Nature - environnement
Le commentaire de cet éditorial du journal Le Monde daté du 14 octobre 2013 vise à en dévoiler les présupposés, les non-dits, la rhétorique spécieuse, les approximations tendancieuses, les confusions et les erreurs. Cet éditorial est un cas exemplaire, quasi caricatural du catastrophisme réchauffiste journalistique ordinaire qui fait le lit du nucléaire et conduit à proposer des mesures qui rendront l’écologie encore plus impopulaire qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les extraits de l’article du Monde sont en italique et entre guillemets. Leur analyse et commentaires en caractères romains.
« Combien faudra-t-il encore de catastrophes climatiques pour que la lutte contre le réchauffement devienne une véritable priorité ? »
Ce début en fanfare n’est que rhétorique spécieuse qui présuppose comme allant de soi qu’il y a un lien entre le réchauffement climatique et les aléas météorologiques, tout en évitant de l’affirmer. Ce qui est bien commode pour protéger par là même ce lien de toute réfutation. Combien saugrenue, en effet, paraîtra cette question si le lien présupposé n’existe pas ou si le lecteur n’y croit pas !
« (…) Les négociateurs (de la 19ème conférence des Nations unies sur le climat) ont tous fait part de leur émotion après le passage du typhon Haiyan, qui vient de dévaster le centre des Philippines (…) Dans les capitales, la machine humanitaire s'est mise en branle pour venir au secours des rescapés, et donner ainsi le spectacle d'une solidarité réconfortante. Mais cette générosité de court terme ne peut plus suffire. Tout comme les larmes de crocodile versées par des responsables politiques qui sont aussi les premiers à ne pas assumer des politiques courageuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre. »
L’éditorialiste présuppose une relation quasi causale entre ces typhons et le « réchauffement climatique d’origine anthropique ». C’est avec ce présupposé que prennent sens et sa remarque sur l’insuffisance d’une générosité « à court terme » et sa diatribe contre les responsables politiques incapables de mettre en œuvre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, il ne devrait pas être sans ignorer qu’aucun climatologue ne voudrait confirmer l’existence d’un tel lien non seulement avec un cyclone particulier comme il est dit dans la suite de l’édito, mais avec tout cyclone.
Ce début en fanfare n’est que rhétorique spécieuse qui présuppose comme allant de soi qu’il y a un lien entre le réchauffement climatique et les aléas météorologiques, tout en évitant de l’affirmer. Ce qui est bien commode pour protéger par là même ce lien de toute réfutation. Combien saugrenue, en effet, paraîtra cette question si le lien présupposé n’existe pas ou si le lecteur n’y croit pas !
« (…) Les négociateurs (de la 19ème conférence des Nations unies sur le climat) ont tous fait part de leur émotion après le passage du typhon Haiyan, qui vient de dévaster le centre des Philippines (…) Dans les capitales, la machine humanitaire s'est mise en branle pour venir au secours des rescapés, et donner ainsi le spectacle d'une solidarité réconfortante. Mais cette générosité de court terme ne peut plus suffire. Tout comme les larmes de crocodile versées par des responsables politiques qui sont aussi les premiers à ne pas assumer des politiques courageuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre. »
L’éditorialiste présuppose une relation quasi causale entre ces typhons et le « réchauffement climatique d’origine anthropique ». C’est avec ce présupposé que prennent sens et sa remarque sur l’insuffisance d’une générosité « à court terme » et sa diatribe contre les responsables politiques incapables de mettre en œuvre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, il ne devrait pas être sans ignorer qu’aucun climatologue ne voudrait confirmer l’existence d’un tel lien non seulement avec un cyclone particulier comme il est dit dans la suite de l’édito, mais avec tout cyclone.
D’abord rejeté, ensuite restauré, tout lien direct entre intensité d’un cyclone et température de l’eau de surface de la mer est aujourd’hui largement remis en question : «Using a homogeneous record, we were not able to corroborate the presence of upward trends in hurricane intensity over the past two decades in any basin other than the Atlantic. Since the Atlantic basin accounts forless than 15% of global hurricane activity, this result poses a challenge to hypotheses that directly relate globally increasing tropical SST to increases in long-term mean global hurricane intensity.» (En utilisant des données homogènes, nous n'avons pas été capables de corroborer l'existence d'une tendance à la hausse de l'intensité des cyclones au cours des deux dernières décennies dans tous les bassins, l’Atlantique excepté. Dans la mesure où le bassin Atlantique représente moins de 15 % de l’activité cyclonique globale, ce résultat constitue un défi pour l'hypothèse qui relie directement l’élévation globale des températures de surface (SST) de l'océan tropical à l’augmentation en moyenne sur le long terme de l’intensité globale des ouragans.) «A globally consistent reanalysis of hurricane variability and trends » J. P. Kossin, K. R. Knapp, D. J. Vimont, R. J. Murnane and B. A. Harper, Geophys. Res. Lett., 2007, 34, L04815, doi:10.1029/2006GL028836.
