La préfecture de police organise un blocus illégal contre les mal-logés qui ont réquisitionné un immeuble vide depuis plus de trois ans. Les forces de l'ordre doivent être employer à faire respecter la loi et non à l'enfreindre. Sinon, c'est le désordre. Alors que des gens meurent dans la rue quand il fait froid, que les personnes modestes doivent se saigner à blanc pour payer des loyers exorbitants, il faut soutenir Jeudi Noir et signer la pétition contre le blocus du 22 avenue de Matignon.


Le collectif Jeudi-Noir a réquisitionné depuis le 27 décembre 2010 un bâtiment de 2500 m² dans le 8ème arrondissement de Paris. Une réquisition citoyenne d’un bâtiment vide depuis 2007, qui permet à vingt-cinq personnes mal ou non logées, d’avoir un répit et un toit. C’est aussi l’occasion pour Jeudi Noir d’alerter l’opinion publique et les politiques sur l’inexistence de politique en matière de logement dans notre pays.

Un huissier est venu constater l’habitation du lieu le lundi 3 janvier 2011.

À ce jour, le propriétaire des lieux n’ayant pas porté plainte, et tant qu’aucun jugement ne déclare les occupants dans l’illégalité, le collectif sans droit ni titre est chez lui, au 22 avenue Matignon et non expulsable.

Malgré cela, depuis le vendredi 7 janvier 2011, jour de l’officialisation du bâtiment, les habitants et soutiens qui y vivent actuellement subissent un blocus policier. Ce blocus, implanté par la préfecture et illégal et constitue une entrave, notamment à la liberté de circuler : les forces de l’ordre empêchent quiconque de rentrer et les habitants qui souhaitent sortir ne peuvent revenir. Cela se traduit aussi par l’interdiction de pouvoir faire entrer du matériel dans le bâtiment (chauffage, matelas, four, chaises). La préfecture essaie d’avoir « à l’usure » ce qu’elle ne peut obtenir légalement .

Le 12 janvier, suite à quelques échauffourées avec les gendarmes, le collectif a obtenu, avec le soutien d’élus de la République, l’entrée (via leur présence), de certains tabourets et lampes.

Chaque jour, la police exerce un contrôle d’identité illégal des soutiens et habitants, contrôle les sacs des habitants, jusqu’à parfois interdire l’entrée de nourriture dans l’habitation. C’est le règne de l’arbitraire.

Aujourd’hui en France, aucune loi, aucun article n’interdit l’entrée et sortie de matériel depuis la résidence d’un particulier. Ce blocus est hors-la-loi.


Signez et faite signer la pétition de soutien.
Pour y accéder cliquer sur la légende de la photographie.

Dimanche 16 Janvier 2011 Commentaires (0)

La fin de l'année et le début de l'année nouvelle sont propices aux bilans. 2010 fut une année particulièrement chargée en catastrophes naturelles, dues en général à des évènements climatiques hors norme.
Nicolas Hulot, figure de proue de l'écologie médiatique est venu nous expliquer sur TF1 que tout cela était dû au réchauffement climatique.....un réchauffement climatique qui semble s'être arrêté depuis maintenant dix ans. Ignore-t-il cette « pause » dérangeante dans l'évolution du climat? Si cela était le cas, il partagerait cette ignorance avec beaucoup d'écologistes politiques qui continuent d'exiger des mesures radicales pour lutter contre ce réchauffement qui semble avoir cessé de lui-même....
Les climatologues du GIEC, eux, le savent. Ils s'en émeuvent, mais pas sur la place publique. Comme ils ne veulent pas renoncer à leur thèse fondamentale, ils ne parlent pas d'arrêt mais de pause. Cependant, si cette pause dure, ce ne sera plus une pause....


En haut à droite, on voit bien le plateau : la température s'est stabilisée depuis une dizaine d'années. C'est la pause qui dérange.
En haut à droite, on voit bien le plateau : la température s'est stabilisée depuis une dizaine d'années. C'est la pause qui dérange.

En tout cas, cette pause n'était prévue par aucun des modèles dans lesquels ils placent leur confiance. En attendant de savoir ce que nous réserve l'avenir, ils essayent de comprendre pourquoi la température moyenne du globe est restée stable depuis une dizaine d'année sans renoncer à expliquer l'augmentation de cette température au cours du dernier quart du siècle par les émissions de gaz à effet de serre dues pour l'essentiel aux activités humaines.
Bertrand Russell remarquait que c'était une chose curieuse que de voir « l'homme de la rue » se mettre à croire en la science au moment même où les savants perdaient leur foi. Mais c'était au temps de grands bouleversements en physique, en mathématique et en logique. Aujourd'hui, nous avons affaire à des communautés de professionnels sûrs de leur compétence et peu enclins à douter de leurs savoirs, soucieux d'en tirer une autorité dans le champ politique en profitant du scientisme dans lequel baignent le public comme les décideurs politiques.
Dans cet article je ne cherche pas à savoir qui a raison, le GIEC ou les climato-sceptiques. Je tiens cependant à préciser ma position en la matière. Je pense que le terme de « climato-sceptique » est un mauvais terme pour désigner ceux qui considèrent soit que le climat ne se réchauffe pas, soit que les causes du réchauffement ne sont pas celles que le GIEC avance, soit que la notion de réchauffement climatique global (ou refroidissement) est dépourvue de sens. Ils ne sont pas sceptiques, pas plus que ne le sont en matière de religion les athées. Les athées sont certains de la non existence d'un Dieu, d'une transcendance, etc. alors que les croyants eux estiment que ce Dieu, cette transcendance ou quoi que ce ce soit d'autre comme objet de leur croyance existe. Ni les uns ni les autres ne sont sceptiques. Ils savent. Or, le sceptique ne sait pas, il doute. Les climato-sceptiques ne doutent pas, ni non plus les climatologues du GIEC et leurs partisans. Les uns et les autres savent. Ou de moins croient savoir. Il suffit de lire les publications des uns et des autres pour en être convaincu. Le véritable sceptique en la matière est celui qui déclare ne pas savoir, ne pas savoir de quoi demain sera fait, que les uns ou les autres ont peut-être raison ou tort. En matière de prévision du climat futur, cette position est la mienne. Cette position est celle qui se rapproche le plus d'une véritable position sceptique. Comme il m'est impossible de la désigner ainsi sous peine de malentendu, je la qualifierais d'agnostique.
Ce n'est pourtant pas cette position que je souhaite argumenter dans cet article, du moins pas directement. Je veux montrer que lorsque les climatologues « réchauffistes » cherchent à défendre leurs affirmations sur le changement climatique malgré des données en apparence défavorables, ils adoptent une attitude qui ne peut être condamnée d'emblée. Une démarche de ce type n'est pas toujours injustifiable et elle peut être féconde pour comprendre la machinerie climatique. Néanmoins la motivation la plus puissante de cette attitude n'est pas d'ordre épistémique, elle doit être recherchée ailleurs, dans la volonté d'intervenir dans le champ politique pour impulser des mesures visant à limiter les émissions anthropiques de gaz à effet de serre. La création du GIEC a permis à tout un réseau de chercheurs de le faire. Ils ne peuvent renoncer au dogme qui fonde leur croisade sans perdre toute l'autorité que leur confère la reconnaissance de leur savoir par les « décideurs » politiques et avec cette perte, celle de crédits (au sens sonnant et trébuchant) de recherches, de postes de pouvoir dans leur domaine et de postes tout court.
Bien entendu, que les motifs qui conduisent à choisir l'exploration d'une voie plutôt que d'une autre ne soient pas purement, ou même principalement, épistémiques n'est ni une raison suffisante, ni même une raison nécessaire pour invalider ce choix. La mise ne évidence de la nature et du caractère déterminant de ces motifs permet seulement d'avoir une image plus réaliste de la recherche scientifique comme des communautés de chercheurs et en conséquence de ne pas prendre leurs paroles pour parole d'évangile. Après tout, c'est en recherchant une route plus courte pour les Indes que Christophe Colomb découvrit l'Amérique. Ses motifs n'étaient pas totalement désintéressés, ceux des financeurs de ses voyages ne l'étaient pas du tout.

De l'imprévu....

Depuis 2000 jusqu'à aujourd'hui, depuis dix ans donc, le « réchauffement climatique » qui aurait dû s'accentuer selon les modèles des climatologues du GIEC marque une pause imprévue (voir les courbes figure 1 et 2). Les modèles du GIEC ne peuvent expliquer ces phénomènes contradictoires avec leurs prévisions. Ils ne devraient pas se produire. De là à considérer qu'ils n'existent pas réellement, il n'y a qu'un pas que certains climatologues franchissent allégrement. « Les données sont certainement fausses. Notre système d'observation est déficient » déclare Kevin Trenberht, directeur de la section d'analyse climatique du Centre national de la recherche atmosphérique du Colorado. [1] Réaction sincère sans doute, mais étrange et que l'on a envie de considérer comme bien peu scientifique, voire « obscurantiste » [2].
N'allons pas trop vite cependant. Lorsque des données viennent mettre en défaut un ensemble d'hypothèses qui semble avoir fait, jusqu'à présent ses preuves dans un grand nombre de cas, il est naturel de suspecter ces données nouvelles. Dans le cas particulier qui nous occupe, cela peut paraître d'autant plus justifié que les données en causes ne sont pas des températures relevées mais des moyennes réalisées sur des températures ayant été « normalisées » en fonction, entre autre, du lieu de la station. Ces divers traitements peuvent introduire des biais ou être impuissants à les corriger. Donc, en fin de compte, il n'est pas aussi absurde qu'il y paraît au premier abord de remettre en cause les données. Cependant on ne peut à la fois rejeter les données lorsqu'elles ne sont pas conformes aux prévisions et les accepter lorsqu'elles le sont, alors même qu'elles ont été obtenues dans tous les cas selon les mêmes protocoles. De plus, à trop contester les données, les climatologues du GIEC pourraient obtenir le résultat inverse de celui qu'ils recherchent et à la limite permettre une remise en cause de cette augmentation de la température moyenne, température moyenne que d'autres climatologues considèrent dépourvue de tout sens climatologique...

Un dogmatisme parfois fécond....

