On ne peut imaginer discours plus creux et plus langue de bois que celui que Cécile Duflot a prononcé sur le «Grand Paris» à l'occasion de l'inauguration de l'exposition « Architecture et Design des gares du Grand Paris ». Toute une sauce indigeste pour masquer une acceptation du projet et du super métro qui lui est associé, le Grand Paris express avec les 72 gares prévues. Ce reniement, car cela en est manifestement un, ne va pas faciliter la tâche de ceux qui se battent sur le terrain contre l’OIN de Saclay par exemple, avec les déménagements sur le Plateau d’entreprises et d’établissements comme la Faculté de pharmacie, l’École Centrale ou l’université de Paris XI Orsay.
Pique nique pour défendre les terres agricoles du plateau de Saclay
Cette nouvelle capitulation n’est pas une surprise.
En effet, fin février dernier, Cécile Duflot avait fait cette étonnante déclaration : « J'ai été nommée en connaissance de cause mais je ne suis pas la ministre qui va obéir à Cécile Duflot, je suis celle qui va faire en sorte que le projet [du Grand Paris] soit sur de bons rails ». Curieuse gymnastique, grand écart schizophrénique préludant à tous les renoncements.
Soucieuse avant tout de ne pas déplaire pour ne pas risquer sa place, la nouvelle ministre ne se sera même pas battue pour l’abandon du Grand Paris. Dans son discours, elle annonce qu’elle appliquera les décisions du gouvernement, c’est-à-dire la volonté de François Hollande qui a affirmé que le projet Grand Paris serait poursuivi. «Les accords trouvés méritent d’être menés à bien» avait-il précisé. Il ne s’agissait évidemment pas d’accords trouvés avec Europe – Ecologie Les Verts qui s’opposait au projet, Cécile Duflot en tête. Elle considérait alors les accords auxquels se réfère François Hollande comme « une juxtaposition de compromis locaux, négociés à la seule initiative de l'Etat» À juste titre, elle reprochait à la gauche d’«avoir laissé l'avenir du Grand Paris se fractionner» en cette juxtaposition de compromis locaux !!!
Pour faire illusion, Cécile Duflot change l’habillage. En lieu et place de l’excellence et de la compétitivité d’hier, elle parle d’égalité et d’utilité. Comme si un même projet pouvait rester le même et changer de finalité… Bientôt elle nous fera prendre une centrale nucléaire pour un panneau solaire photovoltaïque… En attendant pour une concentration comme l’agglomération parisienne, elle ne voit d’autre rôle à l’agriculture de proximité que celui d’être «un espace de respiration» Il faut, dit-elle, «préserver les espaces de respiration qui sont notre patrimoine naturel, notamment les terres agricoles de proximité» Pour que les Parisiens puissent prendre un bol d’air sans doute ? Ici, l’arrivisme et l’opportunisme se mêlent à la cécité écologique dans une grande confusion entre nature et culture !!!!
En effet, fin février dernier, Cécile Duflot avait fait cette étonnante déclaration : « J'ai été nommée en connaissance de cause mais je ne suis pas la ministre qui va obéir à Cécile Duflot, je suis celle qui va faire en sorte que le projet [du Grand Paris] soit sur de bons rails ». Curieuse gymnastique, grand écart schizophrénique préludant à tous les renoncements.
Soucieuse avant tout de ne pas déplaire pour ne pas risquer sa place, la nouvelle ministre ne se sera même pas battue pour l’abandon du Grand Paris. Dans son discours, elle annonce qu’elle appliquera les décisions du gouvernement, c’est-à-dire la volonté de François Hollande qui a affirmé que le projet Grand Paris serait poursuivi. «Les accords trouvés méritent d’être menés à bien» avait-il précisé. Il ne s’agissait évidemment pas d’accords trouvés avec Europe – Ecologie Les Verts qui s’opposait au projet, Cécile Duflot en tête. Elle considérait alors les accords auxquels se réfère François Hollande comme « une juxtaposition de compromis locaux, négociés à la seule initiative de l'Etat» À juste titre, elle reprochait à la gauche d’«avoir laissé l'avenir du Grand Paris se fractionner» en cette juxtaposition de compromis locaux !!!
