En décembre 2022, le Conseil et le parlement européen se sont mis d’accord sur le texte d’une loi interdisant l’importation de produits issus de zones déforestées. Sont visés : huile de palme, bœuf, bois, café, cacao, caoutchouc et soja ainsi que un certain nombre de produits dérivés tels que le chocolat, les meubles, le papier imprimé et certains dérivés à base d'huile de palme.1
Cette loi a été aussitôt célébrée par les écologistes occidentaux et les ONG environnementalistes comme une avancée majeure dans la lutte contre la déforestation importée. Sous l’apparence louable de la lutte contre cette déforestation il s’agit en fait d’un bel exemple d’une forme d’écologie colonialiste, européenne dans le cas présent, matinée de protectionnisme pour des produits comme le bœuf !


Bien entendu, il est nécessaire d’enrayer la déforestation partout où elle se produit au Sud comme au Nord mais la façon de procéder de l’UE qui tente de profiter de sa position de force sur le marché mondial pour contraindre les pays du Sud à des comportements « vertueux » qu’elle-même est loin d’avoir relève non seulement d’une approche colonialiste du problème mais sera de plus inefficace parce qu’elle fait bon marché de la dimension sociale du problème et croit pouvoir se passer de l’avis et de la participation des populations concernées. 2
 
Rien d’étonnant à ce que des ONG Greenpeace et WWF dont les ingérences dans les affaires de pays émergeants ou en voie de développement sont notoires aient salué « une première avancée » vers une protection mondiale des forêts. Première avancée, parce que jamais contentes et sans cesse dans la surenchère, elles voudraient encore plus. 3

Plus étonnant, cette loi a été également encensée par des députés européens du Parti populaire européen (droite – PPE) dont l’écologie n’est pourtant pas une préoccupation majeure lorsqu’il s’agit de leur propre territoire. Même d’Emmanuel Macron n’a pu s’empêcher de lancer un cocorico : « la France a montré la voie » s’est-il auto-félicité sur les réseaux ! Une telle unanimité n’est-elle pas quelque peu suspecte lorsque ce sont des pays du Sud qui sont principalement visés ? 4
 

Tout en ne remettant pas en cause la nécessité de lutter contre la déforestation, d’autres ONG comme Fairtrade/Max Havelaar ou Fern sont soucieuses du devenir des petits paysans producteurs de café et de cacao. Elles ont sur cette loi une opinion beaucoup plus nuancées que les ONG environnementalistes. Fairtrade/Max Havelaar souligne que « la déforestation ne sera pas combattue en interdisant les importations de cacao et de café provenant de familles de petits exploitants vivant dans la pauvreté », ce qui risque d’arriver avec la mise en application de ce règlement européen pris sans concertation avec les coopératives et association de producteurs comme avec les gouvernements concernés qui font preuve de réticences.5
 
Même constat pour Fern qui s’inquiète du devenir des petits producteurs vietnamiens de café6 «Nous sommes particulièrement préoccupés par les conséquences potentielles du Règlement sur les petits producteurs [vietnamiens] et les communautés qui dépendent des forêts. » Ils ne pourront pas satisfaire aux exigences de cette loi que d’ailleurs la plupart ignorent, tout comme l’ignorent également les gardes forestiers : « Il faut savoir que les gardes-forestiers ne sont pas non plus au courant des exigences de l’EUDR [Règlement de l’UE sur les produits « zéro déforestation »] ». Ils sont conscients des problématiques liées à l’eau et à la déforestation, mais compte tenu de la grande pauvreté des petits producteurs issus de minorité ethnique, la priorité est donc donnée aux opportunités permettant à ces derniers d’augmenter leurs revenus et leurs moyens d’existence » et parmi celles-ci l’octroi de parcelles de forêt «Dans ces régions, les producteurs empiètent progressivement sur les forêts parce qu’ils reçoivent des parcelles forestières qu’ils convertissent en plantations de café » Les débouchés de leur production sur le marché européen risquent donc d’être fermés, ce qui sera catastrophique pour eux alors que cette déforestation est légale selon les lois de leur pays.
 
Même chose pour les petits producteurs d’huile de palme indonésiens : « nous craignons la marginalisation potentielle des petits producteurs d’huile de palme qui risquent d’être négativement affectés par le Règlement. En Indonésie, la plupart des petits producteurs sont issus des Peuples autochtones et l’agroforesterie, qui mêle cultures arboricoles et agricoles, fait partie des moyens qu’ils ont pour gagner de l’argent. Ainsi, la définition stricte de la déforestation telle que décrite dans l’EUDR est problématique pour eux. » 7
 
Pour les producteurs et les associations qui portent leur voix comme pour les gouvernements des pays concernés, il y a unanimité pour réclamer une concertation et regretter que celle-ci n’est pas eu lieu, l’UE les mettant devant le fait accompli. Ainsi pour l’Indonésie : « le Règlement a été élaboré de façon unilatérale sans aucun dialogue entre l’UE et les pays producteurs. D’après nos échanges avec le gouvernement indonésien, nous savons que cette situation ne lui plaît pas non plus. Nous pensons que cela dénote un manque de respect vis-à-vis du travail acharné accompli par les Indonésiens de tous horizons (société civile, secteurs du bois et de la foresterie, autorités, etc.) pour mettre en œuvre le plan d’action relatif aux réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (FLEGT). »8
 
Ce mépris total de l’UE vis-à-vis des populations et des pays impactés par ses décisions se manifeste de façon criante dans sa façon d’agir vis-à-vis du Vietnam. Selon Fern : « la VICOFA (Vietnam Coffee-Cocoa Association) n’est pas au courant de l’existence du EUDR. Ses membres disent qu’ils ont reçu un courriel de l’Europe mais qu’ils n’ont pas pu comprendre son contenu étant donné qu’ils ne parlent pas anglais. »9
 
De toute façon, il n’est pas dans les intentions de l’UE de négocier quoi que ce soit. Il suffit pour s’en convaincre de citer ce qu’a écrit l’eurodéputé Renew président de la commission Environnement du parlement européen, Pascal Canfin pour qui ce règlement « va fermer les portes de notre continent – le plus grand marché du monde rappelons-le – aux produits du quotidien ayant le plus d'impact sur la déforestation dans le monde si leur importateur ne sont pas capables de démontrer, documents satellitaires et géolocalisation à l'appui, qu'ils ne sont pas issus de zones déforestées » (les fautes d’accord sont de Canfin mais c’est moi qui souligne). Il considère que « c’est radical » et compte « utiliser la force de notre marché pour peser sur la mondialisation » (en gras dans le texte)10.
Pas question donc de tenir compte ni des lois environnementales des pays concernés et de leurs décisions concernant l’usage des sols sur leur territoire, ni de l’avis des producteurs visés, ni non plus de négocier des délais ou des assouplissements prenant en compte les situations locales. C’est la politique du fait accompli reposant sur un rapport de force dans lequel l’Europe exige des autres ce qu’elle-même n’a même pas réussi à faire et dont les forêts anciennes se résument aujourd’hui à des confettis mal protégés et mis en danger avec le développement du bois énergie.11
 
En recourant à des données satellitaires et des géolocalisations fournies par des satellites espions comme preuve que les produits visés ne proviennent pas de parcelles déforestées après la date buttoir du 31 décembre 2020, l’UE se permet une ingérence supplémentaire. Comme l’écrit François-Michel Le Tourneau  : « l’UE considère qu’elle peut définir à la place des États ce qu’ils devraient faire ou non de leur espace naturel, y compris en l’observant à distance pour mener ses contrôles. »12 Tout cela au nom d’une «défense du climat» et d’une préservation de la biodiversité chez les autres. Avant d’appartenir au « patrimoine mondial de l’humanité », la biodiversité de la ceinture tropicale appartient aux populations autochtones qui y vivent. La considérer comme un « bien commun », c’est spolier ces populations. C’est à elle de gérer ce « bien », leur bien, comme elles l’entendent, à elles de faire les arbitrages qui leurs conviennent entre le développement économique, la justice sociale et la préservation de leur espaces naturels. Faute de l’avoir compris, la réglementation de l’UE à toutes les chances d’être peu efficacee pour atteindre le but avoué : la réduction de la déforestation dans la ceinture tropicale de la planète.
 
Ce n’est pas pour des raisons technologiques qu’elle manquera son but :
1°) Les satellites espions d’Airbus que l’UE compte utiliser pour réaliser ses contrôles sont capables de déterminer la nature du couvert forestier, le type de culture des parcelles avec « le niveau de finesse nécessaire pour comprendre très précisément ce qui arrive au niveau forestier à l'échelle mondiale » comme s’en vante la responsable des relations européennes de la firme. Si le contrôle à distance voulu par l’UE échoue, cela est dû à l’impossibilité de contrôler à distance la traçabilité du produit exporté13.
 
Pour le cacao par exemple, François Ruf, économiste au Cirad, spécialiste du cacao doute de l'applicabilité de la législation européenne. Voici ce qu’il a déclaré à RFI : « cela voudrait dire qu’il y a une traçabilité parfaite et que l’Europe serait capable de déterminer si une fève de cacao ou un sac de cacao, vient d’une plantation qui a été créée il y a plusieurs années, et non pas sur une parcelle qui a été défrichée après la date qu’ils ont choisie en 2020. C’est impossible à déterminer dans le contexte actuel des pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana». Les anciennes forêts classées de ces pays « produisent du cacao en masse ; le cacao sort par des pistes piétonnières et une fois qu’il est sorti du périmètre de la forêt classée, il est mélangé avec le reste ; et il n’a rien qui ressemble plus à une fève produite en forêt classée qu’une fève produite dans le domaine dit rural ! »14
 
Pour le bœuf et le soja brésilien, il en va de même.  Pour François-Michel Le Tourneau « On ne doute absolument pas de la grande précision des données géographiques qui seront produites. Mais l’association de telle ou telle carcasse de viande ou telle ou telle cargaison de soja à des parcelles interdites risque d’être plus délicate. » Ceux produits sur des parcelles déjà défrichées illégalement au regard des lois du Brésil sont mis sur le marché en dissimulant leur origine par diverses techniques. Les autorités brésiliennes qui sont pourtant sur place a bien du mal à détecter les fraudes et l’on peut douter fortement que l’EU y réussira mieux, elle qui ne peut faire de contrôle qu’à distance. « On peut se demander s’il n’y a pas un peu d’illusion technologique dans cet aspect de la législation » conclut F. M. Le Tourneau.15
 
2°) L’importance du marché européen n’est pas la même selon les produits concernés. Par exemple, si pour le cacao et le café la part du marché européen est prépondérante16 /17, ce n’est pas le cas pour bois tropical où la part de l’Europe est très faible dans la consommation mondiale (entre 4 et 5 % de la consommation mondiale de grumes, sciages et contreplaqués, en équivalent bois rond)18. Il faut donc relativiser les affirmations des tenants du règlement UE sur la déforestation importée estimant que l’UE était « le plus grand marché du monde ».
 
François-Michel Le Tourneau montre que dans le cas du Brésil, cette affirmation est fausse en grande partie. Les deux vecteurs principaux de déforestation sont dans ce pays, le soja et le bœuf. Pour ce dernier et pour le soja en grain, les parts du marché UE ne sont que de 14 % du soja brésilien et 8,8 % de la viande bovine brésilienne alors que celles de l’Asie sont de de 80,6 et 62 %! Il n’y aurait que pour les tourteaux de soja que l’UE ferait presque que jeu égal avec la Chine 44,7 % contre 43 %, « mais les tourteaux et assimilés ne représentent que 14,4 % de la valeur combinée des exportations des trois produits »19 De plus croire que le règlement de l’UE pourrait faire des émules est peu vraisemblable selon cet auteur.
 
3°) Enfin au niveau mondial, « il y a seulement environ 20% de la déforestation qui est liée au commerce international. Donc, avant tout, les moteurs de la déforestation, c’est la consommation des pays producteurs eux-mêmes : c’est le Brésil qui consomme du bœuf, etc. » rappelle Alain Karsenty chercheur et consultant au CIRAD dans une interwiev à Rfi20
 
Ce n’est donc pas en « pesant sur le marché mondial », en jouant sur la mondialisation des échanges par le biais de mesures contraignantes sur les pays producteurs que sera stoppée de façon efficace et socialement acceptable la déforestation dans les pays de la ceinture tropicale. Ce règlement ne fera que permettre au consommateur européen de déguster du chocolat ou du café qu’il payera plus cher avec l’illusion de « ne pas contribuer à la disparition de forêts à l’autre bout du monde » !
 
