La libre évolution consiste en une « non gestion » d’un espace que l’on laisse se transformer au cours du temps sans « forçage » anthropique. Appliquée aux espaces protégés, cette « non gestion » s’oppose à leur aménagement dans une optique de patrimonialisation qui vise à les maintenir en l’état pour leur valeur intrinsèque ou pour tenter la conservation d’espèces rares ou en danger.

Appliquée aux espaces en déprise agricole, c’est-à-dire aux friches, il s’agit de les laisser s’embroussailler et de peut-être se transformer à long terme en forêt sans chercher à garder un milieu ouvert.

Appliquées aux forêts non exploitées ou qui ne le sont plus et laissées à elles-mêmes la libre évolution est de fait. Il s’agit d’un ré-ensauvagement passif.

Alors que certains politicien voudraient que l’on puisse les exploiter à nouveau sans grand succès jusqu’à présent malgré les aides diverses qu’ils ont mis en place, d’autres au contraire voudrait transformer ce « rewilding » passif en un « rewilding » actif « pour atteindre une pleine naturalité » sans voir un seul instant qu’il ‘agit d’une contradiction dans les termes.

Il s’agirait de réintroduire des animaux qui en ont disparu depuis plus ou moins longtemps ou des animaux "dé-domestiqués" s’en rapprochant « Un grand herbivore domestique de race ancienne ou dédomestiqué peut, s’il est présent toute l’année dans un milieu naturel, restaurer la fonction d’herbivorie et ses effets positifs sous réserve d’une densité limitée et d’absence de traitement pharmaceutique » selon un avocat de ce mode de ré-ensauvagement, Gilles Rayé qui cite comme exemple les « aurochs  reconstitués » de l’’Aubrac (Rayé 2021). En attendant sans doute que le génie génétique fasse revivre les grands mammifères du pléistocène !!! Il est à remarquer ce rewilding n’exclut pas l’exercice de la chasse parce qu’il est nécessaire de réguler les herbivores en attendant que les prédateurs soient en nombre suffisants, en remplacement, ou en complément de ceux-ci. Ce qui ne peut satisfaire l’ASPAS.


L’ASPAS est une association que l’on peut qualifier d’anti-chasse, bien qu’elle s’en défende alors que toute sa pratique le montre de façon criante. D’ailleurs ni les chasseurs, ni les animalistes ne s’y sont trompés. Les chasseurs la considèrent comme une association hostile et les anti-chasses, animalistes plus ou moins radicaux constituent l’essentiel de ses supporters, adhérents et donateurs. Elle jette son dévolu sur des espaces à forte naturalité, des forêts, principalement qu’elle achète pour en faire des réserves. Comme par hasard, il s’agit souvent de domaines soit réservés à la chasse comme le Grand Barry dans le Diois ou le Valfanjouse dans le Vercors drômois, soit des sites fréquentés par les chasseurs et les pêcheurs comme Les deux lacs sur le Rhône. Espaces de nature en libre évolution certes ; mais surtout et avant tout, sans fusil, ni canne à pêche, ni bêtes à laine ou à cornes, alors que chasse, pêche, pâturage ont préservé la naturalité de ces sites que cette association a acquis ou convoite. L’ASPAS veut protéger les animaux sauvages des chasseurs… mais pas des animaux prédateurs. Or, à tout prendre, si c’est une question de souffrance, pour un chamois être tué par un bon chasseur qui vise bien, c’est bien moins douloureux que d’être dépecé vivant par un loup… Et s’il n’y a pas de régulation, de mourir de faim. Mais quand on déteste la chasse, on entre pas dans ces considérations…


C’est contre cette façon de procéder de l’ASPAS que j’argumenterai dans cet article en me focalisant sur la dernière acquisition en date de cette association, une ancienne réserve de chasse de presque 500 hectare achetée au prix de 2,3 millions d’euros et qu’elle tente maintenant de convertir en une de ses « réserves de nature sauvage® », non sans mal et sans y réussir jusqu’à présent.


Je ne suis pas pour autant opposé à l’idée de libre évolution, bien au contraire, mais pour libre évolution de terres en déprises agricole ou sylvicole qui pour diverses raisons ne seront plus exploitées à court, moyen et sans doute long terme, un rewilding passif, qui respecte le temps long de la nature.


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Voici ce que Madline Rubin la directrice de l’ASPAS déclare à la journaliste du Monde à qui elle fait visiter le Valfanjouse dans la commune de Léoncel dans la Drôme, une propriété faites de près et de bois qui était avant son achat par l’ASPAS un espace entièrement consacré à la chasse, à ses différentes formes et organisé à cet effet et qu’elle compte maintenant laisser en libre évolution :« Les animaux se trempent dans la boue puis se frottent aux arbres. A force, l’écorce se décolle. Les parasites vont pouvoir entrer dans l’arbre, qui va ensuite mourir. Mais quand on a des arbres morts, ici, on est content ! Cela fait venir des insectes, des champignons… Il est temps de laisser vieillir les arbres. » 1

Les animaux se frottent aux arbres, l’écorce se décolle, les parasites vont tuer l’arbre. On est content, il est temps de laisser vieillir les arbres !!!! Ou elle n’a pas conscience de se contredire, ou elle se moque de nous et de la journaliste qui retranscrit ses propos sans en signaler l’absurdité!

En fait l’ASPAS est avant tout une association anti-chasse et son intérêt pour la « libre évolution » est secondaire, un moyen pour son objectif : la protection des animaux sauvages comme le définit son acronyme (ASsociation pour la Protection des Animaux Sauvages). La protection contre qui ? Les chasseurs essentiellement !


Baptiste Morizot, philosophe soutien de l’ASPAS, interprète l’opposition entre l’ASPAS et les éleveurs, les chasseurs et les paysans de la Drôme comme un malentendu né d’une conception dualiste qui oppose l’homme et la nature. « Le dualisme fonctionne dans nos esprits par la loi des proportions inverses, comme des vases communicants : ce qui est bon pour l’un est mauvais pour l’autre (…) ce qui est donné à l’un est pris à l’autre. » 2 Pour résoudre le conflit, il faudrait sortir de ce dualisme. Mais la façon d’en sortir de l’ASPAS est plutôt curieuse : elle est d’interdire l’espace en cause aux gens qui y vivaient et en vivaient depuis les temps historiques et préhistoriques.


On peut s’interroger à propos de ce dualisme « homme/nature »3  : qui est le plus dualiste, les habitants du lieu qui ont des pratiques leur ont permis d’en vivre tout en lui conservant sa « haute naturalité » ou ceux qui comme l’ASPAS veulent les en exclure parce que ce sont des humains qui empêchent la nature de s’exprimer ?


Le conflit entre les ruraux et l’ASPAS est beaucoup plus terre à terre mais néanmoins aussi significatif que ces abstractions métaphysiques qui en cachent les véritables enjeux, une concurrence pour la propriété de terres dont le prix est trop élevé pour que les paysans puissent l’acquérir surtout face à l’ASPAS, association qui est pour le moins aisée, qui fait encore monter les prix en se rendant acquéreur pour se retrouver, in fine, seule à pouvoir acheter : « Ce qui les énerve sur notre projet actuel « Vercors vie sauvage » c’est qu’il s’agit d’une zone de 500 hectares, donc c’est grand, donc c’était cher. Personne n’arrivait à l’acheter. On a pu l’acquérir. » (Déclaration de Madline Rubin à Charlie Hebdo, 21 août 2020). Et une fois propriétaire des 490 ha de Valfanjouse dans la Drôme, acquis je le rappelle au prix de 2,3 millions d’euros, cette association en expulse l’éleveur de la ferme voisine qui fauchait une trentaine d'hectares sur le site avec l’accord de l’ancien gestionnaire.


Pourtant l’ASPAS écrit sur son site : « Aucune zone agricole ou de pâturage n’a fait l’objet d’acquisition. L’ASPAS a fait le choix de concentrer ses acquisitions dans des zones les plus naturelles possibles »4 et «Les RVS ne sont pas sur des terrains agricoles »5 . Tiens donc ! Monsieur Valéry Vassal, l’éleveur concerné est bien placé pour en douter!


Il faut ajouter que l’ASPAS a essayé d’acheter un espace de 300 hectares de la montagne de Miélandre dans le Diois, où six agriculteurs faisaient du pâturage sous-bois. Il est vrai qu’en chicanant un peu, on peut expliquer que cela n’en faisait pas une « zone de pâturage » puisqu’il s’agit de pâturage en forêt, mais ce n’était l’avis ni des élus, ni des usagers locaux, ni même du Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. En concurrence avec le projet de l’ASPAS «  un projet d’Espace Naturel Sensible avec l’intercommunalité de Dieulefit, le Département, la Région, le Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales s’est bâti, et la propriété a finalement été rachetée au prix de 800 000 euros sur des fonds publics pour maintenir «un élevage pastoral, l’entretien et la gestion des ressources forestières, l’agritourisme » et éviter l’implantation d’une nouvelle Réserve de Vie Sauvage®. » Ariane Cornerier (2021), p. 59 https://www.sciencespo.fr/public/sites/sciencespo.fr.public/files/Cornerier%20Ariane.pdf [Sa thèse est une source importante non seulement pour le cas de la réserve ASPAS de la Drôme mais aussi sur la question plus générale du « re-ensauvagement en Europe.]


Dans son apologie de la méthode qui consiste à acheter des terres pour les laisser en évolution libre, Morizot y voit un détournement du droit de propriété. Dans les faits, il n’en est rien. La propriété ce n’est pas d’abord le droit d’exploiter que l’on pourrait détourner en droit de protéger comme il l’affirme. L’ASPAS ne fait qu’utiliser le droit de propriété sans détournement aucun dans toute sa rigueur, sans arrangement avec ceux qui avait négocié un certain usage d’une petite partie de la propriété.


Plus précisément et très concrètement, elle s’en sert comme elle en a le droit pour ôter toute possibilité à l’éleveur voisin de faucher et faire pâturer ses vaches sur 30 ha, alors qu’il avait un contrat oral avec l’ancien gestionnaire pour le faire moyennant une compensation en nature, ce qui permettait aussi de garder ce milieu ouvert avec sa riche flore associée. 30 ha sur 500 ha, c’est-à-dire environs 6% ! Et pour ces 6%, l’ASPAS met une ferme bio en danger en la déstabilisant économiquement en la privant des prés de fauche et de pâtures essentiels pour nourrir ses bêtes.


Lorsque l’ASPAS et B. Morizot justifient cette intransigeance en affirmant qu’il ne s’agit que de mettre en libre évolution une surface infime du territoire national, de deux choses l’une : ou ils n’ont compris ni le problème particulier de l’agriculteur, ni le problème plus général d’accès à un foncier devenu trop cher6 pour des paysans qui n’arrivent que difficilement à survivre économiquement ; ou ils ne veulent pas le comprendre parce qu’ils n’en ont rien à faire. Ainsi selon la directrice de l’association il n’y a pas besoin d’un agriculteur pour garder cette partie de la propriété en milieu ouvert, les ongulés et les sangliers s’en chargeront! Certes, les sangliers s’en chargeront tellement bien qu’ils déterreront les bulbes et défonceront les prairies dont il ne restera que boutis et vermillis.


