La plante à l'honneur
La première partie de cette étude concernait les caractéristiques générales du genre et l’hellébore la plus commune en France continentale, Helleborus foetidus. Helleborus viridis plus rare a fait l’objet de la seconde partie. Cette troisième partie sera consacrée à Helleborus niger, la rose de Noël, sans doute la plus connue des jardiniers et des anciens apothicaires et herboristes mais occasionnelle à l’état sauvage dans la plupart de nos régions.
Helleborus niger L. -- Sp. Pl. 1: 558. 1753
Noms français :
Hellébore noir ; Rose de Noël ; Rose d'hiver ; Hellébore a fleurs roses.
Le premier cité est la transposition en français du nom latin attribué en référence à la couleur de sa racine et en opposition à celle de l’Hellébore blanc ; les deux suivants renvoient à la période de floraison, le troisième à une des couleurs des sépales. On aura l’occasion de revenir sur quelques-unes de ses appellations anciennes.
Le premier cité est la transposition en français du nom latin attribué en référence à la couleur de sa racine et en opposition à celle de l’Hellébore blanc ; les deux suivants renvoient à la période de floraison, le troisième à une des couleurs des sépales. On aura l’occasion de revenir sur quelques-unes de ses appellations anciennes.
Répartition
Aujourd’hui selon Gonard (2010) cette espèce ne serait spontanée que dans de rares stations des Alpes-de-Haute-Provence (sans plus de précision) et dans les Alpes‑Maritimes (vallon de la Brendola). Flora gallica (2014) la considère comme très rare et donne comme indication « Vallée de la Roya » (dans les Alpes‑Maritimes) vers 800 m et estime qu’il s’agit probablement de plantes naturalisées. Dans cette flore, l’espèce est considérée comme occasionnelle ailleurs. Elle n’est pas décrite dans la Flore forestière, ni dans le tome 2 (Montagne), ni dans le tome 3 (Région méditerranéenne).
Costes (1909) la signalait dans les « Basses‑Alpes » (Alpes‑Maritimes) sans précision et les Hautes‑Alpes où il ne semble pas qu’on l’y ait retrouvée depuis si ce n’est comme occasionnelle. Rouy (1893-1913) mentionne qu’elle a été signalée à Colmars‑les‑Alpes : lac d’Allos et cols environnants (c.-à-d. à plus de 2 000m d’altitude) mais qu’elle n’avait pas été retrouvée par la suite. Il doute que cette espèce appartienne à la flore de France. Ils se référaient sans doute à Grenier et al. (1848-1856) qui avaient cité les mêmes lieux selon les mêmes sources que ceux rapportés par Rouy. Il semble donc que ces stations n’aient jamais été retrouvées par la suite. Des indications dans les Pyrénées se sont révélées incorrectes.
→ Il peut être utile de connaître ses noms allemands, italiens, roumains, slovènes et bien sûr grecs dans la mesure où c’est dans ces pays qu’elles sont les plus nombreuses à l’état sauvage spontané.
▪ Allemand : schwarz Nieswurz, weiße Christrose ; italien : rosa di natale, roumain : negru spanz, crăciun roz ; slovène : črni teloh ; en grec moderne : ελλέβορος, κάρπη. (En anglais : christmas rose, black hellebore).
Costes (1909) la signalait dans les « Basses‑Alpes » (Alpes‑Maritimes) sans précision et les Hautes‑Alpes où il ne semble pas qu’on l’y ait retrouvée depuis si ce n’est comme occasionnelle. Rouy (1893-1913) mentionne qu’elle a été signalée à Colmars‑les‑Alpes : lac d’Allos et cols environnants (c.-à-d. à plus de 2 000m d’altitude) mais qu’elle n’avait pas été retrouvée par la suite. Il doute que cette espèce appartienne à la flore de France. Ils se référaient sans doute à Grenier et al. (1848-1856) qui avaient cité les mêmes lieux selon les mêmes sources que ceux rapportés par Rouy. Il semble donc que ces stations n’aient jamais été retrouvées par la suite. Des indications dans les Pyrénées se sont révélées incorrectes.
→ Il peut être utile de connaître ses noms allemands, italiens, roumains, slovènes et bien sûr grecs dans la mesure où c’est dans ces pays qu’elles sont les plus nombreuses à l’état sauvage spontané.
▪ Allemand : schwarz Nieswurz, weiße Christrose ; italien : rosa di natale, roumain : negru spanz, crăciun roz ; slovène : črni teloh ; en grec moderne : ελλέβορος, κάρπη. (En anglais : christmas rose, black hellebore).
Description
Helleborus niger L. subsp. niger est la sous-espèce présente en France. C’est elle qui sera décrite ici.
L’autre sous-espèce [H.niger L. subsp. macranthus (Freyn) Schiffner – Bot. Jahrb. Syst. 1890] pousse en Illyrie (rive orientale de l'Adriatique, Ouest de la Croatie, de la Slovénie, de la Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, de l'Albanie et du Kosovo).
H. niger est calcicole. Il se plait dans les bois clairs au sol rocailleux, les lisières forestières arbustives et, dans son aire naturelle, les garrigues.
Il fleurit de Janvier à Avril.
- plante vivace, haute de 13 à 20 cm,
- rhizome noirâtre d'où partent des fibres épaisses et charnues,
- feuilles toutes à la base, coriaces, robustes, longuement pétiolées, vert foncé sur le dessus, vert plus clair au-dessous, pédalées pennatiséquées divisée en 7 – 9 folioles lancéolés à sub-ovés cunéiformes, plus larges dans la partie supérieure, marges dentées seulement sur le haut et à l’apex,
- fleurs actinomorphes, 1 – 2 (3) par pied de 5cm de large environ, tépales largement ovés, blancs, verdissant après l’anthèse, généralement 7 carpelles,
- follicules mûrs d’environ 3 cm de long, plus longs que larges, soudés à la base, becs droits égalant la longueur.
N. B. : A partir de cette plante, les horticulteurs obtenteurs ont réalisé et continuent de réaliser une multitude de cultivars. Il n’est donc pas du tout certain que les plantes achetées en pépinières ou dans les jardineries, voire observées dans un jardin botanique, possèdent les caractéristiques décrites ci-dessus.
Dans la nature aussi H. niger montre de grandes variations, surtout dans la sous-espèce considérée ici. Ces variations concernent toutes les parties de la plante. Mais évidemment, les plus spectaculaires concernent les sépales pétaloïdes dont la couleur varie selon le degré de maturation de la fleur, son exposition, la température ambiante. Avant anthèse elle va du blanc pur au rose en début de floraison pour virer ensuite au jaune puis au jaune orangé voire au rouge avec des nuances infinies selon les individus pour enfin devenir entièrement vert … ou rouge, couleur typique de l’autre sous-espèce ! Les sépales entièrement verts en fin de floraison sont plutôt arborés par les sujets ayant poussé à l’ombre, tandis que ceux ayant été exposés au soleil ont des sépales de couleurs plus variées. La couleur d’un même pied peut même changer avec la température : plutôt blanc lavé de rose quand il fait froid, d’un blanc pur lorsque la température remonte ! (Cf. Bavcon 2014, pp. 54–55.
Il reste que le caractère distinctif entre les deux sous-espèces est la forme des feuilles et celle-ci est stable pour l’une comme pour l’autre.
●→Devant cette variabilité, il faut préciser le matériel à partir duquel la description donnée ici a été élaborée : un spécimen sauvage naturalisé (au pied du Puy du Var (Cébazat 63), côté Nord-Ouest à ~ 365 m d’altitude, en fleurs 3ième semaine de mars), exemplaires en jardinerie, scans Photoflora, iconographie Téla Botanica, scan du lectotype, Bavcon (2014), Rottensteine (2016), photographies d’exemplaires slovènes et roumains. Les flores consultées sont celles citées en bibliographie.