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1 « Le Conseil et le Parlement parviennent à un accord provisoire visant à réduire la déforestation dans le monde » Conseil de l'UE, Communiqué de presse, 6 décembre 2022 https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2022/12/06/council-and-parliament-strike-provisional-deal-to-cut-down-deforestation-worldwide/?utm_source=pocket_reader
 
2 Précisons que l’on entend par « déforestation importée », la déforestation due à la demande de marchés distants, par exemple la déforestation de parcelles pour la culture du soja ou du cacao achetés en Amérique latine ou en Afrique et importés en Europe.
 
3 « Déforestation importée : l’Union européenne adopte une réglementation ambitieuse mais imparfaite » Greenpeace, Communiqué de presse, 6 décembre 2022 https://www.greenpeace.fr/espace-presse/deforestation-importee-lunion-europeenne-adopte-une-reglementation-ambitieuse-mais-imparfaite/  ; « La déforestation n’a plus sa place dans les chaînes d’approvisionnement de l’UE » Euractiv, 6 décembre 2022 https://www.euractiv.fr/section/energie/news/la-deforestation-na-plus-sa-place-dans-les-chaines-dapprovisionnement-de-lue/?utm_source=pocket_reader
 
4 « La déforestation n’a plus sa place dans les chaînes d’approvisionnement de l’UE » Euractiv, 6 décembre 2022 https://www.euractiv.fr/section/energie/news/la-deforestation-na-plus-sa-place-dans-les-chaines-dapprovisionnement-de-lue/?utm_source=pocket_reader

5 Jon Walker « La proposition de l'Union Européenne sur la déforestation doit faire plus pour les petits producteurs et productrices » Max Havelaar France, 10.03.2022 https://maxhavelaarfrance.org/actualites/a-la-une/la-proposition-de-lunion-europeenne-sur-la-deforestation-doit-faire-plus-pour-les-petits-producteurs-et-productrices?utm_source=pocket_reader
 
6 Vu Thi Bich Hop « Le règlement européen sur la déforestation ne doit pas mettre en péril les moyens de subsistance des producteurs de café vietnamiens » Fern, 15 décembre 2022 https://www.fern.org/fr/publications-insight/eu-deforestation-regulation-must-not-imperil-vietnams-coffee-farmers-livelihoods/?utm_source=pocket_reader
 
7 Abil Achmad Akbar, Sri Palupi « Le nouveau Règlement de l’UE contre la déforestation fait face à d’importants défis en Indonésie » Fern, 15 décembre 2022, https://www.fern.org/fr/publications-insight/the-eus-new-deforestation-regulation-faces-significant-challenges-in-indonesia/?utm_source=pocket_reader

8 Abil Achmad Akbar, Sri Palupi « Le nouveau Règlement de l’UE contre la déforestation fait face à d’importants défis en Indonésie » Fern, 15 décembre 2022, https://www.fern.org/fr/publications-insight/the-eus-new-deforestation-regulation-faces-significant-challenges-in-indonesia/?utm_source=pocket_reader
 
9 Vu Thi Bich Hop « Le règlement européen sur la déforestation ne doit pas mettre en péril les moyens de subsistance des producteurs de café vietnamiens » Fern, 15 décembre 2022 https://www.fern.org/fr/publications-insight/eu-deforestation-regulation-must-not-imperil-vietnams-coffee-farmers-livelihoods/?utm_source=pocket_reader
 
10 Pascal Canfin « Accord historique sur la première loi au monde contre la déforestation importée » 6 décembre 2022 https://www.linkedin.com/pulse/accord-historique-sur-la-premi%25C3%25A8re-loi-au-monde-contre-pascal-canfin/

11 Loïc Chauveau «L’Europe dénombre ses dernières forêts primaires », Science et Avenir, 06.06.2018, https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plantes-et-vegetaux/la-premiere-cartographie-des-forets-primaires-europeennes-vient-d-etre-publiee_124674?utm_source=pocket_reader
 
12 François-Michel Le Tourneau « Déforestation au Brésil : la législation européenne peut-elle changer la donne ? », The Conversation France, 2 janvier 2023,
 
13 Louise Sallé « Déforestation importée : l’UE compte sur l’imagerie satellite pour effectuer des contrôles » Europe 1, 7 décembre 2022 https://theconversation.com/deforestation-au-bresil-la-legislation-europeenne-peut-elle-changer-la-donne-197072?utm_source=pocket_reader
 
14 « Déforestation: le cacao ivoirien est-il conforme aux nouvelles règles imposées par l'UE ? » Rfi 07/12/2022 https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221207-d%C3%A9forestation-le-cacao-ivoirien-est-il-conforme-aux-nouvelles-r%C3%A8gles-impos%C3%A9es-par-l-ue?utm_source=pocket_reader

15 François-Michel Le Tourneau « Déforestation au Brésil : la législation européenne peut-elle changer la donne ? », The Conversation France, 2 janvier 2023, https://theconversation.com/deforestation-au-bresil-la-legislation-europeenne-peut-elle-changer-la-donne-197072?utm_source=pocket_reader
 
16 « L'Europe représentait 33% de la consommation mondiale de café en 2020/2021, soit un volume estimé à 3,244 millions de tonnes de café. Cela fait de l'Europe le plus grand marché du café au monde. L'Asie et l'Océanie se classent en deuxième position avec une part de marché de 22%, suivies de l'Amérique latine avec 20 % et de l'Amérique du Nord avec une part de marché de 19%. » https://www.cbi.eu/sites/default/files/market_information/researches/2021%20Coffee%20Statistics%20and%20Outlook%20FR.pdf
 
17 « Le cacao en chiffres » https://www.europarl.europa.eu/pdf/cocoa/cocoa_exp_in_fr.pdf
 
18 Denderwood « Les bois tropicaux : Importations & Tendances » https://www.oewb.be/sites/default/files/media-documents/04%20-%20Hicham%20Chine%20-%20Les%20bois%20tropicaux.pdf
 
19 François-Michel Le Tourneau « Déforestation au Brésil : la législation européenne peut-elle changer la donne ? », The Conversation France, 2 janvier 2023, https://theconversation.com/deforestation-au-bresil-la-legislation-europeenne-peut-elle-changer-la-donne-197072?utm_source=pocket_reader
 
20 https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invit%C3%A9-international/20221206-accord-de-l-ue-pour-lutter-contre-la-d%C3%A9forestation-toute-la-charge-va-reposer-sur-les-importateurs
 
 

Ajout le 3/01/2024

L’Union européenne ne se tromperait-elle pas de combat, ou d’époque ?

"Si cette nouvelle récession cacaoyère du Ghana se confirme, et si elle est relayée par de nouveaux booms, à commencer par celui du Liberia, elle sera une preuve supplémentaire de l’échec cuisant du « cacao durable » (https://revue-se same-inrae.fr/le-mythe-du-cacao-durable-1-2/) et donc de ses promoteurs : politiques publiques du Nord et du Sud, multinationales, agences de certification, bailleurs de fonds. La nouvelle régulation de l’Union Européenne interdisant la « déforestation importée » pourrait également s’avérer contre-productive. Si « l’or brun » du cacao issu des forêts ne peut plus partir vers l’Europe, ce sont des tonnes d’or jaune extrait de ces mêmes forêts qui s’envoleront pour Dubaï et la Suisse (Le Temps, 2020). L’Union européenne ne se tromperait-elle pas de combat, ou d’époque ? "
François Ruf, Revue Sésame  3 janvier 2024
 

Mercredi 11 Janvier 2023 Commentaires (0)
Au départ il y avait un lien formel entre cette taxe et le mécanisme de soutien aux ENRi nommé « Obligation d’Achat » par lequel le fournisseur historique EDF est dans l’obligation d’acheter les surplus ou la totalité des productions d’électricité renouvelables selon un tarif donné qui a été longtemps supérieur au prix du marché, l’Etat remboursant EDF de ce manque à gagner. L’Etat finançait ainsi les obligations d’achat EDF, en payant l’écart entre le prix d’achat d’EDF et le prix sur le marché de l’énergie. Mais l’opération était blanche pour elle. Elle se remboursait à son tour par une taxe payée par les consommateurs d’électricité : la CSPE. Entre 2002 et 2021, Cette CSPE a enregistré une hausse de 650% !

Cette « obligation d’achat » avait pour objectif de soutenir la filière industrielle des ENRi (énergie,nouvelles renouvelables intermittentes) et inciter les petits producteurs et particuliers à produire un surplus de consommation pour le revendre à EDF et ainsi, en tirer des revenus.
Les superprofits des promoteurs de l’éolien et du solaire ont donc été pris ni dans la poche d’EDF qui est remboursée (en principe !) par l’état du manque à gagner, ni dans celle de l’état qui rembourse EDF mais dans celle des consommateurs, c’est-à-dire nous tous, via la CSPE. Nous avons donc été contraints de soutenir financièrement le développement de ces énergies quoi que nous puissions penser de leur utilité.

Cerise sur le gâteau, les particuliers aisés, heureux propriétaires d’une villa bien isolée au toit couvert de panneaux voltaïques tiraient ainsi un revenu de la consommation d’un locataire d’une HLM, passoire thermique !

Ce mécanisme a été modifié mais fonctionne en gros encore de la même manière.

Depuis l’explosion brutale et inattendue du prix de l’électricité sur le marché, le prix garanti par les Obligations d’Achats (devenues  par la suite en Complément de rémunération) se trouve bien inférieur au prix du marché. C’est alors le producteur d’ENR qui rembourse le surplus à l’état. Ainsi, quand les prix de l’énergie électrique flambent, l’Etat gagne des milliards d’euros grâce aux énergies renouvelables. L’état l’engrange sans le redistribuer par une CSPE qui devrait être négative !
 

Elle ne le sera pas. Depuis la réforme de 2016, la taxe TICFE taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité, nouveau nom de la CSPE, alimente le budget général de l’État d’une part et les charges de service public de l’énergie constituent une des dépenses du budget général de l’Etat d’autre part. Il n’existe plus de lien formel entre les deux au nom de la règle budgétaire de non-affection : au sein du budget général de l’État, les recettes ne peuvent être affectées à des dépenses en particulier.

Et donc pas question de voir une TICFE (CSPE) négative sur nos factures, sauf à descendre dans la rue pour la réclamer ! Mais quand on sait comment ont été traités les Gilets Jaunes lorsqu’ils se sont insurgés contre les augmentations insensées de la taxe « carbone » pesant sur les carburants.

Nous avons payé les hachoirs à oiseaux et les miroirs aux alouettes mais pas question de récupérer la manne qu’ils rapportent au budget de l’Etat contre toute attente!  Elle s’élève tout de même  à 31 milliards d’euros pour 2022 – 2023! L’Etat peut donc bien réduire cette taxe au plus bas, c’est lui qui gardera le pognon que verseront les opérateurs des ERNi si les prix de l’électricité continuent à s’envoler sur le marché de l’électricité concocté par l’UE.

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Contribution au service public de l’électricité (CSPE) ou comment se faire rouler !
NB : Pour être précis, il faut noter que la CSPE ne sert pas seulement à financer Les surcoûts d’EDF et des entreprises locales de distribution dus à l’obligation d’achat bien que ce soit son poste le plus important avec le soutien au développement de sources de production « vertes ». Dans le détail  69% sont pour les énergies renouvelables, 18% pour la production d’électricité dans les zones non interconnectées au réseau électrique métropolitain : Corse, DOM, îles bretonnes, 9% pour la cogénération (un procédé qui consiste à produire de l’énergie mécanique convertie en électricité et de la chaleur en même temps),  2% pour les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité : ils prennent aujourd’hui la forme du chèque énergie, 1% pour le financement de l’injection du biométhane (biogaz / gaz renouvelable) dans le réseau du gaz.
Le diagramme ci-contre récapitule ce qui est financé par la CSPE (source : Capitaine Energie)
 

Lundi 26 Décembre 2022 Commentaires (0)
Le nucléaire est à la peine en France et avec lui, les pro-nucléaires. Comme la meilleure défense est encore l’attaque, ils accusent les écologistes (auxquels ils réduisent les anti-nucléaires) d’être la cause des problèmes rencontrés par les réacteurs d’EDF dont l’arrêt se prolonge. Comme si les écologistes étaient responsables des corrosions sous contraintes, des problèmes de planning, etc. ! Ils les accusent d’être responsables de l’absence de développement de la filière. Ce serait à cause d’eux qu’un seul réacteur a été construit depuis des années. Mais lorsque l’on constate que ce seul réacteur accuse douze ans de retard pour sa mise en service avec un dérapage des coûts passant de 2 milliard à plus de 12,4 milliards d'euros, soit une hausse de 265 % du prix initial, on comprend pourquoi il n’y en a eu qu’un seul !  Et là aussi, les écologistes n’y sont pour rien !
En fait, la spécificité des écologistes français c’est de n’avoir jamais été capables d’empêcher la nucléarisation à marche forcée de la production d’électricité et de n’avoir pu par la suite qu’influer à la marge sur son développement quoi que puissent dire les technocrates du nucléaire et leurs groupies.