Certes, les données qui montrent une stagnation de la température moyenne au cours de la dernière décennie au lieu d'une élévation accélérée constituent un début de condition nécessaire au rejet des modèles du GIEC mais en aucun cas une condition suffisante. Il reste en effet à explorer de nombreuses possibilités qui permettraient de garder l'essentiel des thèses du GIEC sur le climat, moyennant quelques ajustements et compléments. Malgré les apparences, le dogmatisme implicite d'une telle attitude n'est pas contraire à une démarche scientifique et il peut être fécond, contrairement à l'espèce de déni de réalité étudié dans le paragraphe précédent. Il peut conduire à des découvertes remarquables bien que cela ne soit pas toujours le cas. Pour le montrer nous allons faire un détour par l'analyse d'un épisode de l'histoire de l'astronomie, un épisode célèbre et souvent célébré pour la plus grande gloire de la Science avec un S majuscule et de la raison calculante : la découverte de Neptune par Le Verrier et Adams.[3]
À son grand regret, Kepler avait découvert les lois sur les orbites des planètes qui portent aujourd'hui son nom. En fait, des observations plus précises montrent que ces lois ne sont qu'approximativement vraies. Le cours réel des planètes présente des écarts par rapport à elles. Ceci s'explique bien dans le cadre de la mécanique céleste newtonienne. Pour qu'une planète les suive, il faudrait que le système soit réduit à cette planète seule avec le Soleil. Le système solaire possède plusieurs planètes qui s'attirent les unes les autres selon la loi de la gravitation universelle, d'où ces écarts par rapport aux lois de Kepler que l'on appelle des anomalies.

Urbain Le Verrier
Urbain Le Verrier
Une des lettres de créance de la théorie de Newton est de pouvoir les prédire et les calculer. Il y avait plusieurs problèmes cependant : les anomalies calculées ne correspondaient pas exactement à celles observées, notamment dans le cas d'Uranus, planète découverte en 1781. Pour Le Verrier comme pour ses collègues, la théorie de Newton ne pouvait pas être fausse, l'attraction universelle ne pouvait pas ne pas l'être dans le cas d'Uranus, il fallait donc trouver une hypothèse pour expliquer ses anomalies qui, si elle était vraie, permette de réconcilier les particularités du mouvement de cette planète avec la théorie. Cette hypothèse, ce fut Neptune : la postulation d'une nouvelle planète jusqu'alors inconnue dont les caractéristiques et l'orbite furent calculées de telle sorte que les anomalies d'Uranus redeviennent conformes à la théorie. Restait alors à l'observer en braquant un télescope à une date donnée et sur une portion de l'espace indiquée par Le Verrier. Comme chacun le sait, la planète fut, à peu de choses près au rendez-vous que lui avait assigné le mathématicien...La morale de cette histoire bien connue est que le dogmatisme peut être payant et qu'il peut initier une démarche féconde. Démarche qui réussit parfois....

Mais pas toujours !

Fort de ce succès Le Verrier voulut rééditer son exploit avec les anomalies de Mercure qui ne cadraient pas avec les prévisions de la mécanique céleste . Il postulat une planète Vulcain pour réconcilier les données de l'observation astronomique avec la théorie en vigueur. Hélas, cette fois Vulcain ne fut pas au rendez-vous et malgré de nombreuses recherches ne fut jamais découverte. Cette planète resta au stade de mythe mathématique et les anomalies de Mercure restèrent inexpliquées. La mécanique céleste était mise en défaut. Fut-elle abandonnée? Non. Tout simplement parce qu'elle n'avait pas de concurrent et aussi parce que l'on ne désespérait pas en modifiant une ou plusieurs hypothèses auxiliaires la réconcilier avec ces données récalcitrantes. C'est un peu comme à la guerre, il faut parfois sacrifier une section, voire un bataillon tout entier pour préserver le cœur d'une théorie. Ici, ce que l'on remettait en cause, c'était le nombre des corps célestes composant le système solaire. Celui-ci est contingent dans le cadre de la théorie.

De l'astronomie à la climatologie

Après ce détour par une science vénérable et une théorie qui fut reine jusqu'à l'orée du sciècle dernier, revenons à la climatologie. Face à l'arrêt du réchauffement climatique et face à des données difficiles à contester, les climatologues du GIEC qui ne souhaitent pas remettre en cause les hypothèses à la base de leurs modèles sont dans une situation en partie analogue à celle de Le Verrier et de ses collègues devant les anomalies d'Uranus. Ils ont à résoudre un problème du même type.
Plusieurs facteurs peuvent être invoqués pour expliquer cet arrêt sans mettre en cause la thèse d'un réchauffement du climat dû au largage anthropique de gaz à effet dans la troposphère [4] qui comme leur nom l'indique renforce cet effet de serre.
Un des facteurs pourrait être la baisse de l'activité solaire qui ressemble à celle qui a eu lieu lors du « petit âge glaciaire » au XVII ième et XVIII ième siècles. Cependant, il est peu probable que cette baisse d'activité suffise à elle seule à expliquer cet arrêt ou cette pause.
De nouvelles données concernant la variation de la teneur en vapeur d'eau de la stratosphère devraient être aussi prises en compte. C'est du moins ce qui ressort d'un article publié dans Science en mars 2010 par Susan Solomon et collaborateurs [5]. Susan Solomon est vice-présidente du GIEC et co-signatrice du rapport de 2007 dudit GIEC. Selon cet article de 2010 il y aurait eu depuis le tournant du siècle une décroissance de la teneur en vapeur d'eau de la stratosphère. Cette décroissance actuelle pourrait être liée au réchauffement climatique global de la planète dans le dernier quart du XX ième siècle. C'est cette décroissance qui pourrait expliquer la « pause » actuelle dans le réchauffement global.
Si ce rôle de la vapeur d'eau stratosphérique était confirmé, ce qui aurait pu apparaître comme une remise en cause de la thèse selon laquelle les changements climatiques que nous vivons sont dus à nos activités assure au contraire son succès. La planète s'est réchauffée à un rythme accéléré au cours du dernier quart du XX ième siècle à cause principalement du renforcement de l'effet de serre dû aux activités humaines. Si la diminution de la teneur en vapeur d'eau stratosphérique est la principale cause de la pause actuelle dans le réchauffement climatique global et si cette diminution est due au réchauffement antérieur d'origine principalement anthropique, alors ce sont bien les activités humaines qui ont été directement par le réchauffement, puis indirectement responsables des modifications du climat au cours des décennies passée et de la décennie actuelle, le réchauffement climatique global déclenchant aujourd'hui un feed back négatif.
Toutefois avec cette prise en compte de la variation de la teneur en vapeur d'eau de la stratosphère, les activités humaines génératrices de gaz à effet de serre largués dans la troposphère, pour essentielles qu'elles continuent d'être, ne sont plus les seules causes du réchauffement. L'augmentation initiale de la vapeur d'eau stratosphérique de 1980 à 2000 pourrait être responsable de 30% du réchauffement : « la vapeur d'eau stratosphérique a probablement augmenté entre 1990 et 2000, ce qui aurait augmenté le réchauffement de la surface de 30% »[6] Cette variation de la vapeur d'eau stratosphérique ne serait peut-être pas liée directement aux activités humaines mais à des changements de température qui se seraient produits à la surface des océans et dont la cause première reste à déterminer.
La thèse initiale ne sort donc pas tout à fait indemne de l'épreuve. Elle est affaiblie : « ces découvertes montrent que la vapeur d'eau représente un facteur important du changement climatique global décennal de la surface»[7]. Elle perd aussi sa belle simplicité initiale : dans les changements climatiques qui sont en œuvre depuis le XX ième siècle, les activités humaines sont un facteur prépondérant qui intervient directement de façon moindre que prévue et indirectement d'une façon étonnante et totalement imprévue au départ. D'ailleurs, si cette explication de la pause décennale est correcte, il faudrait mieux, en toute rigueur parler de changement climatique global que de réchauffement climatique global. Un réchauffement que d'autres facteurs annulent n'en étant plus vraiment un.
Ici encore, comme dans le cas de la découverte de Neptune, le dogmatisme est fécond. Cette « pause », l'introduction de données sur la variation de la vapeur d'eau stratosphérique pour sauver les modèles en vigueur, la recherche sur les raisons de ce phénomène, de son importance sur la régulation du climat global ouvrent de nouvelles perspectives de recherches dont on ne peut guère anticiper les résultats. Une chose est sûre cependant : il y a encore beaucoup à apprendre sur le climat de la Terre et ses variations.
D'un point de vue théorique, que les modèles en cours montrent leurs limites est au moins aussi intéressant que s'ils avaient prévu correctement l'évolution actuelle du climat et notamment cette fameuse pause. D'un point de vue pratique, par contre, il en va tout autrement. Nous souhaiterions des prévisions fiables sur lesquelles s'appuyer en toute confiance. Il est évident que nous devrons y renoncer.
Une pause qui dérange

Les raisons du dogmatisme des climatologues

Le problème des climatologues et celui de Le Verrier présentent de fortes analogies formelles, les démarches entreprises également. On peut constater que, malgré les apparences, on aurait tort de condamner celle des climatologues comme irrationnelle sans condamner aussi celle de Le Verrier et Adams. Devant des données récalcitrantes qu'il n'est pas possible de remettre en cause, ils construisent une démarche structuralement identique. Il y a pourtant des différences qu'il est temps de préciser maintenant. La principale est celle-ci : Le Verrier utilise une théorie bien corroborée de façon indépendante et qu'il veut réconcilier avec de nouvelles données récalcitrantes tandis que les climatologues du GIEC utilisent des modèles informatiques de simulation qui produisnt une évolution du climat global contraire à celle qui semble se dessiner.
La théorie de Le Verrier, la mécanique céleste newtonienne, peut être interprétée de façon réaliste sans absurdité. Si elle était vraie, elle nous dirait ce que sont les objets de son domaine et leur comportement réel. Par contre, on ne peut dire sans absurdité qu'un modèle du type de ceux utilisés par les climatologue est vrai en ce sens : il est une représentation simplifiée de phénomènes qui sont trop complexes pour être étudiés directement. Ils constituent une forme d'expérience de pensée extrêmement sophistiquée : la simulation. L'expérience de pensée, quelle que soit sa forme, nous place dans l'irréel : faisons comme si. Il en est de même pour la simulation qui peut être plus ou moins bien réussie mais ne peut être qualifiée de « vraie » sans abus de langage.
Lorsque l'on à affaire à une théorie, le dogmatisme peut donc se justifier plus facilement que lorsque l'on a affaire à un modèle. En un sens, le choix de Le Verrier était contraint. Il ne pouvait toucher aux principes de sa théorie. Par contre un modèle dont les prévisions ne coïncide pas avec les données doit être révisé ; révisé ne voulant pas dire abandonné. Pour cette révision le climatologue a plus de latitude que ne l'avait l'astronome pour choisir ce qui doit être modifié, étant entendu que l'accord avec les données doit être retrouvé et le recours éventuel à de nouveaux facteurs justifié. Compte tenu de cette latitude, on peut s'interroger sur ce qui guide les climatologues du GIEC dans leur volonté de conserver l'hypothèse selon laquelle les rejets anthropiques de gaz à effet de serre sont le facteur, ou du moins l'un des facteurs essentiels, du changement climatique.