Pollinisation & dispersion
Comme les autres espèces d’hellébores, celle-ci est entomogame et sa dispersion myrmécochore.
Observation
La Rose de Noël est une fleur originaire des montagnes alpines du centre de l’Europe. C’est une montagnarde parée pour faire face aux conditions les plus rudes de la vie à des altitudes élevées en hiver et au début du printemps. Comme Minerve naissant déjà toute armée du crâne de Jupiter, le bouton sort de terre déjà formé et sa taille ne fera que doubler avant qu’il se fane. Il arrive même parfois, lors d’hivers longs et rigoureux, qu’elle émerge de la neige fondante ses fruits déjà formés, résultat d’une autofécondation probable. Certes, elle est hermaphrodite et protogyne comme les autres espèces du genre et elle est d’ordinaire fécondée par des hyménoptères et diptères dans un processus de fécondation croisée. Mais comme les autres espèces étudiées ici, l’auto-compatibilité et le chevauchement partiel des stades ♀ et ♂ par allongement de la réceptivité des stigmates assurent la pollinisation en cas d’échec pour une raison ou une autre de la fécondation croisée, par exemple le manque de pollinisateurs dans le cas où le développement de la plante se déroule sous la neige à cause de la longueur de l’hiver et d’un printemps pourri et froid.
◊ Une curieuse particularité : le changement de couleur des sépales pétaloïdes
Comme c’est le cas pour H. foetidus et H. viridis, les sépales pétaloïdes de H. niger croissent après l’anthèse lors de la fructification. Cependant, H. niger subsp. niger a une curieuse particularité : ses sépales non seulement croissent mais changent de couleur, de blanches elles deviennent vertes et donc propre à réaliser la photosynthèse. Ce type de phénomène n’existe que dans peu d’espèces. Citons pour ce qui concerne la flore de la France hexagonale, Chrysosplenium alternifolium L. et Chrysosplenium oppositifolium L., deux petits saxifrages qui poussent dans des stations humides (bords des ruisseaux, sources...) (Cf. Sitte 1974, cité par Salopek-Sondi et al. 2000)
En ce qui concerne les sépales des roses de Noël, ils passent du blanc au jaune-vert (vert clair) peu de temps après la fertilisation, puis au vert dans les derniers jours de la maturation des fruits. Les fleurs qui sont exposées à la lumière directe du soleil au milieu de la journée peuvent accumuler en plus des pigments anthocyaniques de telle sorte que les sépales pétaloïdes de ces fleurs sont roses à l’anthèse et passent du rouge sombre au violet au cours de la maturation des graines dans le fruit. (Salopek-Sondi et al. 2000). Ces derniers sont beaucoup moins performants photosynthétiquement.
De nombreux articles sont consacrés à l’examen de ce processus et de la façon dont il est déclenché et quelles sont les hormones qui sont mises en jeu, le locus de leur production. (Brcko et al. 2012, Salopek-Sondi et al. 2000, 2002, 2007, 2011, Tarkowski et al. 2006, Schmitzer et al. 2013…). Des expérimentations et observations in situ, il en ressort que ce serait la maturation du fruit qui déclenche le processus de verdissement ainsi que celui de l’élongation de la hampe florale, que ce verdissement permet une amélioration du budget carbone de la plante pour supporter le coût énergétique du développement du fruit et de la maturation des graines. Ces phénomènes ne se produisent pas en cas d’absence de fruit due soit à une dépistilisation expérimentale, soit à une absence de fécondation naturelle bien que les structures reproductives des pieds non fécondées aient la même durée de vie que celles fécondées. Trois groupes principaux d’hormones végétales seraient en jeu (cytokines, gibbérellines et auxines, pour le détail voir les articles cités). Le développement du fruit et surtout des graines constitue une riche source de ces groupes d’hormones et c’est l’interaction complexe de celles-ci qui coordonne le développement des autres parties de la fleur.
◊ Les pièces florales – périanthes et enveloppe du fruit – peuvent-elles être relativement autotrophes par rapport au reste de la plante ?
C’est ce que suggère la manière dont se déroule le développement annuel de la plante. Les feuilles de l’année précédente qui ont passé l’hiver ne sont guère opérationnelles ni lors du développement de la nouvelle pousse, ni pendant l’anthèse car elles sont recouvertes de neige ou de débris et de plus, elles disparaissent vers le moment où le fruit commence à se former. Quelques jours plus tard, de jeunes feuilles apparaissent mais elles ne sont pas encore complétement développées au moment de la maturité des graines. Il ressort donc de ce déroulé des opérations que la seule source d’obtention d’assimilats est le périanthe vert si l’on excepte le recours aux stocks contenus dans le rhizome. Comme la plante réussit tout de même à produire des graines, on peut supposer que les pièces florales peuvent être auto-suffisantes en ce qui concerne leurs besoins en carbone. ( Salopek-Sondi et al. 2007)
L’ablation des sépales immédiatement après l’anthèse donne des résultats contradictoires : pratiquement pas de graines produites une année et pas de différence l’année suivante (Salopek-Sondi et al. 2002, 2007). Dans l’article de 2007 les auteurs émettent l’hypothèse que la différence des résultats serait due au fait que dans le premier cas, il n’y avait pas de feuilles alors qu’elles étaient présentes dans le second. Ils en concluent que « les sépales verts sont la source d’assimilats la plus rapprochée et la plus sûre mais elle n’est pas nécessairement la seule mise en jeu dans le développement des graines de la rose de Noël. Cette flexibilité devrait être un avantage compétitif pour une espèce exposée durant la fructification à des conditions météorologiques stressantes, en perpétuels changements, les conditions météorologiques des hivers et débuts de printemps de l’Europe du Sud. (The green sepals are the closest and most reliable, but not necessarily the only, source of assimilates for the developing Christmas rose seeds. This flexibility should be a competitive advantage for a species exposed, during fruit set, to the stressful, ever changing, weather conditions of a South-European winter and early spring.)» (2007, p. 154) Peut-être cette conclusion pourrait-elle être étendue à H. viridis (voir dans la deuxième partie la discussion concernant le rôle des sépales dans cette espèce).
◊ Une curieuse particularité : le changement de couleur des sépales pétaloïdes
Comme c’est le cas pour H. foetidus et H. viridis, les sépales pétaloïdes de H. niger croissent après l’anthèse lors de la fructification. Cependant, H. niger subsp. niger a une curieuse particularité : ses sépales non seulement croissent mais changent de couleur, de blanches elles deviennent vertes et donc propre à réaliser la photosynthèse. Ce type de phénomène n’existe que dans peu d’espèces. Citons pour ce qui concerne la flore de la France hexagonale, Chrysosplenium alternifolium L. et Chrysosplenium oppositifolium L., deux petits saxifrages qui poussent dans des stations humides (bords des ruisseaux, sources...) (Cf. Sitte 1974, cité par Salopek-Sondi et al. 2000)
En ce qui concerne les sépales des roses de Noël, ils passent du blanc au jaune-vert (vert clair) peu de temps après la fertilisation, puis au vert dans les derniers jours de la maturation des fruits. Les fleurs qui sont exposées à la lumière directe du soleil au milieu de la journée peuvent accumuler en plus des pigments anthocyaniques de telle sorte que les sépales pétaloïdes de ces fleurs sont roses à l’anthèse et passent du rouge sombre au violet au cours de la maturation des graines dans le fruit. (Salopek-Sondi et al. 2000). Ces derniers sont beaucoup moins performants photosynthétiquement.
