Sur le site « Ma Terre » l’ADEME a présenté un « dossier » « Pourquoi faut-il développer les énergies renouvelables ? » que ne renierait pas les lobbies de l’éolien et du vent pour la bonne raison qu’il ne fait que reprendre sans aucune critique leurs arguments. L’ADEME dans ce dossier ne fournit pas une analyse objective. Il ne s’agit que de propagande avec de mauvais arguments. C’est d’autant plus regrettable ce site de l’ADEME s’adresse aux jeunes qui sont censés y trouver toutes les explications (sic!) sur le développement durable, le changement climatique, des infos et une aide pour « préparer des exposés sur le développement durable, la pollution et l'environnement ».
L’objet de cet article est de fournir une critique détaillée de la partie «Quatre bonnes raisons de développer les énergies renouvelables ».


● Lien pour accéder à l’article : https://www.mtaterre.fr/dossiers/pourquoi-faut-il-developper-les-energies-renouvelables/quatre-bonnes-raisons-de-developper
 
● Le texte est assez bref. Mais comme toujours, comme il faut beaucoup moins de mots pour énoncer des contre-vérités que pour les réfuter, cet article est assez long.
 
● Pour chacune des raisons invoquées, je cite d’abord le texte de l’ADME en italique. La critique suit en caractères droits.
 
Augmenter l’indépendance énergétique de la France
Contrairement aux centrales nucléaires ou thermiques à combustible fossile (gaz, fioul, charbon), il n’est pas nécessaire d’importer du combustible pour faire fonctionner les différentes énergies renouvelables. ADEME

Sans blague ! Les éoliennes actuelles viennent d’ailleurs et les panneaux solaires aussi ! Cuivre, nickel, terres rares, …, aucune de ces matières premières dont l’éolien est gros consommateur ne se trouvent sur le territoire français!

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Émettre moins de gaz à effet de serre
En France, la production d'électricité et de chaleur renouvelable se substitue à celle des centrales et équipements fonctionnant au fioul, au gaz et au charbon. Cela contribue à réduire nos émissions de CO2 !

En fait elles ne se substituent pas au charbon : on en a aujourd’hui la preuve. Cet hiver plusieurs réacteurs nucléaires sont en maintenance, donc à l’arrêt. Or ce n’est pas l’éolien qui supplée au manque d’électricité mais les vieilles centrales à charbon qui nous restent !

Ensuite, s’il fallait compter sur les ENR pour se chauffer, on claquerait des dents, en hiver, les nuits lorsqu’il n’y a ni vent, ni soleil. Leur production d’électricité n’est pas pilotable et l’électricité n’est pas stockable, le seul moyen connu économiquement viable qui permettrait d’en stocker des quantités importantes, les STEP (station de transfert d'énergie par pompage) supposerait de créer de nouveaux barrages, ce qui n’est plus socialement acceptable. Tant mieux d’ailleurs tant la réalisation d’un barrage est une catastrophe écologique et humaine.

Enfin, le chauffage électrique est une aberration : « Il est aberrant de transformer une source d’énergie primaire quelle qu’elle soit (pétrole, charbon, atome ou gaz) avec un rendement qui plafonne à 35 % conformément aux lois de la thermodynamique (rendement de Carnot ) pour la transporter sur des centaines de kilomètres (en perdant encore 10 % de l’énergie dans les lignes) pour chauffer un local à 20° C, alors que l’on peut obtenir le même résultat avec 80 % de rendement en brûlant le combustible directement dans une bonne chaudière » comme l’écrivait naguère la Commission énergie des Verts ( Les Verts 1998, Le nucléaire et la lampe à pétrole, L’esprit Frappeur éd., Paris, 1998, p. 100), un texte bien oublié depuis. Avec de tels rendements et de telles pertes, une cogénération gaz chaleur/électricité serait sans doute plus adaptée et performante, si l’on ne veut pas de nucléaire.

