La plante à l'honneur

Nous n'avons en France que quelques espèces de cotonéasters spontanées. Celles que l'on rencontre en ville sont le plus souvent des espèces « étrangères », des montagnardes venues de Chine que nous plantons et que les oiseaux disséminent. Toutes ne sont pas bien vues de quelques écologues qui voudraient en interdire la plantation, voire les éradiquer. A ces puristes de la prétendue intégrité des écosystèmes indigènes, les oiseaux ne disent pas merci.


Le cotoneaster
Les petits fruits rouges des cotonéasters égayent nos parcs, nos jardins et nos haies chaque hiver. Ils sont une véritable aubaine pour les oiseaux à une époque de l'année où il faut une nourriture énergétique pour survivre au froid alors que les ressources sont rares.
Après le couvert certaines espèces de cotonéasters leur offrent même le gite : un dense entrelacs de branches pour nicher en toute sécurité à l'abri des regards et des prédateurs.
Le moment de la floraison venue, les cotonéasters n'oublient pas non plus les abeilles sauvages ou domestiques, les bourdons, les papillons et autres insectes butineurs. Tous vont se gorger de l'abondant nectar de leurs petites fleurs blanches ou rosées.

Cotoneaster franchetii,( Bois, 1902) sous la neige en décembre à Fontenay-aux-Roses
Cotoneaster franchetii,( Bois, 1902) sous la neige en décembre à Fontenay-aux-Roses
Nom

Le nom scientifique des cotonéasters est Cotoneaster, sp. [du latin cotoneus, cognassier et aster, qui ressemble ou encore faux ]
Ils appartiennent à la famille des Rosacées (Rosaceae) sous-famille des pommiers (Maloideae). Comme eux, ils possèdent un fruit à pépins entouré d'un faux-fruit.

Description du genre

Ce sont des arbustes au port buissonnant ou de petits arbres non épineux.
Les feuilles sont alternes, entières, ovales à lancéolées et pour certaines espèces acuminées, persistantes ou caduques. Les fleurs sont petites, blanches, crème ou rosé plus ou moins foncé allant presque au rouge. Elles sont ouvertes ou à demi ouvertes, solitaires ou en corymbes avec 5 sépales, 5 pétales, 10 – 20 étamines et 2-5 styles. Elles ont des ovaires infères, apparaissent en Mai/Juin.
Les fruits sont petits, globuleux, solitaires ou en grappes plus ou moins fournies, rouges dans les espèces que nous rencontrons, mais aussi roses voire noirs pour d'autres espèces. Mûrs en automne, ils persistent presque tout l'hiver.

Le genre est facile à reconnaître. Dans nos contrées en général et dans les villes en particulier on peut facilement éviter les confusions si l'on retient les caractères : sans épines et feuilles entières, fruits rouges. Les plantes les plus proches les Pyracantha ont des épines et des feuilles au limbe crènelé.

La reconnaissance des espèces est une entreprise beaucoup plus ardue. Le genre Cotoneaster est « difficile » à cause du grand nombre d'espèces ou de sous-espèces dû sans doute à l'hybridation, à l'obtention de cultivars horticoles et à l'apomixie (l'équivalent de la parthénogenèse chez les animaux) qui conduisent à la formation de micro espèces que certains botanistes considèrent comme des espèces tandis que d'autres en font des sous-espèces. Ce qui explique que le nombre des espèces peut varier selon les auteurs d'une cinquantaine à plus de sept cents. Moins que jamais les photographies sont suffisantes pour identifier les espèces. Elles figurent ici à titre d'illustration.

En France il existe trois espèces indigènes qui poussent dans les massifs montagneux et que l'on a peu de chance de rencontrer dans les massifs ou les friches de nos villes excepté le premier cité :
- Cotoneaster obtusisepalus, Grandoger , 1875 (Cotonéaster des Alpes) qui se rattache au Groupe « integerrimus » présent dans en France dans beaucoup de départements mais absent de la région parisienne. Cf. Téla botanica,
- Cotoneaster atlanticus, Klotz, 1963 (C. de l'Atlas) dont la présence est connue seulement depuis 1996 dans le Bassin méditerranéen,
- Cotoneaster delphinensis, Chatenier, 1922, classé comme C. tomentosus dans la Flore de Fournier de 1961. Ce cotonéaster est une espèce endémique delphino-provencale, découverte en 1898, décrite en 1922 par Constant Chatenier, un fleuriste drômois. Cette espèce rare est menacée et proposée pour être inscrite sur le Livre Rouge de la flore menacée de France.

