Au quotidien
On peut espérer que l’aéroport de Notre Dame des Landes ne verra pas le jour grâce à la résistance sur le terrain de la ZAD, grâce aux manifestations, aux pétitions, aux prises de positions de personnalités diverses, grâce à la puissante mobilisation qui s’est étendue à toute la France notamment au travers des comités locaux de soutien qui se sont créés, y compris dans des régions bien éloignées du bocage nantais.
On compare la résistance à Notre Dame des Landes avec la lutte contre l’extension du camp militaire sur le Larzac. Rappelons donc que c’est l’élection de François Mitterrand en 1981 qui a stoppé l’extension du Camp militaire. Il l’avait promis et il a tenu sa promesse. Il a été élu le 10 mai 1981, la décision a été officialisée au Conseil des ministres du 3 Juin. Que ce serait-il passé si Valéry Giscard d’Estaing avait été élu ? S’il est impossible de répondre à cette question, il faut néanmoins retenir que c’est parce que la lutte de terrain avait trouvé un débouché politique que la victoire fut acquise.
Dans le cas de la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes aussi, il faudrait donner à cette lutte une expression et surtout un débouché politique permettant de faire reculer Ayrault et Hollande. Dans le contexte actuel, la seule possibilité serait une menace réelle, crédible d’EELV de faire exploser ses alliances avec le PS tant au niveau régional et local qu’au niveau national. Malheureusement, il ne faut pas y compter et c’est à tout le contraire que l’on a assisté et auquel, il n’est que trop prévisible, l’on assistera demain. De toute façon EELV a avalé tellement de couleuvres depuis que sévit le tandem Hollande/Ayrault qu’il a perdu toute crédibilité. Il ne fait guère peur aux caciques du PS.
Faut-il rappeler que Ronan Dantec, vice-président de Nantes-métropole au côté de Jean Marc Ayrault a été élu au Sénat grâce à un accord avec le PS, accord qui est muet sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes ? Un poste de sénateur vaut bien quelques silences d’ailleurs dénoncés par Jean-Marc Ayrault lui-même à l’occasion de la publication en Juin 2012 de la « contre-étude » publiée par les anti-aéroports remettant en cause la pertinence du projet. Jean Marc Ayrault a stigmatisé « l’hypocrisie des élus écologistes » opposés à ce projet : « Ronan Dantec était très silencieux sur son opposition à l’aéroport jusqu’à son élection » et il a ajouté « Quand ils négocient des places sur les listes, ils(les dirigeants d’EELV) n’ont pas d’état d’âme »
Au niveau régional, des élus EELV empêtrés dans leur alliance avec Jacques Auxiette et le PS
Même si l’on est écologiste, voire militant ou élu d’EELV, il n’est pas certain que l’on connaisse ce qui se passe que ce soit au Conseil Régional de la Région des Pays de Loire ou dans les instances EELV de cette région surtout si l’on habite et milite loin de Nantes. C’est pourquoi il n’est peut-être pas inutile d’entrer dans le détail de certains faits qui montrent qu’il n’y a rien à attendre d’EELV en tant que parti dans le combat contre NDDL. Ils révèlent avec une évidence accablante que son opposition en apparence radicale et déterminée contre NDDL n’est que de façade sauf chez un groupe de militants minoritaires.
Au niveau régional, des élus EELV empêtrés dans leur alliance avec Jacques Auxiette et le PS
Même si l’on est écologiste, voire militant ou élu d’EELV, il n’est pas certain que l’on connaisse ce qui se passe que ce soit au Conseil Régional de la Région des Pays de Loire ou dans les instances EELV de cette région surtout si l’on habite et milite loin de Nantes. C’est pourquoi il n’est peut-être pas inutile d’entrer dans le détail de certains faits qui montrent qu’il n’y a rien à attendre d’EELV en tant que parti dans le combat contre NDDL. Ils révèlent avec une évidence accablante que son opposition en apparence radicale et déterminée contre NDDL n’est que de façade sauf chez un groupe de militants minoritaires.
En 2010, lors des élections régionales, le désaccord pourtant total sur ce projet d’aéroport entre EELV et le PS n’a pas été un obstacle à un accord de deuxième tour entre les deux formations qui ont convenu pour l’occasion de mettre la question de l’aéroport entre parenthèses. Personne n’a été dupe des prétendues « avancées significatives [obtenues] dans ce dossier » (celui de l’aéroport) par EELV. Au grand dam de beaucoup de ses électeurs qui se sont sentis trahis, EELV a accepté de se ranger derrière Jacques Auxiette farouche partisan du projet. Dans la foulée, EELV n’a rien trouvé d’anormal à appartenir à la majorité et à intégrer l’exécutif d’une région qui est l’un parmi les plus acharnés des promoteurs et défenseurs de cet aéroport. En fait, il s’agissait de faire comme si la décision de réaliser ou non cet aéroport ne concernait en rien la Région sous prétexte que cela ne relevait pas de sa compétence mais de celle de l’État alors que Hollande a affirmé à plusieurs reprise le contraire. «Les deux partenaires porteront le souhait commun que l’État ne se décharge pas financièrement sur la collectivité pour ce projet qui relève de la responsabilité du national » précise le texte de l’accord de mandature qui laisse cependant ouverte la possibilité aux élus PS de proposer « des avances remboursables pour la plateforme (…) suite à un débat et à un vote en plénière », les élus EELV ayant eux la liberté de voter contre. Liberté de vote qui ne pouvait déranger Jacques Auxiette qui était persuadé de l’emporter arithmétiquement d’autant qu’il savait qu’il pourrait bénéficier des voix de l’UPM favorable au projet ! Voilà comment PS et EELV ont en quelque sorte mis hors de leur contrat de mariage l’aéroport et « acté leur désaccord sur le sujet » avec EELV dans le rôle du dindon de la farce, un dindon consentant. L’un des principaux acteurs de cette véritable trahison, Jean-Philippe Magnen est aujourd’hui l’un des porte-paroles nationaux d’EELV, c’est tout dire…
Cerise sur le gâteau, Auxiette dans sa grande générosité a donné le poste de vice-présidente «en charge du plan régional pour la biodiversité, du développement des réserves naturelles régionale » à une élue d’EELV, élue condamnée ainsi à faire l’apologie des actions menées pour la préservation de la biodiversité par le Région sans oser dénoncer le saccage de cette biodiversité à Notre Dame des Landes et sans rien tenter non plus pour s’y opposer… par exemple en demandant le classement de certaines parties de la ZAD particulièrement riches en espèces patrimoniales en réserves naturelles régionales ! Comme si cela ne suffisait pas, EELV s’est vu attribuer aussi une vice-présidence ayant « en charge d’une délégation transversale sur l’ensemble des politique régionales en matière d’énergie » qui omettra bien entendu d’expliquer combien le mode de transport par avion est un gros émetteur de gaz à effet de serre et un gaspillage d’énergie fossile qu’il faut faire décroître dès maintenant et qui devra décroître de toute façon, rendant ainsi toute nouvelle plateforme aéroportuaire, et notamment celle de Notre Dame des Landes, inutile, superflue … Discours évidemment jamais entendu de la bouche de cette élue dans l’enceinte du Conseil Régional.