Les technocrates de la FAO ont inventé l’eau virtuelle pour quantifier les quantités d’eau qui sont exportées ou importées lorsque le sont des produits de l’agriculture ou de l’élevage. De même il serait intéressant de quantifier les émissions de CO2 virtuelles lorsque sont importés ou exportés des produits manufacturés en y intégrant celles dues au transport. Si on le faisait pour les éoliennes et les panneaux solaires, leur bilan carbone qui n’est déjà pas bon si l’on prend en compte la nécessité de pallier leur intermittence, deviendrait exécrable. Les panneaux solaires qui viennent de Chine incorporent beaucoup d’électricité « charbonnée » et sauf preuve du contraire, ils ne sont pas transportés en France sur des pédalos, on le saurait!

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Développer des énergies dont l’exploitation ne présente pas de grand danger
Contrairement au nucléaire (risques d’exploitation, dangerosité des déchets radioactifs) et aux énergies fossiles (pollutions aux hydrocarbures, contribution au changement climatique), les énergies renouvelables ne présentent pas de danger lors de leur exploitation et de leur fin de vie.


1 - L’éolien n’est pas sans dangers. Il faut savoir à quoi on le compare. Si c’est au nucléaire, alors c’est évident que les dangers que fait courir l’exploitation d’un parc éolien sont infiniment plus faibles que ceux que font courir l’exploitation de réacteurs nucléaires. Mais s’il s’agit du pétrole ou du gaz, si les dangers ne sont pas les mêmes que ceux de l’éolien, ils se valent.

Pour l’éolien, ces dangers apparaissent en creux à la lecture de l’arrêté « du 22 juin 2020 modifiant l'arrêté du 26 août 2011 relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent au sein d'une installation soumise à déclaration au titre de la rubrique 2980 de la législation des installations classées pour la protection de l'environnement » qui définit dans le détail les mesures de sécurités à prendre et qui doivent faire l’objet d’un contrôle. Sa lecture permet de prendre conscience que la conversion de l’énergie cinétique du vent en énergie électrique n’est pas une opération anodine !

2 - Il faut certes dépolluer les sites de production d’énergie fossile ou nucléaire et tenter de réhabiliter les sites d’extraction une fois puits et mines fermés. En ce qui concerne le démantèlement d’un parc éolien, il n’en va pas autrement. Les exigences concernant ces démantèlements varient selon les États et leur législation environnementale.

Pour l’éolien, en France ( art. 20 de l’arrêté déjà cité du 22 juin 2020 modifiant l'arrêté du 26 août 2011), les opérations doivent comprendre : le démantèlement des installations de production, celui des postes de livraison et des câbles dans un rayon de 10 m autour des aérogénérateurs ; l’excavation de la totalité des fondations jusqu’à la base de la semelle avec des exceptions possibles à partir de deux mètres de profondeur et pour les pieux ; la remise en état du site avec le décaissement des aires de grutage et des chemins d’accès sur une profondeur de 40 cm avec le remplacement par des terres de caractéristiques comparables aux terres à proximité. L’arrêté impose également des exigences de recyclage avec un échéancier de mise en application ; une application qui sera difficile à mettre réellement en œuvre : « De l’aveu même des industriels (présentation de Netwind de 2017), il ressort que le marché de démantèlement des aérogénérateurs ne dispose aujourd’hui ni des filières opérationnelles de recyclage ni des moyens industriels pour répondre à une demande dispersée dans le temps et dans l’espace. » Jacques Ricour et Jean-Louis Rémouit [https://www.energieverite.com/post/d%C3%A9mant%C3%A8lement-des-%C3%A9oliennes-terrestres-en-france-contraintes-et-perspectives ]. Il faut ajouter que l’installation d’une nouvelle éolienne ne peut se faire sur l’infrastructure de l’ancienne dont la qualité du béton ne peut être assurée. Donc le remplacement et a fortiori le «repowering» vont ajouter à l’artificialisation des sols avec des quantités croissantes de béton notamment dans les sols forestiers et les prairies.

Le démantèlement des aérogénérateurs présente donc de nombreuses difficultés allant de pair avec une empreinte environnementale qui est loin d’être négligeable contrairement à ce que laisse entendre le texte de l’ADEME. Un nouveau type de friche industrielle pourrait voir le jour, diffuse dans l’espace et sur des sites qui possédaient une forte naturalité qui sera mise à mal.

