La Cour Européenne de Justice a donné raison au Collectif d’associations anti-éoliennes « Vent de Colère ». Elle considère que le système de «tarif de rachat» de l’électricité d’origine éolienne tel qu’il est organisé en France est « un avantage accordé au moyen de ressources d’État » au bénéfice des industriels de l’électricité éolienne contraire au règlement du marché européen. Cet avis va sans doute donner un coup d’arrêt, au moins temporaire, à la montée en puissance de cette filière et donc à la multiplication de « parcs » ou « fermes » d’éoliennes géantes qui n’ont de « parc » et de « ferme » que le nom. Voilà une bonne nouvelle pour la Nature, les oiseaux, l’écologie et la santé des riverains de ces parcs.


Rien n’est encore gagné. Ce sera au Conseil d’État de qualifier ce système d’aide d’Etat et d’annuler le mécanisme français de soutien à a production d’électricité éolienne ; à savoir l’arrêté tarifaire du 17 novembre 2008. Si cette annulation n’est assortie d’aucune modulation temporelle, elle s’appliquerait aussi de façon rétroactive. Et c’est là qu’il y aurait un véritable coup d’arrêt porté à une filière déjà mal en point. Outre les problèmes financiers que cela posera aux « acteurs » de l’éolien, la situation d’incertitude concernant la question tarifaire et de ce fait la viabilité même de la filière qui ne peut subsister sans soutien fera fuir les investisseurs.

Pour le collectif d’associations « Vent de colère » qui fédère plus de 900 associations locales, « La Commission européenne doit quant à elle enquêter dès aujourd'hui afin que soient déterminés et remboursés les bénéfices excessifs captés par les investisseurs éoliens en France depuis 2001. Ce qui a été présenté depuis 2001 comme une incitation au développement des énergies renouvelables, est en réalité une aubaine financière fonctionnant à guichet ouvert aux frais des consommateurs. »

Pour les investisseurs dans l’éolien, il s’agit bien en effet d’une « aubaine financière fonctionnant aux frais des consommateurs ». Le système est le suivant : EDF et les Distributeurs Non Nationalisés (DNN) ont l’obligation d’acheter la production d’électricité des fournisseurs éoliens à un tarif réglementé largement supérieur au prix du marché, ce qui leur occasionne un surcoût. Ce surcoût leur est remboursé sur les sommes collectées au titre de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) payée par les consommateurs sur leur facture d’électricité. Les sommes ainsi prélevées sont centralisées sur la Caisse des Dépôts et Consignation qui procède à la redistribution aux opérateurs concernés. C’est ainsi que fonctionne le racket qui rend l’éolien rentable pour les investisseurs privés qui non seulement font des profits avec l’argent des Français, mais pourrissent la vie d’un grand nombre d’entre eux et lardent le territoire de leurs hachoirs à volatiles, de préférence dans des lieux peu anthropisés où la présence et la marque de l’homme s’étaient faites discrètes depuis longtemps, sinon toujours. Il faut rappeler que cette CSPE n’était pas prévue à l’origine pour « soutenir l’éolien » mais pour que tout habitant sur le territoire français ait accès à l’électricité au même tarif, quel que soit le lieu où il réside, ville ou petit hameau reculé et quels que soient les difficultés de raccordement au réseau.

Comment un écologiste peut-il se réjouir de la mise en difficulté de l’éolien alors que les députés « Verts » à l’assemblée nationale, à une heure avancée de la nuit, font le forcing pour soutenir la filière à coup de cavaliers législatifs ajoutés à la loi Brottes sur la tarification progressive de l'énergie au mépris du débat démocratique; amendements qui visent tous à déréglementer et faciliter au maximum l’installation d’éoliennes partout sur le territoire sans que les personnes impactées et les associations de défense ou les Conseils municipaux aient leur mot à dire ?
La réponse est simple.

Tout d’abord, pour la sortie du nucléaire comme pour la lutte contre le problématique « effet de serre », la contribution de l’éolien ne peut être que négligeable. Ce n’est pas l’auteur de ces lignes qui l’a démontré de façon irréfutable mais le rédacteur en chef et éditorialiste de « L’écologiste », Thierry Jaccaud. Dans son article sobrement intitulé « L’éolien industriel est une erreur », il écrit : «Combien coûte à la collectivité une tonne de CO2 évitée lorsqu’elle subventionne l’isolation thermique des bâtiments ? Deux euro. Combien coûte à la collectivité une tonne de CO2 évitée lorsqu’elle subventionne l’éolien industriel terrestre ? Entre 230 et 280 euro. » Chiffres à l’appui, il montre ensuite que «: l’électricité produite par les 14 000 MW d’éoliennes à venir permettrait […] de remplacer seulement 0,7 réacteur. Même pas un réacteur. » Tout compte fait « concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, subventionner l’éolien industriel terrestre est un gaspillage d’argent public. Concernant une sortie du nucléaire, sa contribution est infime. La conclusion s’impose : le choix du développement massif de l’éolien industriel terrestre est une erreur. »

En ce qui me concerne, dans l’article qui suit celui-ci, j’ai montré les ravages que causent les « parcs » d’éoliennes sur la biodiversité, les oiseaux, les chiroptères, certaines espèces menacées de papillons… Et il y a les atteintes à la santé des riverains, à leurs biens et aux paysages.

Beaucoup plus d’écologistes qu’on ne le croit sont opposés au développement de l’éolien industriel. Le considérer comme un élément essentiel de la transition énergétique serait une lourde erreur : on ne supprime pas un mal environnemental en lui en substituant un autre. Voilà pourquoi, en tant qu’écologiste, on ne peut que se réjouir si cet avis de la Cour européenne de justice permettait de donner un coup d’arrêt à un éolien industriel devenu « contre-productif » au sens d’Illich.



Samedi 21 Décembre 2013 Commentaires (0)
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