Comme le demande un paysan qui « fait du bio » : «  «Pourquoi ils ne rachètent pas des friches industrielles ? Il y en a plein dans la vallée du Rhône. Et ils les remettent au vert. »7  En effet, pourquoi ? « Ce qui nous intéresse, [déclare sans ambages la directrice de l’association] ce sont les lieux qui sont en train de se reconstituer d’un point de vue écologique et auquel on a le moins touché possible. On peut gagner 100 ans si on arrive à protéger des arbres qui ont déjà une centaine d’années et c’est ça de pris. »8


Disons plutôt que ce qui ne les intéresse pas, ce sont des milieux trop dégradés pour être l’’habitat actuel des animaux sauvages dont ils se veulent les protecteurs et dont ils s’occupent au premier chef, à savoir des mammifères chassables ou piégeables, le gibier ou ses prédateurs (renards, lynx, loups, blaireaux, ours principalement). Si l’ASPAS achète des espaces à haute naturalité, c’est d’abord pour que ne soient plus chassés les animaux sauvages qui y vivent au moment de l’acquisition et pour les laisser ensuite dans ces espaces en « libre évolution » pour qu’ils puissent y prospérer à l’abri des fusils : « Ce volet-là de l’action de l’Aspas a été pensé dès l’origine de l’association il y a 40 ans, mais ça fait une dizaine d’années qu’on a eu la volonté de le concrétiser vraiment. Parce que c’est essentiel. C’est en protégeant les milieux qu’on pourra protéger les animaux et c’est donc en devenant propriétaire qu’on peut décider ce qu’on peut faire pour la protection des milieux » 9


Ironie de l’histoire, c’est grâce à la chasse et à une exploitation extensive par ceux que l’ASPAS met dehors que le domaine de Valfanjouse est un des sites « en train de se reconstituer d’un point de vue écologique et auquel on a le moins touché possible » (selon les déclarations de la directrice de l’ASPAS elle-même)10 . Quelle reconnaissance venant d’une association anti-chasse qui a une certaine porosité avec les animalistes, les végans et autres antispécistes ! Ce qui veut donc dire que ces chasseurs, éleveurs, sylviculteurs, agriculteurs locaux avec lesquels elle n’a pas voulu négocier, ni « rien lâcher » ne sont pas ces extractivistes, productivistes et lobbyistes qu’elle se plaît à dénoncer de concert avec B. Morizot11 . Il faut croire que dans ce cas précis « l’extraction [ ?], la pâture, la coupe, la fauche, la chasse.. » n’ont pas eu cet effet délétère que dénonce à longueur de pages ce dernier12 ! Mais l’affaire est entendue : on ne négocie pas avec ces « pelés, ces galeux » d’où viendrait tout le mal. Leurs activités sont déplaçables selon l’ASPAS, c’est pourtant où sont leur activité qu’est aussi leur lieu de vie, mais de cela, il faut bien reconnaître qu’elle n’en a cure.

On ne négocie pas avec eux parce négocier serait défendre les dominants « qui ont le plus grand pouvoir économique et politique de lobbying » écrit B. Morizot 13 tout à rebours de la réalité comme on l’a rappelé ici et comme établi de façon irréfutable par Ariane Cornerier (2021). Face à cette association, les paysans et chasseurs drômois sont démunis économiquement, personne parmi eux ne pouvait acheter cette propriété, même en s’associant à plusieurs. Ils sont aussi démunis juridiquement face à une association procédurière, eux qui ont l’habitude de régler leurs différends sans passer par la case procès qui coûte cher. Ils le sont médiatiquement parce que, comme ils le reconnaissent « « nous, les paysans, on n’est pas bon pour l’allocution, eux ils sont doués pour ça, ils sont tout le temps dans les médias »14 Il ne leur reste que la manifestation. Dans le cas précis, on voit que le dominant n’est pas celui que Morizot voudrait nous faire croire.


Si le ré-ensauvagement à la mode de l’ASPAS diffère de la préservation de la wilderness à l’américaine en ce sens qu’il ne postule pas un état initial vierge de toute influence humaine que les blancs ont cru trouver et qu’il fallait préserver, il lui ressemble dans sa manière de procéder. Pour créer les parcs nationaux, les colons blancs en ont expulsé leurs habitants, oublieux du fait que s’ils étaient dans l’état dans lequel ils les voyaient, c’étaient parce que ceux y vivaient et en vivaient les avaient conservés ainsi. Et c’est ainsi partout dans le monde : « C’est souvent précisément parce que ces endroits ‘sauvages’ ont été protégés par leurs gardiens autochtones que les défenseurs de l’environnement les ont choisis comme réserves. »15 Cela n’est pas sans conséquences pour les populations ainsi expulsées de leur milieu de vie : «L’expropriation des peuples autochtones à des fins de protection de la nature peut paraître plus bénigne [qu’à des fins économiques], mais pour eux, les conséquences n’en sont pas moins catastrophiques. Une fois séparés de leurs terres, ils commencent à oublier leurs traditions, leur savoir-faire et leurs connaissances qui ensemble tissent la toile de leur identité. S’ensuit alors un profond déclin de leur santé physique et mentale. » 16


L’ASPAS a jeté son dévolu sur cette propriété à Léoncel parce qu’elle était en bon état de conservation d’un point de vue écologique et possédait une « haute naturalité » mais qui a laissé pousser ses arbres centenaires ? Grâce à qui ces lieux sont en « bon état de conservation », exploités en leur conservant une « haute naturalité » ? C’est grâce à la chasse honnie et aux ruraux qui y vivent. En guise de remerciement, ils en sont expulsés, perdants d’un combat à armes inégales. Certes, ce n’est pas tout un peuple, simplement quelques ruraux mais ce n’est pas pour autant sans conséquences pénalisantes pour eux. Il ne s’agit pas seulement de problèmes économiques mis à part les éleveurs directement touchés, la propriété étant privée, « Il s’agit d’une dépossession symbolique ressentie à l’échelle locale puisque les locaux sentent remis en cause leur manière de gérer leur environnement » 17 Ils se sentent remis en question dans leur façon d’être.
 

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Cueillette et chasse réglementées mais non interdites n’entravent pas la libre évolution d’un milieu, elles en sont un facteur. Pour le comprendre il faut bien se rendre compte qu’à part quelques milieux qui leurs sont particulièrement hostiles, il n’y a pas de territoires dans lesquels des humains (sapiens, néanderthaliens, …) n’ont pas séjourné, plus ou moins longtemps à une époque ou une autre et qui ont eu une influence plus ou moins importante sur le cours de la nature dans ces lieux, y compris sur les forêts dites vierges qui ont été l’objet d’occupation très anciennes, occupation dont on retrouve aujourd’hui les traces, notamment en Amazonie18 , pourtant considérée comme une forêt primaire. On doit convenir qu’à partir de la fin pléistocène déjà, bien rares sont les sites dont le devenir n’a pas été influencé par des humains et de façon bien plus durable que peuvent le faire un ramasseur de champignons ou un cueilleur occasionnel de fraises ou de simples, et même un chasseur. C’est pourquoi dans un espace en libre évolution, des activités de cueillettes et de chasse ne devraient pas être interdites mais simplement réglementées comme elles le sont d’ailleurs dans le cadre d’arrêtés émanant des collectivités concernées et des plans de chasse établis par les préfets en tant que représentant de l’Etat en concertation avec les associations et syndicats concernés. Un espace en libre évolution est modulo ces restrictions, un espace laissé à lui-même. Du moins, c’est cette forme de libre évolution qui ne lèse personne qui peut être bien acceptée socialement, un lent re-wilding qui n’est pas utilisé à des fins anti-chasses comme c’est le cas des réserves de l’ASPAS.


Il n’y a pas que les parcelles forestières oubliées ou même inconnues de leurs propriétaires que cite Morizot qui sont en libre évolution en ce sens, sans aménagement ni gestion d’aucune sorte. Par exemple il y a aussi les parcelles dont le propriétaire est inconnu, des ripisylves, des forêts de ravin, des forêts de montagnes sur des pentes inaccessibles ou trop fortes, trop ébouleuses pour être exploitées, les couloirs d’avalanches et leurs abords, les pierriers, etc. ... Il faut y ajouter les terrils, les terres agricoles en déprise…


La libre évolution suppose un temps long pour que jouent pleinement les processus de ré-naturalisation et il se peut que certains de ces espaces abandonnés aujourd’hui soient exploités à nouveau demain d’une manière ou d’une autre comme le remarque Morizot. Pas tous, cependant.


Pour s’en tenir aux parcelles agricoles en déprises, aux friches dont la ré-naturalisation est de loin la plus intéressante à long terme, on peut raisonnablement conjecturer que parmi elles il y en a qui ne seront plus cultivées, ni exploitées parce que mal situées, au sol trop ingrat ou tout simplement impropres à une remise en culture avec des techniques agricoles modernes. Même avant que la déprise agricole commence, elles n’étaient que pâturées extensivement par des moutons, pâturage qui s’insérait dans des formes d’économie locale disparues et qui n’est plus du tout rentable aujourd’hui. Ces terres sont celles qui ont été abandonnées les premières. Certes, il n’y a pas de garanties juridiques pour qu’elles le restent mais des contraintes physiques jouant sur le long terme et des contraintes économiques jouant à court et moyen terme. Ce qui ne veut pas dire que des arrêtés interdisant le défrichement et l’artificialisation de ces parcelles ne seraient pas les bienvenus pour ce qui les concernent. De toute façon, sur le long terme, a fortiori sur le très long terme, il ne peut y avoir aucune garantie. C’est un leurre de croire que sur de telles durées la propriété sanctuarisée aujourd’hui le sera encore dans cent ou deux cents ans. Terre en déprise abandonnée avec très peu de chances de reprise ou réserve privée associative sont logées à la même enseigne.

Pour Morizot néanmoins, il y aurait une autre différence entre des terres en déprises en une libre évolution qui ne serait que « le fantôme présent de l’exploitation passée » et « une libre évolution positive, qui ne soit pas un délaissement, mais un acte affirmatif de protection » 19 Un acte affirmatif de protection de qui ? De l’ASPAS dans le cas présent, c’est-à-dire d’une institution humaine. Une libre évolution positive n’est donc pas une véritable évolution libre puisqu’elle est entièrement voulue, initiée et protégée par des propriétaires gestionnaires du lieu à l’aide de leurs règles (la propriété privée, ses droits et la charte qu’ils édictent) pour la faire respecter.

Donc « la libre évolution positive » est le contraire d’une authentique « libre évolution ». Il faut des panneaux pour en matérialiser les limites (propriété oblige) et des gardiens pour en faire respecter le règlement intérieur. La contradiction étant un peu trop voyante, pour tenter de l’atténuer, l’auteur ajoute : « le mot protection est ici inapproprié ». Si le mot protection est inapproprié, c’est la définition de la « libre évolution positive » qui est incorrecte. Dans ce cas pourquoi l’avoir donnée si ce n’est pour la valoriser face à cette autre forme de libre évolution qui ne serait que le « délaissement » forme qui a mes faveurs. Il reste donc à savoir ce qu’est en définitive une libre évolution positive ?


