Si son titre n’indique pas vraiment l’objet de cet ouvrage, le sous-titre, lui, annonce la couleur : faire « redécouvrir les plantes messicoles, nos sauvageonnes des moissons », en d’autres termes les « mauvaises herbes » qui poussent surtout dans les champs de céréales. Il ne s’agit pas seulement de les faire connaître mais aussi et surtout de les « réhabiliter » pour justifier et promouvoir la protection et la conservation de ces espèces dont beaucoup sont en déclin, certaines étant en danger, voire en danger critique d’extinction à cause notamment du perfectionnement continu des pratiques agricoles depuis la fin du XIXe siècle ; l’introduction des herbicides à partir des année 1950 n’ayant fait qu’accélérer et aggraver le processus. Il s’inscrit dans la perspective du Plan national d’actions en faveur des plantes messicoles 2012-2017, l’ouvrage datant de 2014.


Mauvaises les mauvaises herbes ? Compte rendu critique du livre de Sophie Lemonnier « L’aventure est dans les blés »
En général il vaut mieux fuir ces ouvrages ou articles dans lesquels se mélangent partage d’un savoir et militantisme pour une cause, fût-elle bonne ! Et d’ailleurs dans ce cas, la cause est-elle bonne ? Faut-il se réjouir ou s’attrister que les champs de blé soient exempts de mauvaises herbes ? Cela dépend du point de vue, ce que reconnaît l’auteure au tout début de son ouvrage sans d’ailleurs en tenir compte par la suite.

L’ouvrage date de 2014. Il reste cependant d’actualité et si j’en fais aujourd’hui l’analyse, c’est parce que sa lecture est recommandée par Madame Jocelyne Cambecèdes, dans une vidéo de Téla Botanica remise en ligne au début de ce mois d’août 2025 dans le cadre de cahiers de vacances que Tela Botanica propose aux botanistes amateurs ou débutants pour affiner et tester leurs savoirs sur les plantes tout en s’amusant.  J. Cambecèdes est rédactrice de ce plan national d’actions en faveur des plantes messicoles 2012-2017et de ceux qui ont suivi.
 Personnellement je trouve que si on peut le recommander, c’est surtout pour sa seconde partie qui occupe près des deux tiers du livre. L’auteure y brosse le portrait de vingt de ces plantes en vingt fiches, une pour chaque plante, ensemble qu’elle nomme joliment et pertinemment « bouquet de moisson » puisqu’il s’agit d’une sélection sur un bien plus grand nombre. C’est déjà une raison de lire ce livre, il permet à ceux qui l’ignoreraient d’apprendre que les fleurs de champs ce ne sont pas seulement les coquelicots, les marguerites et les bleuets. Chaque fiche est illustrée d’une aquarelle et comprend une description de la plante avec l’indication de sa période de floraison, de son milieu préféré mais s’y ajoute aussi des rubriques plus ou moins fournies selon les cas qui concernent les noms vernaculaires, des curiosités botaniques, légendes, des pratiques rituelles et festives du passé, recettes de cuisines, contes pour enfants … L’aspect agricole reste peu abordé dans les fiches tant et si bien que s’i l’on s’en tenait à cet ouvrage, on en arriverait à se demander pourquoi on a nommé ces plantes des mauvaises herbes !

Ce qui est le but de l’auteure puisqu’il s’agit de réhabiliter ces plantes dans l’esprit du lecteur.  Si on prend un peu de recul, on constate que c’est toujours pour montrer in fine l’intérêt de la plante pour au moins neutraliser dans l’esprit du lecteur les nuisances qu’elle occasionne. Un véritable tour de force lorsque l’on sait que les noms populaires de beaucoup de ces plantes nuisibles aux cultures sont des sobriquets peu flatteurs. L’auteure réussit même à trouver quelques bons côtés à la redoutée ivraie que, selon des croyances anciennes, le Diable sèmerait dans les champs de blé. Il n’était pas évident de faire pièce à la parabole de l’évangile selon Saint Mathieu ! Cependant il faut ajouter que dans certains cas l’auteure n’hésite pas à se faciliter la tâche en pratiquant l’exagération, le cherry picking et l’omission.
 

A propos de la toxicité de la nielle des blés par exemple, comme ses graines contiennent 60% d’amidon et que la cuisson réduit en partie leur toxicité, elles ont été consommées faute de mieux malgré une toxicité résiduelle pendant les périodes de disette ou lorsque mauvaises récoltes et spéculations rendaient le prix du blé trop élevé. Cela aurait fait de ces graines une « manne providentielle » selon l’auteure. C’est beaucoup dire car qui aimerait manger un aliment au goût exécrable qui le rend malade ? Exagération d’un côté, minimisation de l’autre. Contrairement à ce qu’écrit l’auteure :« le plus souvent il ne s’agissait que d’une saveur amère du pain sans grande conséquence », en mangeant ce pain, les gens s’empoisonnaient à petit feu ! Ce n’est pas parce que chez l’homme, il n’y a eu que relativement peu d’intoxications fatales que la consommation de ces farines n’avait pas de conséquences sur la santé. Des petites prises de poison répétées entrainaient une intoxication chronique bien décrite et nommée githagisme par CH. E. Cornevin dans un article qu’il consacre à la nielle dans un traité paru en 1887 ( De plantes vénéneuses et des empoisonnements qu’elles déterminent). Il est assez surprenant que l’auteure ne s’intéresse qu’aux quelques lignes que  dans cet ouvrage Cornevin consacre à un procès pour falsification de farines avec de la nielle alors qu’elle laisse de côté le long passage consacré aux intoxications dues à la nielle avec la description du githagisme, description qui est celle même que l’on trouve encore aujourd’hui dans les traités de toxicologie, githagisme dont elle paraît ignorer l’existence. Elle invente un effet d’accoutumance au poison qu’elle étaye en citant le cas des moutons qui mangent des graines de nielle sans être incommodés. Hélas pour elle, il se trouve que les ovins comme les caprins et les lapins sont insensibles aux toxines de la nielle. Cherry picking et omission sont combinés pour minimiser les effets délétères que la consommation, intentionnelle ou non de la farine de nielle occasionne.

Autre exemple, elle consacre seize pages au coquelicot et rien dans ces seize pages sur les nuisances induites par sa présence dans un champ de blé. Pire : est seulement mentionné la croyance fausse que le coquelicot était bénéfique aux moissons, blé et coquelicot étant réunis comme symbole de la déesse Demeter. En réalité, 22 pieds pour 1m2 entraînent une baisse de rendement de 5%. De plus le coquelicot pollue les récoltes avec ses graines et lorsqu’on sait qu’un pied peut en produire jusqu’à 30 000, on peut prendre conscience de l’ampleur de la nuisance. Les céréaliers cherchent à l’éliminer de leur champs mais ce n’est pas facile : l’abondance des graines fait que se constitue dans le sol une banque de semence qui ont la propriété de pouvoir rester très longtemps en dormance. Le labour est inefficace, il ne fait qu’enfouir les graines, les coquelicots suivant le même cycle que le blé d’hiver, ce qui une des caractéristiques des messicoles. Un champs infesté peut l’être longtemps. Et contrairement à ce que laisse entendre l’auteure, pour s’en débarrasser, ce n’est pas au chimique qu’il faut recourir en priorité mais casser son cycle de reproduction en diversifiant les cultures, en pratiquant des cultures de printemps ou d’été comme le maïs par exemple, le coquelicot affectant principalement les cultures d’hiver.

Il est d’ailleurs étonnant que l’auteure ignore qu’un retour massif des coquelicots dans les champs de blés est en cours depuis 2006. Ce retour était déjà bien documenté à l’époque de la parution de son ouvrage et la résistance de populations de coquelicots grâce à une mutation génétique était bien établie. Cela aurait pourtant dû lui plaire puisque toute une gamme d’herbicides chimiques devient inopérante contre le coquelicot. Mieux encore ou plus grave,  ce retour en force est la preuve qu’il en y ira de même pour de nombreuses dicotylédones dont les messicoles. C’est d’ailleurs le cas pour la matricaire. « Chaque traitement herbicide sélectionne de la résistance quoi que l’on fasse. Le développement de résistance chez les dicotylédones est donc inéluctable. Nous ne pouvons que le retarder » (Christophe Délye, chargé de recherche à l’INRA) Pour le dire en des termes qui aurait pu être ceux de l’auteure  : les sauvageonnes de nos cultures triompheront de leur ennemi mortel, les herbicides. Mauvaise nouvelle pour les céréaliers qui va leur compliquer la tâche, mais très bonne nouvelle pour ceux qui comme l’auteure souhaitent un retour des messicoles dans les champs de céréales. Cette question des résistances est une des préoccupations majeures des agriculteurs qui avaient trouvé avec les herbicides chimiques un outil de contrôle efficace des adventices. L’ignorance ou le silence sur ce sujet montrent que l’auteure ne s’intéresse guère aux problèmes posés par les mauvaises herbes dans les agrosystèmes. Il faut ajouter qu’exceptés le bleuet et le coquelicot, la plupart des autres espèces choisies ont sont devenues trop rares dans les champs pour nuire aux récoltes et celles qui ne le sont pas comme la pensée ou la mâche sont en général peu nuisibles. Ces deux espèces ne sont d’ailleurs pas ou plus des messicoles strictes.
 
Ces fiches sont précédées d’une étude générale des messicoles. Elle est biaisée par la volonté de l’auteure de réhabiliter les mauvaises herbes à tout prix, ce qui l’amène à avoir une vision négative non seulement des céréaliers qui pratiquent une agriculture standard mais aussi du jardinier « focalisé sur les plantes domestiquées dont il prend soin ».

 Avant d’aborder le problème de la caractérisation précise des messicoles dont elle montre à juste titre les difficultés, l’auteure s’attarde sur l’appellation plus générale de « mauvaise herbe » contre laquelle elle part en guerre. Celle-ci a pourtant un mérite qu’elle est bien obligée de lui reconnaître : « “Mauvaise herbe”, voilà un terme clair est net ! » mais c’est celui de ce jardinier focalisé sur les plantes dont il prend soin, il est donc à rejeter : il faut employer le terme d’adventice qui désigne exactement la même chose avec une connotation neutre. Elle croit déceler un indice de l’abandon de la vision négative de ces plantes dans la modification de l’intitulé du laboratoire de malherbologie ( science des mauvaises herbes) de l’(ex)INRA en « Unité de recherche Biologie et gestion des adventices » alors que comme chacun sait ce siècle aime l’euphémisme qui ne change rien au statut de ce qui est désigné : ce n’est pas parce que le balayeur sera nommé « technicien de surface » qu’il sera mieux payé et mieux considéré ! Pour les adventices, c’est bien aussi le cas comme l’auteure est bien obligée de le constater, dès la page suivante, sans se rendre compte que ce constat infirme ses dires sur le changement de vision que l’usage du terme adventice impliquait . « Cependant en agronomie, un présupposé veut que l’adventice vienne interférer avec la bonne croissance des plantes cultivées », elle redevient donc, ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une mauvaise herbe ! «  un ennemi à réguler », un doux mot pour éviter de dire arracher, abattre, bref éliminer.  Et que certaines de ces mauvaises herbes soient comestibles n’y changera rien. Elles peuvent être consommées et elles l’ont été mais comme « plantes de soudure » ou « plantes de disette », expressions qui disent bien ce qu’elles veulent dire même si aujourd’hui des urbains s’amusent à en glaner pour les manger. Et comme ils ne les connaissent guère, ils le font dans des « stages salades sauvages » (sic !) qui enthousiasment l’auteure !

