Le déclin des populations de bruants ortolans (Emberiza hortulana) est inquiétant. Pourtant les chasseurs landais continuent à le piéger en toute illégalité au nom de la « tradition ». C’est leur façon bien particulière de s’occuper de la biodiversité. Si les tribunaux correctionnels sévissent contre ces braconniers d’ortolans, ce n’est toujours pas le cas des préfets et donc de la gendarmerie qui laisse faire. C’est ainsi que le département des Landes est devenu une zone de non-droit où ce sont des chasseurs hors-la-loi qui font la loi et sèment la terreur sous l’œil bienveillant de la presse locale. On ne peut pas non plus renvoyer dos à dos comme le font les grands média nationaux, tels des Ponce Pilate, ces chasseurs dont les pratiques conduisent au nom de la « tradition » à l’extinction d’une espèce et les écologistes défenseurs de cette espèce!


Une espèce en déclin

Le bruant ortolan (Emberiza hortulana) est une espèce de petit passereau en danger d’extinction. Il est protégé en France depuis 1999. Malgré cette protection, l’espèce demeure largement braconnée à la tenderie dans le Sud-Ouest, principalement dans les Landes département où les autorités font preuve d’un grand laxisme voire même d’une complicité honteuse. Jusqu’à 40 000 oiseaux seraient braconnés chaque année ; entre 15 000 et 40 000 selon les années, de moins en moins au fur et à mesure du déclin des populations. Cette ponction est effectuée sur les effectifs de plus en plus réduits des populations d’Europe centrale et du nord qui sont déjà en mauvais état de conservation et dont elle met l’existence même en danger. On estime qu’en 30 ans, 84% de la population d’ortolans a disparu en Europe. En Scandinavie où nichaient des ortolans, il n’y en a quasiment plus. En Suisse, l’ortolan est classé disparu. Ces faits bien établis sont niés avec obstination par les chasseurs qui ne veulent voir que leur plaisir ou leur gain immédiat : le prix un bruant ortolan va de 100 à 150 € pièces !

Enfin des sanctions

Il semblerait que les tribunaux se soient enfin décidés à sévir. Le 19 décembre 2014 celui de Mont-de-Marsan a condamné l’un d’entre eux à verser 700€ d’amende avec interdiction de chasser d’un an pour des faits de braconnage à la matole remontant à 2012 ! Il devra en outre payer 3 000 € à la LPO et à la Sepanso (Société Pour l’Etude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest) qui s’étaient portées parties civiles.
Le Tribunal de Dax, quant à lui, a condamné le vendredi 16 Janvier 2015 un braconnier d’ortolans à 45 jours de prison avec sursis et 900 euros d'amende. Au mois de septembre 2014 il avait aspergé de gaz lacrymogène un militant de l’association internationale CABS (Commitee against bird slaughter) qui était en train de repérer avec deux autres membres de l’association les petites cages-pièges (matoles) de braconniers pour les dénoncer auprès du procureur de la République.
Le chasseur-braconnier s’est défendu en disant qu’il était chez lui et que les défenseurs des oiseaux étaient sur sa propriété et l’avaient provoqué. L’individu, braconnier récidiviste, semble avoir oublié que même sur une propriété privée, on n’a pas le droit de se livrer à des actes prohibés par la loi. Heureusement le tribunal n’a pas entendu ses arguments et l’a condamné. On trouvera la peine légère mais, c’est mieux que rien.

(Reportage Claire Colnet et Jacques Duboz - France 2)

Il est regrettable que ce soient les militants d’associations comme la LPO, la Sepanso, la Cabs, voire de simples particuliers qui soient obligés de se substituer aux gendarmes pour faire respecter l’arrêté de protection de divers passereaux et obliger les autorités françaises à faire leur travail au risque d’être molestés par des chasseurs particulièrement violents.
Ces chasseurs, et parmi eux le président landais des chasses traditionnelles n’hésitent pas à faire le coup de poing contre les militants de la LPO qui viennent délivrer les oiseaux et tenter de faire respecter la loi comme on peut le voir sur cette vidéo dans laquelle on peut aussi constater l’inertie des gendarmes qui ne verbalisent pas le délit de braconnage pourtant évident et se contentent de protéger les militants de la LPO.

Le département des Landes : une zone de non-droit !

La campagne landaise est devenue un lieu de non-droit avec la bénédiction d’élus tels qu’Henri Emmanuelli, président PS du Conseil général des Landes, mandat qu’il cumule avec celui de député. Avec aussi une certaine complicité de la presse locale qui n’utilise jamais le terme de braconnier pour désigner ces piégeurs d’ortolans. Pour le journal Sud-Ouest ce sont des « chasseurs traditionnels » et il emploie un ton très compréhensif à leurs égards se gardant bien de mentionner qu’ils sont hors la loi, ne manquant jamais de parler de tradition et de passion de la chasse tandis qu’il est insinué que le président de la LPO Allain Bougrain-Dubourg est une sorte d’écolo bobo, un « people » médiatique en mal de publicité : il vient traquer les matoles avec « les caméras nationales emmenées en bandoulières » (04/09/2014).