Pour cela commençons par détruire de fausses évidences qui semblent clore le débat d'emblée.
Pour convaincre tout un chacun on part d'abord d'une sorte de lapalissade : les gaz à effet de serre augmentent l'effet de serre ; l'augmentation de la teneur en gaz à effet de serre de l'atmosphère renforcent l'effet de serre et donc la température sur Terre augmente.
Ensuite on met en avant les constatation suivantes :
  • le CO2 est un gaz à effet de serre qui s'accumule dans la troposphère,
  • en 60 ans la teneur en gaz carbonique de la troposphère a augmentée de 40%,
  • cette augmentation est due aux activités humaines et notamment ( mais pas seulement) à l'utilisation d'énergies fossiles,
  • au cours de la même époque la température moyenne du globe a augmenté de 0,8° C environ.
La conclusion est évidente :
  • le réchauffement a pour origine ces activités,
  • si rien n'est changé, ce réchauffement continuera à s'amplifier. Il ne reste plus qu'à en montrer les conséquences catastrophiques. Les « climato-sceptiques » vont contre l'évidence, ils sont au service des lobbies ou ils sont des illuminés.
Il n'est donc pas nécessaire de rechercher plus avant les raisons de l'attachement des climatologues à leur hypothèse fondamentale. Elle n'est pas contestable sauf à aller contre l'évidence.
Cette évidence s'effondre cependant lorsque l'on prend conscience que cette augmentation de 40% représente le passage de 280 ppm (partie pour million) à 380 ppm, c'est a dire d'une troposphère dont la teneur en CO2 était de 0,028% à une troposphère dont la teneur est de 0, 038%. Une telle augmentation vraiment minime peut avoir un effet sur le climat, mais elle est si minime que cela n'a plus rien d'évident. [8] Il faut le prouver et du coup le contester n'a plus rien d'irrationnel. L'issue de la controverse reste, aujourd'hui encore et quoi que l'on en ait dit, incertaine. Rappelons au passage que ce qui est contesté, ce n'est pas que le climat global se soit réchauffé ; ce sont les causes de ce réchauffement et ce à quoi nous devons nous attendre. [9]
Pour comprendre pourquoi les climatologues sont, en majorité, peu enclins à rejeter la thèse de l'origine anthropique, il faut rappeler l'ambigüité du GIEC qui est une institution à la fois régulière et séculière au sens monastique de ces termes. Elle est régulière dans la mesure où il y a un réseau de chercheurs qui forment une communauté étudiant le climat avec ses propres règles, ses protocoles de recherche, ses publications, ses colloques, etc.. C'est une institution séculière : ce réseau de chercheurs revendique une reconnaissance et une légitimation dans le champ politique sur la base de la compétence de ses membres dans leurs domaines du savoir ; reconnaissance et légitimité qu'il a obtenu grâce à la constitution et au contrôle de ce GIEC chargé de rédiger et publier les fameux rapports périodiques sur le climat et d'être force de proposition pour les « décideurs » politiques. La genèse du GIEC montre bien l'ambigüité du statut de cette instituion Renaud Russeil la résume ainsi dans la revue Biocontact . « Dans les années soixante, un scientifique suédois, Bert R. J. Bolin, suppose qu'une surproduction de dioxyde de carbone générée par l'activité humaine pourrait contrecarrer le refroidissement climatique (refroidissement, ce n'est pas une erreur) annoncé par plusieurs média internationaux. L'énergie est un problème majeur de l'époque. On vient de vivre le premier choc pétrolier (1973). Dix ans plus tard, Margareth Thatcher politise le danger du CO2 : elle demande à un groupe de scientifiques de prouver que le CO2 est responsable des changements climatiques. Exploitant la thèse de Bolin, elle menace d'abandonner les mines de charbon pour se tourner vers le nucléaire ; elle contrera ainsi une nouvelle grève des mineurs (1984) et se débarrassera de la dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) vient de naître. Bolin en devient le premier président en 1988. »
Dans ces conditions, il est impossible ou du moins très difficile pour ce réseau de remettre en cause le dogme même qui lui assure sa reconnaissance et son efficace dans le champ politique. Les enjeux de savoir se mêlent à des enjeux de pouvoir ; il n'est pas étonnant que les dérapages se multiplient et que la déontologie de la recherche soit quelque peu malmenée. Le dogme du réchauffement climatique d'origine anthropique est une sorte d'hybride scientifico-politique. S'il est faux, on aura du mal à s'en débarrasser. S'il est vrai....

Chance morale

Malgré les « sommets » à répétition, malgré les bilans carbone et plans climat qui font prospérer les bureaux d'études divers et variés, les émissions de CO2 d'origine anthropiques ont continué de croître en 2010 de 3% par rapport à 2009 pour atteindre 31,7 milliards de tonnes. Il ne semblerait pas que la température moyenne du globe reprenne son ascension pour autant. Est-ce à dire qu'un miraculeux feed back négatif dû à la diminution de la teneur en vapeur d'eau de la stratosphère nous protège? Nous n'en savons rien. Si cela était le cas, nous aurions de la chance car il est bien difficile de limiter ces émissions de CO2, du moins tant qu'il y aura du pétrole, du gaz, du charbon, conventionnels ou non à brûler.
Quand je parle de chance, c'est bien entendu de chance morale qu'il s'agit en ce qui nous concerne ; nous, les occidentaux actuels en tant que sujet moral [10]. Nous subirons que très peu les conséquences du changement climatique, même s'il s'emballe comme prévu par certains modèles. Les effets les plus catastrophiques ne se sont pas pour demain mais pour la fin de ce siècle. Mais les humains de cette fin du XXI ième siècle nous jugeront. Et ce jugement ne sera pas le même si le réchauffement se poursuit ou si le feed back négatif joint à l'épuisement graduel des énergies fossiles est suffisant pour le rendre négligeable ou s'il cesse pour une tout autre raison. S'il se poursuit le jugement sur notre incapacité à prendre des mesures efficaces sera sévère. S'il s'arrête de lui-même, les générations futures seront beaucoup plus indulgentes envers notre ignorance et nos faiblesses. Elles en souriront peut-être.

NOTES

[1] – Cité et traduit par Jean Staune, La science en otage, Paris, 2010, p. 159. L'auteur présente une analyse bien documentée et objective de la controverse, cite ses sources avec possibilité de les retrouver sur Internet. Sa lecture a attiré mon attention sur des textes peu connus. Je ne partage pourtant pas du tout les interprétations qu'il donne de la controverse, pas plus que je ne souscris à sa « troisième» voie. Je n'accepte ni son éloge bizarre du nucléaire, ni sa croyance qu'avec une technologie et une science vraiment libre de préjugés, notre civilisation et notre mode de vie pourra perdurer. Quant à sa critique des écologistes, elle est si caricaturale qu'il ne vaut même pas la peine d'en parler. Il en va de ce livre comme de beaucoup de sites qui critiquent les thèses du GIEC. Instructifs et dignes d'intérêt lorsqu'ils argumentent sur le fond et sur la question du climat proprement dit, ils deviennent partiaux, pleins de sous-entendus et de préjugés politiques que je ne partage pas lorsqu'ils s'aventurent dans le champ social et/ou politique. Voir par exemple http://pensee-unique.fr d'où j'ai tiré les illustrations humoristiques.

[2] – Jean Staune, o. c., p.160.

[3] – L'analyse qui suit s'inspire en partie de la reconstruction de la démarche de Le Verrier faite par le philosophe américain Hilary Putnam dans un article publié en 1974 et devenu depuis un classique de la philosophie des sciences anglo-saxonne, « The corroboration of theories », in A. Schlipp, ed., The philosophy of Karl Popper, The Librairy of living philosophers, vol. XIV, La salle, Il., 1974, pp. 221-240. Il s'agit bien d'une reconstruction car la véritable histoire de cette découverte fut laborieuse. De plus, Le Verrier s'est trompé deux fois. Tout d'abord, selon ses calculs, Neptune aurait dû être éloigné de 38 U. A. alors qu'elle ne l'est que de 30,11 U.A . Ensuite, il a trouvé que la masse de Neptune était de 32 fois celle de la Terre alors qu'elle n'est que 17 fois supérieure. Coup de chance, les deux erreurs se compensent. Autre heureux hasard : Compte tenu des erreurs de localisation, si les astronomes avaient cherché la planète 50 ans plus tard, ils ne l'auraient pas trouvée. Du point de vue de la logique de la démarche et de sa reconstruction rationnelle, on peut négliger ces détails.

[4] – Rappel : Comme très bien expliqué dans Wikipédia « La troposphère est la partie de l'atmosphère terrestre située entre la surface du globe et une altitude d'environ 8 à 15 kilomètres, selon la latitude et la saison. Elle est plus épaisse à l'équateur qu'aux pôles. La frontière entre la troposphère et la stratosphère s'appelle la tropopause. »

[5] – Susan Solomon, Karen H. Rosenlof, Robert W. Portmann, John S. Daniel, Sean M. Davis, Todd J. Sanford, Gian-Kasper Plattner, « Contribution of stratospheric water vapor to decadal changes in the rate of global warming », Science, 5 mars 2010, vol. 327, p. 1219 – 1223. C'est en lisant le livre de Jean Staune, o. c., que mon attention a été attirée sur cet article.