C’est, je cite : « Une vivification » 20 (sic !) ou plus précisément « une conservation dynamique centrée sur des potentiels écologiques et évolutifs auxquels donner les conditions d’un épanouissement » ! Vivification de quoi, par qui ? Conservation dynamique de quoi, par qui? De la propriété acquise et ses écosystèmes par les propriétaires en tant que « maître d’ouvrage » si l’on peut dire. Une conservation dynamique ainsi conçue n'est en réalité pas une libre évolution. Le sens de cette expression qui a tout d’une contradiction dans les termes s’éclaire lorsque l’on remplace le terme de « conservation » par celui de « gestion ». Il s’agit d’opposer deux modes de gestion d’espaces protégés. Pour l’un on fait en sorte de laisser s’exprimer dans cet espace « les potentiels écologiques et évolutifs » (vivification) en le soumettant à un règlement ad hoc avec des gardes pour le faire respecter et pour l’autre on met en œuvre « un aménagement qui vise à maintenir l’espace en question en l’état pour préserver sa valeur intrinsèque ». On comprend bien pourquoi Morizot n’emploie pas le terme de gestion. Ce serait reconnaître que les espaces achetés par l’ASPAS et transformés en « réserves de nature sauvage® » sont en fait gérées. Et d’ailleurs, s’il fallait une preuve supplémentaire qu’il s’agit bel et bien d’une gestion, il faut préciser que pour Morizot, le gestionnaire ne doit pas s’interdire quelques « coups de pouce » : « La conservation de la nature est constamment obligée d’agir pour sanctuariser les milieux : en aménageant les habitats pour sauver une espèce en danger, en dépolluant, en réintroduisant ».21


Si on aménage, il n’y a plus beaucoup de différence avec les gestions interventionnistes. Pour certaines orchidées par exemple, il faut éviter que le milieu se referme en fauchant ou par le pâturage ovin. Ces moutons dont la directrice de l’ASPAS ne veut pas. Quant aux réintroductions, elles négligent le fait que les populations d’une même espèce ne sont pas interchangeables comme le souligne le Professeur Alain Dubois : ««il n’existe pas deux populations [d’individus de la même espèce] qui possèdent exactement les mêmes compositions et fréquences alléliques, ni les mêmes particularités morphologiques, éthologiques, etc. »22 ( Dubois 2008) Ces nouvelles populations n’existeraient pas sans l’intervention des « gestionnaires » qui ont déplacé de façon répétée et volontairement des sujets de même espèce ou d’espèces diverses sur de longues distances : les populations ainsi obtenues ne différent pas de celles de jardins botaniques ou de parcs zoologiques et sont totalement artificielles23 . Elles seraient censées restaurer les fonctionnalités d’un écosystème. Le gestionnaire en les introduisant ne ferait qu’amorcer un processus vertueux sans qu’il intervienne plus avant. En somme il suffirait de tirer sur la chevillette et la bobinette cherra ! Comme le montre la belle mais fausse histoire de la réintroduction de loups dans le parc du Yellowstone, c’est trop beau pour être vrai. On trouvera un bon exposé de ce cas sur le site « Zoom Nature » de G. Guillot : « Les loups de Yellowstone : une (trop) belle histoire naturelle ! https://www.zoom-nature.fr/les-loups-de-yellowstone-une-trop-belle-histoire-naturelle D’autres études mettent en avant le facteur « paysage de la peur » provoqué par la présence de prédateurs sur les herbivores et qui tendrait à limiter leur densité. Mais tout cela est loin d’être prouvé et est controversé dans la littérature. Dans le cas de Yellowstone, ce n’est pas bien documenté mais fort controversé.


Malgré les graves objections qu’il suscite, l’ASPAS croit sans doute encore à ce beau conte. Voir par exemple l’article de l’ASPAS dans lequel cette association propose d’introduire des lynx pour réguler les chamois sur le Ventoux : « les experts sylvo-cynégétiques oublient (font exprès d’oublier) un (gros) détail : en présence des grands prédateurs, les ongulés se dispersent, leurs populations sont naturellement régulées, et c’est toute la biodiversité qui en profite.. » https://www.aspas-nature.org/et-si-on-reintroduisait-les-lynx-sur-le-mont-ventoux/. Des lynx à la place des chasseurs, bien entendu ! Le "gros détail" c'est ce miraculeux "paysage de la peur" instauré par la seule présence de prédateurs. Ses effets sont incertains, mal évalués, variables selon le contexte, les espèces concernées et de multiples facteurs. La littérature dans les revues scientifiques spécialisées est abondante sur ce sujet mais l'ASPAS n'aura retenu, comme le prouve le texte cité que ce qui va dans son sens. C'est un cas typique de "cherry picking" dans un but militant, autrement dit une instrumentalisation de l’écologie scientifique à des fins partisanes.


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Parce que délaissés, les espaces qui n’ont plus d’intérêt agricole suivent leur propre destinée. Pour ceux que je connais bien, lorsqu’ils se transforment en fourrés, nul besoin d’en interdire l’entrée. Les renards y chassent les lapins et autres petits rongeurs, les blaireaux sont aussi de la partie. Ni ours réintroduits, ni loups en recherche de territoires, du moins à ce stade. L’homme n’y pénètre guère et le chasseur y envoie ses chiens déloger le gibier qui y prospère. Sous le couvert et la défense des épines noires, des ronces, des aubépines naissent les arbres de la forêt de demain. D’ailleurs les paysans ne s’y sont pas trompés pour eux l’épine noire est la mère de la forêt. Ailleurs, notamment en montagne, les près trop pentus pour une fauche mécanique sont abandonnés et certaines estives délaissées. Ce sont les fougères, les rhododendrons qui envahissent les lieux et sont les prémices de la reconquête forestière24 sans qu’il soit besoin de semer ou de planter. Ailleurs encore et selon la nature du sol, ce sont les genêts à balais aujourd’hui dénommés Cytisus scoparius dans le langage de la botanique. Dans cette nature férale aux multiples visages, l’homme qu’il cueille ou chasse a sa place et pas seulement le contemplatif comme dans les réserves de l’ASPAS. Quant au randonneur, il s’y sentira mal, surtout celui qui ne sait que suivre des balises, mais dans les réserves de l’ASPAS ; il se sentira bien quoique un peu à l’étroit. Elles sont plus adaptées aux promeneurs qui ont peur des chasseurs  et qui espèrent se promener dans le bois pendant que le loup y sera (et qu’on le verra !!!).

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1 Le Monde, 8 Octobre 2020 

2 Morizot B., 2020 Raviver les braises du vivant, Acte Sud/wildproject  Eds.  200 pages, p.68

3 Dire que le dualisme Homme/Nature est une invention de l’homme occidental est incorrect dans la mesure où cela sous-entend qu’il s’agit sinon d’une pure chimère du moins une construction idéologique que d’autres cultures ne partagent pas, notamment celles des peuples « premiers ». À partir d’une certaine puissance technique, l’homme occidental est de moins en moins soumis aux lois du vivant qu’il peut détourner ou même contrer comme par exemple la sélection naturelle. Le dualisme homme/nature propre à notre civilisation occidentale ne fait que refléter un état de fait d’abord rêvé puis de plus en plus réalisé. Cela ne veut pas dire qu’il faut pour autant négliger ou combattre ce qui reste de nature en nous et hors de nous. Le problème est alors : quelle union et selon quelles modalités entre ces deux pôles pour un bien vivre dans une nature épanouie hors de soi mais aussi en soi.

4  https://aspas-reserves-vie-sauvage.org/faq/ sous le titre « Est-ce vrai que vous confisquez des terres agricoles ? »

5 Ibid., sous le titre « Êtes-vous contre l’agriculture et la foresterie ? »

6 Rurbanisation par le tourisme et les résidences secondaires …

7 Entretien avec Ariane Cornerier, in Cornerier (2021) p.51

8 Ibid.

9 Déclaration de Madline Rubin à Charlie Hebdo, 21 août 2020, souligné par moi.

10 C’était déjà ce que l’ASPAS affirmait du Grand Barry

11 Voici ce qu’écrit la Confédération paysanne à ce sujet :

«Dès la création de cette réserve, la Confédération paysanne de la Drôme, ainsi que plusieurs autres organisations agricoles, avaient dénoncé cette situation. Depuis, nous avons accompagné ce paysan dans des négociations auprès de l'ASPAS pour que lui soit reconnu le droit de pâturer dans la réserve quelques semaines par an sur une petite surface adjacente à sa ferme. Nous venons malheureusement d'apprendre que l'ASPAS reste opposée à toute activité agricole, même biologique, comme c'est le cas ici. En fragilisant ainsi une ferme, l'ASPAS tend à promouvoir l'idée que les activités paysannes sont incompatibles avec le respect de l'environnement. La Confédération paysanne défend au contraire un modèle agricole en équilibre avec son milieu. » https://drome.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=13025

12 Morizot B. 2020, passim.

13 Morizot B. 2020, p. 19.

14 Entretien avec Ariane Cornerier, in Cornerier (2021), p. 57.

15 Joanna Eede « Comment le concept occidental de nature sauvage et les politiques de protection de l’environnement ont affecté les peuples autochtones » https://www.survivalinternational.fr/textes/3195-nature-sauvage-imagination-humaine-et-peuples-indigenes

16 Ibid.

17 Cornerier (2021), p.51

18 Voir entre autres : Charles C. Mann 2005, [trad française 2007] 1491 : Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb (trad. de l'anglais), Paris, Albin Michel , 471 p. ; Charles R. Clement et al. (2015). The domestication of Amazonia before European conquest. Proc. R. Soc. B. 282: 20150813. http://dx.doi.org/10.1098/rspb.2015.0813 ;

19 Morizot 2020, p. 25, souligné par l’auteur.

20 Vification : action de donne de la vigueur ! Donner de la vigueur à un espace naturel ! L’aurait-il perdue ?….

21 Morizot 2020, p. 139.

22 Dubois, 2008, « La notion de pollution biotique : pollutions faunistiques, floristiques, génétiques et culturelles » , Bull. Soc. zool. Fr., 2008, 133(4) : 357-382, p. 372

23 Il faut distinguer entre des populations qui se reconstituent sans intervention humaine (par exemple les macareux des Sept Iles, ou les loups qui reconquièrent leurs anciens territoires et les ours de Slovénie importés dans les massifs des Pyrénées françaises qui appartiennent à une population distincte et qui ne pouvait être mise en contact avec celle des Pyrénées que de façon totalement artificielle. Aujourd’hui cette dernière n’existe plus. Les ours dans les Pyrénées sont des ours slovènes. La population des Pyrénées avec son histoire évolutive propre et ses particularités qui en faisait l’originalité a disparu à jamais et c’est irréversible, irréparable. Il n’y a plus de braises sur lesquelles souffler, juste des cendres.

24 Pour les estives au-dessous de la limite des arbres, bien entendu mais avec le réchauffement climatique celle-ci tend à s’élever en altitude.


Samedi 10 Février 2024 Commentaires (0)
Épais manteau de neige, chaude chemise de feuilles mortes.
Ce sont mes vêtements pour affronter l’hiver.
Je me retire sous vos racines.
Le froid a brûlé ma corolle orangée.
Une saison pour tisser le réseau, offrir à nouveau
À votre admiration un bel anneau
De girolles autour du hêtre ou du bouleau.
 
Ce texte est tiré d’un ouvrage étrange que j’ai découvert sur les rayons d’un bar-épicerie-tabac-presse, un jour de pluie lors de vacances en montagne. Il fait parler les arbres et les champignons d’une forêt de l’Ariège, un individu de chacune des espèces qui y poussent, un par chapitre et à chaque fin de chapitre un champignon associé prend la parole. Ils nous parlent d’eux-mêmes mais aussi des hommes qui ont parcouru cette forêt, qui l’ont malmenée et s’y sont souvent affrontés. Et c’est à un champignon qu’il sera donné de conclure :
 
               Que passent les hommes,
               Que meurent les arbres,
               Les champignons demeurent.
               Nous sommes l’âme de la forêt.
 
L’ouvrage est préfacé par Marc-André Selosse qui invite le lecteur à « Respirez et laissez-vous pénétrer par les lignes qui suivent, à l’intense ambiance forestière. Une belle odeur sylvicole et une lumière de sous-bois règnent sur le livre, comme seuls savent les rendre ceux qui ont passé de longues heures parmi les arbres. Les tribulations de l’homme et son hubris vont s’y dépeindre, en une fine observation de l’humanité, sans jugement, avec une infinie compassion » Comme je ne saurai mieux dire, j’ai recopié cet extrait qui traduit bien mes sentiments après avoir refermé le livre.
 
Si je vous ai donné envie de lire ce livre, voici la référence : Jean-Baptiste Cordonnier (H)êtres – Récit avec des illustration de PIcor, Le Pas de l’oiseau édition 2021,  www.lepasdeloiseau.fr
 

Mardi 21 Novembre 2023 Commentaires (0)

Dans un article daté du 17/10/2023 du Blog « Osez Fontenay ! » dont il est à a fois modérateur et contributeur, Michel Giraud répond à une critique de Michel Bayet qui l’a accusé d’utiliser le terme de terroriste dans le contexte du conflit Israélo-Palestinien qui vient de prendre un tour nouveau. Il affirme : « Chercher à détruire le Hamas en mettant sciemment en danger la population palestinienne est une faute ».
Non, c’est bien pire qu’une faute et le gouvernement d’Israël ne se contente pas de « mettre en danger » la population palestinienne. » Ce doux euphémisme est scandaleux.