Dès les années 1980, leur échec était patent. Voici le constat que faisaient dans un ouvrage paru cette année-là J. P. Faivret, J. L. Missika et D. Wolton « La mobilisation en cours n’a pas réussi à empêcher que notre pays soit le seul à définir un programme aussi rapide de basculement sur l’électricité nucléaire ; qu’il soit le seul à mettre en œuvre des technologies peu expérimentées comme celle des surgénérateurs ; qu’il soit un des seuls à accepter non seulement de stocker les déchets radioactifs mais encore de vendre son territoire pour accueillir les déchets des pays qui ne veulent pas prendre ce risque (Suède, Japon, etc.) ? Le message n’est pas bien passé et le rapport de force nettement moins bon que dans d’autres nations. Rien n’a été obtenu pour une démocratisation des choix : les régions n’ont pas leur mot à dire sur les implantations de centrales, les communes tout juste. Aucun moratoire n’est en vue, même si ce thème a été repris par des forces politiques traditionnelles. Comparé à l’Allemagne, où les écologistes ont obtenu des succès spectaculaires contre les projets du gouvernement, comparé à l’Autriche, où le nucléaire a été suspendu, le mouvement écologiste français fait figure de parent pauvre. Même dans le domaine de la simple information du public, rien ou presque n’a été obtenu depuis » (L'illusion écologique, p. 69 – 70). On ne peut trouver constat plus accablant !

La vérité est donc que pendant longtemps, les gouvernements et les industriels ont eu toute latitude pour développer la filière, quasiment sans aucun contrôle et avec personne pour leur mettre des bâtons dans les roues. Par la suite, les développements des CLI (Commission locale d'information), la constitution d’autorités indépendantes de contrôle – ASN (Autorité de sûreté nucléaire), IRSN (Institut de radioprotection et de sureté nucléaire)  – n’ont pas bridé l’électronucléaire, mais ont permis une meilleure transparence et un accroissement non négligeable de la sureté, le contrôleur n’étant plus le contrôlé.

Ce qui a freiné l’expansion du nucléaire civil mais ne l’a pas remis en cause, du moins en France, ce sont les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Tandis que ce fut le cas, en Allemagne, en Autriche et en Italie. 

Ce qui lui a permis de redorer son blason, c’est le réchauffement climatique ou plus précisément, la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique causé par les émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie fossiles. C’est ainsi qu’on a vu naître des associations de nucléocrates qui se sont posées en défenseur du climat comme « Sauver le climat » (sic !) où les nucléocrates retraités ou non d’EDF sont en nombre. Cette théorie prétendue consensuelle est pain béni pour les nucléocrates d’autant que les média et certains scientifiques pas toujours climatologues ou physiciens en rajoutent sur « l’Urgence climatique »

Le CEA(Centre d'énergie atomique) quant à lui a réussi une quasi OPA sur la climatologie française. Presque  tous les Français qui ont collaboré aux rapports du GIEC sont issus du laboratoire du CEA « Institut Pierre-Simon-Laplace » et des six laboratoires satellites qui ont été fédérés autour de lui (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales LATMOS, Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement- LSCE, Laboratoire de Physique Moléculaire pour l'Atmosphère et l'Astrophysique, LPMAA, Laboratoire d'Océanographie et du Climat : Expérimentation et Approches Numériques, LOCEAN, Laboratoire de Météorologie Dynamique-LMD, Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques-LISA  selon le recensement établi sur le site « Les deux ailes.com »). Ceux qui, en France n’admettent pas la théorie du réchauffement climatique induit par les émissions de CO2 anthropique et ses conséquences catastrophiques sont marginalisés, accusés de conflit d’intérêt, leurs crédits de recherche coupés, leurs possibilités de publier réduites : c’est le fameux consensus que défendent aussi les écologistes ! En France il sert à  faire taire les voix discordantes.

Même des bureaux d’étude comme celui de Jean-Marc Jancovici, qui a l’oreille de certains écologistes, considèrent que le développement du nucléaire et du tout électrique est incontournable pour atténuer le réchauffement climatique et arriver à l’objectif de 0 émission nette de CO2.

En résumé de ce bref retour en arrière, si l’électronucléaire est aujourd’hui en difficulté, les écologistes n’en sont nullement la cause. Ils n’ont jamais eu le pouvoir de remettre en question le primat du nucléaire en France. Aujourd’hui moins que jamais ! La crise énergétique que nous subissons, pour ce qui est de l’électricité provient incontestablement de l’insuffisante diversification de notre mix énergétique et de l’incurie des gouvernements et des énergéticiens français.

Tous nos œufs sont dans le même panier, ou presque puisqu’il n’y a à côté du nucléaire comme source d’énergie pilotable que l’hydraulique mais celui-ci ne peut guère être développé plus avant. Il est la principale  source d’énergie renouvelable en France et produit environ 20 % de l’électricité, les ENRi (énergie nouvelles renouvelable intermittentes) en produisant un peu moins de 10%. En voulant poursuivre le tout nucléaire avec une transition énergétique au (presque) tout électrique comme la rêvent et voudraient l’imposer les afficionados de cette source d’énergie, on risque de gros déboires si l’anse du panier venait à casser ou à se fragiliser dangereusement ! Les mêmes causes produisant les mêmes effets : Errare humanum est, perseverare diabolicum ! Diversifier, certes mais comment ? Avec les énergies renouvelables intermittentes  solaire et éolien ?  


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Aujourd’hui, le nucléaire se taille quant à lui la part du lion avec près de 70% (chiffres 2021) de la production d’électricité. Evidemment en terme de puissance installée les chiffres sont différents et les ENRi font meilleure figure au moins en apparence car ce n’est pas la puissance installée qui compte mais  la puissance produite.  Si elles ont un certain potentiel de développement, il est assez faible si l’on veut respecter les paysages, la biodiversité, les restes de naturalité et la tranquillité des gens. En effet le défaut de ces ENRi, notamment de l’éolien terrestre, est de nécessiter beaucoup d’espace à cause de leur faible densité énergétique. Cela les expose à des risques d’opposition non seulement des locaux mais aussi des associations environnementales qui ne sont pas complètement polarisées par le climat.

Avec 24% de la puissance totale, les ENRi ne produisent au mieux que 10% (éolien Installé : 14% ; production :   ͌ 6.90%, Photovoltaïque : installé 10%, production :   ͌2.70% !). Avec les réacteurs à l’arrêt pour cause de soudures défectueuses, on peut estimer entre 80 et 100 TWh le manque à combler (379 TWh produit en 2021 contre 275 – 285 TWh estimé en 2022). Les ENRi sont bien incapables d’y pourvoir ! Elles le seront pendant encore longtemps, peut-être toujours !

Malgré une puissance installée en constante hausse des ENRi, la part de l’électricité produite par  les ENR avait baissé en 2021 à cause de l’absence de vent et de la sécheresse. Le facteur de charge de l’éolien était de 26% en 2020, il n’était plus que de 22% en 2021, ce qui explique que la production d’électricité éolienne a baissé de 7% malgré une mise en service de nouveaux engins pour une puissance installée de + 7% (1,2 GW) par rapport à 2020 !

Avec un parc en extension augmentant sa puissance installée de 26% par rapport à 2020, la production d’électricité voltaïque quant à elle n’a augmenté que 13% passant à 14,3 TWh, son facteur de charge étant de 13,7 % en 2021 contre 14,7% en 2020.

Ajoutons que lorsque l’on a le plus besoin d’électricité, en hiver le facteur de charge du solaire est au plus bas (5.7 en Janvier 2021, 9 en Février, 6.9 en Novembre, 5.5 en Décembre). Il ne faut donc pas compter sur lui pour éviter les coupures en hiver. Les performances de l’éolien étant étroitement dépendantes de la météo, il faut comme Brassens prier Dieu qu’il y ait du vent mais pas trop fort sinon ces gigantesques hachoirs à oiseaux se mettent en drapeau !
Mais même avec des conditions météo idéales jamais vraiment réalisées, ce ne serait pas suffisant  vu les ordres de grandeur ! Il faudrait couvrir la France d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques pour pallier une déficience sévère du parc nucléaire ou pour le remplacer.

En conclusion, la diversification du mix énergétique avec des ENRi ne sert à rien d’autre qu’à mobiliser des capitaux qui seraient plus utiles ailleurs et à remplir les poches des opérateurs des ENRi. À coup de lois d’exception, l’Etat, aiguillonné par la Commission Européenne livre en pâture à ces opérateurs le territoire national avec ses paysages et ce qu’il possède encore de naturalité, et ces opérateurs sont des investisseurs en quête de profits juteux, de retours sur investissement rapides bref, des fonds de pension spéculatifs, étrangers pour la plupart auxquels les lois françaises et règlements ont fait un pont d’or, lois et règlements établis avec le soutien et la participation des ministres et députés Verts, parti qui a changé de nom mais pas de doctrine.
Ce parti reste un partisan acharné de ces ENRi au point de remettre en cause deux acquis essentiels de l’écologie, les lois Montagne et Littorale votées en 1985 et 86 alors qu’il n’y avait aucun député Vert à l’Assemblée nationale. A cette époque ; ce parti n’arrivait pas à dépasser le cap des 1000 adhérents tandis que ses résultats électoraux étaient en chute (1,2% sur l’ensemble du territoire lors des législatives de 1986, alors qu’il s’agissait d’une élection à la proportionnelle, la seule de la 5ème république !).

Le Réseau Action Climat qui, comme les Verts, ne veut ni nucléaire ni effet de serre, fédère des ONG parmi lesquelles on trouve les grandes associations supposées défendre la Nature. Lui non plus ne trouve rien à redire – ou si peu – aux révisions des lois montagne et littorale pour permettre le développement des ENRi.

La conséquence qui s’impose est qu’une diversification efficace du mix énergétique pour faire face à des éventuelles défaillances de l’électronucléaire qui restera pour longtemps dominant, est le recours aux énergies fossiles, bon gré, mal gré et pour longtemps aussi! D’ailleurs c’est bien ce qui se passe aujourd’hui avec la remise en fonction de centrales au charbon que l’on voulait envoyer à la casse ! Plutôt que de persévérer dans cette politique stupide de destruction d’outils de production, il vaudrait bien mieux regarder les choses en face et faire bénéficier de ces centrales des derniers perfectionnements qui les rendent plus performantes et moins polluantes, ce qui est aussi un savoir-faire développé par EDF et vendu ailleurs. Le nuc a besoin de roues de secours pour passer les pics et en cas de problème. Ce ne sont pas les ENRi qui peuvent en tenir lieu.
 

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Pour résumer, le tort des pro-nucléaires est de vouer une confiance aveugle en la fiabilité du nucléaire ; on voit où cela nous a mené. On rencontre donc des gros problèmes d’offre alors que dans le même temps la demande explose du fait de la multiplication des usages qui sont fortement encouragés aujourd’hui, notamment chauffage et  déplacements. Il est trop facile d'accuser les anti-nucléaires de ses propres insuffisances et erreurs : ce ne sont pas eux qui sont responsables des malfaçons et retards de l'EPR ni des problèmes rencontrés sur le parc actuel. Avec le tout électrique de la transition énergétique à la sauce française, les choses ne sont pas prêtes de s’arranger.
Elles ne sont pas prêtes de s’arranger d’autant que EELV et les anti nuc du Réseau Action Climat (RAC )sont d’accord avec ce quasi-tout  électrique alors que dans le même temps leur tort est de surestimer les capacités des ENRi à produire de l'électricité et de négliger la question de l'intermittence. Avec eux, on serait encore plus mal parti. La prétendue « sobriété énergétique » dont ils font l’apologie n’étant qu’une fallacieuse façon de présenter la pénurie qui en découlerait.
 

Jeudi 22 Décembre 2022 Commentaires (1)

L’expression animaux non humains  est utilisée par certains philosophes, chroniqueurs, pamphlétaires, blogueurs, etc., animalistes antispécistes et par la mouvance végane. Les autres, les gens ordinaires, vous et moi se contentent de parler d’animaux, étant entendu que les gens ordinaires, vous et moi ne se considèrent pas comme des animaux bien qu’ils ne feraient aucune difficulté pour reconnaître que leur espèce fait partie du règne animal. L’expression sonne comme une redondance puisque dans le langage ordinaire dire d’un être vivant qu’il est animal implique qu’il n’est pas un humain et réciproquement dire qu’il est un humain implique qu’il n’est pas un animal !