L’accord de dupes fut conclu en mars 2010. Le 18 octobre 2010, le Conseil régional vote son soutien financier à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il apportera 40,4 millions d'euros au projet comme cela est annoncé en page d’accueil du site officiel de la Région Pays de Loire avec un commentaire de Jacques Auxiette dont voici un extrait : « Le coût total (hors desserte ferroviaire) est estimé à environ 550 millions d'euros. Vinci investira 310,5 millions d'euros, l'Etat apportera 125,5 millions et les collectivités locales ont proposé de financer 115,5 millions d'euros. Ce n'est pas une obligation mais bien un choix qui marque le soutien des collectivités au projet d'aéroport. Lundi 18 octobre, il s'agissait donc de voter la participation financière des collectivités. Une participation qui s'élève à 40,4 millions d'euros pour le Conseil régional ». Insistons : il s’agit d’un choix marquant le soutien du Conseil régional au projet d’aéroport déclare le Président de ce Conseil dont l’exécutif comprend des vice-présidents EELV.
Les conseillers régionaux EEELV peuvent bien multiplier les déclarations de soutien aux opposants de l’aéroport de NDDL, voire même se montrer sur le terrain de la ZAD, leur opposition n’est qu’une «opposition de façade» sauf en ce qui concerne Thierry Pradier, le seul qui a eu le courage de ruer dans les brancards et de démissionner de son poste de Vice-président de la commission finances en Janvier 2013 pour condamner le soutien de la Région et de son président au projet de NDDL. Malheureusement, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été soutenu par les autres élus EELV qui se sont empressés de souligner qu’il s’agissait d’une attitude personnelle n’engageant pas le groupe. En bon démocrate, Jacques Auxiette a fait en sorte que Thierry Pradier ne puisse expliquer en séance sa décision, sans doute avec l’accord, voire la complicité du président du groupe EELV. Auxiette a refusé de lui donner la parole et a fait voter le budget sans débat général, de telle sorte que Thierry Pradier n’a pas pu lire le texte qu’il avait préparé. Inutile de chercher ce texte sur le site des conseillers régionaux EELV, il n’y est pas, pas plus qu’il n’est sur le site d’EELV Pays de Loire. Il a été publié sur le site du Petit Courrier – Écho du Val de Loir. (On trouvera l’article et le texte en annexe)
Pour le congrès régional 2013 d’EELV Pays de Loire, la motion cosignée par Thierry Pradier présente une ligne claire en ce qui concerne les alliances avec le PS lors des prochaines municipales : « Disons-le clairement, participer à un premier tour électoral d’une liste commune avec le PS dans les collectivités engagées dans le syndicat mixte qui gère la question de NDDL est inconcevable. Faire battre la droite au second tour par une alliance n’est envisageable que si cette question est résolue (arrêt du projet) et non mise de côté, comme nous le fîmes (lors des élections régionales de 2010). Mais également soutenir les minorités de blocage au sein des collectivités où nous participons à des majorités quand cela est nécessaire. » Cette ligne claire qui permettait de combattre efficacement NDDL sur le plan politique régional et local n’a pas été majoritaire au Congrès régional.
En novembre 2013, au Conseil régional de la Région Pays de Loire se déroule le débat d’orientation budgétaire pour 2014, une occasion pour chaque groupe politique d’expliciter ses choix pour sa région. Dans les interventions des élus d’EELV, il n’est question de l’aéroport de Notre Dame des Landes que tout à fait indirectement au sujet du cambriolage et des dégradations commises contre le bureau d’étude Biotope accusé par ailleurs par certains opposants à l’aéroport de s’être montré trop complaisant vis-à-vis de son employeur Vinci, « oubliant » des espèces protégées dans ses inventaires réalisés dans de conditions discutables. Aucune mention dans l’intervention « générale » de Jean-Philippe Magnen, ni dans celles de la vice-présidente chargée de l’énergie, ni dans celle de la vice-présidente chargée du plan régional de la biodiversité. Cette dernière a lu une sorte d’apologue pour expliquer les menaces d’ordre anthropique qui pèsent sur les espèces sauvages en prenant comme exemple non pas le triton crêté, emblème de la ZAD mais le râle des genêts !
Ce n’est pas sur les conseillers régionaux EELV qu’il faut compter pour avoir un relais politique au combat contre l’aéroport de Notre Dame des Landes au sein de l’hémicycle du Conseil Régional, ligotés qu’ils sont par leur participation à l’exécutif et par leur participation à la majorité régionale qu’ils ne veulent pas remettre en cause. Pourtant c’est cela qui pourrait infléchir la position du PS régional et calmer ses ardeurs pro-aéroport parce que le départ des écologistes de la majorité pourrait lui faire courir le risque de perdre la Région. Les élus régionaux d’EELV peuvent bien aller sur la ZAD manifester leur soutien aux militants engagés sur le terrain si possible avec la Presse locale, c’est bon pour l’image mais d’une efficacité limitée. Cela est d’autant plus regrettable que, comme le PS, bien que dominant, n’a pas la majorité à lui seul dans ce conseil, EELV pourrait mener un combat politique efficace à l’intérieur de cette institution en mettant en difficulté Jacques Auxiette et son groupe. Encore faudrait-il en avoir le courage !