Contre la vision du jardinier et de l’agriculteur, l’auteure en appelle, à celle de l’horticulteur, de l’artiste et insiste sur la symbolique. Bien entendu sur ce terrain, la réhabilitation des adventices n’est même pas à faire, et dans son immense majorité le lectorat urbain ou rurbain lui sera acquis et applaudira lorsqu’elle considère que l’emploi des herbicides « a conduit à un génocide végétal » ! Qualification pour le moins inappropriée pour ne pas dire scandaleuse lorsqu’on songe aux vrais génocides ! Oui, le laboureur a choisi entre le joli bouquet et la bonne récolte. N’en déplaise à l’auteur, avec un champ propre, nettoyé des mauvaises herbes, il peut gagner sa vie et nourrir les gens : plus de disettes. Qui osera dire qu’il n’a pas fait le bon choix ?

Je passerai rapidement sur la façon orientée dont est retracée l’histoire des messicoles où seule la question de l’origine est traitée sans a priori. Quant au retour en grâce qui s’opèrerait de nos jours, il est largement exagéré. Si retour il y a, ce ne peut être que retour en force de messicoles génétiquement modifiées par la pression sélective exercée sur elles par les herbicides. À la différence de l’auteure, je ne crois pas que jusqu’à une période récente, le cultivateur ne cherchait qu’à « tenir en respect » les mauvaises herbes et que le but n’était pas de les éradiquer. Simplement sans les herbicides, il n’en avait pas les moyens. Mais s’il en avait disposé … La plus belle preuve de ce que j’avance, c’est qu’il s’y est employé dès que ces moyens, les herbicides tant décriés, furent en sa possession. Il allait pouvoir réaliser ce rêve : plus de mauvaises herbes dans ses champs qui gâteraient ses récoltes ! 
Certes, il faut du discernement dans l’emploi des désherbants mais il en faudrait aussi dans la promotion des messicoles et plus généralement des adventices. Toutes ne sont pas des pestes dans les champs, leur rareté ou l’ absence de compétitivité de beaucoup d’entre elles font qu’elles se comportent plutôt comme des commensales. Mais il y en a qui le sont, soit parce qu’elles sont envahissantes ou/et qu’elles polluent les récoltes et entrainent leur déclassement. Celles-ci n’ont pas leur place dans les champs, exceptées quelques délaissées ou quelques parcelles destinées à leur conservation et non à la production. La flore des champs cultivée de Philippe Jauzein a, entre autres mérites, celui de préciser la fréquence de ces taxons et de distinguer les adventices qui posent de « réels problèmes de nuisibilité » de ceux qui n’en posent pas. Ce que ne fait pas cet ouvrage.
 
Un champ de blé envahi de coquelicots, c'est peut-être joli mais la récolte en sera sévèrement affectée. Si l'agriculteur sème du blé, ce n'est ni pour récolter de la graine de coquelicot ou de bleuet, ni pour la belle carte postale du touriste de passage ou pour le plaisir du bobo, heureux propriétaire d’une résidence secondaire campagnarde, qui croit que parce qu’un champs avec des coquelicots est bio! Alors que c’est souvent tout le contraire, le résultat d’un usage d’une quantité déraisonnable de pesticides …
 
Bien que l’auteure affirme qu’en ce qui concerne les messicoles « il est nécessaire d’aborder la question non seulement d’un point de vue écologique, naturaliste et paysager, mais aussi et surtout du point de vue du monde agricole » (p. 17), ce n’est pas ce qu’elle fait dans cet ouvrage. Le point de vue du monde agricole d’aujourd’hui n’apparaît guère si ce n’est pour être plus ou moins sévèrement critiqué. L’auteure choisit de se référer à un monde agricole de jadis (le bon vieux temps) ou à des modèles d’agriculture qui n’ont pas fait leurs preuves et qui ne préfigurent pas nécessairement l’agriculture de demain (l’imaginaire) ! La page de conclusion de l’ouvrage illustrée avec la reproduction d’une enluminure extraite des Grandes Heures d’Anne de Bretagne  est significative à cet égard : réveillons le sauvage en nous en allant cueillir des doucettes (mâches), bannissons « le mythe du champ propre » pour « la cohabitation harmonieuse entre « messicoles et céréales » comme au temps d’Anne de Bretagne avec ses moissons où les taches de couleurs des messicoles se mêlaient à l’or du blé mûr…j’ajouterai : pourquoi pas aussi moissonner à la faucille, du moins lorsque le blé aura réussi à pousser et à mûrir comme sur  cette enluminure, ce qui n’était, malheureusement pas souvent le cas. Si la récolte n’était pas bonne, venait le temps des famines et ce n’était pas une salade de mâches qui pouvait remplir les estomacs. Ce bon vieux temps d’avant la révolution verte avec ses moissons colorées fut aussi celui des famines qui hantent la mémoire collective, ravivée par les mesures de rationnement lors de la dernière guerre mondiale et plus récemment la crise agricole du début de ce siècle qui toucha durement les pays pauvres ou en voie de développement mais n’eut dans les pays développés que peu de conséquences.

Non, la « Révolution verte » n’a pas été seulement « une croisade qui croyait nourrir le monde en bannissant la part du sauvage » Cela est faux et réducteur et donc injuste. Faux parce que la révolution verte n’a pas fait que « croire nourrir le monde ». Elle a globalement réussi à le nourrir au sortir de cette guerre, notamment en France bien mal en point à l’époque. Grâce à elle, les famines ont disparu dans les pays développés et c’est dans les pays du sud qui avaient mis en œuvre cette révolution que la crise de 2007/2008 a eu le moins de conséquences. Réducteur, car cette révolution ne se limite pas à une croisade contre les adventices. Ce n’est même pas son but premier. Certes, le progrès des connaissances en matière d’agronomie permet de corriger ses excès mais si l’on jette le bébé avec l’eau du bain, c’est notre agriculture qui sera mise à mal, ses capacités exportatrices impactées et la suffisance alimentaire du pays même plus assurée.

Comme dans le cas du loup, fléau pour l’élevage défendu par des gens qui pour la plupart d’entre eux n’élèvent ni brebis, ni vaches, les messicoles et plus largement les adventices des champs sont défendues par des gens qui pour la plupart ne sont pas des agriculteurs, c’est-à-dire des gens qui n’ont rien à craindre des nuisances occasionnées ! Et dans les deux cas une masse d’urbains et de rurbains les soutient et refuse de comprendre le point de vue de ceux qui produisent le lait, la viande et les céréales qui sont pourtant à la base de leur nourriture.

Cela a cependant moins d’importance car à la différence du loup pour l’élevage et à l’exception de quelques espèces comme le coquelicot ou l’ivraie, les messicoles décrites dans ce livre ne sont plus un problème pour l’agriculture, du moins pour quelques temps encore. De multiples causes bien détaillées dans l’ouvrage font qu’elles sont devenues rares, certaines sont en danger d’extinction. Dans les régions de grandes monocultures intensives, certaines sont même d’une très grande rareté, n’existent peut-être même plus, voire n’y ont jamais poussé. Originaire du bassin méditerranéen, le climat ne leur était guère favorable. Voir par exemple le cas de la Garidelle (p. 153).

Certes il est urgent de prendre des mesures pour conserver in situ et ex situ ces espèces sans lesquelles certaines d’entre elles disparaitront inéluctablement que ce soit à cause des pratiques culturales qui les excluent des champs leur lieu de vie le plus adapté, voire le seul ou elles peuvent se développer comme la Nielle, ou parce qu’elles sont moins concurrentielles que d’autres. C’est une chose, mais cela en est une autre de tenter de faire croire qu’elles sont bénéfiques quand elles s’incrustent dans les champs de céréales et que c’est une erreur de ne pas les y tolérer. Dans une parcelle conservatoire, dans une bande enherbée, elles pourraient être spontanées, elles le sont parfois, mais dans tous les cas, elles ne sont plus adventices. La qualité de mauvaise herbe n’est pas du même ordre que le diagramme floral ou le nombre de chromosomes, elle est relative à un projet et un contexte. Que le projet ou le contexte change et la qualification change. Il n’y a là rien qui les différencie de n’importe quelle autre espèce poussant dans d’autres milieux anthropisés ou non. Pour ces plantes exceptée peut-être l’ivraie, les champs et plus généralement les cultures sont des milieux secondaires, même si aujourd’hui, elles n’en ont pas d’autres. Dans un carré de mâches, les pissenlits sont des mauvaises herbes ; dans un champ de pissenlits cultivés comme médicinales, les mâches sont de mauvaises herbes. Le pissenlit peut être cultivé ou mauvaise herbe sans cesser d’être un pissenlit, une fleur bleue ne peut pas être un pissenlit. Sa couleur est une propriété intrinsèque, celle d’être une mauvaise herbe, non. Il n’y a donc rien d’extraordinaire qu’une plante puisse passer du stade d’adventice à celui de cultivée … qu’il faudra défendre contre d’autres adventice, peut-être avec des désherbants sélectif comme dans le cas de la cameline rapporté par l’auteure.

Bref il en est des messicoles comme de toutes les autres plantes en danger, ici comme ailleurs. Il y a d’abord une raison bassement matérielle qui justifie qu’on tente de les sauver de l’extinction. Elles peuvent avoir des propriétés ignorées ou négligées utiles en médecine humaine ou vétérinaire, en agriculture comme stimulateur de croissance, insecticide, herbicide, utilisables en agriculture bio, comme plante compagne en agroécologie, etc. À côté de cet intérêt « scientifique », il y a le caractère symbolique que revêtent quelque unes et leur beauté.  Menacées, belles et rares , elles deviennent patrimoniales.
 
En conclusion, malgré toutes les critiques que l’on peut faire à cet ouvrage, il faut lui reconnaître le mérite de nous apprendre beaucoup de choses sur les messicoles que l’on ne risque pas de trouver dans les ouvrages de botanique ou d’agronomie actuels. Il est aussi indéniable que ce livre est plaisant à lire grâce à sa mise en page, ses illustrations, notamment les aquarelles de Nadine Jarentowski et surtout grâce au talent de narratrice de Sophie Lemonnier qui sait si bien raconter ces histoires de plantes. Cela rend ce livre captivant et fait oublier ses parti-pris et ses biais. J’en conseille vivement la lecture.

