Notre-Dame des Landes, Paris-Saclay et maintenant la forêt morvandelle avec le Bois du Tronçay…. Mais qu’ont-ils donc tous ces politiques et grands groupes industriels à vouloir détruire ici une forêt, là une zone humide ou bien encore des terres fertiles alors que soit c’est inutile, soit il y a de la place ailleurs puisque nous ne manquons malheureusement pas de friches industrielles sur le territoire.


On avait Notre Dame des Landes, avec le Bois du Tronçay, voici Notre-Dame des Bois !
En jetant leur dévolu sur le Bois du Tronçay, les politiques et les industriels ont choisi de détruire « une merveille de biodiversité » pour reprendre les mots de Fabrice Nicolino qui souligne que « l’on y trouve, au milieu de quantité d’autres beautés, des insectes très protégés, comme le Grand capricorne, la lucane cerf-volant, et ce pique-prune qui, jadis, stoppa à lui seul une autoroute »

Il n’est donc pas surprenant que le 14 février 2012, le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), instance consultative chargée de rendre un avis à la ministre de l’Écologie sur les dérogations à la protection d’espèces ait émis un avis défavorable au projet de zone d’activités du Tronçay, estimant que ce projet, qui entraînera la disparition de 100 ha de forêt, ne remplissait pas les conditions requises par la réglementation. Malgré cet avis, le préfet de l’époque publie un arrêté de dérogation. En riposte, les associations locales et France Nature Environnement attaquent cet arrêté devant le tribunal administratif en juillet 2012. Par une ordonnance du 2 octobre 2012, le tribunal suspend l’arrêté portant dérogation à la protection des espèces pour les mêmes motifs que ceux exprimés par le CNPN. Un nouvel arrêté préfectoral attaqué en urgence devant le tribunal administratif a de nouveau été suspendu. Le préfet en place en 2012 n’a pas retiré cet arrêté pour que la justice puisse juger sur le fond.
Malgré tout, c’est toujours là qu’ERSCIA France, filiale de IBV Belgique, s’obstine à vouloir créer un pôle de transformation bois à l’entrée du Parc Naturel du Morvan à SARDY LES EPIRY dans la NIÈVRE (58) en BOURGOGNE. Véritable zone d’activités industrielles, cette plate-forme comprendrait une entreprise de sciage de résineux, une centrale de cogénération de biomasse avec un gigantesque incinérateur et une fabrication de granulés destinés à produire de l’électricité en BELGIQUE, chez ELECTRABEL, une filiale de GDF/Suez.

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La nouvelle préfète vole au secours d’ERSCIA!

Elle annule l’ancien arrêté suspendu par le Tribunal alors que le délai légal pour le faire avait expiré et le 4 février 2013, elle en publie un nouveau et envoie sur le champ les tronçonneuses à l’assaut de la biodiversité sous la protection de la maréchaussée. Une partie des arbres est jetée à terre. C’est le passage en force contre les décisions de justice. Selon Fabrice Nicolino, la préfète « de choc » Michèle Kirry « doit tout à la gauche gouvernementale, et singulièrement au ministre de la police, Manuel Valls. Ancienne élève de l’Ena, elle a occupé diverses fonctions dans plusieurs ministères avant d’être nommée préfète en novembre 2012 » Les élus locaux (écologistes exceptés) ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et des quelques emplois que font miroiter ERSCIA, alors que le projet en détruira à terme beaucoup plus. A la manœuvre on trouve Christian Paul, député PS de la Nièvre qui a reçu le soutien « indéfectible » d’Arnaud Montebourg. Il a bien tort. Ce projet industriel instituerait une concurrence sans merci pour l’accès à la ressource avec les principales scieries locales situées dans un rayon d’une cinquantaine de km et surtout avec les entreprises de travaux forestiers plus modestes, déjà fragilisées.