Pour faire illusion, Cécile Duflot change l’habillage. En lieu et place de l’excellence et de la compétitivité d’hier, elle parle d’égalité et d’utilité. Comme si un même projet pouvait rester le même et changer de finalité… Bientôt elle nous fera prendre une centrale nucléaire pour un panneau solaire photovoltaïque… En attendant pour une concentration comme l’agglomération parisienne, elle ne voit d’autre rôle à l’agriculture de proximité que celui d’être «un espace de respiration» Il faut, dit-elle, «préserver les espaces de respiration qui sont notre patrimoine naturel, notamment les terres agricoles de proximité» Pour que les Parisiens puissent prendre un bol d’air sans doute ? Ici, l’arrivisme et l’opportunisme se mêlent à la cécité écologique dans une grande confusion entre nature et culture !!!!
Une ministre en contradiction avec les positions de son parti, positions qu’elle défendait pourtant naguère…
Lorsque Daniel Cohn Bendit met les pieds dans le plat et énonce des vérités, certes désagréables, sur Europe Ecologie – Les Verts, des voix s’élèvent pour hurler à la trahison, voire demander l’exclusion. Mais la ministre peut prendre des positions contraires à celles de son parti sans que personne ou presque ne s’en émeuve, sauf en interne et bien timidement.
Dès Novembre 2006 le Conseil Fédéral d’Europe Ecologie-Les Verts s’était prononcé pour l’abrogation de la loi sur le Grand Paris, comme s’étaient prononcées les instances régionales, départementales et locales.
Il s’agissait pour EE – LV de refuser la course au gigantisme, la gabegie financière et énergétique, le gaspillage des ressources naturelles, le déni de démocratie, le renforcement de l’hyper-centralisme parisien au détriment des autres régions que comporte ce projet du Grand Paris.
En effet le texte voté dénonçait : « La concentration d’activités et de richesses sur quelques pôles (La Défense et les autres clusters, Roissy, Saclay…) au prix de suppressions d’emplois ailleurs, par des déménagements et regroupements imposés
– la destruction du tissu socio-économique existant, une augmentation de toutes les inégalités territoriales internes et un abandon de la grande couronne
– une dissociation géographique emploi /habitat accrue générant un coût carbone supplémentaire, par des déplacements contraints plus longs
– la démesure et la course au gigantisme (Plateforme d’Achères, La Défense, Paris ville-monde…)
– une consommation d’espaces naturels et agricoles irréversible, fragilisant l’espace rural et la biodiversité, menaçant l’agriculture de proximité (Plateau de Saclay, Triangle de Gonesse, village Nature de Val d’Europe, Plaine Montjean …) et accroissant la dépendance alimentaire de la région… » etc.
Il était donc convenu que les parlementaires d’Europe Ecologie – Les Verts déposeraient après les élections législatives de 2012, une proposition de loi ayant pour objet l’abrogation de la loi Grand Paris « en veillant à la suppression immédiate des outils de mise en œuvre de la loi : société du Grand Paris, contrats de développement territoriaux, dispositions dérogatoires au code de l’urbanisme, Etablissement public Paris-Saclay et révision de l’affectation du « grand emprunt » associé. » Cette proposition de loi devait porter un projet alternatif reposant sur les orientations défendues par Europe Ecologie – Les Verts de solidarité nationale, de respect de la démocratie et des élus et d’organisation d’une métropole post Kyoto.
Concernant le plateau de Saclay, les groupes locaux d’EE – Les Verts militent pour la préservation de 2500 hectares de terres agricoles. Avec les associations locales, ils considèrent que le périmètre de protection de 2300 hectares environ que le Conseil d’administration de l’Etablissement Public Paris-Saclay (EPPS) prévoit est insuffisant pour préserver une véritable agriculture sur le Plateau en ne conservant pas les terres fertiles au nord-ouest, à la Minière près de Guyancourt, et au sud-est du plateau, l’exploitation d’une jeune agricultrice en cours d’installation. Après le pique-nique organisé début juillet 2011 sur les terres menacées à la Minière, Europe Ecologie Les Verts Plaine de Versailles-Plateau de Saclay affirmait qu’il allait poursuivre la mobilisation, aux côtés des habitants et des élus.
