Il était temps que N. Sarkozy et son bras armé, la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, s’en aillent. Pour les protecteurs et amis de la nature, pour les écologistes, leur bilan est accablant.
Mais maintenant, qu’en sera-t-il avec François Hollande ? Si les associations environnementalistes avaient décerné un « carton rouge » à N. Sarkozy, François Hollande, lui, avait eu droit à un carton jaune… loin des éloges dithyrambiques et des flagorneries pitoyables auxquelles se livrent la direction des Verts en mal de portefeuilles ministériels, l’intrigante Cécile Duflot et l’inénarrable Vincent Placé en tête. Il ne faut pas compter sur toute cette clique d’arrivistes pour infléchir la politique environnementale du nouveau président. Même si elle le voulait vraiment, elle ne le pourrait guère. Le score calamiteux de celle qui était supposée porter les couleurs de l’écologie à la présidentielle et les ambitions personnelles de sa direction réduit Europe-Ecologie Les Verts à l’impuissance.


Non, le 6 mai 2012 les protecteurs et amis de la nature n’avaient pas de victoire à fêter, ils avaient seulement à se réjouir de la défaite d’un de leurs adversaires les plus acharnés et le plus puissant jusqu’à ce jour où le verdict des urnes a réglé son sort. De façon définitive … du moins peut-on l’espérer…C’est pourquoi dans la première partie de cet article, il ne s’agira pas de «tirer sur l’ambulance» mais de faire le bilan d’une fin de règne pour montrer l’ampleur des dégâts à réparer. Cette ampleur jointe au manque probable de véritable soutien des politiques roses, rouges ou même verts n’a pas de quoi rendre optimiste même s’il faut toujours espérer et pour les plus engagés continuer à se battre.