Il faut savoir si oui ou non, Notre Dame des Landes avec ses zones humides, son agriculture paysanne doit être sauvée. Il faut savoir si ce combat est exemplaire, s’il ne faut pas le perdre sous peine de voir fleurir ici ou là sur le territoire des projets d’aménagement conduits manu militari, justifiés par des études d’impacts bâclées et/ou biaisées, au détriment des populations résidentes, de leur environnement, des paysages et de la biodiversité. Si c’est oui, les élus EELV de la Région qui se disent écologistes auraient dû ruer depuis longtemps dans les brancards et se dépêtrer de ces alliances dans lesquelles ils se sont fourvoyés. Il n’est pas trop tard. Un tel enjeu vaut bien de risquer son fauteuil de vice-président(e). Mais ces élus ne le feront pas : le pragmatisme et le carriérisme seront les plus forts avec cet alibi béton : il ne faut pas faire le jeu de la droite. Il faut donc mieux faire celui des mégalos, des affairistes et de Vinci?
Cerise sur le gâteau, Auxiette dans sa grande générosité a donné le poste de vice-présidente «en charge du plan régional pour la biodiversité, du développement des réserves naturelles régionale » à une élue d’EELV, élue condamnée ainsi à faire l’apologie des actions menées pour la préservation de la biodiversité par le Région sans oser dénoncer le saccage de cette biodiversité à Notre Dame des Landes et sans rien tenter non plus pour s’y opposer… par exemple en demandant le classement de certaines parties de la ZAD particulièrement riches en espèces patrimoniales en réserves naturelles régionales ! Comme si cela ne suffisait pas, EELV s’est vu attribuer aussi une vice-présidence ayant « en charge d’une délégation transversale sur l’ensemble des politique régionales en matière d’énergie » qui omettra bien entendu d’expliquer combien le mode de transport par avion est un gros émetteur de gaz à effet de serre et un gaspillage d’énergie fossile qu’il faut faire décroître dès maintenant et qui devra décroître de toute façon, rendant ainsi toute nouvelle plateforme aéroportuaire, et notamment celle de Notre Dame des Landes, inutile, superflue … Discours évidemment jamais entendu de la bouche de cette élue dans l’enceinte du Conseil Régional.
L’accord de dupes fut conclu en mars 2010. Le 18 octobre 2010, le Conseil régional vote son soutien financier à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il apportera 40,4 millions d'euros au projet comme cela est annoncé en page d’accueil du site officiel de la Région Pays de Loire avec un commentaire de Jacques Auxiette dont voici un extrait : « Le coût total (hors desserte ferroviaire) est estimé à environ 550 millions d'euros. Vinci investira 310,5 millions d'euros, l'Etat apportera 125,5 millions et les collectivités locales ont proposé de financer 115,5 millions d'euros. Ce n'est pas une obligation mais bien un choix qui marque le soutien des collectivités au projet d'aéroport. Lundi 18 octobre, il s'agissait donc de voter la participation financière des collectivités. Une participation qui s'élève à 40,4 millions d'euros pour le Conseil régional ». Insistons : il s’agit d’un choix marquant le soutien du Conseil régional au projet d’aéroport déclare le Président de ce Conseil dont l’exécutif comprend des vice-présidents EELV.
Les conseillers régionaux EEELV peuvent bien multiplier les déclarations de soutien aux opposants de l’aéroport de NDDL, voire même se montrer sur le terrain de la ZAD, leur opposition n’est qu’une «opposition de façade» sauf en ce qui concerne Thierry Pradier, le seul qui a eu le courage de ruer dans les brancards et de démissionner de son poste de Vice-président de la commission finances en Janvier 2013 pour condamner le soutien de la Région et de son président au projet de NDDL. Malheureusement, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été soutenu par les autres élus EELV qui se sont empressés de souligner qu’il s’agissait d’une attitude personnelle n’engageant pas le groupe. En bon démocrate, Jacques Auxiette a fait en sorte que Thierry Pradier ne puisse expliquer en séance sa décision, sans doute avec l’accord, voire la complicité du président du groupe EELV. Auxiette a refusé de lui donner la parole et a fait voter le budget sans débat général, de telle sorte que Thierry Pradier n’a pas pu lire le texte qu’il avait préparé. Inutile de chercher ce texte sur le site des conseillers régionaux EELV, il n’y est pas, pas plus qu’il n’est sur le site d’EELV Pays de Loire. Il a été publié sur le site du Petit Courrier – Écho du Val de Loir. (On trouvera l’article et le texte en annexe)
Pour le congrès régional 2013 d’EELV Pays de Loire, la motion cosignée par Thierry Pradier présente une ligne claire en ce qui concerne les alliances avec le PS lors des prochaines municipales : « Disons-le clairement, participer à un premier tour électoral d’une liste commune avec le PS dans les collectivités engagées dans le syndicat mixte qui gère la question de NDDL est inconcevable. Faire battre la droite au second tour par une alliance n’est envisageable que si cette question est résolue (arrêt du projet) et non mise de côté, comme nous le fîmes (lors des élections régionales de 2010). Mais également soutenir les minorités de blocage au sein des collectivités où nous participons à des majorités quand cela est nécessaire. » Cette ligne claire qui permettait de combattre efficacement NDDL sur le plan politique régional et local n’a pas été majoritaire au Congrès régional.
En novembre 2013, au Conseil régional de la Région Pays de Loire se déroule le débat d’orientation budgétaire pour 2014, une occasion pour chaque groupe politique d’expliciter ses choix pour sa région. Dans les interventions des élus d’EELV, il n’est question de l’aéroport de Notre Dame des Landes que tout à fait indirectement au sujet du cambriolage et des dégradations commises contre le bureau d’étude Biotope accusé par ailleurs par certains opposants à l’aéroport de s’être montré trop complaisant vis-à-vis de son employeur Vinci, « oubliant » des espèces protégées dans ses inventaires réalisés dans de conditions discutables. Aucune mention dans l’intervention « générale » de Jean-Philippe Magnen, ni dans celles de la vice-présidente chargée de l’énergie, ni dans celle de la vice-présidente chargée du plan régional de la biodiversité. Cette dernière a lu une sorte d’apologue pour expliquer les menaces d’ordre anthropique qui pèsent sur les espèces sauvages en prenant comme exemple non pas le triton crêté, emblème de la ZAD mais le râle des genêts !