Certes, sur ce point rien de comparable avec le démantèlement des centrales nucléaires encore bien plus ardu, aléatoire et dispendieux sans compter la dangerosité de l’entreprise. Par contre comparées avec celles des forages de gaz ou de pétrole, les nuisances environnementales post activité de l’éolien sont au moins aussi importantes et à la différence de ces dernières, on ne sait pas, aujourd’hui, les éliminer ou à défaut les atténuer !

3 - Alors que pour toutes les questions écologiques, on procède ou l’on essaye de procéder à des analyses du cycle de vie qui sont seules significatives et permettent d’évaluer le coût environnemental d’une production ou d’une activité, voilà que pour les besoins de sa propagande pro ENR, l’ADEME saucissonne les différentes étapes et isole l’exploitation et la fin de vie sans se préoccuper de l’extraction des minerais nécessaires aux différents composants et leur raffinage et leur conditionnement et leur transport.

4 - Comme pour beaucoup aujourd’hui à raison ou à tort, le «réchauffement-dérèglement-changement  climatique » est Le problème écologique éclipsant tous les autres, rappelons comme expliqué ci-dessus, que le bilan carbone des ENR nouvelles (solaire photovoltaïque et éolien terrestre ou offshore) n’est pas si bon qu’il en a l’air. En effet, si l’énergie produite parle vent ou le soleil ne font pas problème, elle n’est pas utilisable comme telle. C’est sa capture et conversion en électricité qui fait problème. C’est aussi parce que ce sont des énergies fatales (non pilotables). De ce point de vue, elles ne sont guère meilleures que la cogénération avec le gaz, voire même pas meilleures et peut-être pire ! De plus, ironie du sort à cause même de cette fatalité, elles dépendent du gaz pour assurer le pilotage de la production !

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Développer l’économie locale
 
Les filières des différentes énergies renouvelables sont créatrices d’emplois sur tout le territoire français, avec des spécificités par régions. Elles ont permis de créer 80 000 emplois directs, dans la fabrication des équipements, leur maintenance, mais aussi de l’approvisionnement pour le bois énergie. Les collectivités et les citoyens des territoires engagés dans une démarche de développement des énergies renouvelables se réapproprient les questions d’énergie et mettent en œuvre des solutions concrètes bénéfiques pour l’emploi, le lien social et la protection de leur environnement. Pour en savoir plus, consultez l’infographie « Combien d’emplois grâce à la transition écologique ? » Sur le long terme, les énergies renouvelables sont la forme d’énergie la plus compétitive. Ce sont des énergies incontournables pour le futur.

 
1 – Pour preuve, le lien fourni renvoie à un flyer qui mélange tous les «métiers de l’environnement» qui n’a d’autre valeur que publicitaire. On ne peut que hausser les épaules lorsque l’on sait que les entreprises qui construisent les éoliennes sont allemandes (Enercon, Nordex, Senvion), germano-espagnole (Siemens-Gamesa), danoises (Vestas, Orsted), americaine (General Electric), chinoises (Goldwind, United Power, Envision), indienne (Suzlon), même s’il y a quelques sons-traitants en France. En ce qui concerne les panneaux solaires, inutile de détailler, pas un seul n’est fabriqué en France. Même chose pour les  poêles à granulés (bois) commercialisés en France, ils sont pour la plupart importés d’Italie ou d’Autriche, voire de Serbie selon la DGCCRF ! (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraude).

