Le collectif Air-Santé-Climat rassemble des médecins, des chercheurs et des associations luttant contre la pollution de l’air. Dans une lettre ouverte à la ministre de la transition écologique il dénonce le chauffage au bois et les subventions qui lui sont allouées. Il appelle aussi dans une autre tribune à revenir sur l’interdiction de chaudières au gaz dans les logements neufs. Non seulement la combustion du bois émet des substances dangereuses pour la santé mais de plus, ce n’est pas un bon moyen pour atténuer le changement climatique comme je l’ai moi-même souligné dans un article de ce blog. Enfin, le chauffage bois est une menace pour les forêts, qui devraient être des puits de carbone.
Le chauffage au bois est l’un des principaux responsables des émissions de particules dans l’air tels que les particules fines, très fines et ultrafines, les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques ) trente-cinq fois plus cancérigènes que le fioul domestique, alors que les chauffages au gaz et à l’électricité n’en émettent pas du tout), les oxydes d’azote, le benzène, les composés organiques volatiles, le monoxyde de carbone, lesquels constituent des cancérogènes et affectent les systèmes respiratoire et cardiovasculaire.
S’il reconnaît qu’il est nécessaire de lutter contre le réchauffement climatique le collectif estime à juste titre que cette lutte ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’air et de la santé des habitants. Ce sera le cas si l’Etat promeut un usage intensif du bois. De plus cela augmenterait de 10% les émissions de GES dans les 10 prochaines années selon le GIEC, années qu’il estime pourtant cruciales pour atténuer le réchauffement climatique.
Médecins, scientifiques et associations spécialisées dans la pollution de l’air « demandent au gouvernement de permettre aux villes françaises de pouvoir continuer à installer des chaudières individuelles et collectives au gaz ». Seront-ils entendus ? Ce n’est pas certain.
S’il reconnaît qu’il est nécessaire de lutter contre le réchauffement climatique le collectif estime à juste titre que cette lutte ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’air et de la santé des habitants. Ce sera le cas si l’Etat promeut un usage intensif du bois. De plus cela augmenterait de 10% les émissions de GES dans les 10 prochaines années selon le GIEC, années qu’il estime pourtant cruciales pour atténuer le réchauffement climatique.
Médecins, scientifiques et associations spécialisées dans la pollution de l’air « demandent au gouvernement de permettre aux villes françaises de pouvoir continuer à installer des chaudières individuelles et collectives au gaz ». Seront-ils entendus ? Ce n’est pas certain.
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Voici la lettre ouverte publiée à l’intention de la Ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Madame la Ministre,
Votre budget tristement insuffisant vous offre une réelle « opportunité » – en supprimant les subventions au bois énergie – de faire des économies tout en agissant durablement et efficacement pour la santé de nos concitoyens et de nos forêts.
À l’heure où les enjeux liés au dérèglement climatique n’ont jamais été aussi visibles, nous partageons votre légitime frustration et votre colère face aux contraintes budgétaires de votre ministère. Néanmoins, l’heure est venue de poser une question cruciale : pourquoi, alors que nous sommes contraints de faire des choix budgétaires difficiles, continuer à subventionner le bois énergie, dont l’impact délétère climatique et sanitaire n’est plus à démontrer ?
Une biomasse à préserver
Rappelons que le bois énergie regroupe la production de chaleur et d’électricité par la combustion du bois, et inclut donc le chauffage au bois collectif (centrales industrielles et collectives) et des particuliers (bûches ou granulés). Le bois énergie, souvent considéré comme une énergie « renouvelable » et « bas carbone », bénéficie à ce titre de larges subventions et d’aides publiques. L’Agence de la transition écologique (Ademe) distribue chaque année des centaines de millions d’euros pour soutenir son développement. Il bénéficie également d’une TVA réduite à 10% (contre 20% pour le bois d’œuvre), du Fonds chaleur (dont une part importante est utilisée pour financer les installations de biomasse), du Fonds air-bois, de MaPrimeRénov’, de la prime CEE, et est exonéré de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).
Or les émissions de dioxyde de carbone (CO2) issues de la combustion du bois sont loin d’être négligeables. Brûler du bois pour produire de l’énergie émet plus de CO2 que le gaz naturel, le charbon ou le fioul par kilowattheure produit. À cela s’ajoutent les délais de régénération des forêts : il faudra plusieurs décennies pour que le CO2 émis par la combustion du bois soit à nouveau séquestré, ce qui rend son usage inadapté dans un contexte d’urgence climatique, comme l’ont rappelé des scientifiques du Giec, qui estiment que le développement du bois énergie augmentera d’au moins 10% les émissions de gaz à effet de serre dans les dix prochaines années.
