La plante à l'honneur

Prémices du printemps, l'or de la fleur de tussilage réchauffe le cœur du randonneur. Elle égaye les talus des chemins creux et le bord des fossés le long des allées dans les forêts encore dépouillées. C'est le temps des amours pour les crapauds et les grenouilles. Monsieur Hiver plie bagage même s'il fait mine de s'attarder encore un peu.


 Le TUSSILAGE
Noms

Le tussilage a pour nom botanique Tussilago farfara L. (de tussis, toux et de agere, chasser = qui chasse la toux) farfara, enfariné en référence au dessous de ses feuilles. Il appartient à la famille des asteracées (composées).

Parmi ses nombreux noms vernaculaires, on peut citer Pas d'âne, Pas de cheval, Pied de cheval (à cause de la forme de ses feuilles), Filius ante patrem (en latin),Le fils avant le père (à cause de l'une de ses particularités), l'apparition des fleurs avant les feuilles, Herbe de Saint Quirin, Herbe de Saint Guérin, Taconnet, Chou de vigne, Procheton, Herbe aux pattes, Racine de peste....

Habitat

Espèce pionnière des terres remuées, on la trouve aussi aux bords des fossés, en lisères des boisdements. Elle est l'indice d'un terrain pauvre et peu fertile d'où les dictons : « terre produisant le taconnet, laisse-là où elle est »

Période de floraison

La plante est l'une des premières à fleurir. C'est le cas en ce moment, malgré le froid au bois de Verrières et sur la Coulée Verte.

Description

C'est une plante vivace : on la retrouve d'année en année au même endroit. Les fleurs sont des capitules d'un jaune d'or ou souffre, d'environ 1,5 cm de diamètre. Solitaires elles couronnent un pédoncule de 10 à 15 cm de long (parfois plus), robuste et écailleux. Elles ont une odeur agréable mais forte. Les fruits sont des akènes, oblongs, cylindriques, terminés par une aigrette. Les feuille apparaissent une fois les fleurs fanées. Elles sont toutes à la base, pétiolées, très larges (jusqu'à vingt centimètres) subarrondies, sinuées-dentées ; le dessus d'un beau vert, le dessous blanchâtre et tomenteux.
Il est difficile de confondre le tussilage avec une autre plante surtout à la fin de l'hiver et au début du printemps. A l'état végétatif, on peut le confondre avec le pétasite (petasite officinalis, Moench)

Récolte

On utilise les fleurs et les feuilles. Fraîches ou à sécher les fleurs doivent être cueillies avant leur plein épanouissement, sinon elles continuent de mûrir au séchage. Ce séchage doit être rapide. Par exemple en les plaçant en couches fines près d'une source de chaleur douce comme celle d'un radiateur de chauffage central. Les feuilles se récoltent en mai-juin. Leur séchage ne pose pas de problème particulier. On évitera de cueillir la plante dans des lieux très humides ou pollués comme le long de chemins fréquentés par des véhicules à moteur.

Usage

Alimentaire, médicinal, cosmétique, tinctorial, succédané du sel et du tabac.


  • Alimentaire
Les capitules en début de floraison peuvent être mangé crus au naturel ou décorer et améliorer les salades. Les fleurs peuvent servir de légumes cuits. Les faire revenir dans une poêle avec du beurre ou une margarine spéciale cuisson, les déguster tels ou un peu salés.
Les feuilles sont surtout intéressantes en beignets. On les plonge dans une pâte à beignets et on fait frire. C'est un plat de résistance en survie lorsque l'on s'autorise la farine et l'huile dans le sac. Séchées et brûlées, les feuilles peuvent être utilisées comme succédané du sel.

  • Médicinal
Le tussilage est connu depuis l'antiquité comme plante pectorale. C'est l'une des plus efficaces. Elle calme la toux, adoucit les muqueuses des bronches et facilite l'expectoration. Ses indications sont donc la bronchite, la trachéite, et le rhume. Mais pour ce dernier cas, je préfère personnellement le lierre terrestre. On laissera infuser pendant 10 minute 5gr de fleurs pour une tasse d'eau bouillante . Prendre trois à quatre tasses par jour. Ce breuvage a un goût assez désagréable. Pour le masquer je sucre avec du miel de lavande et j'ajoute quelques feuilles de menthe pouillot (mentha pulegium, L.) et deux à trois brins de serpolet (thymus serpyllum, L.).
Curiosité : les trois mousquetaires étaient quatre. La tisane des quatre fleurs fait mieux encore. Les quatre fleurs sont sept. Le tussilage est l'une d'elle, en partie égale avec le bouillon blanc, la mauve, la guimauve, le coquelicot, le pied de chat et la violette. Cette tisane a le même usage que le tussilage seul.

Les feuilles sont utilisées en usage externe comme désodorisant et anti-transpirant des pieds. Pour cela, on prépare une décoction de 200gr de feuilles séchées à faire bouillir dans 1 litre d'eau pendant 15 minutes. On filtre la préparation et on l'ajoute au bain de pieds tiède.

  • Cosmétique
Les fleurs sont utilisées en lotion pour nettoyer et tonifier les peaux grasses. Pour cela on fait infuser pendant 10 minutes, 50 grammes de fleurs séchées dans un litre d'eau bouillante.La préparation refroidie, la conserver au réfrigérateur.
Les feuilles servent à préparer une lotion censée sinon effacer du moins atténuer les rides. Elle est utilisée depuis l'antiquité. Je la rapporte sans garantir les résultats. Il s'agit d'une décoction de 400gr de feuilles séchées que l'on fait bouillir dans un litre d'eau pendant 10 minutes. Filtrer et conserver dans un endroit frais.

  • Divers
Parmi les autres usages, on peut utiliser les feuilles séchées comme succédané du tabac. On les fait sécher rapidement près d'une source de chaleur, on les coupe en fines lanières et on les utilise comme du tabac. Cette préparation en a vaguement le goût, pas l'odeur . Elle est antitussive , dégage les bronches, n'a pas les effets néfastes du tabac mais elle ne le remplace pas vraiment. Tous les accrocs, j'en étais jadis, en témoigneront.
Enfin, selon F. Couplan, les feuilles teignent la laine en jaune verdâtre avec de l'alun, et en vert avec du sulfate de fer. Cet usage n'est pas mentionné dans le guide des teintures naturelles de D. Cardon et G. du Chatenet.

Dimanche 14 Mars 2010 Commentaires (1)

Commentaires

1.Posté par NezHerbes le 08/04/2012 17:31
Bonjour,

Bel article mais il me semble qu'il aurait été justifié d'y faire référence à la présence d'alcaloïdes pyrroliziniques qui incite par précaution à conseiller un usage modéré de cette plante pourtant précieuse pour qui souffre de bronchite. (C'est par exemple développé correctement ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tussilage)
Au passage je vous remercie et vous félicite également pour vos articles très détaillés sur les morelles.

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