 Sophie Lemonnier, Illustrations de Nadine Jarentowski  L'aventure est dans les blés: Redécouvrir les plantes messicoles, nos sauvageonnes des moissons Broché –  septembre 2014, Editions Savoirs de terroirs, 285 pages.


 

 


Jeudi 2 Octobre 2025 Commentaires (0)

C’est pourtant ce que soutient l’ ASPAS, l’association de protection des animaux sauvages, en fait une association violemment anti-chasse et c’est sans doute ce qui explique la virulence de son cri d’alarme.


Elle sonne le tocsin. L’espèce est en danger, il faut agir : « Aujourd’hui, c’est le loup qui paye ; demain, quelles autres espèces suivront ? Victimes des mêmes préjugés, l’ours, le lynx, vont-ils connaître le même sort, entraînant dans leur chute l’ensemble du Vivant ? Sommes-nous condamnés à assister, impuissants, à cette 6e extinction de masse dénoncée par les scientifiques, orchestrée par certains lobbies massivement soutenus par les gouvernements ?» En rendant le loup chassable, c’est de fil en aiguille l’ensemble du vivant que l’on met en danger ! L’ensemble du vivant ! Vous vous rendez compte !  Mais rassurez-vous, heureusement l’ASPAS est là et avec elle, on peut agir : « l’heure est grave. Alors que les attaques contre la nature se multiplient, nous ne renoncerons pas. Pour continuer à agir, nous avons besoin de vous. Si vous le pouvez, faites un don à l’ASPAS pour nous permettre de continuer à agir : soyez à nos côtés dans ce combat pour protéger les loups et tous les animaux sauvages de l’inconscience, de l'égoïsme et de la cruauté. » Et être au côté de l’ASPAS, agir pour sauver le vivant, c’est faire un don à cette association : « 1€, 5€, 50€, 100€, … Chaque don est une action » (sic !)  100€ pour sauver le vivant, c’est donné mais n’oublions pas les points de suspension !

Il n’y a pas à dire, pour obtenir des dons, cette association sait faire. D’ailleurs, elle est prospère. Et si le vivant est en danger, ce n’est pas le cas de ses finances.

Pourtant, il suffit de réfléchir quelques secondes pour comprendre que rendre cette espèce chassable ne la met nullement en danger. Il s’agit d’une espèce qui est aujourd’hui en expansion, à la différence de l’Ours ou de Grand Tétras, par exemple. Il ne faut pas confondre un plan de chasse et les campagnes d’extermination dont l’espèce a été l’objet jusqu’en 1940, date officielle de sa disparition sur le territoire métropolitain. Il est d’ailleurs probable que c’est bien plus le poison que le fusil qui a permis la réussite de cette éradication.
Le sanglier est une espèce chassable et ce n’est pas ce qui a freiné son expansion ! Aucun des grands ongulés qui font l’objet de plans de chasse ne sont en danger d’extinction. Les massacres du début du siècle passé n’ont plus cours aujourd’hui et les chasseurs savent gérer leurs gibiers pour en assurer la survie dont d’ailleurs dépend la pérennité de leur loisir.   

Des naturalistes, par exemple François Terrasson hier, Jean-Claude Génot aujourd’hui, estiment que le fait que les loups soient chassés ne met pas en danger la pérennité de l’espèce. F. Terrasson explique qu’en motivant les tireurs amateurs autour de ce trophée, on s’allierait une corporation qui n’aurait dès lors aucun intérêt à sa disparition » (Un combat pour la Nature, Sang de la Terre éditeur, p. 84) Et les faits lui donnent raison comme le souligne Jean-Claude Génot, dans les régions où les loups sont chassés, l’espèce se porte bien. « C’est notamment le cas chez notre voisin espagnol »(Quelle éthique pour la nature, Édisud éditeur, p.91) »

Réguler la population de loup en France par la chasse permettrait aussi à l’Etat de faire des économies. Les pro-loups qui aiment ne comptent pas. Mais la note ne cesse de s’alourdir. Il était en 2004 de 1 794 225€. En 2021 (dernier chiffre public) il était de 33 910 000€. Qu’en serait-il si le loup repeuplait l’ensemble du territoire comme en rêvent certains irresponsables ?

Il est difficile de croire que l’ASPAS puisse réellement penser que faire du loup une espèce chassable serait mettre cette espèce en danger. Mais ce que ne supporte guère cette association supposée protéger les animaux sauvages c’est que la gestion du loup soit confiée aux chasseurs plutôt qu’à elle sans compter qu’elle voit là une bonne occasion de se faire de la pub en s’érigeant comme recours face à une menace imaginaire, la disparition de l’espèce Loup gris. Ne serait-ce pas cela qui est honteux ?

Mardi 15 Juillet 2025 Commentaires (0)

Ce dessin est extrait d’une grammaire pour le CM1 (Cours moyen 1ière année), édition de 1951 parue chez l’éditeur Belin. Il met en évidence et illustre une propriété de l’accord de l’adjectif qui déclenche l’ire de certains féministes lorsqu’elle est formulée comme elle l’est dans cette grammaire. Ils la considèrent sexiste parce qu’ils confondent le genre zoologique avec le genre grammatical. L’image les conforte dans leur condamnation en renforçant cette confusion.
La règle n'étant plus du tout ni formulée ni enseignée en ces termes, la confusion entre les deux types de genre ne peut plus exister et continuer à voir dans cette forme d’accord un sexisme, c’est confondre un objet : l’accord avec la façon de le décrire : la formulation de la règle. S’en prendre aujourd’hui à cet accord, c’est faire beaucoup de bruit pour rien !


Vaines alarmes sur un accord grammatical !

Une image valant mille mots ce dessin a été repris de nombreuses fois pour dénoncer la règle et pour faire l’apologie de l’écriture dite inclusive. Il semble que sa première apparition illustrait un article de Slate daté du 29/9/2017 de Titiou Lecoq intitulé « Si seulement mes enfants pouvaient ne pas apprendre «le masculin l’emporte toujours sur le féminin» ».

L’article est une ressassée des théories sur la langue caractéristiques d’un « féminisme agressif » pour reprendre l’expression de d’Emmanuel Todd. Son originalité est de les présenter sous la forme d’un témoignage. Cette grammaire était, dit-elle, celle qui était utilisée dans son école. A neuf ans elle aurait été choquée comme toutes les filles de sa classe en découvrant cette règle qui assurait la victoire et la domination des hommes sur les femmes alors que les garçons au contraire triomphaient : « J’avais 9 ans, et cette image m’a révoltée. Le jour de cette leçon, toutes les filles de la classe ont hué et les garçons ont applaudi. On comprenait parfaitement ce qui était en jeu –et l’illustration du livre nous le jetait à la gueule. Les filles perdaient la partie. Guillaume et Quentin ont claironné: «Vous êtes moins fortes, vous êtes moins fortes» » Choquée et humiliée : « Il nous a donc fallu apprendre par cœur et réciter «le masculin l’emporte toujours sur le féminin». Ce n’était pas seulement une règle écrite. C’était une phrase qu’on devait dire à haute voix, plusieurs fois, devant toute la classe. Je me sentais assez humiliée de devoir faire ça. (..) On a fait tous les exercices pour bien se rentrer dans le crâne que le masculin l’emporte toujours sur le féminin et qu’il s’agissait d’une règle qu’on ne devait pas questionner. » Bref le conditionnement a bien fonctionné et « En fin d’année, tous les élèves de la classe avaient vissé(sic !)dans la tête la formule «le masculin l’emporte toujours sur le féminin».

Heureusement la narratrice a poursuivi ses études, ce qui lui a permis de se délivrer du formatage de l’école primaire : « Il a fallu attendre la fac pour apprendre que cette règle n’était pas immuable » et la « découverte » de la (prétendue) masculinisation de la langue par des grammairiens suprémacistes mâles voulant assurer « la supériorité du masculin. Il s’agissait de prouver cette supériorité jusque dans la langue courante. » On ne peut trouver plus belle formule pou illustrer la confusion des genres grammaticaux et zoologiques : le masculin, c’est le mâle, la supériorité de masculin c’est celle du mâle ! Confusion associée à une théorie complotiste de l’évolution de la langue, du Viennot tout craché en somme.

Témoignage ou fiction littéraire ? La journaliste romancière écrit : « Quand j’étais en CM1, on nous a fourni un livre de grammaire. Il était très vieux » Certes ! Titiou Lecoq est née en 1980 (source Wikipédia), elle avait donc neuf ans en 1989, la grammaire datant de 1951, l’ouvrage était vraiment vieux, très vieux même : presque quarante ans, si vieux qu’il était obsolète et quasiment inutilisable. C’est pour le moins étonnant qu’il fût encore employé dans une école. Entre 1951 et 1980, le statut des femmes a évolué, 1968 est passé par là, les mœurs ont changé et le confort « moderne » est apparu. Il me parait douteux que l’on ait pu encore utiliser des grammaires des années cinquante avec leurs illustrations désuètes et leur vision ringarde de la société même si comme objet de collection, elles nous enchantent avec leur charme rétro.

En 1984 était paru le « Nouveau Bescherelle » dans lequel la fameuse formule, « le masculin l’emporte » n’était plus employée.
Les enfants et tout pratiquant de cette grammaire apprennent ceci :
« Lorsqu’un adjectif qualifie plusieurs noms de genres différents, il se met au masculin pluriel : Le chat, la belette et la souris semblèrent atterrées »
On remarquera que si le chat réfère sans doute à un chat mâle – sinon on aurait écrit la chatte, on ne sait rien quant au sexe de la belette et de la souris qui peuvent très bien être des mâles ! L’exemple est donc propre à montrer aussi la différence entre le genre zoologique et le genre grammatical.
Le nouveau Bescherelle n’est pas du tout un cas isolé et aujourd’hui, la linguiste Y. Grinshpun affirme qu’«aucune grammaire contemporaine ne se présente comme manifeste sexuel : à l’école primaire, les jeunes apprenants qui rencontrent pour la première fois la règle de l’accord de résolution l’entendent formulée en termes grammaticaux et non pas en termes sexuels. C’est donc une déformation de la réalité pédagogique que d’accuser les grammaires « d’enfoncer dans le crâne [des enfants] que le masculin l’emporte sur le féminin » ( Yana Grinshpun. La “ masculinisation ” du français a-t-elle eu lieu ? Le genre grammatical et l’écriture inclusive en français, 2021, 9798518877252. ‌hal-03433958‌)
 
Bref que le témoignage de Titiou Lecoq soit un témoignage authentique ou une fiction littéraire, il n’en reste pas moins qu’il est trompeur d’utiliser des manuels scolaires d’une époque révolue pour montrer que la langue est sexiste. Si l’on compare le statut actuel des femmes aujourd’hui à celui qui était le leur dans les années cinquante, il est évident même aux yeux de ceux qui ne sont pas particulièrement féministes que la société française était à beaucoup d’égards sexiste, et donc ce n’est pas surprenant que la façon d’enseigner non seulement la grammaire mais aussi bien d’autres matières fut imprégnée de ce sexisme. Il n’est donc pas très honnête d’utiliser les grammaires de cette époque pour nous faire croire que la langue, en tant que telle est sexiste à cause du rôle joué par le genre grammatical masculin. Mais pour ceux qui militent en faveur d’une langue et une écriture qu’ils disent inclusives, il doit être difficile de résister à la tentation d’utiliser cette illustration d’une règle dont ils veulent bannir l’utilisation.