De plus, le puits de carbone forestier s’effondre et certaines de nos forêts émettent désormais du CO2. En seulement dix ans, elles ont perdu la moitié de leur capacité d’absorption du carbone.
Un enjeu sanitaire majeur
Mais le problème de la combustion du bois est aussi et surtout un enjeu sanitaire majeur, car la combustion du bois génère bien plus de particules fines et de gaz toxiques que n’importe quelle autre énergie. Le bois est de très loin l a principale source d’émissions de particules fines et ultrafines et n’épargne pas les villes françaises, où la part du chauffage au bois représente moins de 10% des modes de chauffage mais déjà plus de 70% des émissions de particules fines, par exemple à Strasbourg.
Le chauffage au bois est également délétère pour l’air intérieur, des études montrant que l’utilisation de poêles à bois – même récents – triple le niveau de particules fines à l’intérieur de la maison et augmente significativement le risque de cancers du poumon lors d’une utilisation régulière.
La combustion du bois est également le principal émetteur de métaux lourds, de composés organiques volatils et semi-volatils tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), cancérigènes et perturbateurs endocriniens.
Certes, l’amélioration des appareils certifiés et l’utilisation de filtres dans les chaudières collectives réduisent une part importante de ces émissions, mais celles de polluants restent préoccupantes, notamment en termes de particules ultrafines.
De plus, les subventions accordées à ces appareils récents créent un « appel d’air » et entraînent un développement massif du chauffage au bois là où il n’existait pas ou peu, notamment dans les grandes métropoles. Ce développement du bois énergie dans des zones denses, déjà très polluées, est extrêmement préjudiciable pour la santé des habitants et devrait nous obliger à interdire tout appareil de chauffage au bois dans les métropoles, suivant ainsi l’exemple de Londres ou d’Utrecht.
Combien de milliards d’euros d’argent public a-t-on déjà distribués pendant plus de vingt ans en subventionnant les motorisations diesel via le bonus-malus écologique, au détriment de la santé de tous ? Cette tragique erreur est en train de se répéter et rien ni personne ne parvienne à l’arrêter, malgré les appels de scientifiques, de médecins, de collectifs et d’associations qui se battent contre l’installation de centrales biomasse à proximité d’écoles ou d’habitations.
Lutter efficacement contre la pollution de l’air sera, de plus, assurément bénéfique aux finances publiques puisque le Sénat estimait en 2015 le coût économique de la pollution de l’air à 101,3 milliards d’euros par an en France et qu’un rapport récent quantifiait à 19 milliards d’euros le coût spécifique de la pollution de l’air intérieur.
En cessant de subventionner les aides aux installations de chauffage au bois, collectives ou individuelles, ou au minimum en les adaptant au contexte local (en évitant par exemple les zones densément peuplées, polluées), vous enverrez un message clair aux Français : celui d’un gouvernement déterminé à investir dans la transition écologique, favorisant le stockage du carbone dans des produits à longue durée de vie (charpente, matériaux d’isolation) sans nuire aux écosystèmes ni à la santé des citoyens.
Signataires :
Dr Thomas Bourdrel, collectif Strasbourg respire ; collectif Air-Santé-Climat
Pr Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche Inserm, professeure d’épidémiologie environnementale à l’université de Montpellier ; collectif Air Santé-Climat
Dr Gilles Dixsaut, Comité francilien contre les maladies respiratoires ; collectif Air-Santé-Climat
Dr Pierre Souvet, président de l’Association santé environnement France (Asef) ; collectif Air-Santé-Climat
Dr Mallory Guyon, Collectif environnement santé 74 ; collectif Air-Santé-Climat
Guillaume Muller, Association Val-de-Marne en transition ; collectif Air-Santé Climat
Tony Renucci, directeur général de l’association Respire
Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS
Association Sucy environnement transition
Collectif fontenaysien pour la qualité de l’air
Muriel Auprince, Coll’Air pur
Association pour le respect du site du Mont-Blanc (ARSMB)
Association APPEPHE (Association pour la préservation, la protection et la défense de l’environnement, de la qualité de vie et des paysages des hauts d’Évian)
Association SOS MCS
Collectif anti-nuisances de FNE13
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Pour aller plus loin :
Association Santé Environnement France : L'ASEF est une association loi de 1901 composée exclusivement de professionnels de santé.
Elle travaille sur les questions de santé-environnement ici
Mercredi 27 Novembre 2024
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