Le GIEC lui-même estime qu’il n’y a pas de preuves de l’accroissement de l’activité des cyclones tropicaux en ce début du XXIème siècle contrairement à ce que laisse entendre cet édito en citant le cyclone Bopha et l'ouragan Sandy. Un choix malheureux d’ailleurs puisque ces deux cyclones n’appartiennent pas au même bassin, le second appartenant au bassin Atlantique dans lequel ces événements ne semblent pas suivre la même tendance que ceux des autres bassins.
« Les scientifiques s'attendent à des événements extrêmes de plus en plus en intenses. »
Combien de fois faudra-t-il le répéter ? C’est faux ! Tout d’abord, ce sont des scientifiques qui s’attendent à cela, et non les scientifiques (spécialistes de ces questions). Et ils ne s’y attendent pas pour tous les aléas météorologiques. Notamment, on vient de le voir, ils ne s’y attendent pas en ce qui concerne les typhons (ouragan ou cyclones).
«Même s'ils (les scientifiques) ne peuvent pas aujourd'hui faire le lien direct entre changement climatique et un cyclone en particulier, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud, expliquait le 13 novembre que « l'élévation du niveau de la mer rendait déjà les populations côtières plus vulnérables aux tempêtes, ce qui a eu des conséquences tragiques dans le cas des Philippines »
Certes, il semblerait bien que l’une des causes qui contribue à l’élévation du niveau de la mer soit le réchauffement climatique quoique cette élévation soit inégale selon les régions. De toute façon, l’élévation du niveau de la mer n’a pas de conséquences sur l’intensité ou la fréquence des typhons. Il s’agit de deux types d’événements différents non reliés entre eux par quelque relation que ce soit. Que l’un (l’élévation du niveau de la mer) soit lié au réchauffement climatique n’est ni un indice, ni une preuve que l’autre (l’intensité ou la fréquence des typhons) le soit ou non !
« Il n'y a pas que les Philippines. Il y a tout juste un an, Manhattan, à New York, était sous 4 mètres d'eau, après l'ouragan Sandy, et les Etats-Unis sortaient alors tout juste de leur pire sécheresse en plus de soixante ans… Dans les mégalopoles chinoises, l'air est devenu irrespirable. L'Europe nous semble pour l'heure relativement préservée. Mais cela n'aura qu'un temps : à l'été 2012, l'Europe centrale endurait déjà ses pires inondations depuis probablement cinq siècles. »
Des excès de pluie et des inondations causées par les cyclones, on passe à la sécheresse, puis à la pollution de l’air dans les villes chinoises.
1°) Le réchauffement climatique a bon dos ! L’histoire des climats de la Terre est riche d’aléas météorologiques de toute sorte aux conséquences dramatiques pour les populations humaines bien avant l’ère industrielle ; depuis toujours, en fait ! Que l’on songe aux étés pourris ou aux sécheresses prolongées aux causes diverses mais aux conséquences identiques : famines, migration de populations, destruction d’écosystèmes, etc.… De tels aléas peuvent se produire que le « climat global» se réchauffe ou se refroidisse. Il est très difficile d’établir un lien entre ces événements hors normes et des tendances. De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, une canicule n’annonce pas un climat global plus chaud ou plus froid d’ailleurs, pas plus que des records de froid sont énonciateurs d’un âge de glace. Chacun de ces événements est une singularité. Son rattachement à une tendance du climat global ne peut se faire qu’à l’aide d’un faisceau d’hypothèses sur des phénomènes divers, sujets de controverses infinies.
2°) Quant à la lutte contre la pollution de l’air dans les villes, quel lien peut-elle bien entretenir avec les typhons et autres aléas météorologiques ? L’effet de serre ? L’enchaînement implicite serait alors le suivant : rejetés dans l’atmosphère, les polluants qui l’empoisonnent participeraient aussi au renforcement de « l’effet de serre » responsable du réchauffement climatique, lui-même responsable de l’augmentation de l’intensité des typhons et autres « catastrophes climatiques ».