 Avec les bombardements qu’il ordonne, bombardements qu’approuvent la majorité des Israéliens, le gouvernement Israélien fait tuer des civils, hommes,  vieillards, femmes, enfants, malades, handicapés, indistinctement. Et il les tue en bien plus grand nombre que n’a pu le faire le Hamas, faute de disposer des mêmes moyens. Mais bien sûr tuer avec des bombes, obliger une population à fuir de chez elle et quitter son territoire en la terrorisant avec des bombardements massifs, ce n’est pas du terrorisme ! Non, ce n’est même pas un crime de guerre. Au train où vont les choses, c’est pire encore, éradiquer une population d’un territoire pour se l’approprier ? … La qualification de crime contre l’humanité n’est pas loin, à condition qu’un tribunal international qui ne se contente pas de juger les perdants d’un conflit se saisisse de l’affaire. Bref, une juridiction dont la devise ne serait pas : « Vae victis ! »
 

Mercredi 18 Octobre 2023 Commentaires (0)

Au quotidien

Depuis quelques jours, lorsque je me lève, il fait encore nuit et le soir le soleil disparait bien plutôt derrière les montagnes. Inexorablement les jours raccourcissent, l'hiver approche et je n'y peux rien. La grande machinerie astronomique se moque de mes désirs et il n'y a aucun moyen d'agir sur elle. Il n'y avait que Josué pour arrêter le Soleil dans sa course mais il est mort depuis très longtemps.

Et si le réchauffement climatique en cours était du même ordre ? Personne n'y pourrait rien, pas même les savants cosinus qui veulent trafiquer l'atmosphère terrestre au mépris des risques encourus et en totale insouciance et ignorance des conséquences !
Finalement je me demande si ce n'est pas le refus d'une telle impuissance qui condamne à pâtir et à devoir accepter l'inéluctable qui est à la racine de ce que les climato-sceptiques nomment par dérision, le carbocentrisme.

Il est très curieux que des partis comme EELV (qui a le culot de se nommer aujourd'hui Les écologistes) emboitent le pas à ce carbocentrisme qui accorde une influence démesurée à la civilisation occidentale et sa technologie prométhéenne capable de modifier le climat et la vie sur la planète. Mais pour eux, il s'agit  moins de "lutter  contre le changement climatique d'origine anthropique" que d'orienter cette prétendue lutte pour promouvoir un changement  de société avec pour objectif final la réalisation d'une sobriété heureuse où chaque parcelle de vie pourra trouver son compte. Transformer ainsi un futur désolant en un avenir enchanté. Un rêve pour demain qui justifierait qu'aujourd'hui soient prises des mesures dictatoriales et que sautent tous les garde-fous !
On connaît la chanson. On a déjà donné : la lutte finale et patati et patata...

Soyons justes. Les écologistes ne sont pas les seuls à instrumentaliser les variations du "climat". Les scientifiques en mal de crédits ou de renommée, les carriéristes de tout poil, les affairistes de la croissance verte, les végans et les animalistes, etc., tous tentent de le faire à leur profit ou au profit de leurs lubies.  En leur emboîtant le pas, les partis qui se disent écologistes ont transformé l'écologisme de "conservatisme révolutionnaire" en une énième version du messianisme. Quelle décadence !
 

Jeudi 28 Septembre 2023 Commentaires (0)

Elisabeth Borne : « Chacun doit faire sa part », mais : « On demande un peu aux petits et beaucoup aux gros », précise-t-on au gouvernement. Voire !

Le coût de la rénovation thermique de son logement et de l’achat d’un véhicule électrique, c’est 2,5 années de revenus pour un ménage moyen et quatre années de revenus pour un ménage modeste.1

Dans cette affaire qui sont les « petits » à qui on « demande un peu » et qui sont « les gros » à qui on « demande beaucoup »?! Méfiez-vous, les croyants en une « justice climatique » (sic !), on est toujours le gros d’un autre.

Il s’agit ni plus, ni moins que de réaliser à marche forcée, une réduction drastique des émissions de GES au nom d’une urgence climatique (qui pourtant reste à prouver !) : « « Pour atteindre nos objectifs pour 2030 (réduction de 55% des émissions par rapport à 1990) et viser ainsi la neutralité en 2050, il va nous falloir faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en 30 ans » et se serrer la ceinture. Etes-vous prêts à faire votre part ?2

 

Je suppose que tous les braillards aux cerveaux conditionnés qui arpentent les rues avec la peur de mourir grillés comme des saucisses la feront cette part et plus encore puisqu’ils réclament à cor et à cri « d’agir pour le climat ».

Mais bien plus nombreux sont celles et ceux qui doivent faire autre chose d’un argent qui leur est nécessaire pour vivre et pas seulement survivre alors que les seules pénuries qui existent sont artificielles. Ce ne sont que celles qui nous sont imposées par des politiques chimériques (Sauver le climat !!!) et/ou stupides (Sanctions économiques qui se retournent contre ceux qui les ont décidées !). Sans compter que la Terre invivable qui nous est dépeinte, l’est à partir de prévisions climatiques fondées sur des extrapolations de modèles dont la validité reste à prouver. La même chose vaut aussi pour les évènements climatiques extrêmes. Ils ne sont pas plus fréquents aujourd’hui que par le passé et rien ne prouve qu’ils le soient dans le futur. Mais les idéologues du catastrophisme climatique ne vont pas s’encombrer de ces doutes pourtant bien fondés, l’urgence n’attend pas. Les dénialistes (nouveau mot à la mode) du climat sont des traitres à l’Humain et au Terrien. H et T majuscule, comme il se doit.


Il faudra donc aider les ménages à réaliser leur transition énergétique et les montants de l’aide devront être d’autant plus élevés que leurs revenus sont faibles. Sinon la transition bas carbone se heurtera à des impossibilités économiques et sociales bien mises en lumière par les estimations rappelées au début de cet article. Les particuliers ne seront pas les seuls qui devront être aidés, les collectivités et les entreprises auront elles aussi besoin d’aides. Il faut en plus envisager le financement des infrastructures nécessaires.


Les sommes mises en jeu pour rendre réalisable et socialement possible sans même parler d’acceptable cette transition énergétique à marche forcée sont astronomiques : entre 50 et 75 milliards d’euros par an, 750 milliards sur 10 ans ! En supposant que les estimations aux marges d’erreur importantes ne seront pas dépassées... 750 milliards ! Une paille qui se traduirait par un alourdissement considérable de la dette publique, même en supposant que ce soient les « riches » qui crachent au bassinet, car aussi riches qu’ils puissent être, leurs fortunes sont tout de même limitées et il faut être bien naïf pour croire qu’ils se laisseraient faire.
 

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1
Source : https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/2023-incidences-economiques-transition-climat-rapport-de-synthese_0.pdf

2 Il y a pléthore d’articles exposant et analysant ce plan. Voir par exemple https://www.francebleu.fr/infos/environnement/climat-le-gouvernement-cible-voitures-usines-et-chaudieres-pour-accelerer-la-reduction-des-emissions-3700946 Ce n’est pas l’objet de ce texte qui suppose ce plan connu au moins dans ses grandes lignes.


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Qui donc paiera ces investissements non productifs voire contre-productifs ? N’oublions pas que la taxe carbone doit atteindre 100 € par tonne de CO2 en 2030 comme prévu dans le cadre de la « loi de transition énergétique pour la croissance verte ». Cette taxe, ce sont les gens, les pauvres et les moins pauvres qui la payent tout comme les riches et les très riches ! Mais pour ces derniers, elle ne pèse pas lourd dans leur budget alors que pour les autres …


« Au fur et à mesure que les politiques vertes seront mises en œuvre (dans les pays qui y croient), et plus elles seront restrictives, ruineuses ou difficiles à accepter pour le commun des mortels, plus cette opposition [à ces politiques] montera. À n’en pas douter, le sort du climatisme se décidera tôt ou tard dans les rues ou dans les urnes. » Mise à part la réduction des « politiques vertes » aux « politiques climatiques », je pense que cette assertion de Robert Girouard est juste. Ces politiques ont déjà été remises en cause avec la révolte des « gilets jaunes » contre la taxe carbone. Cette révolte a été finalement réprimée mais elle a permis de geler temporairement cette taxe que les idéologues du catastrophisme climatique, les médias et la caste politique converties présentent comme absolument indispensable pour le climat !


La révolte a été étouffée mais le feu couve sous des cendres encore chaudes. Ce n’est que partie remise. Avec ce que réserve au « commun des mortels » le plan d’action gouvernemental » de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est fort possible que l’heure soit à nouveau venue. Ce ne sera pas « le soulèvement de la Terre » mais celui des gens ordinaires. Ils occuperont à nouveau rues, routes et rondpoints malgré la crainte bien naturelle d’être estropiés ou éborgnés par une répression féroce du type de celle qu’ont subi les « gilets jaunes ». Espérons que cette fois, cette révolte trouvera une issue politique et que ce sera la fin du catastrophisme climatique.


De toute façon ce n’est qu’ainsi que peut mourir ce catastrophisme climatique, en se heurtant à la volonté populaire et non hélas par la force d’arguments empiriquement fondés car ce n’est pas une science. C’est une idéologie bâtie sur une peur millénariste recouverte d’oripeaux scientifiques pour lui donner une allure respectable dans un siècle qui, paradoxalement, se veut positiviste et a fait de la Science avec un S majuscule une religion !

 

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Mais après tout, peut-être que ce plan n’est pas là pour être appliqué mais pour faire diversion.

Diversion par rapport à la réforme des retraites et volonté de montrer que ce dossier étant clos, le gouvernement passe à autre chose. Un coût aussi exorbitant que le financement est incertain… Un risque de rejet sur le mode révolte… un objectif irréaliste et irréalisable : la neutralité carbone… On peut se poser des questions. D’autant qu’il y a un bonus : mettre dans l’embarras et chasser sur les terres d’EELV, voire même des Insoumis : n’est-ce-pas Jean-Luc Mélenchon qui a avancé le premier cette géniale idée aux relents soviétiques de planification écologique que Borne veut mettre en pratique aujourd’hui ? Ce plan ne serait-il donc en fin de compte qu’un simple coup politique et un coup de com sans lendemain ?


Diversion peut-être par rapport à ce que préparent le G7 et l’OTAN concernant la guerre en Ukraine qui pourrait bien conduire à une guerre mondiale ouverte et nucléaire. Il est cocasse de s’alarmer de l’état du pays et de la planète en 2100 et de ne pas tout faire pour prévenir un péril imminent cent fois pire.

 

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Mercredi 24 Mai 2023 Commentaires (0)
Nous ne sommes pas végans !

Mercredi 22 Mars 2023 Commentaires (0)

A proximité du Col du Béal, sur les Hautes Chaumes dans les Monts du Forez, une stèle nous rappelle qu'en 1944 Dans la nuit du 12 au 13 août 1944, Suzanne Combelas et Denise Colin, "Merlinettes" opératrices radios du Corps Féminin des Transmissions d'Afrique du Nord furent parachutées à la Croix Saint-Anne par les Services Spéciaux d'Alger (B-24 Libérator américain).


Journée internationnale de la femme : qui se souvient des Merlinettes ?
Sur les Hautes Chaumes où le vent peut s’en donner à cœur joie sur des pâturages, où seuls quelques arbres réussissent, tant bien que mal à subsister, cette stèles ne peut échapper au regard de ceux qui parcourent le chemin des crêtes. Si le brouillard n’est pas de la partie, elle se voit de loin et elle intrigue – s’il y du brouillard, mieux vaut ne pas tenter l’aventure !

Aujourd’hui, alors qu’actualité oblige, on nous parle des femmes soldats ukrainiennes ou russes,  les Merlinettes  semblent bien oubliées. Pourtant de ces expéditions en France occupées, 60 pour cent de ces opératrices radios ne revinrent pas ! Les Allemands refusèrent d’accorder le statut de combattantes à celles qui furent capturées, ce qui leur aurait permis de bénéficier d'une protection spéciale selon le droit international de la guerre. Au lieu de cela, bien des Merlinettes qui tombaient entre leurs mains furent torturées et exécutées.