[6] – o. c., tf. J. Staune, o.c., p. 167.

[7] – ibid., p. 167.

[8] – On trouve cet argument dans l'ouvrage de J. Staune, qui pourfend de façon très convaincante la pseudo évidence de l'explication canonique du réchauffement climatique, p. 164 et sq.

[9] – Il y a aussi ceux qui considère que la notion de « climat global » et donc de « réchauffement » ou de « refroidissement » de ce climat n'a pas de sens. Selon les régions du globe le climat change : parfois, il se réchauffe ; parfois dans d'autres régions, il se refroidit.

[10] – Sur ce concept de moral luck, cf. J.P. Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, Paris, 2002, pp. 123 et sq. qui cite l'ouvrage de Bernard Williams, Moral Luck, Cambridge University Press, 1981. Jean-Pierre Dupuy remarque que ce concept de chance morale « peut sonner comme un oxymore  dans le contexte néokantien qui domine sous nos latitudes » (p. 123)

Une pause qui dérange

Dimanche 16 Janvier 2011 Commentaires (1)

Des milliards d'abeilles sont en train de mourir en silence, ce qui met en danger nos cultures et notre alimentation. Une interdiction généralisée d'un groupe de pesticides toxiques pourrait éviter l'extinction des abeilles.

Mais la France, sous la pression des puissantes industries chimiques, vient de renouveler l'autorisation d'un de ces pesticides.


Sauvons les abeilles
Le gouvernement français, très influent sur la politique agricole européenne, doit revenir sur sa décision et faire interdire ces produits chimiques pour sauver nos abeilles et notre alimentation. Pour cela joignons notre signature à celle des 467 000 personnes qui ont signé la pétition lancée par Avaaz.
La pétition vise à obtenir 750 000 signature. Elle sera remise par Avaaz au Ministre français de l'agriculture Bruno Le Maire et aux décideurs européens.

Texte de la pétition :

Au Ministre Français de l'Agriculture M. Le Maire et au Président de la Commission Européenne M. Barroso:
Nous vous appelons à interdire immédiatement l'utilisation des pesticides néonicotinoïdes jusqu'à ce que et seulement si de nouvelles études scientifiques indépendantes prouvent leur innocuité. Le déclin catastrophique des populations d'abeilles pourrait mettre toute notre chaîne alimentaire en danger. Si vous agissez dès maintenant et avec précaution, nous pourrons éviter l'extinction des abeilles.
Cliquez sur la photo de l'abeille pour ouvrir la page de la pétition.



Lundi 10 Janvier 2011 Commentaires (0)
La chimie au labo ! Pas de poison dans nos salades !
Cette année « La science se livre » a choisi la chimie. Science qui a bien besoin de redorer son blason, surtout lorsque ses produits s'invitent dans nos assiettes sans y avoir été conviés.
Pour cette occasion comment résister au plaisir de vous citer une bonne feuille de L'écologie en questions, livre de chevet des écologistes avertis qui préfèrent comme on dit « en rire plutôt que d'en pleurer ».
« Si votre laitue ne vient pas de votre jardin (100% bio bien entendu), elle risque bien d'avoir été traitée autrement... Un peu de Clorothanil, une lichette d'Iprodione, deux ou trois lampées de Procymidone et de Vinclozoline, une pincée de Deltamethrine et deux de Propyzamide...voilà ce que vous risquez de trouver dans votre chère salade, mais vous pourriez aussi bien trouver du Malathion, du Métalaxyl, du Méthamidophos, du Méthomyl ou même, c'est un comble, du Parathion de méthyl! » (p.114)
Tous ces jolis noms qui auraient sans doute enchanté Molière désignent des pesticides plus ou moins redoutables. Ils peuvent avoir des effets cancérigènes, causer des maladies pulmonaires, des malformations des fœtus, des problèmes de fertilité, etc. Demandez donc des renseignements sur ces poisons aux animateurs et conférenciers lors des différentes manifestations prévues dans notre ville en l'honneur de cette science. Elle mérite d'être connue non seulement par ses concepts (ce qui est une façon subtile de la dédouaner) mais aussi et surtout dans ses œuvres pour bien voir que comme le nucléaire, elle mérite un contrôle institutionnel et citoyen très strict. A défaut, pour être édifié sur tous ces produits légèrement plus toxiques que le sirop de glucose ou les œufs en tube mentionnés dans le numéro de Janvier du magazine, reportez vous au site officiel e-phy

Dimanche 9 Janvier 2011 Commentaires (0)

Les souris domestiques sont nos commensales. De mémoire d'humains, elles ont toujours été là, profitant de nos miettes , goutant nos provisions. Elles pulluleraient peut-être si les chats de la maison n'y mettaient bon ordre, à moins que ce ne soient les fouines ou les renards. Elles n'ont pas l'air bien terrible et n'ont fait peur aux dames que dans des histoires où les hommes voulaient jouer les héros à bon compte. Certes, elles s'invitent parfois à notre table sans y avoir été conviées et peuvent se montrer trop gourmandes. Elles peuvent aussi s'apprivoiser et devenir de charmants petits compagnons mais elles préfèreront toujours la liberté.
Cet article dénonce les sévices que leur font subir des « scientifiques » qui sont peut-être très intelligents mais qui semblent avoir perdu leur âme. Je l'écris pour sensibiliser le lecteur. C'est une façon de défendre ces petites bêtes. Ce sont des êtres vivants, heureux de vivre comme tous ceux qui ont reçu ce cadeau magnifique qu'est la vie, mais qui peuvent souffrir. Elles ne méritent absolument pas le sort que leur réserve ces « chercheurs » qui les maltraitent dans leurs laboratoires et, selon l'expression consacrée, en consomment de grandes quantités. Passe encore si c'était pour les manger, mais bien souvent, ce n'est que pour réaliser des expériences parfaitement inutiles,voire même d'une affligeante stupidité.



Les rongeurs n'ont guère la cote parmi le public, les écureuils exceptés. On se mobilise plus facilement pour les primates que pour eux. Mais même les souris méritent le respect. La façon dont elles sont traitées dans les laboratoires est révélatrice non pas de l'indignité des souris mais de la nôtre, l'homme occidental en tant que sujet moral collectif. Défendre les souris torturées dans les laboratoires, soit-disant pour le plus grand bien de l'Humanité, c'est prendre le parti du faible contre le fort, revendiquer notre humanité, défendre l'image que nous nous faisons de nous-même. Image que reflète si bien les sens des mots de notre langue dans laquelle, je le rappelle, inhumain signifie cruel. Être humain, ce n'est pas tant appartenir à une espèce donnée qu'avant tout de faire preuve de bienveillance à l'égard de nos semblables, certes mais aussi de tous les autres membres de la grande chaîne des êtres auxquels il ne saurait être question de porter atteinte sauf impérieuse nécessité, manger, survivre et nous défendre. Et même dans ces cas, il ne saurait être question de leur manquer de respect, ce respect dont on dit que les peuples premiers font preuve mais dont l'homme occidental, imbu de lui même et de sa prétendue supériorité, considère comme des enfantillages de primitifs.

Comment rendre des souris dépressives?

Demandez le aux aux bio-techniciens et aux psychiatres généticiens, ils ont plusieurs recettes à vous proposer. Le numéro de décembre de Science et Vie rapporte une expérience sur des souris qu'une équipe de « chercheurs » aurait rendu « dépressives » en leur injectant un virus dans le cerveau : « les souris deviennent apathiques et n'ont plus aucun intérêt pour le sucre ». Elles ont été ensuite guéries par thérapie génétique : « les chercheurs ont introduits dans la même zone du cerveau via un autre virus un nouveau gène réactivant la protéine p11 »( protéine impliquée dans la régulation de l'humeur).
Science et Vie considère cela comme une « prouesse » alors même que l'article cite un psychiatre qui affirme que cette expérience « n'est pas près d'être étendue à l'homme » (sic ! On est tout de même heureux de l'entendre dire...). Il précise ensuite qu'elle «  n'est qu'une métaphore de la dépression humaine ». En d'autre termes, la dépression humaine et la dépression de la souris qui se manifeste par un désintérêt pour le sucre n'ont que de très lointains rapports. Nul besoin d'être psychiatre pour s'en douter encore que celui-ci a le mérite de la lucidité. Ce qui n'est pas le cas de tous ses collègues « chercheurs ».
Stéphane Jamain par exemple. Toujours en ce qui concerne la dépression, ce « chercheur » explique sur LCI d'un ton docte, froid et précis, comment il s'y prend pour stresser les souris et les rendre dépressives. Il suspend ces pauvres bêtes par la queue, les plonge dans dans un bocal rempli d'eau alors qu'elles ne savent pas nager, autant de sévices aussitôt illustrés par l'image dans l'émission. Lorsque la télé s'en mêle, avec sa recherche de sujets racoleurs, s'agit-il encore de science ou bien de sadisme et de voyeurisme?
Comme l'écrit le journaliste de Science, Enjeux, santé : « qu'attendre de l'évaluation du stress d'un rongeur qui se noie pour aider à comprendre la dépression nerveuse chez un être humain? » Là encore, inutile d'être un psychiatre diplômé pour répondre. Rien, ou du moins pas grand chose. On sait que par méthode la science est réductionniste, mais là il ne s'agit plus d'un réductionnisme méthodologique, mais d'un réductionnisme aussi sauvage qu'il est caricatural.

Encore plus fort : produire des souris schizophrènes chroniques !