Drôle d’enchaînement ! On a vu précédemment ce qu’il en était de la liaison entre aléas météorologiques extrêmes et tendances du climat global. Les liens soit n’existent probablement pas (cas des super typons), soit reposent sur un faisceau d’hypothèses sujettes à controverses non-concluantes à ce jour, faute bien souvent de données fiables et/ou suffisantes.
Le premier chaînon ne vaut pas mieux. Il repose sur une confusion entre pollutions de l’air et gaz à effet de serre. Le CO2 émis par diverses sources dont les pots d’échappement des voitures est un gaz à effet de serre bien connu mais ses effets sur la santé ne sont pas nocifs. De plus il est essentiel à la photosynthèse sans laquelle, il n’y aurait pas de végétaux. Ce n’est pas un polluant atmosphérique. Le sont par contre les particules fines, les métaux lourds et tous les gaz toxiques comme les oxydes d’azote, relâchés par ces mêmes pots d’échappement. Chacun de ces éléments est un polluant atmosphérique parce que nocif pour la santé mais tous n’ont pas un forçage radiatif positif. Si une telle confusion existe dans l’esprit du rédacteur de cet éditorial, cela vient de l’air du temps, d’un matraquage dont les média sont à la fois victimes et complices sur les méfaits du réchauffement climatique dont nous serions responsables par nos émissions inconsidérées de ce méchant C02.
Si au nom d’un principe de charité, nous rejetons une interprétation du texte qui fait intervenir un enchaînement aussi douteux, il nous faut conclure que la référence à la pollution atmosphérique des villes chinoises vient comme un cheveu sur la soupe. Ce qui n’est pas très charitable non plus.
« Pour insurmontable qu'il semble, le problème du changement climatique n'est pas insoluble a priori. (…) l'économiste américain William Nordhaus – qui fut le mentor du Prix Nobel d'économie Paul Krugman – propose la mise en place immédiate d'une taxe sur le carbone qui serait vouée à croître continûment, jusqu'à doubler en 2030. L'objectif est avant tout de faire du charbon – la source d'énergie la plus polluante et toujours l'une des plus utilisées dans le monde – une ressource trop coûteuse pour être exploitée. Une part du chemin serait ainsi faite. »
On peut toujours rêver ! Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Les payeurs, ce sont les hommes politiques qui auraient la mauvaise idée de suivre les conseils de cet économiste et les gens, vous et moi, auxquels les politiques auraient tenté d’administrer ce remède de cheval ! Si cet économiste-là a été « le mentor » d’un prix Nobel d’économie, on peut avoir de sérieux doutes sur la valeur de ce prix et la pertinence de son attribution. Bref, il vaut mieux parler en effet d’une solution a priori puisque, a posteriori, dans les faits elle est inapplicable. D’ailleurs, au regard de la conclusion de l’édito sur les difficultés de mettre en place l’écotaxe, bien plus indolore, le rédacteur du texte en conviendrait sans doute volontiers. Dans le mix énergétique de nombreux pays, notamment ceux en développement ou émergeants, le charbon a et aura une place essentielle parce qu’il est une ressource relativement bon marché, abondante pour encore longtemps. Il aura une place essentielle, non par choix mais par nécessité. Ces pays ne peuvent se permettre un renchérissement de leur énergie qui tuerait leur essor économique.
S’interdire d’exploiter le charbon, ce serait faire « une part du chemin » selon l’éditorialiste du Monde. Certes, mais il faut aller jusqu’au bout du voyage. En d’autres termes, c’est peut être bien de s’interdire d’exploiter cette ressource, encore faudrait-il savoir par quoi la remplacer. Par des énergies de flux, dites renouvelables ? Eolienne, photovoltaïque, hydro ou marémotrice ? Aujourd’hui les deux premières fournissent une énergie intermittente, hors de prix, sans méthodes de stockage convaincantes. Toutes sont des facteurs de nuisances et de dégradations environnementales conséquentes que certains écologistes inconséquents ou prisonniers de leurs mythes se refusent à admettre.
