François Hollande a déclaré le 5 septembre « J'agis et j'agirai jusqu'au bout (…). Je suis à mi-mandat et il n'y a pas de sondage, aussi difficile soit-il, que je regarde en face, qui puisse interrompre le mandat que donne le peuple au président de la République ». Certes le peuple lui a donné mandat mais lequel ?


Le quinquennat de François Hollande : un social-libéralisme sur fond de trahison ?
Quel mandat a été donné par le peuple à François Hollande ? Celui de prendre de l’argent des ménages pour le donner aux entreprises ? Celui de mettre à mal le droit du travail avec toutes les mesures de protection des salariés jugées comme des contraintes insupportables par le patronat ? Celui de mettre en cause les trente-cinq heures ? Celui d’instaurer la TVA sociale ? Celui de lever les contraintes et normes du code de l’environnement ? Bref, celui de mener une politique ultra-libérale dans la continuité de celle menée par Sarkozy, pire même que celle de ce dernier ? Certainement pas. Le peuple ne lui a pas donné ce mandat.

Il est loin le discours du Bourget qui enflamma le « peuple de gauche » ! Aujourd’hui le meilleur et peut-être le seul allié de Hollande est le Medef dont il n’est en fait que le valet. Aujourd’hui son ministre de l’économie est un ancien banquier d’affaire ! Il n’est pas étonnant que ce peuple de gauche ne lui fasse plus confiance. François Hollande est en passe de conduire des réformes cassant les droits sociaux des salariés que même un gouvernement de droite n’aurait pas osé faire ainsi que le reconnait avec gourmandise une journaliste de Valeurs actuelles qui évidemment l’approuve. Pour ceux qui l’ont élu, Hollande n’est pas seulement un «social-libéral »,c’est un « social-traitre ».

François Hollande s’inscrit ainsi dans la lignée de ces « socialistes » qui font le contraire exact du programme grâce auquel ils ont été élus. Il y a eu Mitterrand et le tournant de la rigueur avec Fabius mais il y a eu bien plus grave par le passé et qui montre jusqu’où peut dériver un gouvernement socialiste qui veut le pouvoir à tout prix, au prix d’un renoncement à ses valeurs, à son âme et surtout à sa parole vis-à-vis de ceux qui l’ont porté à ce pouvoir. Qui se souvient de Guy Mollet et de ses complices d’alors ?

Leader du « Front républicain », il fut élu lors de la campagne des législatives de 1956 sur un programme promettant de mettre fin à la guerre en Algérie, programme qui suscitait l’enthousiasme des jeunes Français peu soucieux d’aller se faire trouer la peau pour défendre les plantations des colons d’Algérie. Avant d’être élu, il proclamait que la guerre d'Algérie était «imbécile et sans issue» et l'indépendance de l’Algérie dictée par «le bon sens». Une fois élu, il retourne sa veste. Devenu « président du conseil », ce fut le gouvernement dont il était le chef qui augmente la durée du service militaire et envoie le contingent en Algérie. Parmi les membres de son gouvernement, donc ses complices, on trouve François Mitterrand et quelques « grands noms » du « socialisme » comme Robert Lacoste, Alain Savary ou Gaston Deferre. C’est son gouvernement, un gouvernement social-démocrate qui autorisa la torture dans cette sale guerre coloniale. En juin 1956 l'Assemblée nationale vota sur proposition de son gouvernement la suspension de la garantie des libertés individuelles, le droit pour les gendarmes, les policiers et les militaires de pratiquer des « interrogatoires poussés », d'appliquer des « traitements spéciaux ». « Associer un discours de gauche et la pratique d'importants compromis avec la droite » était le trait caractéristique de ce que l’on a appelé le « mollétisme ». Aujourd’hui, Hollande ou Valls ne s’encombrent même plus d’une rhétorique de gauche pour enrober leur politique libérale. On n’arrête pas le progrès au PS.

Dans un texte opportunément tirer de l’oubli par un journaliste du Monde, Hollande déclarait : « Je ne crois plus à la possibilité de venir au pouvoir sur un programme pour cinq ans dont il n’y aurait rien à changer au cours de la mandature. (…) La réalité change trop vite » Il aurait été bien utile de faire connaître ce texte lors de la campagne présidentielle de 2012. Il aurait permis de relativiser la valeur des fameux engagements du candidat. Cependant si les circonstances ou la confrontation avec les événements, les obstacles dans l’exercice du pouvoir conduisaient à abandonner les promesses de campagne, Hollande préconisait « un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature ». Nous y sommes aujourd’hui avec lui, président. Et que dit-il ? « J’irai jusqu’au bout », ce que lui permet les institutions. Certes, il va demander à son Premier ministre de solliciter un vote de confiance à l’Assemblée nationale ; confiance qu’il est assuré d’obtenir, les « frondeurs » étant bien trop couards pour risquer leur siège en retournant devant leurs électeurs. Une fois ce vote de confiance acquis, il n’ira pas plus loin. Pas question donc de revenir « devant le corps électoral afin de retrouver un rapport de confiance » comme il le conseillait en 2006 parce qu’il sait que les gens ne le lui font plus confiance et qu’ils ne veulent plus passer aucun pacte ni avec lui, ni avec le parti dont il est issu.

Non content de renier ses promesses, de trahir ceux qui l’ont porté au pouvoir, Hollande se renie lui-même. Faut-il dès lors s’étonner que les gens croient que Valérie Trierweiler en dresse le vrai portrait lorsqu’elle le présente comme un assez sinistre individu, narcissique et menteur, un prétendu homme de gauche qui n’aime que les riches et pas les pauvres ? Comme le dit à juste titre Jean-Luc Mélanchon, François Hollande ferait bien de « se demander (...)pourquoi tout le monde la croit (…) Avec sa bouche Hollande proteste, avec ses dents il mord toujours les mêmes. »

Le retour devant les électeurs suppose la dissolution de l’Assemblée nationale ; ce que les chroniqueurs avisés déconseillent puisque la nouvelle majorité qui sortirait des urnes serait sans l’ombre d’un doute, une majorité de droite, le PS et ses satellites étant laminés. Et alors ? Il faut mieux une politique ultra-libérale de droite conduite par la Droite, que la même politique – ou sensiblement la même – conduite par la Gauche, si tant est que l’on puisse encore qualifier de gauche le PS. Les choses seraient plus claires et cela ouvrirait la voie à une alternative véritable.

Illustration : Ignace


Vendredi 12 Septembre 2014 Commentaires (0)

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