Cette opposition au Grand Paris, la nécessité d’abroger la loi l’instituant assortie de la suppression des outils assurant sa mise en œuvre a été constamment réaffirmée à tous les échelons de l’organisation. Or de cette abrogation, il n’est nullement question dans le discours de Duflot. Bien au contraire puisqu’elle affirme : « Bien qu’ayant peut-être suscité l’inquiétude de certains, le sens de ma mission concernant le Grand Paris est clair et simple. Sa place est au cœur de ses territoires, car le projet du Grand Paris ne peut se résumer à un projet de transports, mais traverse toutes les dimensions de la mission que m’a confiée le Président de la République. » Elle va même jusqu’à affirmer qu’elle « (a) toujours considéré que le Grand Paris Express pouvait être un beau et un grand projet » Il n’est plus question non plus de supprimer les outils de mise en œuvre de cette loi : « Pour réussir et être efficaces, les artisans de la Société du Grand Paris peuvent être assurés de ma confiance. »
Pour le réseau de transport associé, plus aucune critique non plus, plus question de stigmatiser la construction d’un métro à travers champs, de dénoncer un gouffre financier « Comme l’a annoncé le Président de la République, le gouvernement souhaite maintenir et poursuivre le projet du Grand Paris Express. » Donc Duflot fera ce que voudra le Président de la république. Il n’y a dans ce discours pas même une velléité de critique du tracé, de la répartition des gares : « Dans le projet de réseau de transport automatique, Grand Paris Express, les gares se trouvent au cœur même de nos cartes. Elles seront au nombre de 72 sur un réseau long de 175 kilomètres. En somme, elles donneront sa forme à la métropole de demain » déclare sans ambiguïté la nouvelle ministre.
A quoi sert un(e) ministre EE – LV
Un membre du groupe de députés dont la direction d’Europe – Écologie lesVerts est si fière va-t-il déposer, au nom de ce groupe, un projet de loi pour abroger celle du Grand Paris et les outils associés? C’est peu probable. Ce serait désavouer la ministre.
Le parti va-t-il dénoncer cette volte-face ? Mettre sa ministre en demeure ? C’est encore moins probable. Le passé l’a montré : un ou une ministre est intouchable. C’était le cas hier chez les Verts. Ce l’est encore aujourd’hui à EE – LV. Il n’y aura personne au sein de ce parti pour dénoncer la trahison et demander des sanctions ou à tout le moins d’exiger des explications.
En attendant, sur le terrain, les militants sont en une bien fâcheuse posture. Valérie Pécresse (UMP), avait tort de croire que le projet du Grand Paris était «menacé» par l'attribution du dossier à Cécile Duflot, « l'une de ses opposantes les plus virulentes ». L’ancienne ministre estimait que « en choisissant d'attribuer ce dossier à Cécile Duflot, le gouvernement (avait) fait le choix incompréhensible de confier ce projet majeur à l'une de ses opposantes les plus virulentes qui, avec son groupe des Verts au conseil régional d'Ile-de-France, a toujours voté contre » Hélas, Cécile Duflot n’est pas Nicole Bricq. Les craintes de Valérie Pécresse n’étaient pas justifiées, pas plus que celles de Christian Favier (Front de Gauche), président du Conseil général du Val de Marne, qui considérait que le fait d’ « avoir confié ce dossier essentiel pour l'avenir de la Région capitale à une ministre présidente d'un groupe qui ne l'a pas soutenu à la Région n'est pas forcément le meilleur signe donné sur le sujet» L’une et l’autre n’avait pas envisagé qu’en accédant à un poste de ministre, Cécile Duflot tournerait sa veste et oublierait les propos qu’elle tenait lorsqu’elle présidait le groupe EE – LV au Conseil régional d’Ile de France. Elle s’est d’ailleurs empressée de rassurer tous ces chauds partisans du Grand Paris. Mais pas un mot pour reconnaître le bien fondé des critiques des écologistes. Elles sont oubliées, effacées, reniées.