De nombreux articles sont consacrés à l’examen de ce processus et de la façon dont il est déclenché et quelles sont les hormones qui sont mises en jeu, le locus de leur production. (Brcko et al. 2012, Salopek-Sondi et al. 2000, 2002, 2007, 2011, Tarkowski et al. 2006, Schmitzer et al. 2013…). Des expérimentations et observations in situ, il en ressort que ce serait la maturation du fruit qui déclenche le processus de verdissement ainsi que celui de l’élongation de la hampe florale, que ce verdissement permet une amélioration du budget carbone de la plante pour supporter le coût énergétique du développement du fruit et de la maturation des graines. Ces phénomènes ne se produisent pas en cas d’absence de fruit due soit à une dépistilisation expérimentale, soit à une absence de fécondation naturelle bien que les structures reproductives des pieds non fécondées aient la même durée de vie que celles fécondées. Trois groupes principaux d’hormones végétales seraient en jeu (cytokines, gibbérellines et auxines, pour le détail voir les articles cités). Le développement du fruit et surtout des graines constitue une riche source de ces groupes d’hormones et c’est l’interaction complexe de celles-ci qui coordonne le développement des autres parties de la fleur.
◊ Les pièces florales – périanthes et enveloppe du fruit – peuvent-elles être relativement autotrophes par rapport au reste de la plante ?
C’est ce que suggère la manière dont se déroule le développement annuel de la plante. Les feuilles de l’année précédente qui ont passé l’hiver ne sont guère opérationnelles ni lors du développement de la nouvelle pousse, ni pendant l’anthèse car elles sont recouvertes de neige ou de débris et de plus, elles disparaissent vers le moment où le fruit commence à se former. Quelques jours plus tard, de jeunes feuilles apparaissent mais elles ne sont pas encore complétement développées au moment de la maturité des graines. Il ressort donc de ce déroulé des opérations que la seule source d’obtention d’assimilats est le périanthe vert si l’on excepte le recours aux stocks contenus dans le rhizome. Comme la plante réussit tout de même à produire des graines, on peut supposer que les pièces florales peuvent être auto-suffisantes en ce qui concerne leurs besoins en carbone. ( Salopek-Sondi et al. 2007)
L’ablation des sépales immédiatement après l’anthèse donne des résultats contradictoires : pratiquement pas de graines produites une année et pas de différence l’année suivante (Salopek-Sondi et al. 2002, 2007). Dans l’article de 2007 les auteurs émettent l’hypothèse que la différence des résultats serait due au fait que dans le premier cas, il n’y avait pas de feuilles alors qu’elles étaient présentes dans le second. Ils en concluent que « les sépales verts sont la source d’assimilats la plus rapprochée et la plus sûre mais elle n’est pas nécessairement la seule mise en jeu dans le développement des graines de la rose de Noël. Cette flexibilité devrait être un avantage compétitif pour une espèce exposée durant la fructification à des conditions météorologiques stressantes, en perpétuels changements, les conditions météorologiques des hivers et débuts de printemps de l’Europe du Sud. (The green sepals are the closest and most reliable, but not necessarily the only, source of assimilates for the developing Christmas rose seeds. This flexibility should be a competitive advantage for a species exposed, during fruit set, to the stressful, ever changing, weather conditions of a South-European winter and early spring.)» (2007, p. 154) Peut-être cette conclusion pourrait-elle être étendue à H. viridis (voir dans la deuxième partie la discussion concernant le rôle des sépales dans cette espèce).
Usages
◊ H. niger est une plante mellifère décorative et ornementale.
À ce titre elle a de nombreux cultivars. Elle est utilisée comme fleurs coupées, fleurs tombales, pour les massifs, les bordures, les rocailles. Outre son aspect général, la longévité de sa floraison, et la beauté de ses fleurs et feuilles, c’est sa floraison précoce qui a fait son succès en horticulture. En pleine terre, elle ne fleurira pas à Noël dans nos contrées mais plutôt pour les plus précoces en Janvier. Ce n’est qu’en intérieur que l’on peut obtenir une floraison pour Noël.
La Rose de Noël est une plante de demi-ombre rustique, peu exigeante. Elle supporte des températures basses jusqu’à -18° – -20 ; si elle n’aime pas la sécheresse la première année, les plantes bien installées supportent bien par la suite les sécheresses estivales. Par contre les limaces raffolent de ses boutons et elle est sensible aux maladies cryptogamiques comme la maladie des « taches noires » qui peut être mortelle pour elle. Elle pousse très lentement : il faut compter deux ans avant la première floraison. Enfin il faut bien calculer ses emplacements avant plantation car elle n’aime pas être déplacée : elle risque de ne plus fleurir après une transplantation.
En définitive, c’est une plante assez difficile à cultiver au moins au début de son implantation. Elle peut néanmoins s’échapper des jardins et se naturaliser si elle trouve un endroit à son goût.
◊ La poudre de racines d’H. niger et viridis interdite comme poudre à éternuer par l’UE
À l’annexe XVII, n° 9 b du règlement (CE) No 1907/2006 du Parlement Européen et du Conseil du 18 décembre 2006 concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), la poudre de racine d’Helleborus viridis et d’Helleborus niger : « 1. Ne peuvent être utilisées dans les farces et attrapes ou objets destinés à être utilisés comme tels, par exemple comme constituants de la poudre à éternuer et des boules puantes. 2. Le paragraphe 1 ne s'applique cependant pas aux boules puantes d'un contenu ne dépassant pas 1,5 ml de liquide » (sic). H. viridis et niger ne sont concernées que pour la poudre à éternuer. (Pour les boules puantes, il s’agit d’une autre substance mentionnée au n° 9 a).
Mis à part le côté courtelinesque que le paragraphe de cette annexe partage avec une multitude d’autres textes du même acabit pondus par les instances de l’UE, on notera que s’il faut interdire cet usage sternutatoire de la poudre de racine de ces hellébores, c’est qu’il devait exister. Cette propriété de la poudre de racine d’H. viridis et H. niger est commune à d’autres espèces du genre et était connue depuis l’Antiquité.
◊ Usage médicinal
Outre son utilisation pour traiter les troubles mentaux qui est son usage le plus connu, cet hellébore était utilisé pour ses vertus purgatives : « C’est probablement à l'ellébore qui croissait en abondance dans les iles Anticyres, plutôt qu'à la prétendue guérison d'Hercule devenu furieux, opérée par un habitant de ces contrées, que ces îles durent leur antique célébrité pour la guérison de la folie. Navigare Anticyras est le précepte que l'on donnait parmi les Grecs à ceux qui avaient perdu la raison. L'ellébore n'était pas moins estimé des anciens par ses propriétés vomitive et purgative, et l'on voit à chaque instant dans les ouvrages d'Hippocrate combien ce grand homme y avait fréquemment recours. » (Chaumeton 1830 p. 183). Cet auteur dresse une liste, non exhaustive mais déjà impressionnante, des usages traditionnels de la plante : « les auteurs de matière médicale s'accordent à lui accorder (sic !) des propriétés vomitive, purgative, diurétique, emménagogue, sternutatoire, altérante, anthelminthique, apéritive, antiphtisique, etc. » (ibid.). L’hellébore noir a aussi été employé comme cardiotonique et pour agir sur les artères et les nerfs dans l’antiquité jusqu’à la période Byzantine (Maior et al. 2013). Plus tard, Il entra dans la composition de l’ « élixir de longue vie » de Paracelse. Il a aussi été utilisé contre les rhumatismes, notamment aux XVIe et XVIIe siècle (Cf. Adams et al. 2009).
● À l’origine de ces usages : la légende de Mélampous et des Prœtides.
L’origine de l’utilisation de l’Hellébore noir comme plante médicinale se perd dans la nuit des temps. Les Grecs anciens la font remonter à un personnage mythique guérisseur et devin : Mélampous ou Mélampus, en grec ancien Μέλαμπους, « aux pieds noirs » (μέλας (mélas) « noir » ; πούς (poús) «pied»).