C’est précisément cela que refusent les antispécistes. Pour eux les hommes sont des animaux parmi d’autres et il n’y a pas lieu de privilégier leur espèce, notre espèce lorsqu’il s’agit d’appliquer le principe d’égale considération des intérêts et notamment l’intérêt à vivre et à ne pas souffrir. Pour contrer notre spécisme spontané, il faut ramener l’humain à sa condition animale et faire de lui un animal parmi d’autres, à défaut d’en être un comme les autres. D’où l’expression « animal non humain » qui suppose pour faire sens l’expression opposée « animal humain ». Or dans le langage ordinaire cette expression « animal humain » n’a pas de sens. C’est une contradiction dans les termes : « animal humain » est un non sens comme « carré rond », puisque humain = non animal et animal = non humain !

 

L’expression « animal non humain » ne peut recevoir de sens que dans l’opposition « animal humain /animal non humain » et dans cette opposition « animal humain » est le terme marqué c’est-à-dire que lexpression « animaux non humains » réfère à un ensemble d’animaux non spécifiés et simplement caractérisés par opposition aux «animaux humains». Comme cette dernière notion est un non sens, la notion « animal non humain » qui prend son sens par rapport à elle est, elle aussi, un non sens. Pire donc que redondante, l’expression est absurde. En toute rigueur il n’y a dans le monde pas plus d’animal humain que d’animal non humain, que de carré rond !


Pourquoi cette conclusion peut-elle paraître contre-intuitive ? Simplement parce que on peut donner au terme « animal » dans les expressions en cause un autre sens que le sens ordinaire qu’il a l’air d’avoir, sens ordinaire qui exclut l’homme. Il ne renverrait pas à un fatras d’espèces à l’exception de l’humaine. Il ne serait pas synonyme de « bête », c’est-à-dire de « tout être vivant couramment perçu comme un animal, à l’exception de l’homme » selon la définition de la dernière édition du dictionnaire de l’Académie française. Il renverrait pour partie à un règne biologique, le règne animal traditionnellement opposé à celui des végétaux dans la classification linnéenne qui de deux règnes a évolué depuis en six voire sept règnes. Pour partie car les éponges, par exemple qui pour la taxinomie scientifique appartiennent au règne animal ne seraient pas considérées comme des animaux pour la plupart des antispécistes.

Admettons cette interprétation plus charitable ! Néanmoins, il reste difficile de savoir avec précision ce qui est retenu du règne animal des biologistes par les antispécistes. Les animaux au sens des antispécistes ne se définissent pas par conditions nécessaires et suffisantes mais par type (ou prototype), par exemple « chien et tout ce qui y ressemble » avec quantité de cas limites et incertains ! Le prédicat «être sujet d’une vie » de Tom Regan bien que défini en termes de CNS fonctionne en fait comme s’il était défini par type et détermine assez bien ce que les antispécistes et autres végans considèrent comme animal.

 

Ce n’est donc pas à un règne de la taxinomie scientifique que l’on a affaire ici mais au mieux à un genre d’une taxinomie populaire. D’ailleurs le dictionnaire de l’Académie dans sa 8e édition (1935) illustrait cette notion de genre par l’exemple suivant : « Sous le genre animal, il y a deux espèces comprises, celle de l’homme, celle de la bête » (p. 594) La « bête » désigne donc tous les animaux qui ne sont pas humains, donc les « animaux non humains » des antispécistes !

 

Dans cette interprétation charitable, non seulement les « animaux non humains » des antispécistes ne sont rien d’autre que ce qu’on appelle des bêtes en bon français mais il y a pire pour les antispécistes. Comme mentionné plus haut, l’expression « animal non humain » reçoit son sens dans son opposition avec «animal humain » et non l’inverse. Pour bien le comprendre considérons l’opposition «animaux lagomorphes»/« animaux non lagomorphes». L’humain appartiendra à cette dernière catégorie seulement parce qu’il n’est pas lagomorphe. On fait donc des lagomorphes une classe à part et on la distingue de toutes les autres rejetées dans l’indistinction de tous ceux qui ne sont pas lagomorphes.

 

Le « spécisme » de l’opposition «hommes»/« animaux » que les anti-spécistes répudient de leur langage se retrouve dans celui qu’ils adoptent puisque c’est encore par rapport à l’humain que se caractérise tous les autres animaux en ce qu’ils ne sont pas des humains, seulement en cela et non en ce qu’ils sont des lapins, de chiens, des chats, des éponges, des collemboles etc.... Les antispécistes croyaient avoir chassé ce spécisme par la porte et le voilà qui entre de nouveau et en force par la fenêtre ! Ils réduisent les humains à des animaux tout en les distinguant de tous les autres et en les érigeant en point de référence. Le point de vue reste donc spéciste parce qu’anthropocentré ! L’espèce humaine étant distinguée et les autres espèces laissées sans distinction pêle-mêle dans leur non-humanité.


Pour conclure, je citerai Platon. Ce que, dans Le politique, l’Étranger reproche à Socrate le jeune de faire, c’est aussi ce que font en fin de compte les antispécistes et « c’est ce que ferait, peut-être, tout autre animal doué de raison, comme la grue, par exemple, ou quelque autre : elle aussi distribuerait les noms comme tu fais, isolerait d’abord le genre grues pour l’opposer à tous les autres animaux et se glorifier ainsi elle-même, et rejetterait le reste, hommes compris, en un même tas, pour lequel elle ne trouverait, probablement, d’autre nom que celui de bêtes ». Les « animaux non humains » des antispécistes ne sont rien d’autre que des bêtes. La terminologie ne doit pas faire illusion. Son changement ne joue que sur la connotation des termes. 
 
En résumé, soit l’expression antispéciste « animal non humain » est un non sens, soit ce n’est qu’un synonyme jargonnant de « bête » ! Foin donc de l’antispécisme, vive le non-spécisme !
 

Jeudi 24 Novembre 2022 Commentaires (0)

Au quotidien

Au bout d'un chemin qui s'efface, ces pommiers tous morts et recouverts de lichens
Au bout d'un chemin qui s'efface, ces pommiers tous morts et recouverts de lichens
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Vendredi 11 Mars 2022 Commentaires (1)

L’article qui suit est une longue mise au point sur le passif de la gauche dite de gouvernement notamment au cours du dernier quinquennat de François Hollande. Un passif qui n’a guère été reconnu par cette gauche et notamment par le PS. Je l’effectue à partir d’une critique d’un court article que Gilles Mergy a publié sur le blog « Osez-Fontenay », symptomatique de cette absence et qui a été pour moi un déclencheur. C’est pourquoi je souhaite souligner en avant-propos que j’ai participé avec Gilles pendant de nombreuses années à la même équipe municipale. Je n’ai pas eu et n’ai pas de désaccord avec lui pour ce qui est des affaires municipales, et si j’étais encore impliqué dans les affaires municipales de Fontenay, je soutiendrais son action et celle de l’opposition municipale Fontenaisienne actuelle qui réunit Gauches et Ecologistes d’EELV.


Je m’en tiendrai pour l’essentiel au quinquennat de François Hollande au cours duquel ce que G. Mergy nomme « la gauche de gouvernement », si tant est qu’elle ait existée, a explosée ; EELV ayant quitté le gouvernement. Dans le gouvernement Valls, d’écolos, il ne restait que quelques individus que le PS avait réussi à débaucher et qui ont rompu avec leur parti pour des postes de ministres et autres avantages. On comprendra aisément la réticence d’EELV  face à une nouvelle union avec le PS : Chat échaudé... ! Sur ce point, on ne peut donner tort à ce parti d’autant que le PS, même s’il possède encore des bastions ne représente presque plus rien à l’échelon national comme on peut le constater jour après jour à la lecture de la pléthore de sondages pour l’élection présidentielle dont on nous abreuve. La chute sans fin d’Anne Hidalgo dans ces sondages n’est pas due principalement à sa personne, ni à sa campagne mais à son étiquette PS et au discrédit d’une « gauche de gouvernement » disparue mais dont le souvenir est encore vivace dans l’électorat des classes moyennes et populaires. Retour donc sur une histoire récente : le quinquennat de François Hollande.

Pour les écolos : la carotte des ministères pour quelques leaders EE/LV puis le débauchage ; la matraque, les grenades des CRS et des Gendarmes pour les militants qui se battent sur le terrain !
 
6 mai 2012, le socialiste François Hollande s’installe à l’Élysée. « Le changement, c’est maintenant »
21 juin 2012 Limogeage de Nicole Bricq ministre de l’écologie depuis un mois. Motif : sanctionnée pour avoir suspendu les permis de Shell pour la recherche d’hydrocarbure au large de la Guyane à cause de l’absence de garantie quant à la protection de l’environnement et de la faune marine dans ces permis, protection à laquelle elle était « très attachée » et aussi pour sa volonté de réformer le code minier pour une plus grande protection de l’environnement ! [2019 Ironie de l’histoire : les prospecteurs ont fait chou blanc. Il n’y a pas de gisement de pétrole exploitable dans les eaux de la Guyane] Comparez avec le 12 Décembre 2015 : discours de clôture de la COOP 21 : Hollande a-t-il eu la révélation écologique ?  Simple pantomime électoraliste d’un chef d’Etat impopulaire aux abois ?
 
24 Juin 2012, le vent du changement : Le Chefresne (Manche), petite commune de 300 habitants dont le maire Monsieur Jean-Claude Bossard est agriculteur et adhérent d’Europe Écologie: tirs de gaz lacrymogène et, probablement, de grenades offensives contre les manifestants qui s’opposent avec le maire à l’édification de la ligne à très haute tension Cotentin – Maine. Cette THT devrait raccorder le futur réacteur EPR de Flamanville au reste du monde. On déplore deux personnes sérieusement blessées parmi les manifestants de cette marche pacifique. C’est en réprimant les manifestions écologistes avec une rare violence lors du quinquennat de Hollande que les CRS et autres gendarmes mobiles se sont fait la main.
 
27 Juillet 2012 Le vent du changement : Mise en consultation de projets d’arrêtés ministériels assouplissant  les  arrêtés ministériels relatifs aux espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire national et de ceux concernant les protections régionales. Levée de bouclier des associations de protection de la Nature : ces assouplissements sont tels qu’ils laissent ces plantes sans protection réelles. Projet suspendu, serpent de mer déjà en préparation avec Nathalie Kosciusko Morisset , remis à plus tard.
 
2 juillet 2013 Suite de la valse des ministres de l’écologie : Delphine Batho remplacée par Philippe Martin, l’ami des chasseurs.
 
Nuit du Samedi 25 au Dimanche 26 Octobre 2014. Doit-on oublier Sivens et  la mort de Rémi Fraisse  avec Cazeneuve et Valls à la manœuvre  sans omettre le Conseil général du Tarn à majorité PS et son président PS ?  Ce sont eux, la « gauche de gouvernement aux manettes », qui ont ajouté le nom de ce botaniste à la liste des militants tués parce qu’ils défendaient la Nature. Rappelons qu’en 2014,  depuis la mort de Vital Michalon sur le site de Creys-Malville en 1977, il n'y avait plus eu en France de mort dans des manifs écolos et que depuis 1986 et la mort de Malik Oussekine, il n'y avait plus eu de mort dans une manifestation !
 
6 août 2015  Vote d’un amendement introduit dans la loi Macron (voir ci-dessous) entérinant le centre de stockage des déchets radioactifs à Bure, dans la Meuse. Reconnu comme « cavalier législatif » et censuré par le Conseil constitutionnel.
 
 Si une gauche à la Hollande était restée au pouvoir, nous aurions eu sans doute l’aéroport de Notre Dame des Landes cher à Jean-Marc Ayrault.
 
Social : Hollande en a rêvé, Macon l’a fait ou le fera !
 
Pour le social, il faut reconnaître que par le passé, il y a eu de grandes avancées avec des gouvernements de gauche.  Mais pas avec Hollande !  Certes, le bilan n’est pas entièrement négatif, surtout lors du gouvernement  Eyrault, avec les suivants par contre …
 
6 Août 2015 Loi Macron « pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » : libéralisation des autocars, assouplissement des règles concernant le travail le dimanche et la nuit. De plus l'article 135 de cette loi allège la fiscalité des actions gratuites. 
 
Hollande prenait les gens pour des c… en s’écriant « Mon ennemi, c’est la finance »  alors qu’il avait pour conseiller un homme de ce milieu dont il a fait par la suite son ministre… des finances ! Une gauche à la Hollande c’est aussi la réforme des retraites, la loi El Khomri… Le quinquennat de Hollande  a été le début d’une série d’attaques contre les droits des salariés et Macron n’a fait que continuer l’œuvre entreprise. Débarrassé des frondeurs avec une majorité aux ordres, ce dernier a pu poursuivre ce travail de sape sans entraves.
 
Sociétal : rendre à César !
 