Reste le nucléaire… Et si l’on ne veut pas du nucléaire, le charbon occupera la première place dans le mix énergétique pour le remplacer. Ce qui se passe à l’heure actuelle en Allemagne le prouve à l’évidence et donne raison à Bella et Roger Belbéoch (ici). La fermeture des centrales nucléaires, c’est l’ouverture des mines de charbon malgré un équipement important en éolien et solaire ainsi qu’un effort considérable en économie d’énergie et en recherche d’efficacité énergétique. Effet de serre ou nucléaire! De Charybde en Scylla, tel est le dilemme que les nucléocrates, réchauffistes catastrophistes intéressés, seraient ravis de nous imposer mais il faut relativiser…
En fait, au niveau mondial, le nucléaire ne contribue que pour 6% à la production mondiale d’énergie. Il arrive en dernier juste avant les énergies renouvelables, qui fournissent 7 % du total (chiffres de 2008). Certes, on ne peut brûler du charbon sans produire du gaz carbonique et augmenter le forçage radiatif d’origine anthropique. La question est de savoir dans quelles proportions. En admettant que la consommation d’énergie contribue pour moitié au forçage radiatif d’origine anthropique – l’agriculture, l’élevage et les activités industrielles étant responsables de l’autre moitié – l’arrêt du nucléaire et son remplacement par les énergies fossiles disponibles n’augmenterait au pire que de 6/2, soit de 3% le forçage radiatif d’origine anthropique. Au pire, car contrairement à ce que disent quelques-uns de ses zélateurs, l’énergie nucléaire n’est pas une énergie décarbonée si l’on considère l’ensemble de la filière, de l’extraction du minerai à son utilisation dans des centrales qu’il a fallu construire et qu’il faudra démanteler.
Le réchauffiste catastrophiste, que ce soit celui du GIEC ou l’éditorialiste du Monde, objectera que 3%, ce n’est peut-être pas beaucoup, mais que c’est encore trop car l’impérieuse nécessité, c’est la réduction des émissions des GES. Au péril d’une catastrophe nucléaire majeure dont les conséquences sont mondiales et persistantes sur des échelles de temps géologiques ? Sans même parler des risques de dissémination de l’arme nucléaire, l’augmentation de la part du nucléaire dans la production mondiale de l’énergie n’est ni souhaitable compte tenu des risques encourus, ni réalisable à court terme ou moyen terme à cause du prix des centrales et des savoir-faire pour leur exploitation. En fin de compte, pas plus que les énergies dites renouvelables, l’énergie d’origine nucléaire ne saurait à court ou moyen terme remplacer les énergies fossiles. Avec son énergie électrique nucléaire à près de 80%, la France reste une exception. Avec ses centrales vieillissantes, elle représente un risque majeur pour toute la planète.
Bien sûr, l’utilisation du charbon, du gaz ou du pétrole comme sources d’énergie n’est pas la panacée ni au niveau de la pollution, ni de celui des émissions des GES et il faudra bien apprendre à s’en passer mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui nous ne savons pas. Plutôt que dénoncer l’usage du charbon, de vouloir interdire le recours aux énergies fossiles, ce qui n’est pas réalisable, il serait plus réaliste et plus efficace de chercher à atténuer le forçage radiatif induit par leur consommation avec des techniques de combustion permettant de minimiser les rejets et d’augmenter l’efficacité énergétique. C’est possible dès maintenant car certaines de ces techniques existent déjà (centrales à lit fluidifié circulant, lavage intégral des fumées, piégeage du carbone).
Hélas, les écologistes réchauffistes catastrophistes et les médias comme Le Monde qui leur emboîtent le pas ont tellement diabolisé le charbon que ces propos de bon sens leur seront sans aucun doute inaudibles. Et en avant pour la « contribution climat/énergie » dernier avatar de la taxe carbone qui rendra l’écologie encore un peu plus impopulaire. Dommage !
Le GIEC lui-même estime qu’il n’y a pas de preuves de l’accroissement de l’activité des cyclones tropicaux en ce début du XXIème siècle contrairement à ce que laisse entendre cet édito en citant le cyclone Bopha et l'ouragan Sandy. Un choix malheureux d’ailleurs puisque ces deux cyclones n’appartiennent pas au même bassin, le second appartenant au bassin Atlantique dans lequel ces événements ne semblent pas suivre la même tendance que ceux des autres bassins.
« Les scientifiques s'attendent à des événements extrêmes de plus en plus en intenses. »
Combien de fois faudra-t-il le répéter ? C’est faux ! Tout d’abord, ce sont des scientifiques qui s’attendent à cela, et non les scientifiques (spécialistes de ces questions). Et ils ne s’y attendent pas pour tous les aléas météorologiques. Notamment, on vient de le voir, ils ne s’y attendent pas en ce qui concerne les typhons (ouragan ou cyclones).