Il y a peut-être pire encore, bien que moins spectaculaire ....En cherchant sur Internet, j'ai appris à la lecture du n° 60 de mars 2002 de CEA Techno que cet organisme en collaboration avec l'Inserm a mis au point une lignée de souris présentant des symptômes qui «  rappellent ceux de la schizophrénie » (sic!) en leur supprimant un gène. Ils ont breveté ce qui n'est plus à leur yeux un animal mais seulement « un modèle animal ». Un des chercheurs responsables de cette « prouesse » comme diraient les rédacteurs de Science et Vie se réjouit et se vante : « Avec cette souris, nous avons donc un modèle qui permet de tester des molécules thérapeutiques (...). Dans des études préliminaires, nous avons administré le traitement aux souris KO STOP dès leur plus jeune âge ; il semble alors que les troubles du comportement diminuent fortement. De plus, cette amélioration pourrait perdurer même si on arrête le traitement à l'âge adulte ». Cocorico.... Le CEA et l'ISERM ont réussi à bidouiller et à produire en série des souris malades mentales chroniques pour les vendre à des labos pharmaceutiques qui pourront tester dessus leurs camisoles de force chimiques. Considérer ces souris comme schizophrènes sous prétexte qu'elles délaissent leurs souriceaux et manifestent des « signes d'anxiété en cas d'exposition à la lumière » ferait hurler de rire, si les conséquences de ces manipulations n'étaient pas aussi déplorables. Les souris recherchent l'obscurité naturellement, elles ne s'exposent jamais en pleine lumière si elle peuvent l'éviter. Leur survie en dépend. Il n'y a que les « chercheurs » du CEA et de l'ISERM à la base de cette manipulation à ne pas le savoir ! La schizophrénie ne se résume pas non plus en un comportement d'abandon de sa descendance ! Par contre, il arrive que des souris non bricolées abandonnent leur progéniture et parfois, chez d'autres espèces, il y a pire. Voici beaucoup d'ignorance éthologique et aucun éclair de lucidité comme dans le cas des souris dépressives de Science et Vie.
On arrêtera là notre progression dans l'horreur. Une horreur que ne perçoivent pas les chercheurs en question qui ont rendu malade, torturé, tué des souris en pure perte. Car bien entendu, excepté de rapporter des royalties, ces expériences ne servent à rien parce qu'entre les désordres comportementaux de la souris domestique et ceux de l'homme, il n'y a de ressemblance que métaphorique et que l'on ne peut pas sans dommage réduire la maladie mentale, schizophrénie ou dépression, à une seule histoire de gènes, même si les gènes ont sûrement un rôle.


Photo extraite d'un document pédagogique d'initiation aux dissections
Photo extraite d'un document pédagogique d'initiation aux dissections
Science sans sagesse

Ce n'est pas en encourageant ou en laissant faire ce genre de bricolage où l'immoral le dispute au mercantile que l'homme occidental se grandit. Dans sa démesure, il cherche à égaler un dieu alors qu'il ne réussit à n'être qu'un malin génie non seulement trompeur comme celui de Descartes mais de plus un tantinet cruel.
Malin génie trompeur : on sait, sans en tirer les conséquences, que ces tests sur des « modèles » animaux ne prouvent rien : il suffit de mentionner le cas récent du Ziban qui s'ajoute à une longue liste de médicaments testés sur des « modèles » animaux et retirés, pas toujours à temps, du marché. Ces tests sont trompeurs et endorment dans de fausses certitudes.
Malin génie cruel : les souris souffrent, les souriceaux délaissés souffrent aussi et crèvent... Le «chercheur » est responsable de ces souffrances mais ne se sent guère coupable ! Donc oui, il s'agit bien de malins génies au sadisme que par charité, nous supposerons inconscients.
Ces «scientifiques » ont fait cela en toute bonne conscience, persuadés de travailler au progrès de la science ( et à celui de leur carrière). Pour eux, les souris ne sont, après tout, que du matériel de laboratoire, des fournitures comme leurs cartouches d'imprimantes. Certains sont peut-être si imbus de la supériorité de l'espèce humaine que pour eux, la souffrance de ces minuscules bestioles ne compte pour rien. Mais il faut déjà être philosophe pour penser cela de façon consciente et bien peu de ces « chercheurs » ont dû lire Le livre blanc de l'expérimentation animale de Janine Chanteur, une philosophe qui justifie de façon scandaleuse toutes les turpitudes de ces pratiques au nom.... de la suprématie spirituelle et morale de l'homme sur des animaux qui ne sont ni rationnels ni raisonnables. Heureusement, pour l'honneur de la profession, de nombreux autres philosophes, dont je suis, ont des positions diamétralement opposées. Janine Chanteur ratiocinait en chambre. Dans les labos, la plupart des « chercheurs » ne se posent guère de question. On peut se demander si ces pratiques de laboratoire qui participent d'une longue tradition dans le domaine de la recherche en biologie ne dénaturent pas à la longue toute sensibilité. Ces « chercheurs » sont des professionnels de la science « normale ». Ils ont été formatés pour la servir. Leur sensibilité a été émoussée dès leurs premières années d'étude par des travaux pratiques et autres dissections dont ce n'étaient peut-être pas le but premier mais en tout cas le résultat. Quant aux gens qui n'appartiennent pas à ces sous-groupes de « la communauté scientifique », ils ne veulent pas savoir, surtout s'ils croient que leur santé et leur longévité peut y gagner. C'est d'autant plus facile qu'ils n'ont même pas à détourner la tête, ces horreurs ayant lieu dans le secret des laboratoires. On nomme cela de «l'ignorance intéressée » selon l'expression de Vinciane Despret (Penser comme un rat, Versailles, 2009, p. 89). Si la fin est dans les moyens comme le fruit est dans la graine, ce n'est pas dans ce genre de savoir que l'on trouvera la moindre sagesse.

Quelques raisons d'espérer

Aujourd'hui les choses semblent changer un peu. Bien trop lentement et timidement....
D'abord, l'opinion publique commence à s'émouvoir, peut-être pas du sort des souris et des rats de laboratoire, cela ne viendra qu'en dernier pour ces espèces, mais pour les primates, les chiens, les chats... Certains biologistes qui cherchent à mettre au point des méthodes de substitution pour tester les médicaments, des éthologues de terrains sont aussi concernés, les uns et les autres à la fois pour des raisons méthodologiques, théoriques et humanitaires.
Dans les labos qui pratiquent l'expérimentation animale, c'est du côté des animaliers qu'il faut placer le plus d'espoir pour un changement. Vinciane Despret dans l'ouvrage cité commente un article paru en 2008 dans une revue scientifique qui montre que certains laboratoires prennent en compte « la souffrance de ceux qui souffrent de faire souffrir ; la souffrance des techniciens, qui eux-même prennent en compte la souffrance des animaux » (p. 51). Elle mentionne également les témoignages de techniciens animaliers de l'Inra de Jouy en Josas «  qui évoquent les liens forts tissés avec l'animal, la demande de prise en compte de leur expérience concrète, dans les dispositifs d'euthanasie – notamment par exemple, au sujet de l'utilisation des boîtes de CO2 pour les rongeurs – , les difficultés de justifier leur métiers auprès de leurs proches, et la nécessité d'espaces de discussion qui accompagneraient le droit de s'opposer au fait de prolonger des situations inacceptables »(p. 51, souligné par moi JFD). Malheureusement, les techniciens animaliers sont subordonnés hiérarchiquement aux chercheurs, leur savoir ne sont guère reconnus. A quoi bon d'ailleurs, lorsqu'il s'agit de faire souffrir des animaux soumis à un protocole inventé dans ce but?

En attendant un progrès très lent à se faire sentir, les dernières statistiques disponibles, celles de 2008, indiquent que 12 millions d'animaux sont morts pour des expériences diverses et variées et parmi eux, une écrasante majorité de rongeurs : 9 500 000 ! Navrant.
Des souris et des hommes !

Dimanche 9 Janvier 2011 Commentaires (0)

Fontenay-aux-Roses

Un élu nucléocrate de la majorité a diffusé aux autres élus de la majorité municipale deux communiqués de presse qui contestent la pertinence du développement de la filière photovoltaïque en France. L'un émane d'une association nommée « Sauvons le climat » et l'autre de la CGT mines-énergie.
Ce n'est pas la première attaque contre cette filière énergétique que cet élu relaie. Ce ne sera sans doute pas la dernière. En diffusant ces textes provenant d'ultra nucléocrates, cherche-t-il à stopper notre effort de promotion du photovoltaïque à Fontenay-aux-Roses alors qu'elle est déjà bien trop modeste, principalement à cause de lui d'ailleurs?



Ces textes ne sont ni instructifs, ni intéressants. Ils témoignent à tout le moins d'un solide parti pris pouvant aller jusqu'au mensonge et à l'anathème. Leurs auteurs ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre conscience de la véritable nature du défi énergétique que nous avons à relever. Le développement de l'énergie photovoltaïque, énergie de « flux », est indispensable dans la transition énergétique que nous sommes contraints de réaliser, réchauffement climatique ou non, à cause de l'épuisement inéluctable des énergies de « stock » dont fait partie, je le rappelle, le nucléaire.

Le photovoltaïque, ce pelé, ce galeux dont on dit bien du mal

En ce qui concerne l'état du photovoltaïque en France, le communiqué de presse de la CGT énergie est un digest caricatural de tout ce qui se dit – en mal, bien sûr – sur photovoltaïque.
Je rappellerai d'abord à tous ces nucléocrates que le nucléaire est une énergie de  « stock », non de « flux » et que le passage des unes aux autres est une nécessité physique, géologique. Elle est due à l'épuisement des stocks, uranium compris. Il s'agit d'une mutation très difficile à réaliser et elle le sera d'autant plus que nous tarderons à l'entreprendre.
Le photovoltaïque est une énergie de flux. Il me semble donc nécessaire d'avoir un tout autre regard sur le sujet que celui de la CGT énergie ou de l'association « Sauvons le climat », faux-nez de groupes de pression scientistes nucléocrates. Le point de vue de Daniel Lincot, par exemple. Je vais citer ses titres, non pour me retrancher derrière un argument d'autorité, mais parce que face à des scientistes de l'acabit de « Sauvons le climat » il faut exhiber des titres qui témoignent d'une reconnaissance de ses pairs pour pouvoir avoir un minimum d'écoute. Daniel Lincot est directeur de recherches au CNRS, IRDEP.