Quant au sociétal, j’aimerais rappeler à Gille Mergy  que certes, ‘la gauche de gouvernement’ a fait des bonnes réformes mais la droite aussi. Par exemple : âge du droit de vote (ou plus exactement l'âge de la majorité) abaissé de 21 à 18 ans par Valéry Giscard d'Estaing en 1974, la loi Veil légalisant l’avortement promulguée le 17 janvier 1975 encore sous Giscard d’Estaing sans oublier la loi du 11 juillet 1975 qui a instauré le divorce « par consentement mutuel » ou « pour rupture de la vie commune». Rappelons qu’avant seul le divorce «pour faute» était possible.
 
Si l’on remonte plus loin encore dans le temps, le droit de vote pour les femmes c’est De Gaulle en 1944, avant même le « Débarquement » [Elles l’avaient déjà aux États-Unis (1919), en Inde (1926) avant de l’avoir en Grande-Bretagne (1928) ; même  la Turquie où les femmes ont ce droit depuis 1934  avait précédé la France]. Quant à la légalisation de la « pilule », on la doit à Lucien Neuwirth en 1967 sous le septennat de De Gaulle.
 
Ce n’est ni être gaulliste ou giscardien de le faire remarquer ! Et d’ailleurs, on peut dire que le mérite de ces chefs d’état de droite ou de gauche n’a été que de mettre les lois en harmonie avec les mœurs souvent avec beaucoup de retard, parfois avec un peu d’avance, parfois malgré une opinion publique réticente (avortement, peine de mort par exemple)
 
Avec la nomination de Valls le 31 mars 2014 à la tête du gouvernement et le débauchage qui s’en est suivi, Hollande savait très bien qu’il ferait éclater le groupe des élus EELV. Si la dérive de Vincent Placé l’a mis hors-jeu, tirons notre chapeau à celle d’Emma Cosse, mais surtout à celles de F. de Rugy et B. Pompili, roi et reine des écolos opportunistes au solide appétit et heureux et heureuse gagnante des entreprises de débauchage de Hollande puis de Macron .
 
Moralité de ce bilan : les idéaux et les valeurs dont parle G. Mergy ne donnent pas les moyens de faire respecter accords et programmes, ni même de les construire. Tant que le PS actuel n’aura pas exercé vraiment un droit d’inventaire sur le quinquennat de Hollande comme le voulait Jospin sur celui de Mitterrand, tant qu’il  n’en n’aura pas tiré les conséquences, il est à mon sens très difficile de s’entendre avec lui à l’échelon national.
 
D’ailleurs de quels idéaux et valeurs s’agit-il concrètement, alors que l’on  a vu réapparaître Le Foll un « hollandais » fidèle et pire encore, Cazeneuve avec des velléités d’investiture pour l’élection présidentielle de 2022. Faut-il rappeler que le 21 septembre 2019 lors de son changement de nom –  le PRG devenant ‘PRG Centre gauche’ ! – son président Guillaume Lacroix souhaitait «épauler Bernard Cazeneuve» et lui dire que «la gauche comme la France ont besoin de lui» (LaDepeche.fr du 22/09/2019)! Besoin de Cazeneuve pour quoi faire ?  Défendre les intérêts d’Orano ex-Areva ? Réprimer les défenseurs de la Nature avec à la clé de nouveaux morts ? Ces gens-là ont-ils oublié Sivens et Rémi Fraisse ?  En vérité, ils doivent s’en f…royalement comme des zones humides et de la Nature ! Finalement le PRG a dû se rabattre sur Christiane Taubira, Cazeneuve ayant un passif un peu trop lourd et « manquant de soutiens » selon sa propre expression !
 
En fin de compte qu’est-ce que ‘la gauche de gouvernement’ dont Gille Mergy a la nostalgie et dont il fait l’éloge ? Un PS hégémonique (il suffit de voir la répartition des portefeuilles dans les gouvernements sous les septennats de Mitterrand, le gouvernement de Jospin et le quinquennat de Hollande) quelques microsatellites dont le PRG et quelques associés traditionnels ou épisodiques, le PC, les Verts puis EE/LV, pièces rapportées assises au bas bout de la table.
 
En outre, le comportement du PS à l’égard des Verts a toujours été très différent de celui qu’il avait  avec son concurrent et allié traditionnel, le PC. Cela parce que les Verts, et plus généralement l’écologie politique, étaient et sont encore un peu des nouveaux venus dans le champ politique. N’ayant pas réussi à les exclure de ce champ, ni à les neutraliser, le PS a essayé de les phagocyter en quelque sorte en les enfermant dans la mouvance de « gauche », en fait sa propre mouvance notamment par des alliances dans le cadre d’une ‘gauche de gouvernement’, les députés écolos n’étant élus, dans la plupart des cas, que grâce au bon vouloir du PS dans les circonscriptions « gagnables » que ce dernier leur octroyait. C’est ainsi que l’on est passé de ‘la gauche plurielle’ à cette ‘gauche de gouvernement’ qui n’aura qu’une existence brève et ne survivra pas à la chute de Hollande et au délitement du PS. Depuis une sorte de révolution orbitale est en marche : le satellite tend à devenir planète et la planète satellite au fur et à mesure qu’elle se délite.
 
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La « gauche » a sûrement beaucoup de qualité mais non, ce n’est pas elle qui «a su la première prendre conscience des défis écologiques et climatiques. » En ce qui concerne les « défis écologiques » ce sont les mouvements de protection de la Nature et les premiers partis et regroupement écologistes qui se sont constitués malgré la gauche et ses crédos productivistes d’alors. Et tout particulièrement malgré un PS qui a tenté par tous les moyens d’empêcher l’inscription de l’écologisme dans le champ politique. Gilles Mergy devrait se renseigner un peu mieux sur l’histoire des mouvements de protection de la nature et de l’écologie !
 
Insistons un peu plus longuement sur les « défis climatiques » puisqu’aujourd’hui, pour beaucoup l’écologie tend à s’identifier à la «lutte contre le changement climatique» à force de prioriser ce dernier par rapport aux autres thèmes et problèmes tout aussi importants et urgents et de n’envisager ces derniers qu’au travers de ce « changement climatique ».
 
Là encore, ce n’est pas la gauche, ce ne sont même pas les écolos qui sont à l’origine de cette prise de conscience généralisée, voire banalisée ; du moins la gauche et les écolos français. Si dès 1980 certains météorologues et paléoclimatologues pensent qu’il y a un réchauffement climatique en lien avec les émissions de CO2 anthropiques, le GIEC a été créé en 1988 dans le cadre du G7 sous la pression de deux personnalités ultralibérales, bien à droite, Ronald Reagan et Margaret Thatcher !
 
Il semble que la motivation de Reagan était de ne pas laisser la question climatique aux seuls scientifiques spécialistes du climat d’où le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) cet organisme hybride mêlant experts nommés par les gouvernements et décideurs qui les représentent et ont le dernier mot puisque ce sont eux qui valident  le rapport final.
 
Quant à Margaret Thatcher, elle avait conduit une répression sévère des grèves des mineurs britanniques en 1984-1985 avec pour bilan, 3 morts, 20 000 blessés, 11 300 arrestations et elle voulait la peau du National Union of Mineworkers, le syndicat des mineurs. A partir de 1987 elle avait entrepris de démanteler l’industrie houillère britannique, de nucléariser et de privatiser l’électricité. La théorie du réchauffement climatique dû émissions de CO2 d’origine anthropique lui permettait en plus de considérations économiques de justifier la fermeture des puits de charbon sans que les filons soient épuisés. Cette théorie était une merveilleuse alliée. En fonctionnement une centrale nucléaire n’émet pas de CO2. Dès son origine, la question climatique a donc été instrumentalisée pour développer le nucléaire et détourner l’attention du danger de cette énergie, danger que venait pourtant de démontrer la catastrophe de Tchernobyl en 1986, un an seulement avant !  En France aujourd’hui, les Jouzel, Jancovici, et autres zélateurs du « nucléaire-remède-à-l’effet-de-serre » ne procèdent pas autrement.
 
Margaret Thatcher a déployé beaucoup d’énergie pour mettre la question climatique au premier plan des préoccupations écologiques. Elle a fondé le Hadley Centre for Climate Prediction and Research (en  français Centre Hadley pour la recherche et la prévision climatique). Réuni avec le Climatic Research Unit, il est à l’origine des mouvements « pour le climat » et une de ses principales cautions scientifiques.
 
Cela dit, il est difficile de savoir si Margaret Thatcher a agi par conviction ou par opportunisme. Ou plutôt pour ne pas donner dans un binaire réducteur : quelle était la part de conviction et celle de l’opportunisme dans ses déclarations sur la question ? Dans un livre qu’elle a publié en 2002, intitulé Statecraft (L’art de gouverner) elle opère un retournement complet (p. 449 et suivantes). Elle écrit : « Le sujet favoris des prêcheurs de la fin du monde aujourd’hui est le changement climatique. Tout d’abord, la science en est extrêmement obscure et il n’est pas facile de prouver qu’elle est fausse (…) Comme évidemment aucun plan ne peut être envisagé autrement qu’à l’échelle du globe, cela fournit un prétexte merveilleux pour un socialisme supranational à l’échelle mondiale. » Après avoir été la première chef de gouvernement ardente propagandiste des dangers du réchauffement climatique d’origine anthropique, elle a été sans doute, l’une des premières personnalités politiques à développer un virulent discours « climatosceptique » !
Bien sûr il est gênant pour quelqu’un qui se réclame de la gauche et de l’écologie politique d’avoir à reconnaître que sur la question climatique, il bénéficie de l’héritage légué par Margaret Thatcher, c’est pourtant le cas. Si l’on fait abstraction de son revirement ultérieur peu connu, il faut bien admettre qu’elle en a fait beaucoup pour propager la panique climatique.
Bref, la prise de conscience des défis climatiques n’est propre ni à la Gauche, ni aux écologistes et ce  n’est pas la question. La question, c’est celle de savoir comment doit-on relever ces défis ? Et là, il n’y a pas de réponse qui fasse l’unanimité, ni à gauche, ni chez les écologistes !
 
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Il est évident donc que je ne partage pas l’analyse de Gilles Mergy sur les causes de la « division de la gauche et des écologistes ». Il n’est pas du tout suffisant d’avoir des valeurs et idéaux partagées pour réaliser une union. Ce n’est peut-être même pas nécessaire. Gaullistes et communistes ont gouvernés ensemble bien que les valeurs et idéaux qu’ils partageaient se résumaient à peu mais ils étaient d’accord sur un programme. Une confusion, source de malentendu perdure, y compris chez certains écologistes : la confusion entre l’idéologie – au sens noble du terme – et la stratégie. Sous aucune de ses diverses déclinaisons même antagonistes, l’idéologie écologiste est une idéologie de gauche. Elle n’est pas non plus une idéologie de droite. Simplement il se trouve que pour de nombreuses raisons la possibilité de s’accorder sur un programme est plus faciles avec des partis de gauche qu’avec des partis de droite, du moins en France.
 
De plus, au vu de ce qu’il faut bien appeler, même si le mot est fort, des « trahisons » passées, je m’inquiète des non-dits et des implications de ce passage de l’article de Gilles Mergy « la perte d’une réelle culture de gouvernement et une certaine incapacité à réfléchir à un programme novateur, désirable et réalisable ». Surtout lorsque que cela est assorti à une condamnation d’une gauche qui choisirait de  « défendre la pureté de ses idéaux en oubliant de « comprendre le réel» » … et qu’il n’y a rien de novateur dans l’exemple choisi : la « réponse de gauche » au problème de l’insécurité qui est celle des écolos depuis des lustres et aussi de la plupart des gauches.
 
Le sujet le plus clivant pour les gauches et les écologistes n’est pas celui-là ; ce sont par exemple – et ce ne sont que des exemples, la réforme des retraites et du temps de travail, la répartition des richesses (produire plus ou répartir mieux), les lois sécuritaires votées tant sous Hollande, Sarkozy  que sous Macron, la transition écologique et le mix énergétique associé … Comme pour le climat ou la sécurité que Gilles Mergy prend comme exemple, ce n’est pas tant les thématiques qui comptent que les réponses (de gauche, de droite, écologiste, etc…) qu’on leur donne.
 
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Gilles Mergy affirme en conclusion de son article que la Gauche doit «travailler sur le fond et faire l’effort de se repenser, tant au niveau des idées que des stratégies de rassemblement et d’ouverture ». C’est certain. Encore faudra-t-il pour réussir ce renouvellement qu’elle exerce au préalable son droit d’inventaire sur les années Hollande.
 
Je crains aussi que lorsqu’il parle de la gauche, Gilles Mergy y inclut l’écologie. Ce serait une erreur. A la différence de la gauche, les écologistes n’ont pas à revoir leurs fondamentaux et l’écologisme n’est pas soluble dans la social-démocratie. Cela n’empêche pas les écologistes de passer sans se renier des accords avec cette dernière mais aussi avec les communistes, les insoumis ou autres partis de gauche. Fontenay et les villes limitrophes sont de bons exemples de ces alliances gauches/écologistes mais il faut reconnaître qu’à l’échelon local, départemental ou régional, c’est beaucoup plus facile et les résultats bénéfiques pour les gens sont immédiats.
 