Et là est le génie de Hollande – Ayrault qui ont sans doute vite pris la mesure de tout l’opportunisme dont était capable l’ancienne secrétaire d’EE – LV pour conserver son marocain. En lui donnant la compétence sur le Grand Paris, il ne s’agissait absolument pas pour eux de remettre en question ce bijou de ringardise né du sarkosisme finissant mais de faire perdre un relais et un débouché politique majeur à sa contestation. Voilà le rôle de ces ministres qui, comme Cécile Duflot, ne le sont que par la grâce du Prince ou de son calife : servir de caution à une politique qui pourra ainsi s’assoir plus facilement sur les exigences écologiques les plus élémentaires.
Annexe
Un petit rappel : si les paroles s’envolent, les écrits restent.
Tribune publié dans RUE 89 le 25/05/2011 par CLAIRE MONOD ET CECILE DUFLOT :
Ce jeudi 26 mai, l'acte 2 de la loi sur le Grand Paris se jouera dans le huis clos de la Société du Grand Paris (SGP), et statuera sur un tracé « définitif », destiné à être validé par le Conseil d'Etat. Mais, malgré quelques avancées, tout laisse penser que le compte n'y est pas.
Comme nous le craignions dès janvier dernier, lors de l'accord soi-disant « historique » entre Jean-Paul Huchon et Maurice Leroy, les franciliens et les franciliennes risquent rapidement de se trouver confrontés à ce qui ne seront que des promesses sans lendemain.
► Plutôt que des tracés et des financements théoriques, l'urgence, ce sont les transports quotidiens d'aujourd'hui.
Le quotidien insupportable vécu par les voyageurs aurait dû être la priorité du Grand Paris. Il n'en est rien. Les citoyens l'ont pourtant dit et redit pendant les débats publics : il est urgent d'améliorer le réseau de transport en Ile-de-France.
Nous constatons malheureusement qu'aujourd'hui ils ne sont pas entendus. La SGP( Société du Grand Paris), outil du gouvernement n'en n'a cure, arc boutée sur son unique objectif de desserte de grands pôles de développement économiques.
• Alors que la SGP prétend manier les milliards par dizaine, où sont les financements pour les RER?
• Pourquoi ne pas consacrer au RER D le milliard qui permettrait, selon la SNCF, de le mettre à niveau?
• Ou sont passés les crédits pour la création des lignes de bus, de tramway, pour désenclaver d'urgence les territoires de l'Est de l'agglomération?
Les écologistes demandent des investissements utiles, durables et fondés sur les besoins de la population.
► Plutôt que des grands plans à 25 ans, assurer une desserte de proximité, là où les franciliens ont été oubliés depuis des décennies.
Engagée dans une course au gigantisme, à grandes enjambées au-dessus des territoires, la SGP a cependant fini par reconnaître le besoin d'une meilleure desserte de proximité.
Mais les financements incertains du futur réseau sont affectés à des gares encore virtuelles, dont la connexion au réseau actuel n'est pas assurée.
Tous ces milliards qui valsent promettent des lendemains qui chantent mais ne règlent rien au quotidien des quartiers populaires. Les écologistes demandent que la priorité soit donnée aux quartiers enclavés, à toutes celles et ceux qui n'ont que leurs voitures pour se déplacer faute de transport en commun à proximité.
L'urgence, c'est de desservir le 93, et non Saclay, La Défense ou Roissy !
► Plutôt que des compromis bâclés, faire confiance à la démocratie.
Faute d'engager ouvertement le débat sur l'avenir de la région et face au démantèlement de la décentralisation engagé par le gouvernement, la gauche a laissé l'avenir du Grand Paris se fractionner en une juxtaposition de compromis locaux, négociés à la seule initiative de l'Etat.
Cela se traduit de fait par une régression démocratique, une recentralisation par un Etat tout puissant. C'est aux citoyens d'Ile-de-France de décider de l'avenir de leur métropole.
A travers cette démocratie confisquée, Nicolas Sarkozy essaye d'imposer en Ile-de-France une vision de l'aménagement que nous refusons.
Malheureusement, cette vision de l’aménagement que Cécile Duflot refusait est aussi celle du nouveau gouvernement PS auquel elle appartient et qu’elle se déclare enchantée de devoir mettre en œuvre. Après cela faut-il s’étonner que l’image de EE – LV soit détestable pour l’opinion publique ? EE – LV est en passe de devenir l’obstacle numéro 1 à la conversion écologique de la société qu’elle prétend promouvoir car elle déconsidère l’écologie politique qu'elle incarne aux yeux des gens.