La fin du règne de Nicolas Sarkozy : une catastrophe pour la faune sauvage

Les piégeurs, les chasseurs et autres exterminateurs de bêtes sauvages adorent la catégorie de «nuisible» dans laquelle ils peuvent ranger celles qu’ils considèrent comme leurs concurrents en compagnie de tout un petit peuple de poils et de plumes à massacrer sans merci par tous les moyens avec une préférence nette pour les plus cruels. Il faut faire disparaître cette catégorie stupide de «nuisible» pour les bêtes mais il faut la conserver pour certaines gens comme les piégeurs et tous ceux qui chassent pour le plaisir. Dans d’autres domaines, on pourrait aussi y classer les spéculateurs, les traders, les nucléocrates etc. Tous ces gens-là font bien plus de dégâts et de ravages que toutes les belettes, renards, corbeaux ou pies bavardes de la création… Certains hommes ou femmes politiques appartiennent aussi à cette catégorie. Parmi eux, toutes les bêtes sauvages, leurs porte-paroles et défenseurs y classeront Nicolas Sarkozy et son bras armé, sa ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet qui se sont montrés prêts à sacrifier la faune sauvage pour couvrir de cadeaux les chasseurs afin d’obtenir leurs voix pour les élections présidentielles.
Les chasseurs voulaient chasser plus longtemps, N. Sarkozy n’a pas voulu leur refuser ce petit plaisir.
Il avait dénoncé les «tracasseries» du Conseil d’Etat et il les a fait contourner par sa ministre de l’environnement. Les chasseurs ont pu chasser sous couvert de « dérogation scientifique » (sic !!) du 1 au 10 février dernier 180 oies cendrées alors que ledit conseil avait enjoint la ministre de l’écologie de fermer cette chasse le 31 janvier. Dans les départements du nord de la France l’ouverture générale devrait être avancée d’une à deux semaines. La chasse au pigeon ramier a été étendue de 10 jours toujours dans le Nord de la France et des mesures semblables sont envisagées pour d’autres régions, mais aussi pour la grive et le merle dans la Drôme et l’Ardèche, le gibier d’eau sur tout le pourtour méditerranéen. La chasse au vanneau ouvrait le 15 octobre, elle sera autorisée un mois plus tôt à compter de la saison prochaine, soit, dès l’ouverture générale dans toute la France.
Les chasseurs voulaient chasser plus d’espèces.
Cela leur a été d’ores et déjà accordé en février pour la Bernache du Canada (voir ici même ). Ils pourront continuer à chasser le Grand tétras jusqu’à sa disparition, l’Eider à duvet espèce classée «en danger (d’extinction)» et le Courlis cendré, espèce également menacée classée «vulnérable» N. Sarkozy a même été jusqu’à leur promettre de prendre des mesures pour autoriser les chasses traditionnelles d’espèces protégées telles que le Bruant ortolan, ce qui ne peut se faire qu’en toute illégalité.
Avec ceux des chasseurs, les lobbies des éleveurs de moutons n’ont pas été oubliés.
Ce sont souvent les mêmes qui les animent. C’est en effet le chasseur plus que l’éleveur que les grands carnivores a pour ennemi.
En Juin 2011, la ministre de l’écologie a renoncé à lâcher un ours dans les Pyrénées reniant ses promesses. Les associations de protection de la nature sauvage s’étaient alors insurgées contre cette décision. L’association Ferus avait notamment déclaré : « L'Etat français renie ainsi l'engagement qu'il avait pris l'an dernier de remplacer les ours tués par la faute de l'homme. Il renonce par là même à sa décision de procéder par toutes petites étapes au soutien d'une population d'ours pyrénéens en grande difficulté, faute d'avoir affiché sa volonté de la restaurer. (...)Nous devons continuer de préparer les conditions (du) renforcement (de la population d'ours) qui sera remis en débat après 2012. Nous verrons d'ici là ce que diront les instances européennes devant le refus de la France d'ignorer son obligation de rétablir les espèces prioritaires en grand danger »
Après la peau de l’ours, Nathalie Kosciusko-Morizet voulait-elle celle du loup ? Exécutrice des désirs de son Président, elle a demandé à son ministère de lancer des «consultations publiques» pour des tirs de destruction de 11 loups, consultation dont le résultat, comme pour le décret concernant la chasse de la Bernache était décidé par avance.
Qui a le plus grand pouvoir de nuisance sur la biodiversité, c’est-à-dire sur la Nature et la vie sauvage? La petite belette où celles et ceux qui était prêts à tout pour obtenir les suffrages des 1, 5 millions de chasseurs et les lobbies associés, oublieux des non-chasseurs – c’est-à-dire, le reste de la population française ? Il fallait que Sarkozy, sa suite, ses sbires dont Nathalie Kosciusko-Morizet, dégagent. C’est chose faite. C’était nécessaire, mais ce n’est pas suffisant.

PS, UMP un même empressement auprès des chasseurs ?


Peut-être, si l’on en juge en fonction de ce qui s’est passé au Sénat.
En effet, la période électorale avait mal commencé. En février les sénateurs et députés PS et UMP ont voté comme un seul homme la proposition de loi UMP sur la chasse, qui prétend reconnaître à cette détestable pratique un rôle instrument efficace de gestion de la biodiversité. Ce qui est manifestement se moquer du monde, des faits, et réécrire l’histoire (voir ici )
La nouvelle loi reconnaît « le rôle des fédérations départementales des chasseurs en matière d'information et d'éducation au développement durable » ôtant ainsi à cette notion encore un peu plus de ce qui pouvait lui rester de contenu et de sens. Conséquence scandaleuse, les chasseurs pourront ainsi intervenir en milieu scolaire pour endoctriner les enfants.
Cette loi comporte aussi des dispositions pour favoriser et faciliter l’exercice de ce passe-temps mortifère. C’est ainsi que « dès la première validation annuelle du permis » un chasseur novice aura le droit de chasser, non plus sur son seul département, mais sur l’ensemble du territoire français. La délivrance des permis sera désormais confiée au directeur de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage selon une procédure simplifiée et beaucoup plus grave, cette loi transfère la fixation du prélèvement maximal autorisé de gibier du préfet aux fédérations de chasseurs. On imagine déjà les dérives…
Elle favorise la chasse au gibier d’eau dont les excès défraient souvent la chronique par des avantages fiscaux en étendant aux terrains de chasse l'exonération de la taxe sur le foncier non bâti en zone humide au détriment d’ailleurs des contribuables non chasseurs des communes et collectivités territoriales. Elle facilite aussi cette chasse en rendant plus simple le déplacement depuis les postes fixes, hutteaux, huttes, tonnes et gabions.
Enfin, cerise sur le gâteau, elle permet au préfet de demander aux propriétaires de terrains non chassés de faire «prélever» du gibier si nécessaire.
Qu’attendre d’un PS qui vote un tel texte ? Qu’attendre d’un président issu de ce parti ?
On voit mal les élus PS d’une nouvelle majorité présidentielle potentielle revenir sur leur vote d’autant que ce ne sont pas les députés d’Europe Ecologie Les Verts, cinquième roue opportuniste de cette future majorité potentielle qui pourront les y contraindre. Quant au Front de gauche et aux Communistes, ils baignent dans un anthropocentrisme étroit qui laisse peu de place au souci de la vie sauvage.

