Pour ceux qui ont écouté l’interview de François Hollande, il est clair qu’il n’y aura pas de taxation supplémentaire du diesel. La pilule est amère pour EE/LV qui avait fait de cette taxation un «marqueur fort » et de son rejet un « casus belli ». Comment donc Hollande et Duflot vont-t-ils la faire avaler à ceux qui prétendent représenter l’écologie sans leur faire perdre trop la face ? Le deal est prêt. Ce sera un effort financier pour la rénovation thermique des bâtiments qui entre dans les compétences de la ministre en échange du statut quo sur le diesel qui est de la compétence du chasseur/aficionado, ministre de l’écologie, Philippe Martin. Un nouveau marché de dupes qui ne trompera que ceux qui veulent bien l’être.


Le diesel, une spécialité française qui tue

Le diesel, c’est une spécialité française qui ne peut être exportée, condamnée à terme, responsable de 16000 morts par an sur le territoire hexagonal…

Le beau discours de Pépère Va-t’en guerre auquel on eut droit les téléspectateurs de TF1 « sur l’écologie qui ne peut se réduire à des taxes » ne suffira pas à faire avaler la pilule du renoncement à une augmentation de sa taxation ni aux écologistes, ni aux pneumologues. Aussi la journaliste Claire Chazal, qui a bien aidé Pépère Va-t’en guerre tout au long de l’interview, avance un premier argument. Cette taxe va frapper les plus modestes. Comme si seuls, les « plus modestes » avaient des voitures carburant au diesel !!! Aussi surprenant que cela puisse paraître, cet argument est aussi celui d’un « leader écolo » aux dires du JDD paru le matin même de l’entretien ; «leader» d’EE/LV peut-être, «écolo» sûrement pas ! Cet individu, dont le nom n’est pas cité aurait déclaré « On ne va pas quitter le gouvernement parce qu’ils ne veulent pas taxer les pauvres » Pour le journaliste du JDD, ce prétendu écolo serait « conscient de l’état des Français ». Pauvre Français, leur état serait tel qu’il faudrait donc continuer à les inciter à s’intoxiquer les bronches et les poumons et à intoxiquer ceux des autres en roulant au diesel !

Voici donc la première couche d’enrobage de la pilule : les Français ne seraient pas prêts à admettre cette taxe. Même ceux qui ont une voiture à essence, ou ceux qui n’ont pas de voiture ? Madame Claire Chazal, cher leader soi-disant écolo, les pauvres, voyez-vous, n’ont pas de voiture du tout !

Les termes du marchandage

Comme c’est tout de même encore un peu gros, il faut une deuxième couche de sucre pour enrober la pilule, ou plutôt un « si tu l’avales, je te donnerai… » Quoi ? Une sucette pour Cécile (Duflot) : la rénovation thermique.
Selon le JJD paru le matin, pour un des proches de Duflot et pour elle aussi sans doute, le relèvement de la taxation du diesel pour faire converger son prix sur celui de l’essence est difficile à faire comprendre à l’opinion : « Là-dessus, on n’a pas un problème avec les socialistes mais avec l’opinion. Il faudrait mieux se battre sur la baisse de la TVA sur la rénovation thermique » Et comme par hasard, le soir sur TF1, c’est sur cette rénovation thermique qu’Hollande déclare qu’il faut mettre l’accent. Ainsi les termes du marchandage sont définis. Abandon de la taxe sur le diesel contre un effort financier en faveur de la rénovation thermique de bâtiments. Duflot et Canfin restent au gouvernement et EE/LV votent le budget .

Un bras de fer au sein d’EE/LV ?

Cela fait bien sûr l’affaire de Duflot collée à son fauteuil ministériel comme une patelle à son rocher, celle de sa clique et de ses clients. Cela ne fait peut-être pas l’affaire d’EE/LV, notamment de ceux qui ont en ligne de mire les municipales et surtout les européennes et qui ne veulent plus que leur modeste esquif reste arrimé au navire PS. Ils redoutent qu’il soit entrainé dans son naufrage électoral annoncé. Cela ne fait pas l’affaire non plus de ceux qui, à EE/LV, ont pour ambition première de faire progresser l’écologie, qui en ont assez d’avaler des couleuvres et qui constatent comme l’affirme le secrétaire national, Pascal Durand que « l’écologie a reculé pendant un an ». Entre les uns et les autres, le combat est engagé.
Dans ce contexte, le discours de Pascal Durand devant le Conseil Fédéral du parti s’explique bien. Le bilan catastrophique de l’action du gouvernement en faveur de l’écologie qu’il dénonce, l’ultimatum de six jours qu’il donne au Président et à son gouvernement pour définir précisément la fiscalité écologique, la transition écologique avec des engagements fermes assortis d’un calendrier, tout cela a pour but de faire échec à un énième marché de dupes qui aurait pour seuls résultats de conforter Duflot et Canfin dans leur fauteuil de ministre et par voie de conséquence de maintenir les groupes EE/LV à l’Assemblée et au Sénat dans la majorité. De cela Pascal Durand ne veut pas, ne veut plus. Dans le bras de fer qui s’annonce avec Duflot, sa clique et ses clients qui sont encore très puissants au sein du parti, Pascal Durand n’est pas sûr de gagner, aussi met-il en garde : « Je ne serai pas le secrétaire national du renoncement » Certains ont été surpris de cette menace d’une hypothétique démission qui n’a pourtant rien d’étonnant. S’il perd, il annonce qu’il ne cautionnera pas mais démissionnera et par cette annonce, il renforce sa position. Ce serait bien joué ! Mais peut-être, après tout, Durand ne cherchait-il qu’à rassurer sa base militante par un discours musclé. Est-ce le début d’un sursaut salutaire pour EE/LV ou une perte définitive de tout crédit qui condamnerait ce parti à n’être qu’un supplétif du PS ? On le saura bientôt.

Lundi 16 Septembre 2013 Commentaires (0)
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