Photo :
Lorsque Daniel Cohn Bendit met les pieds dans le plat et énonce des vérités, certes désagréables, sur Europe Ecologie – Les Verts, des voix s’élèvent pour hurler à la trahison, voire demander l’exclusion. Mais la ministre peut prendre des positions contraires à celles de son parti sans que personne ou presque ne s’en émeuve, sauf en interne et bien timidement.
Dès Novembre 2006 le Conseil Fédéral d’Europe Ecologie-Les Verts s’était prononcé pour l’abrogation de la loi sur le Grand Paris, comme s’étaient prononcées les instances régionales, départementales et locales.
Il s’agissait pour EE – LV de refuser la course au gigantisme, la gabegie financière et énergétique, le gaspillage des ressources naturelles, le déni de démocratie, le renforcement de l’hyper-centralisme parisien au détriment des autres régions que comporte ce projet du Grand Paris.
En effet le texte voté dénonçait : « La concentration d’activités et de richesses sur quelques pôles (La Défense et les autres clusters, Roissy, Saclay…) au prix de suppressions d’emplois ailleurs, par des déménagements et regroupements imposés
– la destruction du tissu socio-économique existant, une augmentation de toutes les inégalités territoriales internes et un abandon de la grande couronne
– une dissociation géographique emploi /habitat accrue générant un coût carbone supplémentaire, par des déplacements contraints plus longs
– la démesure et la course au gigantisme (Plateforme d’Achères, La Défense, Paris ville-monde…)
– une consommation d’espaces naturels et agricoles irréversible, fragilisant l’espace rural et la biodiversité, menaçant l’agriculture de proximité (Plateau de Saclay, Triangle de Gonesse, village Nature de Val d’Europe, Plaine Montjean …) et accroissant la dépendance alimentaire de la région… » etc.
Il était donc convenu que les parlementaires d’Europe Ecologie – Les Verts déposeraient après les élections législatives de 2012, une proposition de loi ayant pour objet l’abrogation de la loi Grand Paris « en veillant à la suppression immédiate des outils de mise en œuvre de la loi : société du Grand Paris, contrats de développement territoriaux, dispositions dérogatoires au code de l’urbanisme, Etablissement public Paris-Saclay et révision de l’affectation du « grand emprunt » associé. » Cette proposition de loi devait porter un projet alternatif reposant sur les orientations défendues par Europe Ecologie – Les Verts de solidarité nationale, de respect de la démocratie et des élus et d’organisation d’une métropole post Kyoto.
Concernant le plateau de Saclay, les groupes locaux d’EE – Les Verts militent pour la préservation de 2500 hectares de terres agricoles. Avec les associations locales, ils considèrent que le périmètre de protection de 2300 hectares environ que le Conseil d’administration de l’Etablissement Public Paris-Saclay (EPPS) prévoit est insuffisant pour préserver une véritable agriculture sur le Plateau en ne conservant pas les terres fertiles au nord-ouest, à la Minière près de Guyancourt, et au sud-est du plateau, l’exploitation d’une jeune agricultrice en cours d’installation. Après le pique-nique organisé début juillet 2011 sur les terres menacées à la Minière, Europe Ecologie Les Verts Plaine de Versailles-Plateau de Saclay affirmait qu’il allait poursuivre la mobilisation, aux côtés des habitants et des élus.