Ce n’est pas sur les conseillers régionaux EELV qu’il faut compter pour avoir un relais politique au combat contre l’aéroport de Notre Dame des Landes au sein de l’hémicycle du Conseil Régional, ligotés qu’ils sont par leur participation à l’exécutif et par leur participation à la majorité régionale qu’ils ne veulent pas remettre en cause. Pourtant c’est cela qui pourrait infléchir la position du PS régional et calmer ses ardeurs pro-aéroport parce que le départ des écologistes de la majorité pourrait lui faire courir le risque de perdre la Région. Les élus régionaux d’EELV peuvent bien aller sur la ZAD manifester leur soutien aux militants engagés sur le terrain si possible avec la Presse locale, c’est bon pour l’image mais d’une efficacité limitée. Cela est d’autant plus regrettable que, comme le PS, bien que dominant, n’a pas la majorité à lui seul dans ce conseil, EELV pourrait mener un combat politique efficace à l’intérieur de cette institution en mettant en difficulté Jacques Auxiette et son groupe. Encore faudrait-il en avoir le courage !
Il faut savoir si oui ou non, Notre Dame des Landes avec ses zones humides, son agriculture paysanne doit être sauvée. Il faut savoir si ce combat est exemplaire, s’il ne faut pas le perdre sous peine de voir fleurir ici ou là sur le territoire des projets d’aménagement conduits manu militari, justifiés par des études d’impacts bâclées et/ou biaisées, au détriment des populations résidentes, de leur environnement, des paysages et de la biodiversité. Si c’est oui, les élus EELV de la Région qui se disent écologistes auraient dû ruer depuis longtemps dans les brancards et se dépêtrer de ces alliances dans lesquelles ils se sont fourvoyés. Il n’est pas trop tard. Un tel enjeu vaut bien de risquer son fauteuil de vice-président(e). Mais ces élus ne le feront pas : le pragmatisme et le carriérisme seront les plus forts avec cet alibi béton : il ne faut pas faire le jeu de la droite. Il faut donc mieux faire celui des mégalos, des affairistes et de Vinci?
Un désaccord « acté », c’est-à-dire mis de côté pour ne pas gêner les accords politiciens
À l’échelon national aussi, seul un risque assuré de rupture de la majorité présidentielle actuelle pourrait faire reculer Hollande et Ayrault : la sortie d’EELV de la majorité présidentielle en cas de passage en force contre les occupants de la ZAD, l’arrachage des haies et le début des travaux sous la protection d’une pléthore d’escadrons de CRS et autres flics de Manuel Valls.
Certes, le poids électoral d’EELV calculé en nombre de voix est faible et risque de l’être plus encore dans les échéances à venir. Pourtant le PS a besoin d’EELV. EELV a tenté de s’approprier l’écologie politique et il a, hélas, en partie réussi, du moins aux yeux de l’opinion publique et des médias. Il en est encore considéré comme le représentant sur l’échiquier politique. Le PS a besoin d’accords avec EELV pour éviter que les électeurs de sensibilité écologique s’égarent à droite ou ailleurs. Il en a besoin aussi parce qu’il ne veut pas être la seule composante de la majorité présidentielle. Faute de pouvoir retrouver l’union de « la gauche plurielle et des écologistes » de l’époque Jospin, Hollande doit se contenter d’une union « Rose et Verte », sa politique le rendant incapable de rassembler la gauche, surtout aujourd’hui avec son « tournant » social-démocrate ou social-libéral. Sinon pourquoi aurait-il offert à EELV un nombre de députés que ce parti aurait été bien incapable d’obtenir par lui-même compte tenu du mode de scrutin pour l’élection à l’Assemblée nationale et après la calamiteuse campagne présidentielle d’Eva Joly ? Ce n’est évidemment pas par générosité. Ce n’est pas non plus pour le consoler de son échec à la présidentielle qu’il lui a offert deux postes dans le gouvernement. En attendant d’éventuels renversements d’alliances avec une partie du Centre notamment, Hollande et donc le PS ont besoin d’EELV ou du moins, mais cela revient au même, croient en avoir besoin. Et bonne aubaine, Hollande a pu mesurer l’opportunisme des cadres d’EELV qui n’ont pas hésité à laisser de côté bien des exigences programmatiques de leur parti dès lors qu’il leur offrait fauteuils de députés et portefeuilles de ministres en suffisance. Hollande a en quelque sorte « acheté » EELV à charge de ses dirigeants (Duflot, Placé et quelques autres : la firme) de tenir la structure, de maîtriser la base et de faire respecter le contrat.
Il est dès lors évident malgré certaines interventions quelques fois tonitruantes, d’apparitions sur le terrain de la ZAD soigneusement préparées par les services de communication et les attachés de presse, que le combat contre l’aéroport de Notre Dame des Landes n’a pas de véritable relais politique institutionnel capable de faire reculer Hollande/Ayrault et leurs affidés. EELV ni ne menacera de faire exploser, ni ne ferait exploser l’union des Roses et des Verts pour gagner le combat contre le projet d’aéroport.
On pourrait dire que les élus régionaux EELV et EELV Pays de Loire ont donné un mauvais exemple que s’est empressé de suivre le National avec Duflot à la manœuvre. Comme à la Région, le National a passé outre le désaccord sur ce projet d’aéroport pour signer un accord de mandature avec le PS et intégrer la majorité présidentielle. Dire comme le répète à l’envi la girouette Duflot que le désaccord sur ce projet a été «acté», ce n’est pas seulement dire qu’EELV s’est réservé la possibilité de soutenir les opposants au projet sur le terrain comme elle nous le serine avec les cadres d’EELV, c’est surtout considérer que ce désaccord n’était pas suffisamment important, profond, etc. pour empêcher que l’accord soit conclu et que des postes de ministres soient réservés au parti, que des membres d’EELV entrent dans un gouvernement dont le premier ministre fut l’un des instigateurs du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes lorsqu’il était maire de Nantes et qu’il en est et a toujours été un actif partisan.