«Même s'ils (les scientifiques) ne peuvent pas aujourd'hui faire le lien direct entre changement climatique et un cyclone en particulier, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud, expliquait le 13 novembre que « l'élévation du niveau de la mer rendait déjà les populations côtières plus vulnérables aux tempêtes, ce qui a eu des conséquences tragiques dans le cas des Philippines »
Certes, il semblerait bien que l’une des causes qui contribue à l’élévation du niveau de la mer soit le réchauffement climatique quoique cette élévation soit inégale selon les régions. De toute façon, l’élévation du niveau de la mer n’a pas de conséquences sur l’intensité ou la fréquence des typhons. Il s’agit de deux types d’événements différents non reliés entre eux par quelque relation que ce soit. Que l’un (l’élévation du niveau de la mer) soit lié au réchauffement climatique n’est ni un indice, ni une preuve que l’autre (l’intensité ou la fréquence des typhons) le soit ou non !
« Il n'y a pas que les Philippines. Il y a tout juste un an, Manhattan, à New York, était sous 4 mètres d'eau, après l'ouragan Sandy, et les Etats-Unis sortaient alors tout juste de leur pire sécheresse en plus de soixante ans… Dans les mégalopoles chinoises, l'air est devenu irrespirable. L'Europe nous semble pour l'heure relativement préservée. Mais cela n'aura qu'un temps : à l'été 2012, l'Europe centrale endurait déjà ses pires inondations depuis probablement cinq siècles. »
Des excès de pluie et des inondations causées par les cyclones, on passe à la sécheresse, puis à la pollution de l’air dans les villes chinoises.
1°) Le réchauffement climatique a bon dos ! L’histoire des climats de la Terre est riche d’aléas météorologiques de toute sorte aux conséquences dramatiques pour les populations humaines bien avant l’ère industrielle ; depuis toujours, en fait ! Que l’on songe aux étés pourris ou aux sécheresses prolongées aux causes diverses mais aux conséquences identiques : famines, migration de populations, destruction d’écosystèmes, etc.… De tels aléas peuvent se produire que le « climat global» se réchauffe ou se refroidisse. Il est très difficile d’établir un lien entre ces événements hors normes et des tendances. De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, une canicule n’annonce pas un climat global plus chaud ou plus froid d’ailleurs, pas plus que des records de froid sont énonciateurs d’un âge de glace. Chacun de ces événements est une singularité. Son rattachement à une tendance du climat global ne peut se faire qu’à l’aide d’un faisceau d’hypothèses sur des phénomènes divers, sujets de controverses infinies.
2°) Quant à la lutte contre la pollution de l’air dans les villes, quel lien peut-elle bien entretenir avec les typhons et autres aléas météorologiques ? L’effet de serre ? L’enchaînement implicite serait alors le suivant : rejetés dans l’atmosphère, les polluants qui l’empoisonnent participeraient aussi au renforcement de « l’effet de serre » responsable du réchauffement climatique, lui-même responsable de l’augmentation de l’intensité des typhons et autres « catastrophes climatiques ».
Drôle d’enchaînement ! On a vu précédemment ce qu’il en était de la liaison entre aléas météorologiques extrêmes et tendances du climat global. Les liens soit n’existent probablement pas (cas des super typons), soit reposent sur un faisceau d’hypothèses sujettes à controverses non-concluantes à ce jour, faute bien souvent de données fiables et/ou suffisantes.
Le premier chaînon ne vaut pas mieux. Il repose sur une confusion entre pollutions de l’air et gaz à effet de serre. Le CO2 émis par diverses sources dont les pots d’échappement des voitures est un gaz à effet de serre bien connu mais ses effets sur la santé ne sont pas nocifs. De plus il est essentiel à la photosynthèse sans laquelle, il n’y aurait pas de végétaux. Ce n’est pas un polluant atmosphérique. Le sont par contre les particules fines, les métaux lourds et tous les gaz toxiques comme les oxydes d’azote, relâchés par ces mêmes pots d’échappement. Chacun de ces éléments est un polluant atmosphérique parce que nocif pour la santé mais tous n’ont pas un forçage radiatif positif. Si une telle confusion existe dans l’esprit du rédacteur de cet éditorial, cela vient de l’air du temps, d’un matraquage dont les média sont à la fois victimes et complices sur les méfaits du réchauffement climatique dont nous serions responsables par nos émissions inconsidérées de ce méchant C02.
Si au nom d’un principe de charité, nous rejetons une interprétation du texte qui fait intervenir un enchaînement aussi douteux, il nous faut conclure que la référence à la pollution atmosphérique des villes chinoises vient comme un cheveu sur la soupe. Ce qui n’est pas très charitable non plus.