C’est d’ailleurs pourquoi cet hellébore est nommé en grec ancien μελαμπόδιον (mélampodion) : « On appelle parfois l’hellébore noir « la découpe de Mélampous », parce que ce personnage l’aurait pour la première fois découverte et coupée » (Théophraste, Recherche sur les plantes, (Livre IX, 10, 4) trad. f. p. 354). Ou peut-être est-ce l’inverse : « Pour l’hellébore à rhizome noir, [le découvreur] ne pouvait être qu’un certain Mélampous, littéralement « l’homme aux pieds noirs » » (Amigues, p. 354).
Entre autres exploits, Mélampous aurait guéri de la folie les trois filles de Προῖτος (Prœtos) le roi d’Argos, connues sous le nom des ‘Prœtides’. Lorsqu’elles furent en âge de se marier, ces trois jeunes filles offensèrent Héra selon certaines versions, Dionysos selon d’autres, qui les punirent en les rendant folles. Elles quittèrent leur palais et s’enfuient dans la montagne « aux forêts touffues en poussant des cris terribles, laissant la ville de Tirynthe et ses rues bâties par les dieux » (Bacchylide, Epinicies, XI). Elles se prenaient pour des vaches et mugissaient. Hésiode mentionne que pendant cette fuite et cette errance elles font preuve de lubricité (μάχλος). Courant nues et en furie à travers les bois «Leur odieuse impudeur a fané leur tendre jeunesse» d’autant que selon le poète elles furent frappées d’une maladie qui fit blanchir leur peau (vitiligo ?) et tomber leurs cheveux (Hésiode, Catalogue des femmes, fragment 130 M-V).
Mélampous était certes un devin et un guérisseur renommé mais ses honoraires étaient plutôt élevés. Pour prix de la guérison de ses trois filles, il demandait à Prœtos le tiers de son royaume. Prœtos refusa. Cependant la situation empira lorsque la folie de ses trois filles devint contagieuse et frappa aussi les autres femmes du royaume qui quittaient leur maison, tuaient leurs propres enfants et fuyaient dans la nature. Le roi se résolut à faire de nouveau appel à Mélampous qui demanda alors les deux tiers du royaume – un tiers pour lui et un tiers pour son frère, Bias – et de choisir l’une des trois sœurs pour épouse. Prœtos accepta.
Mélampous fit usage à la fois de ses dons de devin et de guérisseur pour soigner et guérir les Prœtides par « ses enchantements et par ses herbes » selon l’expression d’Ovide dans les Métamorphoses (XV, 326-327). Il mêla danses rituelles, prières, fumigations et purifications par des ablutions ou des bains dans des ruisseaux ou des sources dont la localisation varie selon les versions et leur fit prendre de l’hellébore noir. Selon Apollodore il aurait été le premier à concevoir un traitement avec des médicaments et des purifications (Bibliothèque, 2.2.2).
Ce sont surtout les botanistes et les médecins qui insistèrent sur le recours à l’Hellébore noire. Outre Théophraste déjà cité, on peut mentionner Pline l’Ancien qui, concernant ce mythe, écrivit dans son Naturalis Historia (Histoire naturelle) (XXI, 1) : « On connaît la réputation de Mélampus (VII, 33) dans les arts de la divination ; il a donné son nom à une espèce d'ellébore, le mélampodion. Quelques-uns attribuent la découverte de cette plante à un berger de ce nom, qui remarqua que les chèvres étaient purgées quand elles en avaient mangé, et qui guérit la folie des filles de Proetus en leur donnant le lait de ces chèvres.» (Trad. f. Emile Littré).
À ces deux auteurs on peut ajouter Hippocrate (Lettres, 16), Dioscoride, De Materia Medica ou Περὶ ὕλης ἰατρικῆς (4.162.1) Galien, De atra bile ou Περὶ της μελαίνηϚ χολῆϚ (Sur la bile noire) 7; Oribase, ἸατρικώϚ συναγώγων (Collection médicale) (7.26.42).
● À l’origine de la guerre chimique ? Le siège de Cirrha ou comment prendre une ville en purgeant drastiquement ses défenseurs.
Une utilisation peu médicale des vertus purgatives de l’Hellébore noir « par le bas » est due à l’inventivité de Solon si l’on en croit Plutarque (Vie des hommes illustres – Vie de Solon) et Pausanias, un historien géographe de la deuxième moitié du IIe siècle (Voyage historique de la Grèce, Livre X, 37[8])
Dans les années 590 à 600 avant J. C. éclata en Grèce la première « guerre sacrée » menée par la Ligue amphictyonique, la coalition des cités co-gestionnaires du Sanctuaire d’Apollon à Delphes. Selon Pausanias, les habitants de Cirrha, le port de Delphes, s’étaient approprié un terrain appartenant au temple d’Apollon. La Ligue amphictyonique fit venir Solon pour prendre ses conseils et déclara la guerre aux Cirrhéens.
La Rose de Noël est une plante de demi-ombre rustique, peu exigeante. Elle supporte des températures basses jusqu’à -18° – -20 ; si elle n’aime pas la sécheresse la première année, les plantes bien installées supportent bien par la suite les sécheresses estivales. Par contre les limaces raffolent de ses boutons et elle est sensible aux maladies cryptogamiques comme la maladie des « taches noires » qui peut être mortelle pour elle. Elle pousse très lentement : il faut compter deux ans avant la première floraison. Enfin il faut bien calculer ses emplacements avant plantation car elle n’aime pas être déplacée : elle risque de ne plus fleurir après une transplantation.
En définitive, c’est une plante assez difficile à cultiver au moins au début de son implantation. Elle peut néanmoins s’échapper des jardins et se naturaliser si elle trouve un endroit à son goût.
◊ La poudre de racines d’H. niger et viridis interdite comme poudre à éternuer par l’UE
À l’annexe XVII, n° 9 b du règlement (CE) No 1907/2006 du Parlement Européen et du Conseil du 18 décembre 2006 concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), la poudre de racine d’Helleborus viridis et d’Helleborus niger : « 1. Ne peuvent être utilisées dans les farces et attrapes ou objets destinés à être utilisés comme tels, par exemple comme constituants de la poudre à éternuer et des boules puantes. 2. Le paragraphe 1 ne s'applique cependant pas aux boules puantes d'un contenu ne dépassant pas 1,5 ml de liquide » (sic). H. viridis et niger ne sont concernées que pour la poudre à éternuer. (Pour les boules puantes, il s’agit d’une autre substance mentionnée au n° 9 a).
Mis à part le côté courtelinesque que le paragraphe de cette annexe partage avec une multitude d’autres textes du même acabit pondus par les instances de l’UE, on notera que s’il faut interdire cet usage sternutatoire de la poudre de racine de ces hellébores, c’est qu’il devait exister. Cette propriété de la poudre de racine d’H. viridis et H. niger est commune à d’autres espèces du genre et était connue depuis l’Antiquité.
◊ Usage médicinal
Outre son utilisation pour traiter les troubles mentaux qui est son usage le plus connu, cet hellébore était utilisé pour ses vertus purgatives : « C’est probablement à l'ellébore qui croissait en abondance dans les iles Anticyres, plutôt qu'à la prétendue guérison d'Hercule devenu furieux, opérée par un habitant de ces contrées, que ces îles durent leur antique célébrité pour la guérison de la folie. Navigare Anticyras est le précepte que l'on donnait parmi les Grecs à ceux qui avaient perdu la raison. L'ellébore n'était pas moins estimé des anciens par ses propriétés vomitive et purgative, et l'on voit à chaque instant dans les ouvrages d'Hippocrate combien ce grand homme y avait fréquemment recours. » (Chaumeton 1830 p. 183). Cet auteur dresse une liste, non exhaustive mais déjà impressionnante, des usages traditionnels de la plante : « les auteurs de matière médicale s'accordent à lui accorder (sic !) des propriétés vomitive, purgative, diurétique, emménagogue, sternutatoire, altérante, anthelminthique, apéritive, antiphtisique, etc. » (ibid.). L’hellébore noir a aussi été employé comme cardiotonique et pour agir sur les artères et les nerfs dans l’antiquité jusqu’à la période Byzantine (Maior et al. 2013). Plus tard, Il entra dans la composition de l’ « élixir de longue vie » de Paracelse. Il a aussi été utilisé contre les rhumatismes, notamment aux XVIe et XVIIe siècle (Cf. Adams et al. 2009).