Un contexte incitatif bien venu

Pour Daniel Lincot dont l'opinion vaut bien celle de la CGT énergie ou des nucléocrates de « Sauvons le climat » « la France s'est dotée d'un des contextes les plus incitatifs au niveau mondial pour accélérer la nécessaire montée en puissance de l'énergie photovoltaïque » (Pour la science, n°69, oct.-dec. 2010, p. 49, souligné par moi). Pour ce chercheur, l'engouement du public pour le photovoltaïque montre bien que dans un contexte incitatif qu'il ne nie pas «  la transition vers les énergies renouvelables était capable de démarrer au quart de tour et qu'il suffisait d'appuyer sur l'accélérateur » (ibid.) et il poursuit «  Ce qui est à l'évidence, et d'abord, une démonstration spectaculaire de la maturité technologique de ce domaine et de son actualité a curieusement surtout été présenté de façon négative, et a servi de déclencheur à une nouvelle campagne contre le photovoltaïque, qui n'a cessé de monter en puissance dès la fin 2009 et tout au long de 2010 »

Calomniez, calomniez.... Il en restera toujours quelque chose !

Daniel Lincot interroge : « Qui n'a pas entendu parler des « profiteurs » du photovoltaïque, des tarifs d'achat indus, du fait que tout cela remplissait les poches des firmes étrangères, des prélèvements insupportables que cela faisait peser sur le budget des Français ? » Si nous n'avions pas entendu ces malveillants et étranges propos, nous les avons lu maintenant.
On remarquera que les adversaires du photovoltaïque n'annoncent jamais franchement la couleur : ils sont contre le développement du photovoltaïque ici (mais pas dans d'autres pays) et maintenant (mais peut-être pas demain avec une meilleure technologie). Comme le dit, avec son humour habituel José Guntzburger, ces gens là n'auraient pas voulu de train tant que les TGV n'auraient pas existé. Mais bien en tendu, pour filer l'analogie, sans les trains à vapeur de nos ancêtres, il y a fort à parier qu'il n'y aurait aujourd'hui ni TGV, ni même de TER à petite vitesse. C'est la même chose pour le photovoltaïque, sans le développement de celui d'aujourd'hui, celui de demain, bien plus perfectionné, au meilleur rendement énergétique avec un bilan carbone plus intéressant n'existerait pas. Mais, après tout, c'est peut-être cela que souhaite les adversaires de cette filière.


Le prétexte des tarifs de rachat

L'argument massue, l'argument qui occupe à lui seul la quasi totalité du texte de « Sauvons la climat », ce sont les tarifs d'achat avec au passage une assimilation toute sarkoziste entre « niche fiscale » et « crédit d'impôt » servant de mesure incitative à une transition énergétique.
Comme il faut un zeste de social dans cette exécution du photovoltaïque, on n'y va pas de main morte. Le déploiement du photovoltaïque serait une aubaine pour « les heureux propriétaires de maisons individuelles » et « une insulte à ceux qui ont peu d'argent, chez nous et dans les pays en développement ».
Les rédacteurs de ce texte « oublient » que l'on déploie aussi du photovoltaïque sur les toits d'immeubles, par exemple. Qui spolie les pays « en voie de développement »? Qui empoisonne leurs populations, si ce n'est les grandes compagnies minières, singulièrement AREVA, au Niger par exemple, où les gens sont parmi les plus pauvres de la planète?
Une mauvaise fois de cet acabit est accablante.
En tout cas, comme le dit D. Lincot, « une excellente nouvelle sur le fond était transformée en argument pour remettre en cause le développement du photovoltaïque et son soutien volontariste , à travers les tarifs d'achat. »
Reconnaître la nécessité d'une transition vers des énergies de « flux », c'est aussi admettre que toujours pour citer D. Lincot « l'heure n'est pas à se servir de ce prétexte [des tarifs d'achat] pour remettre en cause l'intérêt même de la conversion photovoltaïque, mais au contraire à affiner les conditions permettant l'accélération de son développement en France, en maîtrisant la création de filières industrielles complètes et en s'appuyant sur une recherche de pointe, comme c'est le cas chez nos voisins allemands, mais aussi aux États-Unis, au Japon, en Corée et bien sûr en Chine »

Gaspillage.... Qui a gaspillé et qui gaspille?

« « Sauvons le climat » considère que rien ne justifie les sommes que l'on consacre au photovoltaïque » Ce serait du gaspillage... On croit rêver! Cette forme d'énergie a été jusqu'à très récemment le parent pauvre tant de l'investissement que de la recherche, d'où notre retard en la matière et le recours à des produits fabriqués ailleurs.
Par contre que dire des milliards engloutis dans le rêve prométhéen de Super-phénix? Des milliards gâchés dans la « mise au point » , si l'on ose dire, de ces réacteurs nouvelle génération, supposés être plus sûr mais qui peuvent nous exploser à la figure?
Cela dit, les tarifs de rachat ne sont qu'un outil incitatif temporaire parmi d'autres et tout le monde s'accorde pour penser que le « domaine doit être auto supporté » (D. Lincot) ou que « aucune technologie ne peut se développer durablement en étant subventionné indépendamment de sa réalité technico-économique » selon les termes du tract de la CGT mine-énergie. Il faut donc adapter les mesures d'accompagnement au contexte, ce que préconise D. Lincot, contexte que veulent ignorer tant la CGT que « Sauvons le climat », ce qui est déraisonnable ou masque simplement la volonté de condamner sans le dire le développement du photovoltaïque à une portion très congrue du mix énergétique futur. Si l'on est de bonne foi, si l'on veut réellement développer le photovoltaïque en France et ne pas faire semblant, il faut admettre avec D. Lincot que « les tarifs d'achat sont eux-mêmes un outil de soutien temporaire vers le développement auto supporté du domaine, et doivent donc être régulés, mais sur la base de la raison et non de l'anathème » (souligné par moi)

Un programme pour le photovoltaïque

Il est donc pour le moins scandaleux de déclarer ou de colporter que « les communes qui se flattent de mettre des panneaux PV sur les écoles y gagnent un peu financièrement mais enseignent à leurs élèves le gaspillage ». Rien ne vient étayer cette assertion même si l'on a des réserves à formuler sur cette filière énergétique, même si l'on est pas d'accord avec les mesures incitatives mises en place pour la développer.Le texte de « Sauvons le climat » est scandaleux, ne serait-ce par l'assertion que je viens de citer.

Que faut-il faire?

L 'exploitation de n'importe quelle forme d'énergie, renouvelable ou non, a des d'effets négatifs. Le photovoltaïque n'est pas la panacée et si le soleil inonde gratuitement de son énergie la Terre, l'exploitation de cette énergie n'est pas gratuite, pas plus que ne le sont les autres formes d'énergie.
La première chose à faire, c'est rechercher la « sobriété énergétique » mais il faut AUSSI développer le photovoltaïque, élément essentiel du mix énergétique du futur qui sera, par nécessité, un mix à base d'énergies de flux.
Il faut
- développer à Fontenay-aux-Roses le photovoltaïque bien moins timidement que nous le faisons aujourd'hui,
et de façon générale
- s'appuyer sur la dynamique créée par les tarifs d'achat et les autres mesures incitatives mises en place, 
- rappeler le caractère fondamentalement positif de cette filière énergétique, « pour poursuivre le développement du domaine en France à tous les niveaux, de l'industrie à la recherche, et promouvoir un déploiement innovant tant au niveau des particuliers que des collectivités »

Mardi 30 Novembre 2010 Commentaires (0)

« Le monde » titre « Réchauffement climatique : 56 % des Français se sentent menacés » au vu des résultats d'un sondage commandé à l'IFOP. Certes, c'est le pourcentage de réponses positives à la question « Le réchauffement climatique représentera-t-il une menace sérieuse pour vous et votre mode de vie? » Mais ce que montre d'abord ce sondage, c'est que bien que considérée sérieuse cette menace n'est pas celle qui préoccupe le plus les Français dans le domaine de l'environnement. Ce qui les inquiète le plus, c'est l'épuisement des ressources naturelles. A juste titre d'ailleurs.


Des Américains aveuglés, des Français clairvoyants?

L'opinion américaine n'a pas pris conscience de la gravité du réchauffement climatique et de la responsabilité des occidentaux en la matière. L'opinion française est bien plus éclairée. Cocorico. C'est une des leçons que veut nous faire gober Le Monde, leçon illustrée en première page par un dessin des plus parlants. Est-ce si simple?

Selon un des responsables d'IFOP qui commente le sondage qu'il a réalisé, si les Américains ont moins peur du changement climatique que les Français, c'est parce qu'ils sont moins soumis au « lobbying actif des industries du pétrole et du charbon qui travaillent l'opinion ». « En France, ajoute-il, le Grenelle de l'environnement a permis une tout autre pédagogie ». En d'autres termes alors que les industries du pétrole et du charbon « bourrent le mou » aux Américains, en France on apprend aux gens, on leur fait prendre conscience de la véracité des oracles du GIEC. Le tout asséné sans preuve aucune !
Les présupposés du commentateur de l'IFOP sont donc :
(a) les prédictions du GIEC sont correctes, les « climato-sceptiques » divers et variés ont tort,
(b) faire admettre ces prédictions, c'est de la pédagogie. Montrer les incertitudes, ou les raisons d'en douter, c'est de la propagande.
Ces présupposés définissent le cadre dans lequel le sondage est interprété dans le journal et celui dans lequel a été réalisée l'émission de France Inter.

Pédagogie ou propagande nucléocrate

Une autre interprétation de cette prétendue clairvoyance de l'opinion est possible.
Parmi les plus acharnés propagandistes de la menace que feraient peser sur le climat nos émissions de gaz à effet de serre, il y a les nucléocrates du CEA, d'AREVA, d'EDF et tous ceux qui de près ou de loin ont des intérêts dans la filière nucléaire depuis que l'on nous affirme qu'elle a un bilan carbone favorable.
Pour être édifié, il suffit de lire la prose du CEA d'écouter les dirigeants d'AREVA.. Anne Lauvergeon, par exemple. Alors que les écologistes Français et Allemands manifestaient sur le passage du train de déchets radioactifs « retraités » à La Hague, elle s'est cru autorisée à leur donner une leçon d'écologie « la vraie lutte, c'est le changement climatique » a-t-elle asséné. On peut aussi consulter les états de services des dirigeants de l'association « Sauvons le climat », tous des anciens qui du CEA, qui d'EDF, qui d'AREVA ou de quelque officine associée. Ces gens là veulent sauver le climat en irradiant la planète. Hier, les nucléocrates nous ont vendu leur buisness mortifère au nom de l'indépendance énergétique d'une France ….sans uranium. Aujourd'hui, ils veulent nous l'imposer en nous servant la menace climatique.
On pourrait donc tout aussi bien dire que si les Français ont plus peur du changement climatique que les Américains, c'est aussi parce qu'ils sont soumis à un lobbying intense des nucléocrates beaucoup plus nombreux et beaucoup mieux organisés en France, pays proportionnellement le plus nucléarisé du monde. Un pays qui a beaucoup (trop) misé sur cette technologie. Pour l'industrie nucléaire française, les cassandres du GIEC sont une bonne aubaine, un argument publicitaire pour vendre sa technologie à l'étranger et la faire admettre par des autochtones toujours très réticents. Une majorité de Français reste en effet opposée au développement de cette filière énergétique.
Il est réconfortant de voir que les nucléocrates ne réussissent pas vraiment leur coup. Certes, le changement climatique figure en tête du hit-parade des risques perçus par la population, mais le nucléaire fait toujours partie de ces risques.