« Pour insurmontable qu'il semble, le problème du changement climatique n'est pas insoluble a priori. (…) l'économiste américain William Nordhaus – qui fut le mentor du Prix Nobel d'économie Paul Krugman – propose la mise en place immédiate d'une taxe sur le carbone qui serait vouée à croître continûment, jusqu'à doubler en 2030. L'objectif est avant tout de faire du charbon – la source d'énergie la plus polluante et toujours l'une des plus utilisées dans le monde – une ressource trop coûteuse pour être exploitée. Une part du chemin serait ainsi faite. »
On peut toujours rêver ! Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Les payeurs, ce sont les hommes politiques qui auraient la mauvaise idée de suivre les conseils de cet économiste et les gens, vous et moi, auxquels les politiques auraient tenté d’administrer ce remède de cheval ! Si cet économiste-là a été « le mentor » d’un prix Nobel d’économie, on peut avoir de sérieux doutes sur la valeur de ce prix et la pertinence de son attribution. Bref, il vaut mieux parler en effet d’une solution a priori puisque, a posteriori, dans les faits elle est inapplicable. D’ailleurs, au regard de la conclusion de l’édito sur les difficultés de mettre en place l’écotaxe, bien plus indolore, le rédacteur du texte en conviendrait sans doute volontiers. Dans le mix énergétique de nombreux pays, notamment ceux en développement ou émergeants, le charbon a et aura une place essentielle parce qu’il est une ressource relativement bon marché, abondante pour encore longtemps. Il aura une place essentielle, non par choix mais par nécessité. Ces pays ne peuvent se permettre un renchérissement de leur énergie qui tuerait leur essor économique.
S’interdire d’exploiter le charbon, ce serait faire « une part du chemin » selon l’éditorialiste du Monde. Certes, mais il faut aller jusqu’au bout du voyage. En d’autres termes, c’est peut être bien de s’interdire d’exploiter cette ressource, encore faudrait-il savoir par quoi la remplacer. Par des énergies de flux, dites renouvelables ? Eolienne, photovoltaïque, hydro ou marémotrice ? Aujourd’hui les deux premières fournissent une énergie intermittente, hors de prix, sans méthodes de stockage convaincantes. Toutes sont des facteurs de nuisances et de dégradations environnementales conséquentes que certains écologistes inconséquents ou prisonniers de leurs mythes se refusent à admettre.
Reste le nucléaire… Et si l’on ne veut pas du nucléaire, le charbon occupera la première place dans le mix énergétique pour le remplacer. Ce qui se passe à l’heure actuelle en Allemagne le prouve à l’évidence et donne raison à Bella et Roger Belbéoch (ici). La fermeture des centrales nucléaires, c’est l’ouverture des mines de charbon malgré un équipement important en éolien et solaire ainsi qu’un effort considérable en économie d’énergie et en recherche d’efficacité énergétique. Effet de serre ou nucléaire! De Charybde en Scylla, tel est le dilemme que les nucléocrates, réchauffistes catastrophistes intéressés, seraient ravis de nous imposer mais il faut relativiser…
En fait, au niveau mondial, le nucléaire ne contribue que pour 6% à la production mondiale d’énergie. Il arrive en dernier juste avant les énergies renouvelables, qui fournissent 7 % du total (chiffres de 2008). Certes, on ne peut brûler du charbon sans produire du gaz carbonique et augmenter le forçage radiatif d’origine anthropique. La question est de savoir dans quelles proportions. En admettant que la consommation d’énergie contribue pour moitié au forçage radiatif d’origine anthropique – l’agriculture, l’élevage et les activités industrielles étant responsables de l’autre moitié – l’arrêt du nucléaire et son remplacement par les énergies fossiles disponibles n’augmenterait au pire que de 6/2, soit de 3% le forçage radiatif d’origine anthropique. Au pire, car contrairement à ce que disent quelques-uns de ses zélateurs, l’énergie nucléaire n’est pas une énergie décarbonée si l’on considère l’ensemble de la filière, de l’extraction du minerai à son utilisation dans des centrales qu’il a fallu construire et qu’il faudra démanteler.
Le réchauffiste catastrophiste, que ce soit celui du GIEC ou l’éditorialiste du Monde, objectera que 3%, ce n’est peut-être pas beaucoup, mais que c’est encore trop car l’impérieuse nécessité, c’est la réduction des émissions des GES. Au péril d’une catastrophe nucléaire majeure dont les conséquences sont mondiales et persistantes sur des échelles de temps géologiques ? Sans même parler des risques de dissémination de l’arme nucléaire, l’augmentation de la part du nucléaire dans la production mondiale de l’énergie n’est ni souhaitable compte tenu des risques encourus, ni réalisable à court terme ou moyen terme à cause du prix des centrales et des savoir-faire pour leur exploitation. En fin de compte, pas plus que les énergies dites renouvelables, l’énergie d’origine nucléaire ne saurait à court ou moyen terme remplacer les énergies fossiles. Avec son énergie électrique nucléaire à près de 80%, la France reste une exception. Avec ses centrales vieillissantes, elle représente un risque majeur pour toute la planète.