● À l’origine de ces usages : la légende de Mélampous et des Prœtides.
L’origine de l’utilisation de l’Hellébore noir comme plante médicinale se perd dans la nuit des temps. Les Grecs anciens la font remonter à un personnage mythique guérisseur et devin : Mélampous ou Mélampus, en grec ancien Μέλαμπους, « aux pieds noirs » (μέλας (mélas) « noir » ; πούς (poús) «pied»).
C’est d’ailleurs pourquoi cet hellébore est nommé en grec ancien μελαμπόδιον (mélampodion) : « On appelle parfois l’hellébore noir « la découpe de Mélampous », parce que ce personnage l’aurait pour la première fois découverte et coupée » (Théophraste, Recherche sur les plantes, (Livre IX, 10, 4) trad. f. p. 354). Ou peut-être est-ce l’inverse : « Pour l’hellébore à rhizome noir, [le découvreur] ne pouvait être qu’un certain Mélampous, littéralement « l’homme aux pieds noirs » » (Amigues, p. 354).
Entre autres exploits, Mélampous aurait guéri de la folie les trois filles de Προῖτος (Prœtos) le roi d’Argos, connues sous le nom des ‘Prœtides’. Lorsqu’elles furent en âge de se marier, ces trois jeunes filles offensèrent Héra selon certaines versions, Dionysos selon d’autres, qui les punirent en les rendant folles. Elles quittèrent leur palais et s’enfuient dans la montagne « aux forêts touffues en poussant des cris terribles, laissant la ville de Tirynthe et ses rues bâties par les dieux » (Bacchylide, Epinicies, XI). Elles se prenaient pour des vaches et mugissaient. Hésiode mentionne que pendant cette fuite et cette errance elles font preuve de lubricité (μάχλος). Courant nues et en furie à travers les bois «Leur odieuse impudeur a fané leur tendre jeunesse» d’autant que selon le poète elles furent frappées d’une maladie qui fit blanchir leur peau (vitiligo ?) et tomber leurs cheveux (Hésiode, Catalogue des femmes, fragment 130 M-V).
Mélampous était certes un devin et un guérisseur renommé mais ses honoraires étaient plutôt élevés. Pour prix de la guérison de ses trois filles, il demandait à Prœtos le tiers de son royaume. Prœtos refusa. Cependant la situation empira lorsque la folie de ses trois filles devint contagieuse et frappa aussi les autres femmes du royaume qui quittaient leur maison, tuaient leurs propres enfants et fuyaient dans la nature. Le roi se résolut à faire de nouveau appel à Mélampous qui demanda alors les deux tiers du royaume – un tiers pour lui et un tiers pour son frère, Bias – et de choisir l’une des trois sœurs pour épouse. Prœtos accepta.
Mélampous fit usage à la fois de ses dons de devin et de guérisseur pour soigner et guérir les Prœtides par « ses enchantements et par ses herbes » selon l’expression d’Ovide dans les Métamorphoses (XV, 326-327). Il mêla danses rituelles, prières, fumigations et purifications par des ablutions ou des bains dans des ruisseaux ou des sources dont la localisation varie selon les versions et leur fit prendre de l’hellébore noir. Selon Apollodore il aurait été le premier à concevoir un traitement avec des médicaments et des purifications (Bibliothèque, 2.2.2).
Ce sont surtout les botanistes et les médecins qui insistèrent sur le recours à l’Hellébore noire. Outre Théophraste déjà cité, on peut mentionner Pline l’Ancien qui, concernant ce mythe, écrivit dans son Naturalis Historia (Histoire naturelle) (XXI, 1) : « On connaît la réputation de Mélampus (VII, 33) dans les arts de la divination ; il a donné son nom à une espèce d'ellébore, le mélampodion. Quelques-uns attribuent la découverte de cette plante à un berger de ce nom, qui remarqua que les chèvres étaient purgées quand elles en avaient mangé, et qui guérit la folie des filles de Proetus en leur donnant le lait de ces chèvres.» (Trad. f. Emile Littré).
À ces deux auteurs on peut ajouter Hippocrate (Lettres, 16), Dioscoride, De Materia Medica ou Περὶ ὕλης ἰατρικῆς (4.162.1) Galien, De atra bile ou Περὶ της μελαίνηϚ χολῆϚ (Sur la bile noire) 7; Oribase, ἸατρικώϚ συναγώγων (Collection médicale) (7.26.42).
● À l’origine de la guerre chimique ? Le siège de Cirrha ou comment prendre une ville en purgeant drastiquement ses défenseurs.
Une utilisation peu médicale des vertus purgatives de l’Hellébore noir « par le bas » est due à l’inventivité de Solon si l’on en croit Plutarque (Vie des hommes illustres – Vie de Solon) et Pausanias, un historien géographe de la deuxième moitié du IIe siècle (Voyage historique de la Grèce, Livre X, 37[8])
Dans les années 590 à 600 avant J. C. éclata en Grèce la première « guerre sacrée » menée par la Ligue amphictyonique, la coalition des cités co-gestionnaires du Sanctuaire d’Apollon à Delphes. Selon Pausanias, les habitants de Cirrha, le port de Delphes, s’étaient approprié un terrain appartenant au temple d’Apollon. La Ligue amphictyonique fit venir Solon pour prendre ses conseils et déclara la guerre aux Cirrhéens.
Le siège de Cirrha s’éternisait sans que rien de décisif ne soit acquis de part et d’autre. Solon eut alors l’idée d’un stratagème. Il avait découvert un aqueduc caché qui était un bras du fleuve Plistus, et qui fournissait d'eau la ville de Cirrha. Il le détourna dans un canal qu'il fit creuser ; mais voyant que les habitants bien munis de puits et de citernes, continuaient à se défendre, il fit remplir ce nouveau canal de racines d'Ellébore dont il se faisait un grand commerce dans le pays d’après Plutarque. Quand ces racines eurent communiqué à l'eau leur vertu purgative, Solon ouvrit le cours de l'aqueduc. Les Assiégés burent avidement de ces eaux nouvelles, ce qui leur causa une diarrhée si violente qu'ils abandonnèrent leurs remparts. « Les Amphictyons maîtres de la Ville punirent leur impiété ; Cirrha devint le port et l'arsenal de Delphes. » La punition fut rude : les hommes furent passés au fil de l’épée et les femmes et les enfants vendus en esclavage.
L’Obs. a republié le 15 avril 2005 un article « ahurissant » et « hallucinant » selon les mots mêmes du journal. Il avait été publié pour la première fois dans Le Nouvel Observateur n° 21 du 8 avril 1965, quarante ans plus tôt. Il est ahurissant et hallucinant tout simplement parce qu’il s’agit d’un texte dans lequel un général américain, J.H. Rothschild se livre à un plaidoyer froidement argumenté en faveur des armes chimiques et bactériologiques. Pour lui, le stratagème de Solon est un exemple d’utilisation d’arme chimique et peut-être le début de l’utilisation de ce type d’armes. Il cite pratiquement in extenso le paragraphe que Pausanias consacre à cet événement à l’appui de son apologie des armes chimiques. Selon nos standards actuels, Solon, l’homme qui aurait introduit la démocratie à Athènes aurait été à l’origine d’un type d’armes qui rend coupable de crime de guerre le chef d’état qui ordonnerait d’y recourir.
● Du quasi abandon au regain d’intérêt.