Dimanche 27 Février 2022 Commentaires (0)

Sur le blog « Oser Fontenay » qui donne la parole aux habitants de Fontenay-aux-Roses, s’expriment surtout des personnes de sensibilité de gauche ou/et écologiste, plutôt modérées et opposées à la majorité municipale actuelle d’union des droites, du centre droit, du Modem, de LRM dont des transfuges du PS, dirigée par un maire UDI.
Quelques articles et commentaires parus sur ce blog se lamentent de l’absence d’union à gauche, une gauche qualifiée à cause de cette incapacité à se rassembler de gauche la plus bête (et autres qualificatifs) du monde. On a l’impression à lire ces écrits que sans union, c’est la défaite assurée, alors qu’avec l’union « des gauches » la victoire serait à portée de bulletins de vote… Il s’agit là d’un biais né d’une projection sur l’échelon national d’une situation locale dont seul – du moins parmi ceux qui ont écrit sur ce blog – le responsable du groupe local EELV a su s’abstraire mais sans pour autant faire preuve de réalisme !


L'union ? Avec qui précisément?  Pour quoi faire ?  Avoir une petite chance de battre Macron ? Très petite ! Car d'une part les divergences entre les partis se situant à gauche et les partis écologistes étant profondes, l’union de façade aurait du mal à convaincre et d'autre part même si  on faisait  la somme des intentions de vote en confondant politique et arithmétique, le compte n'y serait pas, surtout si le PC et les Insoumis sont exclus de cette union de la "gauche de gouvernement".  Ces contributeurs ont-ils déjà oublié le quinquennat de Hollande qui a prouvé qu'il ne suffit pas de gagner une élection, qu'il ne faut pas promettre ce qu'on ne peut tenir et qu'après il faut être en mesure de transformer l'union des "contres" en accord effectif de gouvernement ! Des idéaux et des valeurs même communes ne font pas un programme ! Énergie, politique étrangère, Europe, etc., voire même maintenant gastronomie (!!!), les divergences abondent tant sur des sujets régaliens en principe du ressort du Président de la République que sur d’autres qui le sont moins, voire pas du tout !  
 
Aborder la situation politique nationale des Gauches et des Écologistes à partir de celle de Fontenay crée un biais. Ici l'absence d'union des oppositions a sans doute compté pour beaucoup dans leur défaite à l’élection municipale alors qu’il n'y avait entre elles que de faibles divergences n'obérant pas la possibilité de conduire une politique municipale commune bien que, dans une équipe municipale, il ne suffit pas d'avoir des vues voisines, il est aussi nécessaire que les gens puissent s'entendre entre eux un minimum. Par contraste  l’union au second tour des gauches, des associatifs et des écologistes aux élections départementales aurait permis de remporter le canton Châtillon/Fontenay-aux-Roses.
 
 S’il semble bien que ce soit la désunion qui a fait perdre la municipale, pour autant, il n’est pas évident que ce soit l’union qui a fait gagner l’élection départementale par le binôme PS/EELV. C'est bien plutôt le mauvais score du binôme de droite à Châtillon. D’ailleurs à Fontenay, le binôme de droite a obtenu un score supérieur au binôme PS/EELV, les appels à l’union des autres candidats de gauche comme des « associatifs » pour battre le maire n’ayant eu que peu d’effet. Si les limites du canton avaient été celles de la ville comme c’était le cas avant l’introduction de binômes pour garantir la parité, la droite aurait remporté l’élection.
 

Donc non, la Gauche n'est pas la plus bête du monde pour la simple et bonne raison que cette Gauche qui fut "Gauche plurielle" puis "Gauche de gouvernement" n'existe plus, elle a explosé. D'ailleurs une partie de celle-ci se retrouve dans LREM, à tous les sens du verbe "se retrouver" car il serait réducteur de n'y voir qu'opportunisme ! Voir dans les égos des candidats la principale cause de cette désunion est encore plus réducteur !
 
Je crois que c’est Maxime Messier, responsable du Groupe local EELV qui a raison. Dans un commentaire qui tranche avec « l’unionite » ambiante, il rappelle que la Gauche a gagné des élections sans qu’il y ait union et il écrit : «Si la gauche a parfois gagné des élections nationales, c’est parce qu’un parti dominait largement la gauche : le parti socialiste. A lui tout seul, ce parti approchait les 30% des voix et il était en mesure de remporter les élections.  Aujourd’hui, le PS s’est effondré dans l’électorat » Mais en bon petit soldat d’EELV, Maxime Messier prétend  que c’est l’écologie politique qui doit servir de nouvelle locomotive pour tirer la gauche de son marasme et donc Yannick Jadot …. qui tourne autour de 5% dans les sondages et ne fera sans doute pas mieux au soir du 1ier tour de la présidentielle ! Le  réalisme n’est pas de mise, ni chez Yannick Jadot, ni chez  Maxime Messier.
 
 Jean-Luc Mélenchon n’a peut-être pas tort de ne pas vouloir discuter avec les débris à la dérive de la gauche qui se disait « gauche de gouvernement » dont d’ailleurs une bonne partie se retrouve aux côtés de Macron et continue donc de gouverner. C’est aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis qui pèsent le plus et bien que beaucoup d’anciens Verts marqués à gauche, voire étiquetés gauchistes comme Martine Billard aient rejoint les Insoumis au fil du temps, Jadot sinon EELV ne veut pas entendre parler d’une alliance avec eux et évidemment, surtout pas derrière Mélenchon  bien que Yannick Jadot plafonne à 5% et que Jean-Luc Mélenchon a plus du double (et cuisine le quinoa). Mais ce dernier  n’est pas atlantiste et critique vis-à-vis des traités de l’Union Européenne….
 
Quant à Gilles Mergy, tête de la liste battue au second tour des municipales, dans un commentaire daté du 20 décembre 2021, il estimait que Mme Taubira la candidate de son parti, le PRG qui reste un parti de notables, « pourrait un peu changer la donne si elle s’inscrit dans la dynamique d’une primaire populaire. Mme Taubira réussit à allier les valeurs traditionnelles de la gauche sociale et populaire et les attentes sociétales actuelles (comme en témoigne sa réforme du mariage pour tous) » Certes, elle a gagné la « primaire populaire » mais depuis, dans les sondages avec 2%/2,5%  d’intentions de vote, elle fait à-peu-près  jeu égal avec Anne Hidalgo. Pas de quoi faire rêver, y compris le PRG qui annonce le 14 février 2022 se mettre en retrait de cette candidature. Il ne tient sans doute pas à être mêlé à cette déconfiture. Avoir fait voter « le mariage pour tous » ne suffisant apparemment pas à susciter l’enthousiasme des gauches dans l’élection présidentielle ! Le PS, plus fidèle et plus courageux que le PRG, persiste et signe en continuant de soutenir Anne Hidalgo en perdition, dépassée par le communiste (quelle revanche pour ce parti !) et peut-être même par la candidate du Parti animaliste qui n’a aucune chance de se présenter faute du sésame des 500 signatures. Gageons que celle-ci tentera de vendre très cher ses voix potentielles démontrant ainsi que le lobbying n’est pas le propre des chasseurs.  
 
Bref, Maxime Messier a raison, sans « locomotive » pas d’union et de toute façon, une union sans locomotive n’est nullement une garantie du succès. Pour filer la métaphore, on pourrait ajouter qu’une locomotive sans wagon est un inutile gaspillage d’énergie. Il reste qu’une vision correcte et partagée des rapports de force au sein de la mouvance des gauches et de l’écologisme est la première condition d’une union véritable,  avant même la constitution d’un programme parce qu’elle conditionne la réussite des négociations dont sera issu ce programme. Nous sommes en sommes loin !
 
L’unité ne sera possible seulement lorsque dans cet éparpillement de structures plus ou moins pérennes, les rapports de force se seront stabilisés et, surtout, seront reconnus de sorte que négociations et alliances formelles ou non deviennent possibles. Réduire cela à une course pour savoir qui arrivera le premier est, là encore, réducteur et témoigne pour le moins d’une certaine cécité politique.  Répétons-le, compte tenu de la situation, des divergences sur des sujet majeurs, l’union n’aurait pu être que de façade, donc purement électoraliste et peu crédible. Et la défaite aurait obscurci un peu plus l’avenir, déjà pas très brillant. Gagner ensemble, c’est déjà difficile à gérer mais couler ensemble …
 

Lundi 21 Février 2022 Commentaires (0)

Pour le gouvernement, le ministère de l’écologie, comme pour certaines associations qui se prétendent écologistes, la réponse à cette question est positive mais, en général elle est implicite, pour ne pas dire volontairement passée sous silence. On comprend d'ailleurs très bien pourquoi !


Gestion forestière et changement climatique : faut-il sacrifier la naturalité et la biodiversité des forêts pour une atténuation du réchauffement climatique ?
En effet comme il est démontré dans le rapport publié par les associations Canopée, Fern et Les Amis de la Terre France, « En proposant une hausse des prélèvements jusque 95 % d’ici 2050, les stratégies nationales actuelles (SNBC, PNFB, Afterre) ne détaillent pas l’effet de ce choix sur les stress subis par les arbres, les stocks de biomasse dans l’écosystème, la fertilité du sol sous l’effet du prélèvement des branches, la biodiversité sous l’effet du prélève­ment des bois morts et de la raréfaction des gros et très gros bois, les conflits d’usage. Une telle optique peut mener à une déstabilisation des écosystèmes imposant progressivement la pratique des cycles courts et le renouvellement par plantation. » [Gestion forestière et changement climatique : une nouvelle approche de la stratégie nationale d’atténuation, p.6]. De plus, il supposerait « des mesures autoritaires de mobilisation des surfaces et des volumes sur pied » On sacrifie donc les forêts, leur biodiversité et leur naturalité pour « sauver » le climat. Sauver le climat ou faire du business et des profits ?
 
Derrière l’objectif affiché de ce sauvetage, il y en a bien souvent un autre plus terre à terre et dans les incitations à exploiter les forêts, il est au moins autant question d’économie, de rapport, de développement des territoires, de valorisation, que de climat. D’autant qu’il y a une autre stratégie possible qui non seulement permettrait de préserver la forêt mais qui lui permettrait de mieux jouer son rôle dans l’atténuation du réchauffement climatique comme l’établit le rapport cité à partir des connaissances scientifiques actuelles et en recourant à des données confirmées concernant l’état actuel et prévisible de la forêt française.
 

Lien permettant de charger le rapport publié par les associations « Canopée », « Fern » et « les Amis de la Terre France » https://www.canopee-asso.org/wp-content/uploads/2020/02/Rapport-WEBfor%C3%AAt-climat-Fern-Canop%C3%A9e-AT_Optimizer.pdf
Pour un résumé https://www.canopee-asso.org/wp-content/uploads/2020/03/LAISSER_VIEILLIR_LES_ARBRES_BD_3.pdf ]

Le rapport propose une autre stratégie qui permet de préserver les forêts et il l’estime plus efficace pour le climat et la biodiversité. Cette stratégie s’articule autour de cinq points forts :
1 – Laisser 25% de la forêt française en libre-évolution
2 – Miser sur la résilience et la diversité des espèces
3 – Allonger l’âge de récolte des arbres
4 – Répartir les coupes sur l’ensemble des massifs
5 – Pratiquer une sylviculture maintenant  le couvert forestier, donc pas de coupes rases.
 
Ces préconisations sont un moindre mal. Elles ne font que remettre en avant des principes de gestion des forêts qui ont été trop souvent oubliés car incompatibles avec une foresterie productiviste à base de coupes rases, d’utilisation de produits phytosanitaires et des machines de plus en plus lourdes qui tassent le sol forestier. Ce qui conduit à la réduction des forêts de production à de plantations d’arbres, en général des résineux à croissance rapide dont les douglas sont l’archétype.
 
*********
 
Cependant, en voulant adopter une position médiane entre une sylviculture intensive qui nuirait à la naturalité et à la biodiversité des forêts et une foresterie extensive sous prétexte d’éviter une pénurie éventuelle de bois d' œuvre « accentuant les fermetures de scieries, les problèmes d’emploi en zone rurale et entraînant la hausse des imports » le rapport propose « le maintien jusque 2050 d’un prélèvement de 60 Mm3/an avec augmentation des surfaces gérées pour mieux répartir ce prélèvement dans l’espace » [souligné par moi]. C’est le point 4 de cette stratégie et c’est ce point qui est problématique.
 