Si hier le désaccord sur le projet n’était pas assez profond pour faire obstacle à un accord politique de mandature, il ne le sera pas plus aujourd’hui ou demain pour le rompre. Sur ce « dossier » Hollande et Ayrault peuvent être tranquilles. Certes, EELV fera du bruit si les CRS investissent la ZAD et si les bulldozers détruisent le bocage mais ce sera, comme d’habitude beaucoup de bruit pour rien. Le parti peut bien mobiliser ses militants pour participer aux manifestations, faire signer les pétitions, cette mobilisation sert surtout, en fin de compte de soupape de sécurité devant ce qui pourrait prendre la forme d’une contestation interne trop forte et donc non maîtrisable et peut-être aussi à calmer la conscience de certains des cadres du parti. Certes, ce soutien logistique n’est pas négligeable, mais il ne doit pas masquer le fait que ce qui serait vraiment efficace dans ce combat et lui offrirait un débouché politique, c’est une menace réelle et crédible de sortie de la majorité présidentielle, associée à une rupture des alliances au niveau au moins des Régions concernées.
Si nous n’en sommes pas là, si nous en sommes loin, si le combat risque d’être perdu faute d’avoir un débouché politique et un relais véritable au niveau institutionnel, ce sera parce que, EELV, la formation politique qui aurait pu jouer ce rôle aura considéré que Notre dame des Landes valait la peine que l’on se mobilise pour le défendre sur le terrain mais ne valait pas la peine de mettre en jeu ses portefeuilles de ministre, de risquer la rupture avec le grand frère socialiste auquel on doit tout et sans lequel on n’est pas grand-chose. Lors de la négociation de l’accord national, François de Rugy, qui est un député de la région aujourd’hui président du groupe EELV, avait déclaré «on est contents que ce soit devenu un sujet national mais ce n’est pas cela qui fera ou défera l’accord.» Déclaration qui prouve à quel point, il n’a pas compris les enjeux de ce combat, à quel point il tenait à sa réélection, impossible sans cet accord, à quel point c’est un carriériste et guère un écologiste.
EELV fait de la réal politik… C’est un «parti de gouvernement» ! Sans surprise, la nouvelle secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, sorte de clone de Duflot, est sur la même ligne. Elle proclame : « Moi, en tant qu’écologiste, je certifie au gouvernement que Notre-Dame-des-Landes est une extrêmement grave erreur et que c’est pour ça que, jusqu’au bout, nous serons sur le terrain contre Notre-Dame-des-Landes » Voilà une déclaration qui semble avoir de quoi rassurer les opposants à NDDL, qui semble radicale. Mais à y regarder de plus près, rien est changé. Le soutien d’EELV, c’est sur le terrain, pas dans les hémicycles pour mettre solennellement en garde PS, Gouvernement à l’Assemblée et au Sénat, exécutif en Région, Conseil municipaux à Nantes, et dans les autres communes de la Région sur le retrait d’EELV des coalitions. Aucun appel national n’est lancé pour subordonner les accords municipaux a un arrêt du projet d’aéroport, au moins dans les régions Pays de Loire et Bretagne. De plus cette déclaration sonne bizarrement : pourquoi Cosse dit-elle qu’elle sera sur le terrain « jusqu’au bout » ? Pourquoi n’a-t-elle pas dit «jusqu’à ce que le gouvernement cède », « jusqu’à la victoire» ? Pense-t-elle, au fond d’elle-même que le combat est perdu ?
Si, ce qu’à Dieu ne plaise, cela devait être le cas, elle, l’appareil et les cadres de son parti en porteraient une grosse part de responsabilité. Sur NDDL, il n’est que trop évident que ces gens-là trahissent ce qu’ils prétendent défendre : ils trahissent l’écologie, trahissent ceux, humains et animaux, qui vivent sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Ils trahissent aussi tous ceux qui vivent sur les zones d’aménagement futures, les terrains des grands projets à venir, utiles pour les uns, inutiles pour les autres mais toujours imposés, et pour lesquels la Nature fait toujours les frais.
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Annexe
Texte de l’article paru dans Le petit courrier – L’écho de la vallée du loir (publié le 31/01/2013 à 16:39 - Mise à jour le : 7/02/2013 à 17:19)
Voici l’intervention que Thierry Pradier souhaitait faire devant l’assemblée du conseil régional mais qu’on lui a refusé. Il y explique les raisons de sa démission de la vice-présidence de la commission finances. Déjà annoncée, il y a quelques jours, cette démission plonge dans l’embarras les élus EELV (Europe écologie les verts) au sein du conseil régional.
On notera que Thierry Pradier use, non sans humour, de l’épiphore (répétition d’un mot ou groupe de mots en fin de phrase) “je me suis senti humilié”, référence assez flagrante à l’anaphore (répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrase) de François Hollande “Moi, président de la République”.
À l’échelon national aussi, seul un risque assuré de rupture de la majorité présidentielle actuelle pourrait faire reculer Hollande et Ayrault : la sortie d’EELV de la majorité présidentielle en cas de passage en force contre les occupants de la ZAD, l’arrachage des haies et le début des travaux sous la protection d’une pléthore d’escadrons de CRS et autres flics de Manuel Valls.
Certes, le poids électoral d’EELV calculé en nombre de voix est faible et risque de l’être plus encore dans les échéances à venir. Pourtant le PS a besoin d’EELV. EELV a tenté de s’approprier l’écologie politique et il a, hélas, en partie réussi, du moins aux yeux de l’opinion publique et des médias. Il en est encore considéré comme le représentant sur l’échiquier politique. Le PS a besoin d’accords avec EELV pour éviter que les électeurs de sensibilité écologique s’égarent à droite ou ailleurs. Il en a besoin aussi parce qu’il ne veut pas être la seule composante de la majorité présidentielle. Faute de pouvoir retrouver l’union de « la gauche plurielle et des écologistes » de l’époque Jospin, Hollande doit se contenter d’une union « Rose et Verte », sa politique le rendant incapable de rassembler la gauche, surtout aujourd’hui avec son « tournant » social-démocrate ou social-libéral. Sinon pourquoi aurait-il offert à EELV un nombre de députés que ce parti aurait été bien incapable d’obtenir par lui-même compte tenu du mode de scrutin pour l’élection à l’Assemblée nationale et après la calamiteuse campagne présidentielle d’Eva Joly ? Ce n’est évidemment pas par générosité. Ce n’est pas non plus pour le consoler de son échec à la présidentielle qu’il lui a offert deux postes dans le gouvernement. En attendant d’éventuels renversements d’alliances avec une partie du Centre notamment, Hollande et donc le PS ont besoin d’EELV ou du moins, mais cela revient au même, croient en avoir besoin. Et bonne aubaine, Hollande a pu mesurer l’opportunisme des cadres d’EELV qui n’ont pas hésité à laisser de côté bien des exigences programmatiques de leur parti dès lors qu’il leur offrait fauteuils de députés et portefeuilles de ministres en suffisance. Hollande a en quelque sorte « acheté » EELV à charge de ses dirigeants (Duflot, Placé et quelques autres : la firme) de tenir la structure, de maîtriser la base et de faire respecter le contrat.