Rappelons donc que « les Merlinettes » est le surnom donné aux jeunes femmes volontaires, presque toutes originaires d’Afrique du Nord et qui s’engagèrent dans les transmissions, après le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 au Maroc et en Algérie. Comme le commandant des transmissions était le général Lucien MERLIN,  on les a appelées les « Merlinettes » !

Les deux Merlinettes, Suzanne Combelas et Denise Colin, qui tombèrent du ciel sur ces Hautes Chaumes, à la limite des départements du Puy-de-Dôme et de la Loire survécurent à leurs périlleuses missions, l’une d’elles par miracle!
 



Après diverses missions en Auvergne et dans la région Rhône Alpes, Suzanne Combelas rejoint l’armée de De Lattre de Tassigny à Macon et participera aux campagnes de France, d’Alsace et d’Allemagne. Elle y retrouve également son officier instructeur avec lequel elle se mariera une fois la guerre terminée. Elle a été décorée de la croix de guerre 1939 – 1945 avec étoile d’argent. 56 ans plus tard, le 14 juillet 2000 elle est venue rencontrer François Guihlot, résistant au sol qui s’occupait des parachutages qui l’avait accueillie et hébergée dans la ferme de ses parents.
 
J’ai trouvé moins de choses sur Denise Colin. Elle fut arrêtée et déportée camp de concentration de Ravensbrück après son arrestation. Elle a ensuite été transférée dans le camp de Neubrandenburg où elle été enregistrée à l’infirmerie. C’est la libération de ces camps par l’armée rouge qui lui a sans doute sauvée la vie elle a été libérée et rapatriée par les Russes. Le rôle des Russes dans cette guerre contre les nazis : autre point de l’histoire à ne pas oublier !
 
Journée internationnale de la femme : qui se souvient des Merlinettes ?



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En mémoire à Marie-Louise Cloarec, 28 ans Eugénie Djendi, 22 ans, Pierette Louin, 25 ans, Suzanne Mertzisen 26 ans. “Merlinettes“ Opératrice radio du Corps Féminin des Transmissions, en mission en tant que parachutiste pour le commandement spécial d’Alger en avril 1944 Exécutées à Ravensbrück le 18 janvier 1945
En mémoire à Marie-Louise Cloarec, 28 ans Eugénie Djendi, 22 ans, Pierette Louin, 25 ans, Suzanne Mertzisen 26 ans. “Merlinettes“ Opératrice radio du Corps Féminin des Transmissions, en mission en tant que parachutiste pour le commandement spécial d’Alger en avril 1944 Exécutées à Ravensbrück le 18 janvier 1945


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Pour en savoir plus :  Journal La Montagne ; https://www.cailloutendre.fr/2017/03/merlinettes-parachutees ; https://www.irk-cir.org/fr/articles/2
 
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Photos:  de haut en bas JFD ; JFD ; Musée des Transmissions
 

Mercredi 8 Mars 2023 Commentaires (0)

Vient de paraître une étude qui aurait pu être intéressante concernant le « climato-scepticisme » sur Twitter. Malheureusement ce n’est qu’un texte fondé sur des confusions épistémologiques et des a priori partisans dont le but est de discréditer les comptes twitter reprenant, défendant ou diffusant une pensée climatoréaliste ou ayant des affinités avec elle quel que soit le sérieux de ces comptes. C’est un appel à peine voilé à une censure contre tous ceux qui remettent en cause les dogmes du GiEC, ses modèles et ses prédictions sous prétexte qu’ils sont un obstacle et un frein à des mesures impopulaires à mettre en place au nom d’une prétendue « urgence climatique » au mépris des libertés individuelles et de la démocratie.

L’étude intitulée « Les nouveaux fronts du dénialisme et du climato-scepticisme » est consultable à partir de ce lien : https://nextcloud.iscpif.fr/index.php/s/qiA5DJoGYMS2jHS#pdfviewer


Des confusions épistémologiques grossières, voulues ou non, sont à la base de cette « étude ». Elles sont nécessaires pour sacraliser le fondement de toutes les «expertises » du GIEC, des travaux qui s’y rattachent, de leur diagnostic et de leurs préconisations. Elles sont naïvement ( ?) présentées par les auteurs en préliminaire du corps de leur étude comme des conventions terminologiques, alors qu’elles sont bien plus que cela et ont une portée bien plus grande. La mise en évidence de ces confusions ôte toute valeur de cette étude et permet d’en dénoncer le caractère partisan. C’est ce que je veux montrer dans cet article.
 
Je précise pour éviter tout malentendu que dans cet article, je ne cherche bien entendu pas à savoir si la Terre  se réchauffe ou non et quelles en seraient les causes éventuelles. Je n’ai pas cette outrecuidance ! Simplement je veux montrer que le dogmatisme en la matière n’a pas lieu d’être. Il y a place pour la critique et pour des théories concurrentes même si celles-ci peinent à exister. En un sens donc, oui, je suis un partisan du doute. Et c’est une sorte de doute que je veux promouvoir ! Car je pense qu’il est salutaire.
 
Dans la situation d’incertitude dans laquelle nous devrions reconnaître que nous sommes si seulement nous réfléchissions rationnellement, il s’agit de ne pas s’emballer mais d'adopter une stratégie du « sans regret » au lieu d’écouter « les prophètes du malheur »; c’est-à-dire ne  pas prendre de décisions ou mesures autres que celles qui seraient encore considérées comme bonnes, une fois levé le voile d’ignorance concernant le futur, que la catastrophe prévue ait eu lieu ou non. En effet, c’est faire preuve d’une suffisance peu commune que de se croire capable de dire ce pourrait ou ne pourrait pas se passer dans cent ans que ce soit à propos du climat ou d’autres choses !
 

Voici in extenso le texte en cause : « Les personnes qui rejettent les principales conclusions des rapports du GIEC (reflétant l’état des connaissances issues des sciences du climat et du changement climatique) et de la science du climat - sont communément appelées “climato-sceptiques ». Dans ce qui suit, nous les appellerons également “dénialistes climatiques” ou simplement “dénialistes ». Nous voulons par-là souligner qu’il ne s’agit pas de dire qu’un fait établi scientifiquement est nécessairement incontestable, mais que les faits les plus légitimes pour prendre les décisions futures sont ceux qui sont rigoureusement établis par les scientifiques sur la base de l’état actuel des connaissances et de la compréhension liées au système terrestre. Nous désignerons par “pro-sciences du climat”, ou pour faire court “pro-climat” les personnes qui acceptent les résultats de la communauté scientifique et les synthèses qu’en fait le GIEC. »
 
Ce texte liminaire fait une confusion entre un fait – le réchauffement climatique ou changement climatique – et son explication – les émissions anthropique de GES. Cela est manifeste dans l’opposition que les auteurs instituent entre « dénialistes » et « pro climat ». Cela l’est aussi dans la suite de l’étude où sont considérés comme « dénialistes » (1) ceux qui mettent en doute le réchauffement, (2) ceux qui rejettent l’explication de RC par les émissions humaines de CO2 additionnel et son évolution subséquente, (3) ceux qui relativisent ou nient le caractère catastrophique de ce réchauffement  conduisant à une planète invivable pour l’espèce humaine. On remarquera que ceux qui se nomment climato-réalistes, catégorie qu’ignore cette étude, rejettent en général (1). Ils ne mettent pas en doute le RC. Certains peuvent mettre en doute les évaluations et évolutions retenues par le GIEC et aussi certaines de ses conséquences soutenues par ce panel intergouvernemental. Tous rejettent l’explication par les GES anthropiques (2) et ne sont pas catastrophistes (3). Bien entendu nier l’existence d’un RC ou d’une accélération du RC implique (2)  et (3) car il n’y a pas à expliquer ou à se soucier de quelque chose qui n’existe pas. 
Les faits, par exemple l’évolution du climat depuis 1830, sont établis par des mesures qui supposent des théories certes mais qui doivent être distinguées de la ou des théories desquelles leur explication découle dans la mesure où ces faits, s’ils sont bien établis ne seront pas remis en cause par la preuve de la fausseté de leur explication par le GIEC  ou du rejet de celle-ci au profit d’une autre jugée supérieure (meilleure adéquation avec les données, valeur prédictive ou rétrodictive  supérieure, simplicité, etc.). Soulignons ce point : rejeter l’explication en vigueur du RC et soutenir l’existence de celui-ci n’est pas contradictoire. C’est d’ailleurs ce que font sans incohérence beaucoup de climatosceptiques. Par contre, la façon de concevoir son devenir est dépendante de l'explication qui en est donnée et donc sujet à controverses.
 
Concernant le réchauffement climatique, il n’y a plus guère de gens pour en nier l’existence encore que l’on doit sûrement en trouver sur Tweeter ! Ceux-là et ceux-là seuls peuvent être appelés « dénialistes » car il s’agit véritablement d’un déni non pas de science mais de réalité.  Par contre ce qui est discuté, c’est l’importance, la vitesse, le caractère inédit ou non de ce réchauffement  et de sa corrélation avec les émissions de CO2 d’origine anthropique.  Ce qui pourrait faire illusion quant au nombre de ceux qui nient tout réchauffement,  c’est la confusion faite aussi bien par des pro-GIEC que des anti-GIEC entre climat et météo (sécheresses, inondations, canicules, aléas météorologiques divers, records de chaud ou de froid…) ; confusion que l’on ne trouve  pas seulement sur Tweeter mais aussi dans les médias et parfois même chez des « scientifiques » emportés par la polémique ou voulant être à tout prix convaincants. 
 
Comme sont confondues par les auteurs de cette étude  les trois attitudes et qu’elles sont implicitement réduites à celle qui nie l’existence du RC par l’usage de cette expression « dénialiste climatique », on voit qu’en fait tous ceux qui contestent (2) et/ou (3) sans adhérer à (1)  vont être réduits à une communauté qui d’emblée n’est pas crédible et n’est qu’un artefact.
L’expression « dénialiste du climat » utilisée à la place de « climato-sceptique » ne vaut guère mieux que cette dernière. Les auteurs auraient pu retenir celle par laquelle se désignent les scientifiques « climatosceptiques » à savoir « climatoréalistes » alors que l’expression « dénialiste du climat » est absurdité : dénier le climat n’a aucun sens, le climat n’étant pas quelque chose que l’on peut dénier !  Comme on peut  supposer qu’il s’agit de franglais, rappelons que to denied en anglais signifie nier. Ce choix de pervertir le français  a pour but de faire apparaître les partis-pris des auteurs car sans être aussi chargée historiquement que le vocable de « négationniste du climat » l’expression « dénialiste du climat » lui ressemble ce qui lui permet de conserver une forte connotation négative tout en évitant un parallélisme scandaleux.

Une terminologie neutre aurait été de prendre deux acronymes par exemple PRCOA et ARCOA (Partisans de la théorie du réchauffement climatique du GIEC et Adversaires de la théorie du réchauffement climatique du GIEC)  comme c’est une pratique fréquente dans les articles scientifiques. Elle aurait eu le mérite d’être neutre. Mais les auteurs ne sont pas neutres bien qu’ils n’aient aucune autorité pour choisir, aucun d’entre eux n’ayant une quelconque qualification dans le domaine de la climatologie.

La catégorie qui a les faveurs des auteurs est, elle aussi très mal définie. « Personnes qui acceptent les résultats de la communauté scientifique et les synthèses qu’en fait le GIEC. » Accepter des résultats » est une chose, accepter « la synthèse » qu’en fait une organisation onusienne en est une autre. Ce distinguo est d’une évidence telle qu’il se passe de commentaires.
 
De plus, deux termes font problème : « résultats » et « communauté scientifique ».