Un test décisif

A supposer qu’il ou qu’elle le veuille, il faudra beaucoup de courage, de conviction et de ténacité à celui ou celle qui sera ministre de l’environnement ou qui aura l’environnement dans son domaine de compétence pour revenir sur toutes ces mesures, sur tous les cadeaux fait aux chasseurs sans souci de la préservation des espèces, des sentiments des non-chasseurs. Un test significatif sera sa position et celle du nouveau gouvernement sur les projets d’arrêtés concernant le tir de destruction de 11 loups sur la période 2012 – 2013 et l’extension des dérogations à l’interdiction de la destruction de loups à trois nouveaux départements. Ces arrêtés étaient soumis à une consultation du public qui s’est terminée au lendemain du deuxième tour de l’élection présidentielle. Avec Nathalie Kosciusko-Morizet, le résultat était connu d’avance : les arrêtés auraient été publiés. Le nouveau gouvernement va-t-il entendre les arguments des éthologues spécialistes du loup et des associations telles que Férus ? Les deux décrets seront-ils revus ? Le test sera décisif pour juger des orientations du nouveau président, de son gouvernement, de son souci de la nature sauvage et de sa préservation, thème que EE-LV n’a pas su ou voulu mettre en avant pendant la campagne. Thème dont le parti du vainqueur n’a rien à faire et dont il ignore bien des choses, semblant même dans la réponse signée de Hollande confondre le cas de l’Ours et celui du Loup…

D’Europe-Ecologie Les Verts, il n’y a aucun secours à attendre…

Il est beaucoup trop tôt pour affirmer comme le fait Cécile Duflot que « L'accession de François Hollande à la présidence de la République est une chance pour la France, pour l'écologie » Il ne s’agit là qu’acte d’allégeance au vainqueur dans l’espoir d’en intégrer l’équipe. Duflot, Placé et Cie ne sont plus, depuis quelque temps, des leaders d’un parti qui se veut partenaire du PS dans une éventuelle coalition majoritaire à l’Assemblée nationale. Ce sont de vulgaires courtisans courbant l’échine devant le Prince dans l’espoir de quelques faveurs. De ceux-là qui sont en train de tuer l’écologie politique pour satisfaire leurs misérables ambitions, il n’y aura aucun secours à attendre.

Bien sûr, les questions concernant la nature sauvage, la biodiversité et leur préservation ne sont pas tout. Pour beaucoup, certains ‘écologistes’ y compris, ce ne sont pas des questions prioritaires. Ce sont l’emploi, la crise économique, l’énergie qui le sont. Néanmoins ces questions sont des questions écologiques par excellence. La façon dont le gouvernement nouveau y répondra et dont il les traitera seront révélatrices de sa vision des choses et du degré de compatibilité de celle-ci avec celle d’un écologiste.




Jeudi 10 Mai 2012 Commentaires (0)

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