Il est dès lors évident malgré certaines interventions quelques fois tonitruantes, d’apparitions sur le terrain de la ZAD soigneusement préparées par les services de communication et les attachés de presse, que le combat contre l’aéroport de Notre Dame des Landes n’a pas de véritable relais politique institutionnel capable de faire reculer Hollande/Ayrault et leurs affidés. EELV ni ne menacera de faire exploser, ni ne ferait exploser l’union des Roses et des Verts pour gagner le combat contre le projet d’aéroport.
On pourrait dire que les élus régionaux EELV et EELV Pays de Loire ont donné un mauvais exemple que s’est empressé de suivre le National avec Duflot à la manœuvre. Comme à la Région, le National a passé outre le désaccord sur ce projet d’aéroport pour signer un accord de mandature avec le PS et intégrer la majorité présidentielle. Dire comme le répète à l’envi la girouette Duflot que le désaccord sur ce projet a été «acté», ce n’est pas seulement dire qu’EELV s’est réservé la possibilité de soutenir les opposants au projet sur le terrain comme elle nous le serine avec les cadres d’EELV, c’est surtout considérer que ce désaccord n’était pas suffisamment important, profond, etc. pour empêcher que l’accord soit conclu et que des postes de ministres soient réservés au parti, que des membres d’EELV entrent dans un gouvernement dont le premier ministre fut l’un des instigateurs du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes lorsqu’il était maire de Nantes et qu’il en est et a toujours été un actif partisan.
Si hier le désaccord sur le projet n’était pas assez profond pour faire obstacle à un accord politique de mandature, il ne le sera pas plus aujourd’hui ou demain pour le rompre. Sur ce « dossier » Hollande et Ayrault peuvent être tranquilles. Certes, EELV fera du bruit si les CRS investissent la ZAD et si les bulldozers détruisent le bocage mais ce sera, comme d’habitude beaucoup de bruit pour rien. Le parti peut bien mobiliser ses militants pour participer aux manifestations, faire signer les pétitions, cette mobilisation sert surtout, en fin de compte de soupape de sécurité devant ce qui pourrait prendre la forme d’une contestation interne trop forte et donc non maîtrisable et peut-être aussi à calmer la conscience de certains des cadres du parti. Certes, ce soutien logistique n’est pas négligeable, mais il ne doit pas masquer le fait que ce qui serait vraiment efficace dans ce combat et lui offrirait un débouché politique, c’est une menace réelle et crédible de sortie de la majorité présidentielle, associée à une rupture des alliances au niveau au moins des Régions concernées.
Si nous n’en sommes pas là, si nous en sommes loin, si le combat risque d’être perdu faute d’avoir un débouché politique et un relais véritable au niveau institutionnel, ce sera parce que, EELV, la formation politique qui aurait pu jouer ce rôle aura considéré que Notre dame des Landes valait la peine que l’on se mobilise pour le défendre sur le terrain mais ne valait pas la peine de mettre en jeu ses portefeuilles de ministre, de risquer la rupture avec le grand frère socialiste auquel on doit tout et sans lequel on n’est pas grand-chose. Lors de la négociation de l’accord national, François de Rugy, qui est un député de la région aujourd’hui président du groupe EELV, avait déclaré «on est contents que ce soit devenu un sujet national mais ce n’est pas cela qui fera ou défera l’accord.» Déclaration qui prouve à quel point, il n’a pas compris les enjeux de ce combat, à quel point il tenait à sa réélection, impossible sans cet accord, à quel point c’est un carriériste et guère un écologiste.
EELV fait de la réal politik… C’est un «parti de gouvernement» ! Sans surprise, la nouvelle secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, sorte de clone de Duflot, est sur la même ligne. Elle proclame : « Moi, en tant qu’écologiste, je certifie au gouvernement que Notre-Dame-des-Landes est une extrêmement grave erreur et que c’est pour ça que, jusqu’au bout, nous serons sur le terrain contre Notre-Dame-des-Landes » Voilà une déclaration qui semble avoir de quoi rassurer les opposants à NDDL, qui semble radicale. Mais à y regarder de plus près, rien est changé. Le soutien d’EELV, c’est sur le terrain, pas dans les hémicycles pour mettre solennellement en garde PS, Gouvernement à l’Assemblée et au Sénat, exécutif en Région, Conseil municipaux à Nantes, et dans les autres communes de la Région sur le retrait d’EELV des coalitions. Aucun appel national n’est lancé pour subordonner les accords municipaux a un arrêt du projet d’aéroport, au moins dans les régions Pays de Loire et Bretagne. De plus cette déclaration sonne bizarrement : pourquoi Cosse dit-elle qu’elle sera sur le terrain « jusqu’au bout » ? Pourquoi n’a-t-elle pas dit «jusqu’à ce que le gouvernement cède », « jusqu’à la victoire» ? Pense-t-elle, au fond d’elle-même que le combat est perdu ?
Si, ce qu’à Dieu ne plaise, cela devait être le cas, elle, l’appareil et les cadres de son parti en porteraient une grosse part de responsabilité. Sur NDDL, il n’est que trop évident que ces gens-là trahissent ce qu’ils prétendent défendre : ils trahissent l’écologie, trahissent ceux, humains et animaux, qui vivent sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Ils trahissent aussi tous ceux qui vivent sur les zones d’aménagement futures, les terrains des grands projets à venir, utiles pour les uns, inutiles pour les autres mais toujours imposés, et pour lesquels la Nature fait toujours les frais.
