Les médias nationaux ont été avares de nouvelles sur les manifestations qui ont eu lieu le week-end dernier à Roybon dans l’Isère autour de la Zad de la forêt des Chambaran , zone à défendre contre la construction d’un «center-parc» en pleine forêt sur une zone humide. Si ce n’est pas le cas des journaux et média audiovisuels locaux, il reste que leur relation des événements se révèle comme d’habitude orientée en faveur des autorités et élus locaux.
Cet article a pour but de combler cette lacune et de rétablir un équilibre de l’information en diffusant le point de vue des zadistes et leur relation des faits pour les lecteurs de ce blog. Qu’ils en soient des lecteurs fidèles ou occasionnels, ils pourront ainsi avoir un autre son de cloche. Des tentatives d’intimidation et des agressions contre des personnes et des biens commises par les partisans du projet de Center parcs ont bien eu lieu.


À Roybon des partisans du Center parcs ont tenté de perturber le festival «Open Barrikad» organisé par les zadistes
Rappelons d’abord que les «zadistes» et les opposants à ce center-parc organisaient le week-end dernier un festival, le «festival Open Barricades, trois jours de constructions et de concerts sur la ZAD les 7, 8 et 9 février». Les participants étaient invités à apporter «du matériel pour construire: planches, palettes, marteaux, clous, scies, bâches, vis, etc. » et il leur était vivement conseillé de ne pas oublier « bottes et moufles, sandwichs et boissons ».
Les partisans du center-parc ont décidé d’empêcher cette manifestation pacifique en bloquant les routes d’accès à la ZAD. Comme il y avait eu dans les semaines précédentes des attaques contre la ZAD et les Zadistes, on pouvait redouter le pire qui heureusement n’a pas eu lieu. On remarquera que la violence ici comme ailleurs s’exerce toujours d’abord contre eux qui sont fondamentalement non-violents.

Deux journées mouvementées sur la ZAD de Roybon

Voici donc pour information in extenso le communiqué de presse des zadistes publié le 8 février, mis à jour le 9 au matin.

« 7 Février 2015, 10h30. Du monde malgré le froid pour cette journée de construction sur la ZAD de Roybon dans la forêt de Chambaran. Nous sommes près de 200 à avoir passé les barrages assez tôt pour monter ensemble sur la colline, après quelques débats, parfois tendus, parfois houleux, avec les quelques dizaines d’habitants postés dans le village pour faire entendre leur soutien au projet. Nous sommes rejoints toute la journée par de nombreux sympathisants, venus soutenir cette action, et poursuivre la construction des cabanes et des barricades.

« Ce qui marquera cette journée, c’est l’attitude d’une minorité parmi les « pro », organisés pour faire monter la tension dans le village : barrages sur les routes d’accès à Roybon et à la ZAD, pression et insultes sur les personnes, 4×4 poursuivant des manifestants après leur départ et deux voitures brûlées en fin d’après-midi. Trois individus ont tenté une intimidation à la tronçonneuse devant une barricade. Sans succès.

Aujourd’hui 8 février, les barrages étaient de nouveau en place. Dans la journée, les pro-Center Parcs ont attaqué physiquement plusieurs personnes autour de la ZAD.

« Les flics, présents depuis hier matin aux barrages des pro, partagent le café avec eux. Ils ont joué leur rôle : ils ont laissé faire. Des témoignages indiquent qu’ils ont également contrôlé des manifestants dans des villages voisins, où des riverains sont heureusement intervenus. Notez bien : gendarmes et pro-center parcs sont désormais copains comme cochons. Mais ne nous laissons pas intimider. La minorité qui organise ces blocages fait pression sur les habitants comme sur les zadistes pour avoir gain de cause. Ils prétendent défendre cette forêt, qu’ils viennent pourtant de vendre pour une bouchée de pain. À Roybon comme dans les villages alentour, nous avons rencontré bien des personnes qui avouent ne pas oser manifester leur point de vue, de peur des représailles.

« Et pendant qu’une poignée d’excités joue les durs, ces messieurs de Pierre&Vacances restent bien au chaud. De notre côté, n’oublions pas notre objectif : nous nous opposons au capitalisme, même repeint en vert, et à ses infrastructures logistiques, industrielles ou touristiques. Comme face au TGV Lyon-Turin, à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à la retenue de Sivens, notre lutte n’est pas un conflit de territoire entre bons et mauvais, locaux ou extérieurs, c’est une lutte politique. C’est l’une des formes de l’opposition à la colonisation par l’économie de tous les domaines et tous les espaces. Ce fameux «or vert» que représente l’intérieur du territoire pour le capitalisme, nous comptons bien le défendre. Les recours juridiques n’y suffiront pas. Plus que jamais, les actions collectives doivent se poursuivre et se multiplier sur la ZAD. Rejoignez-nous.

« Nous appelons à témoigner des actions et agressions sur cette adresse : lapins-ecureuils(AT)riseup.net

« Lapins et écureuils unis contre Center Parcs »

Les gendarmes complices des pro Center parcs ou protecteur des zadistes contre la violence de ces derniers ?

