusion dans cet article ou dans celui qui l’accompagne à la fameuse pause dans ce réchauffement depuis le début du siècle que montrent les courbes même du GIEC. Certes, un seul été pourri n’a pas de signification en ce qui concerne l’évolution du climat, mais plusieurs étés pourris successifs et hivers rigoureux, commencent à en avoir une. Rappelons que l’an dernier les Français ont consommé plus d’énergie pour se chauffer qu’en 2009. Le climat change …. Comme il l’a toujours fait. Les raisons en sont multiples, difficiles à cerner… La notion même de climat global fait problème. Mais qu’importe… Valérie Masson-Delmotte a été sélectionnée pour participer au prochain rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le fameux GIEC). En ce qui concerne les conclusions de ce rapport, le suspens ne sera pas bien grand… Instigatrice de « l’appel des 600 » climatologues contre les climatosceptiques en mars 2010, elle est sélectionnée pour participer au GIEC en juillet de la même année. On se gardera bien de commettre le sophisme « post hoc, ergo propter hoc » (après donc à cause de) mais tout de même. C’est une militante du réchauffement climatique qui a été choisie par d’autres membres de la même chapelle. Elle a leur a montré son efficacité. N’est-ce pas sa croisade contre les climatosceptiques qui a été ainsi récompensée ?


Vendredi 12 Août 2011 Commentaires (-1)
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