Mettons les choses au point : si on continue d’enseigner l’accord de l’adjectif dans toutes ses subtilités, il y a maintenant plus d’un demi-siècle qu’il n’y a plus beaucoup de grammaire, sans doute aucune, qui se permettrait d’écrire que le masculin l’emporte (Bouhours) parce que le plus fort (Beauzée).

Donc que Titiou Lecoq se rassure, si jamais elle avait été réellement inquiète : ses enfants ne seront pas contraints de réciter que le masculin l’emporte, ce n’est ni de cette façon que l’accord de l’adjectif est enseigné aujourd’hui, ni qu’il le sera demain.

Complément 

Vaines alarmes sur un accord grammatical !

 




Ce n’est pas seulement dans la formulation des règles d’accord que les grammaires de l’époque renforçaient ce que les féministes dénoncent aujourd’hui comme des stéréotypes de genre. Comme on peut le constater avec la reproduction ci-contre d’un extrait d’une des pages de la grammaire Belin de 6ème et 5ème publiée dans les années 50. Le travail de la mère, c’est celui d’une femme au foyer. Il est genré, ce ne peut être celui du père. Pas de salle de bain, la toilette se fait dans un baquet dans la cuisine. Pas d’électroménager non plus ! C’était mieux avant ?

Mardi 13 Mai 2025 Commentaires (0)

Transition et Indépendance énergétique sont les deux totems pour lesquels l’Etat français et l’UE veulent transformer à marche forcée nos territoires en un « immense gruyère » pour extraire du lithium sans se soucier le moins du monde des environnements humain et naturel, dans un mépris total des populations locales en polluant et en accaparant l’eau et en polluant l’air. Sous le fallacieux prétexte de lutter contre le réchauffement climatique, on néglige tous les autres enjeux environnementaux comme la biodiversité, l’eau, l’air, les sols. Politique de Gribouille qui pour se protéger de la pluie, se réfugie dans la rivière : pour protéger notre environnent en tentant d’atténuer ce réchauffement, on va le saccager en donnant libre court à un extractivisme débridé qui cherche bien plus le profit que la santé de la planète.


C’est le cas en particulier à Echassière dans l’Allier qui aurait le triste privilège d’être l’une des plus grandes mines de lithium d’ Europe si le projet porté par la société « Imerys Ceramics France » aboutissait. Après l’État français qui a déclaré ce projet de mine « Projet d’intérêt national majeur » avant même les conclusions des simulacres de concertation en cours, voilà la Commission européenne qui vient lui prêter main forte en en faisant un Projet Stratégique, ce qui entre autres chose, vise à raccourcir les délais de mise en œuvre. Comme le note le journal L’humanité du 25 mars qui cite la Commission, ces projets « bénéficieront également de dispositions rationalisées en matière d’autorisation » selon les dispositions du CRMA qui stipule que « la procédure d’octroi de permis ne dépassera pas 27 mois pour les projets d’extraction et 15 mois pour les autres projets. Actuellement, les procédures d’autorisation peuvent durer de cinq à dix ans. » » Quand on connaît l’ampleur du projet et ses impacts potentiels, un tel délai est une garantie.
Imerys compte extraire à Échassières plus de 2 millions de tonnes de roche par an, soit 5500 tonnes extraites par jour, utiliser 1,2 millions de m3 d’eau par an soit 3287 m3 par jour ( en litres 3 287 000l). En plus de ces énormes quantités de roches et d’eau, l’exploitant prévoit aussi d’utilise par an 4000 tonnes d’acide chlorhydrique, 1500 t d’acide sulfurique, 2500 t de fluorure de sodium, qui seront transportés par camions. A l’usine de conversion située à Montluçon ce sont 600 à 800 000 tonnes de déchets toxiques qui seront rejetés ! Cela demande études, informations, concertations et bien entendu contre expertises et contestations.
Ces délais raccourcis vont restreindre voire annuler les possibilités de recours devant les tribunaux que ce soit ceux des particuliers pour faire valoir leur droit à vivre dans un environnement sain ou ceux des associations qui les défendent ou qui défendent l’environnement et la Nature. Comme le souligne L’Humanité «Rationalisation et simplification, le refrain est bien rodé au niveau européen comme au niveau national ».
Il s’agit en fait d’imposer autoritairement ces projets de mines ou de recyclage de métaux rares, projets à fort impact environnemental qui suscitent le rejet des riverains comme de tous ceux qui se soucient de la nature. Le macroniste Stéphane Séjourné, commissaire européen chargé du marché intérieur et des services, a été clair : « Les délais doivent être tenus par les autorités publiques nationales. » Et il ajoute « « En 2025, nous emploierons la réglementation européenne pour faire respecter les délais. » Bref les droits des gens et leurs possibilités de les faire respecter, la Commission de l’UE est bien décidée à passer outre. Encore un bel exemple de démocratie qui de plus nous est administré par des non-élus en poste grâce à des combinaisons d’appareil s’apparentant à des magouilles.
L’Union européenne montre là encore un autoritarisme qui est fort inquiétant.
 

Vendredi 4 Avril 2025 Commentaires (0)

Ukraine : A rebours des USA et de la Russie qui cherchent la paix, l’Assemblée nationale française a voté une résolution belligène.Malgré leurs déclarations tonitruantes à la tribune, les députés RN une fois de plus en s’abstenant ont laissé passer ce texte. En la circonstance les députés « écologistes » ont bien mérité le titre d’ « escrologistes » qui ne leur est attribué pas toujours à bon escient par leurs adversaires, ils ont oublié que la guerre est toujours une catastrophe écologique, une négation de la vie, que l’industrie de guerre est un gaspillage d’énergie et de matières dont certaines sont rares. Ils veulent nous forcer à rouler en véhicules électriques mais votent pour que le pays s’équipe de chars et autres véhicules qui fonctionnent à cette énergie fossile tant honnie, ils ne s’inquiètent du nucléaire que lorsqu’il est civil, des fusils que lorsque ce sont ceux des chasseurs… ! Quant aux députés socialistes, il y a longtemps qui ont jeté leur pacifisme aux orties comme la plupart de leurs principes, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ils défendent un tel texte. Les députés LFI et PC sont les seuls a ne pas avoir laissé leur pacifisme au vestiaire et à avoir voté contre.


Le texte de la résolution est consultable sur le site de l’Assemblée nationale : ici

Il y aurait bien d’autres motifs que le pacifisme pour voter contre cette résolution et à la dénoncer : parti pris, falsification de l’historique du conflit, mensonges purs et simples, russophobie manifeste, reconduction et alourdissement des sanctions qui nuisent à notre économie, reprise d’une propagande de guerre belliqueuse et belligène. Heureusement cette résolution sera sans grande conséquence comme le fut celui du même acabit voté par le Parlement européen.
 
Certes les Russes ont envahi l’Ukraine ce qui est contraire au droit international mais même si cette agression était illégale, elle avait de sérieux motifs et était largement provoquée. Outre la défense des russophones, la Russie ne pouvait pas tolérer que l’Ukraine entre dans l’OTAN et que des bases militaires otaniennes se construisent à sa frontière, de même que les US naguère n’avaient pas toléré l’installation des missiles russes à Cuba. La résolution votée à l’AN néglige tout ce contexte et pire réécrit l’histoire en invoquant des  « opérations de déstabilisation menées dans les régions de Donetsk, Louhansk et Kharkiv à partir d’avril 2014 par la Russie ». Elle donne tous les torts à la Russie, oublie qu’après le coup d’état de Maïdan le pouvoir central a voulu « dérussifier » de force les populations russophones de régions du sud est de l’Ukraine en interdisant notamment leur langue dans les textes officiels et les manuels scolaires et en récrivant ceux d’histoire.  Ce qui a provoqué la révolte de ces populations et la proclamation des républiques autonomes du Donbass et de Louhansk, entrainant une guerre civile. Dire que cette guerre civile qui a suivi est le fait d’opération de déstabilisation menée par les Russes est un mensonge repris sans critique à la propagande occidentale.
 
Et ce n’est pas la seule falsification : La majorité de l’ AN en votant ce texte  «Condamne les ingérences russes dans les processus démocratiques de l’UE et dans les scrutins moldave, géorgien et roumain» alors que ces ingérences sont plutôt le fait de l’UE dans le cas de la Géorgie dont le processus électoral présidentiel a été reconnu sincère, alors que de sérieux doutes planent sur le référendum moldave dans lequel l’UE ne s’est pas privée d’intervenir. Quant à l’élection en Roumanie, last but non the least, il a été établi que la campagne sur le réseau Tik Tok de Călin Georgescu a été organisée et financée par le parti au pouvoir pour réaliser un coup tordu qui s’est retourné contre lui. Et aujourd’hui parce que Călin Georgescu, arrivé en tête au premier tour et favori du second n’est pas un candidat qui convient au pouvoir en place et à l’UE, ils l’empêchent de se présenter en invoquant des arguties juridiques avec le gouvernement Français à la manœuvre. Les Roumains sont dans la rue pour réclamer la démocratie et condamner les ingérences de l’UE et en particulier celles du gouvernement français qui avec ce vote devient celles de la France. En outre, il est pour le moins regrettable que les seuls politiciens qui se sont insurgés en EU soient membres de partis populistes et nationalistes. En d’autres termes  « le jeu démocratique, et la liberté d’expression pour ceux qui sont de mon avis, pour les autres … ».