L’attitude des forces de l’ordre est discutée.
Selon certains témoignages, il semblerait que les gendarmes aient joué un rôle d’interposition entre les pro et anti-center parc, protégeant ainsi les zadistes pacifiques d’agressions d’énergumènes du camp adverse. En commentaire du communiqué de presse ci-dessus qui a été d’abord publié sur le site de l’association «Pour les Chambaran SANS Center Parcs » un contributeur a écrit sous le nom de Matthieu : « Merci aux gendarmes pour leur présence, sans eux je pense que certains pro Center parcs seraient allé beaucoup plus loin dans la violence. Les gendarmes acceptent de discuter tout autant avec les pro Center parcs que les défenseurs de la zad. Sachez que des opposants de longue date au Center parcs ont prévenus les gendarmes pour qu’ils viennent en nombre éviter les confrontations. »

Les violents et les provocateurs étaient du côté des pro-Center parcs

Si l’attitude des forces de l’ordre fait débat, une chose est par contre certaine, c’est du côté des « pro Center parcs » que se trouvaient les violents, pas de celui des zadistes. Le témoin considère en effet qu’il fallait qu’ils soient là pour éviter que les opposants au Center parcs ne soient pas molestés et que s’ils n’avaient pas été là, ils auraient subi des agressions beaucoup plus graves.

On remarquera que ce comportement des pro parc est le même que celui des pro barrage à Sivens qui cherchent par la violence à terroriser les occupants de la zone à défendre.

Des zadistes partisans du dialogue, non –violents, respectueux des habitants et de la forêt

À Roybon les zadistes avaient recommandé aux participants de leur « festival » de respecter habitants du village et leur espace de vie, de respecter la nature et la forêt et d’éviter toute violence comme en témoigne cet extrait du texte appelant à participer à l’ «Open Barrikad»

« La relation avec les voisins de la ZAD et des villages alentours est des plus respectueuse et nous souhaitons qu’elle le reste !!
« Nous vous demandons donc de respecter leurs espaces de vie. Par exemple en ne vous garant pas à proximité des habitations, et en gardant les lieux que vous visiterez propres.
« Il n’y a eu, depuis le 5 Décembre dernier (date de l’arrêt du chantier du Center Parcs), aucune altercation avec les forces de l’ordre, ni avec les riverains (hormis une poignée d’énervés, qui visiblement cherchent par leurs provocations nocturnes, une réaction de notre part…).
« NOUS ENTENDONS EGALEMENT LA VOLONTE DES PRO-CENTER PARCS DE BLOQUER LES ROUTES MENANT A LA ZAD ROYBON ET INVITONS NOS COPAINS ET SOUTIENS A RESTER VIGILANTS QUANT À L’EFFET DE GROUPE ET AUX PROVOCATIONS DE CEUX D’EN FACE…
« Merci à nos opposants d’arrêter de chercher une violence que nous souhaitons éviter depuis l’arrêt du chantier !!!
« Nous rappelons qu’une Zone à Défendre est avant tout un lieu de lutte, et que celle qui concerne la ZAD Roybon est avant tout basée sur le respect de la forêt des Chambarans.
« Nous vous demandons donc, d’agir en conséquence et de réfléchir à la portée de chacun de vos actes durant votre présence à nos côtés, pour que cette forêt reste un havre de paix pour tous ses habitant-e-s.
« La forêt que nous protégeons abrite une faune et une flore précieuse. N’oublions pas que la Nature n’a pas besoin de l’Homme pour exister, mais que nous faisons partie de celle-ci.
Ne la détruisons pas. »
La ZAD de Roybon le 7/02/2015
La ZAD de Roybon le 7/02/2015

Des journalistes honnêtes faisant correctement leur travail aurait dû préciser ce souci de protection de la nature et cette volonté des zadistes de respecter les villageois et de ne pas gêner leur vie quotidienne comme celui d’éviter les heurts avec leurs opposants.

Le jeu trouble des élus à tous les niveaux

On remarquera aussi que le maire de Roybon joue un jeu trouble. Il assiste aux réunions de l’association des pro-Center parcs et ne semble pas gêné par les menaces de mort contre les zadistes qui y sont proférées par quelques excités. Par contre sur le lieu d’un des barrages érigés par ces pro-center pour empêcher les gens venus soutenir les zadistes d’accéder à la ZAD, il accuse ces derniers d’être des provocateurs alors que tout montre que ce n’est pas le cas. Dans le reportage de FR3 on voit même un opposant au center-parc affirmer que « Malgré les barrières on arrive à communiquer. Tant que la tension ne monte pas plus que ça, ça sera chouette ».

Au député de la circonscription qui l’avait interpelée sur la question de la ZAD, Ségolène Royal a répondu que celle-ci serait évacuée par les forces de l’ordre «dès lors que le projet sera redéfini, décidé », ce qui signifie qu’il doit être redéfini, donc qu’il n’est pas acceptable en l’état et serait jugé illégal par les tribunaux français et par l’Europe. Mais pas plus que dans le cas de SIvens, elle ne parle d’abandon du projet et comme dans le cas de Sivens, elle refuse de décider se réfugiant derrière les élus locaux ! Elle précise au député qu’elle ne se substituera pas à eux.
Pour ces derniers la messe est dite depuis longtemps, avant même que les démarches de concertation aient lieu, que les administrations comme les agences de l’eau aient pu donner leur avis. Et maintenant après avoir investi dans des infrastructures pour permettre l’implantation du Center parcs et bradé les terrains, ils ont endetté la commune à un niveau alarmant et ont le couteau sous la gorge ; ce qui les oblige à une fuite en avant inquiétante tant pour la nature que pour la démocratie.

De cet unanimisme, gauche et droite confondues, les élus d’EELV sont l’exception. Depuis le début, ils s’opposent à cette opération et apportent aujourd’hui un soutien explicite et effectif aux zadistes et aux associations telles que la FRAPNA ou «Pour les Chambaran SANS Center Parcs » qui luttent depuis toujours contre ce projet.

À Roybon, le combat continue !

Mardi 10 Février 2015 Commentaires (0)

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