2 – Le chiffre avancé de 80 000 emplois ne veut rien dire. Certes, le développement des ENR impliquent la création d’emplois puisqu’il s’agit d’une activité nouvelle. Mais celle-ci est censée se substituer à d’autres dans le domaine des énergies « fossiles » et donc elle s’accompagne aussi d’une destruction d’emplois ! Selon l'association négaWatt et l'ADEME, la création d'emplois dans les énergies renouvelables pourrait « compenser » les emplois supprimés dans les énergies fossiles. On peut douter de l’objectivité des « études » menées par ces deux organismes farouchement pro-éolien et solaire mais admettons leur résultats. Les emplois crées compenseront les emplois supprimés. Donc il n’y aura pas de création nette et de plus comme les emplois ne sont pas les mêmes quelqu'un qui perd son emploi dans une raffinerie ne pourra être embauché dans l'éolien. Enfin comme les parcs éoliens sont surveillés de façon centralisée à distance, l'emploi local est réduit à peanuts... Ce texte n’est donc pas honnête !
 
3 – La référence au bois énergie est particulièrement malencontreuse car si le bois est bien, sous certaines conditions, une énergie renouvelable, il n’est pas pour autant une énergie écologique. Son utilisation pour le chauffage domestique est particulièrement polluante : « Les émissions de chauffage au bois représentent pour le secteur résidentiel / tertiaire environ un tiers des émissions totales de particules (PM10), près de la moitié des émissions totales de particules fines (PM2,5), et les deux tiers des émissions totales d’hydrocarbures aromatiques polycycliques dont le Benzo(a)pyrène (BaP), reconnu cancérigène pour l’homme (source Citepa). Par ailleurs, la combustion de bois émet du monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils (COV) tel que le benzène également reconnu cancérigène pour l’homme, des oxydes d’azote (NOx). » Le renouvellement des appareils de chauffage, l’introduction de normes plus drastiques ne résoudront que partiellement le problème.

Quant à l’utilisation du bois pour produire de l’électricité, les quantités nécessaires sont telles que les forêts sont en danger non seulement ici mais partout dans le monde.

D’ailleurs dans une lettre ouverte adressée au président américain Joe Biden, à la présidente de l’Union européenne Ursula Von der Leyen, ainsi qu’à Charles Michel, président du Conseil européen, au Premier ministre japonais Yoshihide Suga et au président sud-coréen Moon Jae-in, plus de 500 scientifiques et économistes ont demandé que le bois-énergie pour produire de l’électricité ou pour le chauffage ne soit plus considéré non polluant et que soient supprimées les subventions induisant une demande exponentielle en granulés de bois.

4 – « Les collectivités et les citoyens des territoires engagés dans une démarche de développement des énergies renouvelables se réapproprient les questions d’énergie et mettent en œuvre des solutions concrètes bénéfiques pour l’emploi, le lien social et la protection de leur environnement. » Osez une telle affirmation, c’est vraiment se moquer des gens ! On a déjà vu ce qu’il en était pour l’emploi, sans doute pas de création nette et probablement pas pour les gens résidant sur le territoire impacté. Quant au lien social et à l’environnement ! Dans l’immense majorité des cas où il y a un projet d’implantation notamment d’éoliennes, la zizanie s’installe entre gens du territoire qui vivaient jusque là plutôt en bonne entente. Il y a les partisans (ceux qui, particuliers ou communes, pensent en tirer bénéfice) et les opposants ceux qui subiront les nuisances (vue, son ultrason, lumières stroboscopiques, dévalorisation de leurs biens) ou qui connaissent les dégâts que l’installation puis le fonctionnement provoqueront à la faune, à la flore, au paysage. Car c’est certain, les éoliennes protègent l’environnement des territoires où elles sont érigées !!!!

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Il est pour le moins curieux que l’ADEME publie de tels textes en faveur des ENR surtout lorsqu’ils sont destinés à la jeunesse ! Les arguments avancés sont si spécieux qu’on les croirait écrits par des lobbyistes des ENR : Ils participent aussi d’une certaine vulgate écolo peu questionnée que l’on retrouve dans les tracts d’EELV et chez les anti-nucléaires qui ne veulent pas entendre parler d’énergie fossile comme le Réseau « Sortir du nuclaire » et le slogan «  ni nucléaire, ni effet de serre ». On est en droit d’attendre mieux et plus d’objectivité d’un établissement public sous tutelle du ministère de « l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation » et de celui de « la Transition écologique » !


Samedi 15 Janvier 2022 Commentaires (0)

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