____________________________________________________
Annexe
Texte de l’article paru dans Le petit courrier – L’écho de la vallée du loir (publié le 31/01/2013 à 16:39 - Mise à jour le : 7/02/2013 à 17:19)
Voici l’intervention que Thierry Pradier souhaitait faire devant l’assemblée du conseil régional mais qu’on lui a refusé. Il y explique les raisons de sa démission de la vice-présidence de la commission finances. Déjà annoncée, il y a quelques jours, cette démission plonge dans l’embarras les élus EELV (Europe écologie les verts) au sein du conseil régional.
On notera que Thierry Pradier use, non sans humour, de l’épiphore (répétition d’un mot ou groupe de mots en fin de phrase) “je me suis senti humilié”, référence assez flagrante à l’anaphore (répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrase) de François Hollande “Moi, président de la République”.
Thierry Pradier
Ce que souhaitait dire l’élu
"Suite à ma décision de démissionner de la vice-présidence de la commission finance, j’avais fait part de ma volonté de pouvoir expliquer mon acte devant l’hémicycle des conseillers régionaux des Pays-de-la-Loire lors du vote sur le budget 2013.
Dès jeudi matin le président de groupe EELV me fait savoir que je peux faire mon intervention vendredi matin ou en début d’après-midi au moment du vote sur le budget global. Le groupe écologiste envoie l’information au cabinet du président le jeudi matin comme convenu. Je prends donc la décision d’attendre le lendemain pour donner mon explication sur ma démission de la vice-présidence de la commission finance. Même si cette procédure est peu logique car je vais devoir voter avant sur les budgets de commissions et donner mon explication après (les budgets se votent d’abord par commission, il y en a 9, selon les textes de loi sur le fonctionnement des Conseil Régionaux).
Je vote durant la cession conformément avec ce que j’avais décidé et dis.
Le vendredi vers midi, les groupes de l’opposition de droite reviennent sur les bancs de l’hémicycle pour donner leur vote sur le budget général (ils avaient boycotté les votes précédents de la matinée du vendredi). Lorsque le Président du Conseil Régional annonce le passage au budget général, j’appuie donc sur le bouton de demande d’intervention. Le président annonce alors que l’on passe au vote. Il n’y a donc pas de débat, je ne peux donc pas m’exprimer. Je lève alors la main espérant pouvoir au moins donner mon explication : il clôt en un temps record la séance, alors que le repas était initialement prévu vers 13h00 : il est autour de 12h20. Nous avions donc le temps pour qu’opposition et majorité s’expriment. Je suis stupéfait ! Il est clair que le Président lui-même ne souhaitait pas que je puisse lire mon texte."
Voici donc le texte complet qui fait l’objet de ces évènements :
« Monsieur le Président, merci de me donner la parole : ce que je dirai, je le dirai en mon nom propre. Ma décision résulte d’une longue réflexion et n’a pas été facile à prendre, mais ma démission de la vice-présidence est tout sauf le fruit du hasard.
Le 8 mai 2012 un accord entre opposants au projet de NDDL (NDDLR – NDDL signifiant bien entendu Notre-Dame-des-Landes et son controversé projet d’aéroport) et le président F. Hollande avait été acté : il concernait les expulsions sur site de NDDL jusqu’à expiration judiciaire des procès en cours signé avant la date du 4 mai 2012.
Quand l’accord a été moralement rompu de facto par l’intrusion des forces de l’ordre sur le site, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand il fut évident que les responsables de l’État adoptaient en novembre dernier des mesures débouchant sur des violences policières avec la volonté manifeste de criminaliser le mouvement de résistance à NDDL, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand sont parues dans la presse des menaces explicites concernant les postes et responsabilités exécutives
dévolus aux membres d’EELV du Conseil Régional, je n’ai rien dit, mais je suis senti humilié.
Quand la communication régionale est devenue une machine de propagande mise au service du projet d’aéroport, sans concertation et sans recherche de compromis avec les membres écologistes de la majorité et
quand les finances régionales mobilisées sur cette communication n’ont fait l’objet d’aucune discussion ou accord au sein de la majorité régionale, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand ont été nommés les membres de la commission de dialogue, sans concertation et sans information préalable avec EELV, pourtant partenaire du PS au sein du gouvernement, je n’ai toujours rien dit, mais je me suis encore senti humilié.
Quand il y a moins d’une semaine une maison a été détruite au lieu-dit Saint-Jean-du-Tertre (la quatorzième depuis l’opération César), au moment même où la commission de dialogue travaillait, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand les quelques dizaines d’écologistes de ma propre famille et celle de ma compagne, de Loire-Atlantique ou d’ailleurs, émettent des doutes, des critiques ou des sarcasmes à propos de NDDL, je ne dis rien, mais comme eux je me sens offensé, méprisé dans mes convictions et humilié.
Quand je mesure la considération dans laquelle on tient l’écologie au niveau national à l’aune des décisions prises par le gouvernement actuel, quand des électeurs et des militants écologistes, m’interpellent en colère sur ces sujet et plus particulièrement sur Notre-dame-des-landes, quand ils sont des dizaines à le faire, comme eux je me sens bafoué dans mes engagements, méprisé et humilié !
Alors quand on me demande de prendre mes responsabilités politiques de simple élu du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, je choisis de ne plus accepter ni l’intimidation ni l’humiliation. J’ai toujours été favorable au compromis quand il résulte d’une discussion d’égal à égal. Certains dossiers portés dans cette majorité régionale méritent toute mon attention et celle de mes collègues écologistes. Mais personne ne peut m’obliger à abdiquer mes convictions. Et ce serait le cas si je soutenais le projet d’aéroport à NDDL !
C’est par solidarité avec tous les paysans et habitants encore présents sur le site qui risquent d’être expulsés de chez eux cette année, du fait de ces presque 2000 ha de terres bocagères non remembrées qui forment un milieu environnemental exceptionnel et pour protester contre l’aberration économique que constitue ce projet pharaonique d’aéroport, que j’ai symboliquement remis ma démission du poste de vice-président de la commission finance.
Pour cette cession du Conseil Régional, je ne souhaite pas modifier mon vote : je voterai favorablement les budgets des commissions Emploi et Education présidées par les élus écologistes et je refuse de prendre part aux autres votes sur le budget des commissions et sur le budget global. Le refus n’étant pas admis par notre règlement intérieur du Conseil Régional, mon vote sera transformé de fait en abstention.