Cette opposition au Grand Paris, la nécessité d’abroger la loi l’instituant assortie de la suppression des outils assurant sa mise en œuvre a été constamment réaffirmée à tous les échelons de l’organisation. Or de cette abrogation, il n’est nullement question dans le discours de Duflot. Bien au contraire puisqu’elle affirme : « Bien qu’ayant peut-être suscité l’inquiétude de certains, le sens de ma mission concernant le Grand Paris est clair et simple. Sa place est au cœur de ses territoires, car le projet du Grand Paris ne peut se résumer à un projet de transports, mais traverse toutes les dimensions de la mission que m’a confiée le Président de la République. » Elle va même jusqu’à affirmer qu’elle « (a) toujours considéré que le Grand Paris Express pouvait être un beau et un grand projet » Il n’est plus question non plus de supprimer les outils de mise en œuvre de cette loi : « Pour réussir et être efficaces, les artisans de la Société du Grand Paris peuvent être assurés de ma confiance. »
Pour le réseau de transport associé, plus aucune critique non plus, plus question de stigmatiser la construction d’un métro à travers champs, de dénoncer un gouffre financier « Comme l’a annoncé le Président de la République, le gouvernement souhaite maintenir et poursuivre le projet du Grand Paris Express. » Donc Duflot fera ce que voudra le Président de la république. Il n’y a dans ce discours pas même une velléité de critique du tracé, de la répartition des gares : « Dans le projet de réseau de transport automatique, Grand Paris Express, les gares se trouvent au cœur même de nos cartes. Elles seront au nombre de 72 sur un réseau long de 175 kilomètres. En somme, elles donneront sa forme à la métropole de demain » déclare sans ambiguïté la nouvelle ministre.
A quoi sert un(e) ministre EE – LV
Un membre du groupe de députés dont la direction d’Europe – Écologie lesVerts est si fière va-t-il déposer, au nom de ce groupe, un projet de loi pour abroger celle du Grand Paris et les outils associés? C’est peu probable. Ce serait désavouer la ministre.
Le parti va-t-il dénoncer cette volte-face ? Mettre sa ministre en demeure ? C’est encore moins probable. Le passé l’a montré : un ou une ministre est intouchable. C’était le cas hier chez les Verts. Ce l’est encore aujourd’hui à EE – LV. Il n’y aura personne au sein de ce parti pour dénoncer la trahison et demander des sanctions ou à tout le moins d’exiger des explications.
En attendant, sur le terrain, les militants sont en une bien fâcheuse posture. Valérie Pécresse (UMP), avait tort de croire que le projet du Grand Paris était «menacé» par l'attribution du dossier à Cécile Duflot, « l'une de ses opposantes les plus virulentes ». L’ancienne ministre estimait que « en choisissant d'attribuer ce dossier à Cécile Duflot, le gouvernement (avait) fait le choix incompréhensible de confier ce projet majeur à l'une de ses opposantes les plus virulentes qui, avec son groupe des Verts au conseil régional d'Ile-de-France, a toujours voté contre » Hélas, Cécile Duflot n’est pas Nicole Bricq. Les craintes de Valérie Pécresse n’étaient pas justifiées, pas plus que celles de Christian Favier (Front de Gauche), président du Conseil général du Val de Marne, qui considérait que le fait d’ « avoir confié ce dossier essentiel pour l'avenir de la Région capitale à une ministre présidente d'un groupe qui ne l'a pas soutenu à la Région n'est pas forcément le meilleur signe donné sur le sujet» L’une et l’autre n’avait pas envisagé qu’en accédant à un poste de ministre, Cécile Duflot tournerait sa veste et oublierait les propos qu’elle tenait lorsqu’elle présidait le groupe EE – LV au Conseil régional d’Ile de France. Elle s’est d’ailleurs empressée de rassurer tous ces chauds partisans du Grand Paris. Mais pas un mot pour reconnaître le bien fondé des critiques des écologistes. Elles sont oubliées, effacées, reniées.
Et là est le génie de Hollande – Ayrault qui ont sans doute vite pris la mesure de tout l’opportunisme dont était capable l’ancienne secrétaire d’EE – LV pour conserver son marocain. En lui donnant la compétence sur le Grand Paris, il ne s’agissait absolument pas pour eux de remettre en question ce bijou de ringardise né du sarkosisme finissant mais de faire perdre un relais et un débouché politique majeur à sa contestation. Voilà le rôle de ces ministres qui, comme Cécile Duflot, ne le sont que par la grâce du Prince ou de son calife : servir de caution à une politique qui pourra ainsi s’assoir plus facilement sur les exigences écologiques les plus élémentaires.
Annexe
Un petit rappel : si les paroles s’envolent, les écrits restent.
Tribune publié dans RUE 89 le 25/05/2011 par CLAIRE MONOD ET CECILE DUFLOT :
Ce jeudi 26 mai, l'acte 2 de la loi sur le Grand Paris se jouera dans le huis clos de la Société du Grand Paris (SGP), et statuera sur un tracé « définitif », destiné à être validé par le Conseil d'Etat. Mais, malgré quelques avancées, tout laisse penser que le compte n'y est pas.
