Le CEA de Fontenay-aux-Roses a abandonné ses activités nucléaires pour se recentrer sur l'expérimentation animale pudiquement dénommée études et essais "précliniques". Il est ans doute l'un des sites les plus importants de l'Ile-de-France où se pratique ce genre de recherche.


Acerbe, une fontenaisienne écrivait lors d'une enquête publique : « A Fontenay, nous avons échangé le risque nucléaire contre le risque biologique. » C'est sans doute vrai mais ce n'est pas ce que j'ai d'abord à l'esprit lorsque mes pas me conduisent en haut de la ville vers les tennis, le square et le stade du panorama. Je ne peux longer ces bâtiments sinistres défendus par des grillages, barbelés et caméras sans penser à tous ces animaux qui y sont détenus à perpétuité, torturés, irradiés, et finalement exécutés. Pauvres singes et autre mammifères que l'on traite comme l'on oserait jamais traiter des criminels alors qu'ils sont INNOCENTS, totalement innocents.
Les expériences réalisées par les "chercheurs" nazis sur les humains dans les camps de concentrations sont, à juste titre, considérées par tout le monde comme d'abominables monstruosités. Pourquoi cette réprobation ne s'étend-t-elle pas aux expériences conduites aujourd'hui sur les primates et autres animaux? Les hommes seraient-ils à ce point meilleurs du seul fait d'être des hommes? De quel droit ces sacrifices, ces tortures?

Le droit du plus fort

Reconnaissons le tout de suite et sans ambages, il s'agit tout simplement, tout banalement du droit du plus fort. Cessons donc de chercher d'autres justifications dans une longue tradition de philosophie qui veut faire de l'homme un être à part et bien entendu supérieur, tradition faite de « pathos existentiel » et de « litanies » que « récitent à l'envie beaucoup de métaphysiciens et de psychanalystes : incomplétude, inachèvement, manque, négativité, éventail des possibles, contingence radicale, ... » selon les fortes paroles d'une grande justesse d'Élisabeth de Fontenay citées par Y. Christen (L'animal est-il une personne, Paris, Flammarion, 2009, p.355)
D'ailleurs si tout ce blabla était vraiment convaincant pourquoi appeler ce qui se pratique à l'abri des murs en béton d'anciens labos nucléaires du CEA et dans bien d'autres endroits de par le monde « recherches ou études ou essais pré-cliniques », termes pudiques qui désignent en le masquant ce que mettent en pleine lumière ces synonymes plus objectifs ou plus crus : « expérimentation animale », « vivisection »?
Ne rêvons pas, cependant! L'immense majorité des chercheurs qui recourent à ce terme « politiquement correct » de « pré-clinique » ne le font pas parce qu'ils ont honte de leurs pratiques. Ils en sont arrivés à considérer ces animaux comme un simple matériel de laboratoire, des fournitures au même titre que les cartouches leurs imprimantes ou les ramettes de papier de leurs photocopieurs. Pour eux, il s'agit de berner les gens avec des mots à connotation positive pour les encourager à continuer de ne pas y regarder de trop près et pour éviter que les mouvements d'opinion hostiles à ces expériences ne deviennent majoritaires.

Hibou Gris

Je déteste l'élégante arrogance des arguties de ces philosophes aux pensées qui sonnent creux, qui se disent « humanistes ». Je déteste la morgue condescendante de ces chercheurs et mandarins à la tête si pleine (au moins en apparence) qu'elle cesse d'être humaine. Il leur manque la compassion sans laquelle il ne peut y avoir cette fameuse humanité dont ils se gargarisent. S'ils faisaient preuve de la moindre compassion, ces «scientifiques» seraient incapables de pratiquer leurs horribles manipulations et expériences sur des êtres de chair innocents, qui souffrent et sont à leur merci. Quant aux professeurs qui se prennent pour des philosophes comme J. Chanteur ou L. Ferry qui déraisonnent ex-cathedra, lorsqu'il s'agit de faire preuve d'humanité et de sagesse, ils n'arrivent pas à la cheville de celui qui a écrit :
« (Que la vivisection soit) profitable ou non, je trouve la rançon beaucoup trop élevée pour la créature qui en fait les frais, je la trouve même si exorbitante que je ne me sens pas le droit d'en exiger le paiement. Oui, j'avoue que je n'aurais pas la conscience tranquille si je savais qu'il a fallu torturer des centaines d'animaux innocents et les faire périr dans d'horribles souffrances pour que je vive un peu plus longtemps, moi qui finirait toujours par mourir »
Grey Owl, Tales an Empty cabin, trad. Fr. Ambassadeur des bêtes, Boivin, Paris, 1951, p. 244-245.

Tout est dit dans ce texte étonnamment contemporain mais qui a été écrit en 1936 par un occidental, un anglais qui aurait voulu naître amérindien, qui a tout fait pour le devenir et y est sans doute parvenu : Grey Owl, Hibou Gris. Quant à moi, que puis-je faire sinon écrire ces lignes et les lancer sur la toile comme on jette une bouteille à la mer pour tenter à mon tour d'éveiller la conscience de ceux qui me liront?

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Postscriptum  le 28/01/2016 


Je publie à nouveau avec de légères modifications cet article, initialement mis en ligne le 9/03/2010 parce que le CEA de Fontenay aux Roses a été sélectionné par le fond européen FEDER  pour développer une plateforme de recherche en Biologie et Santé orientée vivisection. Devraient être implantés sur 12000 m² le long de la Route du Panorama une animalerie, un laboratoire de fabrication de traceurs radioactifs et des laboratoires de cultures cellulaires.

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Jeudi 28 Janvier 2016 Commentaires (1)
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