J’introduis ici une longue parenthèse pour éviter les malentendus : en ce qui me concerne, le personnage de Călin Georgescu m’interroge. Du côté positif : son passé en fait un écologiste et un écologue reconnu internationalement. Sa volonté de réexaminer l’adhésion de son pays à l’OTAN et de vouloir la paix et une bonne entente avec le voisin Russe me convient. Il est certain qu’il est souverainiste et eurosceptique. Cela suffit en UE et en France tout particulièrement de le qualifier d’extrême droite. Si l’on y ajoute sa russophilie, cela en fait un mouton noir qu’il faut à tout prix empêcher de nuire ; à tout prix, c’est-à-dire au prix de la régression de la démocratie dans un pays de l’UE, donc en UE. Mais du côté négatif, je trouve ses références incessantes à Dieu agaçantes au plus haut point. Certaines de ses déclaration sont fausses ou exagérées mais il est loin d’être le seul homme politique à en proférer. Mais il lui arrive de reprendre à son compte des théories que j’estime totalement farfelues du style de celles qui fleurissent dans les salons du type « Marjolaine » ou »Vivre autrement » ou qui sont propagées sur les réseaux sociaux. Cela ne cadre pas vraiment avec sa carrière d’enseignant et de haut fonctionnaire dans les instances nationales de son pays et à l’ONU. Comme le remarque une députée européenne, « il cochait pourtant toutes les cases : droit de l’homme / écologiste / agenda 21 ».  Cependant ce n’est pas à cause de ses bizarreries que tout a été mis en œuvre à Bruxelles et en Roumanie pour l’empêcher de se présenter mais à cause de la menace du retrait d’une Roumanie russophile de l’OTAN et du soutien qu’elle n’aurait pas manqué d’apporter à ceux qui dans l’UE veulent arrêter la guerre en Ukraine au prix de concession substantielles à la Russie, actant le fait que  cette dernière a quasiment gagné la guerre et que renverser la situation sur le terrain ne pourrait se faire qu’au prix d’une troisième guerre mondiale.  Je ferme la parenthèse et reviens à mon sujet la critique de la résolution votée à l’AN.
 
Comme selon le texte voté à AN la Russie a tous les torts, est le Mal personnifié, il ne faut pas se gêner. Un majorité de l’AN demande donc « l’utilisation des avoirs russes gelés », en clair un vol. Mais comme les Occidentaux sont le Bien, voler les Russes, ce ne peut pas être mal !
 
La majorité de l’AN « invite l’UE et ses Etats membres à faciliter le processus d’adhésion de l’Ukraine », l’un des pays parmi les plus corrompus du monde, qui a pour héros des nazis comme Stéphan Bandera célébré chaque année et dont une des artères principales de Kiev a été rebaptisée de son nom. La Majorité de l’AN veut cette adhésion,  quoi qui qu’il en coûte et il en coûtera très cher à notre agriculture et à nos salariés. Mais c’est au nom de nos valeurs !
 
La majorité de l’AN «­ - Rappelle que la restauration de la souveraineté de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues est l’objectif légitime» Non, car cette restauration se ferait de de gré ou de force sans tenir compte de l’avis des habitants des régions en litige, au mépris de leur droit, internationalement reconnu, des peuples à disposer d’eux-mêmes qui fut à l’origine de cette guerre ! Objectif de surcroît totalement inatteignable aujourd’hui sauf à entraîner l’UE et les autres pays de l’OTAN, US compris dans une guerre généralisée alors qu’aujourd’hui l’US veulent négocier une paix rapide. Après avoir « encouragé (sic) l’EU et l’OTAN à accroître leur soutien militaire à l’Ukraine » sous-entendu pour continuer la guerre, ce qui va sans doute sans dire mais est bien plus clair en le disant , elle ose conclure en parlant de paix durable. Comme le parlement européen qui avait voté une résolution semblable, l’AN nous plonge dans un monde Orwellien où la paix (durable s’il vous plaît !), c’est la guerre qui doit durer.
 
Je ne sais si les députés qui ont voté ce texte ont regardé une carte du continent européen. Ils auraient pu constater la progression continue de l’OTAN vers l’Est alors qu’il avait été entendu que celle-ci ne s’étendrait pas à l’est au-delà de l’Allemagne réunifiée. S’ils l’avaient fait honnêtement, ils auraient dû sourire en lisant dans ce texte que la Russie et son mauvais génie Poutine, réincarnation du diable, étaient « impérialistes », car si impérialisme il y a, que dire de celui de l’Occident otanien ?
Enfin comme si les précédentes sanctions censées nuire à la Russie n’avaient pas suffisamment impactée notre économie,  le texte voté par une majorité de députés « invite les États membres de l’Union européenne à mettre fin dans les délais les plus brefs à leurs importations de combustibles fossiles russes et l’Union européenne à renforcer dès à présent le contrôle et la régulation des importations de gaz naturel liquéfié russe, notamment en limitant son accès aux infrastructures européennes et en imposant des restrictions aux contrats de long terme susceptibles de prolonger la dépendance énergétique » Comme l’UE a besoin de ce gaz, elle l’achetera plus cher via l’Inde : Errare humanum est, perseverare dabolicum  
 
On aurait pu penser qu’une majorité de députés n’auraient pas voté un tel texte russophobe et partisan qui s’apparente à de la propagande de guerre alors que nous sommes en paix, que la Russie n’est pas notre ennemie, ni même un adversaire et devrait être un partenaire car elle fait partie du continent européen qui ne se réduit pas à l’UE. Le reconnaître, ce serait une base solide  pour construire une paix durable alors que s’armer jusqu’aux dents ce n’est pas préparer la paix mais risquer à tout moment la guerre.
 
 
 

Jeudi 27 Mars 2025 Commentaires (0)

Il y a bientôt cinq ans que pour tenter de juguler l’épidémie de COVID, le gouvernement décrétait un confinement difficile à supporter mais qui n’avait pas fait perdre le sens de l’humour au rédacteur ou à la rédactrice du texte introductif (page 3) du n° 39 du magazine « 100% Riom » publié à l’époque et que je viens de redécouvrir. Il nous rappelle de fâcheux souvenir certes, mais surtout il a le mérite de nous en faire rire, meilleure façon de nous en libérer et mérite donc bien d’être partagé. Je ne sais pas à qui on le doit, le texte n’étant pas signé.


Du beurre dans le Covid
 
Un matin d’avril 2020, muni de mon attestation de sortie dérogatoire dument remplie et soigneusement rangée dans la poche intérieure de ma veste avec ma carte d’identité, je fus hélé dans la rue par un agent des forces de l’ordre reconverti en en agent des forces de sanitaires. Je venais de tousser dans ma main.
– On ne tousse pas dans sa main, mais dans son coude, me dit-il sur le ton ferme qui sied aux représentants de l’autorité.
– Tousser dans mon coude m’est impossible, Monsieur l’agent, lui répondis-je quelque peu interloqué. Je souffre d’arthrose. Mon épaule se bloque, la douleur est insupportable.
– Si vous souffrez d’arthrose, c’est que vous êtes vieux. Si vous êtes vieux, vous êtes hautement contaminable. Par conséquent vous êtes potentiellement contagieux. Vos papiers et votre attestation dérogatoire !
Penaud, le lui tendis mes papiers, dont il se saisit après avoir enfilé un masque et des gants.
– Sur votre attestation vous avez coché la case « achat de première nécessité ». Or je ne vois aucun caddie ni sac de course.
– J’ai seulement besoin d’une demi-livre de beurre.
– A votre âge, le beurre est mauvais pour la santé. Il bouche les artères et fatigue le foie. Vous n’en avez pas besoin. C’est pourquoi je me trouve dans l’obligation de vous verbaliser.
A ces mots, une sainte colère s’empara de moi.
 – Monsieur l’agent !(Je criais presque). Je ne suis certes plus très jeune, mais je ne suis pas encore vieux. Quant à mes habitudes alimentaires, elles ne vous regardent pas.
– Détrompez-vous ! Les urgences sont pleines à craquer, les services de réanimation débordent. Prendre le risque de mobiliser un lit et du personnel hospitalier pour un plaisir gustatif est purement criminel. Ce n’est pas une mais deux contraventions que je vous dresse. La première pour non-respect de l’article 3 du décret du 23 mars 2020, la seconde pour résistance à un agent dans l’exercice de ses fonctions. Je vais par ailleurs m’assurer auprès de mes collègues que nous n’êtes pas échappé d’une maison de retraite. On ne sait jamais.
 

Mardi 4 Février 2025 Commentaires (0)

Un article du journal 20 minutes du 24/12/2024 abondamment repris rapporte que le Conseil d’État a débouté un enseignant qui a attaqué la circulaire ministérielle dite circulaire Blanquer qui proscrit l’écriture inclusive à l’école et oblige à enseigner la règle d’accord qui prescrit que « le masculin l’emporte sur le féminin ».
Cet enseignant aurait agi au nom de sa fille âgée de onze ans qui s’estimait lésée par ces instructions ministérielles. Il soutenait dans sa plainte que la circulaire en cause créait des conditions de travail défavorables aux femmes et aux « minorités de genre » parce qu’elles seraient régies par des textes maintenant des stéréotypes de genre dans la langue et priverait « les élèves appartenant aux minorités de genre de la possibilité de recevoir des outils langagiers pour se penser et se dire ».


« Des outils langagiers pour se penser et se dire » avec l’écriture inclusive ? Quand on constate le mal qu’on certains enfants pour apprendre l’orthographe et la grammaire sans parler de la difficulté pour certains jeunes ou adultes de lire couramment un texte, on se demande ce qu’enseigne cet enseignant, sûrement pas la grammaire et la lecture !  

Il est possible que des écolières soient choquées lorsqu’elles découvrent cette règle en classe. C’est ainsi qu’une lectrice réagissant à un article qui la condamne écrit : « Le jour où la maîtresse nous a expliqué que "le masculin l'emporte", toutes les filles de ma classe se sont insurgées. On ne comprenait pas pourquoi cette règle existait. Pour nous, s'il y avait 20 filles dans une pièce et un seul garçon, il semblait logique de dire "elles"...! » (in Usbeck et Rica, 4 juillet 2017) Il suffisait de leur expliquer que c’est parce que le masculin joue ici le rôle du genre grammatical neutre qui n’existe plus en français ; qu’en outre le genre grammatical n’est pas le sexe biologique et doit en être distingué ; que ce masculin générique en ce qui nous concerne hommes et femmes renvoie à un absolu humain et non à un mâle sauf connotations contingentes qu’il faut rejeter. C’est sur ces points qu’il faut insister pour apaiser les esprits et arrêter les tentatives qui veulent de force réformer la langue.

Le genre grammatical doit être distingué du genre biologique ou du genre sociologique des « études de genre ».

Il relève de l'arbitraire de la langue, c’est à dire qu’il n’est pas motivé par des éléments extralinguistiques dont il serait le reflet dans celle-ci. C'est ainsi, par exemple, que les noms français, table, lune, étoile sont féminins tandis que leurs correspondants en Allemand, Tisch, Mond, Stern sont masculins, ce que l’on ne peut savoir que lorsqu’ils sont associés au singulier à leurs déterminants dans le groupe nominal (le, la par exemple en français ; der, die, das, en allemand). Comme l’écrivent les grammairiens de Port Royal « le genre masculin ou féminin dans un mot ne regarde pas proprement sa signification, mais le dit seulement de telle nature, qu’il doive se joindre à l’adjectif dans la terminaison masculine ou féminine.» (Antoine Arnaud& Claude Lancelot,  Grammaire générale et raisonnée contenant les fondemens de l’art de parler, Paris, Pierre le Petit, 1660).