L’usage de l’hellébore noir a été peu à peu abandonné en médecine traditionnelle. Incertitudes sur les plantes utilisées, résultats incertains, effets secondaires parfois graves, voire mortels. Déjà Pinel (1792) dans ses articles sur le genre et ses espèces se montre réservé.
Selon Chaumeton (1830) ses prescriptions doivent être très restreintes par rapport à toutes celles qui ont eu cours. Néanmoins pour cet auteur les résultats aléatoires obtenus, la diversité des dosages et des méthodes d’administration ne remettent pas en cause les vertus de la plante. Il les attribue à deux causes : les différences d’état de conservation de ses parties utiles et notamment du rhizome qui est celle la plus souvent utilisée et l’incertitude sur la nature réelle des produits commercialisés. Concernant le premier point il écrit : « Il faut se rappeler que la manière d'agir de cette plante héroïque varie selon son ancienneté, selon les lieux où elle a pris naissance, et selon les préparations qu'on lui a fait subir. Récente, elle est acre, vénéneuse, et produit la rubéfaction et la vésication de la peau : modérément desséchée, elle fait vomir, elle purge, elle détermine l’éternuement, elle excite la sécrétion des urines, elle provoque l'écoulement menstruel, celui des hémorroïdes, et augmente en un mot la contractilité insensible de nos organes : mais après avoir été entièrement desséchée, elle conserve à peine une légère vertu purgative. C'est faute d'avoir donné à ces différentes circonstances l'attention convenable, que les observateurs ont tant varié d'opinion sur la manière d'agir de l'ellébore, et que les résultats de son administration ont été si souvent contradictoires. » (p. 184).
Quant à ce que l’on trouve dans le commerce sous le nom d’hellébore noire, Chaumeton constate que : « soit par ignorance, soit par cupidité, la racine de l'ellébore noir est souvent confondue et presque toujours mêlée avec plusieurs autres racines qui lui sont ainsi substituées dans les prescriptions, à l'insu du médecin. Telles sont celles de l’Elleborus fœtidus, de l’E. viridis, de l’Adonis, vernalis, de l’apennina, du Trollius europœus, d’Actea spicata, de l’Astrantia major, et de l’Aconitum napellus. Cette sophistication est encore une des causes de la différence des résultats obtenus sur l'action de l'ellébore noir et de l'extrême diversité qui règne dans la détermination des doses auxquelles il convient de l'administrer. » (p. 185).
Mérat et De Lens (1837) constatent que H. niger n’est pratiquement plus employée et le regrettent : « Ce médicament, qu'Hippocrate employait journellement, qu'il prescrit à chaque page de ses ouvrages, est aujourd'hui tombé dans le plus grand oubli ; on ne peut pas dire que ce soit à cause de son inactivité. Cet abandon nous semble devoir être attribué à plusieurs causes. 1° A l'incertitude du médicament qu'on emploie. On pense que nous n'avons pas l'hellébore des anciens, et dès lors on ne prescrit pas cette racine dans la crainte que celui que nous donnons n'ait pas les mêmes vertus. Nous avons dit plus haut qu'il n'était pas prouvé qu'ils n'employassent pas H. niger, et que d'ailleurs en nous servant de H. orientalis Lam., nous userions du même qu'eux. 2° La racine que nous employons est d'un effet très inégal, soit par sa vétusté, soit par son altération. Effectivement on la mélange souvent avec celles d’Adonis, de Trollius europoeus L., de Veratrum album, L., d’Actea spicata, L. , d’Astrantia major L., d'Aconit, etc. ; substitutions inaperçues, dit M. de Candolle, et qui prouvent l'extrême analogie de toutes ces racines (Essai, 69), mais qui doivent toutefois produire des résultats variables. 3° On l'a donné, d'après les indications des anciens, dans des cas où elle a dû souvent être nuisible, ce qui aura éloigné de l'employer. 4° Enfin on a craint d'administrer une substance aussi active, mais alors il ne s'agit que d'en diminuer la dose. Aujourd'hui des expériences directes, faites avec la racine fraîche ou sèche, bien préparée, de Helleborus viridis, seraient utiles à répéter, et nous ne doutons pas qu'on obtiendrait des effets très-marqués de cette racine énergique, et qu'on pourrait en faire, suivant l'expression d'Hérophilo au sujet des médicaments importants, une des mains de Dieu. Ces expériences, du reste, devraient être faites avec précaution ; car nous tenons de M. Henry, chef de la pharmacie centrale, qu'un vin d'hellébore préparé d'après la méthode de Parmentier, essayé jadis par Bosquillon, à l'Hôtel-Dieu, a causé des accidents redoutables. »
On remarquera une incertitude rémanente chez les auteurs concernant à la fois la plante il faut administrer et la plante que l’on administre en fait. On notera aussi que les auteurs de ce texte passent d’une espèce à une autre, d’Helleborus niger au début du texte à H. viridis à la fin. Aux incertitudes s’ajoutent une confusion sur les espèces qui semble avoir existé dès le début avec Théophraste et perduré tout au long des siècles et jusqu’à une époque récente.
C’est ainsi qu’en 1943 W. Karrer avait mis en évidence la présence d’hellébrine dans Helleborus niger ce qui ne fut pas confirmé par des recherches ultérieures qui, au contraire, ont clairement exclu la présence de cet hétéroside cardiotonique chez cette espèce. On pense qu’il est vraisemblable que W. Karrer a en fait isolé l’hellébrine de plants d’Helleborus purpurascens pris à tort pour des plants d’H. niger… La botanique étant aujourd’hui le parent pauvre de la biologie, il est à redouter que des confusions de ce type se produisent de nouveau entre plantes d’espèces d’un même genre, voire même de genres différents, faute de déterminateurs compétents !
De nos jours c’est en médecine non conventionnelle qu’Helleborus niger est utilisé. En homéopathie, sa racine fraîche est employée pour son action sur les reins en cas de néphrite aiguë massive et en cas de troubles du comportement : dépression profonde, obnubilation, dépression après l'arrêt des règles, mélancolie maniaco-dépressive.
Il est aussi utilisé en Allemagne comme traitement adjuvant pour diverses tumeurs en médecine anthroposophique (Büssing and Schweizer 1998).
En médecine conventionnelle allopathique, des extraits aqueux de plantes entières se sont révélés posséder des propriétés anti-cancéreuses en provoquant la mort des cellules malignes notamment dans les leucémies infantiles (Jesse et al. 2009).
À la différence de celle des temps anciens, l’herboristerie d’aujourd’hui a donc peu recours aux plantes du genre Helleborus. Par contre c’est à leurs composants chimiques que la recherche pharmacologique actuelle s’intéresse. À la lumière de celle-ci il apparait que beaucoup des indications des anciens Grecs et notamment celles concernant les troubles du comportement n’étaient pas aussi absurdes qu’on l’a parfois un peu rapidement déclaré. De manière générale, les études sur des extraits des espèces d’hellébores ont montré qu’elles possédaient des composés chimiques ayant un potentiel médical élevé. Des composants isolés récemment sont considérés comme des remèdes prometteurs tant pour des maladies graves comme les cancers, les diabètes que pour des affections plus légères comme le mal de dent, l’eczéma, les rhumatismes. Maior et al. 2013 dressent un panorama de ces récentes découvertes sur ces composés et leurs potentialités thérapeutiques.
● Mais quelle est donc cette plante ?
Dans le recensement des usages médicinaux traditionnels des différentes espèces d’Hellébores que dressent en début de leur article Maior et al. (2013), ces auteurs écrivent que si les diverses espèces du genre Helleborus ont été utilisées depuis la plus haute antiquité et même sans doute antérieurement, il reste que parmi ces espèces, ce fut sans doute l’Hellébore noir qui fut le plus employé. C’est aussi l’avis d’auteurs des siècles précédents comme par exemple Chaumeton (1830) qui estime même que parmi les plantes médicinale, c’est celle qui a eu la plus grande réputation : « Aucune plante, peut-être, n'a joui de plus de réputation » (p. 183).