Plus grave encore, c’est avec l’aide du Préfet, donc de l’État que la campagne landaise est devenue cette zone de non-droit où les chasseurs braconniers font la loi et sèment la terreur. Encore aujourd’hui, même lorsque les tribunaux condamnent les braconniers d’ortolans, la passivité dont font preuve les gendarmes est remarquable. Ils ont ordre de ne pas verbaliser ces braconniers, de laisser faire et de simplement s’interposer entre ceux-ci et les citoyens qui s’avisent de défendre les ortolans et de vouloir faire respecter la loi.

Rappelons aussi le comportement honteux du Préfet des Landes en septembre 2013. Il avait pris le 4 septembre 2013 un arrêté scandaleux et illégal pour expulser sept militants anti-chasses de la CAB, dont deux avaient été molestés et arrosés de purin par les braconniers qui eux ne furent ni inquiétés, ni verbalisés, ni empêchés de nuire, leurs matoles n’ayant pas été détruites et leurs appelants confisqués. Bien entendu, l’arrêté a été cassé au grand regret du journaliste de Sud-Ouest qui concluait l’article dans lequel il rapportait cette décision : « le préfet l'a donc abrogée (sa décision de mise en demeure), ce qui permet aux militants anti-chasse de revenir quand ils le désirent.(…)Les partisans de la chasse au pinson, qui doivent reprendre leur passion ces jours-ci, apprécieront.(sic !)» (6/11/2013).

Il est quand même inouï que des défenseurs d’une espèce menacée à cause du braconnage soient considérés comme persona non grata dans un département par un préfet qui laisse les hors-la-loi continuer à décimer des populations déjà mal en point d’oiseaux protégés.

Les sentences des tribunaux de Dax et de Mont-de-Marsan n’étant pas encore tombées le 5 septembre 2014, Il n’est donc pas étonnant que ce jours-là, ces chasseurs se soient crus tout permis. Deux couples de jeunes défenseurs des oiseaux de Bordeaux en ont fait la traumatisante expérience.

Quand les chasseurs sèment la terreur!

Venus à bord d’une voiture louée pour répertorier les sites où étaient situées des matoles en activité et les signaler, ils ont été pris violemment à partie par des braconniers. Ils ont dû se retrancher dans leur véhicule pour tenter d’échapper à la vindicte de vingt-cinq de ceux que le journal Sud-Ouest s’obstine à nommer « des chasseurs traditionnels ».
Ces vingt-cinq braconniers s’en sont pris alors à la voiture. Ils ont crevé les quatre pneus, cassé les rétroviseurs et arraché les essuie-glaces tout en hurlant des insultes et des menaces de mort. Les quatre jeunes terrorisés ont tenté d’échapper à leurs agresseurs malgré les pneus crevés poursuivis par les véhicules de leurs assaillants. Leur fuite a été stoppée par un tracteur placé en travers de leur route.
Comme le raconte le journaliste de Sud-Ouest, « Insultes, menaces avec un marteau (pour briser les vitres du véhicule), ont continué. Les chasseurs ont même tenté de renverser la voiture de leurs propres mains, sans y parvenir. » (08/09/2014). Ce n’est qu’au bout d’une heure qu’apparurent enfin les gendarmes que les jeunes avaient prévenus avec leur téléphone portable. Quant à la voiture son état témoigne de la violence de l’agression : inutilisable, réduite à état d’épave, elle a dû être évacuée par une dépanneuse. Les deux couples d’amis des oiseaux ont déposé plainte pour « violences en réunion, dégradations de biens d'autrui et menaces de mort » auprès de la gendarmerie de Tartas qui a ouvert une enquête.
Selon FR3 Aquitaine, le parquet pourrait ne retenir comme chef d’inculpation que la dégradation sur véhicule. Ce qui est proprement scandaleux au vu de la vidéo de l’agression que les jeunes ont filmé de l’intérieur de leur véhicule et présentée par FR3 Aquitaine.


Dans le département des Landes, les défenseurs de la biodiversté, des oiseaux et notamment de ceux qui appartiennent à des espèces en danger d’extinction doivent se déplacer avec une escorte de gendarmes pour garantir leur sécurité tandis que les braconniers de ces espèces qui sont la cause principale de leur extinction se livrent à leurs exactions en toute liberté et impunité.

Ne nous leurrons pas, ces exactions ne sont pas seulement le fait d’énergumènes excités. Il s’agit de terroriser tous ceux qui auraient des velléités de s’opposer à ces chasses dites traditionnelles, de dénoncer les agissements de ces braconniers aux autorités. Ils utilisent des méthodes de voyous pour pouvoir poursuivre tranquillement leurs activités illicites.

Ce scandale doit cesser. Ce département doit vivre comme les autres sous la loi de la République dans le cadre des institutions européennes et non sous la loi des chasseurs dont les débordements et les exactions doivent être sévèrement et rapidement réprimées.
Participons à la campagne initiée par la LPO en demandant au ministre de l’intérieur (qui sait si bien sévir contre les opposants aux grands projets inutiles) de faire appliquer la loi dans Les Landes et de donner des instructions pour que le braconnage des petits passereaux soit réprimé efficacement, ici .

Samedi 24 Janvier 2015 Commentaires (0)
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