De quels résultats s’agit-il ? S’agit-il des résultats concernant  des phénomènes ? Beaucoup sont discutés par les praticiens du domaine y compris l’estimation de la fréquence des aléas météorologiques ou même les estimations des populations d’ours blancs que l’on aurait pu penser simples à réaliser. D’autres ont posé problème comme par exemple la non coïncidence des résultats des mesures de l’élévation du niveau de la mer obtenus par les marégraphes et celles obtenues par satellites.

S’agit-il de résultats concernant les prévisions d’évolution du climat ? Ils sont controversés par des scientifiques dont la qualification ne peut être remise en doute. Le problème concernant ces « résultats » est d’une toute autre ampleur, remettant en cause les modèles utilisés et les hypothèses qu’ils intègrent. Bref, les résultats en ce qui concerne directement ou indirectement les questions climatiques sont de nature diverse et de solidité variable. En fait les auteurs de cette « étude » ne vont pas chercher aussi loin. Pour eux : il s’agit des principes de base selon lesquels le réchauffement climatique est dû aux émissions additionnelles de gaz à effet de serre notamment CO2 et autres GES d’origine anthropique qui si elles se poursuivent causeront une élévation des températures qui aura des conséquences catastrophiques.

Mais alors quelle est cette communauté scientifique à laquelle se réfèrent les auteurs ? Celle des climatologues, météorologues et chercheurs des disciplines connexes ? Si c’était le cas, il faudrait considérer qu’appartiennent à celle-ci des chercheurs qui à des degrés divers n’acceptent pas la théorie du réchauffement dû à l’émission additionnelle de GES anthropiques. S’ils  ne sont pas majoritaires dans le domaine, ils existent néanmoins et réussissent même à publier dans des revues aux articles revus par des pairs. La communauté scientifique à laquelle réfèrent les auteurs de cette « étude » n’est donc pas celle-là. C’est celle des chercheurs qui travaillent dans le cadre de la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique selon le mandat du GIEC, qui cherchent à en affermir les bases, à résoudre les problèmes posés par des données récalcitrantes, tentent d’en affiner les prévisions. Sont exclus de cette communauté tous ceux qui s’aviseraient à toucher aux piliers de la théorie qui les fédèrent. Et il est évident qu’il ne saurait être question pour les chercheurs de cette communauté là d’une remise en question même très partielle de ces principes fondamentaux que ce soit par conviction ou par intérêt puisqu’il doit être très difficile à quelqu’un qui a bâti sa carrière et sa notoriété avec les récompenses associées dans ce cadre de le remettre en cause ! Pour un jeune chercheur du domaine, c’est aussi le risque d’être ostracisé.

Pour clôturer le tout, cette « étude » s’achevant encore plus mal qu’elle avait commencé,  tombe in fine dans un  complotisme de bas étage : la main de Moscou ou de Pékin, en tout cas de l’étranger serait derrière le regain d’intérêt pour le « dénialisme du climat » sur les réseaux sociaux ! C’est ridicule sauf s’il s’agit de faire taire sur cette question les voix discordantes en les faisant passer pour des traitres à la Patrie alors que, Dieu merci, le pays n’est pas – encore – en guerre !

Une telle « étude » partiale ayant pour base de telles confusions factuelles,  conceptuelles, logiques et épistémologiques et développant des raisonnements complotistes ne peut servir à rien d’autre qu’à aider les climato catastrophistes à prendre le contrôle d’un réseau social qui leur échappe encore en incitant les gouvernements  à censurer et les propriétaires des réseaux à « modérer » voire à suspendre tout  compte twitter qui ne va pas dans leur sens ou du moins les comptes de ceux considérés comme leaders. Bref avec cette étude la police de la pensée se déguise avec des oripeaux en science. Qu’elle ait pu être publiée avec le label du CNRS est pour le moins inquiétant !

Après la conquête des principaux postes de pouvoir dans l’université et la recherche académique pour en exclure tout climatoréaliste, après la tentative de museler les média journaux et télévisons en faisant pression sur les journalistes pour qu’ils adoptent  une charte « pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » (c’est-à- dire « urgence climatique) qui exclurait de fait tout «climatoréaliste» de prise de parole ou d’interview, toute information mettant en doute les «expertises» du GIEC, après les tentatives récurrentes d’exclure les livres d’auteurs jugés «climatosceptiques » des présentoirs et vitrines des librairies comme des bibliothèques des lycées et collèges ou des moteurs de recherche, les réseaux sociaux sont la nouvelle cible ou « front » des zélateurs du GIEC pour reprendre la terminologie guerrière de cette « étude ». Un consensus n’est pas une preuve, un consensus obtenu de cette façon n’en n’est même pas un. C’est une atteinte à des libertés individuelles les plus fondamentales, la liberté de pensée et la liberté d’expression.

Je m’en tiendrai là mais avant je voudrais partager avec mes lecteurs naturalistes une perle de cette « étude ». Est dénialiste du climat celui qui retweete que « le CO2 est bon pour les plantes » ! Il faudrait que les auteurs révisent leurs cours du collège sur la photosynthèse par exemple ! Car ils aiment les faits, je cite,  « qui sont rigoureusement établis par les scientifiques sur la base de l’état actuel des connaissances » celui-là l’est et depuis longtemps ! Pourtant il semblerait bien qu’ils ne soient pas les seuls à l’avoir oublié. L’ont oublié aussi tous ceux qui ne voient dans le  CO2 qu’un polluant. Sans lui, plus de plante et sans plante, fin de la vie sur Terre telle que nous la connaissons ! 
 
 Pour ceux qu’une analyse critique du corps de cette « étude » intéresse, je recommande vivement celle que Benoît Rittaut a pris la peine de faire sur son blog : ici. Il doit en être remercié. Vous êtes de ceux qui sont attachés à la rigueur et à l’impartialité sans laquelle aucune science véritable ne peut  exister ? Alors faites toute la publicité possible au texte de Benoît Rittaut. Au-delà de la question climatique, c’est l’existence d’une telle science qui est menacée et qu’il faut défendre.
 

Jeudi 23 Février 2023

En réalité, Le Signal n’était rien d’autre que d’une barre de béton, un bâtiment construit imprudemment sur une dune trop près de la mer, une verrue défigurant le paysage, un non-sens écologique dont l’océan a eu raison ! Cette démolition est un avertissement à ceux qui veulent une résidence « pied dans l’eau » et défigurer un littoral qui sait se défendre.
Par contre le délire climato-catastrophiste qui a saisi les médias à l’occasion de sa démolition est d’autant plus stupéfiant que le réchauffement climatique est loin d’être un facteur déterminant dans l’érosion de la côte atlantique, à supposer même qu’il y soit pour quelque chose, ce qui est loin d’être assuré.


Le signal dans les années 70
Le signal dans les années 70
Le Signal était un ensemble de deux bâtiments d'habitat collectif, situé à Soulac-sur-Mer station balnéaire sur la côte atlantique. Le premier bâtiment a été construit en 1967 et le second en 1970, l’ensemble formait une barre de quatre étages isolée sur le haut du cordon dunaire à environ 200 mètres de l'Océan et séparé de celui-ci par une dune. A cet endroit le trait de côte a reculé de 5m par an en moyenne. En 2014, l’immeuble se trouve à ras des flots et devant le risque d’effondrement, un arrêté préfectoral impose d’évacuation des 78 appartements de cette barre. Après que les propriétaires aient réussi à se faire indemniser à la suite d’un long combat judiciaire, la démolition a commencé le 3 février en présence entre autres de deux ministres qui avaient fait le déplacement.
 
L’événement a eu ainsi un retentissement national et les officiels, députés, élus locaux, médias, ont entonné avec une belle unanimité la rengaine de la catastrophe climatique.
 
« Cette construction monumentale de Gironde, située en bord d'océan et symbole malgré elle de l'érosion du littoral et du changement climatique, sera enfin démolie en 2023. » (Jean Cittone, le 22/12/2022). Ce titre du Figaro est sobre relativement à ceux de ses confrères écrits à la veille de la démolition de l’immeuble.
 
Pour FR3 Bordeaux « La démolition du Signal à Soulac-sur-Mer, symbole des changements climatiques, débute officiellement » (Sandrine Papin Publié le 03/02/2023) ; elle oublie l’essentiel, le recul du trait de côte dû à une érosion marine continue dont on s’est alarmé dès le XVIIIe. Elle cite le ministre de l’écologie, Christophe Béchu, sans commenter ses propos lorsqu’il met sans distinction toutes les côtes dans le même sac, rend le réchauffement climatique responsable de tout alors que dans certains cas, le problème ne vient pas de la mer mais des terres (j’y reviendrai) et  qu’il donne des estimations d’élévations du niveau de la mer sans signification puisqu’il ne précise pas les échéances de leurs réalisations : « Le Signal incarne l’érosion du littoral et ses effets sur les côtes françaises. « Les experts nous disent qu'en fonction du nombre de degrés dont la planète va augmenter, on aura de 30 à 60 à 120 centimètres de montée des eaux dans notre pays. Ce sont 975 communes en France qui à un titre ou à un autre vont être concernées et aussi 50 000 logements, 750 entreprises », rappelle le ministre.» On se demande bien pourquoi la journaliste rapporte ces propos sans les mettre en perspective ! Catastrophisme, quand tu nous tiens !
 
Avec Ouest France, le symbolique est dépassé. « « On était les premiers réfugiés climatiques de France » : un ancien de l’immeuble Le Signal raconte » Dans ce titre le journal donne la parole à un ancien résident. Et le journaliste ne trouve rien à dire lorsque dans le corps de l’article le même homme déclare : «« Ce n’était pas idiot de le construire là, analyse rétrospectivement Jean-José Guichet. Mais je pense qu’à l’époque on n’a pas assez regardé ce qu’il s’était passé au XIXe siècle », quand l’érosion avait, selon lui, déjà posé son empreinte sur la côte soulacaise » (souligné par moi). Au XIXème ! Donc pendant le « Petit âge glaciaire » qui sévit encore dans la première moitié de ce siècle ! Mais ni cet ancien résident, ni surtout le journaliste ne sont à ça près ! Des réfugiés climatiques en France, c’est tellement plus fun que l’idiotie d’avoir construit à cet endroit. Plus qu’une idiotie d’ailleurs, cette construction apparaît rétrospectivement comme une aberration écologique et paysagère. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de Soulacais  l’appelait « La Verrue ».
 
Mais la palme revient à Libération où ce fait divers est classé dans la rubrique «Climat » ! Ce journal n’y va pas de main morte : titre de l’article « Démolition de l’immeuble «le Signal» en Gironde, théâtre de la première expropriation climatique française » et chapô : « L’immeuble des années 60 de Soulac-sur-Mer était fragilisé par le recul de la dune creusée par la montée des eaux. Une conséquence du changement climatique, qui menace des milliers de logements sur la côte. » (3 février 2023). ET non la montée des eaux entre 1965 et 2014 est bien trop faible pour avoir un effet ! In fine l’article met dans le même sac littoral sableux de la côte aquitaine et falaises du pays basque et rajoute des dizaines de mètres dues au RC «Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, d’ici à 2050, le littoral sableux du golfe de Gascogne pourrait reculer de 50 mètres et les côtes rocheuses du Pays basque de 27 mètres. Le dérèglement climatique, qui devrait engendrer ces trente prochaines années une montée des eaux similaire à celle mesurée sur tout le siècle dernier, menace également d’accentuer le phénomène de plusieurs dizaines de mètres supplémentaires par endroits. » La montée des eaux sur l’ensemble du XXe siècle, c’est 170 millimètres ou 17 centimètres ! Plusieurs dizaine de mètre de recul pour 17 cm, pour juste de quoi prendre un bain de pied, bizarre !

Ces exemples me semblent suffire pour montrer l’emballement médiatique mais j’aurais pu en prendre beaucoup d’autres.  Qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux, ils ont chanté à leurs lecteurs la même chanson reprise pour l’essentiel à l’AFP et répétée avec quelques variantes dans le meilleur des cas ! Significativement Wikipédia donne pour seule cause le réchauffement climatique dans un article par ailleurs assez bien documenté.
 
