Même les défenseurs de l’environnement et les responsables de leurs associations n’en veulent pas.


Ils ne veulent pas de guignols totalement discrédités non seulement par la campagne présidentielle calamiteuse qu’ils ont menée avec les résultats désastreux qui ont logiquement suivis, mais plus encore par leur soif de postes ministériels étalée au grand jour par des manifestations ostensibles et appuyées de leur fidélité toute neuve à François Hollande dès le soir du premier tour, reniant ainsi sans vergogne leur propre programme et donc se souciant comme d’une guigne que le futur président ait proclamé urbi et orbi qu’il ne se sentait pas engagé par l’accord que les Verts avaient conclu avec le PS et que seul, comptait son programme.

Atteints de ‘ministrite’ pour reprendre le terme de Gaby Cohn-Bendit, les leaders d’Europe-Ecologie Les Verts multiplient les actes d’allégeance envers le président élu avec la bénédiction du Conseil fédéral de leur Parti qui est bien le seul à croire en leur utilité. Et pour la faire admettre aux militants, certains d’entre eux jouent les Big Brother n’hésitant pas à réécrire l’histoire,
effaçant allégrement les couleuvres déjà avalées par les ministres de la majorité plurielle de Jospin et pire que les couleuvres, les véritables trahisons que sont, par exemple les décrets pour l’extension de La Hague, sur les OGM, etc. Tour de passe-passe facile à réaliser dans un parti affecté d’un turn-over chronique et dans lequel ceux qui restent ont la mémoire sélective !

Mais tout le monde n’a pas oublié…

D’autant qu’avec le mirobolant score du premier tour de l’élection présidentielle et des futurs députés qui devront leur élection au seul bon vouloir du PS, on peut craindre bien pire encore avec des ministres issus d’un parti qui n’a plus le moindre poids politique. Voilà pourquoi les défenseurs de l’environnement ne veulent pas d’un ou d’une ministre issu(e) d’Europe-Ecologie Les Verts.
Face aux ambitions de membres d’EE-LV qui se croient ministrables, leurs prétentions avouées, leurs manœuvres, petites ou grandes, il a bien fallu qu’ils le fassent savoir. Un membre de l’équipe du nouveau président aurait confié au Monde, selon Anne Sophie Mercier, que « la demande que l’on me glisse au creux de l’oreille, c’est la nomination d’une personne issue de nos rangs et ayant un vrai poids politique » propos confirmés par les déclarations des présidents du WWF, de France Nature Environnement, des Amis de la Terre et d’Ecologie sans frontière que rapporte la journaliste.
On ne peut s’empêcher de penser qu’ils ne veulent en aucun cas de Cécile Duflot et que leur préférence va à Marie-Hélène Aubert qui a commencé à travailler avec François Hollande dès 2009 après avoir quitté Les Verts et adhéré au PS. C’est elle qui a dirigé le pôle «Environnement, développement durable et énergie» pendant la campagne.
S’il s’agissait de Nicolas Hulot, on peut gager que les défenseurs de l’environnement seraient aussi satisfaits. Mais que François Hollande choisisse Nicolas Hulot est très peu probable. C’est une hypothèse peu vraisemblable au dire même de celui qui la met en avant, à savoir Gaby Cohn-Bendit. Pourtant selon le frère de Dany, si Hollande choisissait Hulot, « il ferait une belle chose. Il est compétent, et ça serait un coup énorme de le mettre au ministère de l’Environnement. » Gaby Cohn-Bendit ajoute, cruel : « Et Cécile Duflot pourrait aller aux déchets. Un secrétariat d’Etat au recyclage des déchets politiques. » En fait, il est probable que si quelqu’un d’EE-LV est choisi, ce soit cette dernière, pour des tas de raisons exceptée une, la compétence. L’opinion de G. Cohn-Bendit rejoint ici celle de nombreux membres du PS. Anne Sophie Mercier rapporte dans un article paru sur Le Monde.fr que « Le PS et l'entourage du candidat se montrent sans indulgence envers Cécile Duflot, raillant ses « tweets débiles », plusieurs cadres du PS dénonçant un «comportement de gamine»» Il reste donc à espérer qu’elle ne sera pas nommée à l’environnement… Mais cette défiance dépasse la personne de la secrétaire nationale pour atteindre EE-LV dans son ensemble. C’est ce parti qui est atteint, jugé incapable de défendre efficacement l’environnement, d’être porteur de la transition écologique à laquelle aspirent des associations comme Les amis de la Terre ou France Nature Environnement.

Lorsque les associations de défense de l’environnement se mobilisent pour que le futur ministre de l’écologie ne soit pas issu du parti qui est censé être l’expression politique de cette dernière, c'est que ce parti a perdu sa raison d'être en ce qui concerne ses fondements même : l'écologie politique est une fois de plus - une fois de trop? - en crise alors que l'urgence écologique est plus pressante que jamais.

Lundi 14 Mai 2012 Commentaires (0)

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