En France la propriété forestière est très morcelée (certains considèrent que c’est à cause de la suppression du droit d’aînesse!), beaucoup de forêts sont constituées de petites parcelles privées qui ne sont pas exploitées et laissées à l’abandon parce que non rentables à cause notamment de leur exiguïté où de la difficulté d’accès. C’est le cas dans le Puy de Dôme par exemple. Ces forêts non « gérées » sont des territoires à forte naturalité précisément parce qu’elles ne sont pas gérées, entendez non exploitées.
 
Or le Conseil départemental du Puy de Dôme veut les mettre « en valeur » ! Il développe pour cela des « Plans de Développement de Massif forestier (PDM) » dont l’objectif est « la mise en gestion pérenne de la forêt privée et donc une augmentation du niveau de mobilisation des bois. » ( gestion pérenne = coupes et augmentation des coupes ! Il faut oser !) [Ludovic Gerardi, « La filière forêt-bois » Direction de l'Aménagement des Territoires, sur le site du Conseil Départemental du Puy de Dôme] L’auteur de ce texte insiste « L'objectif est d'inciter les propriétaires à gérer leur patrimoine et par conséquent de faire des coupes de bois, de mobiliser les opérateurs économiques et de montrer aux élus les potentialités de développement de leur territoire en provenance de la forêt. » [Souligné par moi]. Cela s’accompagne d’aide à la réalisation des travaux de desserte forestière pour pallier les difficultés d’accès et d’aides au « regroupement du foncier forestier » pour avoir des parcelles suffisamment étendues pour une exploitation rentable. Au moins, c’est clair ! Adieu la naturalité et la spontanéité qui va de pair !
 
Le cas du Puy-de-Dôme n’est pas un cas isolé : on retrouve sous une forme ou sous une autre, le même type de politique dans tous les départements forestiers. Il s’agit ni plus ni moins de donner les moyens administratifs, matériels et financiers d’exploiter des forêts laissées en libre évolution. Face à cela, le garde-fou des 25 % proposé par ce rapport peut sembler dérisoire.
 
Bien que ce ne soit pas son objectif, ce rapport en fin de compte propose une foresterie conforme aux critères de la taxonomie verte de Bruxelles, ce que n’est pas une foresterie qui se conformerait aux objectifs du gouvernement français pour la filière bois dans le cadre de la « transition énergétique ». En effet, non seulement ils ne contribueraient pas à l’atténuation du changement climatique (au moins pour la filière bois-énergie), mais de plus même si c’était le cas, ce serait au dépend de la protection d’écosystèmes sains et aussi de la protection de l’eau.
 
Pour rappel ces critères sont les suivants :
1. Atténuation du changement climatique
2. Adaptation au changement climatique
3. Utilisation durable et protection de l’eau et des ressources marines
4. Transition vers une économie circulaire, prévention et recyclage des déchets
5. Prévention et réduction de la pollution
6. Protection des écosystèmes sains
De plus pour être considérée comme verte une activité doit satisfaire à au moins un de ces critères sans contrevenir à aucun des autres.
 
 
*********
 
Les auteurs démontrent que la poursuite de l’objectif d’atténuation du réchauffement climatique implique une foresterie qui respecte les équilibres écologiques des systèmes forestiers et en préserve la biodiversité. Mais qu’en serait-il si cela était l’inverse et que soit plus performante pour atténuer le réchauffement climatique une sylviculture productiviste maximisant les volumes récoltés, des cycles courts avec coupes rases pour décarboner l’énergie ? Devrait-on sacrifier la biodiversité et la naturalité des forêts sur l’autel de la «lutte contre le changement climatique » ?
 
Comme les Amis de la Terre sont impliqués par ce rapport, je présume, peut-être à tort, que la réponse serait positive. Quoi qu’il en soit, il est évident que dans la stratégie développée dans ce rapport comme dans les stratégies concurrentes qui font bon marché de la naturalité et de la biodiversité, la préoccupation principale n’est pas une bonne préservation des écosystèmes forestiers et la préservation de leur naturalité. Celle-ci est subordonnée à un objectif d’atténuation du réchauffement climatique qui est premier, prioritaire. Il n’est nullement remis en cause dans ce rapport et c’est ce qui en fait les limites.
 
Il présente une stratégie gagnant/gagnant pour l’atténuation du RC et la préservation des écosystèmes forestiers. On peut aussi considérer qu’il s’agit en proposant une telle stratégie de sauver la forêt que les stratégies gouvernementales d’atténuation du RC et de décarbonation de l’énergie risquent de mettre à mal. Hélas, ce sont ces dernières qui ont bien plus de chance d’être appliquées.
 
Misère de ces temps de panique, où toute politique de protection de la nature et des paysages doit passer sous les fourches caudines du sauvetage du climat !
 
 

Crédit photo : SOS FORÊT France

Dimanche 30 Janvier 2022 Commentaires (0)

Les défendre par voie légale risque d’être plus difficile : le gouvernement a trouvé à l’Assemblée Nationale une majorité confortable pour modifier le code de l’environnement afin de permettre au béton et au goudron – surtout au goudron – de couler sans que des arbres « mal placés » les en empêchent ! Ils pourront être abattus beaucoup plus facilement !


Pour les arbres d’alignement, l’année a mal commencé!
La loi de reconquête de la biodiversité de 2016 avait reconnu la valeur patrimoniale des alignements d'arbres et créé un régime spécifique pour leur protection concrétisé dans l’article L. 350-3 du code de l’environnement. Cet article permettait de défendre efficacement ces arbres comme le prouvent de nombreux recours contentieux gagnés grâce à lui. Il était devenu la bête noire des aménageurs et collectivités maniaques de la tronçonneuse. L’exécutif s’est donc attaché à le modifier de façon telle qu’il perde pratiquement toute efficacité. Il a fait voter à l’Assemblée nationale les modifications appropriées dans l’article 62 de la loi fleuve « relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale », dite “Loi 3DS”. Tous les amendements visant à supprimer cet article ou à le réécrire pour restaurer la force initiale à l’article 350-3, notamment ceux de l’écologiste Delphine Batho, ont été repoussés le 16 décembre 2021 et le projet de loi a été adopté le 7 janvier dernier.  [clic sur la photo pour l'agrandir]

Comme l’expose très bien le premier paragraphe de l’article 350-3 du code de l’environnement dont les députés ont réduit la portée « Les allées d'arbres et alignements d'arbres qui bordent les voies de communication constituent un patrimoine culturel et une source d'aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité et, à ce titre, font l'objet d'une protection spécifique. Ils sont protégés, appelant ainsi une conservation, à savoir leur maintien et leur renouvellement, et une mise en valeur spécifiques. » Ces arbres sont des écosystèmes en eux-mêmes. Comme le fait remarquer un lecteur d’Actu environnement, les vieux arbres d'alignement de bords de routes, à force d'être ébranchés, comportent des loges d'animaux protégés par la loi, tel le Pic noir, la Sittelle torchepot et des gîtes à chauves-souris et tant qu’ils ne menacent pas la sécurité des personnes et des biens, ils devraient être conservés.

Si la contribution des arbres d’alignement à l’atténuation du réchauffement climatique n’est pas certain, néanmoins il est évident qu’ils protègent des écarts de température et notamment des chaleurs caniculaires. Ce patrimoine arboré participe donc à l’adaptation à ce réchauffement. Ils sont donc à préserver surtout si ce réchauffement devait se poursuivre. Nul n’ignore cela et sans doute pas le gouvernement et les députés de sa majorité. Mais ils s’en foutent. Le climat, ils ne s’y intéressent que pour le business vert et les profits qui vont avec.
 
Il faut applaudir Delphine Batho (Génération Écologie) d’avoir combattu à l’Assemblée Nationale pour défendre l’article du code de l’environnement protecteur. Combat perdu d’avance mais qui a eu le mérite de mettre le Gouvernement et ses députés devant leur responsabilité, de montrer leur connivence avec les promoteurs d’infrastructures routières et autoroutières, avec les attardés de la tronçonneuse qui ne voient dans les arbres que du mobilier routier ou urbain, avec ceux qui ne font pas la différence entre un arbre adulte et un jeune baliveau. Elle a mis le doigt là où ça pouvait leur faire mal et ternir leur image. Elle a dénoncé toutes les petites entourloupes qui se cachaient au détour d’une phrase dans ce texte qui affirme dans la plus pure tradition orwellienne protéger alors qu’il détricote les protections existantes.[Voir la transcription du débat sur le site de l’AN ici : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/seance/session-ordinaire-de-2021-2022/deuxieme-seance-du-jeudi-16-decembre-2021
 
Cette modification d’un article du code de l’environnement est un nouvel et bel exemple des dispositions qui visent à empêcher d’agir en justice les contre-pouvoirs associatifs et les citoyens, comme c’est déjà le cas pour les questions d’urbanisme, d’implantation d’ENR, etc. Il ne faudra pas s’étonner si, mis dans l’incapacité de faire respecter les arbres et la protection de la nature par voie légale, ils passent à l’action directe et aux actions de résistance pour y parvenir.
 
Selon Laurent Radisson « La prochaine étape est celle de la commission mixte paritaire (CMP), dont la date n'est pas encore connue. Son adoption durant cette mandature n'est toutefois pas acquise compte tenu des fortes divergences entre les deux assemblées et du calendrier contraint par les échéances électorales. » [Actu-environnement.com du 6 janvier 2022] Tout n’est donc pas encore perdu ! Mais il vaut mieux ne pas compter sur son seul bulletin de vote. Ce sont les mobilisations locales autour de ces arbres lorsqu’ils sont menacés qui créeront des rapports de force permettant de les préserver. Somme toute, la plupart des élus souhaitent l’être de nouveau !

Photo : ©jfd
 

Lundi 17 Janvier 2022 Commentaires (0)

Sur le site « Ma Terre » l’ADEME a présenté un « dossier » « Pourquoi faut-il développer les énergies renouvelables ? » que ne renierait pas les lobbies de l’éolien et du vent pour la bonne raison qu’il ne fait que reprendre sans aucune critique leurs arguments. L’ADEME dans ce dossier ne fournit pas une analyse objective. Il ne s’agit que de propagande avec de mauvais arguments. C’est d’autant plus regrettable ce site de l’ADEME s’adresse aux jeunes qui sont censés y trouver toutes les explications (sic!) sur le développement durable, le changement climatique, des infos et une aide pour « préparer des exposés sur le développement durable, la pollution et l'environnement ».
L’objet de cet article est de fournir une critique détaillée de la partie «Quatre bonnes raisons de développer les énergies renouvelables ».


● Lien pour accéder à l’article : https://www.mtaterre.fr/dossiers/pourquoi-faut-il-developper-les-energies-renouvelables/quatre-bonnes-raisons-de-developper
 
● Le texte est assez bref. Mais comme toujours, comme il faut beaucoup moins de mots pour énoncer des contre-vérités que pour les réfuter, cet article est assez long.
 
● Pour chacune des raisons invoquées, je cite d’abord le texte de l’ADME en italique. La critique suit en caractères droits.
 
Augmenter l’indépendance énergétique de la France
Contrairement aux centrales nucléaires ou thermiques à combustible fossile (gaz, fioul, charbon), il n’est pas nécessaire d’importer du combustible pour faire fonctionner les différentes énergies renouvelables. ADEME

Sans blague ! Les éoliennes actuelles viennent d’ailleurs et les panneaux solaires aussi ! Cuivre, nickel, terres rares, …, aucune de ces matières premières dont l’éolien est gros consommateur ne se trouvent sur le territoire français!

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Émettre moins de gaz à effet de serre
En France, la production d'électricité et de chaleur renouvelable se substitue à celle des centrales et équipements fonctionnant au fioul, au gaz et au charbon. Cela contribue à réduire nos émissions de CO2 !

En fait elles ne se substituent pas au charbon : on en a aujourd’hui la preuve. Cet hiver plusieurs réacteurs nucléaires sont en maintenance, donc à l’arrêt. Or ce n’est pas l’éolien qui supplée au manque d’électricité mais les vieilles centrales à charbon qui nous restent !

Ensuite, s’il fallait compter sur les ENR pour se chauffer, on claquerait des dents, en hiver, les nuits lorsqu’il n’y a ni vent, ni soleil. Leur production d’électricité n’est pas pilotable et l’électricité n’est pas stockable, le seul moyen connu économiquement viable qui permettrait d’en stocker des quantités importantes, les STEP (station de transfert d'énergie par pompage) supposerait de créer de nouveaux barrages, ce qui n’est plus socialement acceptable. Tant mieux d’ailleurs tant la réalisation d’un barrage est une catastrophe écologique et humaine.