Pourtant ce n’est que très récemment que médias et politiques se réfèrent au réchauffement climatique lorsqu’il est question du retrait de côte. D’ailleurs, après le 3 février, on peut remarquer que dans les titres et les articles consacrés au « Signal » les références à ce réchauffement se font plus rares, plus discrètes voire absentes. L’emballement journalistique s’apaise mais l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir : le réchauffement climatique va produire sinon des milliers de réfugiés sur les côtes françaises  du moins des milliers de propriétaires sinistrés, des propriétaires de résidences secondaires pour la plupart d’entre eux !
 
Evidemment, le réchauffement n’est pour rien ou presque dans ce phénomène de retrait de côte.
 
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Pour s’en tenir à une période pas trop éloignée, dès le XVIIIe, en plein petit âge glaciaire donc, des auteurs se sont inquiétés du phénomène. Citant Howa (1985) les auteurs du tome VI du « Guide du naturaliste au bord de la mer » écrivent : « Dans la littérature les auteurs (…) rendent compte d’un recul important du trait de côte :
 – de 1750 à 1820, la pointe de Grave recule vers l’est de 1600m soit 23 mètres par an ;
 – au niveau de Soulac, le recul moyen est de 3m par an selon la même période » (1988, p. 30)

En ce qui concerne la plage de Soulac « de 1842 à nos jours [1988 date de l’ouvrage], le trait de côte a reculé de 145 mètres. Jusqu’en 1966 le recul est inférieur à 1 m par an. Ensuite on observe une accélération brutale de l’érosion à 5 m par an jusqu’en 1972, retombant depuis à 2 m par an. Juste au sud une zone particulièrement sensible se caractérise par une érosion de 10 m par an depuis 1978 »(Bournérias et al. 1988, p.30) Zone où a été construit l’immeuble Le Solitaire (Boudeau 2019). Ajoutons qu’au cours de l’hiver 2013 – 2014, il a reculé de 20 m d’un coup (Bulteau et al. 2014 ; ONCNA 2014) !
 
On voit bien qu’il n’y a guère de corrélation entre la montée continue du niveau de la mer à cause du réchauffement climatique global en cours depuis l’holocène et les accélérations et ralentissements du phénomène d’érosion des côtes sableuses de l’Aquitaine qui a d’autres causes.  
 
En outre si le réchauffement climatique d’origine anthropique aggrave la situation en étant responsable de l’élévation du niveau de la mer, ce ne peut être que dans de très faibles proportions, aujourd’hui inconnues puisque selon le GIEC « Le signal anthropique du changement régional du niveau de la mer émergera dans la plupart des régions d’ici 2100 (confiance moyenne) » ((AR6 Chapitre 9, page 8). Donc impossible de se référer à la partie anthropique du réchauffement climatique pour expliquer l’élévation du niveau de la mer qui se produit depuis que la Terre se réchauffe au début de l’holocène.
 

Le Signal en 2014 après les tempêtes hivernales 2013 - 2014 (source inconnue)
Le Signal en 2014 après les tempêtes hivernales 2013 - 2014 (source inconnue)
Mais il y a pire : la montée du niveau de la mer ne serait pas l’un des facteurs essentiels de l’érosion côtière : La raison en serait d’abord un déficit en sédiments dans le domaine côtier « Cette pénurie s’explique d’abord par une cause naturelle qui est épuisement en matériel clastique de l’avant-côte depuis la fin de la transgression postglaciaire. Elle a été aggravée au cours de ce siècle [XXe] un peu partout dans le monde par les travaux équipement dont les fleuves ont fait objet en particulier les barrages qui empêchent les sédiments grossiers d’arriver la mer » (Paskoff 1998).
 
À l’appui de cette thèse on peut invoquer l’analyse détaillée effectuée dans le cadre de l’Atlas morphodynamique de la côte sableuse aquitaine. Elle montre que la hausse du niveau de la mer ne s’accompagne pas toujours d’un recul de la côte. Elle met en évidence de fortes disparité locales avec une tendance récente assez fréquente du recul du trait de côte probablement due à une augmentation de son anthropisation d’autant que les parties de la côte landaise peu anthropisées sont stables voire en légère expansion avec un bilan sédimentaire positif. Par exemple au nord, entre Soulac qui n’est qu’à environ 6km de la pointe de Grave à vol d’oiseau, le trait de côte a subi de place en place des variations différentes selon la topographie des lieux, la nature du terrain, les interventions humaines, notamment l’urbanisation sur le cordon dunaire, la réalisation d’ouvrages de rétention du sable, etc. . (Cf. OCA, 2018).
 

Les tempêtes sont l’autre facteur prépondérant qui est susceptible de modifier le visage du littoral, en particulier celles qui sont dites « morphogéniques » : « elles modifient la morphologie du littoral et déplacent le trait de côte dans un sens ou dans l’autre » (Battiau-Queney, 2014). Elles conjuguent des vents violents supérieurs à 120 km/h (engendrant une puissante dynamique éolienne sur les plages sableuses et dans les dunes), de basses pressions atmosphériques (engendrant une surcote marine aggravée en cas de coïncidence avec une pleine mer de vive-eau), une mer forte avec une hauteur de houle très supérieure à la moyenne et des phénomènes de run-up (hauteur maximale atteinte sur la côte par l’eau des vagues incidentes après leur déferlement). » (Battiau-Queney  2019) Le long de la côte aquitaine les vagues centennales peuvent atteindre jusqu’à 11 à 12 m de hauteur. Les tempêtes sont des événements aléatoires ce qui rend délicate la prédiction en matière d’érosion côtière.
 
Ce sont d’ailleurs les tempêtes qui ont achevé d’emporter la dune et la plage devant « Le Signal ». Il y a d’abord eu le passage de la tempête Klaus en 2009 avec des rafales de vent sur le littoral de la Gironde de 150 km/h à 172 km/h et des vagues atteignant près de 12m de hauteur. La surcote à la pleine mer s’étendait de 5 à 1 m environ, mais dans une configuration de coefficients de marée assez bas (58/63). » A Bordeaux, la Garonne déborde (source Météo-France).
 
Ensuite en 2010 Xynthia n’effleure que Soulac : cette tempête n’a pas été classée en « dépression explosive » de type Klauss de Janvier 2009, son caractère exceptionnel est dû à la cooccurrence de plusieurs phénomènes naturels dont la probabilité qu’ils surviennent en même temps est extrêmement faible : niveau de la mer au plus haut avec un coefficient de marée 102 (coefficient compris entre 20 et 120) et une forte houle (surcote entre 6 à 7m)(même source)
 
Enfin lors de l’hiver 2013 /2014 c’est la succession sur 4 mois de tempêtes ordinaires qui a eu un impact considérable sur le littoral aquitain. Prises individuellement elles présentent des conditions de houle et des niveaux d’eau relativement modestes mais c’est le cumul d’énergie généré par les vagues sur cette courte période ( plus du double de la puissance de la plupart des hivers précédents) qui en fait l’un des hivers les plus marquants des dernières décennies par le taux d’érosion élevé et le caractère généralisé à l’ensemble du littoral sableux. Cette érosion côtière peut même être considérée comme exceptionnelle. Soulac sur mer et le Haut Médoc furent parmi les plus touchés avec un recul du trait de côte évalué à plus de 20 mètres (source : OCNA ; Bulteau et al. 2014) signant l’arrêt de mort du Signal imprudemment édifié trop près d’un trait de côte mouvant.  
 
Il n’est pas question de nier que le réchauffement global de la planète entraine une hausse du niveau de la mer mais les grandeurs ne sont pas du même ordre. A partir des données  du GIEC  concernant l’augmentation moyenne du niveau de la mer il est facile de calculer cette élévation. Elle est au plus   d’environ 11 mm (millimètres) pour les 47 ans d’existence de l’immeuble (47x2.3mm/an [Taux d’élévation GIEC 2021 AR6, Ch.9]. Dans le cas des vagues on parle en mètres, dans le cas du niveau de la mer en millimètres !
 
Pour rendre le réchauffement climatique responsable de la fin du Signal, c’est donc du côté des tempêtes qu’il faudrait se tourner. Les tempêtes étant des phénomènes aléatoires, la question qu’il faut se poser est celle de savoir si le réchauffement a entrainé une augmentation statistiquement significative du nombre de tempêtes. La réponse est négative selon les données du GIEC lui-même et de Météo France : « En France, des mesures fiables de vent fort sont disponibles depuis le début des années 1980. Elles sont utilisées par les climatologues pour recenser les tempêtes (…) Le nombre d’événements varie fortement d’une année à l’autre mais aussi sur un pas de temps multi-annuel(…). Sur l’ensemble de la période, on n’observe pas de tendance significative du nombre de tempêtes affectant le territoire métropolitain. »  (Météo France)

Je ne sais pas ce que l’avenir réserve mais dans le cas du Signal, ce n’est pas l’élévation du niveau de la mer qui est la cause de sa mise en péril donc ce n’est pas le réchauffement climatique. Les tempêtes qui emportent plage et dunes sans qu’elles puissent se reconstituer en sont les causes principales et le réchauffement climatique n’a pas eu pour la période considérée d’influence sur elles.

Dans le cas de l’érosion côtière de la côte aquitaine – comme celle de la basque mais pour d’autres raisons – c’est l’urbanisation en bord de mer et l’anthropisation excessive du littoral qui explique cette érosion catastrophique en empêchant  « le système côtier de respirer » selon l’expression de Mme Yvonne Battiau-Queney spécialiste de l’évolution et de la gestion durable du littoral, professeure émérite de l'Université de Lille (labo CNRS LOG -Océanologie et Géosciences UMR 8187).

Dans le cas du littoral sableux comme nous venons de le voir, à supposer que le réchauffement climatique ait une influence, ce ne serait pas là où on devrait l’attendre si l’on suivait la plupart des médias : non pas au niveau marin mais éolien !. Jusqu’à présent, il n’a que peu voire pas d’influence sur l’érosion côtière. En tout cas pas d’influence évaluable.

Dans l’article cité du journal Libération, le réchauffement climatique serait responsable du recul du trait de côte aussi bien dans le cas du littoral sableux que dans celui des côtes rocheuses du Pays basque. Dans le cas de l’érosion des falaises marneuses des côtes du Pays Basque, il n’y a pas de réserves à émettre, c’est clair et net, l’élévation du niveau de la mer n’y est pour rien du tout : la cause de leur fragilisation et des effondrements est d’abord terrestre et non maritime : « les eaux des nappes souterraines, aujourd’hui mal drainées, viennent engorger le versant de la falaise et provoquent des glissements imparables qui entraînent les superstructures : conduites, jardins, habitations. La construction de murs ou l’amoncellement d’enrochement est un leurre car la mer ne fait que déblayer secondairement les éboulements dus à l’érosion continentale » (Bournérias et al. 1988, p. 33) Le remède serait de renoncer aux constructions en bord de falaise qui déstabilisent le sous-sol et « deviennent irrésistiblement des résidences «  pied dans l’eau » au sens propre du terme » un drainage et un couvert végétal sur des talus en pente modérée (Bournérias et al.). Mais trop souvent les élus comme leurs administrés ne veulent pas l’admettre et le « dérèglement climatique » est un argument ou une excuse bien commode.
 