Questions

Il est un peu déconcertant de voir que des risques avérés tels que l'amiante, la pollution de l'air, etc. qui relèvent de la prévention sont loin derrière les risques putatifs liés au changement climatique dans les préoccupations des Français.
La question intéressante qu'il aurait fallu poser – mais que les journalistes et le faiseur de sondage se gardent bien de faire – serait de savoir sur quoi se fondent ceux qui mettent en avant le climat comme menace principale. N'y aurait-il pas une confusion entre les aléas météorologiques que nous subissons de temps à autre et l'évolution du climat?
Pourquoi d'ailleurs mettre en avant cette menace climatique alors que si on lit bien l'article la préoccupation environnementale qui vient en premier n'est pas le changement climatique mais l'épuisement des ressources naturelles (31% contre 26 % pour le changement climatique). On ne peut que constater que le titre de l'article amène à une lecture biaisée du peu que l'on nous donne du sondage. Certes, le changement climatique constitue une menace pour 56% des Français mais ce n'est pas celle qui les préoccupe en priorité. Dès lors, c'est un sondage sur la principale préoccupation qu'il aurait fallu réaliser.
Pourquoi la hiérarchie des peurs est-elle celle qui apparaît dans le sondage? Le Monde ne pose même pas la question.
Il « souligne un clivage entre génération : les plus jeunes sont les plus inquiets ». Vue la question posée il faut ajouter « pour les conséquences que ce changement climatique risque d'avoir sur eux ». En effet, on demandait aux gens : « Le réchauffement climatique représentera-t-il une menace sérieuse pour vous et pour votre mode de vie? » Beaucoup des questionnés savent que, sauf emballement, les perturbations les plus graves sont prédites dans un avenir encore assez éloigné, les plus âgés répondent en toute logique qu'eux mêmes et leur propre mode de vie ne sera que peu menacés. Et pour cause... Inutile de gloser d'avantage !

Une dernière question en conclusion: qu'ont cherché à faire Le Monde et son associé France inter en faisant réaliser ce sondage et en l'interprétant d'une façon aussi biaisée? Je laisse à chacun le soin d'y répondre.

Lundi 22 Novembre 2010 Commentaires (0)

Malgré l'opposition des élus EE / Les Verts, le Conseil Régional a voté en commission permanente une subvention de 4 millions d'euros en faveur de 90 stations d'autolib en dehors de Paris. Il aurait mieux valu investir ces sommes dans la mise à niveau des transports en commun et en particulier la ligne 13 de métro et le RER B, les deux plus gros points noirs de la Région. Contrairement à ce qu'affirme JP Huchon, cette subvention n'a rien de social : seuls les gens aisés pourront se payer ce service. Le président de la Région a l'impudence de la présenter comme s'intégrant dans une politique environnementale. De deux choses l'une : ou il ignore ce qu'est une politique environnementale ou il prend les gens pour des imbéciles.



Le groupe des élus Europe Écologie - Les Verts a indiqué dans un communiqué de presse que «  Pour les écologistes, Autolib est une fausse bonne idée visant à transposer le modèle du Vélib à celui de la voiture. Or ce qui marche pour le vélo ne marche pas forcement pour la voiture. Posant le problème de la recharge et du recyclage des batteries, Autolib coutera à l’usager l’équivalent d’une course de taxi, mais provoquera l’usage d’énormes camions pour réapprovisionner les stations vides, paralysant encore plus le trafic et neutralisant tous les efforts réalisés pour diminuer l’empreinte carbone des déplacements franciliens. »

Le groupe EELV précise aussi : « Les écologistes ne considèrent pas Autolib comme une alternative à la possession d’une voiture individuelle. Il ne s’agit que de la rajouter dans la chaine des transports publics existant, en privant ces derniers de moyens utiles à leur amélioration. Les écologistes sont favorables à l’autopartage, qui consiste à déposer le véhicule là où il a été emprunté. Ce système permet d’éviter les déplacements à vide, de se substituer par une logique de partage à l’usage de la voiture individuelle et de ne pas concurrencer les transports en commun.  »
Ces déclarations sont en cohérence avec les positions du groupe Les Vert de l'agglo Sud de Seine (cf.dans la rubrique Sud de Seine de ce blog mes interventions sur le sujet).
Ne vous y trompez pas. Si vous voulez de réelles avancées dans le domaine de l'environnement, c'est aux vrais écologistes qu'il faut donner votre confiance.

Vendredi 19 Novembre 2010 Commentaires (0)

L'Agence de la sécurité alimentaire européenne a donné un avis favorable pour la consommation animale et humaine à trois maïs OGM de Monsanto sur la base de données fournies par cette firme, données qui s'avèreraient insuffisantes établir leur innocuité selon les travaux du Professeur Séralini. Depuis la publication de ses résultats, ce dernier est l'objet d'attaques et de pressions morales inacceptables qui vont jusqu'à tenter de remettre en cause ses possibilités de recherche. Le Professeur Séralini a décidé de porter plainte. Voici le texte d'un appel à le soutenir émanant de nombreuses associations et partis écologistes ainsi que de partis de gauche.



APPEL A MOBILISATION
Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise
contradictoire, venons soutenir le Professeur GILLES-ÉRIC SÉRALINI
23 novembre 2010
12H devant le TGI de Paris, Ile de la Cité, rue de Lutèce
14H30 réunion publique (Péniche Alternat, Quai de la Tournelle)


La controverse entre chercheurs, organisée au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs essentiels de la construction des savoirs. Pour être reconnu, un résultat doit avoir résisté à toutes les tentatives d’invalidation par les collègues. Plus encore, lorsque des travaux scientifiques ont des conséquences sociales, économiques et politiques importantes, la possibilité de développer ces postures critiques et de garantir les conditions d’une expertise pluraliste, devient le garant d’un bon fonctionnement démocratique.
Comment prendre les bonnes décisions lorsque certaines voies de recherche sont systématiquement écartées, avant même d’avoir été sereinement explorées ?
En matière d’étude de l’effet des plantes génétiquement modifiées sur la santé, ce respect de la controverse scientifique n’est pourtant pas de mise. La grande majorité des chercheurs qui publient des résultats suggérant des effets d’organismes génétiquement modifiés (OGM) sur la santé ou l’environnement, jusqu’alors insoupçonnés est la cible de campagnes de dénigrement provenant de membres influents de la communauté scientifique. La France n’est pas en reste comme en témoigne la situation actuelle de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen et co-directeur du Pôle pluridisciplinaire « Risques », spécialisé dans l’étude des effets des pesticides et OGM sur la santé. G-E Séralini et ses collègues ont mené des contre-expertises de données fournies par Monsanto pour justifier de la commercialisation de 3 de ses maïs OGM (MON 863, MON 810, NK 603). Ces contre-expertises remettent en question la capacité pour ces données de démontrer formellement l’innocuité des trois maïs (suivi des rats trop court, puissance de l’analyse statistique insuffisante). Contrairement aux analyses réalisées par la firme, les travaux de G-É Séralini et de ses collègues ont été soumis au processus d’évaluation critique par les pairs avant d’être publiés en 2007 et en 2009. Ces résultats interrogeant le bien fondé des autorisations octroyées par la Commission Européenne sur avis de l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) pour la consommation animale et humaine de ces trois maïs, il n’est pas étonnant qu’ils aient suscité de vives réactions de Monsanto, de l’EFSA ainsi que d’autres organismes de contrôle des aliments et d’évaluation des OGM à travers le monde. Mais depuis quelques semaines, G-É Séralini est également la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique, et en particulier de l’Association Française des Biotechnologies Végétales, parrainée par des chercheurs bien connus comme Claude Allègre et Axel Kahn, et présidée par Marc Fellous, professeur de génétique et ancien président de la Commission du Génie Biomoléculaire (chargée d’évaluer les OGM avant le Grenelle de l’Environnement).
Face à ces attaques extrêmement violentes allant jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de ses travaux de recherche (position académique, financements), G-É Séralini a décidé d’intenter un procès en diffamation à Marc Fellous. Ce procès aura lieu le 23 novembre à 13H30 au Tribunal de Grande Instance de Paris.

PROGRAMME DE LA JOURNÉE
Journée de soutien à G-é Séralini le 23 novembre 2010

11H : Conférence de Presse avec Gilles-Éric Séralini, Christian Vélot et Pierre Méneton
à l’école Nationale de la Magistrature (Ile de la Cité, Quai aux Fleurs)

12H : Rassemblement devant le Tribunal de Grande Instance, Ile de la Cité, rue de Lutèce

13H30 : Début du procès

14H30 : Réunion publique « Expertise scientifique et décisions politiques »
Péniche Alternat, Quai de la Tournelle (Pont de l'Archevêché /Pont de la Tournelle).
c Interventions de scientifiques et élus
c Interventions des témoins de G É Séralini à leur sortie du tribunal
c Interventions de G- É Séralini à l’issue du procès

Lundi 15 Novembre 2010 Commentaires (0)

Le 4 novembre s'est tenue à la mairie d'Issy-les-Moulineaux la deuxième séance de la Commission locale d'information (CLI) du CEA de Fontenay-aux-Roses (CEA/FAR). C'était la première plénière de travail de cette commission après la séance inaugurale d'installation en février dernier. Bien que le CEA/FAR se soit réjoui de l'existence de cette Cli, il n'a guère fait preuve de transparence dans ses réponses aux élus et aux associations au cours des débats. S'il se réjouissait, c'était peut être parce qu'il espérait nous bercer avec le sempiternel crédo des gestionnaires de sites : "Tout va bien : toutes les mesures de sécurité sont prises" C'était sans compter sur les représentants d'associations et les deux élus Verts membres de la commission (Marc Lipinski pour la Région et moi-même Jean-François Dumas pour Sud-de-Seine).