Même lorsqu’il s’agit de noms référant à des êtres animés et notamment des humains, le genre grammatical ne correspond pas toujours au sexe. Exemples :

(1)–  Laetitia Casta est un mannequin célèbre.
(2) –  La sentinelle a été tuée, c’était une jeune recrue, il n’avait que 17 ans.
(3) –  L’agent de liaison Annie X a été décoré pour sa bravoure.
(4) –  Il y a encore très peu d’hommes qui choisissent le métier de sage-femme.
(5) – Un homme peut être un meurtrier et une femme une meurtrière mais si celle-ci a commis un meurtre avec préméditation c’est un assassin.
….

Les règles grammaticales d'accord ne sont pas sexistes.

Aujourd'hui, en Français, on écrira :

(6) – Jean et Jeanne sont très intelligents  
(7) – Dans le ciel, la lune et les météores sont brillants
 
Dire qu’en (6) "le masculin l'emporte sur le féminin" est une façon de parler qui permet de retenir facilement la règle d'accord de l'adjectif en vigueur. Sous sa forme exacte pour le groupe nominal, elle s’énonce :  « Quand le groupe nominal comprend plusieurs noms coordonnés, l'adjectif qui se rapporte à ces noms se met au masculin pluriel si l'un au moins des noms est masculin » Ainsi formulée, elle n’a rien de sexiste même si elle a été perçue comme telle et que des féministes veulent la remplacer par une règle de proximité selon laquelle l’adjectif ou le participe passé s’accorde avec le substantif le plus proche. Or ces deux types d’accord coexistent encore aujourd’hui bien que les grammaires prescriptives proscrivent l’accord de proximité alors qu’il était encore toléré dans les textes officiels au début du XXème siècle. D’ailleurs quelle est la règle d’accord appliquée en (7) ?

L’arrêté du 26 février 1901 « relatif à la simplification de l’enseignement de la syntaxe française » stipule que le « masculin l’emporte » mais admet que l’accord puisse se faire selon la règle de proximité : «VI. – Adjectifs  […] 2. Adjectifs construits avec plusieurs substantifs. – Lorsque qu’un adjectif qualificatif suit plusieurs substantifs de genres différents, on tolérera toujours que l’adjectif soit construit au masculin pluriel quel que soit le genre du substantif le plus voisin. – On tolérera aussi l’accord avec le substantif le plus rapproché. Ex : un courage et une foi nouvelle »

Dans l’arrêt du 9 février 1977 « Tolérances grammaticales et orthographiques » qui remplace celui de 1901, la tolérance concernant l’accord des « adjectifs construits avec plusieurs substantifs » n’y figure plus. La tolérance n’est plus que tacite et se fera éventuellement au cas par cas.

Le 28/04/2022, à un sénateur qui s’inquiétait que l’on puisse qualifier de sexiste le français sous prétexte que « le masculin dans son acception neutre « invisibiliserait » les femmes », le Ministère de l’éducation nationale se référant à la circulaire Blanquer de mai 2021, a répondu ceci : « Les professeurs se réfèrent aux programmes scolaires qui renvoient aux normes orthographiques et grammaticales en usage pour enseigner. Par conséquent, ce sont les mêmes règles qui sont enseignées à tous les élèves, notamment celle de l'accord de l'adjectif au masculin pluriel quand il se rapporte à plusieurs noms de genres différents. »

Dans les grammaires prescriptives l’accord de proximité n’est plus enseigné et cela est confirmé par l’arrêt du Conseil d’Etat qui vient de défrayer la chronique (‘faire le buzz’ dans le jargon actuel) !

Au début du XXème siècle les femmes n’avaient pas acquis leur autonomie, n’avaient même pas le droit de vote et ce n’est que dans le dernier quart de ce siècle que le sexisme suprémaciste mâle commença à être blâmé et que les femmes se sont peu à peu libérées de la domination des hommes en France. Pourtant comme le rappel de ces textes officiels le montre, à cette époque les règles de la grammaire prescriptive, la norme donc, permettaient explicitement que le masculin ne l’emporte pas toujours !

Voilà bien la preuve que le statut du masculin dans la langue comme la règle dans la grammaire prescriptive qui tôt ou tard s’appuie sur l’usage, est distinct et indépendant de celui du statut des femmes dans la société.

Même si selon les instructions ministérielles la règle de proximité ne devrait pas être enseignée aujourd’hui, les accords de proximité ont-ils vraiment disparu pour autant ?

Dans la langue parlée, si l’adjectif féminin à une terminaison différant nettement à l’oreille, la règle du primat du masculin choque comme le montre le contraste entre (8) et (8’). Dans de tels cas où l’accord au masculin pourrait « choquer l’oreille », Grevisse estime qu’il faut que « le nom masculin soit rapproché de l’adjectif »pour préserver « l’harmonie » avec comme exemple (9).

(8) – C’est une chance d’avoir eu un père et une mère excellents (E. Henriot)
(8’) – *C’est une chance d’avoir eu un père et une mère excellentes
(8”) – Ce peuple a le cœur et la bouche ouverte à vos louanges (Vaugelas)
(9) – Une tête et un buste humains (A. France , l’ile des Pingouins
 
(8) et (9) sont des exemples repris au Bon usage (8ème éd.) de Maurice Grevisse (p. 307), (8’’) est repris à Claude Favre de Vaugelas (Remarque sur la langue françoise,1647, p.82). Dans la langue parlée, à la différence de celle écrite, il est évident que nous n’aurions pas (8) mais peut-être (8’) qui n’est pas grammatical du moins à l’écrit, car à l’oral la marque du pluriel ne s’entend pas et on est ramenée à une construction semblable à celle de Vaugelas(8’’) ; ou pour le dire autrement, (8’) devrait s’écrire C’est une chance d’avoir eu un père et une mère excellente. Il s’agit donc d’un accord de proximité dans lequel le masculin ne l’emporte pas sur le féminin. On remarquera que pour Vaugelas (9) ne serait pas correct. Il faudrait écrire Une tête et un buste humain. C’est aussi ce qui ressort de la circulaire (abrogée) de 1901 : « On tolérera aussi l’accord avec le substantif le plus rapproché. Ex. : un courage et une foi nouvelle » et non nouvelles. Etant donné le contexte, il est évident que nouvelle s’applique aussi à courage.
 
Dans l’absolu cependant la phrase de l’arrêté de 1901 est ambiguë. On peut comprendre que l’adjectif ne s’applique qu’au substantif avec lequel il est accordé. C’est aussi le cas pour  (8’’), l’exemple de Vaugelas et de toute construction de ce type, quel que soit le genre du substantif le plus proche. D’où la marque du pluriel dans (9) qui lève l’ambiguïté à l’écrit. D’où peut-être le conseil de Malherbe, rapporté par Vaugelas, d’éviter ce type de construction : «Monsieur de Malherbe disait qu’il faut éviter cela comme un écueil, et ce conseil est si sage qu’on en saurait mal se trouver. » 
 
On remarquera que dans (9) et dans toutes les constructions où le nom masculin est le plus proche de l’adjectif, il est impossible de décider s’il s’agit d’un accord de proximité ou d’un accord où « le masculin l’emporte ». Il n’est donc pas du tout certain que l’accord de proximité ait disparu du français parlé contemporain. D’ailleurs une étude de linguistique empirique menée sur de vastes corpus d’énoncés montre que l’accord de proximité s’est maintenu au cours des siècles [Anne Abeillé et col., 2018 « L’accord de proximité du déterminant en français », Discours(En ligne)] et que les constructions de type (9) sont aujourd’hui les plus fréquentes, ce qui implique que l’on ne peut trancher sur la dominance de la règle d’accord officielle et que les normes qu’ont tenté d’imposer des linguistes misogynes comme Scipion Duplex au XVIIème siècle, ou les ministres de l’éducation nationale aujourd’hui n’ont, au mieux, qu’un effet limité sur la langue et son évolution.

L’emploi du masculin générique n’est pas sexiste
 
Considérons maintenant
 
(10) – Ne pourront voter que les résidents et les résidentes inscrites sur la liste
(10’) – Ne pourront voter que les résidents et les résidentes inscrits sur la liste.
 
(10) peut signifier que tous les résidents hommes inscrits ou non sur la liste pourront voter tandis que ne le pourront seulement les résidentes inscrites sur la liste.
 
Si ce que l’on désire affirmer sans ambiguïté est qu’il faut être inscrit sur la liste pour voter et cela que l’on soit homme ou femme, il faut écrire (10’). Dans certaines occurrences, l’accord de proximité tant vanté par beaucoup de féministes peut donc avoir des résultats contraires à ceux que ces féministes recherchent.
 
Cela vient du fait que le genre grammatical féminin n’est pas générique en français, c’est-à-dire qu’il ne peut s’appliquer à la fois aux hommes et aux femmes et plus généralement aux êtres animés de sexe mâle et femelle tandis que c’est le cas du masculin. Les linguistes disent que dans la paire masculin/féminin le terme féminin est le terme marqué.
Pour montrer que cela n’a rien de sexiste ou d’androcentrique on soulignera que cela s’applique aussi à certains noms d’espèces animales si le substantif désignant le mâle et différent de celui qui désigne la femelle comme chat/chatte, chien/chienne, lièvre/hase, etc. et non pie, rossignol, rhinocéros. On aura :
 
(11) – Le chien aboie, le chat miaule, le lièvre couine
Ce qui veut dire que le chien, la chienne et le chiot aboient ; le chat, la chatte et le chaton miaulent ; le lièvre, la hase et le levraut couinent !
 
 De même si l’on affirme
 
(12) – Le propre de l’homme est le rire
 
Cela vaut évidemment non seulement pour un homme,  pour une femme mais aussi pour une fille, un garçon, un enfant, un bébé …
On voit bien grâce à ces exemples qu’il n’y a rien de machiste dans cet usage, ne serait-ce que parce que le générique désigne non seulement les deux sexes mais aussi les jeunes de l’espèce.
 
Conséquences inopportunes de la féminisation des noms de métiers et de fonction.

C’est aussi parce que le genre féminin est le genre marqué que la féminisation des noms de métier peut poser problème pour exprimer par exemple qu’une femme est la meilleure, la plus quelque chose dans un domaine donné.

Pour le comprendre prenons par exemple, l’affirmation (13) :

(13)– Marie Curie est la physicienne atomiste française la plus célèbre (mais c’est Henri Becquerel qui est le physicien le plus célèbre )
(13) ne signifie pas que Marie Curie est la plus célèbre de tous les physiciens atomistes, hommes et femmes confondus, mais de toutes les femmes physiciennes et seulement d’elles alors que c’est ce qui est signifié en (14) ou (15)  :

(14) Le plus célèbre de tous les physiciens atomistes français, c’est Marie Curie. (Ce n’est donc pas Henri Becquerel)
 (15) – De tous les physiciens atomistes français, c’est Marie Curie qui est le plus célèbre. (Ce n’est donc pas Henri Becquerel)

Le nom physicien peut être employé dans un sens générique, sens dans lequel il signifie tous les physiciens, hommes ou femmes, et dans un sens spécifique où il réfère aux hommes exclusivement mais dans ce cas, il tire ce sens spécifique de sa différence avec physicienne. Contrairement à ce que peut suggérer la dérivation physicien/physicienne.