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En conclusion, je m’interroge. Sur cette question que je connais bien pour avoir fréquenté ce littoral depuis longtemps, question que j’ai pu approfondir grâce notamment  aux articles de Mme Battiau-Queney, je n’ai pas cru une seule seconde à ce que racontaient les médias sur les causes du phénomène, mais qu’en aurait-il été si je n’avais rien su sur ce sujet ? Pourquoi cet emballement dès qu’il s’agit du climat et de son « dérèglement » si tant est qu’il existe un climat « réglé » ? Pourquoi faire peur aux gens ? Pour les inciter à agir « pour le climat » ? Mais qu’est-ce qu’agir pour le climat si ce n’est se plier à d’innombrables contraintes dictées par des climatologues et autres technocrates persuadés de connaître la cause de ce « dérèglement » et de savoir ce que sera le climat à la fin du siècle ; si ce n’est de renoncer à la démocratie au nom de l’urgence climatique comme le souhaite le climatologue François Marie Bréon, une des chevilles ouvrières du GIEC : « On peut dire que la lutte contre le changement climatique est contraire aux libertés individuelles et donc sans doute avec la démocratie. » (Libération, 29 juillet 2018) C’est certain que pour nous faire accepter et supporter une dictature de ces « savants », il faudra réussir à nous flanquer une sacrée trouille. Pour cela toute occasion est bonne à prendre et la démolition du Signal une aubaine à saisir d’autant plus que les gens préfèrent la chaleur et le beau temps au mauvais et au froid.

Il peut y avoir aussi une autre raison moins générale à tout ce battage ministériel et médiatique autour de la démolition de cet immeuble. Ce n’est qu’à l’issue d’un long combat judiciaire que les propriétaires des appartements ont pu être indemnisés, l’Etat ne voulant pas mobiliser les fonds réservés aux catastrophes naturelles dits « Fonds Barnier » par crainte de créer un précédent. S’il y a une chose de juste dans la déclaration du ministre Béchu rapportée par FR3 Bordeaux c’est que l’érosion côtière concerne bien 975 communes en France, 50 000 logements et 750 entreprises. S’il fallait que l’État mette la main à la poche dans tous les cas…, d’où cette crainte du « précédent » et aussi la volonté de décourager tout futur d’acquéreur de résidences « pied dans l’eau », résidence qui risque de l’être au sens propre.

Il est d’ailleurs étonnant que ce genre de bien immobilier soit encore très prisé et se vende très cher, d’autant plus cher qu’il est près de l’eau malgré tout le battage fait autour de la submersion entière de régions côtières par une élévation de la mer à cause du réchauffement climatique ; mais il est vrai que cela se produira (ou non !) à des horizons de temps si lointains que tous ceux qui sont aujourd’hui en âge d’acheter de tels biens n’ont guère de raison de s’en inquiéter.

Certes, la nature met parfois du temps à réagir aux erreurs urbanistiques du passé mais il est patent qu’elle réagit : les risques littoraux s’aggravent dans beaucoup de régions : collectivités et particuliers ont de plus en plus de mal à faire face et cela coûte de plus en plus cher. Le cas du Signal montre pourtant que les médias se focalisent sur les effets de l’érosion marine actuelle pourvu qu’ils soient spectaculaires mais cela non plus ne semble pas freiner le marché de ces biens. Combien de dégâts et de contentieux à venir ?
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Surcote : Une « surcote » désigne la différence entre le niveau marin observé et celui qui existerait en présence de la seule marée astronomique. «Les plus fortes surcotes sont dues à la conjonction d’une chute rapide de la pression atmosphérique, créant une «onde de tempête», de vents forts soufflant vers la côte et d’une marée de vive-eau. »
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Références

Battiau-Queney Y., 2014. « Les plages de la côte d’Opale. Maîtriser la nature ou agir avec elle ? » Dynamiques environnementales, vol. 30,89‑104 https://www.researchgate.net/publication/323549680_Les_plages_de_la_Cote_d%27Opale_maitriser_la_nature_ou_agir_avec_elle
 
Battiau-Queney Y., 2018 « La mobilité du trait de côte - Comment prendre en compte et préserver la nature dans une gestion durable des côtes sableuses ? » Pierre d’Angle, ANABF, https://anabf.org/pierredangle/dossiers/littoral/la-mobilite-du-trait-de-cote?
 
Battiau-Queney Y. 2019a « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (1/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/15/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-1-3
 
Battiau-Queney Y. 2019b « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (2/3) » Science, Climat et énergie  https://www.science-climat-energie.be/2019/08/19/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-2-3
 
Battiau-Queney Y. 2019c « La hausse du niveau de la mer accélère-t-elle l’érosion des côtes? (3/3) » Science, Climat et énergie https://www.science-climat-energie.be/2019/08/30/la-hausse-du-niveau-de-la-mer-accelere-t-elle-lerosion-des-cotes-3-3

Boudeau F., 2019 L’immeuble Le Signal, Rencontres littorales 2019, Soulac-sur-Mer, 20 Juillet 2019
https://www.mairie-soulac.fr/wp-content/uploads/2019/07/05_M.-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Boudeau-Signal.pdf

Bournerias M., Pomerol C., Turquier Y.,  1988 Le Golfe de Gascogne de l’Ile d’Oléron au Pays Basque, Guides naturalistes des côtes de France, VI, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel – Paris, 272 p.
 
Bulteau T., Mugica J., Mallet C., Garnier C., Rosebery D., Maugard F., Nicolae Lerma A., Nahon A.avec la collaboration de Millescamps B., 2014 Évaluation de l’impact des tempêtes de l’hiver 2013-2014 sur la morphologie de la Côte Aquitaine. Rapport final. BRGM/RP-63797-FR, 68 p., 138 fig., 8 tab., 2 ann. http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Les-tempetes-de-l-hiver-2013-2014
 
Howa H., 1985 « L’érosion du littoral du Nord-Médoc (Gironde) », Bull. Inst.Géol. Bassin d’Aquitaine, n° 38, pp 57 – 68.
 
Le Treut H., 2013 Les impacts du changement climatique en Aquitaine : un état des lieux scientifique, Presses universitaires de Bordeaux, LGPA édition, 375 p.
 
Météo France Tempêtes en France métropolitaine http://tempetes.meteofrance.fr/

Météo France, 2020  Tempêtes et changement climatique https://meteofrance.com/changement-climatique/observer/tempetes-et-changement-climatique?
 
OCA, 2018. Atlas morphodynamique de la côte sableuse aquitaine,  BRGM ONF www.observatoire-cote-aquitaine.fr.observatoire-cote-aquitaine.fr
 
OCNA, 2014 Les tempêtes de l’hiver 2013-2014 http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Les-tempetes-de-l-hiver-2013-2014

Paskoff R. 1998, « Conséquences possibles sur les milieux littoraux de l'élévation du niveau de la mer prévue pour les prochaines décennies » Annales de géographie, 1998, t. 107, n°600  pp. 233-248.
 
 

Samedi 11 Février 2023 Commentaires (0)

Devant les risques de pénurie d’électricité cet hiver dus au déboires des réacteurs d’EDF et aux sanctions de l’UE contre la Russie, Stéphane Lhomme directeur de « l'Observatoire du nucléaire » et animateur du site « Refus Linky Gazpar » a publié sur son blog un article mettant en évidence la menace grâce aux compteurs Linky d’une gestion étatique autoritaire et totalitaire de la consommation d’électricité des gens.
J’ai repris ici les passages les plus significatifs de ce texte.


Pénurie d'électricité : Stéphane Lhomme dénonce les potentialités totalitaires des compteurs Linky
« Dans leur récente tribune  (Le Monde, 15 juillet 2022), quatre experts demandent que "tous les Français (particuliers, artisans, PME, etc.)" se voient proposer d'être rémunérés pour réduire, par le biais des compteurs électriques Linky, leur consommation d'électricité lors des pics de consommation.
 
Il s'agit là de la version souriante et naïve d'une affaire beaucoup plus inquiétante pour la consommation des citoyens mais aussi pour leurs libertés. En effet, comme nous l'avons dénoncé lors de centaines de conférences depuis le lancement du programme Linky en décembre 2015, les compteurs communicants peuvent être utilisés de façon autoritaire et, loin de les rémunérer, en sanctionnant financièrement les habitants.
 
(…) 
 
Malgré les belles promesses de respect des droits, toutes les potentialités des compteurs Linky pourront être utilisées, et plus vite qu'on ne le pense : la faillite du parc nucléaire français et la guerre en Ukraine annoncent pour cette hiver de probables pénuries d'électricité.
 
Rappelons d'ailleurs que, chaque hiver depuis plus de 20 ans, et même lorsque les réacteurs nucléaires fonctionnent correctement, la France est massivement importatrice d'électricité auprès de ses voisins et en particulier l'Allemagne. Confrontée à la crise du gaz russe, cette dernière ne pourra pas nous alimenter cet hiver, et ce alors que la production nucléaire d'EDF sera très basse.
 

Il s'agit là de la version souriante et naïve d'une affaire beaucoup plus inquiétante pour la consommation des citoyens mais aussi pour leurs libertés. En effet, comme nous l'avons dénoncé lors de centaines de conférences depuis le lancement du programme Linky en décembre 2015, les compteurs communicants peuvent être utilisés de façon autoritaire et, loin de les rémunérer, en sanctionnant financièrement les habitants.
 
(…) 
 
Malgré les belles promesses de respect des droits, toutes les potentialités des compteurs Linky pourront être utilisées, et plus vite qu'on ne le pense : la faillite du parc nucléaire français et la guerre en Ukraine annoncent pour cette hiver de probables pénuries d'électricité.
 
Rappelons d'ailleurs que, chaque hiver depuis plus de 20 ans, et même lorsque les réacteurs nucléaires fonctionnent correctement, la France est massivement importatrice d'électricité auprès de ses voisins et en particulier l'Allemagne. Confrontée à la crise du gaz russe, cette dernière ne pourra pas nous alimenter cet hiver, et ce alors que la production nucléaire d'EDF sera très basse.
 
C'est alors que les compteurs Linky vont pouvoir entrer en jeu en réduisant ou en coupant automatiquement la consommation des ménages… sauf à l'encontre des quatre millions de foyers qui résistent encore vaillamment à la pose de ces compteurs malfaisants (nous ne revenons pas ici sur leurs différentes tares : surfacturations, dysfonctionnement divers, incendies, ondes, destruction de milliers d'emplois, etc).
 
Peut-être que, pour amadouer la population, les premiers "effacements" seront rémunérés, encore que : l'Etat et EDF sont proches de la faillite et le "quoi qu'il en coûte" a vécu. Mais, très vite, ces coupures seront "bénévoles"… et opérées à distance de façon obligatoire et arbitraire. Et il y aura encore pire avec la "tarification dynamique " : il s'agit de faire varier le prix de l'électricité en fonction de l'intérêt de diverses entreprises (à commencer par EDF) au détriment des usagers.
 
Il ne s'agit pas de science-fiction car cette tarification est d'ores et déjà proposée par divers fournisseurs aux usagers naïfs : même la Commission de régulation de l'énergie (CRE), pourtant bras armé de la dérégulation du marché de l'électricité en France, alerte sur les risques de voir sa facture littéralement exploser par le biais de cette tarification.
 
Or cette dernière peut à tout instant être imposée à tous par l'exécutif (…)
 
Notons aussi que le système Linky peut permettre, sans l'avouer bien sûr, de ne restreindre et sanctionner que certaines catégories de la population, par exemple les banlieues ou les zones rurales, tout en exemptant les quartiers huppés.
 
Les compteurs Linky donnent en effet à l'exécutif des possibilités totalitaires terrifiantes, et bien naïf qui veut prétendre qu'elles ne seront jamais utilisées(…)
 
Soyons lucides : toutes les horreurs permises par les nouvelles technologies - compteurs communicants, caméras à reconnaissance faciale, QR codes, etc - seront tôt ou tard utilisées et détournées de leurs prétextes initiaux pour en faire des outils de répression laissant bien loin derrière le Big brother de Georges Orwell.
 
Garder encore et toujours son compteur électrique ordinaire ne suffira probablement pas à préserver les libertés, mais cela reste un geste de résistance… et de protection de ses droits à se chauffer et s'éclairer sans attendre l'autorisation de l'exécutif. » 

Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
Animateur du site Refus Linky Gazpar

Pour lire l’intégralité de l’article c’est ici : http://refus.linky.gazpar.free.fr/usage-totalitaire-linky.htm

Illustration : Refus Linky Gazpar
 

Lundi 23 Janvier 2023 Commentaires (0)
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