Cependant il n’est pas du tout certain que cet Hellébore noir qu’utilisaient les médecins grecs anciens soit bien l’espèce désignée par le binôme linnéen Helleborus niger dont la sous espèce niger est l’objet de notre présent propos. Par contre, il semble que ce soit lui qui ait été utilisé (ou crû l’avoir été) le plus souvent dans la médecine traditionnelle comme en médecine populaire en Europe sans doute dès le Moyen Âge.
Le lecteur attentif aura remarqué que pour ce qui concerne les usages traditionnels ou anciens nous avons utilisé le terme ‘hellébore noir’ et non le binôme linnéen ‘helleborus niger’. Nous voulions réserver ainsi la possibilité que les dénominations vernaculaires n’aient pas toujours pour référent les hellébores appartenant à l’espèce que désigne ce binôme. Cette question mérite de plus amples développements et fera l’objet de la partie suivante de cette étude intitulée « Ellébore ou Hellébore ? »
Légende
L’histoire de Mélampous est un mythe et celle du siège de Cirrha est peut-être en grande partie une légende. Aussi dans ce paragraphe, on n’en racontera une seule, propre à faire justice à cette belle fleur.
Depuis le Moyen Âge, cette fleur est placée dans certaines crèches. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’elle symbolise la pureté bien entendu mais aussi pour une tout autre raison.
La nuit de la naissance de Jésus-Christ, Madelon, une pauvre bergère voit une caravane de bergers et Rois Mages traverser son champ enneigé pour aller offrir leurs cadeaux au nouveau-né. Elle aussi voudrait bien se joindre à eux et apporter un cadeau mais elle est si pauvre qu’elle n’a vraiment rien à offrir. Alors, elle se met à pleurer. Un ange voit ses larmes sur la neige. Il les effleure et fait éclore son cadeau, une fleur blanche ombrée de rose : la rose de Noël.
L’Obs. a republié le 15 avril 2005 un article « ahurissant » et « hallucinant » selon les mots mêmes du journal. Il avait été publié pour la première fois dans Le Nouvel Observateur n° 21 du 8 avril 1965, quarante ans plus tôt. Il est ahurissant et hallucinant tout simplement parce qu’il s’agit d’un texte dans lequel un général américain, J.H. Rothschild se livre à un plaidoyer froidement argumenté en faveur des armes chimiques et bactériologiques. Pour lui, le stratagème de Solon est un exemple d’utilisation d’arme chimique et peut-être le début de l’utilisation de ce type d’armes. Il cite pratiquement in extenso le paragraphe que Pausanias consacre à cet événement à l’appui de son apologie des armes chimiques. Selon nos standards actuels, Solon, l’homme qui aurait introduit la démocratie à Athènes aurait été à l’origine d’un type d’armes qui rend coupable de crime de guerre le chef d’état qui ordonnerait d’y recourir.
● Du quasi abandon au regain d’intérêt.
L’usage de l’hellébore noir a été peu à peu abandonné en médecine traditionnelle. Incertitudes sur les plantes utilisées, résultats incertains, effets secondaires parfois graves, voire mortels. Déjà Pinel (1792) dans ses articles sur le genre et ses espèces se montre réservé.
Selon Chaumeton (1830) ses prescriptions doivent être très restreintes par rapport à toutes celles qui ont eu cours. Néanmoins pour cet auteur les résultats aléatoires obtenus, la diversité des dosages et des méthodes d’administration ne remettent pas en cause les vertus de la plante. Il les attribue à deux causes : les différences d’état de conservation de ses parties utiles et notamment du rhizome qui est celle la plus souvent utilisée et l’incertitude sur la nature réelle des produits commercialisés. Concernant le premier point il écrit : « Il faut se rappeler que la manière d'agir de cette plante héroïque varie selon son ancienneté, selon les lieux où elle a pris naissance, et selon les préparations qu'on lui a fait subir. Récente, elle est acre, vénéneuse, et produit la rubéfaction et la vésication de la peau : modérément desséchée, elle fait vomir, elle purge, elle détermine l’éternuement, elle excite la sécrétion des urines, elle provoque l'écoulement menstruel, celui des hémorroïdes, et augmente en un mot la contractilité insensible de nos organes : mais après avoir été entièrement desséchée, elle conserve à peine une légère vertu purgative. C'est faute d'avoir donné à ces différentes circonstances l'attention convenable, que les observateurs ont tant varié d'opinion sur la manière d'agir de l'ellébore, et que les résultats de son administration ont été si souvent contradictoires. » (p. 184).
Quant à ce que l’on trouve dans le commerce sous le nom d’hellébore noire, Chaumeton constate que : « soit par ignorance, soit par cupidité, la racine de l'ellébore noir est souvent confondue et presque toujours mêlée avec plusieurs autres racines qui lui sont ainsi substituées dans les prescriptions, à l'insu du médecin. Telles sont celles de l’Elleborus fœtidus, de l’E. viridis, de l’Adonis, vernalis, de l’apennina, du Trollius europœus, d’Actea spicata, de l’Astrantia major, et de l’Aconitum napellus. Cette sophistication est encore une des causes de la différence des résultats obtenus sur l'action de l'ellébore noir et de l'extrême diversité qui règne dans la détermination des doses auxquelles il convient de l'administrer. » (p. 185).
Mérat et De Lens (1837) constatent que H. niger n’est pratiquement plus employée et le regrettent : « Ce médicament, qu'Hippocrate employait journellement, qu'il prescrit à chaque page de ses ouvrages, est aujourd'hui tombé dans le plus grand oubli ; on ne peut pas dire que ce soit à cause de son inactivité. Cet abandon nous semble devoir être attribué à plusieurs causes. 1° A l'incertitude du médicament qu'on emploie. On pense que nous n'avons pas l'hellébore des anciens, et dès lors on ne prescrit pas cette racine dans la crainte que celui que nous donnons n'ait pas les mêmes vertus. Nous avons dit plus haut qu'il n'était pas prouvé qu'ils n'employassent pas H. niger, et que d'ailleurs en nous servant de H. orientalis Lam., nous userions du même qu'eux. 2° La racine que nous employons est d'un effet très inégal, soit par sa vétusté, soit par son altération. Effectivement on la mélange souvent avec celles d’Adonis, de Trollius europoeus L., de Veratrum album, L., d’Actea spicata, L. , d’Astrantia major L., d'Aconit, etc. ; substitutions inaperçues, dit M. de Candolle, et qui prouvent l'extrême analogie de toutes ces racines (Essai, 69), mais qui doivent toutefois produire des résultats variables. 3° On l'a donné, d'après les indications des anciens, dans des cas où elle a dû souvent être nuisible, ce qui aura éloigné de l'employer. 4° Enfin on a craint d'administrer une substance aussi active, mais alors il ne s'agit que d'en diminuer la dose. Aujourd'hui des expériences directes, faites avec la racine fraîche ou sèche, bien préparée, de Helleborus viridis, seraient utiles à répéter, et nous ne doutons pas qu'on obtiendrait des effets très-marqués de cette racine énergique, et qu'on pourrait en faire, suivant l'expression d'Hérophilo au sujet des médicaments importants, une des mains de Dieu. Ces expériences, du reste, devraient être faites avec précaution ; car nous tenons de M. Henry, chef de la pharmacie centrale, qu'un vin d'hellébore préparé d'après la méthode de Parmentier, essayé jadis par Bosquillon, à l'Hôtel-Dieu, a causé des accidents redoutables. »
On remarquera une incertitude rémanente chez les auteurs concernant à la fois la plante il faut administrer et la plante que l’on administre en fait. On notera aussi que les auteurs de ce texte passent d’une espèce à une autre, d’Helleborus niger au début du texte à H. viridis à la fin. Aux incertitudes s’ajoutent une confusion sur les espèces qui semble avoir existé dès le début avec Théophraste et perduré tout au long des siècles et jusqu’à une époque récente.