C’est la même chose dans le cas où le substantif est morphologiquement semblable au masculin et au féminin et qu’il désigne indistinctement des humains de sexes différents (substantif épicène), car ce sont les déterminants (article, possessifs, démonstratifs, …) qui vont en spécifier le genre, du moins au singulier. 

(16) – Valérie Masson-Delmotte est la climatologue française la plus connue (ce n’est donc pas Emma Haziza mais le plus connu, c’est Jean Jouzel)
Comparée à :
(17) – Valérie Masson-Delmotte est le plus connu des climatologues français (ce n’est donc ni Jean Jouzel, ni Emma Haziza)

Rappelons au passage que des est la contraction de de les !

(NB : On ne se prononcera pas sur la vérité ou la fausseté de (13) à (17) qui sont là simplement au titre d’illustration.)

C’est ce qui explique par exemple qu’en 1991, la première femme qui fut Premier ministre en France, Edith Cresson, exigeait qu’on la nommât « Madame le Premier Ministre » et non « la Première Ministre » comme il est d’usage de nos jours où un député, Julien Aubdert, a été sanctionné pour s’être obstiné à s’adresser à Madame Sandrine Mazetier qui présidait la séance en la nommant « Madame le président » ;  Sandrine Mazetier qui par ailleurs veut rebaptiser l'école maternelle par une appellation « moins genrée » ce que, bien entendu, savait Julien Aubert.

Dans les années 90, des femmes linguistes se réclamant du féminisme ont théorisé, justifié et approuvé ce rejet de la féminisation des noms de métier et de fonction. Pour elles il s’agissait de refuser d’être Femme Avocat, Femme Premier ministre, Femme… Elles voulaient être Avocat, Premier ministre, … tout court en utilisant le masculin générique et en rejetant la référence au sexe qu’introduit la féminisation morphologique. C’est le cas par exemple de Claire Michard. Elle écrivait en 1996 : «La notion absolue de profession ou de fonction est formalisée par le masculin, sans référence de sexe […]  Par contre, si on utilise des féminins dans ces exemples, le sens femelle envahit celui de profession ou de fonction, le relativise, le restreint, le dévie » (« Genre et sexe en linguistique : les analyses du masculin générique. » In: Mots, n°49, décembre 1996. Textes et sexes. pp. 29-47)
 
On notera qu’il existe une possibilité de ne pas employer le masculin générique, du moins si l’on ne répugne pas à une certaine lourdeur :
 
(18) – De tous les physiciens atomistes français et toutes les physiciennes atomistes françaises, c’est Marie Curie qui est la plus connue.
 
On ne peut même pas abréger comme en (19) tous étant alors un masculin générique !
 
(19) – De tous les physiciens et physiciennes (ou de tous les physiciennes et physiciens)….

 Aujourd’hui, comme le montre l’incident de séance provoqué par Julien Aubert au Palais Bourbon, les féministes sont pourtant des farouches partisans de cette féminisation. Elle ne soulève plus guère d’objections même parmi les « machiste », sauf dans quelques cas de désaccords sur la forme féminine choisie (auteure vs autrice par exemple) ou sur des formes qui posent des problèmes morphologiques ou sémantiques ( ex : tribun/tribune ) . Ce qui est peut-être une victoire à la Pyrrhus …
 
Touste, iel,

Les adversaires du masculin générique ont bricolé quelques nouveaux déterminants et pronoms pour l’éviter. Par exemple au lieu de (16) ci-dessus, on aurait

(20) – De toustes les physiciens et physiciennes

qui est une façon légèrement plus économe d’écrire, sinon de parler mais qui ne satisferait sans doute pas une « personne non binaire » à cause de la déclinaison physicien/physicienne.

Dans ce qui suit, je n’envisagerai que le pronom iel car c’est lui qui a reçu une certaine consécration lexicographique en faisant son entrée dans le « Petit Robert ».

On devrait l’utiliser parce que la langue française étant « genrée », elle ne permettrait pas telle quelle aux « minorités de genre » de se « penser et de se dire ».

Cette introduction pose cependant des problèmes grammaticaux redoutables, pour ne pas dire insolubles. Comment l’accorder avec les adjectifs et participes passés ? Est-ce le genre (grammatical !) masculin non marqué s’applique en la circonstance? On aurait alors au pluriel :

(21)  iel sont très intelligents

Mais cet accord ou le masculin « domine » est ce qui vigoureusement combattu par les afficionados d’un français « inclusif » qui n’invisibilise pas les femmes. En outre qu’en sera-t-il du singulier ?
 Si l’on recourt à l’écriture « inclusive », cela donnerait :

(22) – iel est très intelligent.e.

Ce qui ne peut satisfaire les personnes qui refusent une « assignation de genre »ou celle qui sont « non-binaires » et pour lesquelles on veut introduire ce nouveau pronom.

Il ne semble donc n’y avoir d’autre recours que de contourner la difficulté en choisissant ce que les Canadiens appellent une « écriture épicène » :

(23) – iel possèdent une intelligence très au-dessus de la moyenne. 

En fait en introduisant ce nouveau pronom, on introduit un troisième genre grammatical semblable à un neutre qui ne sera qu’appliqué aux noms de personnes pour satisfaire les « refus d’assignation de genre » ou « les personnes non binaires ». Il ne pourra apparaître que dans des phrases épicènes.

En effet, dans (22) la difficulté provient de ce que l’adjectif « intelligent » n’est pas épicène. Dans (24) elle disparaît parce que l’adjectif « habile » est épicène : il a la même forme morphologique quel que soit le genre du nom qu’il qualifie.

(24) – Iel est habile, c’est pour cela qu’iel réussit.

Comme c’est le caractère de l’adjectif qui est en cause, l’introduction de ce pronom ne peut résoudre le problème lorsqu’il est question d’une personne « non binaire » à la première ou deuxième personne du singulier ou du pluriel comme cela est manifeste dans (25)

(25) – Je suis contente de mes cadeaux de Noël, affirme Louise
        – Je ne suis pas content de mes cadeaux , soupire Louis. Je vais les revendre.
       – Moi non plus, je n’aime pas les cadeaux que j’ai reçus ! s’exclame Louison.
 
On remarquera qu’à la différence des dires de Louis et Louise, celui de Louison est neutre morphologiquement et que son prénom est épicène comme d’autres en français (Dominique, Maxime, Camille, etc.). Si l’on s’en tient à sa déclaration, on ne peut avoir d’indice sur le sexe biologique ou sociologique du locuteur auquel renvoie le « je » de « je n’aime pas » Elle est exemplaire d’un discours épicène.

Il apparaît aussi que la volonté de féminiser par exemple les noms de profession ou de fonction c’est-à-dire d’avoir deux formes morphologiques distinctes lorsque les référents sont de sexe différent et l’écriture inclusive ne sont pas compatibles avec la volonté d’avoir une langue non « genrée », épicène.
 
*********
 
 Vouloir rendre la langue inclusive non « genrée », c’est supposer qu’elle l’est. Et de fait, elle ne l’est que si l’on rejette le masculin générique et que l’on refuse de le voir fonctionner comme un neutre. Ce rejet est au fondement des innovations langagières bancales prônées par les activistes féministes et les défenseurs des « minorités de genre »: écriture inclusive peu lisible et quasiment imprononçable, introduction du pronom iel impossible à accorder, féminisations pas toujours heureuses des noms de métier ou de fonction et entraînant des conséquences imprévues et non voulues, cohérence incertaine entre ces diverses innovations, etc. …

Pourquoi féministes et autres défenseurs des « minorités de genre » s’obstinent-ils donc à vouloir imposer ces expédients ? À vouloir que nous nous torturions le cerveau pour torturer notre langue ? Tous n’ignorent ni le fonctionnement de la langue, ni les distinctions entre genre grammatical, lexical, etc. … Est-ce que ce ne serait pas parce que « le masculin : humain absolu, tracte avec lui fréquemment la référence au sexe mâle » et « une pratique d'appropriation de la généralité humaine » selon les termes de Claire Michard ? Elle estime cependant que ce biais référentiel est contingent et éliminable. À l’inverse, pour la plupart des féministes actuels et ceux qui militent pour la reconnaissance des « minorités de genre », cette connotation mâle du masculin générique est une tare qui lui est consubstantielle et irrémédiable. Je pense qu’ils ont tort.

En définitive, je crois que la vraie question est celle-ci : veut-on être représenté dans notre langue commune comme mâle, femelle, femme, homme, binaire, non binaire, blanc, noir, etc. ou simplement et universellement comme humain, que l’on soit, ou que l’on se sente dans l’une de ces catégories ou dans d’autres encore ?

 

Jeudi 9 Janvier 2025 Commentaires (0)

Avec le recul, on sait aujourd’hui combien les confinements et restrictions qui nous ont été imposés lors de l’épidémie de Covid 19 ont été traumatisants et difficiles à vivre. Or pour certains réchauffistes catastrophistes, ces mesures autoritaires sont un exemple à suivre pour « lutter contre le réchauffement climatique » et sauver la planète ! Le fait qu’ils aient été, bon gré malgré acceptés par la population montre que des mesures autoritaires « imposant un certain nombre de limites » peuvent être décidées et mises en œuvre sans que celle-ci se révolte. En réaction à ces propos, il est impératif de réagir. Le réchauffement climatique n’est pas comparable à une épidémie. Nous ne nous laisserons pas faire.


Contexte

Alors que je triais des fichiers je suis tombé sur une déclaration de la journaliste Agnès Sinaï, lors d’un entretien publié dans la revue Philosophie Magazine datée du 24 mars 2020, donc pendant l’épidémie de Covid 19. Voici ce qu’elle disait : « Cette période oblige en outre nombre d’entre nous à faire l’expérience de la lenteur, de l’intériorité, de la sobriété. Certes, il s’agit d’une sobriété contrainte, d’une décroissance ordonnée par décrets et subie. Il serait préférable que nous soyons capables d’une véritable prise de conscience et de passer à une décroissance choisie, solidaire et égalitaire. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation d’urgence sanitaire, qu’il faut rapprocher de l’urgence écologique – car c’est un paramètre de notre temps, nous sommes en train de détruire à un rythme accéléré le vivant et le système Terre. Or, si la prise de conscience tarde, l’urgence m’apparaît comme un motif valable pour prendre des mesures autoritaires et imposer un certain nombre de limites. Jusqu’à présent, c’est un modèle très libéral qui a prévalu, avec tous les risques que cela implique et qui sont extrêmes ; je pense au réchauffement climatique et aux déchirures de la biodiversité. Nous sommes en danger. Établir des limites, imposer des contraintes, cela peut être acceptable en démocratie, comme nous le voyons actuellement, à la condition expresse que cette décision soit comprise et perçue comme juste. »[  Ce n’est un cas parmi d’autres de ces appels à la contrainte, à l’imposition autoritaire de limites et aux restrictions des libertés individuelles les plus fondamentales.
C’est en réaction à ce texte que j’ai écrit le commentaire suivant :
 
Le réchauffement climatique n'est pas une épidémie !
 