Comme nous le craignions dès janvier dernier, lors de l'accord soi-disant « historique » entre Jean-Paul Huchon et Maurice Leroy, les franciliens et les franciliennes risquent rapidement de se trouver confrontés à ce qui ne seront que des promesses sans lendemain.
► Plutôt que des tracés et des financements théoriques, l'urgence, ce sont les transports quotidiens d'aujourd'hui.
Le quotidien insupportable vécu par les voyageurs aurait dû être la priorité du Grand Paris. Il n'en est rien. Les citoyens l'ont pourtant dit et redit pendant les débats publics : il est urgent d'améliorer le réseau de transport en Ile-de-France.
Nous constatons malheureusement qu'aujourd'hui ils ne sont pas entendus. La SGP( Société du Grand Paris), outil du gouvernement n'en n'a cure, arc boutée sur son unique objectif de desserte de grands pôles de développement économiques.
• Alors que la SGP prétend manier les milliards par dizaine, où sont les financements pour les RER?
• Pourquoi ne pas consacrer au RER D le milliard qui permettrait, selon la SNCF, de le mettre à niveau?
• Ou sont passés les crédits pour la création des lignes de bus, de tramway, pour désenclaver d'urgence les territoires de l'Est de l'agglomération?
Les écologistes demandent des investissements utiles, durables et fondés sur les besoins de la population.
► Plutôt que des grands plans à 25 ans, assurer une desserte de proximité, là où les franciliens ont été oubliés depuis des décennies.
Engagée dans une course au gigantisme, à grandes enjambées au-dessus des territoires, la SGP a cependant fini par reconnaître le besoin d'une meilleure desserte de proximité.
Mais les financements incertains du futur réseau sont affectés à des gares encore virtuelles, dont la connexion au réseau actuel n'est pas assurée.
Tous ces milliards qui valsent promettent des lendemains qui chantent mais ne règlent rien au quotidien des quartiers populaires. Les écologistes demandent que la priorité soit donnée aux quartiers enclavés, à toutes celles et ceux qui n'ont que leurs voitures pour se déplacer faute de transport en commun à proximité.
L'urgence, c'est de desservir le 93, et non Saclay, La Défense ou Roissy !
► Plutôt que des compromis bâclés, faire confiance à la démocratie.
Faute d'engager ouvertement le débat sur l'avenir de la région et face au démantèlement de la décentralisation engagé par le gouvernement, la gauche a laissé l'avenir du Grand Paris se fractionner en une juxtaposition de compromis locaux, négociés à la seule initiative de l'Etat.
Cela se traduit de fait par une régression démocratique, une recentralisation par un Etat tout puissant. C'est aux citoyens d'Ile-de-France de décider de l'avenir de leur métropole.
A travers cette démocratie confisquée, Nicolas Sarkozy essaye d'imposer en Ile-de-France une vision de l'aménagement que nous refusons.
Malheureusement, cette vision de l’aménagement que Cécile Duflot refusait est aussi celle du nouveau gouvernement PS auquel elle appartient et qu’elle se déclare enchantée de devoir mettre en œuvre. Après cela faut-il s’étonner que l’image de EE – LV soit détestable pour l’opinion publique ? EE – LV est en passe de devenir l’obstacle numéro 1 à la conversion écologique de la société qu’elle prétend promouvoir car elle déconsidère l’écologie politique qu'elle incarne aux yeux des gens.
Photo :
Samedi 30 Juin 2012
Commentaires (0)
Profil
Jean-François Dumas
Dernières notes
Rats de Paris et Rats de Fontenay-aux-Roses
30/05/2024
Le monde occidental, un monde orwellien ?
11/05/2024
Quand la girolle prend ses quartiers d’hiver
21/11/2023
Un peu d'humilité
28/09/2023
Galerie
Liste de liens
© 2010 Jean-François Dumas
Toute utilisation de documents issus de ce site doit en mentionner la source.
Création et webmaster : Méker-et-Cie, avec l'éditeur Webzinemaker
Toute utilisation de documents issus de ce site doit en mentionner la source.
Création et webmaster : Méker-et-Cie, avec l'éditeur Webzinemaker