Bien sûr, l’utilisation du charbon, du gaz ou du pétrole comme sources d’énergie n’est pas la panacée ni au niveau de la pollution, ni de celui des émissions des GES et il faudra bien apprendre à s’en passer mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui nous ne savons pas. Plutôt que dénoncer l’usage du charbon, de vouloir interdire le recours aux énergies fossiles, ce qui n’est pas réalisable, il serait plus réaliste et plus efficace de chercher à atténuer le forçage radiatif induit par leur consommation avec des techniques de combustion permettant de minimiser les rejets et d’augmenter l’efficacité énergétique. C’est possible dès maintenant car certaines de ces techniques existent déjà (centrales à lit fluidifié circulant, lavage intégral des fumées, piégeage du carbone).
Hélas, les écologistes réchauffistes catastrophistes et les médias comme Le Monde qui leur emboîtent le pas ont tellement diabolisé le charbon que ces propos de bon sens leur seront sans aucun doute inaudibles. Et en avant pour la « contribution climat/énergie » dernier avatar de la taxe carbone qui rendra l’écologie encore un peu plus impopulaire. Dommage !
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Annexe
L'influence du réchauffement climatique sur la formation des cyclones et leur intensité n'est pas aussi simple que l'on pourrait le penser. Fred Pearce nous explique pourquoi dans un article de New Scientist:
« A première vue, le réchauffement climatique ne peut qu’aggraver les choses. La colonne d’air humide [d’un cyclone] ne se forme en général que quand la température à la surface de la mer est supérieure à 26 °C. Si les océans se réchauffent, les zones dépassant ce seuil seront plus étendues. Et tout dépassement de ce seuil semble accroître la force des ouragans. Quand l’ouragan Katrina a atteint la catégorie 5, au mois d’août 2005, la température tournait autour de 30 °C à la surface du golfe du Mexique. Voilà pourquoi certains considèrent que, avec le réchauffement, on aura davantage de cyclones, qu’ils seront plus forts et qu’ils toucheront également des lieux qui n’en connaissent pas actuellement.
Mais le monde n’est pas aussi simple. Comme William Gray, l’un des fondateurs de la science des ouragans, l’a fait remarquer, un cyclone ne peut se former que si un ensemble de conditions atmosphériques sont réunies. La différence entre la température de la mer et celle de l’air qui est au-dessus constitue l’une d’entre elles. C’est elle qui provoque les courants de convection indispensables à la formation des premiers nuages de tempête. Si, comme le suggèrent les modèles informatiques, le réchauffement climatique élève la température moyenne aussi bien dans la haute atmosphère qu’à la surface des océans, il faudra que celle-ci soit encore plus chaude pour qu’il y ait des ouragans et le potentiel générateur des tropiques restera sensiblement le même.
Il y a d’autres complications. Même quand toutes les conditions sont réunies, un ouragan ne se déclenche pas sans une perturbation atmosphérique. Et, même s’il y en a une, la plupart des tempêtes tropicales se calment d’elles-mêmes sans atteindre le stade du cyclone. S’il est important de savoir si le réchauffement climatique provoquera les conditions nécessaires à la formation des ouragans, il est donc tout aussi essentiel de savoir s’il augmentera les probabilités qu’ils se déclenchent et, une fois formés, celles qu’ils s’apaisent.
Il y a deux façons d’apaiser un cyclone. La première, c’est de lui supprimer son carburant – l’air chaud et humide provenant des eaux chaudes de l’océan. C’est évidemment ce qui arrive quand il passe au-dessus de la terre ferme. Mais c’est également possible en mer. Au fur et à mesure que la tempête croît en force, les vagues font remonter l’eau fraîche des profondeurs à la surface, qui refroidit. Cela suffit parfois à mettre fin à l’ouragan, en particulier s’il se déplace lentement. Un cyclone ne peut donc atteindre une forte intensité que si la mer est chaude jusqu’à des dizaines de mètres sous la surface. Katrina a gagné en force en se dirigeant vers La Nouvelle-Orléans parce que l’eau était chaude jusqu’à plus de 100 mètres de profondeur. Les effets du réchauffement climatique semblent ici évidents. Si la chaleur s’étend encore plus en profondeur dans les océans du monde, on aura les conditions idéales pour la multiplication des ouragans.