Prendre des mesures drastiques et autoritaires pour lutter contre une épidémie, lorsque l’on n’a pas d’autre choix, on peut le comprendre ! Ces mesures comme la quarantaine, l’isolement, le confinement voire le traçage n’ont pas vocation à durer une fois l’épidémie passée.
Dans le cas du climat, c’est tout à fait différent. Si l’on suit les catastrophistes climatiques, ce serait à l’échelle de plusieurs générations et il ne s’agirait pas de simples restrictions mais d’interdictions conduisant à un changement radical de mode de vie. Autant le péril est présent, palpable dans le cas d’une épidémie et donc évident à tous : les lits d’hôpitaux et les morgues se remplissent ! Autant dans le cas du climat, il n’y a d’autres ressources pour frapper les imaginations que de mettre en avant les aléas météorologiques et les dégâts et morts qu’ils occasionnent. Mais cette année, nous avons eu un épisode de neige précoce après un été pourri, au moins dans l’hexagone ! Et il n’est pas prouvé, aux dires même du GIEC, que ces aléas soient plus importants que par le passé, tant en intensité et qu’en fréquence. Le climat n’est ni la météo, ni ses aléas.
Soyons clairs, les gens de tout âge et de toute condition ne sont pas prêts à accepter ce changement. Dans leur immense majorité, ils ne veulent pas de cette sobriété prêchée par ces nouveaux apôtres de l’apocalypse, à laquelle, à tort ou à raison, la plupart  ne croit pas. D’ailleurs imposée de façon autoritaire, cette sobriété ne saurait être heureuse.
Que des catastrophistes climatiques comme le très médiatique Aurélien Barrau, le climatologue scientiste François-Marie Bréon ou des collapsologes comme Agnès Sinaï puissent froidement envisager une dictature des « savants » et autres « experts » ou « sachants » croyant savoir est inquiétant. Plus inquiétant que les fièvres erratiques des thermomètres. Il ne s’agit plus d’écologie politique, car celle-ci s’appuie certes sur les sciences mais consciente du risque que cela implique, elle a toujours considéré l’exigence démocratique comme indépassable en tant qu’antidote à une dérive totalitaire. On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux. Inutile de remonter très loin dans le passé, pour en avoir la douloureuse preuve.
A l’occasion de cette épidémie, leurs propos révèlent bien ce qu’ils nous réservent. Ceux qui usent leurs semelles en battant le pavé dans les « Marches Pour le Climat » en sont-ils conscients ?
 
 
 

Vendredi 29 Novembre 2024 Commentaires (0)

Les mines sont des catastrophes environnementales.Tout ceux qui se disent protecteur de la nature et de l'environnement devraient le proclamer haut et fort et en tirer les conséquences quant à leur action.


Quand on sait ce qu’est une mine, la relance minière signifie catastrophe environnementale quelle que soit la façon dont on l’emballe avec des mots comme écologiquement responsable, environnement compatible, compensation, valorisation et remise en état des sites après exploitation (dans certains cas 30ans !), indispensable pour la transition énergétique, etc. Partout dans le monde, les gens l’ont bien compris et les futurs riverains d’un projet plus encore que les autres. Peut-être qu’il y a quantité de raisons de vouloir cette relance mais il ne peut y en avoir aucune de valable d’un point de vue environnemental. Une association qui prétend défendre l’environnement ne peut qu’être contre. C’est simple et c’est un critère : s’il y a tergiversation et non opposition ferme, c’est que l’association en question prend en compte d’autres problématiques dont en tant que telle, elle n’a pas à se soucier, des considérations économiques, sociales ou autres. Elle doit s’y opposer, la rejeter et combattre chaque projet partout où cette relance se concrétisait.
 
Ce n’est pas du tout la position des dirigeants de la fédération France Nature Environnement qui écrit « Sans être opposée à la relance minière, FNE demande que l’État réunisse les conditions sociales et environnementales indispensables pour qu’elle se déroule dans des circonstances acceptables tant pour le vivant que pour les humains. » Le beurre, l’argent du beurre et le reste ! Comment peut-on croire, ou plutôt faire croire qu’une relance minière puisse être acceptable pour la nature et le vivant ?
FNE a capitulé avant d’avoir combattu. Elle trahit tous ceux qui défendent leur cadre de vie, une nature proche, familière, qu’elle soit commune ou patrimoniale. À force de se vouloir respectable, de siéger dans diverses instances gouvernementales, ses cadres se sont notabilisés et ne sont plus capables que de lancer des combats d’arrière garde après avoir cédé sur l’essentiel et joué les importants en négociant sur l’accessoire ! De plus, en la circonstance, elle se retrouve piégée. Comment en effet soutenir une transition énergétique censée « décarboner » l’énergie au nom d’une prétendue « urgence climatique » et condamner cette relance minière qui en est la condition ?
 

Jeudi 28 Novembre 2024 Commentaires (0)

Le nucléaire devait garantir l’indépendance énergétique de la France, qui aujourd’hui ne produit plus d’uranium. C’est quelque peu inquiétant lorsque l’on peut craindre des tension sur l’approvisionnement de ce minerai. Et Macron s’en est allé en Mongolie pour essayer d’obtenir un peu d’uranium pour faire marcher nos centrales ! Mais au moins la Mongolie cherche à se démocratiser et c’est moins dégradant que de devoir tenter de faire ami ami avec des dictateurs de pays qui ne nous veulent pas que du bien. Quelle belle réussite en matière d’indépendance énergétique que nous avons là….
« La diplomatie française en quête d’uranium », c’est le titre d’un article très intéressant paru sur le site « Le monde de l’énergie » qui expose les problèmes auxquels l’industrie nucléaire française pourrait être confrontée. En voici quelques extraits.


[Nuclear power was supposed to guarantee France's energy independence, but today the country no longer produces uranium. This is somewhat worrying when we can fear tensions over the supply of this mineral. And Macron has gone to Mongolia to try and get some uranium to run our power stations! But at least Mongolia is trying to democratise, and that's less degrading than trying to make friends with dictators from countries that don't mean us any favours. What a success story we have here in terms of energy independence.... "Pas de nucléaire sans uranium : « La diplomatie française en quête d’uranium » !" is the title of a very interesting article published on the "Le monde de l'énergie" website, which sets out the problems that the French nuclear industry could face. Here are a few extracts.]

*****

(…) Pas de nucléaire sans uranium. Une évidence qu’avait déjà en tête Emmanuel Macron quand, il y a un an et demi de cela, le président de la République s’est rendu… en Mongolie. Un déplacement officiel inédit pour un chef d’État français, à la mesure des enjeux nouveaux qui se dessinent dans la complexe géopolitique nucléaire mondiale.(…)
 
.(…) Si la Mongolie est si courtisée par Paris et les chancelleries occidentales, c’est aussi parce que ce pays, riche en métaux critiques et terres rares, tient une place de choix dans la « stratégie de diversification des approvisionnements européens afin de garantir notre souveraineté énergétique », commentait la présidence française à l’occasion du voyage d’Emmanuel Macron. Orano (ex-Areva), le groupe français spécialisé dans la valorisation et la transformation des matières nucléaires, a en effet signé, en octobre 2023, un accord en vue d’exploiter une mine d’uranium en Mongolie. Le projet, estimé à plus d’un milliard d’euros et co-développé par Orano et l’entreprise publique mongole MonAtomest, doit donner naissance à l’un des plus importants sites d’extraction d’uranium au monde.(…)
 
(…)Pourquoi la Mongolie aiguise-t-elle soudain les appétits des diplomates français ? La réponse est simple : la France ne produisant plus du tout d’uranium sur son territoire, notre pays est contraint, pour trouver les quelque 8 000 tonnes d’uranium nécessaires annuellement à ses cinquante-six réacteurs, d’acheter 100 % du précieux minerai à des fournisseurs étrangers. Au cours des dix dernières années, l’uranium naturel importé en France provenait ainsi essentiellement du Kazakhstan (27%), du Niger (20%) et de l’Ouzbékistan (19%). Autant de régions potentiellement instables, ou dont les autorités peuvent agir sous l’influence de puissances hostiles aux intérêts français et européens – comme la Russie, pour ne pas la nommer (…)
(…)Longtemps réputé morose, le marché de l’uranium a connu, au début de l’année 2024, une spectaculaire envolée, le prix de la livre dépassant, pour la première fois, le seuil symbolique des 100 dollars. Plusieurs facteurs expliquent ces tensions : le coup d’État au Niger, une junte militaire favorable au Kremlin ayant, en juillet 2023, pris le pouvoir à Niamey et chassé du pays les militaires, diplomates et industriels de l’ancienne puissance colonisatrice française ; la forte hausse de la demande chinoise et russe en uranium ; le maintien du contrôle partiel de Moscou sur les mines du Kazakhstan, qui fournissent 40 % de la production mondiale d’uranium ; le contrôle, par la Chine, des mines et réserves de Namibie ; et les ambitions chinoises et russes, toujours, sur les gisements de Tanzanie et du Botswana. (…)
 
(…) [La Mongolie a] récemment adopté, un « amendement à la loi sur les minéraux » [qui]pourrait conduire à l’expropriation partielle des actifs miniers mongols. Le projet de loi interdirait spécifiquement à toute entité de détenir plus de 34 % des actions d’une opération d’extraction de minerai « stratégique » ; de plus, tout bénéficiaire d’une licence d’exploitation minière se verrait dans l’obligation de s’acquitter d’une taxe de 30 % en cas de transfert de droits liés à ces mêmes gisements de minéraux. De quoi donner des sueurs froides aux industriels français sur place, notamment après les engagements annoncés.(…)
 
(…) Concrètement, ces changements obligeraient les entreprises minières opérant en Mongolie à partager leurs bénéfices avec l’État mongol – une forme d’expropriation dissimulée, donc. Parallèlement, la junte au pouvoir au Niger a annoncé, en juin dernier, avoir retiré à Orano le permis d’exploitation du gisement d’Imouraren, franchissant un nouveau palier dans l’envenimement de ses relations avec la France. Autant de signaux qui, sans poser de menace immédiate sur l’approvisionnement en uranium, n’en sont pas moins inquiétants. (…)

*****

Pour lire l’article in extenso sur le site du blog « Le monde de l’énergie », c’est ici
 

Mercredi 27 Novembre 2024 Commentaires (0)
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