Sachez bien que quelles que soient les difficultés, désaccords, compromis et décisions pris au sein de la majorité actuelle, s’il n’y avait pas eu cette fracture au sujet NDDL, j’aurais voté l’ensemble des budgets des commissions et le budget général. Mais je ne puis me résoudre à renier 28 années de militantisme sur une question où la dignité de l’écologie et des écologistes est engagée. »
Photo : Le petit courrier – L’écho de la vallée du loir
"Suite à ma décision de démissionner de la vice-présidence de la commission finance, j’avais fait part de ma volonté de pouvoir expliquer mon acte devant l’hémicycle des conseillers régionaux des Pays-de-la-Loire lors du vote sur le budget 2013.
Dès jeudi matin le président de groupe EELV me fait savoir que je peux faire mon intervention vendredi matin ou en début d’après-midi au moment du vote sur le budget global. Le groupe écologiste envoie l’information au cabinet du président le jeudi matin comme convenu. Je prends donc la décision d’attendre le lendemain pour donner mon explication sur ma démission de la vice-présidence de la commission finance. Même si cette procédure est peu logique car je vais devoir voter avant sur les budgets de commissions et donner mon explication après (les budgets se votent d’abord par commission, il y en a 9, selon les textes de loi sur le fonctionnement des Conseil Régionaux).
Je vote durant la cession conformément avec ce que j’avais décidé et dis.
Le vendredi vers midi, les groupes de l’opposition de droite reviennent sur les bancs de l’hémicycle pour donner leur vote sur le budget général (ils avaient boycotté les votes précédents de la matinée du vendredi). Lorsque le Président du Conseil Régional annonce le passage au budget général, j’appuie donc sur le bouton de demande d’intervention. Le président annonce alors que l’on passe au vote. Il n’y a donc pas de débat, je ne peux donc pas m’exprimer. Je lève alors la main espérant pouvoir au moins donner mon explication : il clôt en un temps record la séance, alors que le repas était initialement prévu vers 13h00 : il est autour de 12h20. Nous avions donc le temps pour qu’opposition et majorité s’expriment. Je suis stupéfait ! Il est clair que le Président lui-même ne souhaitait pas que je puisse lire mon texte."
Voici donc le texte complet qui fait l’objet de ces évènements :
« Monsieur le Président, merci de me donner la parole : ce que je dirai, je le dirai en mon nom propre. Ma décision résulte d’une longue réflexion et n’a pas été facile à prendre, mais ma démission de la vice-présidence est tout sauf le fruit du hasard.
Le 8 mai 2012 un accord entre opposants au projet de NDDL (NDDLR – NDDL signifiant bien entendu Notre-Dame-des-Landes et son controversé projet d’aéroport) et le président F. Hollande avait été acté : il concernait les expulsions sur site de NDDL jusqu’à expiration judiciaire des procès en cours signé avant la date du 4 mai 2012.
Quand l’accord a été moralement rompu de facto par l’intrusion des forces de l’ordre sur le site, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand il fut évident que les responsables de l’État adoptaient en novembre dernier des mesures débouchant sur des violences policières avec la volonté manifeste de criminaliser le mouvement de résistance à NDDL, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand sont parues dans la presse des menaces explicites concernant les postes et responsabilités exécutives
dévolus aux membres d’EELV du Conseil Régional, je n’ai rien dit, mais je suis senti humilié.
Quand la communication régionale est devenue une machine de propagande mise au service du projet d’aéroport, sans concertation et sans recherche de compromis avec les membres écologistes de la majorité et
quand les finances régionales mobilisées sur cette communication n’ont fait l’objet d’aucune discussion ou accord au sein de la majorité régionale, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand ont été nommés les membres de la commission de dialogue, sans concertation et sans information préalable avec EELV, pourtant partenaire du PS au sein du gouvernement, je n’ai toujours rien dit, mais je me suis encore senti humilié.
Quand il y a moins d’une semaine une maison a été détruite au lieu-dit Saint-Jean-du-Tertre (la quatorzième depuis l’opération César), au moment même où la commission de dialogue travaillait, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.
Quand les quelques dizaines d’écologistes de ma propre famille et celle de ma compagne, de Loire-Atlantique ou d’ailleurs, émettent des doutes, des critiques ou des sarcasmes à propos de NDDL, je ne dis rien, mais comme eux je me sens offensé, méprisé dans mes convictions et humilié.
Quand je mesure la considération dans laquelle on tient l’écologie au niveau national à l’aune des décisions prises par le gouvernement actuel, quand des électeurs et des militants écologistes, m’interpellent en colère sur ces sujet et plus particulièrement sur Notre-dame-des-landes, quand ils sont des dizaines à le faire, comme eux je me sens bafoué dans mes engagements, méprisé et humilié !
Alors quand on me demande de prendre mes responsabilités politiques de simple élu du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, je choisis de ne plus accepter ni l’intimidation ni l’humiliation. J’ai toujours été favorable au compromis quand il résulte d’une discussion d’égal à égal. Certains dossiers portés dans cette majorité régionale méritent toute mon attention et celle de mes collègues écologistes. Mais personne ne peut m’obliger à abdiquer mes convictions. Et ce serait le cas si je soutenais le projet d’aéroport à NDDL !
C’est par solidarité avec tous les paysans et habitants encore présents sur le site qui risquent d’être expulsés de chez eux cette année, du fait de ces presque 2000 ha de terres bocagères non remembrées qui forment un milieu environnemental exceptionnel et pour protester contre l’aberration économique que constitue ce projet pharaonique d’aéroport, que j’ai symboliquement remis ma démission du poste de vice-président de la commission finance.
Pour cette cession du Conseil Régional, je ne souhaite pas modifier mon vote : je voterai favorablement les budgets des commissions Emploi et Education présidées par les élus écologistes et je refuse de prendre part aux autres votes sur le budget des commissions et sur le budget global. Le refus n’étant pas admis par notre règlement intérieur du Conseil Régional, mon vote sera transformé de fait en abstention.
Sachez bien que quelles que soient les difficultés, désaccords, compromis et décisions pris au sein de la majorité actuelle, s’il n’y avait pas eu cette fracture au sujet NDDL, j’aurais voté l’ensemble des budgets des commissions et le budget général. Mais je ne puis me résoudre à renier 28 années de militantisme sur une question où la dignité de l’écologie et des écologistes est engagée. »
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Dimanche 2 Février 2014
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