C’est ainsi qu’en 1943 W. Karrer avait mis en évidence la présence d’hellébrine dans Helleborus niger ce qui ne fut pas confirmé par des recherches ultérieures qui, au contraire, ont clairement exclu la présence de cet hétéroside cardiotonique chez cette espèce. On pense qu’il est vraisemblable que W. Karrer a en fait isolé l’hellébrine de plants d’Helleborus purpurascens pris à tort pour des plants d’H. niger… La botanique étant aujourd’hui le parent pauvre de la biologie, il est à redouter que des confusions de ce type se produisent de nouveau entre plantes d’espèces d’un même genre, voire même de genres différents, faute de déterminateurs compétents !
De nos jours c’est en médecine non conventionnelle qu’Helleborus niger est utilisé. En homéopathie, sa racine fraîche est employée pour son action sur les reins en cas de néphrite aiguë massive et en cas de troubles du comportement : dépression profonde, obnubilation, dépression après l'arrêt des règles, mélancolie maniaco-dépressive.
Il est aussi utilisé en Allemagne comme traitement adjuvant pour diverses tumeurs en médecine anthroposophique (Büssing and Schweizer 1998).
En médecine conventionnelle allopathique, des extraits aqueux de plantes entières se sont révélés posséder des propriétés anti-cancéreuses en provoquant la mort des cellules malignes notamment dans les leucémies infantiles (Jesse et al. 2009).
À la différence de celle des temps anciens, l’herboristerie d’aujourd’hui a donc peu recours aux plantes du genre Helleborus. Par contre c’est à leurs composants chimiques que la recherche pharmacologique actuelle s’intéresse. À la lumière de celle-ci il apparait que beaucoup des indications des anciens Grecs et notamment celles concernant les troubles du comportement n’étaient pas aussi absurdes qu’on l’a parfois un peu rapidement déclaré. De manière générale, les études sur des extraits des espèces d’hellébores ont montré qu’elles possédaient des composés chimiques ayant un potentiel médical élevé. Des composants isolés récemment sont considérés comme des remèdes prometteurs tant pour des maladies graves comme les cancers, les diabètes que pour des affections plus légères comme le mal de dent, l’eczéma, les rhumatismes. Maior et al. 2013 dressent un panorama de ces récentes découvertes sur ces composés et leurs potentialités thérapeutiques.
● Mais quelle est donc cette plante ?
Dans le recensement des usages médicinaux traditionnels des différentes espèces d’Hellébores que dressent en début de leur article Maior et al. (2013), ces auteurs écrivent que si les diverses espèces du genre Helleborus ont été utilisées depuis la plus haute antiquité et même sans doute antérieurement, il reste que parmi ces espèces, ce fut sans doute l’Hellébore noir qui fut le plus employé. C’est aussi l’avis d’auteurs des siècles précédents comme par exemple Chaumeton (1830) qui estime même que parmi les plantes médicinale, c’est celle qui a eu la plus grande réputation : « Aucune plante, peut-être, n'a joui de plus de réputation » (p. 183).
Cependant il n’est pas du tout certain que cet Hellébore noir qu’utilisaient les médecins grecs anciens soit bien l’espèce désignée par le binôme linnéen Helleborus niger dont la sous espèce niger est l’objet de notre présent propos. Par contre, il semble que ce soit lui qui ait été utilisé (ou crû l’avoir été) le plus souvent dans la médecine traditionnelle comme en médecine populaire en Europe sans doute dès le Moyen Âge.
Le lecteur attentif aura remarqué que pour ce qui concerne les usages traditionnels ou anciens nous avons utilisé le terme ‘hellébore noir’ et non le binôme linnéen ‘helleborus niger’. Nous voulions réserver ainsi la possibilité que les dénominations vernaculaires n’aient pas toujours pour référent les hellébores appartenant à l’espèce que désigne ce binôme. Cette question mérite de plus amples développements et fera l’objet de la partie suivante de cette étude intitulée « Ellébore ou Hellébore ? »
Légende
L’histoire de Mélampous est un mythe et celle du siège de Cirrha est peut-être en grande partie une légende. Aussi dans ce paragraphe, on n’en racontera une seule, propre à faire justice à cette belle fleur.
Depuis le Moyen Âge, cette fleur est placée dans certaines crèches. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’elle symbolise la pureté bien entendu mais aussi pour une tout autre raison.
La nuit de la naissance de Jésus-Christ, Madelon, une pauvre bergère voit une caravane de bergers et Rois Mages traverser son champ enneigé pour aller offrir leurs cadeaux au nouveau-né. Elle aussi voudrait bien se joindre à eux et apporter un cadeau mais elle est si pauvre qu’elle n’a vraiment rien à offrir. Alors, elle se met à pleurer. Un ange voit ses larmes sur la neige. Il les effleure et fait éclore son cadeau, une fleur blanche ombrée de rose : la rose de Noël.
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Références
Références
Complément pour H.niger aux références citées dans la première et deuxième partie de cette étude
Adams M., Berset C., Kessler M., Hamburger M., 2009. « Medicinal herbs for the treatment of rheumatic disorders—A survey of European herbals from the 16th and 17th century », Journal of Ethnopharmacology 121 (2009) 343–359
Aschan G., Pfanz H., 2003. Non-foliar photosynthesis – a strategy of additional carbon acquisition, Flora 198, p.p. 81– 97.
Aschan G., Pfanz H., Vodnik D., Bati F. 2005. Photosynthetic performance of vegetative and reproductive structures of green hellebore (Helleborus viridisL. agg.). Photosynthetica 43, p.p. 55-64.
Bavcon J., 2014. « Helleborus diversity in Slovenia », European Botanic Gardens in a Changing World: Insights into EUROGARD VI,Thessaloniki http://www.botanicgardens.eu/eurogard/eurogard6/bavcon_helleborus.pdf
Brcko A., Pěnčík A., Magnus V., Prebeg T., Mlinaric S., Antunović J., Lepedŭ H., Cesar V., Miroslav Strnad, Rolck J., Salopek-Sondi B., 2012. « Endogenous Auxin Profile in the Christmas Rose (Helleborus niger L.) Flower and Fruit: Free and Amide Conjugated IAA » Journal of Plant Growth Regulation , 31(1), p.p. 63–78. Available from: https://www.researchgate.net/publication/225525750_Endogenous_Auxin_Profile_in_the_Christmas_Rose_Helleborus_niger_L_Flower_and_Fruit_Free_and_Amide_Conjugated_IAA.
Chaumeton, F.P., 1830. Flore médicale, vol. 3: t. 155
Gabryszewska E., 2017. « Propagation in vitro of hellebores (Helleborus L.). review. » Acta Sci. Pol. Hortorum Cultus, 16(1), p.p. 61 – 72.
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Illustrations
Žiga / Wikimedia Commons ; Planche 13 de A. Masclef Atlas des plantes de France ; B. Hutta/ Wikimedia Commons ; Eugène Grasset « Décembre – La belle jardinière » 1896 Museum für Kunst und Gewerbe, Hamburg ; la carte des environs de Delphes est extraite d’une traduction en ligne du texte de Pausanias à lire ici : http://www.mediterranees.net/geographie/pausanias/livre10g.html .
N.B. : Sur le site Méditerranées cité ci-dessus, on trouve en ligne des traductions d'œuvres grecques et latines, ainsi que sur le site de Philippe Remacle « L'antiquité grecque et latine du moyen âge » http://remacle.org/ . La plupart des ouvrages anciens cités sont consultables en ligne, numérisés par Google ou la Bnf.
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Philippe Remacle est décédé en 2011, ses enfants ont maintenu son site. Qu’il me soit permis ici de les en remercier.
Lundi 24 Avril 2017
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