Il reste que le lieu principal de différenciation du genre se trouve en Chine, au Népal et au Tibet. Les espèces qui sont plantées dans nos massifs en sont originaires. Je vais en décrire trois qui se trouvent dans un rayon de deux cents mètres environ autour de l'Hôtel de Ville.


Cotoneaster lacteus (entrée du Club des anciens à Fontenay-aux-Roses) Fév. 2010
Cotoneaster lacteus (entrée du Club des anciens à Fontenay-aux-Roses) Fév. 2010
Cotoneaster lacteus, WW. Smith, 1917 = C. coriaceus, Franchet, 1890 (C. laineux)
Son nom chinois est Hou ye xun zi.
Il est originaire du sud ouest de la Chine (Guizhou, Sichuan, Xizang, Yunnan) et du Tibet. (Source : Flora of China : eFloras.org )
Il pousse entre 1800 et 2700 m le long des rives des cours d'eau, dans les fourrés ou sur les talus herbeux. On peut le considérer comme naturalisé en Europe et notamment en France dans quelques départements : 06, 24, 75, 76, 83, 92. (Source : Tela-botanica)

C'est un arbuste aux feuilles persistantes et au port buissonneux avec des branches arquées et retombantes; de 1 à 3 mètres. Rameaux brun pourpre foncé, rougeâtres, d'abord tomenteux devenant glabres à glabrescent avec l'âge.
Feuilles alternes entières, obovales à elliptiques, un peu plus longues que larges (environ 3 cm de longueur en moyenne, pouvant aller jusqu'à 4 cm, pour 1, 5 cm en moyenne de large, pouvant aller jusqu'à environ 3 centimètres), tomenteuses, jaunâtres au revers, vert moyen sur le dessus, apex aigu et mucroné. Certaines feuilles virent au rouge-orangé.
Fleurs en corymbes composés comprenant de nombreuses petites fleurs blanches (20 étamines plus courtes que les pétales, 2 styles de même longueur que les étamines)
Fruits rouges, ovoïdes, vaguement tomenteux, 2 pépins, les plus gros égalant un petit pois, en grappes, persistant tout l'hiver.

Pour reconnaître l'espèce, allez observer avec la description ci-dessus le magnifique exemplaire poussant en port libre planté en bordure du Square Pompidou, le long de la rue Jean-Jaurès (à Fontenay-aux-Roses), vers la canisette. Une haie en bordure d'une propriété privée juste en face, vous le montrera taillé en haie persistante. De part et d'autre de la grille d'entrée du Club des anciens, dans la même rue, on trouve d'autres spécimens bien chargés en fruits.
On le trouve dans beaucoup d'autres lieux, soit planté, soit ayant poussé naturellement propagé par les oiseaux.

Le cotoneaster
Cotoneaster salicifolius, Franchet, 1885 (C. à feuilles de saules)
Son nom chinois est liu ye xun zi.
Il est originaire de la chine occidentale et plutôt montagnard (400 – 3000m) dans les provinces : Guizhou, Hubei, Hunan, Sichuan, Yunnan. (Source : Flora of China, wwww.eFloras.org )
En France selon le réseau Tela Botanica, il est mentionné dans les départements 11, 12, 26, 76, 92, 93.
Arbrisseau ou petit arbuste au port étalé à érigé avec des rameaux brun rougeâtre sur le dessus, plus verdâtre sur le dessous.
Les feuilles sont alternes, étroites , lancéolées. Leur forme rappelle celle des saules mais sont plus épaisse avec une marge légèrement enroulée, plus ou moins tomenteuses sur le dessous vert blanchâtre, glabre luisantes, vert bouteille sur le dessus, parfois plus jaunâtre, virant parfois au rouge foncé, apex aigu et acuminé, les nervures apparaissent en creux au recto et en fort relief au verso où elles sont rougeâtres.
Les fleurs sont petites en corymbes composées, blanches avec vingt étamines aux anthères rose pourpre dépassant légèrement les cinq pétales. Les styles sont libres et approximativement de même longueur que les étamines.
Fruits minuscules pommes rouge écarlate en grappes contenant deux pépins.
Pour reconnaître l'espèce allez observer à l'aide de cette diagnose, le sujet en forme de petit arbuste buissonnant dont les rameaux dépassent sur le trottoir au 4, rue Antoine Petit. Sous forme buissonnante en haies libres, on le trouve en haut du Boulevard de la République côté pair le long de la descente de garage du dernier immeuble de la rue. Sous forme de haie taillée, on le verra sur le même boulevard, côté impair, au 21, à l'intérieur de la résidence le long du mur du parking qui borde la rue. Il y en a d'autres dans la ville.

