Le Journal du Dimanche annonce dans son édition du 13 octobre que le gouvernement serait prêt à accepter une prolongation des centrales nucléaires françaises jusqu’à 50 ans de fonctionnement alors qu’elles étaient prévues pour avoir une durée de vie de trente ans, soit disant pour financer « la transition énergétique ». Calcul irresponsable qui ferait courir ainsi à la France, à l’Europe et au monde le risque d’un accident majeur.


Hollande, le président de l’accident majeur ?

C’est malheureusement ce qui pourrait arriver si avec son gouvernement il refuse de prendre en compte les conséquences du vieillissement des centrales sur la sûreté et s’il accepte d’augmenter de 20 ans leur durée de vie comme le voudrait EDF. Pourtant, ce ne sera pas faute d’avertissements. L’IRSN, lui-même, met en garde. Pour ce qui est de la tenue des cuves, il estime «qu’à VD3+ 5 ans le risque de rupture brutale n’est pas exclu pour les cuves des réacteurs de Dampierre 4, Cruas 1, Cruas 2, Saint-Laurent B1 et Chinon B2 en cas de situations incidentelles et accidentelles...Les marges à la rupture sont également insuffisantes à VD3 + 5 pour les cuves de Saint-Laurent B1 et de Bugey 5 qui sont affectées de défauts » Avis DSR/2010-153, 19 mai 2010, p. 3, ici. VD dans ce texte est une abréviation de « visite décennale», VD3+5 signifie 3 visites décennales, donc 30 ans + 5 ans soit 35 ans. En d’autres termes, l’IRSN estime que pour les centrales citées la cuve risque de ne pas tenir au-delà de 35ans !

Or la cuve, c’est la pièce essentielle d’un réacteur. C’est l’enceinte métallique étanche en acier renfermant le cœur du réacteur, les structures qui ont pour fonction de supporter ce cœur et les structures de guidage des grappes de contrôle de la réaction nucléaire. On imagine la gravité des conséquences d’une rupture brutale de cette enceinte. Or, il est déjà prévu de tenter le diable puisque EDF prévoit de garder ses réacteurs en fonctionnement pendant quarante ans ! 50 ans en l’état actuel du parc nucléaire, ce serait de la roulette russe avec quatre balles sur cinq dans le barillet ! Et c’est ce risque insensé que le gouvernement et les nucléocrates, en particulier ceux d’EDF, s’apprêtent à nous faire courir sans nous demander notre avis et sans faire trop de bruit afin que cela ne se sache pas trop… Comme le souligne le Réseau Sortir du nucléaire « même les rafistolages les plus coûteux - qui exposeront au passage les intervenants à des doses élevées de radioactivité - ne permettront pas d’endiguer ce vieillissement » Celui des cuves est inexorable comme on le constate sur les plus vielles d’entre-elles qui se fissurent et il y a des câblages totalement inaccessibles. En outre comme le montrent Laponche et Marignac, les réacteurs de 900 mégawatts à simple enceinte de confinement devraient être équipés d’une deuxième enceinte de confinement pour des raisons de sûreté et de sécurité ( La sûreté des installations Nucléaires, Décembre 2011, p.p. 10 – 11) ici

Une provocation politique à l’encontre d’Europe – Écologie/Les Verts

Selon EE/LV une telle prolongation serait « une provocation politique, un mensonge économique et une aberration énergétique » Elle serait une « provocation politique » parce qu’elle « remettrait directement en question l’engagement du Président de la République, rappelé à plusieurs reprises, de ramener à 50% d’ici 2025 la part du nucléaire dans la production d’électricité » C’est cet aspect de «provocation politique» que ce parti détaille en premier lieu et met en vedette. « Provocation », le mot est fort ! Provocation envers qui ? Envers EE/LV. L’expression est lourde de sous-entendus… Si on le provoque, EE/LV fera un malheur. Comme dans le cas de la fiscalité sur le Gasoil ?

Il est remarquable que tout ce communiqué s’adresse en fait à l’allié PS, au gouvernement et au président. D’où tout un paragraphe sur la question économique, un autre sur l’aberration énergétique dans lequel Hollande est cité : « Tout le monde en convient, le débat sur la transition énergétique l’a montré, le Président de la République l’a confirmé lors de la Conférence environnementale (…) : la priorité est aujourd’hui à la transition énergétique. » Et étrangement, rien sur le risque insensé que ferait courir aux gens, à la vie sur une large portion de la planète, voire sur la planète entière une telle décision !

Le communiqué revient encore en conclusion sur l’économie : « on ne saurait tolérer que (le lobby du nucléaire) puisse (…) continuer de peser si lourdement sur l’économie française. C’est pour en faire plus amplement la démonstration encore qu’EELV soutient la proposition de commission d’enquête demandée par le groupe écologiste à l’Assemblée Nationale, afin de faire toute la lumière sur les coûts du nucléaire, et l’impact de la durée de vie des réacteurs sur ces coûts. » Est-il besoin de faire de telles études lorsque l’on sait déjà qu’un accident majeur – que cette décision imbécile rendrait encore plus probable – pourrait coûter à la France l’équivalent de deux ans de PIB selon les estimations officielles de l’IRSN ?

En fréquentant les dorures du pouvoir, EE/LV aurait-t-il fait sa révolution ptolémaïque et fait passer la sacro-sainte économie avant la vie? Il est vrai que comme EE/LV accepte que les centrales puissent fonctionner quarante ans, il ne peut guère insister sur l’épée de Damoclès qu’elles font peser sur nos têtes.

Mardi 15 Octobre 2013 Commentaires (0)

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