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Sur le terrain, les gens et leurs associations ne veulent pas laisser faire. Ils ont le droit pour eux mais le pouvoir politique n’en n’a cure. La résistance s’organise et une ZAD (Zone à défendre) est créée. Les opposants se sont installés dans un pré, prêté par un agriculteur, à côté du bois pour contrer tout nouvel abattage ou tentative de défrichage. Ils popularisent leur combat, ce que cherche à faire aussi l’auteur de ces lignes. Les soutiens affluent de toute part.
Bref, tous les éléments sont présents : c’est bien une « Notre Dame des Bois » qui vient de naître. Il faut qu’elle réussisse. Comme dans le cas de Notre Dame des Landes, ce combat local a des enjeux nationaux notamment parce que l’on ne peut laisser fouler aux pieds le droit de l’environnement par les instances gouvernementales et étatiques et aussi parce que si ce projet voit le jour, ce sont toutes les forêts et la biodiversité qu’elles recèlent encore qui sont concernées.
Prévoyant déjà de consommer plus d’un million de m3 de bois, ERSCIA menacera très rapidement l’équilibre des massifs forestiers dans la zone d’approvisionnement prévue par l’entreprise. Elle va mettre en péril le patrimoine forestier du Morvan et celui de l’Auvergne puisque c’est aussi dans cette région qu’ERSCIA veut aller chercher du bois. Mais il y a plus. Un tel projet préfigure, s’il voit le jour, une gestion à court terme, productiviste, écologiquement catastrophique de nos forêts aujourd’hui encore largement préservées par une gestion raisonnable sur le long terme. Comme le souligne l’Adret Morvan : « La ressource en bois n’est pas compatible avec les ambitions d’Erscia. Son implantation est prévue pour traiter près de 1900m3 par jour, entrainant la coupe quotidienne de 3 hectares, soit l’équivalent de 4 terrains de football toutes les 24 heures, soit 1250 terrains par an. De telles installations conduisent l’ensemble de la forêt bourguignonne et française à l’industrialisation massive de la sylviculture. A l’image de l’agriculture intensive, nos forêts deviendront des champs d’exploitation nécessitant engrais et pesticides. Les sols, la biodiversité seront détruits et l’eau deviendra polluée et acidifiée». Défendre la forêt morvandelle et auvergnate, c’est défendre la forêt tout court et tous les trésors de vie qu’elle renferme.

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Que faire ?

Un soutien minimal mais qui peut être efficace, c’est de signer la pétition mise en ligne par l’Adret Morvan en cliquant ici . L’objectif est d’atteindre 10000 signatures au moins. Il est aussi important de se tenir au courant de ce qui se passe dans la ZAD en visitant régulièrement le site de l’Adret Morvan pour savoir ce dont les occupants ont besoin et si on en a la possibilité participer aux actions programmées.

Sources : Cet article est né d’un mail venant d’un ami et me demandant de signer la pétition. Ce que j’ai fait après avoir visité en détail le site de l’Adret Morvan d’où j’ai tiré beaucoup d’informations et les photos illustrant le texte. J’ai recoupé ces informations à partir de sites de journaux locaux et des communiqués des différentes parties concernées. Outre le site de l’Adret Morvan, la page du site de FNE consacrée au Bois de Tronçay offre un bon résumé des actions menées et des recours devant les tribunaux tandis que celui de Fabrice Nicolino, Planète sans visa expose certains faits qui permettent de mieux comprendre l’attitude de certains des protagonistes de cette nouvelle atteinte à la nature.

Annexe :

Communiqué de presse du 5 février 2013 :

Notre Dame des Landes ne leur suffit pas. Un événement grave est en train de se produire dans le Morvan : une forêt de 100 ha, toute sa biodiversité, vont être massacrées pour un projet industriel inutile, dangereux pour l’environnement, la filière bois et l’emploi.
Alors que le Tribunal Administratif de DIJON a déjà rendu 3 jugements ordonnant la suspension de l’autorisation de destruction d’espèces, au lieu de faire appliquer la loi, la préfète de la Nièvre envoie les gendarmes pour protéger le début des travaux. Ce passage en force est scandaleux.
Les petits barons locaux du Parti socialiste ( Christian PAUL…) ont vendu le Morvan pour un plat de lentilles aux intérêts privés et spéculatifs d’une multinationale. Par manque de courage politique, le Conseil Régional et son président restent muets.
Que valent les discours ronflants sur la biodiversité et la « stratégie régionale » mise en place conjointement par l’Etat et le Conseil Régional ? Rien. Si le massacre se poursuit, les associations de protection de la nature et de l’environnement de Bourgogne sauront que leurs « engagements » ne sont que des chiffons de papier.
Avec FNE, les associations appellent à une mobilisation sur le site de SARDY les Epiry, dans la Nièvre, et exigent l’arrêt immédiat des travaux.

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Mardi 26 Février 2013 Commentaires (0)

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