Enfin, le chauffage électrique est une aberration : « Il est aberrant de transformer une source d’énergie primaire quelle qu’elle soit (pétrole, charbon, atome ou gaz) avec un rendement qui plafonne à 35 % conformément aux lois de la thermodynamique (rendement de Carnot ) pour la transporter sur des centaines de kilomètres (en perdant encore 10 % de l’énergie dans les lignes) pour chauffer un local à 20° C, alors que l’on peut obtenir le même résultat avec 80 % de rendement en brûlant le combustible directement dans une bonne chaudière » comme l’écrivait naguère la Commission énergie des Verts ( Les Verts 1998, Le nucléaire et la lampe à pétrole, L’esprit Frappeur éd., Paris, 1998, p. 100), un texte bien oublié depuis. Avec de tels rendements et de telles pertes, une cogénération gaz chaleur/électricité serait sans doute plus adaptée et performante, si l’on ne veut pas de nucléaire.

Les technocrates de la FAO ont inventé l’eau virtuelle pour quantifier les quantités d’eau qui sont exportées ou importées lorsque le sont des produits de l’agriculture ou de l’élevage. De même il serait intéressant de quantifier les émissions de CO2 virtuelles lorsque sont importés ou exportés des produits manufacturés en y intégrant celles dues au transport. Si on le faisait pour les éoliennes et les panneaux solaires, leur bilan carbone qui n’est déjà pas bon si l’on prend en compte la nécessité de pallier leur intermittence, deviendrait exécrable. Les panneaux solaires qui viennent de Chine incorporent beaucoup d’électricité « charbonnée » et sauf preuve du contraire, ils ne sont pas transportés en France sur des pédalos, on le saurait!

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Développer des énergies dont l’exploitation ne présente pas de grand danger
Contrairement au nucléaire (risques d’exploitation, dangerosité des déchets radioactifs) et aux énergies fossiles (pollutions aux hydrocarbures, contribution au changement climatique), les énergies renouvelables ne présentent pas de danger lors de leur exploitation et de leur fin de vie.


1 - L’éolien n’est pas sans dangers. Il faut savoir à quoi on le compare. Si c’est au nucléaire, alors c’est évident que les dangers que fait courir l’exploitation d’un parc éolien sont infiniment plus faibles que ceux que font courir l’exploitation de réacteurs nucléaires. Mais s’il s’agit du pétrole ou du gaz, si les dangers ne sont pas les mêmes que ceux de l’éolien, ils se valent.

Pour l’éolien, ces dangers apparaissent en creux à la lecture de l’arrêté « du 22 juin 2020 modifiant l'arrêté du 26 août 2011 relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent au sein d'une installation soumise à déclaration au titre de la rubrique 2980 de la législation des installations classées pour la protection de l'environnement » qui définit dans le détail les mesures de sécurités à prendre et qui doivent faire l’objet d’un contrôle. Sa lecture permet de prendre conscience que la conversion de l’énergie cinétique du vent en énergie électrique n’est pas une opération anodine !

2 - Il faut certes dépolluer les sites de production d’énergie fossile ou nucléaire et tenter de réhabiliter les sites d’extraction une fois puits et mines fermés. En ce qui concerne le démantèlement d’un parc éolien, il n’en va pas autrement. Les exigences concernant ces démantèlements varient selon les États et leur législation environnementale.

Pour l’éolien, en France ( art. 20 de l’arrêté déjà cité du 22 juin 2020 modifiant l'arrêté du 26 août 2011), les opérations doivent comprendre : le démantèlement des installations de production, celui des postes de livraison et des câbles dans un rayon de 10 m autour des aérogénérateurs ; l’excavation de la totalité des fondations jusqu’à la base de la semelle avec des exceptions possibles à partir de deux mètres de profondeur et pour les pieux ; la remise en état du site avec le décaissement des aires de grutage et des chemins d’accès sur une profondeur de 40 cm avec le remplacement par des terres de caractéristiques comparables aux terres à proximité. L’arrêté impose également des exigences de recyclage avec un échéancier de mise en application ; une application qui sera difficile à mettre réellement en œuvre : « De l’aveu même des industriels (présentation de Netwind de 2017), il ressort que le marché de démantèlement des aérogénérateurs ne dispose aujourd’hui ni des filières opérationnelles de recyclage ni des moyens industriels pour répondre à une demande dispersée dans le temps et dans l’espace. » Jacques Ricour et Jean-Louis Rémouit [https://www.energieverite.com/post/d%C3%A9mant%C3%A8lement-des-%C3%A9oliennes-terrestres-en-france-contraintes-et-perspectives ]. Il faut ajouter que l’installation d’une nouvelle éolienne ne peut se faire sur l’infrastructure de l’ancienne dont la qualité du béton ne peut être assurée. Donc le remplacement et a fortiori le «repowering» vont ajouter à l’artificialisation des sols avec des quantités croissantes de béton notamment dans les sols forestiers et les prairies.

Le démantèlement des aérogénérateurs présente donc de nombreuses difficultés allant de pair avec une empreinte environnementale qui est loin d’être négligeable contrairement à ce que laisse entendre le texte de l’ADEME. Un nouveau type de friche industrielle pourrait voir le jour, diffuse dans l’espace et sur des sites qui possédaient une forte naturalité qui sera mise à mal.

Certes, sur ce point rien de comparable avec le démantèlement des centrales nucléaires encore bien plus ardu, aléatoire et dispendieux sans compter la dangerosité de l’entreprise. Par contre comparées avec celles des forages de gaz ou de pétrole, les nuisances environnementales post activité de l’éolien sont au moins aussi importantes et à la différence de ces dernières, on ne sait pas, aujourd’hui, les éliminer ou à défaut les atténuer !

3 - Alors que pour toutes les questions écologiques, on procède ou l’on essaye de procéder à des analyses du cycle de vie qui sont seules significatives et permettent d’évaluer le coût environnemental d’une production ou d’une activité, voilà que pour les besoins de sa propagande pro ENR, l’ADEME saucissonne les différentes étapes et isole l’exploitation et la fin de vie sans se préoccuper de l’extraction des minerais nécessaires aux différents composants et leur raffinage et leur conditionnement et leur transport.

4 - Comme pour beaucoup aujourd’hui à raison ou à tort, le «réchauffement-dérèglement-changement  climatique » est Le problème écologique éclipsant tous les autres, rappelons comme expliqué ci-dessus, que le bilan carbone des ENR nouvelles (solaire photovoltaïque et éolien terrestre ou offshore) n’est pas si bon qu’il en a l’air. En effet, si l’énergie produite parle vent ou le soleil ne font pas problème, elle n’est pas utilisable comme telle. C’est sa capture et conversion en électricité qui fait problème. C’est aussi parce que ce sont des énergies fatales (non pilotables). De ce point de vue, elles ne sont guère meilleures que la cogénération avec le gaz, voire même pas meilleures et peut-être pire ! De plus, ironie du sort à cause même de cette fatalité, elles dépendent du gaz pour assurer le pilotage de la production !

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Développer l’économie locale
 
Les filières des différentes énergies renouvelables sont créatrices d’emplois sur tout le territoire français, avec des spécificités par régions. Elles ont permis de créer 80 000 emplois directs, dans la fabrication des équipements, leur maintenance, mais aussi de l’approvisionnement pour le bois énergie. Les collectivités et les citoyens des territoires engagés dans une démarche de développement des énergies renouvelables se réapproprient les questions d’énergie et mettent en œuvre des solutions concrètes bénéfiques pour l’emploi, le lien social et la protection de leur environnement. Pour en savoir plus, consultez l’infographie « Combien d’emplois grâce à la transition écologique ? » Sur le long terme, les énergies renouvelables sont la forme d’énergie la plus compétitive. Ce sont des énergies incontournables pour le futur.

 
1 – Pour preuve, le lien fourni renvoie à un flyer qui mélange tous les «métiers de l’environnement» qui n’a d’autre valeur que publicitaire. On ne peut que hausser les épaules lorsque l’on sait que les entreprises qui construisent les éoliennes sont allemandes (Enercon, Nordex, Senvion), germano-espagnole (Siemens-Gamesa), danoises (Vestas, Orsted), americaine (General Electric), chinoises (Goldwind, United Power, Envision), indienne (Suzlon), même s’il y a quelques sons-traitants en France. En ce qui concerne les panneaux solaires, inutile de détailler, pas un seul n’est fabriqué en France. Même chose pour les  poêles à granulés (bois) commercialisés en France, ils sont pour la plupart importés d’Italie ou d’Autriche, voire de Serbie selon la DGCCRF ! (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraude).

2 – Le chiffre avancé de 80 000 emplois ne veut rien dire. Certes, le développement des ENR impliquent la création d’emplois puisqu’il s’agit d’une activité nouvelle. Mais celle-ci est censée se substituer à d’autres dans le domaine des énergies « fossiles » et donc elle s’accompagne aussi d’une destruction d’emplois ! Selon l'association négaWatt et l'ADEME, la création d'emplois dans les énergies renouvelables pourrait « compenser » les emplois supprimés dans les énergies fossiles. On peut douter de l’objectivité des « études » menées par ces deux organismes farouchement pro-éolien et solaire mais admettons leur résultats. Les emplois crées compenseront les emplois supprimés. Donc il n’y aura pas de création nette et de plus comme les emplois ne sont pas les mêmes quelqu'un qui perd son emploi dans une raffinerie ne pourra être embauché dans l'éolien. Enfin comme les parcs éoliens sont surveillés de façon centralisée à distance, l'emploi local est réduit à peanuts... Ce texte n’est donc pas honnête !
 
3 – La référence au bois énergie est particulièrement malencontreuse car si le bois est bien, sous certaines conditions, une énergie renouvelable, il n’est pas pour autant une énergie écologique. Son utilisation pour le chauffage domestique est particulièrement polluante : « Les émissions de chauffage au bois représentent pour le secteur résidentiel / tertiaire environ un tiers des émissions totales de particules (PM10), près de la moitié des émissions totales de particules fines (PM2,5), et les deux tiers des émissions totales d’hydrocarbures aromatiques polycycliques dont le Benzo(a)pyrène (BaP), reconnu cancérigène pour l’homme (source Citepa). Par ailleurs, la combustion de bois émet du monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils (COV) tel que le benzène également reconnu cancérigène pour l’homme, des oxydes d’azote (NOx). » Le renouvellement des appareils de chauffage, l’introduction de normes plus drastiques ne résoudront que partiellement le problème.

Quant à l’utilisation du bois pour produire de l’électricité, les quantités nécessaires sont telles que les forêts sont en danger non seulement ici mais partout dans le monde.

D’ailleurs dans une lettre ouverte adressée au président américain Joe Biden, à la présidente de l’Union européenne Ursula Von der Leyen, ainsi qu’à Charles Michel, président du Conseil européen, au Premier ministre japonais Yoshihide Suga et au président sud-coréen Moon Jae-in, plus de 500 scientifiques et économistes ont demandé que le bois-énergie pour produire de l’électricité ou pour le chauffage ne soit plus considéré non polluant et que soient supprimées les subventions induisant une demande exponentielle en granulés de bois.

4 – « Les collectivités et les citoyens des territoires engagés dans une démarche de développement des énergies renouvelables se réapproprient les questions d’énergie et mettent en œuvre des solutions concrètes bénéfiques pour l’emploi, le lien social et la protection de leur environnement. » Osez une telle affirmation, c’est vraiment se moquer des gens ! On a déjà vu ce qu’il en était pour l’emploi, sans doute pas de création nette et probablement pas pour les gens résidant sur le territoire impacté. Quant au lien social et à l’environnement ! Dans l’immense majorité des cas où il y a un projet d’implantation notamment d’éoliennes, la zizanie s’installe entre gens du territoire qui vivaient jusque là plutôt en bonne entente. Il y a les partisans (ceux qui, particuliers ou communes, pensent en tirer bénéfice) et les opposants ceux qui subiront les nuisances (vue, son ultrason, lumières stroboscopiques, dévalorisation de leurs biens) ou qui connaissent les dégâts que l’installation puis le fonctionnement provoqueront à la faune, à la flore, au paysage. Car c’est certain, les éoliennes protègent l’environnement des territoires où elles sont érigées !!!!

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Il est pour le moins curieux que l’ADEME publie de tels textes en faveur des ENR surtout lorsqu’ils sont destinés à la jeunesse ! Les arguments avancés sont si spécieux qu’on les croirait écrits par des lobbyistes des ENR : Ils participent aussi d’une certaine vulgate écolo peu questionnée que l’on retrouve dans les tracts d’EELV et chez les anti-nucléaires qui ne veulent pas entendre parler d’énergie fossile comme le Réseau « Sortir du nuclaire » et le slogan «  ni nucléaire, ni effet de serre ». On est en droit d’attendre mieux et plus d’objectivité d’un établissement public sous tutelle du ministère de « l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation » et de celui de « la Transition écologique » !


Samedi 15 Janvier 2022 Commentaires (0)
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