Mais il y a une autre façon d’apaiser les cyclones, qui pourrait bien avoir l’effet opposé. Les vents peuvent disperser la colonne d’air humide en y introduisant de l’air sec, ce qui empêche la formation de la masse orageuse, ou en étêtant les nuages. Il suffit de peu de vent pour réduire à néant un ouragan potentiel. Les modèles climatiques informatiques ne permettent pas de reproduire fidèlement des phénomènes à petite échelle comme les cyclones, mais la plupart suggèrent que le réchauffement accroîtra la vitesse du vent dans les couches supérieures de l’atmosphère, de telle sorte qu’elle dispersera les ouragans. » Fred Pearce, New Scientist,12 janvier 2006, trad. in Courrier international
Annexe
L'influence du réchauffement climatique sur la formation des cyclones et leur intensité n'est pas aussi simple que l'on pourrait le penser. Fred Pearce nous explique pourquoi dans un article de New Scientist:
« A première vue, le réchauffement climatique ne peut qu’aggraver les choses. La colonne d’air humide [d’un cyclone] ne se forme en général que quand la température à la surface de la mer est supérieure à 26 °C. Si les océans se réchauffent, les zones dépassant ce seuil seront plus étendues. Et tout dépassement de ce seuil semble accroître la force des ouragans. Quand l’ouragan Katrina a atteint la catégorie 5, au mois d’août 2005, la température tournait autour de 30 °C à la surface du golfe du Mexique. Voilà pourquoi certains considèrent que, avec le réchauffement, on aura davantage de cyclones, qu’ils seront plus forts et qu’ils toucheront également des lieux qui n’en connaissent pas actuellement.
Mais le monde n’est pas aussi simple. Comme William Gray, l’un des fondateurs de la science des ouragans, l’a fait remarquer, un cyclone ne peut se former que si un ensemble de conditions atmosphériques sont réunies. La différence entre la température de la mer et celle de l’air qui est au-dessus constitue l’une d’entre elles. C’est elle qui provoque les courants de convection indispensables à la formation des premiers nuages de tempête. Si, comme le suggèrent les modèles informatiques, le réchauffement climatique élève la température moyenne aussi bien dans la haute atmosphère qu’à la surface des océans, il faudra que celle-ci soit encore plus chaude pour qu’il y ait des ouragans et le potentiel générateur des tropiques restera sensiblement le même.
Il y a d’autres complications. Même quand toutes les conditions sont réunies, un ouragan ne se déclenche pas sans une perturbation atmosphérique. Et, même s’il y en a une, la plupart des tempêtes tropicales se calment d’elles-mêmes sans atteindre le stade du cyclone. S’il est important de savoir si le réchauffement climatique provoquera les conditions nécessaires à la formation des ouragans, il est donc tout aussi essentiel de savoir s’il augmentera les probabilités qu’ils se déclenchent et, une fois formés, celles qu’ils s’apaisent.
Il y a deux façons d’apaiser un cyclone. La première, c’est de lui supprimer son carburant – l’air chaud et humide provenant des eaux chaudes de l’océan. C’est évidemment ce qui arrive quand il passe au-dessus de la terre ferme. Mais c’est également possible en mer. Au fur et à mesure que la tempête croît en force, les vagues font remonter l’eau fraîche des profondeurs à la surface, qui refroidit. Cela suffit parfois à mettre fin à l’ouragan, en particulier s’il se déplace lentement. Un cyclone ne peut donc atteindre une forte intensité que si la mer est chaude jusqu’à des dizaines de mètres sous la surface. Katrina a gagné en force en se dirigeant vers La Nouvelle-Orléans parce que l’eau était chaude jusqu’à plus de 100 mètres de profondeur. Les effets du réchauffement climatique semblent ici évidents. Si la chaleur s’étend encore plus en profondeur dans les océans du monde, on aura les conditions idéales pour la multiplication des ouragans.
Mais il y a une autre façon d’apaiser les cyclones, qui pourrait bien avoir l’effet opposé. Les vents peuvent disperser la colonne d’air humide en y introduisant de l’air sec, ce qui empêche la formation de la masse orageuse, ou en étêtant les nuages. Il suffit de peu de vent pour réduire à néant un ouragan potentiel. Les modèles climatiques informatiques ne permettent pas de reproduire fidèlement des phénomènes à petite échelle comme les cyclones, mais la plupart suggèrent que le réchauffement accroîtra la vitesse du vent dans les couches supérieures de l’atmosphère, de telle sorte qu’elle dispersera les ouragans. » Fred Pearce, New Scientist,12 janvier 2006, trad. in Courrier international
Mercredi 20 Novembre 2013
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