La CLI

Depuis 1999, le CEA de Fontenay se dénucléarise. Il décontamine et démantèle ses installations nucléaires de base. La Cli est une instance officielle d'information et de concertation en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et d'impact des activités nucléaires sur les personnes et l'environnement, en l'occurrence la dénucléarisation et le démantèlement des installations nucléaires de base (INB) du site de Fontenay-aux-Roses. Cette Cli succède à une autre instance de concertation l'ICIS qui suivait les travaux de démantèlement. Elle est composée d'élus, de représentants de l'ASN , de l'IRSN, d'associations environnementales et de quartiers, de représentants des syndicats et bien sûr de représentants du CEA/FAR.

Pour un fonctionnement démocratique et transparent de la CLI

L'orientation budgétaire et les questions autour de la construction du site internet de la commission nous ont donné l'occasion d'obtenir des garanties sur le pluralisme de l'information et de la formation ainsi que sur le fonctionnement démocratique de la commission garanti par une bonne circulation de l'information. Il restera à s'assurer que ces garanties seront bien mises en œuvre. Le Président a fait beaucoup de promesses sur ces sujets. Il faudra qu'il les tiennent.

Aucun engagement précis sur les délais : le démantèlement , un véritable travail de Pénélope, jamais achevé...

A l'issue de son exposé sur l'état d'avancement du chantier de dénucléarisation, la directrice du CEA/FAR fut questionnée sur les délais de son achèvement. Il faut rappeler que selon l'échéancier présenté en 1999, tout devait être terminé ...cette année ! Aujourd'hui, on nous parle de 2017, 2018.

Pressée d'être plus précise, la directrice du CEA/FAR n'a pas voulu ou pu l'être. Elle ne garantit même pas 2018, se bornant à affirmer qu'elle ne veut pas s'engager sur des délais parce que la sécurité prime et peut retarder les choses. Pour en savoir un peu plus, Il faut lire le rapport de 2009 de l'ASN. Disons pour faire bref que l'ASN est le gendarme du nucléaire chargé de faire respecter la réglementation et de veiller à la sûreté des divers sites nucléarisés. Ce gendarme lui-même commence à s'impatienter :«  L'ASN insiste sur le fait que la maîtrise globale des délais inhérents au programme de démantèlment doit être garantie, malgré les aléas propres aux filières de prise en charge des déchets et de disponibilité des emballages de transport.  »
Les motifs de retard donnés à l'ASN diffèrent donc sensiblement de celui avancé devant la CLI. Le respect de la sécurité a bon dos ! Il semblerait que les vrais problèmes soient la saturation des centres de stockage existants et des problèmes de transport. À qui le CEA/FAR a-t-il donné les vraies raisons de son incapacité à s'engager sur une date pour la fin du démantèlement du Centre? A l'ASN ou à la CLI? Ni à l'une ni à l'autre?

Stockage ou entreposage?

Si aux yeux d'un profane, il y a peu de différence entre ces deux termes, dans le domaine du nucléaire, ils n'ont pas du tout les mêmes implications. L'entreposage n'est, comme son nom l'indique, que provisoire. Le stockage est destiné sinon à être définitif, du moins il est pour une durée indéterminée. Du point de vue de la sûreté nucléaire les règles qui régissent l'un et l'autre sont différentes. Pour le stockage, elles sont évidemment plus drastiques. Au CEA/FAR, les déchets de la décontamination et du démantèlement des INB sont entreposés sur le site. Le CEA/FAR est très sourcilleux sur les termes et corrige vivement si vous prononcez « stockage » Mais un entreposage qui dure trop longtemps n'est-il pas un stockage dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes du point de vue de la sûreté? On comprend dès lors le mécontentement de l'ASN lorsque le CEA/FAR se révèle incapable de fournir un calendrier précis pour l'enlèvement de tous ces résidus.

Et le coût de tout cela? Énorme et flou...

Pas plus qu'elle n'a voulu s'engager sur un calendrier précis, la directrice du CEA/FAR n'a voulu donner de précision sur le coût de l'opération. Malgré des demandes réitérées, elle se borna à dire que les estimations de départ seront dépassées . Étant donné que les délais sont presque multipliés par deux, on s'en doutait. Mais de combien? Mystère... Mystère même sur l'estimation initiale, qu'elle n'a pas voulu préciser. Je vais le faire ici à sa place. Lors de sa conférence de presse de Janvier 1999, le directeur du CEA/FAR de l'époque avait avancé la somme énorme de 910 millions de francs (138,3 millions d'euros) qui devait être abondée chaque année sur décision gouvernementale. La dérive financière du chantier est-elle si importante qu'elle oblige la direction actuelle à être bien moins précise et beaucoup plus cachotière?
Sur le coût global du chantier, les sommes dépensées jusqu'à présent, sur la question de savoir comment ces sommes sont financées et par qui, nous n'aurons rien appris au cours de cette séance de la CLI. Je reposerai donc ces questions publiquement dans le cadre de la CLI ou ailleurs, chaque fois que j'en aurai l'occasion.

Un numéro bien au point

S'il est bien peu prolixe en ce qui concerne l'aspect financier du chantier, le CEA/FAR l'est beaucoup plus lorsqu'il s'agit de détailler les mesures de surveillance de l'environnement et leurs résultats. Le numéro du responsable environnement est bien au point avec assez de becquerels, gigabecquerels, μs, d'activité α, β, γ, de 7Be, 40K, 137Cs, etc. pour méduser le profane et le laisser sans voix lorsque la conclusion arrive : Tout va bien, les rejets radioactifs dus au Centre sont insignifiants, très loin des autorisations. Depuis que les laboratoires nucléaires sont à l'arrêt, c'est vrai. Heureusement d'ailleurs. Dans le cas contraire, cela voudrait dire que quelque chose d'anormal et de grave s'est produit lors des opérations de démantèlement . Cela n'a, Dieu merci, jamais été le cas jusqu'à présent. Mais demain?

Les demandes de l'ASN

À l'issue de ses inspections, l'ASN envoie aux directeurs des sites contrôlés une « lettre de suite de mission  »qui comprend une synthèse de l'inspection, des questions et des demandes ( qui sont en fait des ordres) assorties d'un délai pour répondre. La réponse de l'inspecté consiste en une description des mesures prises ou qu'il s'engage à prendre. Ces lettres sont mises en ligne sur le site de l'ASN où tout le monde peut les lire et les télécharger. Par contre, l'ASN ne publie pas les réponses des inspectés parce qu'elles sont de leur responsabilité, comme est de la responsabilité de ces inspectés de rendre publiques ou non leurs réponses.
La dernière inspection du CEA/FAR a eu lieu le 30 juin 2010 sur le thème de la gestion des déchets. À la lecture de la lettre qui a suivi, on peut constater que si cette gestion est globalement assez correcte, elle est cependant loin d'être parfaite. Ce qui a posé problème aux inspecteurs de l'ASN, c'est la manière dont étaient entreposés des futs de solvants et d'autres, violets, aux contenus indéterminés dans un local passablement saturé. Certains de ces fûts étaient posés à même le sol. Les inspecteurs veulent savoir si le cuvelage en béton est suffisant pour supporter le poids des fûts entreposés. Ils s'interrogent aussi sur la stabilité de l'empilement des fûts sur trois rangs de hauteur.
C'est évidemment la perte d'étanchéité des fûts et du cuvelage lors d'un effondrement d'une pile ou de tout l'empilement des futs, voire de celle du béton du cuvelage à cause du seul surpoids qui font problème.

Le refus du CEA/FAR de présenter à la CLI la réponse qu'il avait donné aux demandes del'ASN sur ce sujet.

Cette perte d'étanchéité et la diffusion dans le sous-sol de liquides contaminés pourraient avoir de graves conséquences environnementales. En effet, le CEA/FAR est construit sur une butte de sable de Fontainebleau (le coteau du Panorama) qui repose sur des marnes imperméables. Entre ces marnes et le sable, il y a une nappe phréatique dont le trop plein s'écoule à la Fontaine des Bouffrais à Fontenay et dans l'étang Colbert au Plessis. Les solvants contaminés diffuseraient à travers le sable et rencontreraient l'eau de la nappe phréatique qui serait contaminée et qui en s'écoulant par ses exutoires répandrait cette radioactivité dans l'environnement.
C'est pourquoi, après avoir rappelé cela, j'ai interrogé les représentants du CEA sur la réponse et les mesures prises suite aux demandes de l'ASN sur ce problème de l'entreposage de solvants radioactifs dans le bâtiment 10. En vain, les représentants du CEA n'ont pas voulu ou n'ont pas pu répondre à cette question précise. Les généralités qu'ils ont énoncées étaient si vagues que le Président de la CLI a déclaré qu'il allait organiser une réunion du groupe de travail « Science et technologie » à laquelle je serai invité et au cours de laquelle le CEA devra répondre à ces questions. J'ai demandé que lors de cette réunion le CEA/FAR réponde aussi à d'autres questions que l'on est en droit de se poser lorsque l'on lit les lettres d'après missions de l'ASN concernant la gestion des déchets et leur confinement, leur transport et les risques d'incendie. Ce sont ces trois thèmes qui sont les plus importants pour les habitants de Sud de Seine. Pour le premier, on vient de le voir sur un cas particulier. Pour le second parce que les convois empruntent la voirie de nos villes, pour le troisième parce que selon le PPI du CEA/FAR, c'est le cas principal où une contamination de l'air pourrait se produire affectant un large périmètre autour de l'INB en cause.
J'attends avec impatience cette réunion dont je communiquerai les résultats sur ce blog.

Lundi 8 Novembre 2010 Commentaires (0)
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