Le cotoneaster
Cotoneaster horizontalis, Decaisne, 1877, (pas de nom vernaculaire).
Son nom en chinois est ping zhi xun zi
C'est le plus montagnard des trois, il pousse entre 1500 et 3500m dans les provinces de Gansu, Guizhou, Hubei, Hunan, Jiangsu, Shaanxi, Schichuan, Xizang, et au Népal (Source: Flora of China : :efloras.org)
En France, il est planté et se naturalise dans de nombreux départements (cf. Tela botanica :http://www.tela-botanica.org/eflore/BDNFF/4.02/nn/19200/chorologiequi ne mentionne pas notre département.)
C'est un arbrisseau rampant à développement horizontal, d'où son nom. Les feuilles sont caduques ou semi-persistante selon les rigueurs hivernales et les cultivars. Les feuilles sont petites, ovales, pubescentes sur le dessous, glabre sur le dessus. Les rameaux se développent en « arrête de poisson » de part et d'autre des branches principales. Les fleurs rosées sont minuscules. Elles s'épanouissent en mai/juin. Les fruits d'un rouge brillant sont attachés solitaires, ou parfois par deux, aux rameaux par un court pédicelle. Ils persistent lorsque les feuilles sont tombées.
On en trouvera comme couvre-sol dans de nombreux endroits. La photo a été prise dans le talus de la fontaine des Bouffrais à Fontenay-aux-Roses. Comme les autres espèces, il est disséminé par les oiseaux.

Remarques supplémentaires

Il y a encore une autre espèce de Cotoneaster à Fontenay-aux-Roses, Cotoneaster franchetii, [Bois 1902] originaire des mêmes régions de Chine. Cette richesse en espèces dans une ville n'est évidement pas d'origine naturelle. Nous la devons aux jardiniers et paysagistes. On peut considérer néanmoins qu'elles font partie de notre flore locale puisqu'elles se sont naturalisées grâce aux oiseaux dont elles font le régal et à qui elles rendent de multiples services. On pourrait parler « d'échange de bons procédés ». La distribution en France de ces espèces montrent également que leur implantation initiale résulte d'actions humaines.
On reproche à certaines espèces de cotoneasters d'être un vecteur du « Feu bacterien » une maladie très grave qui frappe aussi les pommiers, poiriers, cognassiers, etc. Certaines variétés sont interdites de plantation en France. On reproche également en Franche-Comté à C. horizontalis d'être « invasive ».

Photos : JFD

Samedi 5 Février 2011 Commentaires (2)

Commentaires

1.Posté par thierry rodier le 19/02/2017 21:43
Bonjour Monsieur Dumas,

J'ai lu votre article très intéressant à propos du Veganisme, je vois avec joie que vous avez aussi écrit à propos des Cotonéaster.
Même si vos arguments en faveur du Cotonéaster peuvent s'entendre, il se trouve que dans certains endroit dans le Jura, ces plantes sont très très très invasives. Un couple d'amis Suisse en a environ 150 m2 dans son jardin et voudrait vraiment s'en débarrasser car cela envahit le reste du jardin et c'est un entretien monstre. Mais ils aimeraient éviter les produits chimiques. Y a t-il une recette écologique et efficace svp ?

Merci d'avance !

cordialement

2.Posté par Jean-François Dumas le 19/02/2017 22:21
@ Thierry Rodier

Bonjour,

Il doit s'agir de cotonéasters rampants, Cotoneaster horizontalis qui font de parfaits couvre-sols mais revers de la médaille peuvent être envahissants. Le mode de dissémination des graines est endozoochore (ingestion des fruits et rejet via le transit intestinal des graines). Elle est due principalement aux merles. De plus les branches basses au ras du sol se marcottent naturellement. Je ne vois hélas pas d'autre méthode que l'arrachage qui est fastidieux.

Bien cordialement.

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